dimanche 16 août 2009

Sermon du dimanche 16 aout 2009 - 10 ème dimanche après la Trinité

Texte : Ex 19.1-6

1 « Le jour même du troisième mois après leur sortie d'Egypte, les Israélites arrivèrent au désert du Sinaï.

2 Partis de Rephidim, ils arrivèrent au désert du Sinaï et campèrent dans le désert. Israël campa là, vis-à-vis de la montagne.

3 Moïse monta vers Dieu et l'Eternel l'appela du haut de la montagne en annonçant : "Voici ce que tu diras à la famille de Jacob, ce que tu communiqueras aux Israélites :

4 'Vous avez vu ce que j'ai fait à l'Egypte et la façon dont je vous ai portés sur des ailes d'aigle et amenés vers moi.

5 Maintenant, si vous écoutez ma voix et si vous gardez mon alliance, vous m'appartiendrez personnellement parmi tous les peuples, car toute la terre m'appartient.

6 Vous serez pour moi un royaume de prêtres et une nation sainte.' Voilà les paroles que tu diras aux Israélites." »



Chers frères et sœurs, qui êtes pour Dieu « un royaume de prêtres et une nation sainte » !

Commençons par bien situer l’événement rapporté dans notre texte. Le peuple d’Israël avait passé 430 années en Egypte. Au début – près de 3 siècles et demi – ils y avaient connu le bonheur et la prospérité, mais les 100 dernières années, ils avaient été réduits en esclavage par les Egyptiens.

Dieu a eu pitié d’eux et s’est servi de Moïse pour les délivrer de cette terrible servitude. Après bien des tergiversations, pharaon (le roi d’Egypte) a été brisé par les interventions répétées de Dieu et a laissé partir les Israélites.

Mais il a rapidement regretté sa décision de se priver du service de ces nombreux esclaves, il a changé d’avis et les a poursuivis. Le peuple d’Israël était acculé à un bras de la Mer Rouge. C’est là que Dieu est encore intervenu avec puissance en ouvrant un chemin pour faire passer la mer à pied sec aux Israélites, avant de refermer la mer sur les poursuivants. Ce n’était que le début d’une série de miracles par lesquels Dieu allait leur venir en aide au cours des 40 années dans le désert.

Ils n’étaient pas encore sortis d’Egypte depuis trois mois, mais dans ce cours laps de temps Dieu était déjà intervenu à diverses reprises pour les bénir et les aider : il avait commencé à leur envoyer de la manne et des cailles à manger, il avait fait jaillir de l’eau d’un rocher à Horeb, et leur avait donné la victoire sur les Amalécites qui les avaient attaqués. C’est après cette attaque et la visite du beau-père de Moïse que se situe notre récit.

« Le jour même du troisième mois après leur sortie d'Egypte, les Israélites arrivèrent au désert du Sinaï. Partis de Rephidim, ils arrivèrent au désert du Sinaï et campèrent dans le désert. Israël campa là, vis-à-vis de la montagne. Moïse monta vers Dieu et l'Eternel l'appela du haut de la montagne. » (v. 1-3)

Comme souvent – comme toujours ? – c’est Dieu qui prend les initiatives en faveur des siens.

NOTRE DIEU

se présente ici comme

1. le Maître de l’univers,

2. le Maître de l’histoire,

3. l’Allié des croyants,

4. le Commanditaire d’une mission mondiale.


X X X 1 X X X


Notre Dieu se présente comme

le Maître de l’univers.

Trop souvent, l’homme est tenté de se prendre, lui, pour le maître de l’univers. Surtout en ce moment où on projette de nouveau de prendre pied sur la lune, et même, vers 2050, sur la planète Mars.

L’homme se voit conquérant sans limitation. Du moins ceux-là le pensent-ils qui ne connaissent pas bien les réalités de l’univers. Il est frappant, quand on entend les grands savants intervenir dans les médias, de voir combien ils sont humbles et essayent de ramener les journalistes et les auditeurs à plus de réalisme.

Eux se coltinent avec les difficultés et la complexité de l’univers. Ils se heurtent chaque jour à de nouveaux problèmes qu’ils n’avaient pas imaginés. L’homme est vraiment loin d’être le maître de l’univers.

