lundi 24 mai 2010

Sermon du dimanche 23 mai 2010 - Pentecôte

Fête de Pentecôte avec Confirmation

James Ferret (09.07.95 ; bapt. 20.04.96)

Romain Besson ( 01.06.96 ; bapt. 30.06.96)

Texte : Es 11.1-2

Chants proposés :

Viens habiter dans nos âmes LlS 127:1-5

Esprit Saint, Dieu de vérité, LlS 158:1-4

Créateur tout-puissant, éclaire mon chemin, LlS 230:1-4

Je l’ai promis, je crois LlS 160:4-5

Peuple chrétien, ton Sauveur charitable LlS 168:1-6

1 « Un rameau poussera de la souche d’Isaï, un rejeton de ses racines portera du fruit.

2 L’Esprit de l’Eternel reposera sur lui : Esprit de sagesse et de discernement, Esprit de conseil et de puissance, Esprit de connaissance et de crainte de l’Eternel. »

Chère assemblée en fête,

et particulièrement vous, chers James et Romain,

pareillement animés par « l’Esprit de l’Eternel » !

Notre texte parle de « l’Esprit de l’Eternel » … Normal, nous sommes le Jour de la Pentecôte, la Fête du Saint-Esprit.

Mais notre texte a aussi un lien très étroit avec votre confirmation, James et Romain. Comme vous le savez – car nous en avons parlé – tout à l’heure, quand vous viendrez vous agenouiller devant l’autel pour recevoir la bénédiction, j’imposerai successivement les mains à chacun de vous pour vous bénir en ces termes :

« Que Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, te donne » – et là vient la citation de notre texte – « son Saint-Esprit, l’Esprit de sagesse et d’intelligence, l’Esprit de conseil et de force, l’Esprit de connaissance et de crainte de l’Eternel ! »

Puis je conclurai avec : « Qu’il t’accorde sa paix dès maintenant et à toujours ! Amen. »

Dans notre texte, c’est au Messie que la promesse est faite de recevoir le Saint-Esprit. Et la même promesse faite au Messie vous serait faite à vous aussi ?

Avec l’entretien d’il y a deux semaines devant la paroisse vous avez pourtant bien montré que vous ne vous prenez pas pour le Messie, loin de là ! surtout quand vous avez développé les deux premières questions que nous devons nous poser avant de venir à la Cène : Est-ce que je reconnais mes péchés et m’en repens, et est-ce que je crois que Jésus seul m’a délivré de la damnation méritée par mon péché ?

Réfléchissons donc, en ce jour de fête – doublement de fête ! – aux deux questions suivantes :

LES RAPPORTS DU SAINT-ESPRIT

1. avec Jésus

2. avec vous

1. LES RAPPORTS DU SAINT-ESPRIT

AVEC JESUS

C’est un point sur lequel il faut être au clair en ce jour de Pentecôte.

Rappelez-vous, le dimanche Rogate, dimanche consacré à la prière, dimanche aussi où, James et Romain, vous avez eu votre entretien catéchétique devant la paroisse, nous avions déjà vu que tout se tient dans le message de l’Evangile.

Nous ne sommes pas en présence d’un amas hétéroclite d’enseignements divers et sans lien les uns avec les autres. Tout est bien structuré, et le pivot ou le fondement de tout, c’est Jésus-Christ et le salut qu’il nous a apporté.

Vous savez que votre Confirmation, si elle est placée sous l’invocation de l’Esprit Saint, est aussi ancrée dans l’œuvre expiatoire de Jésus ; que la Fête de la Pentecôte a aussi un rapport avec Jésus-Christ, que l’œuvre du Saint-Esprit ne saurait se concevoir sans lien avec l’œuvre du Messie Sauveur.

Cela est déjà évident dans notre texte prophétique. « L’Esprit de l’Eternel reposera sur lui », sur « le rameau » ou « rejeton » qui « poussera de la souche d’Isaï ».

« Isaï », c’est le père de David, ancêtre de Jésus. Que, selon sa nature humaine, Jésus est descendant du roi David, cela vous le savez tous : N’est-il pas appelé 16 fois « Fils de David » dans le Nouveau Testament ?

