mardi 12 août 2008

Sermon du dimanche 10/08/2008 - 12ème Dim. après la Trinité


Je vais vous donner lecture de quelques textes.
Essayez de savoir qui en est l’auteur.


9 Si vous ne produisez pas une parole significative, comment saura-t-on ce qui est dit ? Vous parlerez en l'air !
10 Si nombreux que soient les divers langages du monde, aucun n'est dépourvu de sens ;
11 si donc je ne connais pas le sens d'un langage,
je serai un barbare (un étranger) pour celui qui le parle, et celui qui le parle sera un barbare (un étranger) pour moi.
12 De même, vous aussi, puisque vous aspirez aux manifestations de l'Esprit, cherchez à y exceller, mais pour la construction de l'Eglise. […]
15 Que faire alors ? Je prierai par l'Esprit, mais je prierai aussi de façon intelligible ; je chanterai par l'Esprit, mais je chanterai aussi de façon intelligible.
16 […] Comment celui qui est assis parmi les simples auditeurs répondra-t-il « Amen ! » à ton action de grâces, puisqu'il ne sait pas ce que tu dis ?
17 […] cela n'est pas constructif pour l'autre.
19 […] Dans l'Eglise, je préfère dire cinq paroles avec mon intelligence, pour instruire les autres, plutôt que dix mille paroles en langue (incompréhensible) […].
23 Admettons que l'Eglise entière se rassemble et que tous parlent en langues (incompréhensibles) ; s'il survient de simples auditeurs ou des non-croyants, ne diront-ils pas que vous êtes fous ?
24 En revanche, si tous parlent en prophètes [c.à.d. annoncent la Parole de Dieu de façon intelligible] et qu'il survienne un non-croyant ou un simple auditeur, il est confondu […] ;
25 les secrets de son coeur deviennent manifestes. Alors, tombant face contre terre,
il adorera Dieu en déclarant : « Dieu est réellement parmi vous ! »
26 Que faire alors, mes frères ? Lorsque vous vous réunissez, […], que tout soit constructif.
27 Si l'on parle en langue (incompréhensible) […], qu'il y ait aussi quelqu'un qui interprète.
28 S'il n'y a pas d'interprète, qu'on se taise dans l'Eglise […]
31 […] pour que tous soient instruits et encouragés.


Vous l’aurez sans doute reconnu : Ce texte est de l’apôtre Paul. Il l’a adressé aux chrétiens de Corinthe.
Texte : 1 Co 14.9-12+15-17+19+23-28+31

Chers frères et sœurs, éclairés et sanctifiés par l’Evangile sans connaître

l’hébreu, langue originale de l’Ancien Testament,
ni le grec, langue originale du Nouveau Testament !
Cela fait deux semaines que je me consacre essentiellement à l’étude comparative des deux versions les plus récentes de la Bible en français :
la « Nouvelle Bible Segond » (NBS) éditée par l’Alliance Biblique Universelle en 2002 et
la « Segond 21 » éditée par la Société Biblique de Genève en 2007.

Comme vous le savez, l’Assemblée Générale Synodale qui s’est tenue dans nos murs au printemps dernier nous a chargés, nous les pasteurs, d’étudier ces deux versions pour en choisir une pour les passages bibliques du catéchisme révisé qui devrait paraître dans un ou deux ans. Dieu voulant, le choix de la version sera fait en novembre prochain.

Je me suis donc dit : Et si, ce dimanche, nous parlions un peu de la Bible et de ses traduction, du rapport entre le texte original hébreu et grec et ses traductions. En d’autres mots :

Avons-nous, dans nos traductions de la Bible – françaises, pour ce qui nous concerne – la Parole « vivante » (1 P 1.23), « puissante » (Hé 1.3), « efficace » (Hé 4.12) et « permanente » (1 P 1.23) de Dieu, ou en subissant des traductions faites par des humains, la Parole divine perd-t-elle ses qualités régénératrices et faudrait-il, pour bénéficier pleinement de l’action du Saint-Esprit, que vous sachiez tous lire la Bible en hébreu et en grec ?
Vous voyez, la question des traductions n’est pas seulement une question de spécialistes, vous aussi, elle vous touche de près :

Avez-vous, dans les traductions, la Parole de Dieu ou seulement un ersatz, un succédané ?
Ce que la Parole de Dieu dit de son efficacité pour vous amener à la foi en Jésus-Christ et vous y maintenir et faire croître pour le salut, cela ne vaut-il que pour la Bible dans les textes originaux hébreux et grecs, dans lesquelles le Saint-Esprit les a inspirés aux prophètes, aux apôtres et aux évangélistes, ou cela est-il aussi valable pour ses traductions ?