Tenez, il a déjà du mal à rester maître chez lui, sur terre. Il a déjà du mal à maintenir des conditions de vie normales là où il y en avait et à développer un cadre de vie favorable là où il n’existe plus.

Si l’homme était maître chez lui, sur terre, cela ferait belle lurette qu’il aurait fait reculer, voire disparaître, les déserts en les remplaçant progressivement par des paysages verdoyants. Cela ferait belle lurette qu’il aurait fait jaillir des sources là où on manque d’eau – comme Dieu l’a fait à Horeb, peu après la sortie d’Egypte – ou de permettre à tous de produire la nourriture dont ils ont besoin – comme Dieu l’a fait en procurant des cailles et de la manne durant 40 ans aux Israélites dans le désert.

Non, ce n’est pas l’homme qui est maître du monde, c’est Dieu. Il le dit d’ailleurs clairement en s’adressant ici au peuple d’Israël : « Toute la terre m’appartient. » (v. 5)

Elle lui appartient parce qu’il en est le Créateur ; c’est lui qui l’a faite avec toutes ses merveilles, que ce soit dans l’infiniment petit ou dans l’infiniment grand, dans ce qui nous est utile comme dans ce qui fait notre agrément.

Qu’elle lui appartient, cela se voit aussi au fait qu’il en connaît tous les rouages et qu’il peut intervenir sur le cours des choses pour faire des miracles.

Et elle lui appartient toujours, même si l’homme se comporte aujourd’hui avec la création comme s’il n’avait pas de comptes à rendre à son divin propriétaire.

Mais Dieu ne nous rappelle pas que « toute la terre lui appartient » pour que nous tremblions sous sa dépendance. Il rappelle qu’il en est le propriétaire pour nous encourager à nous tourner vers lui pour pouvoir profiter de ses libéralités.

Certes, au chapitre suivant, il donnera aussi « les Dix Commandements » à son peuple (Ex 20.1-17), puis toute une série de règles et de lois pour organiser leur vie religieuse et politique. Mais il commence par se présenter comme le Dieu de la promesse et du salut, comme le Dieu qui intervient pour le bien des siens dans le cours des choses :

X X X 2 X X X

Notre Dieu se présente comme

le Maître de l’Histoire.

« Vous avez vu ce que j'ai fait à l'Egypte et la façon dont je vous ai portés sur des ailes d'aigle et amenés vers moi. » (v. 4)

Si Dieu rappelle son intervention pour libérer le peuple d’Israël de l’esclavage en Egypte, ce n’est pas pour se vanter – « Vous avez vu de quoi je suis capable ? » – mais parce les Israélites ont souvent oublié les bienfaits de Dieu quand ils connaissaient des difficultés.

Nous sommes ainsi : nous croyons que Dieu devrait constamment nous faire vivre comme dans un pays de cocagne. Serions-nous alors plus satisfaits ? Voyez ce qu’Adam et Eve ont fait quand ils ont connu le bonheur parfait dans le Jardin d’Eden : ils se sont laissés entraîner par Satan dans le doute, la désobéissance et le péché, ils se sont fait éjecter de la vie paradisiaque par leur propre insatisfaction.

Les gens riches sont-ils vraiment plus heureux que les moins riches ? Un sondage de cet été semble indiquer le contraire ! La richesse produit une véritable boulimie du toujours plus, de l’insatisfaction de ce qu’on a.

Notre Dieu sait pourquoi il infléchit parfois le cours de notre vie pour la faire passer par des moments moins agréables, pour ne pas dire plus durs. Cela a été le cas avec les Israélites. Certes, Dieu les a miraculeusement délivrés de l’esclavage en Egypte, il les a souvent sortis d’un pétrin par ses interventions miraculeuses. Les Israélites savaient exactement à quoi il faisait allusion en leur rappelant en langage imagé : « Vous avez vu ce que j'ai fait à l'Egypte et la façon dont je vous ai portés sur des ailes d'aigle et amenés vers moi. »

Mais les 40 années d’errements dans un désert qu’ils auraient pu traverser en ligne directe en moins d’un mois, étaient aussi le fait de l’intervention de Dieu dans leur histoire (Nb 14.20-35).

Il a ainsi montré qu’il n’est pas seulement le Maître de la vie des siens, mais que même ses ennemis ne peuvent se soustraire à son gouvernement. « Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Egypte ? » rappelle-t-il.

