dimanche 25 avril 2010

Sermon du dimanche 25 avril 2010

JOUR DE L’EVANGELISTE MARC

Texte :Ac 15.36-40 + 2 Tm 4.11

Ac 15.36 « Quelques jours plus tard, Paul dit à Barnabas : "Retournons visiter nos frères et sœurs dans toutes les villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur, pour voir comment ils vont."

37 Barnabas voulait aussi emmener Jean, surnommé Marc,

38 mais Paul estimait qu’il ne fallait pas prendre avec eux celui qui les avait quittés depuis la Pamphylie et ne les avait pas accompagnés dans leur tâche.

39 Ce désaccord fut assez vif pour qu’ils se séparent l’un de l’autre. Barnabas prit Marc avec lui et embarqua pour l’île de Chypre.

40 Paul choisit Silas et partit, confié par les frères à la grâce de Dieu. »

2 Tm 4.11 « Prends Marc et amène-le avec toi, car il m’est utile pour le ministère. »

Chers frères et sœurs en Jésus, notre Sauveur,

Quelle volte-face de la part de l’apôtre Paul ! … n’est-ce pas ?

Dans le premier texte – moins de 20 ans après la résurrection de Jésus et la Pentecôte – Paul refuse de reprendre une seconde fois l’évangéliste Marc comme collaborateur avec lui, au point de se brouiller avec son ami Barnabas, cousin de Marc (Col 4.10).

Dans le second texte, il dit le plus grand bien de ce même Marc, « collaborateur » apprécié (Phil 24).

Une petite vingtaine d’années sépare ces deux événements. Que s’est-il passé durant ces quinze à vingt ans ? Le changement d’opinion de Paul à propos de Marc nous intrigue, n’est-ce pas ? Cela vaut le coup de nous pencher sur l’évangéliste Marc, pour une fois que son jour tombe un dimanche.

L’EVANGELISTE MARC

1. Qui est-il ?

2. Que pouvons-nous en apprendre ?

1

Qui est l’évangéliste Marc ?

Comme beaucoup de Juifs, il portait un nom hébreu – « Jean » – et un nom grec ou latin : « Marc ». Il nous est plutôt connu sous ce nom romain, « Marc », alors que les chrétiens d’origine juive le présentaient plutôt comme « Jean surnommé Marc » (Ac 12.12).

Sa mère, du nom de « Marie » – prénom très répandu à l’époque déjà – a fait partie du premier cercle des chrétiens : c’est chez elle que « Pierre » se rendit après avoir été libéré de prison par un ange.

La mère de Marc était assez riche pour avoir à Jérusalem une maison assez spacieuse pour pouvoir y accueillir « beaucoup de personnes » pour y prier en période de persécution. Elle pouvait d’ailleurs aussi se payer des servantes (Ac 12.12-13).

Il se pourrait même que « la grande chambre à l’étage » où Jésus a institué la Sainte Cène se soit trouvée dans la maison de Marie, mère de Marc. (Mc 14.15)

Marc est le seul jeune homme en dehors du cercle des apôtres dont nous savons qu’il a fait partie des chrétiens dès le début. On pense généralement qu’il est le « jeune homme » qui, poussé par la curiosité de l’adolescence, a suivi Jésus de loin à Gethsémané, que les soldats ont « attrapé », mais qui « se sauva tout nu » dans la nuit, laissant sa tunique dans les mains des soldats.

Nous avons vu Pierre se réfugier dans cette maison après avoir été libéré de prison par un ange. Ce n’est pas la seule indication de relations étroites entre l’apôtre Pierre et le futur évangéliste Marc.

Dans sa première lettre, Pierre parle de « Marc, mon fils » (1 P 5.13). Sans doute de la même manière que Paul appelle « Timothée mon enfant dans la foi » (1 Tm 1.2). Marc a dû être « régénéré […] par la Parole vivante et permanente de Dieu » annoncée par Pierre, son père spirituel (1 P 1.23).

Dans son Evangile, il arrive à Marc de donner plus de détails à propos de Pierre que des autres apôtres, ainsi à propos de son reniement.

Marc est très imprégné par le style de Pierre. Par exemple, comme Pierre, Marc n’utilise jamais le mot « loi », alors qu’il se trouve dans les trois autres Evangiles.

C’est sans doute à l’aide des récits faits par Pierre que le Saint-Esprit a inspiré son Evangile à Marc, un Evangile destiné aux non Juifs, car il explique en détail les noms des personnes, le temps, les nombres et les lieux de la vie du Christ, détails que les Juifs n’avaient pas besoin qu’on leur explique.

