lundi 13 avril 2009

Sermon du vendredi Saint - 10 avril 2009

Texte : 1 P 1 . 17-21


Chants proposés :

Pourquoi, Jésus, tes pleurs, ton agonie ? LlS 92 : 1-4

Quelle douleur saisit mon cœur ! LlS 94 : 1-6

Ô monde, viens, contemple LlS 91 : 1-7

17 « Et si c'est comme à un Père que vous faites appel à celui qui juge chacun conformément à sa manière d'agir sans faire de favoritisme, conduisez-vous avec une crainte respectueuse pendant le temps de votre séjour sur la terre.

18 Vous le savez en effet, ce n'est pas par des choses corruptibles comme l'argent ou l'or que vous avez été rachetés de la manière de vivre dépourvue de sens que vous avaient transmise vos ancêtres,

19 mais par le sang précieux de Christ, qui s'est sacrifié comme un agneau sans défaut et sans tache.

20 Prédestiné [littéralement : connu d’avance] avant la création du monde, il a été révélé dans les derniers temps à cause de vous.

21 Par lui, vous croyez en Dieu qui l'a ressuscité et lui a donné la gloire, de sorte que votre foi et votre espérance reposent sur Dieu. »

Chers frères et sœurs en Celui

qui n’a pas rechigné à payer le prix fort pour vous !

Il ne se passe pas de semaine sans que nous recevions par la poste ou par Internet « l’affaire de l’année » : un livre, un abonnement, l’impression de cartes de visite, une voiture, des voyages, et j’en passe.

Il y a aussi, à deux pas d’ici, un usine-center qui annonce vendre à prix d’usine, en tout cas moins cher que quiconque.

Et cette semaine, on annonce aussi sur les ondes qu’il est possible de tout négocier, y compris les prix chez les médecins.

La publicité nous a habitués à rechercher les bonnes affaires dans les journaux ou sur Internet. On voudrait nous faire croire qu’on peut tout trouver à prix bradé, qu’il y a moyen d’avoir des remises partout, bref, que tout ce qui est précieux dans l’existence, tout ce qui a de la valeur, on peut l’avoir au rabais.

Il n’en est rien. Ecoutez bien ce que Pierre nous dit ici. Il n’y est pas question de réduction. Au contraire, son message est le suivant :

PAS DE RABAIS

POUR VOTRE RACHAT !

Aussi allons-nous réfléchir aujourd’hui à ces deux points :

1. Le montant de notre rachat a été tout sauf avantageux.

2. Ne faisons pas peu de cas de notre rachat.

X X X 1 X X X

Le montant de notre rachat

a ete tout sauf avantageux !

Le montant pour nous racheter de la perdition méritée par nos péchés est si vertigineusement élevé qu’aucun humain n’était et n’est capable de le payer. Déjà dans les Psaumes, les Fils de Koré confessaient : « Ils ne peuvent se racheter l'un l'autre ni donner à Dieu le prix de leur rançon. Le rachat de leur âme est cher et n'aura jamais lieu. » (Ps 49.8-9)

Il n’est pas possible de marchander avec Dieu pour faire baisser ses prix. Il est saint et juste, et ses tarifs le sont pareillement. Ils correspondent exactement aux exigences saintes et justes de sa divine Loi.

Et voici le prix qu’il affiche : « Vous serez saints, car je suis saint, moi, l'Eternel, votre Dieu ! » (Lv 19.2) C’est là l’exigence incontournable pour pouvoir s’épanouir en présence de Dieu.

A cela s’ajoute que nous devrions payer pour nos péchés – les expier –, et là le tarif n’est pas plus réjouissant : « Le salaire du péché, c’est la mort ! » (Rm 6.23), la mort en enfer, pour être précis.

Mais, comme déjà indiqué tout à l’heure, ces tarifs ne sont pas à notre portée. Nous ne sortirions plus jamais de la mort en enfer, parce qu’il nous faudrait expier nos péchés pour l’éternité.

Quant à observer les exigence de la sainte Loi de Dieu à la perfection – en pensées, paroles et comportement – ne nous leurrons pas : c’est impossible ; admettons-le honnêtement.

