lundi 26 décembre 2011

Sermon du Dimanche 25 Décembre 2011

FÊTE DE NOËL Es 62.10-12

10 « Franchissez, franchissez les portes ! Dégagez le chemin du peuple ! Préparez, préparez la route, enlevez les pierres ! Dressez un étendard vers les peuples !

11 Voici ce que l’Eternel annonce aux extrémités de la terre : "Dites à la fille de Sion : ‘Ton salut arrive. Il a son salaire avec lui et sa récompense est devant lui !’"

12 On les appellera : "peuple saint", "rachetés de l’Eternel", et toi on t’appellera : "recherchée", "ville non abandonnée".»

Chers frère et sœurs soulagés et remplis de joie

par la naissance de votre Sauveur !

Oui, « Faisons éclater notre joie

Et louons notre Bienfaiteur ;

Le Père éternel nous envoie

Son Bien-aimé pour Rédempteur.

D’une vierge chaste et féconde

Un enfant divin nous est né ;

Aujourd’hui, le Sauveur du monde,

Le Fils de Dieu, nous est donné ! » (LlS 46:1)

C’est certainement l’émotion et la joie qui nous habitent le plus en cette fête de Noël. C’est certainement l’émotion et la joie qui nous réunissent aujourd’hui pour ce culte de la Fête de Noël.

Mais Noël, c’est plus encore, c’est bien davantage,

LA FETE DE NOËL c’est UNE FETE à la fois

1. chargée de gravité,

2. joyeuse,

3. communautaire, et

4. féconde.


X X X 1 X X X

La Fête de Noël, c’est d’abord

UNE FÊTE CHARGEE DE GRAVITE !

Il est vrai, cela ne se voit pas tellement. Les rues sont illuminées, les villes sont bruyantes, des haut-parleurs nous inondent de musique, on se retrouve autour de tables festives.

La joie n’est pas forcément déplacée, certainement pas, si c’est l’authentique joie de Noël, comme nous le verrons dans la deuxième partie.

Mais n’oublions pas qu’à l’origine de la naissance du fils de Marie, il y a une catastrophe, que la cause de l’incarnation du Fils de Dieu, c’est l’état désespéré de l’humanité qu’il est venu sauver.

C’est parce que beaucoup ne voient pas cela qu’ils ne peuvent pas connaître la véritable joie de Noël. Ils ne connaissent que des joies qui n’ont rien à voir avec la naissance du Christ. Ils profitent simplement de l’occasion pour fêter en famille ou entre amis.

Qu’est-ce qui les empêche de fêter Noël correctement ? Plein de choses qui encombrent leur vie et les aveuglent. Plein de choses, d’opinions et d’états d’esprit qui les empêchent de voir pourquoi l’enfant de Bethléhem a déclenché le chant de « la multitude de l’armée céleste » des anges (Lc 2.13).

Il s’agit de se débarrasser de tout ce qui nous empêche de fêter Noël pour les bonnes raisons.

« Dégagez le chemin […] ! Préparez, préparez la route, enlevez les pierres "! » (v. 10) Faites table rase de tout ce qui vous cache la raison profonde de fêter Noël : « Il vous est né un Sauveur ! » (Lc 2.11)

En fait, pour résumer, qu’est-ce qui veut nous empêcher de fêter Noël correctement ? – Notre état pécheur. – « Dégagez-le ! […] Enlevez-le ! » – Facile à dire ! Moins facile à faire …

En fait, reconnais-le au Fils de Marie, ton état pécheur. Pose ce baluchon embarrassant aux pieds de la crèche ; reconnais en lui celui qui peut t’en débarrasser.

C’est pour cela qu’il est né à Bethléhem. C’est pour cela que « le Roi de gloire a tout quitté, pouvoir, joie et honneur » au ciel (LlS 49:2). C’est pour cela que « le Fils unique du Très-Haut Prend la crèche pour berceau » (LlS 48:2). Pour aplanir le chemin entre Dieu et nous, pour nous sortir de notre perdition de pécheurs coupables, pour nous réconcilier avec Dieu et nous obtenir son pardon, sa bonté et sa présence fidèle.

C’est une situation désespérée qui a amené Jésus à naître à Bethléhem. C’est une chose extrêmement sérieuse que son début de vie humaine dans une étable, car en filigrane, au-dessus de sa crèche, se dessine déjà sa croix.

Oui, Noël est d’abord une fête chargée de gravité. Il n’en demeure pas moins que

X X X 2 X X X

La Fête de Noël, c’est surtout

LA FÊTE D’UNE « GRANDE JOIE » !

C’est ainsi que l’ange s’est exprimé quand il s’est adressé aux bergers dans la nuit de Bethléhem. Qu’a-t-il dit ? – « N’ayez pas peur, car je vous annonce une bonne nouvelle qui sera une source de grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur ! » (Lc 2.10-11)

C’est aussi ce que le prophète Esaïe annonce dans notre texte : « "‘Ton salut arrive ! " » « "Dites à la fille de Sion : ‘Ton salut arrive. " » (v. 11) Dans la longue chaîne des prophéties messianiques, les prophéties d’Esaïe sont les plus précises et les plus profondes. Datant de sept siècles avant la venue du Messie, elles ont alimenté la foi des croyants et leur ont permis de tenir, de continuer à espérer.

