samedi 22 mars 2008

Sermon du 16 mars 2008 - Dimanche des Rameaux

texte : Hé 12.1-2

1 « Nous donc aussi,
puisque nous sommes entourés
d'une si grande nuée de témoins,
rejetons tout fardeau
et le péché qui nous enlace si facilement,
et courons avec persévérance l'épreuve
qui nous est proposée,
2 les yeux fixés sur Jésus,
qui est le pionnier de la foi
et qui la porte à son accomplissement.
Au lieu de la joie qui lui était proposée,
il a enduré la croix, méprisant la honte,
et il s'est assis à la droite du trône de Dieu. »
[1]

Chers frères et sœurs,
athlètes d’une course
vers un but grandiose et éternel !


Quand on se penche sur le message que Dieu nous adresse dans les chapitres 11 et 12 de l’Epître aux Hébreux, on peut être – je l’avoue – quelque peu impressionné par les conclusions qui y sont tirées pour nous qui plaçons notre foi en Jésus-Christ.

Au chapitre 11, Dieu nous présente toute une série de héros de la foi de l’Ancien Testament, et ils nous sont présentés en exemples : Moïse, Rahab, Gédéon, Barak, Samson, Jephté, Samuel, David et les prophètes, des femmes courageuses, bref toute une série – ou, pour parler avec les termes de notre texte – « une si grande nuée de témoins » (v. 1).

Leurs vies, leurs existences nous paraissent les placer tellement au-dessus de nous, et pourtant Dieu nous les donne en exemples pour que nous vivions avec la même foi dans le Seigneur.
Le chapitre 12 enchaîne alors avec cette exhortation – le premier verset de notre texte – : « Nous donc aussi, puisque nous sommes entourés d'une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau et le péché qui nous enlace si facilement, et courons avec persévérance l'épreuve qui nous est proposée. » (v. 1)

Notre combat consiste à nous efforcer de suivre cette exhortation de notre Père céleste, et ceci, malgré le freinage incessant de notre nature pécheresse innée. Celle-là essaye de nous empêcher de suivre les exhortations de Dieu et de nous faire emprunter des voies de traverse non conformes à la bonne et miséricordieuse volonté de Dieu.

On a parfois l’impression de jouer à la marelle et de se trouver en face d’un double moulin qui, quoi que nous fassions, se ferme sur nous. Nous semblons toujours avoir coup perdant.
Mais notre texte nous montre que, dans la vie, il existe un atout pour nous sortir de ce genre d’embarras ou de pétrin : « Jésus, qui suscite la foi » (Segond 21) « et la porte à son accomplissement. »

Lui nous aide à « courir avec persévérance l'épreuve qui nous est proposée », la course vers la félicité éternelle.»

Aussi le thème de notre méditation d’aujourd’hui sera-t-il


DEBARRASSEZ
CE QUI FAIT OBSTACLES A
LA COURSE DE VOTRE FOI,

1. une course dont Jésus donne le signe de départ ;
2. une course que Jésus a déjà courue avant nous ;
3. une course où Jésus nous attend à l’arrivée.

Une course qui n’échoue pas devant les obstacles de la vie est


------ 1 ------


une course dont Jésus-Christ donne le signe de départ.

Un coureur averti ne participe pas à toutes et à n’importe quelles courses. Notre aîné a couru pendant des années des triathlons et autres courses à pied ou à vélo. Cela commence par l’étude des circulaires ou, maintenant, par l’étude des sites web. Le coureur veut savoir : Qui organise la course ? Peut-on leur faire confiance ? Est-ce du sérieux ou va-t-on s’embarquer dans une aventure hasardeuse ? Aussi : Est-ce à ma portée ?

Dans notre texte, l’auteur de l’Epître aux Hébreux compare notre vie, la vie du croyant, à une course de fond, à une course d’endurance, car il écrit : « Courons avec persévérance l'épreuve qui nous est proposée. » La vie du croyant est une course de longue haleine, une course où on n’atteint la fin que si on est « persévérant » dans « l’épreuve ». Nous y reviendrons plus tard.

Focalisons notre attention un instant plus particulièrement sur cette indication : « Courons avec persévérance l'épreuve qui nous est proposée. » … « qui nous est proposée… » Par qui ? Par Dieu, bien évidemment. En particulier par « Jésus » dont la personne et l’œuvre irradient carrément nos deux versets.

