mardi 22 avril 2008

Sermon du dimanche 20 avril 2008 - Cantate

Texte: Col 3.12-17[1]

12 « Ainsi donc, vous qui êtes
choisis par Dieu, saints et bien-aimés,
revêtez-vous d'une tendresse magnanime, de bonté, d'humilité, de douceur, de patience.
13 Supportez-vous les uns les autres
et faites-vous grâce, si quelqu'un a à se plaindre d'un autre ; comme le Seigneur vous a fait grâce, vous aussi, faites de même.
14 Mais par-dessus tout, revêtez-vous de l'amour, qui est le lien parfait.
15 Que la paix du Christ, à laquelle vous avez été appelés en un seul corps, règne dans votre coeur.
Soyez reconnaissants !
16 Que la parole du Christ habite en vous avec toute sa richesse ;
instruisez-vous et avertissez-vous en toute sagesse,
par des psaumes, des hymnes, des chants spirituels ;
dans la grâce, chantez à Dieu de tout votre coeur.
17 Quoi que vous fassiez, en parole ou en oeuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâce par lui à Dieu, le Père. »




Chers choristes de la chorale des miraculés !


« Cantate ! » « Chantez ! » Tel est le nom de ce quatrième dimanche après Pâques, un nom qui est entièrement dans le ton de l’émotion et de la jubilation pascale.
« Cantate ! » C’est, en latin, le premier mot de l’Introït de ce jour, tiré du Psaume 98 : « Chantez pour le Seigneur un chant nouveau, car il a fait des choses étonnantes ! » (Ps 98.1)
[2] Prodigieux est ce qu’il a réalisé au matin de Pâques. En disant cela, la chrétienté ne pense pas seulement au miracle de la résurrection du Christ, mais aussi à tout ce que cela a fondamentalement changé pour nous, à tout ce que cela nous a apporté comme bienfaits et bénédictions capitales !
Quoi d’étonnant qu’aussi bien les psalmistes que Paul, ici dans notre texte – mais ailleurs aussi – présente


LA PAROISSE
COMME UNE CHORALE

1. composée de miraculés ;
2. qui fait monter des chants vers Dieu (il fallait s’y attendre…), mais aussi
3. dont l’harmonie « s’entend » dans leurs rapports mutuels.



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LA PAROISSE EST UNE CHORALE
COMPOSEE DE MIRACULES,

de miraculés du matin de Pâques. C’est pour cela que nous ne nous contentons pas de fêter la résurrection du Christ le seul jour de Pâques, mais lui consacrons aussi les six dimanches suivants. Jusqu’au dimanche Exaudi – entre l’Ascension et la Pentecôte – la couleur liturgique reste blanche comme à Pâques, et le répons après l’Epître demeure celui de la fête de Pâques.
En fait, étant des miraculés du matin de Pâques, nous nous réunissons régulièrement le jour de la semaine où Christ est ressuscité, jour que nous appelons « dimanche », mot dérivé lui aussi du latin et signifiant : « Jour du Seigneur » (Ap 1.10), du Seigneur ressuscité et vainqueur, bien entendu.

Des miraculés du matin de Pâques, disais-je. Et c’est bien ce que nous sommes. Paul écrit. « Le Seigneur vous a fait grâce » (v. 13). D’autres traduisent : « Christ vous a pardonné ». Cela revient au même. Le pardon efface une faute, une dette, le pardon délivre du châtiment et nous dispense de payer pour ce que nous avons commis. Dans le texte grec, nous avons ici un verbe composé contenant le mot grâce, don immérité.

Quand un chef d’Etat gracie quelqu’un, il évite au condamné la peine qu’il a méritée. Autrefois, lorsque la peine de mort existait encore en France, le président de la République pouvait gracier un condamné à mort et lui remettre cette peine. Récemment, le président du Tchad a gracié les membres de la fameuse « Arche de Zoé », indiquant ainsi qu’ils n’avaient pas besoin de purger les huit ans de prison auxquels ils avaient été condamnés.

Je peux m’imaginer le feu d’artifice d’émotions et de joie que cela a dû déclencher dans leurs cellules, lorsque cette nouvelle leur est parvenue : graciés ! miraculés !
Chers amis, nous savons que grâce au Christ mort et ressuscité nous sommes aussi des graciés, des miraculés. Par nos péchés, mais aussi par notre état pécheur, nous avons mérité la damnation éternelle. Mais voilà, le Christ a pris notre châtiment sur lui et l’a pleinement subi au point de satisfaire les exigences de la Loi divine et de secouer la mort comme un vieil habit en ressuscitant victorieusement au matin de Pâques.