Ou pour le dire simplement : Dieu vous parle-t-il efficacement dans nos traductions ? Ces traductions sont-elles un moyen de grâce efficace ? Votre salut est-il possible ou impossible avec les traductions ?

Votre pratique de la Parole de Dieu et la façon dont votre Eglise s’en sert auprès de vous vous donne certainement la réponse. Ce qui vous manque éventuellement, c’est l’argumentation qui est derrière.

Vous donner ces arguments, c’est ce à quoi je vais m’attacher maintenant, car Dieu n’est pas un Dieu du doute mais de la certitude, il ne veut pas que nous avancions dans le brouillard, mais avec un plan de route clair et précis.

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Commençons par une observation : l’exemple de Jésus. Il prêchait non pas en hébreu, langue de l’Ancien Testament, mais en araméen, la langue du peuple d’Israël à cette époque.
Il y a ensuite l’exemple des apôtres : ils ont écrit et prêché en grec.

Mais peut-être que ces exemples sont mal choisis :
Jésus est Dieu. Quelle que soit la langue dans laquelle il prêche, ce qu’il prêche sera toujours la Parole de Dieu.

Quant aux apôtres, rappelons d’abord le miracle de la première Pentecôte : « Ils se mirent à parler en d'autres langues, selon ce que l'Esprit leur donnait d'énoncer. » (Ac 2.4) Cela montre bien que Dieu veut que l’Evangile soit annoncé dans les langues que les auditeurs peuvent comprendre.
La réaction des auditeurs de Jérusalem montre l’effet qu’a eu cette prédication sur eux : « La multitude accourut et fut bouleversée, parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue. Etonnés, stupéfaits, ils disaient : "Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ? Parthes, Mèdes, Elamites, habitants de Mésopotamie, de Judée, de Cappadoce, du Pont, d'Asie, de Phrygie, de Pamphylie, d'Egypte, de Libye cyrénaïque, citoyens romains, Juifs et prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons dire dans notre langue les oeuvres grandioses de Dieu !" » (Ac 2.6-11)

Nous voyons donc non seulement que Dieu veut que l’Evangile du salut soit annoncé dans les différentes langues des gens – donc aussi en français pour nous –, mais aussi que la Parole annoncée dans d’autres langues que l’hébreu et le grec ne perd pas son efficacité spirituelle, sa puissance régénératrice, puisque à la fin de cette prédication de Pentecôte, « ce jour même, environ 3000 personnes » furent converties à Jésus-Christ. (Ac 2.41)

Quant aux textes grecs (et non plus hébreux) des apôtres et des évangélistes que nous avons dans la Bible, rappelons-nous : « c’est poussés par le Saint-Esprit qu’ils ont parlé de la part de Dieu » en grec (2 P 1.21) et c’est pour cette raison que « toute l’Ecriture » du Nouveau Testament grec « est inspirée par Dieu » (2 Tm 3.16).

Remarquons aussi que, dans ses épîtres, l’apôtre Paul cite des traductions grecques de l’Ancien Testament qui avaient cours parmi les Juifs en dehors de la Palestine, parmi les Juifs qui ne parlaient plus l’araméen mais le grec.
Ce faisant, l’apôtre montre aussi que les traductions ont leur raison d’être, leur justification, et sont aussi Parole de Dieu là où elles rendent fidèlement le texte original.

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Venons-en maintenant à notre texte de Paul dans sa 1ère Epître aux Corinthiens.
Le sujet qu’il traite n’est pas directement celui des traductions du texte original hébreu et grec dans les langues parlées par les différents peuples. Il traite de ce phénomène particulier, apparu dans l’église primitive, du parler en langues. Certaines personnes se mettaient à parler dans des langues qui n’existaient pas et que personne ne comprenait.

Et là, l’apôtre rappelle quelques principes qui répondent aussi aux questions que nous nous posons à propos des traductions dans d’autres langues.