Rappelez-vous ce que Marie dit, quand elle apprend qu’elle sera la mère du Fils de Dieu : « Le Tout-Puissant […] s’est souvenu de sa bonté – comme il l’avait dit à nos ancêtres. » (Lc 1.54-55)

Voyez aussi ce que Zacha rie, le père de Jean-Baptiste, chante parce qu’il a appris l’imminence de la naissance du Messie : « C’est ce que Dieu avait annoncé par la bouche de ses saints prophètes des temps anciens : un Sauveur qui nous délivre […]. Ainsi Dieu […] se souvient de sa sainte alliance, conformément au serment qu’il avait fait à Abraham, notre ancêtre. » (Lc 1.70-73)

C’est que l’enfant de Bethléhem ne vient pas les mains vides. Il ne vient pas en touriste, en curieux ou parce qu’il se serait ennuyé au ciel. Il vient pour accomplir un énorme travail et toucher un « salaire » (v. 11) non moins énorme, un « salaire » à côté duquel même ceux des PDG du CAC40 sont ridicules : le « salaire » qu’il a gagné, c’est le « salut » du monde, c’est « ton salut » à toi et à moi, notre réconciliation avec Dieu, la paix avec le Dieu que nous avons offensé par nos péchés !

C’est sûr, à voir le petit nourrisson dans la crèche de l’étable de Bethléhem, on pourrait être tenté de dire : « Il n’y a rien à voir, passez votre chemin ! » Et pourtant, les anges ont encadré sa naissance avec le chant : « Paix sur la terre ! » (Lc 2.14), indiquant clairement par là que l’enfant de Marie est le « Prince de la Paix » annoncé par Esaïe (Es 9.5).

Cela nous émeut au plus profond de nous-mêmes. Ce « salaire » que l’enfant de Bethléhem touche sur la croix de Golgotha, il nous le distribue pour notre « salut ». Et cela ne nous remplirait pas d’une sainte agitation ?

Elle répond à cette insistante exhortation : « Franchissez, franchissez les portes ! Dégagez le chemin du peuple ! Préparez, préparez la route, enlevez les pierres ! Dressez un étendard vers les peuples ! »

Nous faisons notre possible, non seulement pour fêter correctement Noël dans la repentance, la foi et la joie ; nous faisons aussi notre possible pour qu’il en soit ainsi tout au long de l’année, tout au long de notre vie.

Mais une chose frappe dans cette exhortation du prophète : elle ne s’adresse pas à des personnes prises individuellement, mais à l’Eglise dans son ensemble.

X X X 3 X X X

La Fête de Noël, c’est

UNE FÊTE QU’ON CELEBRE ENSEMBLE

On n’en saisit pleinement le sens que si on la vit en communauté. Déjà lors de la naissance de Jésus, ce miracle a été annoncé à des groupes : les bergers, les gens de Bethléhem, les mages.

Ici, l’annonce de la naissance de Jésus s’adresse à « la fille de Sion », à l’Eglise qui place sa foi dans le Messie.

« "Dites à la fille de Sion […] On les appellera : "peuple saint", "rachetés de l’Eternel", et toi on t’appellera : "recherchée", "ville non abandonnée".» (v. 12)

Bien entendu, l’Eglise de Jésus-Christ est constitué des personnes individuelles que nous sommes, des « rachetés de l’Eternel » que nous avons le bonheur d’être. Bien entendu que chacun de nous place individuellement et personnellement sa foi dans le Messie Sauveur. Bien sûr que c’est à cause de notre repentance et foi personnelles que nous bénéficions de ce rachat. La foi d’un autre ne me sert à rien pour cela.

Mais nous sommes exhortés et invités à fêter ensemble la naissance du Sauveur, à préparer ensemble son accès dans nos cœurs dans les cultes de la communauté.

Les miracles de Noël, de Pâques, de l’Ascension, de Pentecôte, le miracle de notre rachat et de notre salut, veulent être célébrés dans le partage, pas dans le recroquevillement sur soi. La célébration de Noël se fait avant tout et surtout dans nos cultes administrés par des serviteurs dûment appelés. Martin Luther, en prêchant sur ce texte, souligne fortement le rôle des prédicateurs dans la célébration de Noël.

La célébration de Noël se fait aussi dans un culte préparé par les enfants. Cette fête des enfants n’est pas là pour qu’on admire nos enfants – le seul à devoir être admiré dans nos cultes, c’est notre Seigneur – non, la fête des enfants est là pour qu’ils aient l’occasion d’annoncer ensemble, de louer ensemble, de chanter ensemble leur joie de Noël et leur foi.

Car

X X X 4 X X X

La Fête de Noël, c’est aussi

UNE FÊTE FECONDE,

une fête qui porte des fruits, une fête qui pousse en avant, une fête qui ne laisse pas les bras ballants mais nous pousse à agir.

« Franchissez, franchissez les portes ! Dégagez le chemin du peuple ! Préparez, préparez la route, enlevez les pierres ! Dressez un étendard vers les peuples ! » (v. 10)

« Dressez un étendard vers les peuples ! » La bannière de notre foi doit être visible des autres. Le temps de Noël est un temps particulièrement propice à cela. Tout le monde parle de Noël, dans toutes les familles il y a du remue-ménage. Voyez-vous, c’est l’occasion toute trouvée pour les rendre attentifs à l’origine de cette fête. C’est un contexte propice pour parler de notre Seigneur qui voudrait aussi être leur Sauveur.

Voyez les bergers de Bethléhem ! A peine ont-ils appris la naissance du « Sauveur » du monde « qui est le Christ, le Seigneur », le Messie, l’Eternel, qu’ils s’en vont « raconter ce qui leur avait été dit » par les anges « au sujet de ce petit enfant » (Lc 2.17).

Le message de Noël est si fort, l’événement de la nuit de Bethléhem si colossal et important pour le monde pécheur, que ceux qui s’y trouvent impliqués ne peuvent que se sentir poussés vers « les peuples », vers les autres, pour y faire flotter « l’étendard » de l’Evangile.

