mercredi 19 septembre 2012

Sermon du dimanche 16 Septembre 2012

15ème dimanche après la trinité


L'Amour de Christ Nous Presse
2Corinthiens 5.11a, 14à21
11Ainsi donc, puisque nous savons ce qu'est la crainte du Seigneur, nous cherchons à convaincre les hommes… 14C'est que l'amour de Christ nous presse, parce que nous sommes convaincus que si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts. 15Et s'il est mort pour tous, c'était afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. 16Ainsi, désormais, nous ne percevons plus personne de manière humaine; et si nous avons connu Christ de manière purement humaine, maintenant nous ne le connaissons plus ainsi. 17Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. 18Et tout cela vient de Dieu qui nous a réconciliés avec lui par [Jésus-] Christ et qui nous a donné le ministère de la réconciliation. 19En effet, Dieu était en Christ: il réconciliait le monde avec lui-même en ne chargeant pas les hommes de leurs fautes, et il a mis en nous la parole de la réconciliation. 20Nous sommes donc des ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu adressait par nous son appel. Nous supplions au nom de Christ: «Soyez réconciliés avec Dieu! 21[En effet,] celui qui n'a pas connu le péché, il l'a fait devenir péché pour nous afin qu'en lui nous devenions justice de Dieu.» Segond 21

