L'Amour de Christ Nous
Presse
2Corinthiens 5.11a, 14à21
11Ainsi donc, puisque nous savons ce qu'est la crainte du
Seigneur, nous cherchons à convaincre les hommes… 14C'est que
l'amour de Christ nous presse, parce que nous sommes convaincus que si un seul
est mort pour tous, tous donc sont morts. 15Et s'il est mort pour
tous, c'était afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour
celui qui est mort et ressuscité pour eux. 16Ainsi, désormais, nous
ne percevons plus personne de manière humaine; et si nous avons connu Christ de
manière purement humaine, maintenant nous ne le connaissons plus ainsi. 17Si
quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes
sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. 18Et
tout cela vient de Dieu qui nous a réconciliés avec lui par [Jésus-] Christ et
qui nous a donné le ministère de la réconciliation. 19En effet, Dieu
était en Christ: il réconciliait le monde avec lui-même en ne chargeant pas les
hommes de leurs fautes, et il a mis en nous la parole de la réconciliation. 20Nous
sommes donc des ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu adressait par nous son
appel. Nous supplions au nom de Christ: «Soyez réconciliés avec Dieu! 21[En
effet,] celui qui n'a pas connu le péché, il l'a fait devenir péché pour nous
afin qu'en lui nous devenions justice de Dieu.» Segond 21
L’Evangile de Luc nous raconte qu’un jour Jésus et ses
disciples allaient à Jérusalem en passant par la Samarie. Jésus voulait
rencontrer les gens d’un certain village samaritain et a envoyé des messagers
pour lui préparer cette visite. Mais les gens du village ne l’ont pas reçu
parce qu’il allait à Jérusalem. Jacques et Jean ont bien cru que les gens de ce
village se sont moqués de Jésus et lui ont fait honte. Ils ont donc dit à
Jésus, «Seigneur, veux-tu que nous
ordonnions au feu de descendre du ciel et de les consumer [comme l'a fait
Elie]?» (Luc 9.54) Jésus les a bien réprimandés.
Il m’est arrivé de faire la même bêtise. Pendant mon service
missionnaire, il y avait un village avec deux paroisses luthériennes. Les gens
de ces paroisses ne faisaient que nous
ennuyer. Ils nous adressaient toujours des doléances et des ultimatums. Plus
d’une fois j’ai suggéré à mes collègues que devrions suivre la proposition de
Jacques et Jean : détruire le lieu et recommencer ! Après tout, Dieu
a fait une chose semblable avec le déluge. Evidement nous n’avons jamais suivi
ce conseil, non seulement parce que nous ne disposions pas de moyen pour
détruire le village, mais parce que Dieu avait un meilleur plan. Tout comme les
Samaritains, les gens de ce village étaient des personnes pour qui le Christ
est mort et à qui il voulait que nous prêchions son Evangile. Bien que nous,
faibles hommes, ayons trébuché, l’amour du Christ nous pressait.
Le passage Biblique que nous venons de lire nous indique
comment Paul s’y est pris dans une situation semblable. Dans la ville de
Corinthe il a annoncé la Bonne Nouvelle et fondé une paroisse dynamique.
Cependant, si nous lisons ses lettres à cette église, nous voyons qu’après le
départ de Paul, d’autres personnes sont venus et lui ont causé de grands
ennuis. Ils ont mal parlé de lui, l’ont mis à sa place et se sont exaltés. Ces
« super-apôtres » comme Paul les appellent, l’ont critiqué en disant qu’il
parlait mal et n’était bien pas qualifié. Ils lui ont même reproché de ne pas
avoir pris de salaire des Corinthiens. Eux, par contre, s’exprimaient très
bien, étaient bien qualifiés et recevaient volontiers un salaire !
Le résultat a été que les Chrétiens de Corinthe ont tourné
le regard non pas sur le Christ mais sur plusieurs prédicateurs. Ils se sont scindés en
des partis loyaux à telle ou telle personne. Quelques-uns soutenaient Paul mais
beaucoup lui étaient opposés et lui faisaient de sévères reproches.
Or, dans cette situation Paul aurait pu réagir comme Jacques
et Jean ou comme moi. Il aurait pu agir dans un désir de justice ou de
vengeance, en se lavant les mains de Corinthe. Mais étant leur père spirituel
il était motivé autrement. Il ne pouvait pas rester les mains croisées
lorsqu’on nuisait à ses enfants et à l’église. Ces gens devaient comparaître
devant le tribunal de Christ (5.10). C’est ainsi qu’il a envoyé Tite à Corinthe
pour mieux connaitre la situation. Puis il a écrit la lettre que nous appelons
2ème Corinthiens, une lettre dans laquelle Paul met son âme à nu.