- 2.1. -

En fait, avec la parole on s’adresse à l’intelligence. Je parle pour me faire comprendre par celui à qui je m’adresse. J’ai un message à lui transmettre, je veux lui apprendre quelque chose, lui faire comprendre quelque chose, je veux « l’instruire » (v. 19) de quelque chose.

Si l’autre dort, ça ne sert à rien que je m’adresse à lui. S’il est dans le coma, pas davantage. Et s’il ne comprend pas ma langue, c’est du pareil au même. Pour que ma Parole soit reçue, il faut que l’autre la comprenne.

C’est pareil pour la Parole de Dieu. Et c’est exactement ce que Paul dit dans ce texte aux Corinthiens.

Il leur rappelle que, dans le culte, ou de façon générale, quand on annonce la Parole de Dieu, il ne s’agit pas de « parler en l’air » (v. 9), par-dessus la tête des gens, dans un langage qu’ils ne comprennent pas.
Dans une autre de ses lettres, – l’Epître aux Romains –, Paul demande : « Comment [les gens] croiraient-ils en celui qu’ils n’ont pas entendu proclamer ? » (Rm 10.14)
Pour que vous puissiez placer votre foi dans l’œuvre expiatoire de Jésus-Christ, il faut que vous ayez saisi et compris de quoi il s’agit ; il faut que cette œuvre vous ait été présentée « de façon intelligible » (v. 15) – dit Paul – de manière à ce que vous compreniez le message que Dieu veut que vous receviez.

Donc aussi dans une langue qui, pour vous, ne soit pas « dépourvue de sens » (v. 10)
Cela vous servirait à quoi si M. Nlomo vous lisait l’Ancien Testament en hébreu, l’Epître et l’Evangile en grec ? Vous n’y comprendriez rien, vous « ne sauriez pas ce qu’il dit » (v. 16), M. Nlomo « serait un étranger pour vous » (v. 11). Peut-être même, dit Paul, « s’il survient de simples auditeurs ou des non-croyants, ils diront que vous êtes fous » (v. 23) d’annoncer l’Evangile dans une langue incompréhensible !

Il est vrai que nous avons déjà reçu des prédicateurs qui nous ont annoncé l’Evangile dans des langues étrangères que la plupart d’entre nous n’avons pas comprises (anglais, allemand, même kazakh !). Mais alors nous avons suivi cette exhortation de l’apôtre Paul dans notre texte : « Y en a-t-il qui parlent en langue (incompréhensible) […], que quelqu’un interprète ! » et « S’il n’y a pas d’interprète, qu’on se taise dans l’Eglise ! » (v. 27-28)
Aussi, nous ne recevons des messages en langue étrangère que quand quelqu’un peut les traduire dans notre langue, le français.

Le but de leur proclamation dans d’autres langues n’est pas de faire un numéro pour nous épater.
Sans doute cela doit-il nous sensibiliser au fait que l’Eglise de Jésus-Christ est formée de croyants « de toute langue » (Ap 5.9), Mais cela doit surtout être l’occasion non pas d’entendre des sons incompréhensibles et « dépourvus de sens » (v. 10), mais d’être accrochés par la Bonne Nouvelle, l’Evangile de Jésus-Christ :

Et pour cela – pour que la Bonne Nouvelle de ce que Jésus nous apporte – remplisse notre cœur, il faut que cela nous soit annoncé dans notre langue.
Voilà pourquoi, même si le Saint-Esprit a inspiré les textes bibliques en hébreu et en grec, il a aussi lié son action sanctifiante aux traductions fidèles de ces textes dans les autres langues.

- 2.2. -

Venons à l’effet que le Saint-Esprit veut produire dans nos cœurs à travers l’annonce de l’Evangile. Cela nous fera aussi comprendre pourquoi il est nécessaire d’avoir de bonnes traductions de la Bible dans notre langue.
Dans la dernière lettre que Paul a écrite avant d’être exécuté, – la Seconde Epître à Timothée –, il rappelle dans quel but, « toute l’Ecriture » sainte a été « inspirée de Dieu » : « pour enseigner, pour réfuter, pour redresser, pour éduquer dans la justice. » (2 Tm 3.15-16).
Dans notre texte d’aujourd’hui, Paul résume ce but ainsi : « pour que tous soient instruits et encouragés » (v. 31)

Là encore, il est évident que si le Saint-Esprit doit pouvoir vous encourager quand vous en avez besoin, il faut que vous « sachiez ce qu’il dit » (v. 16).
Or des encouragements, nous en avons besoin dans la vie !