L’Evangile de Luc nous raconte qu’un jour Jésus et ses disciples allaient à Jérusalem en passant par la Samarie. Jésus voulait rencontrer les gens d’un certain village samaritain et a envoyé des messagers pour lui préparer cette visite. Mais les gens du village ne l’ont pas reçu parce qu’il allait à Jérusalem. Jacques et Jean ont bien cru que les gens de ce village se sont moqués de Jésus et lui ont fait honte. Ils ont donc dit à Jésus, «Seigneur, veux-tu que nous ordonnions au feu de descendre du ciel et de les consumer [comme l'a fait Elie]?» (Luc 9.54) Jésus les a bien réprimandés.
Il m’est arrivé de faire la même bêtise. Pendant mon service missionnaire, il y avait un village avec deux paroisses luthériennes. Les gens de ces paroisses ne faisaient que  nous ennuyer. Ils nous adressaient toujours des doléances et des ultimatums. Plus d’une fois j’ai suggéré à mes collègues que devrions suivre la proposition de Jacques et Jean : détruire le lieu et recommencer ! Après tout, Dieu a fait une chose semblable avec le déluge. Evidement nous n’avons jamais suivi ce conseil, non seulement parce que nous ne disposions pas de moyen pour détruire le village, mais parce que Dieu avait un meilleur plan. Tout comme les Samaritains, les gens de ce village étaient des personnes pour qui le Christ est mort et à qui il voulait que nous prêchions son Evangile. Bien que nous, faibles hommes, ayons trébuché, l’amour du Christ nous pressait.
Le passage Biblique que nous venons de lire nous indique comment Paul s’y est pris dans une situation semblable. Dans la ville de Corinthe il a annoncé la Bonne Nouvelle et fondé une paroisse dynamique. Cependant, si nous lisons ses lettres à cette église, nous voyons qu’après le départ de Paul, d’autres personnes sont venus et lui ont causé de grands ennuis. Ils ont mal parlé de lui, l’ont mis à sa place et se sont exaltés. Ces « super-apôtres » comme Paul les appellent, l’ont critiqué en disant qu’il parlait mal et n’était bien pas qualifié. Ils lui ont même reproché de ne pas avoir pris de salaire des Corinthiens. Eux, par contre, s’exprimaient très bien, étaient bien qualifiés et recevaient volontiers un salaire !
Le résultat a été que les Chrétiens de Corinthe ont tourné le regard non pas sur le Christ mais sur  plusieurs prédicateurs. Ils se sont scindés en des partis loyaux à telle ou telle personne. Quelques-uns soutenaient Paul mais beaucoup lui étaient opposés et lui faisaient de sévères reproches.
Or, dans cette situation Paul aurait pu réagir comme Jacques et Jean ou comme moi. Il aurait pu agir dans un désir de justice ou de vengeance, en se lavant les mains de Corinthe. Mais étant leur père spirituel il était motivé autrement. Il ne pouvait pas rester les mains croisées lorsqu’on nuisait à ses enfants et à l’église. Ces gens devaient comparaître devant le tribunal de Christ (5.10). C’est ainsi qu’il a envoyé Tite à Corinthe pour mieux connaitre la situation. Puis il a écrit la lettre que nous appelons 2ème Corinthiens, une lettre dans laquelle Paul met son âme à nu. Nous y voyons clairement ce qui le pressait à supporter les moqueries, la honte, l’emprisonnement et les coups de fouet, et malgré cela de chercher à convaincre les hommes et les femmes de croire à l’Evangile : l’amour du Christ le pressait. Il doit en être pareil chez nous, dans l’Eglise et dans le monde autour de nous. L’amour du Christ doit nous presser nous-aussi !
Paul explique ce qu’il appelle l’amour du Christ : nous sommes convaincus que si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts. C’est le fait le plus remarquable de l’histoire du monde, que le Christ s’est chargé de notre punition et est mort à notre place. Dieu s’est mit en colère contre nous parce qu’en Adam nous l’avons rejeté et sommes restés rebelles. Depuis lors, quand nous faisons du mal c’est parce que nous nous sommes séparés d’avec Dieu et sommes devenu mauvais de nature. C’est pour cela que nous mourons.
Mais le Christ, lui, a été parfait. Dieu ne s’est jamais mis en colère contre lui. Néanmoins, parce qu’il nous aime, il a fait souffrir et mourir son fils à notre place. Dieu a mis fin à sa colère et a satisfait à sa justice en Christ afin d’user de miséricorde envers nous.
C’est incroyable ça ! Imagine tes douleurs si ton père, ta mère, ta femme, ton mari ou ton enfant est mort de mort naturelle. Peux-tu jamais concevoir l’idée d’en offrir un en sacrifice ? Et non pas pour toi-même mais pour un étranger, un voleur, un violeur, un meurtrier ? Nous n’en sommes pas capables. Toutefois, c’est ce que Dieu a fait pour nous. Et c’est justement cet acte qui s’est saisi de Paul et le retenait. Car lui a été un persécuteur violent des Chrétiens, même complice de leurs meurtres. Pourtant leur Seigneur est mort pour lui. Et par cette mort, Paul le persécuteur a été réconcilié avec Dieu. Ainsi écrit-il, « Dieu était en Christ: il réconciliait le monde avec lui-même en ne chargeant pas les hommes de leurs fautes. »
Comprenez bien, quand Adam s’est rebellé contre Dieu, il a subit un changement intérieur, pas Dieu. En Adam, toute l’humanité est tombée dans la honte et la peur, et notre nature est devenue mauvaise. Ce n’est pas qu’il y a eu une dispute mutuelle entre Adam et Dieu par laquelle les deux avaient tort. Non, Adam seul a offensé Dieu et est devenu son ennemi.
Dieu lui n’a pas changé, il n’a jamais cessé de nous aimer. Il a donc agi pour nous changer afin que nous l’aimions de nouveau. Il a chargé le Christ de nos péchés, nos fautes, nos offenses au lieu de nous en charger. Ainsi nous sommes réconciliés avec Dieu et non pas lui avec nous. Nous sommes pardonnés et changés, pas Dieu. C’est une réconciliation de sens unique.
Que cherche Dieu ? Pourquoi ne pas nous détruire ? Paul écrit, « Et s'il est mort pour tous, c'était afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. » Et puis, « Celui qui n'a pas connu le péché, [Dieu] l'a fait devenir péché pour nous afin qu'en lui nous devenions justice de Dieu. » Bref Dieu a voulu tout remettre à neuf.
Avant son péché, Adam était heureux et vivait dans une parfaite paix et harmonie. Il a été créé à l’image de Dieu et était lui-même juste. Quand Paul parle du fait que nous devenions justice de Dieu, il semble vouloir indiquer qu’en Christ nous récupérons un peu de cette image de Dieu, que devant Dieu nous sommes spirituellement et moralement purs. Nous ne sommes plus rebelles et ennemis de Dieu ; au lieu de cela, nous sommes ses enfants bien-aimés qui cherchons à lui plaire. En plus nous recevons la promesse de la résurrection, une parfaite nouvelle vie physique. Paul dit en conséquence, « Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. » Voici donc ce que Paul appelle l’amour du Christ !
C’est bien cette compréhension qui a tant touché Paul et ses collègues pour qu’il dise, « l'amour de Christ nous presse. » Cet amour a transformé Paul et l’obligeait à chercher à convaincre les hommes, à les supplier de croire à cet amour et être réconcilié avec Dieu.
Cela a également transformé son point de vue. « Ainsi, désormais, nous ne percevons plus personne de manière humaine; et si nous avons connu Christ de manière purement humaine, maintenant nous ne le connaissons plus ainsi. » Autrefois Paul  estimait que Jésus était un faux prophète et un provocateur galiléen. Jusqu’à ce que Jésus lui soit apparu. Après cela Paul a comprit qu’aux yeux de Dieu, personne n’est sans valeur. Puis il a passé le reste de sa vie à chercher à convaincre les gens de l’Evangile pour qu’ils s’échappent au jugement de Dieu. « Nous sommes donc des ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu adressait par nous son appel. Nous supplions au nom de Christ : Soyez réconciliés avec Dieu! »
Eh bien, quelles instruction et consolations pouvons-nous tirer de cela ? D’abord, la compréhension que nous aussi, nous sommes les objets de l’amour du Christ. La déclaration « nous sommes convaincus que si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts » nous inclut. Toi, tu fais parti du monde que Dieu à réconcilié avec lui en Christ. Tu étais un pécheur séparés d’avec Dieu mais pas plus. Christ t’a racheté par son sang. Tu lui appartiens et peux maintenant accomplir sa volonté. Maintenant tu dois te voir, toi et les autres, de ce point de vue. Car, « Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. »
Ensuite, tu dois penser sans cesse au fait que Christ t’a racheté et t’a réconcilié avec Dieu. Tu dois laisser cette vérité se répandre dans ton être afin que l’amour du Christ s’empare de toi et te presse comme Paul. Quand tu seras animé par la certitude que Christ est mort pour toi et en train de te refaire à l’image de Dieu, la vie sera différente. Tu sentiras une nouvelle raison d’être et pourras faire face à des conflits chez toi, au travail et dans l’église avec une nouvelle force. Mais attention ! Satan, le monde et ton ancienne nature te pousseront de penser à tout sauf à l’amour du Christ ; peut-être à quelqu’un qui vraiment t’embête.
Et puis une autre chose : Paul était un apôtre, missionnaire et ambassadeur extraordinaire. Nous ne partageons pas son office apostolique, mais l’amour du Christ nous presse de la même façon pour être ses ambassadeurs. Dieu exhorte les autres par nous !
Nous avons reçu de très puissantes promesses : Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles… Dieu était en Christ: il réconciliait le monde avec lui-même en ne chargeant pas les hommes de leurs fautes… Celui qui n'a pas connu le péché, il l'a fait devenir péché pour nous afin qu'en lui nous devenions justice de Dieu.
Si tu entends et comprends ces paroles, le Saint-Esprit peut créer la foi en Christ dans ton cœur et l’amour du Christ te pressera aussi. Mais si tu ne les entends pas ou ne les comprends pas, Christ et son amour resteront un phénomène étranger et obscur. On ne peut pas mettre sa confiance en un Sauveur que l’on ne connaît ni comprend !
Faisons donc tout notre possible pour que nous mêmes, nos familles, nos amis et nos collègues écoutent et comprennent la Parole de Dieu. Lisez la Bible chez vous, régulièrement. Soutenez et encouragez vos enfants, petits frères et sœurs dans leurs études du Catéchisme. N’hésitez pas à parler aux autres de votre espérance en Christ chaque fois que vous en avez l’occasion. Ce n’est pas toujours facile. C’est une mission qui exige beaucoup d’effort, de temps et de courage. Mais faire cet effort pour les autres, c’est la mission des ambassadeurs du Christ qui sont pressés par son amour !
Chers frères et sœurs en Christ, dans cette vie nous connaitrons pas mal de frustrations et ferons face à l’ingratitude et l’opposition, même dans l’église. Notre ancienne nature préfère partir ou détruire la source de cet ennui. A la place, pensons sans cesse à l’amour du Christ et à la réconciliation avec Dieu. Soyons la nouvelle créature que nous sommes. Que cette vérité nous presse à un grand service dans le Royaume de Dieu ! Amen.
Pasteur David Maffett

Sermon du dimanche 9 Septembre 2012

14ème dimanche après la trinité


Dieu t’a fait grande miséricorde ; rends-lui donc grande gloire.