Il est donc aussi descendant du père de David, « Isaï ». Dans notre texte, le prophète appelle le Messie à venir « un rameau qui va pousser de la souche d’Isaï, un rejeton de ses racines ».

C’est que la dynastie royale issue d’« Isaï », la dynastie des descendants du roi David, allait s’écrouler. L’arbre majestueux tombé à terre, allait avoir l’air d’un bois vermoulu. Bientôt il n’y aurait plus de descendants d’« Isaï » et de David sur le trône de Jérusalem. Certes, on saura encore qui est descendant de David, car on gardait les généalogies des Israélites dans les archives du Temple.

Mais le prophète annonce ici, des siècles à l’avance, que ces descendants de David allaient faire bien piètre figure. Une villageoise de Nazareth, un charpentier de Nazareth, voilà à quoi allait ressembler cette famille.

Et Jésus ? Là aussi, le prophète prédit qu’il n’en imposera guère : « Il a grandi devant lui comme une jeune plante, comme un rejeton qui sort d'une terre toute sèche. Il n'avait ni beauté ni splendeur propre à attirer nos regards, et son aspect n'avait rien pour nous plaire. Méprisé et délaissé par les hommes, homme de douleur, habitué à la souffrance, il était pareil à celui face auquel on détourne la tête : nous l'avons méprisé, nous n'avons fait aucun cas de lui. » (Es 53.2-3)

Mais – veut nous faire comprendre le prophète dans notre texte – ne vous laissez pas tromper par l’apparence ! Même si du tronc majestueux et royal de la dynastie davidique il ne restait plus qu’une « souche », de cette souche allait pousser un « rejeton » qui allait surpasser en magnificence tout ce que la dynastie de David aura pu connaître auparavant : « L’Esprit de l’Eternel reposera sur lui. »

Plus tard, Jean-Baptiste dira de Jésus : « Dieu lui a donné l’Esprit sans mesure » (Jn 3.34). Et Luc écrira dans les Actes des Apôtres : « Dieu a oint du Saint-Esprit et de force Jésus de Nazareth. » (Ac 10.38)

Dans la nature humaine de Jésus, le Saint-Esprit n’a trouvé aucune résistance, car aucun péché. En Jésus « l’Esprit de l’Eternel » a pu se déployer sans problème. A travers Jésus « l’Esprit de l’Eternel » a pu se manifester sous toutes ses formes. Tenez, Esaïe en énumère sept dans notre texte, ce qui a amené l’Eglise à l’appeler « l’Esprit septuple » pour souligner la diversité de ses dons, de ses forces et de ses effets.

Cela nous rappelle ce que nous avons rencontré en étude biblique quand nous avons étudié l’Apocalypse. Là-bas, Jean désigne Jésus comme « celui qui a les sept Esprits de Dieu », « sept » étant, dans l’Apocalypse, le symbole de la plénitude divine (Ap 3.1).

Cela, le prophète Esaïe l’avait déjà indiqué ainsi dans notre texte : « L’Esprit de l’Eternel reposera sur lui : Esprit de sagesse et de discernement, Esprit de conseil et de puissance, Esprit de connaissance et de crainte de l’Eternel. »

Le Saint-Esprit imprègne le Messie de sa « sagesse », une sagesse parfaite, car « l’Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu » (1 Co 2.10). Avec cette sagesse, Jésus connaissait et comprenait le dessous des choses ; grâce à elle il savait parfaitement « discerner » aussi bien la volonté de Dieu que ce qui se passait autour de lui.

En plus de la « sagesse » et du « discernement », « l’Esprit de Dieu » allait aussi donner « sans mesure » au Messie le don du « conseil » et la « force ». D’où les titres qu’Esaïe a déjà donnés au Messie dans un chapitre précédent : « Merveilleux Conseiller » et « Dieu puissant » (Es 9.5). C’est que Jésus sait nous conseiller dans les détresses les plus profondes et nous a sauvés là où personne ne pouvait nous venir en aide.

Enfin, le Saint-Esprit remplira le Messie annoncé « de connaissance et de crainte de l’Eternel ». Toute sa vie visible sur terre, tout ce qu’il a fait dans son état d’abaissement, témoigne de la connaissance qu’il avait de la volonté de Dieu de nous sauver et de sa soumission à cette volonté jusqu’à se sacrifier pour nous.