C’est pourtant dans cette illusion que le peuple d’Israël en était arrivé à se bercer, avant tout les pharisiens. Ne pensaient-ils pas respecter à la perfection la Loi de Dieu, en sorte que Dieu devait être satisfait d’eux ? Ils pensaient que les efforts qu’ils faisaient pour vivre étaient un montant suffisant pour que Dieu s’en contente. Là, ils avaient hautement surestimé leur propre valeur, et tout autant sous-estimé les exigences de Dieu. Ce n’est pas ainsi qu’on y arrive.

C’est ce que Pierre veut faire comprendre à ses destinataires, des chrétiens d’origine juive vivant en Asie Mineure. Pierre appelle « la manière de vivre de leurs ancêtres » « une manière de vivre dépourvue de sens » si on pense qu’avec elle on arrive à contenter Dieu. (v. 18)

C’est sûr, ils s’efforçaient de vivre de façon exemplaire, mais ils restaient pécheurs et leur « manière de vivre » était loin d’atteindre le niveau de la sainte perfection. Pour que Dieu nous donne en échange son « quitus », il faudrait qu’il baisse énormément ses tarifs. Mais alors cela ne suffirait pas pour notre salut.

Devant cette dramatique impasse, Dieu a eu pitié de nous. Il ne pouvait pas baisser le prix – cela n’aurait pas suffit pour notre rachat. Il a donc décidé, « avant la création du monde » (v. 20), non pas de nous avancer le prix du rachat (nous ne pourrions jamais le lui rembourser), mais d’en payer lui-même le prix une fois pour toute.

Bien sûr – pourrions-nous être tentés de dire – c’était un jeu d’enfant pour lui, le Maître tout-puissant de toute chose ! Ne peut-il pas à volonté puiser dans les trésors de l’univers et nous racheter par ex. avec les métaux précieux qui s’y trouvent ?

Eh bien non ! Ce serait encore un rachat au rabais. Comment « des choses corruptibles comme l'argent ou l'or » (v. 18) seraient-elles en mesure de nous tirer de l’existence mortelle pour nous mettre en sécurité dans la vie incorruptible, éternelle ? Non ! Pour notre rachat il faut déjà quelque chose de plus précieux, car notre rachat ne peut s’obtenir au rabais.

Dieu a dû sortir ce qu’il avait de plus précieux. Il n’y avait que ce à quoi – en fait, à qui – il tenait le plus qui était capable de nous racheter : « le Fils unique », « éternel » et « bien-aimé, qui a toute l’approbation » du Père. (Jn 3.16 ; 2 Tm 1.9 ; Mt 17.5)

Si notre rachat avait pu se faire à un prix moins élevé, Dieu – à qui « rien n’est impossible » (Lc 1.37) – n’aurait pas permis que son Fils soit sacrifié. Cela montre combien il tenait à nous sauver : il n’a pas tergiversé ; il n’a pas essayé de chipoter sur le montant à payer.

« Vous le savez en effet, ce n'est pas par des choses corruptibles comme l'argent ou l'or que vous avez été rachetés […], mais par le sang précieux de Christ, qui s'est sacrifié comme un agneau sans défaut et sans tache. » (v. 18-19)

Le Fils de Dieu s’est fait homme pour nous. Il est le seul être humain à ne pas avoir été « entaché », corrompu, par le péché, à être resté « sans défaut », pur, sans péché. Il n’a pas non plus eu de réaction pécheresse quand il a dû payer et expier une culpabilité qui n’était pas la sienne, mais la tienne, la mienne, celle « du monde entier » (1 Jn 2.2).

La croix de Golgotha nous annonce : « Vous avez été rachetés à un grand prix ! » (1 Co 6.20) Le Fils éternel, le Saint, « s’est offert lui-même en rançon » pour nos péchés (1 Tm 2.6)

Que cela ait été nécessaire montre combien notre culpabilité était grande aux yeux de Dieu. Mais cela nous montre aussi combien Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit tient à nous et nous aime.

Et cela nous apporte la certitude que nous sommes réellement, vraiment, « rachetés », débarrassés de la damnation éternelle.

Dieu n’a pas marchandé. Il a mis le prix fort sur la table. Cela explique le genre de rapports que nous entretenons avec notre Dieu libérateur.