Luc 17.11à19
Alors qu'il se rendait à Jérusalem, Jésus passa entre la Samarie et la Galilée. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils se tinrent à distance  et se mirent à lui dire: «Jésus, maître, aie pitié de nous!»  Lorsqu'il les vit, Jésus leur dit: «Allez vous montrer aux prêtres.» Pendant qu'ils y allaient, ils furent guéris.  L'un d'eux, se voyant guéri, revint sur ses pas en rendant gloire à Dieu à haute voix.  Il tomba le visage contre terre aux pieds de Jésus et le remercia. C'était un Samaritain.  Jésus prit la parole et dit: «Les dix n'ont-ils pas été guéris? Et les neuf autres, où sont-ils?  Ne s'est-il trouvé que cet étranger pour revenir et rendre gloire à Dieu?»  Puis il lui dit: «Lève-toi, vas-y, ta foi t'a sauvé.»

Au Togo, nous avons souvent eu l’occasion d’aider les autres, plus qu’on ne voulait ! Ce qui m’a toujours laissé perplexe était la différence entre ceux qui nous ont remercié pour une aide et ceux qui ne l’ont pas fait. En général, la culture exigeait que celui qui a reçu une aide donne un cadeau à son bienfaiteur en remerciement. Au début, presque toute personne que nous avons aidée nous a présenté un cadeau un peu plus tard. Mais avec le temps de moins en moins de gens nous remerciaient de cette façon.
En fait il y a eu une sorte de progression : ceux qui nous connaissaient mieux nous offraient moins de cadeau que ceux qui ne nous connaissaient guère. Souvent une personne qui avait reçu une grande aide ne donnait rien tandis que celle qui avait reçu très peu donnait un cadeau qui dépassait en valeur l’aide reçu. Ou bien, ceux qui avaient les moyens de faire un cadeau ne donnaient pas tandis que ceux sans moyens raclaient les fonds de tiroir pour pouvoir donner quelque chose. Je pense que nous pouvons comprendre ces attitudes. Par exemple, pourquoi exprimons-nous rarement notre gratitude dans la famille ? Ou pourquoi devient-il plus difficile de donner la dime à Dieu ?
On peut trouver une réponse à ces questions dans le récit de la guérison des dix lépreux. Il parait que nous rendons gloire à Dieu en proportion de la miséricorde que nous reconnaissons avoir reçue. Ce n’est pas tellement la question de ce que nous avons reçu mais de notre reconnaissance d’avoir reçu miséricorde, un bienfait immérité. La miséricorde de Dieu suscite nos actions de grâce. Si nous ne lui rendons pas gloire, c’est sans doute que nous avons oublié--ou ignorons--qu’il nous a tant fait miséricorde. Ce lépreux samaritain nous rappelle une grande vérité que nous devons nous rappeler tous les jours : Dieu t’a fait grande miséricorde ; rends-lui donc grande gloire.
Les dix lépreux crient, «Jésus, maître, aie pitié de nous!» On crie miséricorde étant dans une situation sans appui. Un criminel condamné attendant sa punition crie miséricorde, un pardon immérité, le contraire de ce qu’il mérite. Un pauvre débiteur incapable de rembourser ses dettes pourrait demander pitié pour sa créancier afin d’éviter la prison. Si le créancier lui remet la dette à laquelle il a droit, c’est la miséricorde. Si tu souffres ou es en péril, de quelque façon que ce soit, et que quelqu’un d’autre sans aucune obligation te sauve, c’est la miséricorde.
La lèpre était une maladie débilitante dont on mourait lentement, partie par partie du corps, jusqu’à la perte d’une fonction vitale. A l’époque il n’y avait pas de cure. Le seul espoir pour un lépreux était une intervention divine, un miracle. Comme perspective, la lèpre était très semblable au SIDA dans sa façon de tuer lentement la personne. Mais à l’époque la lèpre était pire que le SIDA parce qu’il entrainait une séparation de Dieu et de son peuple, une sorte de condamnation. La loi de Moïse dit, «Le lépreux atteint de la plaie portera des vêtements déchirés et aura la tête nue; il se couvrira la barbe et criera: 'Impur! Impur!' Aussi longtemps qu'il aura la plaie, il sera impur. Il est impur. Il habitera seul et sa tente sera à l'extérieur du camp.» (Lv 13.45s)
Le lépreux n’avait plus sa place dans la société ; il ne pouvait pas monter au temple, ne pouvait offrir un sacrifice, n’avait aucun moyen de s’approcher de Dieu. Ainsi considérait-on la lèpre comme punition divine. Nous nous souvenons par exemple de Miriam que Dieu a frappée de lèpre pendant une semaine. Ou de Guéhazi, le serviteur du prophète Elisée, qui a hérité la lèpre de Naaman comme récompense de son avarice et mensonge. Encore, le seul espoir au lépreux était l’intervention de Dieu, son pardon et guérison.
Alors ces 10 hommes ont vu en Jésus l’espoir de guérison. Jésus parcourait le pays en faisant de grands miracles et pardonnait les péchés. Les lépreux crient miséricorde à Jésus sans droit ou titre aucun. Ils ne pouvaient même pas s’en approcher. Ils n’ont fait que rester à distance et crier miséricorde. Jésus répond, «Allez vous montrer aux prêtres.» Leur supplication a été exaucée ! Il ne restait plus qu’aux  prêtres à les déclarer purs pour qu’ils rentrent chez eux. Ils ont reçu miséricorde !
Ce récit nous aide à comprendre notre position devant Dieu. Nous avons une espèce de lèpre spirituelle, le péché, qui nous rend impurs, indigne de la présence de Dieu. Rappelez-vous Adam. L'Eternel Dieu donna cet ordre à l'homme: «Tu pourras manger les fruits de tous les arbres du jardin, mais tu ne mangeras pas le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras, c'est certain.» ( Gn 2.16s) Vous connaissez bien la suite. Adam a mangé du fruit défendu. Puis il a subi un changement dans sa nature. Il est devenu pécheur et avait honte et peur de Dieu. Son rapport avec Dieu a été brisé et Dieu l’a chassé du jardin d’Eden.
