lundi 25 avril 2011

sermon du dimanche 3 avril 2011

Dimanche Judica

Texte : Gn 22.1-14

Chants proposés :

Ô Jésus, ta croix domine LlS 90 : 1-6

Pour quel péché, Jésus, LlS 80 : 1-5

De quoi t’alarmes-tu, mon cœur ? LlS 231 : 1-5

Ô Seigneur Jésus, mon Sauveur, LlS 167 : 1-10

1 « Après cela, Dieu mit Abraham à l’épreuve. Il lui dit : "Abraham !" Celui-ci répondit : "Me voici !"

2 Dieu dit : "Prends ton fils unique, celui que tu aimes, Isaac. Va-t-en au pays de Morija et là offre-le en holocauste sur l’une des montagnes que je t’indiquerai."

3 Abraham se leva de bon matin, sella son âne et prit avec lui deux serviteurs et son fils Isaac. Il fendit du bois pour l’holocauste et partit pour aller à l’endroit que Dieu lui avait indiqué.

4 Le troisième jour, Abraham leva les yeux et vit l’endroit de loin.

5 Il dit à ses serviteurs : "Restez ici avec l’âne. Le jeune homme et moi, nous irons jusque là-bas pour adorer, puis nous reviendrons vers vous."

6 Abraham prit le bois pour l’holocauste, le chargea sur son fils Isaac et porta lui-même le feu et le couteau. Ils marchèrent tous les deux ensemble.

7 Alors Isaac s’adressa à son père Abraham en disant : "Mon père !" Il répondit : "Me voici, mon fils !" Isaac reprit : "Voici le feu et le bois, mais où se trouve l’agneau pour l’holocauste ?"

8 Abraham répondit : "Mon fils, Dieu pourvoira lui-même à l’agneau pour l’holocauste." Et ils continuèrent à marcher tous les deux ensemble.

9 Lorsqu’ils furent arrivés à l’endroit que Dieu lui avait indiqué, Abraham y construisit un autel et rangea le bois. Il attacha son fils Isaac et le mit sur l’autel par-dessus le bois.

10 Puis Abraham tendit la main et prit le couteau pour égorger son fils.

11 Alors l’Ange de l’Eternel l’appela depuis le ciel et dit : "Abraham ! Abraham !" Il répondit : "Me voici !"

12 L’ange dit : "Ne porte pas la main sur l’enfant et ne lui fais rien, car je sais maintenant que tu crains Dieu et que tu ne m’as pas refusé ton fils unique."

13 Abraham leva les yeux et vit derrière lui un bélier retenu par les cornes dans un buisson. Il alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils.

14 Abraham donna à cet endroit le nom de Yahvé-Jiré. C’est pourquoi on dit aujourd’hui : "A la montagne de l’Eternel il sera pourvu." »

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ,

Si vous êtes ici aujourd’hui, si vous avez suivi l’invitation de Dieu, si vous êtes venus vous laisser encourager par lui, c’est que vous lui faites confiance.

Pourtant, quand une terrible tragédie s’abat sur nous – tragédie que Dieu a permise – ne sommes-nous pas parfois tentés de l’expulser de notre vie ?

Reconnaître que Dieu est omniscient (qu’il sait tout), tout-puissant (il peut tout), omniprésent (il est partout présent à la fois), et être ensuite victime d’un drame que nous pensons que Dieu aurait pu empêcher, cela en amène certains à perdre leur foi en Dieu, à ne plus rien vouloir savoir de lui.

Chacun de nous a connu, connaît ou connaîtra des périodes ou des moments où nous ne sommes que déception, bouleversement et stupéfaction, tant sa façon de nous conduire nous déboulonne.

Si vous vivez dans une communion étroite avec Dieu, vous connaîtrez inévitablement des moments qui mettent l’ardeur de votre foi en Dieu à l’épreuve.

Comment peut-on se sentir à l’aise lorsqu’on a l’impression que Dieu se contredit ?

Nous voulons profiter de ce Temps de la Passion du Christ pour nous rapprocher davantage encore de notre Sauveur.

