mardi 29 janvier 2013

Sermon du dimanche 27 Janvier 2013

3ème Dimanche après l’Epiphanie


Vous êtes le corps de Christ

1Corinthiens 12.12-31a
Le corps forme un tout mais a pourtant plusieurs organes, et tous les organes du corps, malgré leur grand nombre, ne forment qu'un seul corps. Il en va de même pour Christ. En effet, que nous soyons juifs ou grecs, esclaves ou libres, nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour former un seul corps et nous avons tous bu à un seul Esprit.
Ainsi, le corps n'est pas formé d'un seul organe, mais de plusieurs. Si le pied disait: «Puisque je ne suis pas une main, je n'appartiens pas au corps», ne ferait-il pas partie du corps pour autant? Et si l'oreille disait: «Puisque je ne suis pas un oeil, je n'appartiens pas au corps», ne ferait-elle pas partie du corps pour autant? Si tout le corps était un oeil, où serait l'ouïe? S'il était tout entier l'ouïe, où serait l'odorat? En fait, Dieu a placé chacun des organes dans le corps comme il l'a voulu.
S'ils étaient tous un seul organe, où serait le corps? Il y a donc plusieurs organes, mais un seul corps. L'oeil ne peut pas dire à la main: «Je n'ai pas besoin de toi», ni la tête dire aux pieds: «Je n'ai pas besoin de vous.» Bien plus, les parties du corps qui paraissent être les plus faibles sont nécessaires, et celles que nous estimons être les moins honorables du corps, nous les entourons d'un plus grand honneur. Ainsi nos organes les moins décents sont traités avec plus d'égards, tandis que ceux qui sont décents n'en ont pas besoin. Dieu a disposé le corps de manière à donner plus d'honneur à ce qui en manquait, afin qu'il n'y ait pas de division dans le corps mais que tous les membres prennent également soin les uns des autres. Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui; si un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec lui. Vous êtes le corps de Christ et vous êtes ses membres, chacun pour sa part. Dieu a établi dans l'Eglise premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement des enseignants, ensuite viennent les miracles, puis les dons de guérisons, les aptitudes à secourir, à diriger, à parler diverses langues.
Tous sont-ils apôtres? Tous sont-ils prophètes? Tous sont-ils enseignants? Tous font-ils des miracles? Tous ont-ils des dons de guérisons? Tous parlent-ils en langues? Tous interprètent-ils? Aspirez aux dons les meilleurs.

Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous ! Amen.