Le pire, c’est qu’Adam n’avait aucun moyen de compenser sa rébellion. Il ne pouvait pas devenir à nouveau ce qu’il n’était plus, un homme parfait. Non, il était désormais frappé d’une condition semblable à la lèpre, avec ses plaies et corps mourant. Cette séparation de Dieu est une vraie mort spirituelle qui aboutit inlassablement à la mort physique. Vous et moi sommes nés dans cette condition. Par nature nous désobéissons à Dieu comme Adam ; nous sommes incapables d’obéir. Nous méprisons, nous convoitons, nous volons, nous mentons. Et nous savons que nous méritons la punition de Dieu tout en ayant besoin de sa bénédiction. Notre péché nous sépare de Dieu tout comme celui d’Adam. Dieu a le péché en horreur comme nous la lèpre ou le SIDA. Le péché gagne, contamine et tue. Nous sommes impurs devant Dieu, sans appui. A qui crier miséricorde ?
Eh bien, à Jésus, tout comme les 10 lépreux ! De la même façon qu’il a eu pitié de ces hommes-là il a eu pitié de toute la race humaine. Lorsque nous étions morts à cause de nos fautes, de nos péchés, de notre lèpre. Lorsque nous étions ennemis de Dieu, Christ est mort pour nous.
La loi de Moïse prescrivait un rite de purification de la lèpre très long et couteux. Il fallait huit jours, deux oiseaux, deux agneaux, une brebis, des litres d’huile, de fleur de farine et de l’eau. Il fallait offrir les animaux en sacrifice et mettre du sang et de l’huile sur la personne purifiée. Pour notre purification à nous il a fallu la mort du Fils de Dieu. Il a été notre agneau offert en sacrifice afin que, par son sang, nous soyons purifiés du péché. C’était un sacrifice de pure miséricorde. Nous n’avons rien mérité et n’y avons en rien contribué. En fait, nous n’avons même eu à chercher Jésus et à lui crier miséricorde comme les 10 lépreux. Jésus est venu pour nous de sa propre volonté. Il nous a apporté la paix et la guérison avant même que nous sachions en avoir besoin.
Nous devons constater ici le rôle de la foi. Les hommes lépreux ont démontré une foi surprenante en Jésus semblable à celle de Pierre quand il a marché sur l’eau. Jésus n’a pas dit, «Je vous guéris.» Il leur a seulement dit d’aller se montrer aux prêtres. Ils ont compris, et sont allés voir les prêtres uniquement pour se faire déclarer pur. Donc en y allant, ils ont été guéris. Ces hommes ne croyaient peut-être pas encore que Jésus était le Messie, le Fils de Dieu, mais ils croyaient certainement à son pouvoir de guérir. La foi, c’est ce qui reconnait en Jésus l’autorité, le pouvoir de guérir et de pardonner. La foi est l’assurance que Jésus exaucera notre cri de miséricorde, qu’il veut avoir pitié de nous.
La foi ne rend pas Jésus miséricordieux. Dieu n’a pas offert son Fils en sacrifice pour nous à cause de notre foi. C’est bien le contraire. Le sacrifice de Jésus a créé notre foi, a fait naitre en nous l’espérance. Nous mettons notre confiance en Christ parce que nous croyons qu’il est mort et ressuscité pour nous. Notre foi est donc le moyen par lequel chacun de nous reçoit le bénéfice du sacrifice de Jésus. C’est ce qui nous fait nous accrocher à Jésus. Il dit donc au Samaritain, «Lève-toi, vas-y, ta foi t'a sauvé.»
Que fait celui qui a reçu la miséricorde ? Il remercie et rend gloire à Dieu comme le Samaritain. Jésus l’a sorti d’une existence misérable. Qu’aurait-il pu faire autre que se prosterner devant Jésus et le remercier ? Et nous, comment pouvons-nous rendre gloire à Dieu pour la grande miséricorde qu’il a eu pour nous ? Le prophète Michée a dit à Israël, «On t'a fait connaître, homme, ce qui est bien et ce que l'Eternel demande de toi: c'est que tu mettes en pratique le droit, que tu aimes la bonté et que tu marches humblement avec ton Dieu.» (Mi 6.8) Bref, nous aimer les uns les autres, servir les autres, surtout nos frères et soeurs chrétiens, donner nos offrandes à Dieu en reconnaissance des ses bénédictions.
Notre amour pour Dieu est proportionnel à la miséricorde que nous reconnaissons avoir reçue. Le Samaritain a reconnu avoir reçu une très grande miséricorde et en était reconnaissant. Et les neuf autres, pourquoi n’ont-ils rien fait ? Je ne sais pas. Peu importe la raison ; ce qui compte c’est la réaction du Samaritain. Lui a fait ce qui plaît à Dieu.
Rendre gloire à Dieu est très important car il nous garde de nous tromper. Moïse dit à Israël, «Lorsque tu mangeras à satiété, lorsque tu construiras et habiteras de belles maisons, lorsque tu verras ton gros et ton petit bétail se multiplier, ton argent et ton or augmenter et tout ce qui est à toi se développer, attention! Ne laisse pas ton coeur s'enorgueillir et n'oublie pas l'Eternel, ton Dieu. C'est lui qui t'a fait sortir d'Egypte, de la maison d'esclavage, … Fais bien attention à ne pas dire dans ton coeur: ‘C'est ma force et la puissance de ma main qui m'ont permis d'acquérir ces richesses.’ Souviens-toi de l'Eternel, ton Dieu, car c'est lui qui te donnera de la force pour les acquérir afin de confirmer, comme il le fait aujourd'hui, son alliance qu'il a conclue avec tes ancêtres en prêtant serment.» (Dt 8.12-14, 17-18)
Il y a un vrai danger que nous oubliions la source de notre science, notre intelligence et notre capacité de produire tant de choses. Ca vient de Dieu ! Il y a également un vrai danger qu’avec le temps, après avoir été Chrétien depuis longtemps, peut-être né dans une famille chrétienne, que nous oubliions la grande miséricorde que Dieu nous a fait en Christ. Nous pouvons alors penser que Dieu est inutile ou même qu’il n’existe pas. Nous avons donc besoin de remercier Dieu, de lui rendre gloire afin de ne pas oublier sa grande miséricorde.
Dieu t’a fait grande miséricorde ; rends-lui donc grande gloire. Amen !