Quand il nous arrive, dans la vie, de regarder autour de nous et d’avoir l’impression que notre vie est une course d’orientation où nous nous sommes perdus, où nous sommes seuls ; quand nous nous demandons : « Qu’est-ce que je fais dans cette galère ? », n’oublions pas que Jésus est l’organisateur de notre course. Il connaît le parcours – il l’a parcouru avant nous, et dans des conditions bien pire encore, comme nous le verrons dans le second point – Il connaît le parcours, il en connaît les difficultés, il sait aussi nous venir en aide pour adapter notre course à nos forces et capacités.

Encore ne faut-il pas vouloir tricher avec la course, ne pas recourir à des moyens illicites – s’écarter de son parcours, choisir ce qu’on pourrait appeler des raccourcis interdits – pour contourner les obstacles placés là par le divin organisateur. Que diraient les organisateurs d’une course de steeple si un coureur contournait les haies au lieu de sauter par-dessus ?

Les obstacles que nous rencontrons dans la vie sont là parce que Jésus nous connaît et qu’il veut nous faire progresser en nous demandant d’aborder les difficultés en lui faisant confiance, à lui, à ses promesses, à son organisation, à ses dispositions.

Faire confiance à Jésus-Christ qui nous a enrôlés dans cette course… L’apôtre Pierre, quant à lui, dira que Jésus « nous a appelés des ténèbres à son étonnante lumière » (1 P 2.9)
Une première vérité rassurante, c’est que c’est Jésus « qui nous a appelés à son admirable lumière, » celle qui éclaire le parcours de « l’épreuve proposée » pour notre vie.

S’il y a quelqu’un dont nous ne pouvons pas mettre l’amour pour nous en doute, c’est bien lui. Il suffit de regarder à sa croix. Et s’il y a quelqu’un qui peut organiser notre course de manière à ce que « tout concoure à notre bien » (Rm 8.28), c’est encore lui, le Fils éternel de Dieu.

Il nous a enrôlés dans sa course lors de notre Baptême. C’est là qu’il nous a placés sur le circuit céleste. Dans le Baptême, il nous a même préparés pour cette course en nous donnant son Saint-Esprit. Celui-ci nous a régénérés, a fait naître en nous la foi en Jésus et en son œuvre expiatoire.
On pourrait voir dans le Saint-Esprit à la fois notre préparateur et notre entraîneur. Il nous a préparés dès notre Baptême pour être aptes à courir l’épreuve de la vie chrétienne, et il continue de nous entraîner, de nous armer pour la course de la vie à l’aide de l’Evangile de Jésus-Christ. Le rôle de ce dernier consiste à nous apprendre à « fixer nos regards sur Jésus, l’initiateur de notre foi », l’initiateur, celui qui se trouve au départ de notre course, celui qui a fait en sorte que cette course soit à notre portée, celui qui en a fait le tracé.

Faisons-lui confiance. Ne nous rajoutons pas nous-mêmes des obstacles supplémentaires, en laissant nos travers, nos mauvais penchants, nous compliquer la vie, nous faire rater la course ou nous la faire abandonner en cours de route.

Ecartons ce qui nous fait douter du divin organisateur de « l’épreuve », débarrassons de notre itinéraire ce qui voudrait nous faire échouer, et puis, gagnons toujours plus en assurance en nous rappelant aussi :

Une course qui n’échoue pas devant les obstacles de la vie est


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une course que Jésus a déjà courue avant nous.

La lutte de la foi en Dieu, Jésus connaît. Les tentations aussi, et pas des tentations superficielles, l’histoire de sa tentation par le diable en fait foi (Mt 4.1-11). Et sa lutte dans le Jardin de Gethsémané aussi. L’auteur de l’Epître aux Hébreux – d’où est tiré notre texte – indique : « Nous n'avons pas un grand prêtre insensible à nos faiblesses ; il – [Jésus] – a été soumis, sans péché, à des épreuves en tous points semblables. » (Hé 4.15).

L’épreuve que tu es peut-être en train de vivre, il y « a été soumis en tous points semblables », non pas qu’il ait connu dans son existence personnelle des problèmes de couple ou des conflits de génération avec ses enfants – il n’a eu ni épouse ni enfants – ou qu’il ait dû se débattre avec sa nature pécheresse – il n’en avait pas davantage – mais ce que nous souffrons dans ces cas, les problèmes relationnels avec des proches et des moins proches, il les a connus avec la même intensité, les déceptions aussi. Pensez : « Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas accueilli » (Jn 1.11) ; ils l’ont même tué !

Il en a rencontré, des obstacles, sur son parcours ! Il n’en a pas moins poursuivi « l’épreuve avec persévérance ».