Et c’est ce qui se passe depuis 2000 ans. Notre communauté cosmopolite est un petit reflet de « l’étendard » flottant sur de nombreux « peuples ». Du Togo, du Cameroun, du Congo, du Madagascar, des Antilles, du Brésil, de Lettonie, de Russie, et de différentes provinces françaises, nous sommes réunis pour adorer l’enfant Jésus, comme les bergers et les mages l’ont fait il y a deux millénaires.

« Et toi, » Eglise de Jésus-Christ, « toi, » communauté réunie pour célébrer Noël, « on t’appellera "recherchée", "ville non abandonnée".»

« Le Fils unique du Très-Haut » est venu parmi nous, s’est incarné, est devenu un des nôtres, pour aller à notre « recherche », pour nous tirer de notre état désespéré de pécheurs condamnés et « abandonnés » de Dieu. Nous savons qu’il est allé jusqu’à se laisser « abandonner » à notre place (Mt 27.46), pour que nous formions la « ville non abandonnée » de Dieu.

Le miracle de Noël nous annonce : « On t’appellera "recherchée", "ville non abandonnée" ! »

Saisissons-nous toute l’étendue du bonheur qui est le nôtre ? Jésus est né à Bethléhem pour aller à notre « recherche » et nous intégrer dans « Sion », la « ville non abandonnée de Dieu » ?

Au fur et à mesure que nous « dressons l’étendard » de l’Evangile du Christ « vers les peuples », il y en aura toujours plus qui intégrerons le « peuple saint » des « rachetés de l’Eternel ».

« Voici ce que l’Eternel annonce aux extrémités de la terre : "Dites à la fille de Sion : ‘Ton salut arrive’. »

Comme Jésus l’a demandé à ses disciples avant de monter au ciel, nous commençons par l’annoncer devant notre porte. C’est ce que nous faisons en invitant nos proches et autres connaissances à nos cultes, études bibliques ou à nos goûters missionnaires. Cela doit être un effort constant, supporté par une prière constante.

A côté de cela nous essayons, avec les moyens qui sont les nôtres, d’aider l’Eternel à faire entendre son Evangile de Noël « jusqu’aux extrémités de la terre ». Dans notre cas, cela se limite à certains pays du monde francophone.

N’oublions pas : Si notre Seigneur ne veut pas que nous fêtions sa naissance, chacun dans son coin mais en paroisse, il ne veut pas non plus que nous fêtions sa naissance en vase clos, mais que nous irradiions notre joie de Noël par-delà des murs de notre centre paroissial.

Les prophètes l’ont prédit, les anges l’ont annoncé, les bergers l’ont répandu. Maintenant c’est à nous de continuer à chanter : « Gloire à Dieu » et « paix sur la terre » (Lc 2.14).

Alors notre fête de Noël ne sera pas qu’une fête profane, mais réellement la célébration de la « fille de Sion » !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

dimanche 11 décembre 2011

Sermon du Dimanche 11 Décembre 2011

3ème DIM. DE L’AVENT Lc 3.1-6

Chants proposés :

Peuple de Dieu, rassemble-toi, AeC 306:1-3

Ô Dieu, des grâces éternelles, AeC 313:1-4

Oh ! viens, Seigneur, ne tarde pas, AeC 310:1-4

Quand vint le jour d’étendre les bras, AeC 586:1-4

1 « La 15ème année du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate était gouverneur de la Judée, Hérode tétrarque de la Galilée, son frère Philippe tétrarque du territoire de l’Iturée et de la Trachonite, Lysanias tétrarque de l’Abilène,

2 et Anne et Caïphe étaient grands-prêtres. C’est alors que la parole de Dieu fut adressée à Jean, fils de Zacharie, dans le désert,

3 et Jean parcourut toute la région du Jourdain ; il prêchait le baptême de repentance pour le pardon des péchés,

4 conformément à ce qui est écrit dans le livre des paroles du prophète Esaïe : "C’est la voix de celui qui crie dans le désert : ‘Préparez le chemin du Seigneur, rendez ses sentiers droits !’"

5 "Toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline seront abaissées ; ce qui est tortueux sera redressé et les chemins rocailleux seront aplanis"

6 "Et tout homme verra le salut de Dieu." »

Chers frère et sœurs

dans l’attente du Dernier « Avent »

de notre Seigneur !

La 5ème année de la présidence de Nicolas Sarkozy, François Fillon était premier-ministre, Jean-Pierre Bel président du Sénat, Bernard Accoyer président de l’Assemblée Nationale, Jean-Paul Huchon président du Conseil Régional d’Île-de-France et Claude Baty président de la Fédération Protestante de France. « C’est alors, » en ce 3ème dimanche de l’Avent, « que la parole de Dieu fut adressée à » la Paroisse St-Pierre de Châtenay-Le Plessis, à travers ce texte (v. 2).

Avouez : l’entrée en matière de ce sermon vous a surpris. Ce n’est pas courant de mêler les noms des de ces personnalités à un sermon. Que viennent y faire les noms de ces personnalités du monde politique et religieux ? Ne doit-on pas laisser la politique à la porte de l’église ?

Pourtant, c’est bien ainsi que Luc commence notre texte : « La 15ème année du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate était gouverneur de la Judée, Hérode tétrarque de la Galilée, son frère Philippe tétrarque du territoire de l’Iturée et de la Trachonite, Lysanias tétrarque de l’Abilène, et Anne et Caïphe étaient grands-prêtres. C’est alors que la parole de Dieu fut adressée à Jean » (v. 1-3).

En s’exprimant ainsi, Luc ne veut pas se mêler de politique. Sa préoccupation est spirituelle. Il veut nous montrer que l’œuvre de notre rachat entreprise par Dieu n’est pas une pieuse invention, une belle légende, mais que cela s’est passé réellement, à un moment précis de l’histoire, ici sur terre.