Certes, nous aimerions parfois qu’il intervienne plus rapidement et plus massivement contre ce qui nous fait souffrir, mais toute l’histoire sainte montre qu’il vaut mieux lui laisser le choix du moment et de la manière de son intervention en notre faveur.

Ainsi, Dieu avait choisis le peuple d’Israël pour être son peuple et préparer ainsi la venue du Messie Sauveur. Il leur a dit : « Si vous écoutez ma voix et si vous gardez mon alliance, vous m'appartiendrez personnellement parmi tous les peuples. » (v. 4)

Pour les former comme peuple de son alliance, Dieu a dû ici se comporter envers eux selon la Loi, là selon l’Evangile. Ici, il est intervenu pour leur salut et leur bien-être, là il est intervenu pour les corriger et les ramener sur la bonne voie.

Chers amis, Dieu est aussi le Maître de notre histoire, de l’histoire de nos vies. Il s’est allié à nous dans notre Baptême et agit avec nous avant tout selon nos besoins spirituels. Faisons-lui confiance.

Quand nous étudions la façon dont il a dirigé l’Histoire dans l’Ancien et le Nouveau Testament – surtout avec l’intervention de son Fils pour notre salut ! –, nous en retirons la certitude et l’assurance que « tout coopère au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8.28), qu’en toutes choses il a en vue notre bien, même si, à certains moments, nous avons du mal à discerner les bons côtés d’une épreuve.

N’oublions jamais :

X X X 3 X X X

Notre Dieu se présente comme

l’Allié des croyants.

La première chose qui frappe, c’est que l’initiative vient toujours de Dieu. Il s’agit de la reconnaître et de lui faire confiance.

Il a pris l’initiative d’annoncer la venue du « descendant de la femme » (Gn 3.15) qui vaincra le diable. Il a pris l’initiative de choisir et d’appeler le Chaldéen Abraham pour être l’ancêtre des croyants du monde entier, particulièrement l’ancêtre du peuple au sein duquel le Sauveur du monde allait naître. Plus tard, il a pris l’initiative de choisir Jacob, encore appelé Israël, pour être, parmi les petits-fils d’Abraham, celui qui sera l’ancêtre du peuple de l’alliance, peuple qui portera d’ailleurs son nom : peuple d’Israël. Finalement il a pris l’initiative de délivrer les Israélites de l’esclavage en Egypte, ce que les prophètes utiliseront toujours comme preuve ou répétition générale de notre délivrance du péché par notre Seigneur Jésus-Christ.

Et dans notre texte, Dieu prend l’initiative pour préciser les clauses de l’alliance qu’il a conclue avec les Israélites : « Si vous écoutez ma voix et si vous gardez mon alliance, vous m'appartiendrez personnellement parmi tous les peuples. »

Tout ce qu’il leur demandait, c’est de faire confiance aux clauses de son alliance et de mener une vie dans cette foi en lui. C’est ainsi qu’ils resteront le peuple de « son alliance » ; c’est ainsi qu’ils allaient « lui appartenir personnellement ».

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ, une telle initiative, il l’a aussi prise pour faire des pécheurs que nous sommes pourtant ses heureux alliés qui « lui appartiennent personnellement ».

Cette initiative remonte bien entendu à sa volonté d’envoyer son Fils nous sauver.

Mais fait aussi partie de son initiative en notre faveur le sacrement du Baptême. Là, grâce à la médiation de Jésus qui a expié nos péchés, Dieu nous accepte « personnellement » dans son « alliance ». Et là, la clause de l’alliance dit simplement : « Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé ! » (Mc 16.16). Par cette « naissance d’eau et d’Esprit » il nous fait « entrer dans le Royaume de Dieu » (Jn 3.5). Ainsi il nous adopte comme ses enfants (Ga 3.26-27). Nous « lui appartenons ».et il prend soin de nous comme personne ne pourrait mieux le faire, car il nous a « rachetés à un grand prix » (1 Co 6.20).

Les Israélites auraient dû se rappeler qu’ils appartenaient à Celui qui prend continuellement des initiatives en leur faveur. Ils auraient dû trouver dans cette certitude suffisamment de raisons pour lui garder foi en toute occasion, y compris dans les situations parfois pénibles du désert.