Ce qui frappe aussi, c’est que Marc écrit au présent. Par l’Evangile selon Marc, le Saint-Esprit veut nous faire comprendre que nous vivons dans le présent de la toute-puissance et de la présence de Jésus-Christ.

L’image que Marc nous donne de Jésus – que ce soit dans ses paroles ou ses miracles – c’est celle de la souveraineté de Jésus : son influence sur la vie des gens et son pouvoir sur les démons. Jésus est en tout temps celui qui sauve de toute détresse ; il connaît nos problèmes et nos soucis quotidiens ; il est au courant des grandes questions que nous nous posons.

Le Saint-Esprit a utilisé « Jean surnommé Marc » en raison de ses dons et capacités, en raison de sa proximité avec l’apôtre Pierre aussi, et sans doute également en raison de sa maîtrise des différentes langues, l’hébreu des Juifs, mais aussi le grec et le latin parlés dans l’Empire romain.

Le Saint-Esprit a dû accomplir bien d’autres miracles en Marc avant qu’il ne lui inspire son Evangile. Cet Evangile, il l’a écrit après la mort de Paul, car Paul n’en dit mot dans ses épîtres. Pourtant, vers le tard, il ne dit que du bien de Marc. Il n’aurait certainement pas oublié de mentionner une œuvre aussi capitale pour les croyants de tous les temps que l’Evangile selon Marc.

Déjà lors de son premier emprisonnement à Rome (une douzaine d’années après la brouille), Marc faisait partie de l’équipe autour de l’apôtre Paul. Dans sa Lettre à Philémon, Paul énumère Marc parmi ses « collaborateurs » (Phil 24).

Et dans la Lettre aux Colossiens, écrite en même temps à partir de Rome, Paul le recommande chaudement aux chrétiens de Colosses : « Marc, le cousin de Barnabas, vous salue, au sujet duquel vous avez reçu des instructions : s’il vient chez vous, faites-lui bon accueil ! » (Col 4.10)

Paul allait donc envoyer Marc en mission, non pas avec le groupe qui allait porter les lettres aux Colossiens et à Philémon, mais ailleurs. Nous aimerions savoir où, mais n’avons pas d’information à ce sujet. Certainement en Asie Mineure, voire en Syrie ou en Palestine, car de là, il pourrait passer par Colosse.

Marc avait donc su regagner l’estime et la confiance de l’apôtre Paul au point d’être envoyé dans une mission à part.

Le Saint-Esprit a dû le travailler par l’Evangile, comme il a dû, auparavant, travailler Saul de Tarse, pour qu’il devienne l’instrument dont il avait besoin.

Après la mort de Paul, Marc semble avoir été le collaborateur et interprète de Pierre. Papias d’Hiérapolis, ville d’Asie Mineure à proximité de Colosses et de Laodicée, écrit vers 140 ap. J.-C. :

« Marc, devenu l’interprète de Pierre, rédigea avec soin, mais non dans l’ordre, tous les souvenirs de Pierre concernant ce que le Seigneur avait dit ou fait. […] Plus tard, il accompagna Pierre, qui enseignait selon les besoins du moment, et non pas dans le dessein de rapporter systématiquement les discours du Seigneur. En écrivant ces souvenirs, Marc ne commit pas d’erreur, car il visa à ne rien omettre et à ne rien affirmer qui ne fût vrai. »

En amenant Marc à être formé au contact des principaux apôtres – Pierre et Paul – le Saint-Esprit l’a remarquablement préparé pour pouvoir lui inspirer son Evangile.

2

En quoi le parcours de Marc

nous concerne-t-il ?

Que pouvons-nous en retirer

pour nous-mêmes ?

Le parcours de Marc me fait penser à cette parole de notre Seigneur : « Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu » (Lc 18.26) Quand Dieu s’occupe d’une personne, il peut en faire de grandes choses. Voyez ce qu’il a fait de Marc l’impétueux, le découragé, l’infidèle, l’indigne de confiance : un missionnaire réfléchi, courageux, engagé, digne de confiance, et il lui a finalement inspiré l’un des quatre Evangiles !

X X X A X X X

La première fois qu’il apparaît dans le Nouveau Testament, dans la nuit de Gethsémané, Marc est un « jeune homme » que la curiosité pousse à un comportement irréfléchi et impétueux, même dangereux. Cette nuit-là, Jésus aura été confronté à bien des faiblesses humaines parmi ses proches : Judas l’a trahi et vendu, Pierre l’a renié, Marc s’est mis en danger de façon inconsidérée.