Cela, il l’a fait dans l’union indissoluble avec le Père et le Saint-Esprit, dans une communion parfaite avec le Père et l’Esprit saint. C’était là le fruit de l’habitation du Saint-Esprit en lui.

Demeure la question : Comment pouvons-nous prendre cette promesse du Saint-Esprit au Messie et vous l’appliquer à vous, James et Romain ? Comment cette promesse a-t-elle pu être prononcée sur nous ?

Ce sera l’objet du deuxième point :

2. LES RAPPORTS DU SAINT-ESPRIT

AVEC VOUS,

avec nous.

Qui de nous pourrait se vanter d’avoir atteint un niveau tel qu’il n’a pas besoin de davantage de « sagesse et de discernement », de davantage de « conseil et de puissance », de davantage de « connaissance et de crainte de l’Eternel » ?

Si nous étions au top dans tous ces domaines, nous n’aurions plus besoin d’apprendre quoi que ce soit, nous ne nous tromperions plus jamais, nous aurions réponse à tout, rien ne nous poserait plus problème et, d’ailleurs, nous n’aurions plus besoin de Sauveur, car nous n’aurions plus d’imperfections, plus de faiblesses, bref, plus de péché.

Mais nous savons tous qu’il n’en est rien. La vie quotidienne nous montre que nous en sommes loin. Et votre confirmation, James et Romain, montre, certes, que vous avez atteint un palier dans votre vie, que vous passez d’une étape à une autre, que vous avez acquis les connaissances de base nécessaires pour vous examiner avant de recevoir la Sainte Cène, que de non communiants vous passez aujourd’hui communiants.

Mais vous êtes assez lucides pour vous être rendus compte qu’il y a bien des « connaissances » bibliques à approfondir et à développer (sans parler des connaissances scolaires et, plus tard, professionnelles).

Par ailleurs, la vie vous montrera qu’il n’est pas toujours facile de « discerner » quelle décision prendre, si nous sommes dans le vrai ou dans le faux, de savoir ce qu’il faut penser d’une situation ou d’un problème donné, et surtout, quelle est la volonté de Dieu à ce sujet.

Vous aurez donc – comme nous tous – grandement besoin de l’assistance du Saint-Esprit, et de ses éclaircissements à travers la Parole de Dieu. C’est ce que Luther formule ainsi dans son explication du 3ème Article : « Le Saint-Esprit, par l’Evangile, m’éclaire de ses dons. » (Petit Catéchisme)

C’est ce que votre paroisse demande pour vous quand je vous imposerai tout à l’heure les mains en disant : « Que Dieu te donne son Saint-Esprit, l’Esprit de discernement » et « de connaissance ! »

Mais Dieu ne nous a pas seulement appelés à grandir pour nous-mêmes, en solitaires, en égoïstes. Il veut aussi que nous soyons de bon « conseil » pour les autres.

Vos copains, vos proches, vous approcheront pour avoir votre avis. Bien des fois vous serez embarrassés pour répondre. Dites-le alors honnêtement, plutôt que d’énoncer des recettes que vous ne pouvez pas défendre devant la face de Dieu. Il vaut mieux avouer son ignorance que de simuler orgueilleusement celui qui sait tout.

Personne ne sait tout. Restons humbles et honnêtes, mais avec ce que nous savons soyons de bon « conseil » pour les autres et ne les laissons pas avancer dans le brouillard si nous avons des anti-brouillards, surtout si c’est le Saint-Esprit qui nous les a donnés « par l’Evangile » (Ep 3.6).

De toute façon aucun d’entre nous n’a reçu l’Evangile pour son usage exclusif. Tous nous l’avons reçu pour le partager avec d’autres. Et cette Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, c’est encore le meilleur « conseil » pour aider les autres à vivre. D’où les paroles de bénédiction, tout à l’heure : « Que Dieu te donne son Saint-Esprit, l’Esprit de conseil ! »

« Et de force ! » Qui de nous n’a pas besoin de plus de « force ! ». Il vous en faut pour demeurer maître de vous-même, pour ne pas vous laisser entraîner par vos travers. Il vous faut plus de « force ! » pour affronter les épreuves dont toute vie, aussi une vie de croyant (Ac 14.22), est parsemée.

