lundi 19 mars 2007

Sermon du 18 mars 2007 - Laetare

Laetare Es 12.1-6

Châtenay-Malabry 18.03.2007

Chants :

Oui, je veux te bénir AeC 259 : 1-5
Tu vins, Jésus, pour partager AeC 456 : 1-3
J’ai tout remis entre tes mains AeC 621 : 1-4

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12:1 Tu diras en ce jour-là :

"Je te célèbre, Seigneur :

tu as été en colère contre moi,
mais ta colère s'en est retournée,
tu m'as consolé."
12:2 C'est le Dieu de mon salut ;
j'ai confiance, rien ne m'effraie.
Car le Seigneur (Yah),
le Seigneur (YHWH),
est ma force et ma puissance,
il est mon salut."

12:3 Vous puiserez de l'eau gaiement
aux sources du salut.

12:4 En ce jour-là, vous direz :
"Célébrez le Seigneur,
invoquez son nom,
faites connaître parmi les peuples ses hauts faits,
rappelez combien son nom est sublime !"

12:5 Chantez le Seigneur,
car il a fait des choses magnifiques.
Qu'elles soient connues par toute la terre !

12:6 Triomphe et pousse des cris de joie, habitante de Sion !
Car il est grand en ton sein, le Saint d'Israël !" »
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Cher frère, chère sœur en Jésus-Christ !

« Tu diras en ce jour-là [aux jours du Nouveau Testament] : "Je te célèbre, Seigneur !" » Je te loue, je te rends grâces, Seigneur !

Cher frère, chère sœur en Jésus-Christ, est-ce vraiment, là, ce qui caractérise ta vie ? Ta vie est-elle placée sous le signe de la reconnaissance et de la louange de Dieu ?

Notre gratitude envers Dieu ne sombre-t-elle pas parfois sous les gémissements, les lamentations et les plaintes ?

Il est vrai que la vie est remplie de tant de choses difficiles à gérer, de tant de méchanceté, de tant de choses qui énervent, d’autres qui nous pèsent, d’autres encore qui nous déçoivent tant !

Voyez l’époque du prophète Esaïe. Les croyants de l’époque étaient en butte aux assauts de la superpuissance de l’époque, l’Assyrie. Jérusalem et le Royaume de Juda allaient-ils tenir, les croyants pourront-ils continuer à jouir de la liberté de culte si l’Assyrie les asservissait ?

Pourtant, du milieu de cette atmosphère oppressante jaillit ce chant de foi et de joie. Il y a tellement d’allant, d’entrain, d’énergie et de dynamisme dans ce chant de 6 versets qu’il constitue à lui tout seul un chapitre.

C’est que les croyants de l’époque avaient tant de raisons de louer et de célébrer Dieu ! Il suffisait qu’ils écoutent ses promesses, il suffisait qu’ils laissent diriger leurs regards par ses prophètes vers la venue du Messie Sauveur.

Au chapitre précédent – au chapitre 11 – Esaïe avait justement été chargé de lever un peu plus le voile sur la venue du Messie. Il y a annoncé « le rameau qui sortira du tronc de Jessé », « le rejeton qui sortira de ses racines » (Es 11.1)

C’était, il y a 2750 ans – en 750 av. J.-C. environ –. Entre-temps, « l’habitante de Sion », la communauté des croyants – aujourd’hui, l’Eglise chrétienne – vit cette époque annoncée par Esaïe.

Les croyants de l’Ancienne Alliance étaient appelés à se réjouir de la venue du futur Messie. Nous, nous pouvons nous réjouir de sa venue. Au milieu des épreuves et des tentations que nous pouvons connaître, des souffrances et des angoisses, nous voyons bien plus nettement que les contemporains d’Esaïe combien « le Saint d’Israël, » le Sauveur du monde, « est grand en notre sein » !

Oui,

NOUS AVONS TOUTES LES RAISONS DE CELEBRER NOTRE DIEU


1. parce qu’il nous console
2. et nous rend forts.

Nous avons toutes les raisons
de célébrer Dieu
– 1 –
pour ses consolations.

Sans doute nous arrive-t-il à tous de connaître des moments où nous avons plutôt l’impression que Dieu est en colère contre nous, qu’il ne veut vraiment pas venir nous consoler, des moments où nous plongeons, tant nous avons l’impression que Dieu nous abandonne dans sa colère.