Les pièges tendus par ses ennemis étaient autant de crocs-en-jambe pour le faire tomber, mais il a serré les dents en pensant à nous, à notre sort qui dépendait de sa victoire dans l’épreuve.
L’abandon et la défection de ses frères et sœurs selon la chair – les Israélites –, le reniement, voire la trahison, de ses proches, c’étaient autant d’obstacles à surmonter, de haies difficiles à sauter, de déceptions à encaisser, à digérer, pour continuer quand même par amour pour nous.
Et puis, le pire, ce ne sont même pas les obstacles que nous voyons jeter sur son parcours par les personnages de l’histoire biblique ; le pire, c’est ton péché, c’est mon péché, le péché du monde entier qu’il a – mot à mot – « soulevé et ôté » (Jn 1.29)
sur ses épaules et qui l’épuisait dans sa course. Cela fait penser à l’épreuve « zaku lasterka » ou « salulariak » de la « force basque » où les compétiteurs doivent courir avec un sac de maïs de 81 kg sur les épaules. Et croyez-moi : le fardeau du péché du monde entier, c’était un obstacle autrement plus ardu – terrible même, tuant au vrai sens du mot – qu’un sac de 81 kg.

Son parcours a été de plus en plus difficile. Il savait qu’il devait tenir, par amour pour nous, et que l’obstacle le plus terrible à franchir l’attendait encore : souffrir les peines de la damnation éternelle à notre place pour la dégager de notre parcours à nous, pour nous l’éviter, car nous n’aurions pas pu nous en sortir.

Entendez-le crier, au moment le plus poignant de son parcours, là-bas, sur le bois maudit de la croix : « Eli, Eli, lema sabachthani ? c’est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27.46) Eh oui, Jésus a dû faire son terrible parcours tout seul, pour que nous puissions avoir la voie libre vers Dieu, pour que nous puissions être surs et certains de ne pas être seuls dans notre course à nous, mais d’être accompagnés et assistés par le Saint-Esprit à travers les promesses de l’Evangile.

N’oublions jamais que Jésus a couru ce parcours par amour pour nous, dans notre intérêt, pour débarrasser notre parcours à nous des obstacles que nous n’aurions jamais pu passer ni dégager.. « Au lieu de la joie qui lui était proposée, il a enduré la croix, méprisant la honte. » (v. 2)
C’est qu’il voulait que la course soit à notre portée et que nous puissions le retrouver sur la ligne d’arrivée.
Aussi notre épître tire-t-elle la conclusion : « Du fait qu'il a souffert lui-même quand il a été mis à l'épreuve, il peut secourir ceux qui sont mis à l'épreuve. » (Hé 2.18)


Quand nous trébuchons – voire, nous étalons même –, quand nous n’avons pas vu un obstacle à temps, lorsqu’une difficulté du parcours menace de nous décourager, ou que nous ne trouvons pas le courage d’écarter un obstacle avec foi en son aide et sa fidélité, alors il s’approche de nous, lui, notre compagnon de souffrance, lui qui sait ce qu’on peut endurer au cours de ce parcours. Il vient alors à nous avec ses promesses de grâce et d’assistance et nous console et nous encourage avec son Evangile, aussi avec le précieux et réconfortant sacrement de l’autel, la Sainte Cène.
Et quand il nous parle ainsi dans sa bonté, quand il nous rappelle ses promesses liées à sa course à lui, cela nous revigore et nous permet de « persévérer » – avec lui – « dans l’épreuve » de la lutte de la foi, de « courir avec persévérance » jusqu’à ce que nous l’ayons rejoint sur la ligne d’arrivée, car


Une course qui n’échoue pasdevant les obstacles de la vie est


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une course où Jésus nous attend à l’arrivée.

Nous l’avons vu : la course de la foi, une course commencée dans la foi en Jésus-Christ, ne peut atteindre son but que si elle est courue « avec persévérance », que si on maintient patiemment l’effort jusqu’au bout.

Ce bout, ce but de notre parcours de la foi, c’est la félicité éternelle, le nec plus ultra, un bonheur, une paix « qui surpasse toute pensée » (Ph 4.7), qui surpasse tout ce qu’on peut imaginer.
Des bonheurs, le Seigneur nous en fait connaître ici-bas – bonheurs affectifs, conjugaux, familiaux, professionnels, matériels, et j’en passe … – eh bien, ce qui nous attend à l’arrivée de notre parcours est infiniment plus fort encore comme bonheur.


Cela aussi nous pousse et nous aide à « courir avec persévérance ». « Les yeux [de la foi qui sont] fixés sur Jésus, » le glorieux vainqueur, nos pensées qui tournent autour du moment libérateur de la rencontre avec le Christ sur la ligne d’arrivée, tout cela aide à mener notre course avec une certaine discipline.