Nous y voyons clairement ce qui le pressait à supporter les moqueries, la
honte, l’emprisonnement et les coups de fouet, et malgré cela de chercher à
convaincre les hommes et les femmes de croire à l’Evangile : l’amour du
Christ le pressait. Il doit en être pareil chez nous, dans l’Eglise et dans le
monde autour de nous. L’amour du Christ doit nous presser nous-aussi !
Paul explique ce qu’il appelle l’amour du Christ : nous
sommes convaincus que si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts.
C’est le fait le plus remarquable de l’histoire du monde, que le Christ s’est
chargé de notre punition et est mort à notre place. Dieu s’est mit en colère
contre nous parce qu’en Adam nous l’avons rejeté et sommes restés rebelles.
Depuis lors, quand nous faisons du mal c’est parce que nous nous sommes séparés
d’avec Dieu et sommes devenu mauvais de nature. C’est pour cela que nous
mourons.
Mais le Christ, lui, a été parfait. Dieu ne s’est jamais mis
en colère contre lui. Néanmoins, parce qu’il nous aime, il a fait souffrir et
mourir son fils à notre place. Dieu a mis fin à sa colère et a satisfait à sa
justice en Christ afin d’user de miséricorde envers nous.
C’est incroyable ça ! Imagine tes douleurs si ton père,
ta mère, ta femme, ton mari ou ton enfant est mort de mort naturelle. Peux-tu
jamais concevoir l’idée d’en offrir un en sacrifice ? Et non pas pour
toi-même mais pour un étranger, un voleur, un violeur, un meurtrier ? Nous
n’en sommes pas capables. Toutefois, c’est ce que Dieu a fait pour nous. Et
c’est justement cet acte qui s’est saisi de Paul et le retenait. Car lui a été
un persécuteur violent des Chrétiens, même complice de leurs meurtres. Pourtant
leur Seigneur est mort pour lui. Et par cette mort, Paul le persécuteur a été
réconcilié avec Dieu. Ainsi écrit-il, « Dieu
était en Christ: il réconciliait le monde avec lui-même en ne chargeant pas les
hommes de leurs fautes. »
Comprenez bien, quand Adam s’est rebellé contre Dieu, il a
subit un changement intérieur, pas Dieu. En Adam, toute l’humanité est tombée
dans la honte et la peur, et notre nature est devenue mauvaise. Ce n’est pas
qu’il y a eu une dispute mutuelle entre Adam et Dieu par laquelle les deux
avaient tort. Non, Adam seul a offensé Dieu et est devenu son ennemi.
Dieu lui n’a pas changé, il n’a jamais cessé de nous aimer.
Il a donc agi pour nous changer afin que nous l’aimions de nouveau. Il a chargé
le Christ de nos péchés, nos fautes, nos offenses au lieu de nous en charger.
Ainsi nous sommes réconciliés avec Dieu et non pas lui avec nous. Nous sommes
pardonnés et changés, pas Dieu. C’est une réconciliation de sens unique.
Que cherche Dieu ? Pourquoi ne pas nous détruire ?
Paul écrit, « Et s'il est mort pour
tous, c'était afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour
celui qui est mort et ressuscité pour eux. » Et puis, « Celui qui n'a
pas connu le péché, [Dieu] l'a fait devenir péché pour nous afin qu'en lui nous
devenions justice de Dieu. » Bref Dieu a voulu tout remettre à neuf.
Avant son péché, Adam était heureux et vivait dans une
parfaite paix et harmonie. Il a été créé à l’image de Dieu et était lui-même juste.
Quand Paul parle du fait que nous devenions justice de Dieu, il semble vouloir
indiquer qu’en Christ nous récupérons un peu de cette image de Dieu, que devant
Dieu nous sommes spirituellement et moralement purs. Nous ne sommes plus
rebelles et ennemis de Dieu ; au lieu de cela, nous sommes ses enfants
bien-aimés qui cherchons à lui plaire. En plus nous recevons la promesse de la
résurrection, une parfaite nouvelle vie physique. Paul dit en conséquence, « Si quelqu'un est en Christ, il est
une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées; voici, toutes choses
sont devenues nouvelles. » Voici donc ce que Paul appelle l’amour du
Christ !