Tenez, voyez le Royaume de Juda du temps du prophète Esaïe. La suprématie de l’Assyrie était écrasante. Les rois de Ninive avaient détruit et occupé, d’abord la Syrie avec Damas, puis le Royaume d’Israël avec Samarie. Le Royaume de Juda avec Jérusalem a été épargné, mais devait payer un lourd tribu à la puissance assyrienne. La révolte grondait. On voulait inciter le roi à se rebeller contre l’Assyrie.

C’est dans ce contexte que le prophète Esaïe appelle la population au calme. Il l’invite avec insistance à faire confiance à Dieu et à ne pas faire de bêtise en se fiant à sa force militaire.

Dieu les avait-il abandonnés ? Que non ! Dieu les punissait-il ? Se vengeait-il ? Etait-il en colère contre son peuple ? Non plus. Au contraire, il oeuvrait pour leur bien. Il voulait leur apprendre à lui faire confiance dans l’adversité. Il voulait les faire grandir dans la foi, les unir plus fortement encore dans sa communion de pardon et de vie.

Il voulait amener ce peuple souvent si orgueilleux à ne pas fonder sa fierté sur lui-même, mais sur la grâce et la fidélité de Dieu, sur sa grâce et ses promesses. Dans le domaine de la vie courante, nous devons aussi faire usage de l’intelligence que Dieu nous a donnée, et de l’expérience qu’il nous a permis d’amasser, mais le peuple d’Israël avait une position à part dans le monde politique de l’époque : jusqu’à l’arrivée du Messie et Sauveur du monde, Dieu lui-même en était le chef politique suprême, c’était la seule véritable théocratie qui ait jamais existé au monde. Et quand Dieu s’adressait au peuple d’Israël par ses prophètes, les Israélites devaient davantage avoir confiance dans la Parole de leur Dieu que dans leurs expériences et calculs, ils devaient faire passer la Parole infaillible de Dieu avant leur raison faillible.

C’est difficile quand on a l’impression que ce qu’on vit contredit ce que Dieu dit. Il nous arrive aussi de nous sentir tout petits, tout démunis, tout désarmés devant les problèmes qui nous assaillent. C’est un peu ce qui se passe quand nous considérons l’esprit du monde qui s’infiltre insidieusement – sans que nous nous en rendions réellement compte – dans nos jugements et dans ceux de nos enfants ; ou quand nous considérons l’avancée de l’incrédulité, des sectes et des fausses religions dans notre monde. Aussi quand nous voyons les énormes défis posés à notre Eglise et que nous plaçons en face les moyens que nous avons. Et je pourrais continuer la liste des problèmes devant lesquels nous ne nous sentons parfois pas de taille à les résoudre.

Et nous sommes alors tentés de nous demander : Tout n’indiquerait-il pas – l’apparence, l’expérience que nous sommes alors en train de traverser, n’indiquerait-elle pas – que Dieu se désintéresse de nous, qu’il ne se préoccupe vraiment pas de notre bien-être, ou peut-être pire : qu’il est en colère contre moi et veut me faire payer quelque chose ?

Oh ! des raisons de nous punir, il en aurait ! Sans compter parmi les personnes immorales de ce monde, nous savons que nous sommes loin de correspondre aux exigences de perfection de la sainte Loi de Dieu. Or, le verdict incontournable de Dieu établit : « Le salaire du péché, c’est la mort » ! (Rm 6.23)

Heureusement que Jésus est venu dévier sur lui l’exécution de ce verdict. Heureusement qu’il s’est porté volontaire pour payer à notre place. Esaïe écrit plus loin : « La correction qui nous vaut la paix est tombée sur lui ! » (Es 53.5)

Cela, Esaïe le savait déjà, lorsqu’il a entonné le chant de notre texte : « Je te célèbre, Seigneur : tu as été en colère contre moi, mais ta colère s'en est retournée ! »

Et c’est là – cette intervention miraculeuse du Fils de Dieu comme « victime expiatoire pour nos péchés » (1 Jn 2.2) – c’est là la source de notre soulagement, c’est aussi la cause de notre certitude :

Dieu n’est plus irrité contre les croyants, contre ceux qui croient en l’expiation de Jésus-Christ. Son comportement envers nous n’est plus jamais dicté par la colère ou l’envie de punir, mais par l’amour qu’il nous porte et qu’il nous a dévoilé de la façon la plus parlante sur la croix de Golgotha.

