Christ et son peuple sont inséparables
Ruth 1.14-17 (Rt 1.1-19a ; 2Ti 2.1-13 ; Luc 17.11-19)
Elles se remirent à pleurer tout haut. Orpa embrassa sa
belle-mère, mais Ruth lui resta attachée. Naomi dit à Ruth : « Tu vois, ta
belle-sœur est retournée vers son peuple et vers ses dieux ; retourne chez toi
comme elle ! » Ruth répondit : « Ne me pousse pas à te laisser, à repartir
loin de toi ! Où tu iras j’irai, où tu habiteras j’habiterai ; ton peuple sera
mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu ; où tu mourras je mourrai et j’y serai
enterrée. Que l’Eternel me traite avec la plus grande sévérité si autre chose
que la mort me sépare de toi ! »
Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu et la
communion du Saint-Esprit soient avec vous tous ! Amen.
Le livre de Ruth est une courte histoire de quatre pages dans
l’Ancien Testament. Toutefois, étant une vraie histoire de Dieu et de son
peuple, il nous apporte une profonde vérité. En particulier, nous voulons
examiner la déclaration de Ruth à Naomi : « Ton
peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu. » Nous voulons
comprendre que Christ et son peuple sont inséparables. Du coup, si Christ est
notre Seigneur, le Corps de Christ est notre peuple.
Ruth a vécu il y a 3000 ans environs à l’époque des juges. Cela
a été dans les générations juste après Moïse et Josué, au temps des
petits-enfants de ceux qui sont sortis de l’esclavage en Egypte. L’époque des
juges n’a pas été un temps heureux. Israël était une confédération peu solide
de 12 tribus sans gouvernement central. Il n’y avait pas encore de temple à
Jérusalem ni de synagogues à travers le pays. Le livre des juges se termine par
cette déclaration : A
cette époque-là, il n’y avait pas de roi en Israël. Chacun faisait ce qui lui
semblait bon. Jg 21.25.
Chacun
faisait ce qui lui semblait bon. Je pense que nous reconnaissons que
lorsque chacun fait ce qui lui semble bon, souvent le désordre et des conflits
en résultent. Il semble que la plupart des Israélites se sont détournés du vrai
Dieu pour suivre les idoles du pays de Canaan.
En conséquence, les Israélites se faisaient continuellement attraper par
leurs ennemis, et avaient besoin d’un juge pour les sauver. Ces juges ont été
les héros comme Débora et Gédéon. La situation a dégénéré jusqu’au point où une
guerre civile a failli exterminer la tribu de Benjamin. Telle a été l’époque
des juges.
Mais de cette époque sombre vient cette histoire encourageante
de Ruth, une vraie lumière dans l’obscurité. La scène de ce récit montre le
besoin de trois veuves d’avoir une sécurité sociale. Naomi avait perdu son mari
et ses deux fils, ce qui l’a rendu veuve, elle et ses deux belles-filles Orpa
et Ruth. Qu’allaient-elles faire pour survivre ? Comment pouvaient-elles trouver
de nouveau des maris et des familles ? Car, à une époque sans système de
sécurité sociale, la famille était le seul soutien.
Naomi apprend que la famine qui les avait chassés du territoire
d’Israël a pris fin. Pour sa part, elle va retourner auprès de son peuple. Elle
convainc Orpa de faire de même, de retourner à son peuple et à ses dieux.
Mais elle n’arrive pas à renvoyer Ruth. C’est parce que Ruth
était parvenue à la foi en l’Eternel, le Dieu d’Israël. A cause de cette foi,
elle se rend compte qu’elle fait partie du peuple de L’Eternel, et que la seule
chose à faire est d’aller avec Naomi. «
Ne me pousse pas à te laisser, à repartir loin de toi ! Où tu iras j’irai, où
tu habiteras j’habiterai ; ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu
; où tu mourras je mourrai et j’y serai enterrée. Que l’Eternel me traite avec
la plus grande sévérité si autre chose que la mort me sépare de toi ! »
J’espère que vous connaissez le reste de l’histoire. Naomi et
Ruth vont à Bethléhem en Juda. Ruth commence à travailler dans les champs pour
subvenir à leurs besoins. Là elle rencontre Boaz, un parent du mari de Naomi.
Boaz rachète le terrain de la famille de Naomi et se marie avec Ruth. Ruth lui
donne un fils, Obed, qui devient le père d’Isaï, le père de David.
Dans cette première partie de l’histoire, Dieu nous parle du
lien entre un peuple et ses dieux. A l’époque, et toujours dans beaucoup de
parties du monde, un peuple ainsi que le culte à son dieu vont de pair. Etre
moabite comme Ruth, impliquait que l’on servait l’idole Kemosh et lui
appartenait. Les Cananéens servaient Baal ; les Egyptiens Rê parmi tant
d’autres, et ainsi de suite. Nous reconnaissons qu’il y a souvent une
corrélation entre une ethnie ou un peuple et son dieu ou sa religion. Si par exemple
nous rencontrons un Arabe, nous supposerons sans doute qu’il est musulman ; un
Japonais peut-être un bouddhiste ; un Indien, un hindou, et ainsi de suite.