Pasteur David Maffett

Sermon du dimanche 2 Septembre 2012


13ème dimanche après la trinité
Culte d'installation

Matthieu 20.1à16 

Critiquer la Grâce ?

Que prêcher le jour de son installation ? Bien sur, la Parole de Dieu ! Mais quelle partie ? Puisque aujourd’hui est le début de notre vie ensemble et que ce qu’on dit peut donner le ton à ce qui suit, il m’a paru bon de commencer par ce qui est au fond de notre foi chrétienne : la grâce de Dieu.
La grâce est un don. C’est quand tu reçois ce que tu ne mérite pas. Dans la Bible, la grâce est le fait que Dieu ne nous traite pas selon ce que nous méritons mais qu’il nous donne librement ce que nous ne pourrions jamais atteindre. Dieu a manifesté sa grâce en envoyant son Fils à souffrir et mourir à cause de notre péché afin que nous ne soyons jugés et condamnés à l’enfer. Par cette grâce, nous ressusciterons des morts et irons au ciel. Tout cela est gratuit, injuste et immérité. Voilà la grâce, un concept fondamental de la foi chrétienne.
Mais est-ce que nous comprenons vraiment la grâce, en particulier qu’il s’agit d’un amour immérité, une miséricorde ? Pour nous faire comprendre, Jésus nous raconte l’histoire des ouvriers dans la vigne. Ecoutez.
«Voici, en effet, à quoi ressemble le Royaume des cieux: Un propriétaire sortit tôt le matin afin d'engager des ouvriers pour sa vigne. 2 Il convint avec eux de leur payer le salaire habituel, une pièce d'argent par jour, et les envoya travailler dans sa vigne. 3 Il sortit de nouveau à neuf heures du matin et en vit d'autres qui se tenaient sur la place sans rien faire. 4 Il leur dit: ‹Allez, vous aussi, travailler dans ma vigne et je vous donnerai un juste salaire.› 5 Et ils y allèrent. Le propriétaire sortit encore à midi, puis à trois heures de l'après-midi et fit de même. 6 Enfin, vers cinq heures du soir, il sortit et trouva d'autres hommes qui se tenaient encore sur la place. Il leur demanda: ‹Pourquoi restez-vous ici tout le jour sans rien faire?› - 7 ‹Parce que personne ne nous a engagés›, répondirent-ils. Il leur dit: ‹Eh bien, allez, vous aussi, travailler dans ma vigne.›
 8 «Quand vint le soir, le propriétaire de la vigne dit à son contremaître: ‹Appelle les ouvriers et paie à chacun son salaire. Tu commenceras par les derniers engagés et tu termineras par les premiers engagés.› 9 Ceux qui s'étaient mis au travail à cinq heures du soir vinrent alors et reçurent chacun une pièce d'argent. 10 Quand ce fut le tour des premiers engagés, ils pensèrent qu'ils recevraient plus; mais on leur remit aussi à chacun une pièce d'argent. 11 En la recevant, ils critiquaient le propriétaire 12 et disaient: ‹Ces ouvriers engagés en dernier n'ont travaillé qu'une heure et tu les as payés comme nous qui avons supporté la fatigue d'une journée entière de travail sous un soleil brûlant!› 13 Mais le propriétaire répondit à l'un d'eux: ‹Mon ami, je ne te cause aucun tort. Tu as convenu avec moi de travailler pour une pièce d'argent par jour, n'est-ce pas? 14 Prends donc ton salaire et vas-t-en. Je veux donner à ce dernier engagé autant qu'à toi. 15 N'ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mon argent? Ou bien es-tu jaloux parce que je suis bon?› 16 Ainsi, ajouta Jésus, ceux qui sont les derniers seront les premiers et ceux qui sont les premiers seront les derniers.» BFC
Un propriétaire sort et engage les ouvriers pour sa vigne. Ce sont des hommes qui n’ont pas d’emploi à plein temps. Eux et leurs familles vivent au jour le jour. S’ils trouvent du travail ce jour-là ils mangent; sinon ils ne mangent peut-être pas. Le propriétaire commence à chercher des ouvriers dès l’aube et ne cesse de chercher jusqu’au coucher du soleil. Ce n’était pas qu’il avait toujours besoin d’ouvriers à la fin de la journée, mais que ces ouvriers avaient besoin de travail. Le propriétaire ne cherchait pas son propre bien mais celui de ces hommes qui n’avaient pas de travail et donc pas de salaire.
A la fin de la journée quelques uns des ouvriers ont reçu le salaire d’une journée entière pour seulement une demi-journée de travail et d’autres le même salaire pour pratiquement aucun effort. Ils ont reçu ce qu’ils n’ont pas mérité. Les premiers engagés ont reconnu que ce n’était pas juste. Ils ont été en désaccord avec cet acte de grâce et ont critiqué le propriétaire. Le propriétaire leur a répondu qu’il n’a fait aucun tort. Il leur a donné le salaire sur lequel ils se sont mis d’accord. Mais il a voulu faire de même aux autres. Ce n’est pas une affaire d’équité mais de sa bonne volonté. Il a voulu être généreux.
Jésus dit que le Royaume des cieux ressemble à cela. Il y a des gens qui, à la dernière heure, entendront l’Evangile, y croiront et iront au ciel, des gens qui manifestement ne le méritent pas : voleurs, tricheurs et menteurs, prostituées, maquereaux et ceux qui battent leur femme. Dieu, par grâce, leur pardonnera leurs fautes les rendant égaux aux autres qui se sont efforcés toute leur vie de mener une vie juste et pieuse. Cette pensée peut nous pousser à critiquer Dieu, ne serait-ce qu’en pensée. Mais ça peut être une bonne chose ! Car étant en désaccord avec Dieu nous avons peut-être saisi la vraie nature de sa grâce.
Or, malgré ce que nous dirons aux autres, vous et moi nous nous prenons pour des gens assez bons. Nous sommes de bons types qui fréquent l’église et non pas des voleurs, meurtriers et maquereaux. Nous ne sommes pas comme Anders Breivik ou Michelle Martin. Si donc Dieu nous fait grâce, s’il ferme les yeux sur nos petites erreurs ou défauts et nous accueille au ciel, eh bien ça se comprend.
Mais si Dieu montrait la même miséricorde à un vrai mauvais type, un Anders Breivik ou une Michelle Martin ? Pense à la personne la plus mauvaise que tu connais, celle que tu considère la plus malhonnête, plus menteuse, plus hypocrite que jamais. Et si cette personne écoutait la parole de Jésus, se repentait et que Dieu lui pardonnait ? En serais-tu content ou critiquerais-tu Dieu en pensée et dirais-tu que ce n’est pas juste ? Toi, tu as fait de ton mieux pour mener une vie juste. Cet autre n’a rien fait. Comment Dieu peut-il lui pardonner et l’accepter dans son église tout comme toi ? Tu pourrais te fâcher comme les ouvriers dans l’histoire de Jésus. Ils critiquaient le propriétaire et disaient: ‹Ces ouvriers engagés en dernier n'ont travaillé qu'une heure et tu les as payés comme nous qui avons supporté la fatigue d'une journée entière de travail sous un soleil brûlant!›