C’est bien cette compréhension qui a tant touché Paul et ses
collègues pour qu’il dise, « l'amour
de Christ nous presse. » Cet amour a transformé Paul et l’obligeait à
chercher à convaincre les hommes, à les supplier de croire à cet amour et être
réconcilié avec Dieu.
Cela a également transformé son point de vue. « Ainsi, désormais, nous ne percevons
plus personne de manière humaine; et si nous avons connu Christ de manière
purement humaine, maintenant nous ne le connaissons plus ainsi. »
Autrefois Paul estimait que Jésus était un
faux prophète et un provocateur galiléen. Jusqu’à ce que Jésus lui soit apparu.
Après cela Paul a comprit qu’aux yeux de Dieu, personne n’est sans valeur. Puis
il a passé le reste de sa vie à chercher à convaincre les gens de l’Evangile
pour qu’ils s’échappent au jugement de Dieu. « Nous sommes donc des
ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu adressait par nous son appel. Nous
supplions au nom de Christ : Soyez réconciliés avec Dieu! »
Eh bien, quelles instruction et consolations pouvons-nous
tirer de cela ? D’abord, la compréhension que nous aussi, nous sommes les
objets de l’amour du Christ. La déclaration « nous sommes convaincus que
si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts » nous inclut. Toi, tu
fais parti du monde que Dieu à réconcilié avec lui en Christ. Tu étais un
pécheur séparés d’avec Dieu mais pas plus. Christ t’a racheté par son sang. Tu
lui appartiens et peux maintenant accomplir sa volonté. Maintenant tu dois te voir, toi et les autres, de ce point de vue. Car, « Si
quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes
sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. »
Ensuite, tu dois penser sans cesse au fait que Christ t’a
racheté et t’a réconcilié avec Dieu. Tu dois laisser cette vérité se répandre
dans ton être afin que l’amour du Christ s’empare de toi et te presse comme
Paul. Quand tu seras animé par la certitude que Christ est mort pour toi et en
train de te refaire à l’image de Dieu, la vie sera différente. Tu sentiras une nouvelle raison d’être et pourras faire
face à des conflits chez toi, au travail et dans l’église avec une nouvelle
force. Mais attention ! Satan, le
monde et ton ancienne nature te pousseront de penser à tout sauf à l’amour du
Christ ; peut-être à quelqu’un qui vraiment t’embête.
Et puis une autre chose : Paul était un apôtre,
missionnaire et ambassadeur extraordinaire. Nous ne partageons pas son office
apostolique, mais l’amour du Christ nous presse de la même façon pour être ses
ambassadeurs. Dieu exhorte les autres par nous !
Nous avons reçu de très puissantes promesses : Si
quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes
sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles… Dieu était en
Christ: il réconciliait le monde avec lui-même en ne chargeant pas les hommes
de leurs fautes… Celui qui n'a pas connu le péché, il l'a fait devenir péché
pour nous afin qu'en lui nous devenions justice de Dieu.
Si tu entends et comprends ces paroles, le Saint-Esprit peut
créer la foi en Christ dans ton cœur et l’amour du Christ te pressera aussi.
Mais si tu ne les entends pas ou ne les comprends pas, Christ et son amour
resteront un phénomène étranger et obscur. On ne peut pas mettre sa confiance
en un Sauveur que l’on ne connaît ni comprend !
Faisons donc tout notre possible pour que nous mêmes, nos
familles, nos amis et nos collègues écoutent et comprennent la Parole de Dieu.
Lisez la Bible chez vous, régulièrement. Soutenez et encouragez vos enfants,
petits frères et sœurs dans leurs études du Catéchisme. N’hésitez pas à parler
aux autres de votre espérance en Christ chaque fois que vous en avez
l’occasion. Ce n’est pas toujours facile. C’est une mission qui exige beaucoup
d’effort, de temps et de courage. Mais faire cet effort pour les autres, c’est
la mission des ambassadeurs du Christ qui sont pressés par son amour !
Chers frères et sœurs en Christ, dans cette vie nous
connaitrons pas mal de frustrations et ferons face à l’ingratitude et
l’opposition, même dans l’église. Notre ancienne nature préfère partir ou
détruire la source de cet ennui. A la place, pensons sans cesse à l’amour du
Christ et à la réconciliation avec Dieu. Soyons la nouvelle créature que nous
sommes. Que cette vérité nous presse à un grand service dans le Royaume de Dieu
! Amen.
Pasteur David Maffett