Un athlète renonce à bien des choses pour ne pas hypothéquer sa carrière. Il enlève et écarte bien des obstacles de son parcours : une nourriture trop déséquilibrée, une boisson trop alcoolisée, le tabac, les nuits blanches, la paresse ou la nonchalance à l’entraînement. Bref, il se débarrasse de ce qui fait obstacle à sa réussite, qui mettrait sa course en danger : il veut atteindre la ligne d’arrivée, et il veut l’atteindre dans de bonnes conditions.

L’image de la compétition ne peut pas être transposée en tout point dans le domaine spirituel, car là – ô miracle ! – tous ceux qui atteignent la ligne d’arrivée se retrouveront ensemble sur le podium.
Mais le côté entraînement, discipline, maîtrise de soi, renoncement à certains comportements, cet aspect est clairement repris par l’apôtre Paul dans sa 1ère Epître aux Corinthiens : « Tout lutteur se maîtrise en tout ; ceux-là le font pour remporter une couronne périssable ; nous, pour une couronne impérissable. Moi, donc, je cours, mais non pas à l'aventure; je donne des coups de poing, mais non pas pour battre l'air. Au contraire, je malmène mon corps, je le traite comme un esclave, de peur qu'après avoir fait la proclamation pour les autres, je ne sois moi-même disqualifié. » (1 Co 9.25-27)

Avec les encouragements et les promesses du Christ dans l’Evangile, le Saint-Esprit nous prépare et nous entraîne à écarter de notre vie ces obstacles que sont – entre autres – l’orgueil, la manie de vouloir tout mieux savoir que les autres, le mépris, le mensonge, l’hypocrisie, la jalousie, différentes faiblesses comme le laisser-aller, la paresse, le je-m’en-foutisme.
Il s’agit d’écarter par une repentance et une foi de tous les jours tout ce qui pourrait m’empêcher d’avoir part, sur la ligne d’arrivée, au triomphe éternel que notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ a déjà remporté pour nous.


Pour que nous persévérions à lui faire confiance, il nous affermit avec les promesses certaines de sa Parole et de ses sacrements.

Et il nous invite à considérer l’exemple de « la si grande nuée de témoins » (v. 1) de l’Ancien Testament. Leur foi était forte non pas par elle-même, mais à cause de celui en qui ils la fondaient. Leur foi était grande parce qu’ils faisaient confiance en un grand Dieu.
Ils ont tenu le coup parce que jusqu’au bout ils ne lui ont pas retiré leur foi. Bien leur en prit : Dieu est resté fidèle à ses promesses, il a offert aux croyants ce qu’il avait promit à leur foi.
Si Dieu attire ici notre attention sur cette « si grande nuée de témoins » de la foi de l’Ancien Testament, c’est pour que, comme eux, nous lui fassions confiance quoi qu’il dise et quels que soient les parcours par lesquels il nous conduit.

Peut-être que tu te trouves en ce moment devant un problème qui menace de faire obstacle à ta foi, peut-être que la difficulté à laquelle tu es confronté actuellement menace de te faire baisser les bras : recours-tu aux aides que le Seigneur met à ta disposition ? Viens-tu chercher le réconfort dans ses promesses, y compris à sa Table ? T’appuies-tu sur tes frères et sœurs en la foi ? Entends-tu leurs conseils ? Acceptes-tu leur aide ?

Sois convaincu que le Seigneur connaît chacune de tes détresses – et non pas seulement selon son omniscience, mais « de l’intérieur », parce qu’il les a toutes endurées lui-même quand « il a enduré la croix » (v. 2).

Rappelles-toi, il a parcouru lui-même ton parcours pour le défricher des obstacles pour lesquels tu n’étais pas de taille : ta culpabilité devant Dieu, la mort et le diable. Aussi pour pouvoir t’assister de son réconfort à travers sa Parole et ses sacrements et pour t’accompagner foulée après foulée vers la ligne d’arrivée, « l’accomplissement de la foi ».

Là, nous pourrons alors dire avec Paul : « J'ai mené le beau combat, j'ai achevé la course, j'ai gardé la foi. Désormais la couronne de justice m'est réservée ; le Seigneur, le juste juge, me la donnera en ce jour-là, et non pas seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront aimé sa manifestation. » (2 Tm 4.7-8)

Amen.

Jean Thiébaut Haessig, pasteur


Chants :

AeC 443 : 1-4 ;
AeC 441 : 1-3 ;
AeC 624 : 1-4
(ou AeC 614 : 1-3 ou AeC 621 : 1-4)