Nous nous identifions facilement avec ceux qui ont critiqué car la grâce n’est pas juste ! Cependant, Jésus dit que le royaume des cieux ressemble à cette histoire. L’entrée au royaume est par grâce. Comme Paul le dit dans sa lettre aux Ephésiens, Car c'est par la grâce de Dieu que vous avez été sauvés, au moyen de la foi. Ce salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu; il n'est pas le résultat de vos efforts, et ainsi personne ne peut se vanter. (Eph 2.8s) Cela veut dire que vous et moi, nous avons reçu ce que nous n’avons pas mérité tout comme ces ouvriers d’une heure. En ce qui concerne la justice ou notre justification, notre bonne conduite ne compte pour rien devant Dieu. Nos efforts à garder ses commandements ne compensent pas nos anciennes fautes. Tout est supprimé, même pour les plus mauvaises personnes, par la mort et la résurrection de Jésus, c’est-à-dire, par grâce ! Tout comme les ouvriers de l'histoire, nous avons reçu le salaire d’une journée entière pour une heure de travail. Nous avons tout pour rien.
Quand cela nous arrive c’est bon. Nous aimons recevoir des dons et pensons souvent que nous les méritons. Mais quand nous voyons qu’un autre reçoit ce qu’il ne mérite pas, cela nous irrite. C’est sans doute pour cette raison que c’est un thème qui revient souvent dans la Bible.
Par exemple, dans la parabole du fils perdu et retrouvé, le fils aîné a critiqué son père de son acte de grâce. « Écoute, il y a tant d'années que je te sers sans avoir jamais désobéi à l'un de tes ordres. Pourtant, tu ne m'as jamais donné même un chevreau pour que je fasse la fête avec mes amis. Mais quand ton fils que voilà revient, lui qui a dépensé entièrement ta fortune avec des prostituées, pour lui tu fais tuer le veau que nous avons engraissé ! » (Luc 15.29s) A sa place, vous et moi aurions ressenti la même injustice.
Ou bien considérez la grâce que Dieu a fait au roi Achab, un des plus mauvais personnages de la Bible. Achab s’est donné entièrement à l'idolâtrie et a tué les vrais prophètes de Dieu. Il a fait assassiner Naboth pour lui voler sa vigne et a pris plaisir plus que tout le monde à faire ce qui  déplaît au Seigneur. Mais quand Dieu envoie le prophète Elie à Achab pour annoncer son jugement sur Achab et sa famille, Achab s’humilie devant Dieu et Dieu le laisse en vie. On veut crier à haute voix, «C’est pas juste ! »
De tels événements nous permettent de voir ce qu’est la grâce : amour et miséricorde immérités à cent pour cent. C’est l’amour de Dieu pour les pécheurs, pour ses ennemis ! Ce n’est pas l’amour de Dieu pour les personnes généralement convenable. Ce n’est pas que Dieu ferme les yeux sur nos petits défauts. Aucun de nous, de soi-même, n’est assez bon pour le royaume de Dieu. Nous voyons cela quand nous regardons dans le miroir de la Loi de Dieu. Si tu hais ton frère, tu l’as déjà tué en toi-même, dans ton coeur. Si tu désires une femme ou un homme qui n’est pas ton épouse ou ton époux, tu as déjà fait un adultère. Ce sont de mauvaises pensées pour lesquelles nous devrions subir le jugement de Dieu. Mais par la foi en Christ, ces péchés sont pardonnés. Nous avons reçu la grâce ! 
Jésus termine cette histoire par des mots un peu curieux, Ainsi ceux qui sont les derniers seront les premiers et ceux qui sont les premiers seront les derniers. Il veut nous faire voir les choses d’une autre perspective. Dans ce cas, ceux qui ressemblent aux ouvriers engagés au dernier moment, qui n’ont travaillé qu’une heure, sont bénis. Ils peuvent devenir des grands dans le royaume de Dieu. Ils ont été surpris d’avoir reçu le salaire d’une journée entière. Ils sont entrés dans le Royaume par grâce. Ceux qui critiquent se fabriquent un problème. Ils commencent à se disputer avec Dieu sur ce qui est juste. Vous ne voulez pas y aller ! Si Dieu nous donnait ce que notre comportement mérite, ce ne serait pas joli à voir. Nous ne serions pas que les derniers, nous serions exclus du royaume. Nous ne voulons donc pas ce que nous méritons. Nous voulons la grâce.
Alors critiquer quand les autres reçoivent une grâce, est un réveil qui nous indique que nous risquons d’oublier que nous vivons tous par la grâce seule. Jésus répond à une de ses critiques, Es-tu jaloux parce que je suis bon ? Cette jalousie est un « dépit envieux ressenti à la vue des avantages d'autrui. » Si nous trouvons que nous sommes mécontents parce que Dieu pardonne et reçoit dans son royaume les gens qui n’en sont pas dignes, c’est sans doute une indication que nous ne regardons plus notre propre position devant Dieu uniquement selon la grâce. Nous avons sans doute commencé à considérer notre propre mérite, le fait que nous avons supporté la fatigue d'une journée entière de travail sous un soleil brûlant ! Ce faire, c’est de se faire priver de la grâce et exclure du royaume.
Au lieu de critiquer la grâce nous devons remarquer combien elle est extraordinaire et nous réjouissons avec les autres qui l’ont reçu. La grâce est notre garantie de plaire toujours à Dieu. Elle assure notre place dans le royaume de Dieu et exclu tout doute. Si nous pensons à notre comportement et ce que nous méritons, il y aura toujours des moments où nous ne serons pas sûrs d’être dignes de la vie éternelle. Mais si nous regardons la vie uniquement de la perspective de la grâce, de l’assurance que Jésus nous a rendu acceptable à Dieu sans aucun mérite de notre part, c’est alors que tout doute et toute peur disparaissent. Car tout dépend de Jésus et rien de vous et moi. C’est l’Evangile ça !
Et c’est bien cette Evangile, c’est grâce qui transformera notre vie et comportement. Grâce veut dire que nous ne travaillons plus pour un salaire ou pour garder notre place dans le royaume de Dieu. Au contraire, nous travaillons de gratitude parce que nous sommes déjà dans le royaume.
Il y avait une femme dont le mari ne l’aimait pas vraiment. Cet homme était très exigeant et avait préparé à sa femme une liste de règles à suivre. Elle devait relire la liste chaque jour et y obéir strictement. Entre autres, ces règles prescrivaient des détails tels que l’heure à laquelle elle devait se lever le matin, l’heure de lui servir son petit déjeuner, et comment faire le ménage. Après de longes années le mari est mort. Plus tard la femme a trouvé un autre homme qui l’aimait sincèrement et ils se sont mariés. Cet homme faisait tout son possible pour rendre heureuse sa femme, la comblant toujours des expressions de sa reconnaissance. Un jour en faisant le ménage, la femme a trouvé l’ancienne liste de règles. En la regardant elle s’est rendu compte que, bien que le nouveau mari ne lui ai jamais fait une telle liste, elle faisait quand même tout ce que le premier mari avait exigé.  Elle était si dévouée à cet homme qu’elle voulait lui plaire par amour et non pas par obligation. Voilà ce que la grâce fait dans notre vie à nous.
La grâce est donc un concept très simple : quelque chose pour rien ! Donc, quand vous voulez critiquer parce qu’un autre aurait reçu quelque chose pour rien, rappelez-vous que vous aussi vous avez reçu la grâce. Par grâce Jésus a vécu, est mort et ressuscité pour vous. Par grâce vous avez reçu le salaire  d’une journée entière pour une heure de travail.