J’ai lu sur notre forum ce qu’a dit l’acteur français Lonsdale depuis le Festival de Cannes – cela vaut la peine d’être relevé (des acteurs qui affichent leur foi ne courent pas les rues) : « Vivre par la foi n'est pas toujours simple, ce n'est pas être allongé sur la plage et présenter ses orteils à dorer au soleil. »

D’où, en prévision des problèmes que chacun de vous aura à affronter dans la vie, la bénédiction : « Que Dieu te donne son Saint-Esprit, l’Esprit de force ! »

En fait, ce dont nous avons le plus besoin, c’est de garder le cap, d’être animés par la foi en Jésus-Christ, d’être portés par l’espérance et la certitude du salut, et tout cela, à la « merveilleuse lumière » (1 P 2.9) de notre salut dont le Saint-Esprit nous éclaire à travers la Parole et les sacrements.

Notre texte le résume avec les mots « sagesse » et « crainte de l’Eternel ».

Cette « sagesse », nous ne la trouverons pas dans le monde. « La sagesse de ce monde », ce que notre monde prône comme conception et style de vie, « est folie devant Dieu » (1 Co 3.19). « Christ a été fait pour nous sagesse » (1 Co 1.30), c’est lui qui nous inspire les bonnes attitudes, « une attitude identique à la sienne » (Ph 2.5). Et cela, il le fait en nous « envoyant l’Esprit de vérité » (Jn 15.26) à travers l’Evangile.

Cette sagesse, nous ne pouvons ni l’acquérir ni la conserver « par notre raison et notre propre force ». Nous avons besoin que « le Saint-Esprit » nous « appelle par l’Evangile », nous « éclaire de ses dons », nous « sanctifie et » nous « maintient dans la vraie foi » (Martin Luther, « Petit Catéchisme »).

Nous avons besoin que « l’Esprit de l’Eternel » nous fasse grandir dans la « sagesse » et dans la « crainte de l’Eternel ». Cet apprentissage, cet affermissement, cet approfondissement de la connaissance et de la foi en Jésus-Christ n’est pas terminée avec la confirmation, sinon nous ne lirions plus la Bible après la confirmation, nous ne viendrions plus au culte, à l’étude biblique, aux réunions des jeunes.

Tout à l’heure, chacun de vous entendra prononcer sur lui : « Que Dieu te donne son Saint-Esprit, l’Esprit de sagesse […] et de crainte de l’Eternel ! ». Ce sera la prière de la paroisse pour que vous demeuriez au contact de l’Evangile de Jésus-Christ pour que le Saint-Esprit puisse vous faire « vivre dans le temps présent selon la sagesse » divine, « en attendant notre bienheureuse espérance, » le retour en « gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ » (Tt 2.12).

Placez-vous, comme vous allez le promettre, sous son influence au contact de l’Evangile, faites-le dans « la crainte de l’Eternel », un profond respect et l’adoration de l’Eternel, et faites-lui confiance pour l’amour de Jésus-Christ.

Alors le même Esprit que lui, Jésus, a reçu sans mesure, vous sera prodigué jour après jour pour vous permettre d’avancer dans la repentance et la foi vers la maison de « son Père et de votre Père » (Jn 20.17), vers « l’habitation éternelle » (2 Co 5.1) qu’il nous a préparée au prix de sa mort et de sa résurrection !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig, pasteur


Exceptionnellement, le vœu adressé à la Paroisse après le sermon sera remplacé par :

« Que Dieu,

le Père de notre Seigneur Jésus-Christ,

vous donne son Saint-Esprit,

l’Esprit de sagesse et d’intelligence,

l’Esprit de conseil et de force, l’Esprit de connaissance et de crainte de l’Eternel ! »

mardi 11 mai 2010

sermon du dimanche 9 mai 2010

Dimanche Rogate

avec

Entretien catéchétique

des Confirmands

James Ferret ( 09.07.95 ; bapt. 20.04.96)

Romain Besson (01.06.96 ; bapt. 30.06.96)

Texte : 1 Tm 2.1-6a

Chants proposés :

Père éternel et bon LlS 13:1-3

Grand Dieu, je me tiens à ta porte LlS 256:

Source de tous nos biens, auteur de notre vie LlS 356:1-3

Jésus-Christ, dans sa grâce, LlS 164:1-13

1 « J’encourage donc, avant tout, à faire des demandes, des prières, des supplications, des prières de reconnaissance pour tous les hommes,

2 pour les rois et pour tous ceux qui exercent l’autorité, afin que nous puissions mener une vie paisible et tranquille, en toute piété et en tout respect.