Avec Esaïe nous le « célébrons », nous l’acclamons, nous le proclamons et le confessons en ces mots : « C'est le Dieu de mon salut ; j'ai confiance, rien ne m'effraie. »

Car, pour le dire, cette fois-ci, avec Paul : « Si Dieu est pour nous, » si Jésus l’a réconcilié avec nous par son sacrifice expiatoire, si Jésus nous a gagné l’amour et la sollicitude du Père céleste, « qui sera contre nous, » qui pourra agir contre l’accompagnement et la sollicitude fidèles de Dieu ?

Dieu est devenu « le Dieu de mon salut », d’un « salut » qui s’étend à tous les croyants et les met à l’abri de tout mal réel. Certes, nous connaîtrons encore des passes difficiles, mais ce qui nous fait tant de bien dans ces mauvaises passes, c’est de savoir que « le Dieu de mon
salut » se tient à mes côtés et ne retirera pas de moi ses mains aimantes et toutes-puissantes.

Par exemple, Paul, s’adressant aux chrétiens de Thessalonique quelque peu ébranlés par la mort de leurs frères et sœurs, ne leur écrit pas : « afin que vous ne vous attristiez pas » – bien sûr que la mort de nos proches nous « attriste », c’est une épreuve pour nous aussi ! – Non il leur écrit : « afin que vous ne vous attristiez pas comme les autres qui n’ont pas d’espérance ! » (1 Th 4.13)

Cette « espérance », cette certitude que « rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu » (Rm 8), nous la devons à Jésus en qui nous croyons.
Ce réconfort est comme une source qui ne tarit jamais. Ce que Dieu a fait pour nous en Jésus, ce qu’il nous a procuré et offert en Jésus, c’est comme une fontaine qui ne cesse de couler et de nous désaltérer au milieu des chaleurs de la vie.

« Vous puiserez de l'eau gaiement aux sources du salut ! » chante Esaïe, promet Esaïe ici à tous les croyants, à nous aussi.

« Vous puiserez de l'eau gaiement aux sources du salut ! » C’est ce que nous venons faire dans nos cultes, dans les études bibliques, à l’instruction catéchétique ou en sondant les Ecritures chez nous à la maison : « nous puisons gaiement aux sources du salut ! » Et celui qui a ainsi « goûté combien le Seigneur est bon » (1 P 2.3), n’en aura jamais assez et continuera à « puiser gaiement » le salut de cette source aussi intarissable que le Christ est éternel !

Si nous avons toutes les raisons de célébrer Dieu parce qu’il nous console,

Nous avons aussi toutes les raisons
de le célébrer
– 2 –
parce qu’il nous rend forts.

Car de cela, nous en avons souvent besoin : être affermis ! Quand nous sommes sans solution devant un problème, désemparés devant une tâche qui fait peur, découragés quand nous avons l’impression de ne pas être à la hauteur.

Il nous arrive d’avoir apporté tant de soin à quelque chose, consacré tellement de temps à quelqu’un, fait preuve de tant de patience – et puis, nous avons l’impression que cela n’a pas servi à grand-chose, tout cela semble avoir été fait en pure perte.

Et c’est la déception, le coup de blooze. Et la déprime menace. On a l’impression d’un grand vide, on n’a plus envie de rien parce qu’on croit que tout est inutile, c’est raté, ça n’a pas de sens.

A cela peut s’ajouter un complexe d’infériorité : « Je ne vaux rien ! », le sentiment de culpabilité : « C’est ma faute ! Je n’ai que ce que je mérite ! Dieu s’est détourné de moi, il m’en veut. » Et on a peur de ce qui va encore suivre.

C’est ce qui s’est passé avec les contemporains du prophète Esaïe. Quels efforts – diplomatiques, militaires, économiques – n’avaient-ils pas déployés pour écarter le danger assyrien ! Et pour quel résultat ?

Il y a des situations où la sagesse humaine a atteint ses limites, mais pas Dieu. Et quand, humainement parlant, il n’y a plus de solution, en tout cas on n’en voit pas, n’oublions pas que nous avons toujours les promesses de Dieu.