Il est vrai, à l’époque on avait une façon un peu compliquée de dater les événements. Aujourd’hui on dirait, en ce qui nous concerne : « En ce 11 décembre 2011 … » : Et pour Jean-Baptiste : « En l’année 26 (à peu près), "la parole de Dieu fut adressée à Jean". » « C’est alors » que Dieu s’adressa à lui.

Dans son cas, ce fut une révélation directe. Jean-Batiste était un prophète, d’ailleurs un prophète particulier, unique même : un prophète qui avait lui-même été annoncé par une prophétie !

Plus de sept siècles auparavant, le prophète Esaïe avait annoncé au 40ème chapitre de son livre, qu’un prophète particulier allait apparaître peu avant le Messie pour préparer le peuple d’Israël à bien recevoir le Messie.

Jean-Baptiste occupe donc une place unique sur le seuil entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Il est tout à la fois prophète et accomplissement, à la fois annonciateur de prophétie et objet prophétie. Il clôt la lignée des prophètes de l’Ancien Testament, tout en donnant le signal du début de l’ère du Nouveau Testament.

Pourtant, plus importante que sa personne est « la parole de Dieu » qui lui « fut adressée ». Il s’agit de « la parole » éternelle présente déjà tout au long de l’Ancien Testament, « parole » qui sera présente et annoncée dans le monde jusqu’à la fin des temps. C’est « la parole » que Dieu nous adresse pour nous préparer à « l’Avent », à la venue du Seigneur.

X X X 1 X X X

Les temps se suivent et ne se ressemblent pas. Bien des hommes politiques ont passé sur la terre depuis « l’empereur Tibère » (v. 2). L’empire romain a fait place à toute une série d’autres puissances, et de puissances bien différentes, identiques seulement en cela qu’elles ont toutes dû s’effacer devant d’autres.

Elles se ressemblent encore sur un autre point. Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, une chose est toujours pareille, après deux millénaires, pareille à l’époque de « l’empereur Tibère » : le monde va au-devant de « l’Avent », de la venue du Seigneur. L’histoire du monde et des peuples se déroule à l’intérieur d’un seul et même cadre ou schéma : celui de l’approche de la venue de notre Seigneur.

A l’époque de Tibère, Pilate, Hérode, Philippe et Lysanias, l’histoire se déroulait pour aller au-devant de la rencontre du Seigneur dans l’abaissement de Bethléhem à Golgotha.

Aujourd’hui, en ce temps de Sarkozy, Merkel, Obama, Poutine et autres, l’histoire du monde se déroule pour aller au-devant du retour du Seigneur Jésus en gloire. Cela relativise pas mal l’importance de ces dirigeants. L’important, celui qui est de loin le plus important, c’est notre Roi de « l’Avent » qui a annoncé son retour.

Nos dirigeants politiques en sont-ils plus conscients que ceux du temps de Jean-Baptiste ? Difficile d’y répondre. On ne peut que prier pour eux, comme d’ailleurs pour tous nos contemporains.

Quel que soit le haut niveau de culture de nos contemporains, ce n’est pas cela qui leur donnera la sagesse nécessaire pour accueillir Jésus. Même si les progrès techniques et l’industrie moderne parviennent à construire des autoroutes et des lignes de TGV à travers montagnes et vallées, cela ne suffit pas pour aplanir le chemin du Seigneur vers leurs cœurs.

Pour rencontrer Jésus-Christ, l’humanité ne se porte pas mieux et n’a pas progressé depuis 2000 ans.

C’est que « préparer le chemin du Seigneur » dans les cœurs (v. 4), cela ne se fait pas à l’aide de l’informatique, du nucléaire, de bulldozers ou de toute autre technique avancée. Après comme avant, cela n’est possible qu’avec la « repentance » (v. 3)

C’est ce que Jean-Baptiste a fait. Et il n’a fait rien de plus : amener le peuple à se repentir de ses péchés et à attendre « le pardon » (v. 3) et le salut du Messie Sauveur. Et c’est là, encore et toujours, la tâche des prédicateurs : « prêcher la repentance pour le pardon des péchés ». (v. 3).

Si Jésus doit venir auprès de quelqu’un, il faut écarter les obstacles qui se mettent en travers. Si quelqu’un s’entête à lui barrer le passage, le Seigneur ne le contraint pas de céder, du moins en attendant. Ce n’est qu’au Jour du Jugement Dernier qu’il s’imposera à tous, mais alors ce sera trop tard pour ceux qui n’auront pas voulu de lui de leur vivant.

Alors « tout homme verra le salut de Dieu » (v. 6). Mais si nous voulons vivre le dernier « Avent » au Jour du Jugement Dernier comme une bénédiction et une fête, il faut que nous accueillions dès maintenant, dès cette vie-ci, l’auteur de notre « salut ».

Cela veut dire que nous devons nous préparer à l’accueillir, nous devons « préparer » et entretenir son « chemin » vers nos cœurs. Par nature, ce « chemin » n’existe pas. Par nature il n’y a qu’éboulis, d’énormes obstacles, qui bloquent le passage du Seigneur vers nos cœurs, des obstacles que le prophète Esaïe, cité dans notre texte, compare à un paysage sauvage fait de « collines », de hautes « montagnes » et de « vallée » encaissées (v. 5).

A qui viendrait l’idée d’inviter un important souverain ou un président de la République sans lui « préparer le chemin » et lui faciliter l’accès ? Voyez les importants préparatifs qui précèdent la visite d’un président de la République dans une ville, ou, récemment, la tenue d’un G20 à Nice par exemple ! Qui aurait l’idée d’organiser une telle réunion en plein milieu d’un territoire ravagé par un tremblement de terre, ou coupé du monde par un énorme glissement de terrain, et de faire marcher un Obama ou un Sarkozy sur des kilomètres de « chemins rocailleux » (v. 5) vers leur lieu de la réunion ?