3 Voilà ce qui est bon et agréable devant Dieu notre Sauveur,

4 lui qui désire que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité.

5 En effet, il y a un seul Dieu et il y a aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, Jésus-Christ.

6 qui s’est donné lui-même en rançon pour tous. »

Chère assemblée

Et, particulièrement, chers James et Romain,

tous réunis à l’appel

du « seul Dieu »

et aussi du « seul Médiateur entre Dieu et les hommes : Jésus-Christ »,

L’essentiel de ce texte de l’apôtre Paul est bien connu, y compris de vous, James et Romain. Mais peut-être que vous ne saviez pas que ces passages se suivaient dans la Bible.

ð Le début se trouve dans la partie du catéchisme où l’on parle de la prière : « J’encourage donc, avant tout, à faire des demandes, des prières, des supplications, des prières de reconnaissance pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui exercent l’autorité » (v. 1-2)

ð La suite est souvent citée dans la prière générale après le sermon : « que nous puissions mener une vie paisible et tranquille, en toute piété et en tout respect. » (v. 2)

ð Vient ensuite un verset qu’on rencontre dans le catéchisme, dans le 3ème Article de la Foi chrétienne pour montrer que Dieu cherche à sauver tout le monde : « Dieu notre Sauveur, qui désire que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. » (v. 3-4)

ð Et l’on termine avec deux versets qui se trouvent dans le 2ème Article, là où il est question du rachat et de la médiation effectués par Jésus à notre profit : « En effet, il y a un seul Dieu et il y a aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, Jésus-Christ, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous. » (v. 5-6)

Cela devrait déjà nous rappeler que tout ce que Dieu dit dans la Bible s’articule harmonieusement. Les différents enseignements de la Bible ne forment pas un amas hétéroclite de vérités, mais un ensemble bien structuré où tout se tient, où tout est en rapport avec le centre de l’Evangile : la grâce de Dieu en Jésus-Christ. Même la prière.

Car c’est de la prière que nous allons parler aujourd’hui.

« Rogate », le nom du dimanche d’aujourd’hui, vient, comme les deux derniers dimanches, du premier mot en latin de l’Introït du jour. Après les exhortations « Jubilate », « réjouissez-vous ! » (Ps 66.1) et « Cantate », « chantez ! » (Ps 98.1), voilà « Rogate », « demandez », sollicitez, priez ! (Jn 16.24)

Comme le salut est destiné à tous,

nos prières aussi doivent se soucier de tous.

1. Dieu destine le salut à tous

James et Romain, vous nous avez déjà parlé dans le détail de l’amour de Dieu qui embrasse le monde entier. Vous nous avez présenté les aspects essentiels du 3ème Article du Credo, entre autre que « Dieu, notre Sauveur, désire que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (v. 4)

Vous avez montré, non pas que vous saviez tout – moi aussi je ne sais pas tout – mais que vous étiez tout heureux d’être « parvenus à la connaissance de la vérité », à la connaissance de Jésus-Christ, et que vous le considériez aussi comme votre « chemin », votre « vérité » et votre « salut » (Jn 14.6).

Vous nous avez dit que Jésus est mort pour tous sans exception, donc pour nous et pour vous aussi. Cette « connaissance » nous remplit tout d’abord … de honte, car nos péchés et notre perdition sont la raison pour laquelle Jésus a dû intervenir et se jeter comme « Médiateur » entre Dieu et nous. Cela, il l’a fait pour faire écran et prendre les coups à notre place. Ainsi il a calmé la colère de Dieu contre nous et nous a donné accès à Dieu.