Il y a d’abord les nombreuses situations où vous êtes quelque peu découragés devant l’immensité de la tâche qui vous attend. S’il vous dit alors en hébreu : « al tira ki iteka anoki ! » qu’est-ce que ça va vous encourager ! n’est-ce pas ? Eh bien, non ! Par contre, s’il vous dit la même chose ainsi : « N’aie pas peur, car je suis avec toi ! » (Gn 26.24), ça, ça sera une parole qui vous encouragera : entendre Dieu vous dire qu’il se tient à vos côtés avec sa puissance et son amour sans borne !

Il y a les moments où vous êtes plongés dans la maladie, dans la souffrance, dans la déception, dans l’épreuve. S’il vous dit alors en grec : « πιστὸς θεός ὃς οὐκ ἐάσει ὑμᾶς πειρασθῆναι ὑπὲρ δύνασθε ἀλλὰ ποιήσει σὺν τῷ πειρασμῷ καὶ τὴν ἔκβασιν τοῦ δύνασθαι ὑπενεγκεῖν » je ne pense pas que ça vous encourage beaucoup. Par contre, si la même parole d’Evangile vous est adressée ainsi : « Dieu est digne de confiance : il ne permettra pas que vous soyez mis à l'épreuve au-delà de vos forces ; avec l'épreuve il ménagera aussi une issue, pour que vous puissiez la supporter, » (1 Co 10.13) alors là, je pense qu’il y a une autre force de réconfort et d’encouragement !

------- 3 ------

C’est pour cela, pour que « vous soyez instruits et encouragés » « de façon intelligible » (v. 15), nos pasteurs sont en train de réviser le catéchisme, aussi de trouver la version moderne de la Bible qui poursuit le mieux ce but.

Nous comparons la justesse des traductions par rapport au texte hébreu de l’Ancien et par rapport au texte grec du Nouveau Testament, ceux que le Saint-Esprit a « inspirés » aux prophètes et aux apôtres. Et nous recherchons celle des traductions qui utilise aussi le meilleur français actuel.
Ce n’est pas simple. Ceux qui, parmi vous, connaissent d’autres langues que le français, savent que si on reste trop collé au style de la langue d’origine, la traduction devient du charabia, mais que, parfois, pour rester fidèle au texte d’origine, il faut utiliser des termes qu’il faut expliquer par la suite.

Nous nous livrons donc en ce moment à un travail fastidieux « pour la construction de l’Eglise » (v. 12)
C’est pour cela que « vous avez été construits sur les fondations constituées par les apôtres et prophètes, » – sur les écrits des apôtres et des prophètes – « Jésus-Christ lui-même étant la pierre de l'angle. » (Ep 2.20)

Si les auteurs sacrés ont été « divinement inspirés » « par le Saint-Esprit » (2 Tm 3.16 ; 2 P 1.21) pour nous transmettre la Parole de Dieu, les traducteurs sont parfois « mal inspirés » dans le choix des mots
pour traduire certains passages, soit qu’ils n’aient pas bien compris une tournure, soit qu’ils aient voulu faire passer leur interprétation particulière dans le texte..

C’est pour cela que nous essayons de faire avec sérieux ce travail d’étude
de la « Nouvelle Bible Segond » de l’Alliance Biblique Universelle
et de la « Segond 21 » (la Bible Segond pour le 21ème siècle) de la Société Biblique de Genève.
Nous recherchons celle qui est la plus fidèle aux textes originaux inspirés par le Saint-Esprit tout en ayant un style facilement compréhensible.
Priez pour qu’il en sorte quelque chose de fidèle et de compréhensible, donc de constructif à la disposition du Saint-Esprit à l’œuvre parmi nous !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig


Chants proposés :
Ô Jésus, Maître doux et tendre LlS 146:1-7
Ta Parole, Seigneur, est ma force et ma vie LlS 151:1-5
T’aimer, Jésus, te connaître, LlS 147:1-5