Mais voyez-vous, Jean-Baptiste n’est pas envoyé par Dieu pour diriger de grands travaux de terrassement. Il ne doit pas construire des routes à travers les monts de Judée.

Les « collines » et les « montagnes » de notre texte, ce sont les « collines » et les « montagnes » de notre orgueil, de notre amour-propre, de notre égoïsme et égocentrisme, de notre manque d’intérêt et d’amour du prochain, ce sont les « collines » et les « montagnes » de notre refus d’aller au-devant de l’autre et de l’accepter, de notre refus de nous remettre en question, de notre refus de céder, voire de nous réconcilier, de notre refus de faire le premier pas.

Vois-tu : ces « collines » et ces « montagnes » menacent de se mettent en travers de la venue du Seigneur, menacent d’empêcher son « Avent » dans nos cœurs. Il s’agit donc d’« aplanir » (v. 5) et d’entretenir « le chemin du Seigneur », et de le faire chaque jour, car chaque jour des éboulis de ce genre reviennent encombrer ce chemin.

Les « vallées » de notre texte parlent de nos fautes, de nos manquements, de nos raté, de notre attirance par ce qui est bas et mauvais. Veillons donc, car ces « vallées » menacent de nous séparer de notre Seigneur si nous ne les « comblons » pas ? (v. 5)

Avec cette image, Dieu veut nous faire comprendre que notre vie doit être une vie de « repentance de tous les jours » (Petit Catéchisme de Luther). Tous les jours nous devons tourner le dos au « désert » (v. 4) de nos mauvais penchants et tendre les mains vers notre Seigneur et Sauveur et obtenir de lui « le pardon des péchés », « le salut de Dieu ».

Quelqu’un qui se plait dans les « collines », les « montagnes » et les « vallées » de sa nature pécheresse, quelqu’un qui aime à emprunter les « sentiers rocailleux » et « tortueux » de ses penchants naturels, c’est quelqu’un qui ne veut pas se tourner vers son Sauveur et « se repentir ».

Mais si tu es consterné par tes penchants naturels mauvais – et nous en avons tous, nous dit la Parole de Dieu –, s’ils t’attristent et si tu t’en repens, si tu tends les bras avec humilité et foi vers ton Seigneur, alors « le chemin du Seigneur » est « préparé » vers ton cœur, alors il t’apporte ou te confirme « le pardon des péchés », « le salut de Dieu », son affection, sa grâce, son intérêt pour toi.

X X X 2 X X X

« Préparer le chemin du Seigneur » n’est pas une mince affaire. C’est d’ailleurs au-dessus de nos forces, cela nous est aussi impossible que d’« abaisser les montagnes » et de « combler les vallées ».

Aussi, un jour, ses auditeurs ont demandé à Jésus : « Qui donc peut être sauvé ? » à quoi Jésus répondit : « Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu » (Lc 18.27) Dieu possède et opère avec une « dynamite », cette « puissance de Dieu » qu’est « l’Evangile » (Rm 1.16), cette Bonne Nouvelle du « salut de Dieu » : c’est grâce à elle qu’il arrive à frayer un passage vers nos cœurs.

A l’époque de « l’empereur Tibère », « Jean, fils de Zacharie », a utilisé cette dynamite ou puissance divine de « la Parole de Dieu » et du « Baptême ». C’est ainsi qu’il a pu frayer un passage au « salut de Dieu » vers les pécheurs de l’époque.

Et ça se produit encore de la même façon au temps de Nicolas Sarkozy. Ce sont la Parole et les sacrements (le Baptême et la Cène) qui sont aujourd’hui, en ce début du 3ème millénaire, encore les seuls moyens de grâce pour produire « la repentance » dans nos cœurs, les seuls moyens de grâce pour « préparer » et maintenir en état nos cœurs à recevoir notre Sauveur par la foi.

Et il en sera ainsi « jusqu’à la fin du monde » : « enseigner » et « baptiser » (Mt 28.18-20).

Jésus-Christ, notre Roi de l’Avent, ne cesse de faire retentir sa parole de « pardon » dans le monde. Il ne cesse de faire administrer « le baptême de repentance pour le pardon des péchés ». C’est comme ceci qu’il vient à nous, pécheurs, avec son « salut », son aide.

Et si nous le recevons ainsi avec foi quotidiennement dans sa Parole, nous sommes préparés pour son dernier « Avent » au Jugement Dernier.

Mais qui le reçoit ainsi ? L’énumération de « Tibère, Pilate, Hérode, Philippe, Lysanias, Anne et Caïphe » ne nous indique pas seulement une date, elle énumère aussi des hommes qui n’ont pas « préparé le chemin du Seigneur », des pécheurs pour qui la rencontre avec Jésus à son dernier « Avent » sera quelque chose de terrible.

Les temps ont-ils changé ? Il est vrai, depuis Jean-Baptiste de nombreux prédicateurs ont « prêché » et administré parmi les peuples de la terre « le baptême de repentance pour le pardon des péchés ». D’innombrables pécheurs ont ainsi été amenés à « voir le salut de Dieu » et à s’en réjouir dans la foi.

Innombrables sont aussi ceux qui en jouissent déjà dans l’éternité.

Mais la plupart de nos contemporains vivent comme s’il ne devait jamais y avoir de confrontation avec le Juge divin. Innombrables sont ceux qui ne prennent pas au sérieux l’appel à se repentir. Ils se plaisent trop dans les « collines, montagnes et vallée » de leur nature pécheresse, de leur vie sans Dieu.