Pasteur David Maffett

Sermon du dimanche 26 Août 2012


12ème dimanche après la trinité

Marc 7. 31à38
Jésus quitta ensuite le territoire de Tyr, passa par Sidon et revint vers le lac de Galilée à travers le territoire des Dix Villes. 32On lui amena un homme qui était sourd et avait de la peine à parler, et on le supplia de poser la main sur lui. 33Alors Jésus l'emmena seul avec lui, loin de la foule ; il mit ses doigts dans les oreilles de l'homme et lui toucha la langue avec sa propre salive. 34Puis il leva les yeux vers le ciel, soupira et dit à l'homme : « Effata !  » — ce qui signifie « Ouvre-toi ! » — 35Aussitôt, les oreilles de l'homme s'ouvrirent, sa langue fut libérée et il se mit à parler normalement. 36Jésus recommanda à tous de n'en parler à personne ; mais plus il le leur recommandait, plus ils répandaient la nouvelle. 37Et les gens étaient impressionnés au plus haut point ; ils disaient : « Tout ce qu'il fait est vraiment bien ! Il fait même entendre les sourds et parler les muets ! » BFC

Moi Aussi Seigneur !

Marc nous raconte un grand nombre des miracles de Jésus. En voici un, qui, comme ceux qui le précèdent, nous oblige à répondre en quelque façon à Jésus. La foule qui a témoigné cette guérison a été ébahie, « impressionnés au plus haut point ». Ne voyant personne ici bouche bée je suppose que nous, nous ne sommes pas « impressionnés au plus haut point ». C’est normal ; nous n’avons pas vu ce miracle de nos yeux.

Cependant, j’espère que nous sommes assez impressionnés ou intéressés pour répondre à Jésus de deux façons. D’abord, j’espère que nous sommes si impressionnés de la puissance et l’autorité de Jésus que nous croyions qu’il est le Fils de Dieu, le Sauveur promis. Puis, j’espère que nous pouvons reconnaitre que nous souffrons d’une sorte de surdi-mutité spirituelle pour que nous nous tournions vers Jésus et disions, « Moi aussi Seigneur, ouvre-moi les oreilles et délie-moi la langue » comme David l’exprime dans le Psaume 51, « Seigneur, ouvre mes lèvres, pour que je puisse te louer » (Ps 51.17).

En premier, alors, j’espère que nous sommes si impressionnés de la puissance et l’autorité de Jésus que nous croyions qu’il est le Fils de Dieu, le Sauveur promis. Cette guérison a été stupéfiante, un miracle. Puisque l’homme ne parlait guère, c’est probable qu’il a été sourd étant très jeune, voir à sa naissance. Jésus met ses doigts dans ses oreilles, crache, et touche sa langue, puis il regarde au ciel et dit « Ouvre-toi ! » Sur-le-champ, l’homme est guéri !

Nos médecins aujourd’hui peuvent faire d’étonnante chirurgie ; ils peuvent dans certains cas corriger des problèmes semblables à cela, même des conditions congénitales. Mais je ne crois pas qu’il y ait un médecin qui guérit des gens en regardant au ciel et disant, « Ouvre-toi ! » Si donc ce que Marc nous raconte est exact, Jésus est sans égal, un fait qui ne saurait pas nous laisser sans réaction.

Est-il donc vrai, ce récit ? Je m’attends à ce que nous croyions que c’est vrai, que Jésus à opéré ce miracle. C’est normal que les chrétiens, ceux qui ont mis leur confiance en Jésus et l'appellent « Seigneur » acceptent ses miracles. Mais n’ayant jamais vu de nos yeux un tel miracle, c’est souvent une croyance intellectuelle, disons théorique. Ce n’est pas une pleine conviction de coeur qui se manifeste dans notre vie quotidienne. Et la conséquence en est que nous n’attendons vraiment pas de miracles en réponse à nos propres prières. Certes, Dieu ne veut pas répondre à toute prière par un miracle. Mais il est aussi vrai que parfois « vous n’avez pas ce que vous voulez, parce que vous ne savez pas le demander à Dieu. » (Jacq 4.2)

Beaucoup de monde ne croit tout simplement pas aux miracles. Si même ils en voyaient un, ils le renieraient. Ils pourraient admettre que ce soit un phénomène extraordinaire, mais rejetant de principe l'existence d’un dieu ou esprit quelconque, ce ne peut être un miracle.

Cela me parait imprudent et peu scientifique. Le fait que nous ne voyons pas ou ne comprenons pas quelque chose ne veut pas dire qu’elle n’existe pas ou n’est pas possible. Avant le microscope on ne croyait pas aux bactéries et virus, sans rien dire aujourd’hui des molécules, atomes, hadrons et quarks. Je suppose néanmoins que nous admettons tous l’existence de ces choses. Si donc nous sommes un peu plus prudents, nous devons du moins considérer la possibilité que Jésus a opéré ces miracles par une science que nous ignorons nous.

Mais là une autre difficulté s’impose : si Jésus a opéré des miracles, on ne peut pas ignorer son enseignement. C’est ridicule d’admettre qu’il a guéri des sourds-muets et des aveugles-nés, qu’il a chassé des démons, maitrisé les forces de la nature et ressuscité les morts, et en revanche dire qu’il ne peut pas être venu de Dieu. Beaucoup de Juifs au temps de Jésus l’ont dit. Ils ont accueilli les miracles, mais ont voulu le lapider parce qu’il prétendait être le Fils de Dieu !

Comme beaucoup de monde, ne pouvons-nous pas éprouver ce même malaise au sujet de Jésus ? Il n’est pas trop difficile d’admettre des miracles il y a 2000 ans. Ce qui peut nous troubler c’est de les expliquer, dire comment il les a fait, par quelle autorité. Cela peut impliquer que nous avons affaire avec Dieu, justement ce que les autorités juives ont renié. Afin d’éviter cela, ces autorités ont proposé que Jésus faisait des miracles par l’autorité de Satan. Aujourd’hui certains préféreraient sans doute dire que Jésus était un extraterrestre qui naturellement savait faire des choses que nous ignorons.

Mais ce ne sont que des efforts pour s’évader de ce qui est évident. La seule explication des miracles de Jésus est ce qu’il en dit lui-même : qu’il est venu d’auprès de Dieu pour exercer la puissance de Dieu. Et cette explication nous prive de la possibilité d’indifférence, c’est à dire, de l'appeler Seigneur et ne pas faire ce qu’il dit. Nous ne pouvons pas fermer le livre et dire « formidable ! » et puis poursuivre notre vie comme si rien ne s’est passé. Non ! Nous devons regarder Jésus et dire « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20.28), et puis mettre sa parole en pratique. Si nous faisons cela nous serons bénis ; sinon, nous serons condamnés, non pas parce que nous n’avons pas fait assez de ceci ou de cela, mais parce que nous avons reconnu Jésus et lui avons tourné le dos.