C’est un Marc tout à fait différent que nous rencontrons 30 ans après Gethsémané. L’apôtre Paul n’aurait jamais confié à Marc une mission importante s’il avait encore été la tête brûlée de sa jeunesse. Dieu l’a mûri entre-temps.

Pensez maintenant à vous-mêmes ! N’avez-vous pas mûri aussi depuis votre jeunesse ? Sans doute faut-il de tout pour faire un monde, y compris une Eglise, autant des jeunes que des moins jeunes. Mais pour confier à quelqu’un une responsabilité importante dans l’Eglise, il faut que cette personne ait une certaine maturité spirituelle.

Ce n’est pas pour rien que la Bible appelle les responsables des Eglises des « anciens ». C’était déjà le cas dans l’Ancien Testament (1 S 8.4) ; ça l’a aussi été du temps des apôtres (Ac 14.24). Il est vrai que Marc devait avoir un peu moins de 50 ans au moment où Paul l’envoie en mission, et environ 55 ans quand Paul indique à Timothée que Marc lui est « utile pour le ministère » (2 Tm 4.11).

X X X B X X X

Le Saint-Esprit a dû faire de la tête brûlée un homme mûr. Il a aussi dû transformer le Marc découragé en un Marc courageux.

Je ne jette pas la pierre à Marc : Qu’aurais-je fait à sa place ? Ils étaient partis à 3 pour implanter l’Eglise chrétienne dans l’Empire romain païen. Même les Juifs leur étaient hostiles.

Et pour arranger le tout, l’apôtre Paul, avec son « écharde dans la chair » dont Dieu refusait de le délivrer (2 Co 12.7-9), ne semblait pas, selon les critères humains, apte à conduire cette importante mission. On pense qu’il avait une maladie chronique, ce qui expliquerait l’arrivée d’un médecin, Luc, dans l’équipe de Paul.

Avouez : Qu’il est difficile de faire confiance à Dieu quand on oublie ses promesses et ne voit que les problèmes ! Qu’il est difficile de ne pas se décourager quand on met face à face la petitesse de l’Eglise et l’impressionnant monde qui nous entoure ! Rappelons-nous alors ce que Dieu a dit à Paul : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse » (2 Co 12.9)

Avec Marc cela s’est aussi vérifié. D’un homme découragé, le Saint-Esprit a fait un homme courageux. Ne se laisse-t-il pas envoyer en mission par un apôtre emprisonné, une mission périlleuse par mer et par terre, périlleuse aussi à cause des brigands de grand chemin, périlleuse aussi à cause de la haine des Juifs de l’époque ?

Quand nous sommes, pareillement, découragés, rappelons-nous : « Dieu lui-même a dit : "Je ne te délaisserai pas et je ne t’abandonnerai pas." C’est donc avec assurance que nous pouvons dire : "Le Seigneur est mon secours, je n’aurai peur de rien. Que peut me faire un homme ?" » (Hé 13.5-6)

X X X C X X X

Car quand nous sommes découragés, il nous arrive de déserter, de jeter le manche après la cognée. C’est ce que Paul a reproché à Marc quand il a refusé de le reprendre dans son équipe pour le deuxième voyage missionnaire. « Barnabas voulait aussi emmener Jean surnommé Marc, mais Paul estimait qu’il ne fallait pas prendre avec eux celui qui les avait quittés depuis la Pamphylie et ne les avait pas accompagnés dans leur tâche. » (Ac 15.37-38)

Bref, Marc avait déserté son poste. « Ils avaient [choisi] Marc pour aide » (Ac 13.5), et voilà qu’il les plantait là en pleine campagne missionnaire. Paul ne voulait pas revivre le même problème. Le travail de la mission est trop important pour qu’on la mette ainsi en jeu.

Nous avons sans doute tous des exemples de personnes qui ont jeté l’éponge devant les difficultés qu’on rencontre au travail dans la Vigne du Seigneur. Mais ça ne nous avance pas plus.

Ce que chacun de nous doit se demander, c’est : « Moi, me suis-je déjà conduit en déserteur dans l’Eglise ? Moi, ai-je déjà abandonné par manque de foi un poste, une fonction, qu’on m’avait confiés ? » On trouve toujours des raisons, des explications, des justifications à un abandon de poste. La question est de savoir si cela tient devant Dieu, si ce n’est pas le résultat d’un manque de foi.