L’histoire du monde continue à se dérouler. La fin se rapproche. Les puissances font place à d’autres puissances. Mais quels que soient les régimes, Dieu ne se lasse pas de faire annoncer son Evangile, d’inviter à se tourner avec repentance et foi vers lui. Il ne se lasse pas de faire annoncer sa Parole et de faire administrer ses sacrements pour nous attirer ou nous maintenir dans sa communion de vie.

Il ne cesse pas non plus d’envoyer des prédicateurs et des baptiseurs, car les cœurs de la plupart des gens ressemblent, spirituellement parlant, au « désert » près du « Jourdain » (v. 2-3).

« La Parole de Dieu nous a été adressée. » Comment la recevons-nous ? Comme une parole qui s’applique exactement à nous et nous interpelle personnellement ? Comme une parole pour laquelle nous sommes infiniment reconnaissants à Dieu ? Comme une parole qui nous apporte « le pardon de [nos] péchés » et « le salut de Dieu » ? Comme une parole qui est seule apte à nous préparer, dans la foi, au dernier « Avent » de notre Seigneur ?

Alors remercions-le du fond de notre cœur de ne pas avoir privé le monde de sa Parole salutaire, depuis « l’époque de Tibère » jusqu’à celle de Sarkozy.

Et prions-le instamment de ne pas non plus la retirer à nos enfants, petits-enfants et aux générations futures ! Que cette Parole de repentance et de foi, cette Parole de grâce et de vie ouvre et prépare à notre Seigneur et Sauveur le chemin vers les cœurs ! Que nous soyons ainsi tous trouvés prêts à l’accueillir dans la joie à son dernier « Avent » !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

vendredi 9 décembre 2011

Sermon du Dimanche 27 Novembre 2011

1er DIM. DE L’AVENT Mc 11.1-9

Chants proposés :

Viens, Sauveur de la terre,, LlS 39:1-4

Chrétiens, peuple fidèle, LlS 28:1-2+5-7

Hosanna ! Béni soit le Sauveur débonnaire LlS 31:1-5

Ô Jésus, notre divin Roi LlS 166:1-3

1 « Lorsqu’ils approchèrent de Jérusalem, près de Bethphagé et de Béthanie, vers le Mont des Oliviers, Jésus envoya deux de ses disciples

2 en leur disant : "Allez au village qui est devant vous. Dès que vous y serez entrés, vous trouverez un ânon attaché, sur lequel personne n’est encore monté. Détachez-le et amenez-le.

3 Si quelqu’un vous demande : ’Pourquoi faites-vous cela ?’ répondez : ‘Le Seigneur en a besoin’, et à l’instant il le laissera venir ici."

4 Les disciples partirent ; ils trouvèrent l’ânon attaché dehors près d’une porte, dans la rue, et ils le détachèrent.

5 Quelques-uns de ceux qui étaient là leur dirent : "Que faites-vous ? Pourquoi détachez-vous cet ânon ?"

6 Ils répondirent comme Jésus le leur avait dit, et on les laissa faire.

7 Ils amenèrent l’ânon à Jésus, jetèrent leurs vêtements sur lui, et Jésus s’assit dessus.

8 Beaucoup de gens étendirent leurs vêtements sur le chemin, et d’autres des branches qu’ils coupèrent dans les champs.

9 Ceux qui précédaient et ceux qui suivaient Jésus criaient : "Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur". »

Chers frère et sœurs

qui célébrez l’Avent de notre Roi !

La venue d’une grande personnalité dans une ville ou à une manifestation particulière est toujours un grand événement. On s’y prépare à l’avance. On veut la recevoir de manière digne de son rang. On en parle à l’avance dans les médias pour susciter l’intérêt, durant sa présence pour apprendre ce qu’elle y fait, et par après encore pour essayer d’en tirer les leçons ou pour parler des retombées de cet événement.

Encore plus grande, plus importante, même plus extraordinaire et hors du commun est la venue du Seigneur du ciel et de la terre, sa venue, en latin « adventus » qui a donné « Avent » en français.

Avec ce terme – « Avent » – nous méditons et nous nous recueillons, durant les quatre semaines précédant Noël, autour de la venue de notre Seigneur Jésus-Christ.

Elle est triple, sa venue :

Il est venu il y a près de 2000 ans lorsqu’il a été « conçu du Saint-Esprit » et est « né de la vierge Marie. » (« Symbole apostolique ») C’est ce qu’on appelle son 1er Avent.

A la fin des temps, « il reviendra de là [du ciel où il est monté] pour juger les vivants et les morts. » (« Symbole apostolique »). C’est ce qu’on appelle son 3ème Avent.

Et son 2ème Avent ? … – Mais nous sommes en train de le vivre, plus particulièrement aussi dans ce culte que nous sommes en train de célébrer en son honneur. Ce qu’on appelle son 2ème Avent, c’est sa venue à travers l’Evangile, sa venue auprès de nous à travers les moyens de grâce, son « avent » à travers la Parole, le Baptême et la Cène.

A l’aide de notre texte, nous allons découvrir qu’

IL VIENT A NOUS

POUR NOUS ACQUERIR

ET NOUS GAGNER.

Aussi, pour le recevoir dignement, devons-nous connaître les réponses à ces deux questions :

1. Comment vient-il ?

2. Comment l’accueillir comme il sied ?.

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COMMENT NOTRE ROI DE L’AVENT

VIENT-T-IL A NOUS ?

La première chose qui frappe à la lecture de notre histoire, c’est son incroyable SIMPLICITE de notre Roi. Vous avez déjà vu les ânes du Proche-Orient ? Une petite bête de rien du tout ! La moitié d’un âne du Poitou, peut-être même pas !