En lisant Premier Corinthiens, on constate rapidement qu’il y avait un problème qui touchait à tout aspect de leur vie communautaire. Ils ne s’entendaient pas. Ceux qui se croyaient avancés dans la foi méprisaient et offensaient les plus faibles dans la foi. Les riches étalaient leur richesse devant les pauvres et enlevaient ainsi toute crédibilité au repas du Seigneur. D’autres faisaient parade de leur don spirituel ce qui semait le ressentiment et la confusion. Bref, dans une communauté chrétienne où les gens devaient travailler ensemble, devaient s’encourager et s’édifier mutuellement les uns les autres, ils s'abattaient plutôt les uns les autres. C’était une communauté détraquée.
Pour répondre à cette situation, Paul s’est servi de cette magnifique comparaison de l’Eglise au corps humain. Son appel à cette communauté — et donc à la nôtre — c’est qu’ils ne sont pas une association hasardeuse d’individus en compétition pour des ressources limitées. Au contraire, vous êtes le corps de Christ et vous êtes ses membres, chacun pour sa part. Si les Corinthiens pouvaient se voir de ce point de vue, ils pourraient alors fonctionner en communauté selon le dessein de Dieu.
Cette vérité n’a pas moins d’importance aujourd’hui, car vous et moi — tous les chrétiens de tous les âges — nous sommes le corps de Christ et nous sommes ses membres, chacun pour sa part. Et ce corps n’est pas l’œuvre de l’homme, mais de Dieu, notre Créateur et notre Rédempteur. En effet, que nous soyons juifs ou grecs, esclaves ou libres, nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour former un seul corps et nous avons tous bu à un seul Esprit. Voilà ce que nous sommes devant Dieu et la raison pour laquelle il nous donne sa bénédiction, sa puissance et ses dons.
Paul vient d’expliquer, que si l’on croit en Christ, c’est à cause du Saint-Esprit. Personne ne peut dire : « Jésus est le Seigneur ! » si ce n'est par le Saint-Esprit. Et puis, que tous les dons de grâce, les dons spirituels, viennent du seul et même Esprit. Il y ajoute maintenant que nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit et avons tous bu à un seul Esprit. Nous formons ainsi un seul corps, le corps de Christ.
Chacun de nous est devenu membre du corps de Christ grâce à son baptême. Nous avons commencé cette vie terrestre étant spirituellement morts, isolés de Dieu et sous la malédiction de sa loi. Mais un jour, le bénéfice de la mort et de la résurrection de Jésus nous a été compté. Nous avons été baptisés en Christ, joints au Christ, et ainsi sommes devenus membres de son corps. Toi, tu as été crucifié avec Christ, enseveli avec Christ, et ressuscité avec Christ. Tu es né de nouveau. Comme Néo dans le film Matrix, Dieu t’a sorti de la coque de mort et t’a donné vie dans le vrai monde, dans le corps de Christ.
En conséquence, tu n’es plus une personne ordinaire, un visage sans nom dans la foule, un nombre. Tu es le frère ou la sœur de Christ, le fils ou la fille de Dieu, l’héritier ou l’héritière avec Christ de la vie éternelle. Tu es membre du peuple de Dieu, une branche greffée sur l’olivier de Dieu.
Dans ce corps de Christ, nous avons une unité profonde. Dieu nous a joints les uns aux autres pour travailler ensemble, pour pleurer et rire ensemble, pour vivre et mourir ensemble, pour aller au ciel ensemble. Nous avons besoin de l’Eglise car nous sommes l’Eglise !
Toutefois, comme à Corinthe, notre ancienne nature fait souvent obstacle à cette unité. Dans un livre, Les Habitudes du Cœur, Robert Bellah démontre que la valeur dominante dans la culture américaine est la liberté de l’individu — la liberté d’être et de faire comme on veut sans contraintes d’une autorité extérieure. Je soupçonne qu’en général, c’est vrai aussi ici en France, un pays dont une des devises est « la liberté ».
S’il y a un conflit avec un autre pays, bien sûr on pense comme un français. Si les membres de mon syndicat font grève, bien sûr, j’en fais partie. Si mon cousin que je n’ai pas vu depuis des années gagne une fortune au loto, mais oui, il faut penser à la famille ! Mais la plupart du temps, dans la vie quotidienne, nous ne regardons pas notre vie du point de vue d’un corps, comme membre de quelque groupe. D’habitude, nous regardons notre vie du point de vue de la liberté et de l’autonomie individuelle. Je pense à ce qui me donne une raison d’être et de la satisfaction dans la vie.
Au premier abord, une telle liberté semble géniale : pas de règles, pas de responsabilités à part celles que j’établis moi-même ! Mais cet individualisme peut aussi me laisser isolé, seul dans la foule, sans secours, sans amour.
Voilà en partie la raison pour laquelle Paul à écrit cette lettre aux Corinthiens. Il voulait corriger et changer des attitudes qui nous empêchent de vivre ensemble dans la puissance et la paix du corps de Christ. Dans la partie de la lettre que nous avons lue, Paul traite trois attitudes.
La première est une attitude d’infériorité. Si le pied disait : « Puisque je ne suis pas une main, je n'appartiens pas au corps», ne ferait-il pas partie du corps pour autant ? Et si l'oreille disait : « Puisque je ne suis pas un œil, je n'appartiens pas au corps », ne ferait-elle pas partie du corps pour autant ?
Il me semble que la plupart des publicités ont pour but de te rendre mécontent de ce que tu possèdes ou de comment tu es. Tes vêtements, tes cheveux, ta nourriture, ta voiture, ta maison : tout cela n’est pas si bon qu’il pourrait l’être. Tu serais beaucoup plus content si tu achetais leur produit ou leur service. De même, quelques-uns de nous, trouvons que nous ne sommes pas très importants à l’Eglise, que nous n’avons pas beaucoup de contributions.
Mais c’est faux ! Dieu nous a fait tous membres du corps de Christ, chacun pour sa part. Aucun chrétien ne doit penser qu’il n’est pas essentiel au bien être de l’Eglise. Comme il est absurde que le pied dise qu’il n’appartient pas au corps parce qu’il n’est pas une main, aussi est-il illogique qu’un croyant dise qu’il ne fait pas partie de l’Eglise. Nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour former un seul corps !