Bien sûr ce n’est pas toujours vrai, mais ça l’est très souvent.
Nous regardons cette corrélation moins souvent au sens inverse,
que le fait de suivre un dieu ou une religion implique que l’on fait partie
d’un peuple particulier. Par exemple, si un Français blanc était devenu
bouddhiste, probablement, nous ne le considérerions pas comme un oriental. Il y
a deux raisons pour cela : premièrement, un changement de dieu ne change pas
son appartenance ethnique physique ; et deuxièmement, nous avons tendance à
regarder une croyance religieuse comme une valeur personnelle et non pas comme
une orientation intégrale de sa vie. Cependant, pour Ruth, son Dieu déterminait
son peuple. Appartenir à l’Eternel, c’était faire partie de son peuple. C’est
donc l’orientation que Dieu nous présente.
Presque tout le peuple d’Israël était d’ethnie juive, des
Hébreux. Mais Dieu n’a pas qualifié son peuple d’une caractéristique physique,
d’une appartenance ethnique. Comme Paul l’explique en Romains, « Le Juif, ce n’est pas
celui qui en a l’apparence, et la circoncision, ce n’est pas celle qui est
visible dans le corps. Mais le Juif, c’est celui qui l’est intérieurement, et
la circoncision, c’est celle du cœur, accomplie par l’Esprit et non par la loi
écrite. » Rm 2.28-29a. C’est-à-dire, le vrai Juif a toujours été
celui qui partageait la foi d’Abraham. L’Eternel n’est pas le Dieu des Juifs
ethniques seuls, mais de toute personne qui croit en lui. Et celui qui croit en
l’Eternel fait, en conséquence, partie de son peuple. Du coup Ruth associe les
deux : « Ton peuple
sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu. »
Voilà un très bel exemple de ce que Jésus a fait de nous. Jésus
était Juif d’ethnie, mais il est le Dieu et le Sauveur de tout le monde. Il
fait de nous qui venons de beaucoup d’ethnies, un seul peuple qu’il appelle le
Corps de Christ. Nous sommes tous comme Ruth. Par nature, nous n’appartenons
pas au peuple de Dieu. Nous et nos ancêtres sont nés séparés d’avec Dieu. Mais
Christ nous a rachetés pour lui appartenir. Il nous dit : C’est pourquoi,
souvenez-vous qu’autrefois vous étiez identifiés comme non juifs dans votre
corps, appelés incirconcis par ceux qui se disent circoncis et qui le sont dans
leur corps, par la main de l’homme. Souvenez-vous qu’à ce moment-là vous étiez
sans Messie, exclus du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la
promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde. Mais maintenant, en
Jésus-Christ, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le
sang de Christ… A travers lui, en effet, nous avons les uns et les autres accès
auprès du Père par le même Esprit. Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers
ni des résidents temporaires ; vous êtes au contraire concitoyens des saints,
membres de la famille de Dieu. Ep 2.11-13, 18-19. C’est justement ce que Ruth
voulait dire : « Ton
peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu. »
Qu’est-ce que cela implique pour nous ? Cela implique que, étant
unis à Christ, vous et moi, nous sommes comptés parmi le peuple de Dieu, parmi
les descendants d’Abraham. Par le sang de Jésus, nous qui autrefois étions
perdus, avons été pardonnés et réconciliés avec Dieu. Nous avons la paix avec
Dieu, non pas à cause de quelque acte de justice de notre part, mais uniquement
parce que Jésus nous a racheté par sa mort sur la croix. Par cette grâce de
Dieu nous avons reçu sa pleine approbation et un libre accès à lui. Comme Ruth
est devenue membre du peuple d’Israël par sa foi en l’Eternel, de même nous
sommes devenus membres d’Israël par la foi en Christ.
Si donc nous appartenons à Jésus-Christ, nous appartenons
également à son peuple. C’est un aspect de l’Evangile qui peut nous éprouver ou
même nous offenser. Notre culture appuie de plus en plus sur l’individualisme.
Notre époque est très semblable à celle des juges où chacun faisait ce qui lui semblait bon.
Bien qu’il y ait un gouvernement national, au plan national nous avons peu de
valeurs communes et surtout pas de foi ni de Dieu communs. Chacun réclame faire
ce qui lui semble bon, de sorte que, souvent, nous nous éloignons les uns des
autres, comme dans un mariage qui va mal. En insistant sur une vie personnelle,
sur des valeurs personnelles, sur une vérité, une foi et une conception de Dieu
personnelles, nous nous éloignons les uns des autres et faisons de moins en
moins un peuple, un corps.