Alors que nos grands hommes se déplacent en jets privés et en limousines avec chauffeur, alors que les généraux et empereurs romains de l’époque montaient des destriers qui affichaient la couleur, le Maître de l’univers, le Créateur et Seigneur du ciel et de la terre, entre dans sa ville secoué par les pas d’un « ânon » sur lequel il est assis !

Pas de cérémonial protocolaire genre Palais de l’Elysée, pas de pompe et de fastes royaux comme à la cour d’Hérode, non, le dénuement et l’humilité, la simplicité même d’un paysan rentrant des champs sur son âne !

Oh ! il aurait pu impressionner tout le monde !Il le rappellera d’ailleurs quelque jours plus tard à Pierre au Mont des Oliviers : « Penses-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père, qui me donnerait à l’instant plus de douze légions d’anges ? » (Mt 26.53)

Lui, ça l’aurait tiré d’embarras, mais nous, ça nous aurait laissé dans la nasse. Il ne veut pas nous impressionner, il veut obtenir notre adhésion, il veut gagner notre confiance, nous voir placer notre foi en lui, car il est le seul à pouvoir nous arracher à notre perte.

Il ne veut pas nous effrayer par des apparitions en provenance de l’au-delà, comme Zacharie, Marie ou les bergers ont été effrayés à l’apparition d’un ange (Lc 1.11-12 ; 28-30) ou de « la multitude de leur armée céleste » (Lc 2.8-14). Il ne veut pas nous pétrifier par l’incursion de son apparition majestueuse dans nos existences de mortels.

Non, Jésus vient à nous sous des apparences aussi simples et faciles que l’était l’ânon à l’époque. Il s’adapte à nous et vient à nous à travers l’Ecriture Sainte, la Parole de Dieu, mais aussi à travers les sacrements que sont le Baptême et la Cène.

Quoi de moins effrayant que du papier et de l’encre, de l’eau, du pain et du vin ? Rien de plus banal, rien de plus quotidien. Rien de plus abordable.

C’est ainsi qu’il se met à notre niveau pour venir à notre rencontre en toute simplicité.

Mais aussi comme CELUI QUI SAIT. Les disciples s’étaient souvent rendu compte que leur Maître pouvait répondre aux pensées de personnes qui ne les avaient même pas exprimées.

Là, il les envoie en leur apprenant qu’il sait où se trouve un ânon, ce que les gens diront et ce que le propriétaire laissera faire s’ils lui répètent ce que Jésus leur a dit.

Cela nous réconforte grandement, que de savoir que notre Roi de l’Avent sait tout, connaît tout de fond en comble. Il sait de quoi nous avons besoin et ce qui nous fait du bien.

Alors que nous étions perdus de naissance, il est venu à nous, pour la plupart d’entre nous, par le Baptême, alors que nous étions nourrissons, pour d’autres par la Parole qui leur a été annoncée.

Et maintenant que nous menons le combat de la foi au jour le jour, il vient à nous par sa Parole de grâce et le sacrement de l’autel. Il vient ainsi nous montrer qu’il connaît notre péché, mais qu’il y a remédié ; qu’il connaît nos problèmes, mais qu’il est à nos côtés pour faire « tout coopérer à notre bien » (Rm 8.28) ; qu’il connaît aussi nos joies et qu’il les partage et les bénit.

En fait, il vient aussi à nous AVEC PUISSANCE. La foule des pèlerins, sur le chemin de Jérusalem, l’a acclamé : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » (v. 9) Ce cri de bienvenue est tiré du Psaume 118 (v. 25) où le Messie est salué ainsi.

Il ne faut pas s’y méprendre : il ne faut pas que l’apparition humble de Jésus, lors de son entrée à Jérusalem, nous trompe. Oui, il a une attitude humble. Mais c’est que cette attitude était la seule adéquate pour aller à l’assaut de nos ennemis, pour vaincre le péché, la mort et Satan.

Avec l’entrée à Jérusalem il monte au front. Et après une terrible bataille, celle qui le mènera à la croix et dans les souffrances de l’enfer, trois jours plus tard ce sera la victoire éclatante de Pâques.

Et, comme dans notre histoire, Jésus vient aussi à nous « au nom du Seigneur », il vient à notre aide comme seul Dieu sait le faire, il vient à notre rencontre à travers son « Evangile, puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit » (Rm 1.16), à travers une parole où il déploie et nous applique sa puissance salutaire. Il vient aussi à nous avec puissance dans son « Baptême qui nous sauve » (1 P 3.21)

C’est ainsi que, sous des apparences insignifiantes et banales – la parole, de l’eau – Jésus a exercé une puissance phénoménale, la puissance du Saint-Esprit, pour nous arracher aux conséquences du péché, à la colère de Dieu et à la damnation éternelle.

L’humble apparence de Jésus assis à califourchon sur un ânon cachait en fait celui qui allait remporter le triomphe le plus grand qui soit, celui qui allait nous entraîner dans ce triomphe et nous le faire partager.

Sous l’humble apparence de la Parole – un livre, quoi ! de la prédication ! – au milieu de tant d’autres orateurs qui drainent bien plus de gens, sous l’humble apparence aussi des espèces du pain et du vin, voire de l’eau, le plus éminent des princes vient à notre rencontre, « celui que Dieu a élevé à sa droite comme Prince et Sauveur » (Ac 5.31).

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COMMENT ACCUEILLERONS-NOUS

ALORS COMME IL SIED

NOTRE EXTRAORDINAIRE

ROI DE L’AVENT ?

Tout d’abord, en le reconnaissant comme notre Sauveur. C’est aussi ce que la foule a fait avant que les chefs religieux de Jérusalem ne la retournent cinq jours plus tard. Que chantaient-ils au passage de Jésus ? – « Hosanna ! » : « Dieu sauve ! » (v. 9)

La foule, trop nombreuse pour que tout le monde puisse loger à l’intérieur de la ville pour la fête de la Pâque juive, campait à l’extérieur, jusque sur les versants du Mont des Oliviers.