Nous aussi, n’oublions jamais ce que cela signifie de merveilleux et de rassurant : d’avoir été « rachetés » par Dieu pour pouvoir « lui appartenir » ! Rappelons-nouss : il prend maintenant soin de nous, car il ne laisse pas à l’abandon ce qu’il s’est procuré si chèrement par le sacrifice de son Fils unique.

Oui, consolons-nous avec la certitude que Dieu est notre sûr Allié, un allié qui a d’ailleurs de grands projets pour nous, les croyants. En effet,

X X X 4 X X X

Notre Dieu se présente comme

le Commanditaire d’une Mission mondiale

Voyez-vous, Dieu ne nous a pas acquis pour nous ranger dans un coin comme on peut ranger des bibelots sur une étagère. Non, il est un Dieu continuellement en action, et il nous appelle à participer à son action.

Son grand projet pour l’humanité peut le mieux être résumé par cette parole de l’apôtre Paul : « Dieu, notre Sauveur, veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tm 2.4).

Pour cela il nous a envoyé son Fils en Sauveur des pécheurs que nous sommes.

Mais pour cela, il nous a aussi revêtus d’honneurs et confié des fonctions aussi éminentes qu’importantes dans le monde. En s’adressant à travers Moïse au peuple d’Israël, il désigne ces honneurs et ces fonctions exceptionnelles en ces termes : « Vous serez pour moi un royaume de prêtres et une nation sainte. » (v. 6)

Bien entendu, c’était là, à l’époque, la situation particulière du peuple d’Israël parmi les nations. Mais, l’apôtre Pierre nous apprend que Dieu nous a aussi investis, nous, les croyants de la Nouvelle Alliance, des mêmes fonctions exceptionnelles, des mêmes honneurs particuliers.

Ainsi, nous apprenons – cela se trouve en 1 P 2.9 : « Vous êtes un peuple choisi, des prêtres royaux, une nation sainte. »

Notre royauté nous vient du Roi des rois, Jésus-Christ. Il nous fait l’honneur de participer à son gouvernement royal, et ceci, avec les fonctions de prêtres.

Les prêtres de l’ancienne alliance étaient les intermédiaires entre Dieu et les Israélites. De même, tout le peuple d’Israël devait jeter les ponts entre Dieu et les nations païennes. Dans la Nouvelle Alliance, ce rôle de « prêtres » est dévolu aux chrétiens que nous sommes.

Pierre définit bien ce rôle de « prêtres royaux » et de « nation sainte », de nation mise à part pour Dieu et sa mission, de nation sauvée qui doit maintenant tout faire pour que les autres soient sauvés avec eux. Pierre définit ce rôle ainsi : « afin que vous proclamiez les louanges de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. » (1 P 2.9)

La sainteté de Dieu s’exprime dans son entreprise mondiale pour sauver tous les pécheurs.

Notre sainteté à nous, notre consécration à Dieu, nous l’exprimons en participant à ses efforts de sauver les incroyants, les pécheurs perdus dans les ténèbres de l’incrédulité.

Notre consécration au Dieu saint, nous l’exprimons en parlant autour de nous du bonheur qu’il y a à être retiré des ténèbres de l’incrédulité et à connaître les joies et le réconfort d’une vie illuminée par « la merveilleuse lumière » du Christ Sauveur.

Voilà l’honneur royal que Dieu nous a fait en nous rachetant pour que nous soyons son peuple. Voilà la mission mondiale dans laquelle il nous fait l’honneur de nous enrôler après s’être allié à nous pour l’éternité.

Oui, NOTRE DIEU est vraiment

1. le Maître de l’univers,

2. le Maître de l’histoire,

3. l’Allié des croyants, et

4. le Commanditaire d’une mission mondiale.

Amen.

Jean Thiébaut Haessig


Chants proposés :

Je louerai l’Eternel de tout mon coeur AeC 151 :1-4

Ø Liturgie d’entrée

Seigneur, reçois, Seigneur, pardonne AeC 407 : 1-4

Ø Prédication

Tu m’as aimé, Seigneur, avant que la lumière AeC 430 : 1-4

Ø Célébration de la Cène

Pare-nous pour cette fête AeC 581 : 1-2

Ø Liturgie finale*