Le monde nous dit que les affirmations religieuses ne sont pas
des déclarations de vérité objective, qu’elles sont plutôt des expressions de
valeurs personnelles, et que la foi en Christ est un penchant personnel qui n’a
rien à voir avec une vérité absolue ni avec une réalité empirique. Ayant cru à
ce mensonge, tant de chrétiens ont logiquement conclu qu’ils n’ont pas besoin
de faire partie du Corps de Christ. On vous a sans doute dit, « Je n’ai pas
besoin d’aller à l’église pour être chrétien. Je peux lire ma Bible et prier
chez moi. » Cela revient à dire, « Ton Dieu sera mon Dieu, mais pas ton peuple
! »
Comme c’est différent de la déclaration de Ruth ! « Ton peuple sera mon peuple
et ton Dieu sera mon Dieu. » Est-il vraiment possible de mettre notre
confiance en Jésus mais de ne pas faire partie de son corps ? Pas selon la
parole de Dieu
! De Genèse à l’Apocalypse, avoir foi en Dieu implique nécessairement que l’on
fait partie de son peuple. C’est la volonté et le plan de Dieu. C’est la
volonté de Christ et l’œuvre du Saint-Esprit.
De quoi au juste est-il question ici ? Il n’est pas question de
passer tout son temps ou la plupart de son temps à l’église. Je ne dis pas du
tout que nous devrions vivre en communauté et former un ghetto chrétien. Non,
le point, c’est que Dieu a choisi d’agir dans ce monde à travers son peuple. Il
est Dieu et peut donc faire tout ce qu’il veut. Il veut travailler dans et à
travers le Corps de Christ ! Ici, dans son église, parmi son peuple, Dieu agit
envers nous par les moyens de sa parole et des sacrements. C’est pour cela que
nous les appelons les Moyens de Grâce. De cette façon, notre attention est
tournée à ce que Dieu a fait et a dit, et pas à ce que nous souhaitons, pensons
ou ressentons !
Bien sûr vous pouvez lire et étudier la Bible chez vous ; et
j’espère bien que vous le faites ! Mais soyons honnêtes. Combien de temps
avez-vous à y consacrer ? Quand avez-vous lu la dernière fois l’histoire de
Ruth et réfléchi à sa parole, « Ton
peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu » ? Pouvez-vous lire la
Bible dans ses langues originales ? Avez-vous accès à des commentaires et à
d’autres outils pour bien comprendre le texte biblique et l’histoire des
peuples anciens qui s’y figurent ? Sans doute que non. C’est pour cela que nous
appelons des pasteurs formés en théologie.
De plus, si nous restons chez nous, seuls et isolés, nous
n’avons pas accès aux sacrements. Je suppose qu’il y a ceux qui le font, mais
normalement, on ne célèbre pas la Saint Cène, seul, chez soi. Sans la Cène,
nous nous passons d’une preuve objective que le sang de Jésus a été répandu
pour nous, et que nous hériterons de la vie éternelle. C’est une assurance du
salut et un soutien de la foi à ne pas manquer. Jésus pense que nous en avons
besoin ! Puis-je donc me permettre de rester à la maison en rejetant la vie communautaire
du peuple de Dieu, parce que je n’en aurais pas besoin ? C’est la pensée de
qui, ça ?
Comment avez-vous entendu la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, que
Dieu vous pardonne et vous aime à cause de Christ ? D’une façon ou d’une autre,
nous l’avons tous apprise par le moyen du peuple de Dieu ; d’un parent ou d’un
ami, ou d’un chrétien inconnu, mais personne ne l’a apprise du journal de 20 h
! L’Evangile est l’annonce de Dieu, proclamé par son peuple.
C’est justement cet Evangile qui proclame que vous et moi, nous
sommes frères et sœurs dans une seule famille, avec un seul Dieu, une seule
foi, un seul baptême. Pour cette raison, nous nous servons les uns les autres.
Comme Ruth s’est efforcée de subvenir aux besoins de Naomi, et Naomi de trouver
un mari pour Ruth, de même nous prenons soins les uns des autres. Le
faisons-nous parfaitement ? Bien sûr que non. Nous sommes des hommes et des
femmes faillibles qui luttons contre l'égoïsme. Nous n’agissons pas toujours
avec bonté envers les autres. Mais cela ne change en rien le plan de Dieu à
nous former en un seul Corps de Christ. Lui est fidèle et fait en sorte que
cette bonté agisse en nous envers les autres. Et cela nous distingue du monde
qui ignore cet amour fidèle et ne connais qu’un prêté pour un rendu !
« Ton
peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu. » Voilà la bonne
nouvelle que Ruth a reconnue il y a des millénaires. Dieu et son peuple sont
inséparables. Jésus-Christ est votre Dieu et son église votre peuple. Vous lui
appartenez à cause de Christ. Réjouissez-vous-en et vivez en son peuple !
Que la paix de Dieu qui dépasse tout ce que l’on peut
comprendre, garde votre cœur et vos pensées en Jésus-Christ, pour la vie
éternelle ! Amen.
Pasteur David Maffett