Cette foule était là pour apporter des sacrifices de repentance et d’expiation pour leurs péchés. Ces pèlerins se savaient tout petits et perdus sans l’intervention du Messie Sauveur, du Fils de Dieu venu les sauver. Dans leur bouche, « Hosanna ! » « Dieu sauve ! » est donc d’abord une confession des péchés, une confession de leur culpabilité devant Dieu.

Mais elle est aussi un cri de joie et de foi dans le salut que Dieu envoie par son Messie. Ils reconnaissent en Jésus le « Fils de David » (Mt 21.9), autre titre messianique du Messie Sauveur. Et ils l’acclament comme vainqueur en puissance, ce qu’ils montrent symboliquement en agitant des « rameaux » (v. 8 ; Mt 21.8)

Cette foule avait foi en l’accomplissement des prophéties messianiques. Nous, nous pouvons regarder en arrière sur cet accomplissement. Jésus a vaincu notre péché, il a vaincu la mort et l’enfer, il se révèle comme le vainqueur des épreuves et des difficultés de la vie.

Nous avons bien besoin de cette assurance. Laa couleur liturgique du Temps de l’Avent est le violet, la couleur de l’attente, de la méditation et de la repentance. Mais le Temps de l’Avent est aussi celui de l’acclamation joyeuse du Roi qui vient dans nos vies pour nous aider à la dompter et pour nous mener à bon port.

Accueillons-le donc avec repentance et foi, mais soyons aussi prêts à le servir comme notre Roi et Maître.

Je suis étonné par la docilité avec laquelle ses disciples ont exécuté son ordre : aller « détacher » un ânon qui ne leur appartenait pas. Nous lisons simplement : « Ils partirent » (v. 4), « Ils y allèrent » (Segond 1978) ! Avouons qu’à leur place, nous aurions sans doute émis quelques objections avant de nous exécuter. Nous aurions eu peur des réactions des gens, particulièrement du propriétaire de l’ânon.

Non, sachons que si notre Seigneur et Maître attend quelque chose de nous, d’abord c’est un honneur qu’il nous fait de pouvoir le servir, ensuite nous pouvons le faire de bon cœur, car … « hosanna ! » « Dieu sauve », Dieu est avec nous, Dieu bénit le service que nous lui rendons, même si c’est dans un contexte difficile, même si c’est lié à des complications, même si notre tendance pécheresse veut traîner les pieds.

Une vie de service commence déjà par une participation joyeuse et régulière au culte, au service divin. Certes, c’est-surtout notre Roi de l’Avent qui nous rend service dans les cultes : il nous donne son pardon à travers sa Parole et ses sacrements ; il nous y assure de sa fidèle assistance dans la vie ; il nous assure de notre appartenance à son Royaume.

Mais nous aussi nous le servons dans les cultes : nous lui apportons « le sacrifice », l’offrande « de nos louanges » (Hé 13.15), et nous rendons service aux siens en nous unissant à eux et en les encourageant à le servir avec nous.

Enfin nous lui rendons service avec les dons qu’il a mis à notre disposition. Là-bas, c’était un « ânon » que quelqu’un a mis à la disposition du Maître. D’autres, plus démunis, ont pris ce qu’ils avaient sous la main : « leurs vêtements », pour en faire un tapis au Seigneur, des « branches » d’arbre, pour lui organiser un défilé festif (v. 8).

Et à toi, qu’est-ce que le Seigneur a mis à ta disposition pour que tu puisses le servir ? Du temps à consacrer à son église ? Des talents divers à mettre à son service dans l’Eglise : bricoler, tenir la comptabilité, s’occuper de l’accompagnement musical du culte, s’occuper du catéchisme, de l’évangélisation, de visites aux malades ? (ce ne sont là que des exemples parmi d’autres.)

Oui, qu’est-ce que le Seigneur a mis à ta disposition pour que tu puisses servir sa venue, son Avent, parmi nous ? Sans doute pas d’âne, mais peut-être une voiture pour rendre visite à des malades ; sans doute un revenu qui peut nous permettre, ensemble, d’assumer notre responsabilité de paroissien et de faire face aux besoins de sa venue, de son Avent, au travers de la prédication et de l’administration des sacrements.

Avec tout cela nous montrons à notre Roi de l’Avent que nous l’accueillons avec joie parmi nous et non pas parce que nous n’aurions pas le choix.

Si notre cœur déborde de louange comme celui des pèlerins sur le chemin de Jérusalem, alors nous aussi nous chanterons : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » (v. 9) Nous le chanterons d’ailleurs tout à l’heure, comme lors de chaque célébration de la Cène pour fêter son Avent, sa venue parmi nous sous les espèces du pain et du vin.

C’est ainsi qu’il veut être accueilli : avec un cœur débordant de louange et de reconnaissance, et un mode de vie qui lui fait honneur et qui se met à son service pour l’avancement de son Règne.

Dans l’année liturgique écoulée, notre Seigneur n’a cessé de venir à nous dans sa Parole et ses sacrements. En y repensant, nous ne sommes pas très fiers de l’accueil que nous lui avons parfois fait dans notre vie quotidienne.

Combien sommes-nous alors soulagés et heureux d’entendre que, malgré nos péchés, il veut continuer à venir à notre rencontre dans les moyens de grâce !

Prenons la résolution, une fois de plus, en invoquant l’assistance du Saint-Esprit, de toujours l’accueillir comme il convient : dans une repentance et une foi de tous les jours.

Alors son dernier Avent, son retour en gloire, sera pour nous l’occasion d’entrer avec lui dans la gloire céleste et éternelle.

Amen.

Jean Thiébaut Haessig