Cette passerelle vers Dieu, Jésus l’a jetée pour tous, mais, malheureusement, tous ne l’empruntent pas.

Mais ce n’est pas parce que certains n’ont pas confiance dans une passerelle et ne s’y engagent pas que la passerelle n’existe pas ou qu’elle ne permet pas de passer.

Jésus est une passerelle – il est même LA passerelle unique mais sûre – entre nous et Dieu. Heureux ceux qui ont confiance en lui, ceux qui placent leur foi en ce qu’il a fait pour nous permettre de vivre en présence de Dieu.

Car

2. Jésus a vraiment bien fait son travail de « Médiateur » entre Dieu et nous, les pécheurs.

Dans la vie courante, un médiateur essaye d’arrondir les angles entre deux partis opposés, il essaye de trouver un compromis avec lequel les deux partis peuvent vivre. Et dans la vie, c’est bien ainsi.

Mais Dieu ne se prête pas à ce genre de jeu. Dieu est saint. Il ne cède pas sur ses exigences d’absolue sainteté. Il ne se contente pas non plus d’un remboursement ou d’une réparation au rabais. Pour pouvoir subsister en sa présence il faut soit être parfaitement saint, soit payer pour ses péchés. Il n’y a pas d’autre moyen de le rejoindre.

Comme nous ne sommes capables ni de l’un (être parfaitement sans péché) ni de l’autre (payer l’énorme dette contractée par nos péchés), Jésus s’est entremis. Il a pris les coups pour nous, et il a payé la note pour nous.

Paul écrit ici : « Jésus-Christ s’est donné lui-même en rançon pour tous. » (v. 6)

La vie de personne de moindre que le Fils de Dieu comme « rançon » pour nous libérer du châtiment mérité, ça c’est du solide. Et Dieu l’a accepté. Cette passerelle tient : nous pouvons l’emprunter sans hésitation.

Et elle tient, quel que soit le poids de ton péché ; elle tient, qui que tu sois ! … N’est-ce pas énorme ? Jésus s’est entremis et a payé en « victime expiatoire pour les péchés du monde entier » (1 Jn 2.1-2).

Dieu destine le salut à tous, Jésus est mort pour tous …

Comment, nous qui sommes les bénéficiaires de cette grâce universelle et de cette efficace médiation, comment ne pourrions-nous pas aussi avoir le soucis de tous ?

3. Nos prières aussi doivent se soucier de tous

Bien entendu que nous prierons plus et plus souvent pour ceux qui nous sont proches, pour nos proches dans la famille, nos proches dans la paroisse, nos proches dans le voisinage, nos proches au travail, nos proches par la foi dans nos Eglises sœurs et nos missions, pour les serviteurs de l’Eglise.

Il est normal que « les paroles de notre bouche », les prières que nous faisons monter vers Dieu, reflètent et expriment « les sentiments de notre cœur » (Ps 19.15), et que nos sentiments se préoccupent davantage de nos proches.

Mais priorité ne doit pas signifier exclusivité. Paul dit ici : « J’encourage donc, avant tout, à faire […] des prières […] pour tous les hommes » (v. 1)

Tous sont visés par l’amour de Dieu – c’est d’ailleurs ainsi que nous pouvons être certains qu’il nous aime nous aussi – tous ont été rachetés par Jésus-Christ – c’est pour cela que nous pouvons avoir la certitude d’avoir aussi été rachetés.

La conséquence en est que tous doivent aussi faire l’objet de nos prières. Bien entendu, il y a des personnes pour lesquelles nous prions individuellement : nos parents, notre conjoint, nos enfants, par exemple ; notre pasteur, nos diacres, des paroissiens dans le malheur ou à un moment important de leur vie (comme le mariage ou une naissance).

Bien entendu que nous ne pouvons pas prier individuellement pour les 6 861 990 987 personnes vivant sur les cinq continents. D’abord nous ne les connaissons pas personnellement, et ensuite ça bloquerait toute notre existence.

Mais l’actualité nous impose parfois des personnes ou des groupes de personnes pour lesquelles nous prions. Songez, par exemple, aux populations frappées par des catastrophes naturelles, le terrorisme ou les guerres.