Il est venu en aide au Royaume de Juda parce qu’il avait un lien particulier avec ce peuple. Il vient aussi en aide à ses enfants, car avec nous il a aussi établi un lien qui ne peut se rompre, l’alliance du baptême scellée par le sang expiatoire de son Fils.

Et cette certitude, savoir que le Dieu réconcilié ne peut pas nous laisser tomber, que sa grâce et sa fidélité nous sont acquises à cause du Christ, cette certitude nous donne des forces dans l’épreuve. Que dit Paul ? « C’est quand je suis faible que je suis fort. » Comment peut-il dire cela ? Parce qu’il sait que « la puissance de Dieu s’accomplit dans la faiblesse » (2 Co 12.9-10)

Le Seigneur ne veut pas nous abandonner dans le marasme, il ne prend pas plaisir à nos moments de découragement. Il veut nous rendre forts pour nous armer pour affronter la vie.

Et quelle meilleure arme pourrait-il nous donner que ses promesses de grâce, de fidélité, de pardon et de vie ? Qu’est-ce qui nous rend plus fort que la certitude que Dieu, pour l’amour de son Fils, nous aime et ne nous abandonne pas ?

Paul écrit : « Nous prêchons Christ crucifié, puissance de Dieu et sagesse de
Dieu ! » (1 Co 1.24-25) Notre Dieu nous dirige toujours vers le même endroit : Golgotha, vers le même événement central de l’histoire du monde : l’expiation de nos péchés par son Fils. C’est cette foi, cette certitude qui nous rend forts, car nous nous savons « gonflés » par l’amour et la fidélité du Dieu tout-puissant.

Paul, l’apôtre du Nouveau Testament, et Esaïe, le prophète de l’Ancien Testament, disent la même chose – et pour cause : le même Saint-Esprit parle par eux. Voici ce que dit Esaïe dans notre texte :

« C'est le Dieu de mon salut ; j'ai confiance, rien ne m'effraie. Car le Seigneur (Yah), le Seigneur (YHWH), est ma force et ma puissance, il est mon salut. »

Notre faiblesse permet à sa puissance de devenir agissante en nous. Tant que nous nous confions à notre propre force, nous ne recourrons pas à la sienne. Mais quand nous reconnaissons notre déficience, notre péché, quand nous le regrettons et nous en repentons, alors nous nous tournons vers les promesses de l’Evangile, alors nous nous redressons grâce aux promesses de pardon, de grâce et de fidélité de notre Dieu Sauveur.

Quiconque a ainsi raclé le fond et désespéré à cause de ses ratés, mais a aussi agrippé la main que Dieu lui tendait, quiconque s’est ainsi vu attiré par Dieu et serré sur son cœur, grâce à la médiation de Jésus, celui-là peut s’écrier avec joie avec Esaïe : « Le Seigneur (Yah), le Seigneur (YHWH), est ma force et ma puissance, il est mon salut. »

Oui, quand notre culpabilité veut nous écraser, quand nous nous sentons bien peu au vu des exigences de la sainte Loi de Dieu, et que Dieu nous apprend que, parce que Jésus a expié nos péchés, « sa colère s’en est retournée », sa colère s’est changée en amitié, en intérêt, en fidélité et bonté, sa malédiction en bénédiction, alors nous nous sentons mieux, alors nous reprenons des forces et nous épanouissons, alors nous pouvons le célébrer, avec Esaïe, parce que « sa colère s’en est retournée » !

C’est ainsi que le Puissant nous transmet sa force, la force de son pardon, la force de son amour, la force de sa paix, la force de sa bénédiction et de sa sollicitude, la force de son salut !

Alors je peux dire avec Esaïe, malgré les aléas de la vie, même malgré les problèmes du présent et les incertitudes de l’avenir : « J’ai confiance, rien ne m’effraie ! »

Voilà pourquoi nous le « célébrons », car ce qu’il nous procure – et que lui seul peut nous procurer – nous ne pouvons le taire, nous devons le chanter, le confesser, le publier.

« Célébrez le Seigneur, invoquez son nom, faites connaître parmi les peuples ses hauts faits, rappelez combien son nom est sublime !

Chantez le Seigneur, car il a fait des choses magnifiques. Qu'elles soient connues par toute la terre !

Triomphe et pousse des cris de joie, habitante de Sion ! Car il est grand en ton sein, le Saint d'Israël !" »


Amen.

Jean Thiébaut Haessig
(14 465)