C’est ainsi qu’il nous a défaits du châtiment mérité, de la colère de Dieu et de la damnation éternelle. C’est ainsi qu’il a chassé la peur de nos cœurs et l’a remplacée par sa paix, le soulagement, la joie de graciés, de miraculés. C’est ainsi – pour parler avec Paul – que nous avons « été appelés à la paix du Christ » (v. 15), « la paix de Dieu » – de la part de Dieu et avec Dieu ! – « qui surpasse toute pensée. » (Ph 4.7)

Ce miracle nous est annoncé, répété, dans « la Parole du Christ avec toute sa richesse » (v. 16). C’est là que le Saint-Esprit déploie devant nos yeux tous les trésors célestes que nous devons au Christ mort et ressuscité.

C’est ainsi – par l’Evangile – qu’il nous a « choisis » et « appelés » à être « saints », ses « bien-aimés » (v. 12). Et cela ne devrait pousser notre cœur à jubiler, à chanter ?
Nous rendons-nous toujours compte de ce que cela veut dire : Dieu nous a « appelés » pour être ses « saints » ? Il n’y a là vraiment aucune raison de se glorifier, bien au contraire ! « Saint » signifie : consacré, dédié, mis à part, mis de côté dans un but précis. On ne se rend pas saint, Dieu nous rend saints. Dieu nous a attachés à lui, nous a mis de côté dans son Royaume ; lui nous a consacrés à la tâche d’enfants de Dieu !

Dieu nous a « appelés », de pécheurs incroyants indignes et perdus que nous étions, à être ses enfants, ses « bien-aimés » ! Au lieu de devoir craindre sa colère, nous pouvons nous savoir enveloppés par son amour sauveur et protecteur.
Et cela, il veut que nous ne le vivions pas dans l’isolement, mais dans l’unité d’« d’un seul corps » (v. 15), comme Paul le dit ici, non pas comme des ions libres et indépendants, mais dans la communion fraternelle de son Eglise.

L’expression typiquement – et, d’ailleurs, exclusivement française – « croyant, mais non pratiquant », croyant, mais sans être une « pierre vivante » dans l’Eglise (1 P 2.5), est donc une contradiction en soi-même. Tout croyant sincère, conscient d’être un miraculé du divin Ressuscité, sait que sa place est dans la communauté des croyants qui se réunissent autour de la Parole de Dieu et des sacrements, et il s’intègre dans un église qui fait cela en fidélité au Seigneur.
Notre Seigneur ne veut pas que nous vivions notre foi dans une cacophonie individualiste, mais dans une symphonie bien accordée. Car

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LA PAROISSE EST UNE CHORALE
QUI FAIT MONTER DES CHANTS
VERS DIEU !


« Dans la grâce, chantez à Dieu de tout votre cœur ! » nous lance l’apôtre Paul. Il ne dit pas : « Chantez, pour mettre de l’ambiance ! » ou : « Chantez, car c’est ce à quoi Dieu a droit ! » Non, il dirige notre attention sur notre état de miraculés, de graciés. Il sait que si nous avons saisi l’inimaginable qui nous est arrivé, la grandiose transformation qui s’est faite dans nos relations avec Dieu, alors notre « cœur » se mettra tout seul à jubiler.

Paul ne nous met pas la pression, il ne fait pas de… chantage – excusez le jeu de mots – pour nous obliger à chanter contre notre gré. Non, il nous rappelle ce qui va nous pousser à chanter, car « c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle » (Mt 12.34)

Et qu’est-ce qui fait déborder notre cœur de joie et de reconnaissance ? La faveur imméritée de Dieu qu’il nous a témoignée en envoyant son Fils mourir et ressusciter pour nous, « la grâce » avec laquelle il nous traite, nous sauve, nous bénit.
« Dans la grâce », subjugués par la faveur imméritée de Dieu en Jésus-Christ, nous allons tous nous mettre à « chanter à Dieu de tout notre cœur ! »

Cela s’entendra dans nos cultes que nous rendons à Dieu. Et nous le faisons dans une communion, une harmonie, une symphonie de cœur et d’esprit autour de notre Seigneur et Sauveur.

Mais, me direz-vous, comment pouvons-nous tous chanter en harmonie s’il y en a parmi nous qui ne savent pas, ou guère « chanter » ? Que pense Dieu – au regard de notre texte – de ceux qui chantent mal, voire faux ?
Ce qui frappe, c’est que, curieusement, Paul ne semble pas connaître de croyants qui chantent faux. En avait-il de la chance ? – Pas plus que nous. Ou plutôt, nous avons la même chance : aucun croyant ne chante faux aux oreilles de Dieu, car Dieu écoute le chant du « cœur », il écoute ce qu’exprime notre foi en Jésus, notre joie de miraculés.

Par contre, quelqu’un qui chanterait comme un soliste professionnel, mais dont le « cœur » n’y serait pas, qui le ferait sans foi en Jésus, le Ressuscité, son chant sonnerait faux aux oreilles de Dieu, son chant déplairait à Dieu, Dieu le disqualifierait malgré tous les titres de conservatoire de musique qu’il pourrait avoir.

Cher frère, chère sœur, miraculés de Dieu comme moi, « dans la grâce, chantez à Dieu de tout votre cœur ! » Et si vous deviez éventuellement vous retenir quelque peu pour ne pas incommoder votre voisin sur le banc d’église, laissez chanter « votre cœur » : Dieu l’entend plus et mieux que les voix les plus mélodieuses.