Beaucoup de gens ne disent à Dieu qu’un rapide « Bonjour ! », dimanche matin au culte – et même cela, uniquement s’ils n’ont rien de plus important à faire. En passant, ils lui donnent même un petit pourboire s’ils ne trouvent pas que cet argent serait mieux dépensé ailleurs. Ou ils ne s’adressent à Dieu que lorsqu’ils ne savent vraiment plus comment s’en sortir autrement.

Mais celui qui a vraiment compris quel prix énorme, quelle rançon colossale a été versée pour son salut – et versée par Dieu lui-même ! – celui-là exprimera aussi sa joie à ce Dieu – le seul payeur possible – qui n’a pas rechigné à passer à la caisse lui-même et à nous sauver au prix de son Fils.

Celui qui sait cela, qui croit cela, et qui en est soulagé et revit, celui-là essayera aussi de glorifier son Dieu libérateur en mettant à sa disposition les biens et talents en sa possession.

X X X 2 X X X

NE faisons PAS PEU DE CAS

DE NOTRE RACHAT

que nous lui devons, à lui et à son Fils.

A l’époque où Pierre a rédigé cette épître, la tentation était grande pour les chrétiens de faire des compromis avec les païens. Cela aurait pu calmer la haine du monde romain, une haine réelle comme le montrera bientôt la persécution sous Néron. Oui, la tentation était grande : Le salut valait-il vraiment qu’on meure pour sa foi ?

Chers frères et sœurs en Christ, le Crucifié, notre rachat, notre salut, c’est vraiment ce que nous avons de plus précieux, et ceci, sans que nous l’ayons mérité : Dieu nous l’a donné par pure grâce.

Aussi – vous exhorte l’apôtre Pierre – « conduisez-vous avec une crainte respectueuse pendant le temps de votre séjour sur la terre. » (v. 17) Non pas dans la « crainte » de ce monde et de ses opinions impies, de ses modes souvent immorales, mais « avec une crainte respectueuse » de Dieu.

Lui seul vous a rachetés par son Fils. Ceux qui font fi de sa rédemption – autre mot pour rachat – ceux qui ne « craignent » pas « Dieu par-dessus tout » (Martin Luther, Petit Catéchisme), ceux qui prennent plus d’égards pour le monde que pour Dieu, ceux-là vont à leur perte.

« Conduisons-nous avec une crainte respectueuse » devant notre Dieu Sauveur. Rappelons-nous qu’il a tellement tenu à nous sauver qu’il a demandé à son Fils d’expier nos péchés.

Et rappelons-nous aussi qu’il « juge chacun conformément à sa manière d'agir sans faire de favoritisme » (v. 17). N’ayez crainte, il ne nous jugera pas selon nos mérites et la valeur de nos œuvres – nous venons d’entendre Pierre nous dire que de cette façon nous ne pouvons pas contenter Dieu – non, il nous jugera d’après notre « manière d’agir », d’après ce que notre comportement exprimera.

Notre vie était-elle l’expression d’une vie de repentance et de foi, une vie où nous avons voulu montrer notre gratitude à notre Dieu qui s’est sacrifié sur la croix, ou notre vie, notre « manière d’agir » montrait-elle que nous faisions bien peu de cas du Christ et de l’énorme rançon qu’il a payée pour nous ?

Notre vie, l’avons-nous vécue en nous reposant avec confiance sur la mort expiatoire du Christ, ou était-ce une vie où notre Sauveur pouvait être content – mais l’était-il vraiment dans ce cas ? – si, de temps en temps, et après bien d’autres choses, on a aussi pensé à lui ?

C’est à notre « manière d’agir » que le divin Juge notera si nous avons vécu dans la foi en lui ou non.

Ne vivons-nous pas un vrai miracle ? Dieu « savait d’avance », « avant » même « la création du monde » (v. 20), que Jésus allait nous « racheter à un grand prix » (1 Co 6.20). De toute éternité, il avait prévu comment nous sortir du mauvais pas dans lequel nous nous engagerions par notre péché.

Ce Jésus « nous a été révélé » (v. 20) à travers les prophètes, les apôtres et les évangélistes. Il « nous a été révélé » comme celui en qui nous pouvons faire confiance, comme celui qui a « tout accompli », on devrait en fait traduire : « réglé la note » (Jn 19.30), car le verbe Τετέλεσται·(tetelestai) est aussi un terme de comptabilité !