Lui tourner le dos ne donne pas de sens à la lumière d’un détail de cette guérison. Jésus a regardé vers le ciel et soupiré. Il n’a pas soupiré parce qu’il était fatigué ou mécontent. Mais plutôt parce que Jésus a toujours eu pitié de tous ceux qui souffraient des conséquences du péché.

Contrairement à ce que certains croient, Dieu n’a pas d'apathie envers nous. Le Dieu que nous présente la Bible est le Dieu qui fait preuve d’une sympathie profonde envers l'humanité.  L’éternel Parole de Dieu a pris chair et a vécu parmi nous, non pas par apathie mais par sympathie. Un des plus grands mystères révélés dans la Bible est que Dieu est troublé par notre péché. Il n’est pas content de notre souffrance conséquente à son jugement sur notre péché. Ca lui importe ! C’est pour cela qu’il a partagé notre souffrance lorsqu’il s’est chargé du péché du monde entier et est mort. C’est pour cela qu’il nous a comblé d’invitations de « Ne vous inquiétez de rien, mais en toute circonstance demandez à Dieu dans la prière ce dont vous avez besoin. » (Ph 4.6).

Face à cela, pourrions-nous être apathiques, indifférents à ce que Jésus a fait pour nous ? Pourrions-nous dédaigner la parole et la volonté de celui qui est mort pour nous et suivre la volonté du monde, un monde qui ne cherche qu’à profiter de notre existence ? Ne devons-nous pas nous laisser impressionner au plus haut point par la puissance et l’amour de Jésus ? J’espère que nous en sommes vraiment impressionnés au plus haut point. Car Jésus est Seigneur ; il est la vie ; il est la résurrection !

Et j’espère encore une autre chose : que nous pouvons comprendre que nous sommes d’une façon spirituelle sourds et muets pour que nous nous tournions vers Jésus et lui disions, « Moi aussi Seigneur, ouvre-moi les oreilles et délie-moi la langue. »

A part la guérison physique, il y a ici un sens spirituel qui se voit dans le texte du prophète Esaïe que nous avons lu tout à l’heure. « Ce jour-là, les sourds entendront ce qui est dit dans le livre et; sortant de l’obscurité, les aveugles se mettront à voir… Quand eux ou leurs enfants verront en effet ce que je ferai parmi eux, ils reconnaîtront qui je suis, moi, l’unique vrai Dieu, le Dieu de Jacob, ils redouteront de me déplaire, moi, le Dieu d’Israël. Eux qui avaient perdu tout bon sens, ils commenceront à me comprendre ; eux qui protestaient toujours, ils se laisseront instruire. » (Es 29.18, 23-24).

Dans le contexte, Esaïe prononçait un message qu’il répétait sans cesse : qu’Israël s'était rendu insensible à Dieu et sa parole au point où Dieu devait les détruire en tant que nation et puis reconstruire un nouveau peuple. Sans doute qu’Esaïe prévoyait des guérisons physique littérales, mais le contexte et tout le livre est plein de langage figuratif adressé à un peuple spirituellement aveugle et muet. « Soyez stupéfaits et restez sans voix, soyez aveuglés et restez sans voir, ivres, mais non de vin, titubants, mais sans avoir bu. Car le Seigneur vous a plongés dans un profond abrutissement ; il vous a bouché les yeux--c’est une allusion aux prophètes--, il a mis un voile sur vos têtes--c’est une allusion aux voyants--. » (Es 29.9-10).

Les prophètes appelaient souvent aveugles et muets des gens qui voyaient et parlaient physiquement. Ces gens écoutaient la parole de Dieu sans en tenir compte. D’autres l’ignoraient tout simplement. Ils faisaient preuve d’un aveuglement et d’une surdité spirituels, une désaffection à l’égard de Dieu. En effet, le monde séparé de Dieu reste dans les ténèbres en étant aveugle, sourd et muet. La grande promesse et espérance qu’offraient sans cesse Esaïe et les autres prophètes, c’était que Dieu avait un jour où il réconcilierait l’humanité avec lui et guérirait nos sens spirituels. Le premier pas a été l’envoi du Messie, le Serviteur du Seigneur. Ce Messie est Jésus qui est venu nous libérer des conséquences du péché. Il nous a ouvert les yeux et les oreilles ; il nous a libéré la langue, littéralement pour quelques uns, spirituellement pour nous tous.

Sans Christ donc, nous restons sourds et muets, ou comme Paul l’a dit, spirituellement morts. Par nature nous ne connaissons ni n’embrassons la parole de Dieu. Nous n’accueillons pas les vérités communiquées par l’Esprit de Dieu. Nous sommes hostiles à Dieu et le craignons ; nous ne pouvons ni le connaître tel qu’il est ni l’adorer.

C’est le Seigneur Jésus par son Saint-Esprit qui nous ouvre les oreilles pour écouter l’Evangile, la bonne nouvelle que nous sommes pardonnés et réconciliés avec Dieu à cause du Christ. C’est encore ce qu’a annoncé Esaïe, « Ce jour-là, les sourds entendront ce qui est dit dans le livre et; sortant de l’obscurité, les aveugles se mettront à voir. » Qui plus est, ce même Sauveur nous guidera dans la vie comme Esaïe l’a dit : « Et je vais guider les aveugles sur un chemin, sur des sentiers qu’ils n’avaient jamais suivis. Pour eux, je changerai l’obscurité en lumière et les obstacles en terrain plat. C’est cela mon projet, je n’y renoncerai pas, je le réaliserai. » (Es 42.16)

Pouvons-nous jamais être satisfaits d’une condition quelconque d’insensibilité spirituelle ? Ne voulons-nous pas vivre comme Dieu l’a voulu, voir, écouter et parler avec Dieu ? Dans ce cas, adressez votre prière à Jésus : « Moi aussi Seigneur, ouvre-moi les oreilles et délie-moi la langue. » Alors vous entendrez et comprendrez sa parole. Alors vous réaliserez ce que Jacques dit : « Approchez-vous de Dieu et il s’approchera de vous. » (Jacq 4.8)

Chers frères et soeurs en Christ, soyez impressionnés de la puissance de Jésus et faites lui appel. « Seigneur, ouvre mes lèvres, pour que je puisse te louer. »

Pasteur David Maffett