Paul nous demande de prier particulièrement pour tous ceux qui peuvent favoriser « une vie paisible et tranquille, en toute piété et en tout respect » (v. 2)

Et là il cite « les rois et pour tous ceux qui exercent l’autorité » (v. 2). Aujourd’hui, en France, il citerait sans doute le président de la République, les ministres, les magistrats, les forces de police, les enseignants, même les responsables syndicaux, sans doute aussi les dirigeants des banques, sans doute aussi les gens de l’ONU.

Ce sont les efforts conjugués de ces gens qui nous permettent de « mener une vie paisible et tranquille ». S’ils exercent mal leur autorité, c’est le clash, comme en Grèce.

Peut-être que le président n’est pas de votre bord. Vous croyez qu’Hérode l’était à l’époque où Paul écrit ? Ou l’empereur ou le gouverneur romain ? Non, il s’agit de prier « pour tous ceux qui exercent l’autorité », pour qu’ils le fassent dans l’intérêt de la paix, de la justice et de la solidarité.

C’est dans de telles conditions de vie, de vie sociale apaisée, que nous pouvons aussi « mener une vie en toute piété et en tout respect » (v. 2)

Quel que soit le domaine que l’apôtre aborde, même la prière pour les autorités, il place toujours tout dans le cadre général du salut des âmes. Car tout – la vie familiale, la vie intellectuelle, la vie professionnelle, nos loisirs, la vie sociale, la vie politique – tout se résumera un jour, au jour de la mort, à la question : être sauvé ou ne pas être sauvé.

Voilà pourquoi nous voulons prier « pour tous les hommes », comme Jésus est mort pour tous et que Dieu a destiné sa grâce à tous !

Mais nous ne faisons pas que solliciter,

4. Nous voulons aussi remercier

Malheureusement, il n’y a pas que les enfants qui oublient parfois de dire : « Merci ! » Rappelez-vous l’histoire de la guérison des dix lépreux (Lc 17.11-19). Un seul sur dix est venu remercier Jésus. Et nous comprenons tous que les autres – les neuf ingrats – ont lamentablement échoué.,

Personne ne peut s’opposer à cette exhortation apostolique de Paul dans l’épître aux Colossiens : « Soyez reconnaissants ! » (Col 3.15). Cela tombe sous le sens qu’un croyant est une personne reconnaissante, reconnaissante à Dieu pour la création dans laquelle il nous a placés, pour les talents qu’ils nous a donnés, pour tout ce que son Fils nous a procuré par son sacrifice expiatoire et sa résurrection glorieuse, pour tout ce que le Saint-Esprit fait pour nous maintenir dans la foi.

Nous comprenons aussi que nous devions « être reconnaissants » envers ceux qui nous ont rendu service.

Mais comment réagissons-nous en entendant Paul nous dire : « J’encourage donc, avant tout, à faire […] des prières de reconnaissance pour tous les hommes » ? à remercier Dieu pour tous les hommes, pour ceux que nous aimons comme pour ceux avec lesquels nous avons des problèmes ?

Voyez-vous, cela n’est possible que si on replace tout dans le contexte de Dieu. Ailleurs Paul nous indique « que tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8.28), tout et tout le monde, car Dieu veut « changer en bien » ce que les hommes peuvent nous faire de mal.

Nous ne le voyons pas toujours tout de suite, parfois peut-être jamais, mais nous pouvons lui faire confiance, à « lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a donné pour nous tous » (Rm 8.32).

Alors disons, même quand nous sommes dubitatifs comme Pierre : « Sur ta parole je jetterai les filets » (Lc 5.5), sur ta parole, parce que tu dis qu’il y a des raisons de le faire, je vais te remercier d’avoir mis à mes côtés, ou au-dessus de moi comme autorités, des gens que je ne comprends pas, à qui je dois même m’opposer, à l’occasion.

Peut-être que le Seigneur veut me faire grandir dans la foi et dans l’amour par ceux qui me posent problème. Ici-bas, « nous marchons par la foi et non par la vue » (2 Co 5.7).

Ayons donc foi en notre Dieu Sauveur et acceptons avec reconnaissance tout ce qu’il nous envoie dans sa sagesse suprême et son amour sans bornes !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig, pasteur

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