C’est très important. Si tu perdais une main, tu souffrirais. Tu pourrais survivre mais tu serais handicapé. De même, si tu quitte le corps de Christ, il souffrira. Il sera handicapé dans une mesure. Mais l’idée est absurde n’est-ce pas ? Un membre de ton corps n’aurait jamais l’idée de quitter le reste. Que peut être ce membre tout seul ? Une main grimpant le trottoir, « la Chose » de la Famille Addams ? Pourtant des chrétiens quittent le corps de Christ comme s’ils pouvaient exister tout seul, comme si la main en quittant le corps pouvait entraîner la tête avec elle. En réalité ces membres, isolés du reste du corps, meurent. Jésus n’est pas venu pour qu'on meure. Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire ; moi, je suis venu afin que les brebis aient la vie et qu'elles l'aient en abondance. Jn 10.10.
La deuxième attitude est le contraire de la première, une attitude de supériorité. L'oeil ne peut pas dire à la main : « Je n'ai pas besoin de toi », ni la tête dire aux pieds : « Je n'ai pas besoin de vous. » Le monde ne nous enseigne pas à estimer la valeur des autres. Le monde glorifie l’autosuffisance. Il nous fait croire que si nous avons un bon emploi avec un bon salaire et une bonne mutuelle, nous sommes à l’aise et à l’abri. On n’a plus besoin des autres. Et puis Dieu envoie un ouragan, un tsunami, une famine, une guerre ou une simple crise économique pour nous éveiller de nos rêves. « Tu te crois si indépendant ? Et s’il n’y avait pas d'électricité pendant une semaine ? Que feras-tu pour chauffer la maison et avoir de la lumière ? Comment feras-tu la cuisine ? Que mangeras-tu quand la viande dans le congélateur commencera à pourrir ? Que boiras-tu, comment te laveras-tu et feras-tu chasser l’eau une fois que l’eau de la ville ne coulera plus ? » Quelle illusion de penser que l’on vit indépendamment des autres ! Nous dépendons des autres pour presque tout dans la vie.
Du coup, c’est une folie et un péché de penser qu’il y a quelqu’un dans l’Eglise dont nous n’avons pas besoin. Toutes les parties du corps sont indispensables et inséparables ayant été mises ensemble par le Saint-Esprit. Il n’y a pas lieu d’avoir de l’arrogance ni de la supériorité dans l’Eglise.
Je ne sais pas comment appeler la troisième attitude. C’est la pensée qui voudrait assimiler droit et fonction. Elle dit que si nous sommes tous d’une même importance, nous pouvons donc tous tout faire. Un pied peut devenir une main ou une oreille un œil. Mais Dieu dit, Tous sont-ils apôtres ? Tous sont-ils prophètes ? Tous sont-ils enseignants ? Tous font-ils des miracles ? Tous ont-ils des dons de guérisons ? Tous parlent-ils en langues ? Tous interprètent-ils ?
Avoir les mêmes droits ne fait pas avoir les mêmes fonctions. Par exemple, la loi civile doit assurer les mêmes droits pour les hommes et les femmes, comme le même salaire pour le même travail. Mais cette loi ne peut pas leur donner les mêmes fonctions dans la vie. Ils sont biologiquement différents. Il y a des choses que l’un peut faire mais pas l’autre et ce n’est pas une question de droits. Un homme ne peut pas concevoir un bébé. Il faut un homme et une femme avec deux fonctions différentes pour donner naissance à un enfant. Les droits n’y ont rien à dire.
Dans le corps de Christ, chacun a sa part. Nous avons donc des fonctions différentes. Mais encore, l’ancienne nature pécheresse aime nous faire ressentir l’infériorité ou la supériorité, la jalousie ou l’orgueil. Nous rejetons le dessein de Dieu, le rôle et la fonction qu’il nous a conférés, et cherchons à devenir ce qu’est une autre personne. C’est revenir au pied qui veut être une main. En ce faisant, on néglige sa propre fonction et laisse un vide dans le corps. S’il lui manque un pied, le corps boite. Nous nous débrouillons, mais ce n’est pas l’idéal et nous ne sommes pas contents. Encore une fois, nous avons besoin de l’Evangile : Maintenant, voici ce que dit l'Eternel, celui qui t'a créé, Jacob, celui qui t'a façonné, Israël : N'aie pas peur, car je t'ai racheté. Je t'ai appelé par ton nom : tu m'appartiens ! Es 43.1.
C’est Dieu qui nous a rassemblés tels que nous sommes. Nous faisons tous partie du corps, ayant une importance et une valeur communes. Mais nous n’avons pas tous la même fonction. Si j’essaie être ce que je ne suis pas, je serai frustré, et les autres le seront à leur tour. Si nous négligeons la fonction que Dieu nous a donnée et prenons celle d’autrui, nous pouvons déséquilibrer tout le système. Nous avons besoin de chaque membre. Avec nos différences, nous nous complétons et formons un corps intégral. En fait, Dieu a placé chacun des organes dans le corps comme il l'a voulu… Dieu a disposé le corps de manière à donner plus d'honneur à ce qui en manquait, afin qu'il n'y ait pas de division dans le corps mais que tous les membres prennent également soin les uns des autres. Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; si un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec lui.
Vous êtes le corps de Christ et vous êtes ses membres, chacun pour sa part. Jésus t’a racheté pour que tu fasses partie de son corps. Personne ne peut tout faire ni être vraiment autonome. Dieu ne promet pas de bénir et de faire prospérer des ermites. Il promet de bénir et de faire prospérer le corps de Christ. Le Saint-Esprit répand ses dons parmi plusieurs membres du corps ; il ne donne pas tout à une seule personne. C’est dans le corps que nous avons accès à tous les dons de grâce et en bénéficions.
Tu as besoin du corps et le corps a besoin de toi, parce que tu es le corps et le corps est toi ! Voilà l’œuvre de Dieu. Alors, ensembles, comme le corps de Christ, avec Jésus pour la tête, nous aurons part à la bénédiction et à la puissance de Dieu.

Que la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence, garde vos cœurs et vos esprits en Jésus-Christ, pour la vie éternelle ! Amen.
Pasteur David Maffett