Repentons-nous alors. Montrons que nous avons changé, qu’on peut de nouveau nous faire confiance. Mais soyons humbles et patients. On ne regagne pas la confiance des autres du jour au lendemain. Marc ne réapparaît dans l’équipe de Paul qu’une douzaine d’années après son abandon de poste.

X X X D X X X

C’est quand même un miracle de voir comment le Saint-Esprit a changé un Marc indigne de confiance en un Marc digne de confiance !

La confiance ne s’impose pas. La confiance se gagne. C’est un peu comme la foi en Jésus-Christ. Elle ne s’hérite et ne s’impose pas. Seul le Saint-Esprit l’éveille et l’approfondit à travers sa Parole et les sacrements. Nous ne pouvons que témoigner, parler de notre Sauveur, et nous le faisons auprès de nos enfants dès leur plus jeune âge, puis nous continuons de les mettre au contact de l’Evangile de Jésus-Christ à l’école du dimanche, au catéchisme, en réunion des jeunes, et nous tous au culte et dans les études bibliques, voire dans nos cultes de famille.

C’est pareil pour gagner la confiance des autres. Par votre comportement vous donnez une image de vous-même. Par votre comportement vous devenez crédible aux yeux des autres, ou non.

Mais même si vous avez fait une entrée en matière désastreuse comme Marc, priez, soyez humbles et persévérants, et vous regagnerez la confiance de ceux qui, à un moment donné, l’ont peut-être perdu.

X X X E X X X

Voyez encore le cas de Marc ! Au lieu du contre témoignage du début, il rend finalement à la chrétienté de tous les temps le témoignage de son Evangile. Ce changement a mis des années ; mais ouvrez votre Bible et voyez le résultat : un Evangile !

Le Saint-Esprit, après l’avoir relevé de ses défaillances du début, après l’avoir longuement travaillé pour faire de lui l’outil dont il avait besoin, lui a inspiré le texte de son Evangile.

Le Saint-Esprit l’a dirigé de manière à ce qu’il prenne de ce qu’il a appris en côtoyant Pierre et Paul ce qu’il devait mettre par écrit.

Le Saint-Esprit l’a d’ailleurs dirigé un peu différemment des autres évangélistes. Ainsi, il décrit davantage que les trois autres évangélistes les sentiments des gens. Il lui arrive aussi d’utiliser plus de mots que les autres pour exprimer ce que Jésus ressent.

Avec chacun des évangélistes, le Saint-Esprit a joué des registres distincts mais concordants :

Matthieu met l’accent sur Jésus en tant que roi qui fonde un royaume éternel.

Luc souligne sa perfection et les conséquences universelles de son œuvre de rachat.

Jean commence tout de suite avec le mystère caché de la personne de Jésus, « Dieu né de Dieu, Lumière de Lumière, vrai Dieu de vrai Dieu » (Symbole de Nicée).

Marc, lui, le présente davantage comme le Messie, le Serviteur de l’Eternel qui s’humilie pour se consacrer entièrement à sa mission de Sauveur. Il nous montre en Jésus « le Fils de l’homme » plein de compassion pour les personnes qui souffrent, mais aussi le Fils de Dieu en pleine possession de la puissance divine. Et pourtant il va aller jusqu’à se sacrifier pour le salut du monde, pour notre salut.

Voilà les pensées que m’inspire la trajectoire de « Jean surnommé Marc », trajectoire où, sans conteste, le Saint-Esprit tenait le gouvernail.

Alors, demandons-lui aussi pour nous :

« O Saint-Esprit, esprit de vie,

De lumière et de foi,

Source de puissance infinie,

Dans ma faiblesse à toi je crie :

Accomplis tout en moi.

Conduis-moi, selon ta promesse,

En toute vérité.

Sois mon secours, sois ma sagesse ;

Et que je marche sans faiblesse

A ta sainte clarté ! »

(LlS 125, strophes 1 et 3)

Amen.

Jean Thiébaut Haessig


Année

30 : Mort et Résurrection de Jésus

46-48 : 1er voyage missionnaire de Paul

60-61 : Colossiens, Philémon

66 : 2 Timothée

Chants proposés :

Tournez les yeux vers le Seigneur AeC 153:1-3

Par les enfants :

Pour retenir tous les livres du N.T. AeC 766:1

Oh ! prends mon âme, Prends-la, Seigneur, AeC 602:1-3

Oh ! prends mon âme, Prends-la, Seigneur, AeC 602:1-3*