Alors, ayons le courage de poser clairement la question :

DIEU SE CONTREDIT-IL ?

Cela semble être le cas

dans son comportement

1 avec Abraham,

2 avec Jésus,

3 avec nous.

X X X 1 X X X

DIEU SE CONTREDIT-IL AVEC ABRAHAM ?

« Dieu dit : "Prends ton fils unique, celui que tu aimes, Isaac […] et là offre-le en holocauste !" » (v. 2) En d’autres mots : « Tue-le, brûle-le entièrement ! »

Quel coup pour ce pauvre Abraham ! Perdre « son fils, son unique, celui qu’il aime » ! (v. 2 ; NBS) Devoir même le tuer de sa propre main !

« Mais Dieu a-t-il perdu la tête ? » aurions-nous pensé à la place d’Abraham. « Sait-il encore ce qu’il veut ? D’abord il m’appelle d’entre les païens pour être l’ancêtre du peuple élu, me laisse attendre jusqu’à l’âge de 100 ans pour enfin me donner ce fils tant attendu, Isaac, ce fils par lequel je dois avoir une nombreuse descendance … et voilà que je dois le tuer, "mon fils unique, celui que j’aime" ! »

Tout ce pourquoi Abraham a vécu et travaillé, attendu et espéré, semblait devoir se terminer dans l’horreur, s’effondrer, parce que Dieu semblait avoir perdu la tête.

L’expérience que fait Abraham semble douloureusement indiquer que Dieu se contredit, qu’on ne peut pas se fier à sa Parole !

Rappelez-vous, Dieu avait fait à Abraham une triple promesse :

D’abord, qu’il devait avoir un fils, malgré l’âge avancé de sa femme, stérile jusque-là. Malgré le caractère incroyable de cette promesse, Sara met Isaac au monde, alors qu’elle a 90 ans ! Un vrai miracle ! Devait-il se terminer dans l’horreur ?

Voici la seconde promesse faite par Dieu à Abraham : « C’est à ta descendance que je donnerai ce pays », le pays de Canaan (Gn 12.7). Comment cela pouvait-il se réaliser si « son fils unique » devait mourir sans descendants ?

Enfin, la troisième promesse de Dieu à Abraham : « Toutes les familles de la terre seront bénies en toi ! » (Gn 12.3) « Toutes les nations de la terre seront bénies en ta descendance ! » (Gn 22.18)

L’apôtre Paul montre, dans son « Epître aux Galates », que les croyants de l’Ancien Testament avaient raison de reconnaître en cette « descendance » d’Abraham le Messie, le « Christ » (Ga 3.16).

Le Messie-Sauveur devait être issu de la descendance d’Isaac et devenir une bénédiction pour « toutes les nations de la terre ».

Et maintenant Dieu demandait la mort d’Isaac avant qu’il n’ait de descendants ? N’était-ce pas contraire à sa promesse, contraire à tout ce qu’Abraham croyait de Dieu ?

Contraire à la « loi » morale que Dieu a « écrite dans les cœurs » de tous les hommes ? (Rm 2.15) Dieu n’a-t-il pas fait en sorte que tout le monde puisse savoir qu’il ne faut pas tuer ?

Et voilà qu’il demande tout le contraire ! Il demande de tuer la vie qu’il a créée ! Ne demande-t-il pas exactement le contraire de ce qu’il inscrira lui-même, plus tard, sur le Mont Sinaï, sur les Tables de la Loi : « Tu ne commettras pas de meurtre ! » (Ex 20.13) ?

Et puis, cela ne renversait-il pas toutes les promesses faites à Abraham, cela ne trahissait-il pas la confiance qu’Abraham avait placée en Dieu ? Dieu ne se contredisait-il pas sur toute la ligne ?

En fait – et cela il ne faut pas le perdre de vue – au début de notre histoire il est dit : « Dieu mit Abraham à l’épreuve. » (v. 1)

Dieu voulait resserrer les liens entre Abraham et lui, il voulait approfondir la communion entre eux. Abraham devait apprendre qu’on pouvait faire confiance à Dieu et à sa Parole dans les épreuves les plus terribles.