D’ailleurs, le chant de la foi s’exprime ailleurs encore que dans « les psaumes, les hymnes, les chants spirituels » que nous faisons monter « vers Dieu ». Notre bon Père céleste est aussi tout particulièrement sensible à notre symphonie paroissiale telle qu’elle se manifeste dans nos rapports mutuels, car

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LA PAROISSE EST UNE CHORALE
DONT L’HARMONIE « S’ENTEND » AUSSI
DANS LES RAPPORTS MUTUELS


Il fallait s’y attendre. La foi ne produit pas des fruits que dans les chants du dimanche matin. Notre joie de miraculés s’exprime dans tous les domaines de la vie. Paul ne cite ici que deux domaines, celui du culte et celui de nos relations fraternelles.
Et là encore, Paul place le Ressuscité et ses bénédictions au centre et au point de départ. « Que la paix du Christ habite dans vos cœurs ! » (v. 16)
Peut-être y en a-t-il qui se demandent : « Mais comment puis-je avoir le cœur en paix ? Je ne chante peut-être pas faux, mais mes paroles et mes actes connaissent encore de véritables… fausses notes ! »

Tu n’es pas seul dans ce cas. Nous tous ne pouvons pas ramener nous-mêmes la paix dans nos cœurs – ce n’est d’ailleurs pas de cela que Paul parle ici – Par contre, « la paix du Christ », la paix que le Christ a établie entre son Père et toi, celle-là accepte-la, laisse-la remplir ton cœur, laisse-la te rassurer, et qu’elle imprègne toute ta vie, qu’elle se manifeste dans ta vie.
« Quoi que vous fassiez, en parole ou en oeuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus ! » (v. 17) En toute chose, comportez-vous comme quelqu’un qui sait que ses péchés sont couverts, qu’il est gracié, qu’il est un miraculé de Pâque !

Alors vous voudrez faire honneur à celui qui vous a sauvés, vous essayerez de faire comme lui, vous voudrez que votre comportement rappelle à votre entourage celui de votre Seigneur et Sauveur, vous vous efforcerez pour que, « quoi que vous fassiez, en parole ou en œuvre », cela soit un témoignage rendu à « son nom » et renvoie à lui.

Oh ! là aussi, dans nos relations humaines, il y aura des fausses notes, mais elles ne parviendront pas jusqu’à Dieu car le pardon et la paix du Christ s’entreposent.
Et plus nous en serons conscients, et davantage « la paix de Christ habitera dans nos cœurs » et s’exprimera dans notre comportement. Voici tout un programme paroissial que je vous invite à méditer, et pourquoi pas ce soir déjà ?

« […] Revêtez-vous d'une tendresse magnanime, de bonté, d'humilité, de douceur, de patience.
Supportez-vous les uns les autre.
Et faites-vous grâce, si quelqu'un a à se plaindre d'un autre.
Comme le Seigneur vous a fait grâce, vous aussi, faites de même.
Mais par-dessus tout, revêtez-vous de l'amour, qui est le lien parfait.
[…] Soyez reconnaissants !
Que la parole du Christ habite en vous avec toute sa richesse.
Instruisez-vous et avertissez-vous en toute sagesse, […]
Quoi que vous fassiez, en parole ou en oeuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâce par lui à Dieu, le Père. »
Amen.

Jean Thiébaut Haessig, pasteur



Chants :

Entonnons un nouveau cantique AeC 98 : 1-4
Le Sauveur est ressuscité AeC 480 : 1-3
Béni soit le lien Qui nous unit en Christ AeC 524 : 1-4



[1] Col 3:12-17 (Segond 21) :
12 : « Ainsi donc, comme des êtres choisis de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous de sentiments de compassion, de bonté, d'humilité, de douceur, de patience.
13 : Supportez-vous les uns les autres et, si l'un de vous a une raison de se plaindre d'un autre, pardonnez-vous réciproquement. De même que Christ vous a pardonné, pardonnez-vous aussi.
14 : Mais par-dessus tout cela, revêtez-vous de l'amour, qui est le lien de la perfection.
15 : Que la paix de Christ, à laquelle vous avez été appelés pour former un seul corps, règne dans votre coeur. Et soyez reconnaissants.
16 : Que la parole de Christ habite en vous (ou : parmi vous) dans toute sa richesse; instruisez-vous et avertissez-vous les uns les autres en toute sagesse par des psaumes, par des hymnes, par des cantiques spirituels ; chantez pour le Seigneur de tout votre coeur sous l'inspiration de la grâce (ou : avec reconnaissance) ;
17 Et quoi que vous fassiez, en parole ou en acte, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant par lui des actions de grâces à Dieu le Père. »




[2] Ps 98.1 (Segond 21) : « Chantez en l’honneur de l’Eternel un cantique nouveau, car il a fait des merveilles ! »