Et la foi d’Abraham en son Dieu ne flancha pas. Nous lisons dans « l’Epître aux Hébreux » : « C’est par la foi qu’Abraham a offert Isaac lorsqu’il a été mis à l’épreuve. Oui, il a offert son fils unique en sacrifice, bien qu’il ait reçu les promesses et que Dieu lui ait dit : "C’est par Isaac qu’une descendance te sera assurée." » (Hé 11.17-18)

Abraham gardait confiance en Dieu. Il ne savait pas comment Dieu allait mettre fin à ce cauchemar, mais il gardait confiance.

Bien entendu, Dieu n’avait pas l’intention de rompre ses promesses ; il ne voulait pas le sacrifice d’Isaac – qui n’aurait servi à rien - ; il intervint à temps pour éviter au père et au fils l’épreuve ultime.

A la fin, Dieu explique à Abraham le pourquoi de cette mise à l’épreuve : « Je sais maintenant que tu crains Dieu et que tu ne m’as pas refusé ton fils unique. » (v. 12)

Dieu avait semblé se contredire et entraîner la famille d’Abraham dans une terrible tourmente, mais Dieu ne se contredit jamais.

Une autre occasion où Dieu semble s’être tragiquement contredit, c’est avec Jésus.

X X X 2 X X X

DIEU SE CONTREDIT-IL AVEC JESUS ?

Voyez comment les Juifs furent déçus par toute l’attitude de Jésus ! Dans les prophéties, Dieu avait paré le Messie de gloire divine et indiqué que son Royaume allait s’étendre jusqu’aux extrémités de la terre. « Il dominera d’une mer à l’autre, et de l’Euphrate jusqu’aux extrémités de la terre. » (Ps 72.8)

Mais Jésus de Nazareth refusait même leur offre d’être roi rien qu’en Israël ! Ne s’est-il pas enfui après la multiplication des pains lorsque la foule a voulu le proclamer roi ? (Jn 6.15)

Il était annoncé comme « merveilleux Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix » (Es 9.5), mais Jésus est né au milieu des animaux et a été exécuté avec des criminels ! Au lieu d’être le chef des Juifs, il a dû fuir leur haine et a été finalement mis à mort par eux.

Ne lançons pas trop vite la pierre aux Juifs de l’époque ! Ils étaient vraiment déboussolés par ce Jésus de Nazareth. Leur foi aussi a été mise à l’épreuve comme celle d’Abraham. L’ennui, c’est qu’ils ne se souvenaient pas des nombreuses prophéties des souffrances et de la mort expiatoire du Messie.

Leur malheur, c’est qu’ils ne retenaient des prophéties messianiques que ce qui leur plaisait et les arrangeait – et encore en avaient-ils mal compris le sens.

Voilà pourquoi ils ont trébuché sur leur Sauveur ; voilà pourquoi leur foi a fait faillite dans une situation qui n’était contradictoire qu’en apparence. D’ailleurs, le matin de Pâques balaya toutes ces apparentes contradictions.

Certes, Jésus est mort comme un criminel, mais seulement parce qu’il a voulu être puni pour nos crimes à nous, pour nos péchés.

Certes, Jésus avait une apparence insignifiante, et parfois pitoyable – par exemple sous les coups de fouet ou sur la croix – mais c’est qu’il a caché sa gloire divine et n’a pas fait usage de ses pouvoirs divins ! Il devait, en effet, effectuer notre rachat dans les mêmes conditions de vie que les nôtres, tout en demeurant innocent et saint.

D’ailleurs, malgré cette apparente faiblesse il a remporté la victoire la plus éclatante et la plus extraordinaire qui ait jamais été remportée sur terre :

Il a vaincu Satan : celui-ci ne peut plus revendiquer notre châtiment éternel auprès de lui en enfer.

Il a vaincu la mort en la transformant, pour les croyants, en porte d’entrée immédiate, instantanée, dans le paradis céleste.

Et il a vaincu les terribles effets du péché : la colère de Dieu qu’il a apaisée par son expiation et sa vie exemplaire.

Quelle victoire éclatante, scellée par sa glorieuse résurrection !

Qui a dit que Dieu se contredisait en permettant à Jésus de s’enfoncer ainsi dans la tragédie ? – Uniquement ceux qui ne voient pas que l’abaissement du Christ était la seule tactique, la seule stratégie capable de vaincre et de nous faire participer à sa victoire et à son règne !

Ce qui s’est passé avec Abraham et, plus tard, avec Jésus, nous devons nous le rappeler quand, à notre tour, nous avons l’impression que Dieu se contredit dans nos propres vies.

X X X 3 X X X

DIEU SE CONTREDIT-IL AVEC NOUS ?

Parfois nous avons du mal à accorder ce qui nous arrive avec ce que Dieu promet. Nous avons du mal à faire coïncider les deux.

Combien de fois Dieu ne nous a-t-il pas promis dans sa Parole qu’il veut nous aider et nous assister, nous bénir et nous faire réussir si nous nous tournons vers lui dans la repentance et avec foi !

Ne va-t-il pas jusqu’à promettre au croyant que « tout ce qu’il fait lui réussit » (Ps 1.3) ? Ne promet-il pas : « Fais appel à moi quand tu es dans la détresse : je te délivrerai, et tu m’honoreras » (Ps 51.15) ? « Je ne te délaisserai pas et je ne t’abandonnerai pas. » (Hé 13.5) ? « Moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28.20) ?

Et puis tout dérape quand même : les espoirs placés dans un proche – époux ou enfant, par ex. – ne se réalisent pas, pour des raisons très diverses : manque d’égards, paresse, maladie, décès.

Nous avons du mal, parfois, à mettre en accord d’une part l’exigence d’amour du prochain, d’autre part des exigences de fidélité et de rejet de l’erreur.

Et puis, comment voir dans la maladie et la mort l’accomplissement des promesses de fidélité, d’assistance et de délivrance de Dieu ?

Chers amis, bien des choses qui paraissent être des contradictions de la part de Dieu se résolvent dès cette vie. Il suffit d’« étudier » davantage « les Ecritures » (Jn 5.39), de ne pas nous laisser aveugler par nos peurs et nos attentes démesurées, et de comprendre correctement ce que Dieu nous dit dans sa Parole.

Dieu nous apprend ainsi que c’est par amour qu’il nous met parfois à l’épreuve, comme il l’a fait avec Abraham et Isaac. Il nous apprend alors aussi qu’il « est fidèle et ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces ; mais avec la tentation il préparera aussi le moyen d’en sortir, afin que vous puissiez la supporter ». (1 Co 10.13)

Il nous promet aussi « que tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu » et « que [rien] ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ, notre Seigneur » (Rm 8.28+39).

Voyez-vous, bien des contradictions apparentes se résolvent quand nous étudions la Bible seul et en paroisse. Puissions-nous saisir les occasions qui s’offrent ainsi à nous pour grandir dans la foi et la confiance que nous portons à notre Dieu bien-aimé !

D’autres incohérences apparentes trouveront leur solution dans l’éternité. Lorsque nous nous retrouverons autour du trône de l’Agneau (Ap 5), nous comprendrons qu’en « l’Agneau » immolé mais finalement vainqueur toutes les paroles et tous les actes de Dieu avaient leur logique et leur cohérence.

Cette saison de la Passion du Christ nous rappelle qu’il n’y a aucune raison d’être révolté contre Dieu : les souffrances et la mort de son Fils nous sont la garantie que Dieu « nous accordera aussi comme une grâce tout avec lui, » Jésus (Rm 8.32).

Dieu agit avec nous à son rythme et à sa manière. « "Vos pensées ne sont pas mes pensées et vos voies ne sont pas mes voies," déclare l’Eternel. "Le ciel est bien plus haut que la terre. De même mes voies sont bien au-dessus de vos voies, et mes pensées bien au-dessus de vos pensées." » (Es 55.8-9)

Heureusement que nous savons que, grâce à Jésus, ce sont des pensées et des voies de bonté et de miséricorde !

Qu’il soit loué pour son merveilleux plan de salut !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

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