Comment ne pas être saisi d’émotion devant tant de grandeur, d’abnégation, d’altruisme et d’amour incompréhensibles ? Dans un cantique, nous chantons : « Le Maître meurt pour l’esclave coupable ! » C’est contraire à toute logique !

Comment ne pas s’efforcer d’arranger notre vie de manière à faire honneur à Celui à qui nous devons tout, lui qui a « tout accompli » à notre place, lui qui a « réglé la note » à notre place, et une note sacrément salée, puisqu’il a enduré les souffrances de l’enfer à notre place !

Dans sa prison – hier, cela faisait 64 ans qu’il a été pendu, parce qu’il avait été impliqué dans un attentat contre Hitler – le pasteur Dietrich Bonhoeffer a forgé l’expression « die billige Gnade » (la grâce à bon compte, la grâce soldée, la grâce bon marché). Tout dépend pour qui. Pour nous, oui ! Dieu nous offre le salut pour rien, par pure grâce. Pour lui, non ! Cela lui a coûté son Fils bien-aimé. Et pour son Fils encore moins : il a passé par la croix et l’enfer pour nous racheter.

Cela nous montre combien Dieu tient à nous, et cela nous remplit d’émotion et d’une grande joie.

Pour le montant vertigineux qu’il a payé pour nous racheter, nous voulons « nous conduire avec une crainte respectueuse pendant le temps de notre séjour sur la terre ».

Dieu a montré à Golgotha qu’il a été prêt à débourser pour notre rachat un prix qui, même pour lui, était difficile à payer. Aussi montrons par « notre manière d’agir », par notre vie, notre comportement, quel grand cas nous faisons de son rachat, combien nous l’apprécions hautement, et montrons-le lui en le servant et en lui faisant honneur !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

lundi 6 avril 2009

Sermon du dimanche 5 avril 2009 - Rameaux

Texte : Mt 10 . 32-33

32 « C’est pourquoi, toute personne qui se déclarera publiquement pour moi, je me déclarerai moi aussi pour elle devant mon Père céleste ;

33 mais celui qui me reniera devant les hommes, je le renierai moi aussi devant mon Père céleste. »


Chers frères et sœurs en Celui qui s’est déclaré publiquement pour nous en payant de sa vie !


Ne vous a-t-on jamais dit : « Peu importe ce qu’on croit, l’essentiel c’est d’être sincère dans ce qu’on croit ! » ? – Que répondez-vous quand on vous dit cela ?

Vous avez peut-être des ami ou des connaissances qui vous ont déclaré : « Nous n’envoyons pas nos enfants à l’instruction catéchétique – et, d’ailleurs, de façon générale pas à l’église – car nous ne trouvons pas juste de leur imposer une religion donnée. Avec l’âge et la sagesse, ils feront leur propre choix. » – Que répondez-vous ?

Vous avez sans doute – surtout vous, les jeunes – des amis qui disent : « Si l’on veut progresser dans cette vie, chacun doit voir comment il y parvient. Chacun doit se considérer comme le meilleur et toujours agir selon son propre intérêt et son bon plaisir immédiat. » – Avez-vous laissé dire sans réagir ?

Une des grandes peurs qu’on rencontre dans ce monde, c’est celle d’être considérés différents de ce qui fait la « pensée unique » du moment. On pourrait craindre de perdre certains acquis si on reconnaissait ouvertement et clairement qu’on appartient à Jésus-Christ et qu’on en est heureux.

Voyez le Galiléen Simon Pierre dans la cour du Grand Prêtre à Jérusalem. Il avait si peur de ce que les serviteurs et gardes du Grand Prêtre pourraient lui faire s’il reconnaissait être un disciple de Jésus qu’il ne s’est pas seulement tu ; il est même allé jusqu’à jurer ne pas le connaître !

Avec les paroles de notre texte, notre Seigneur Jésus-Christ nous invite :

NE CRAIGNEZ PAS

DE VOUS RANGER OUVERTEMENT

DE MON CÔTE !

Aussi allons-nous réfléchir aujourd’hui à ces deux points :

1. Les nombreuses possibilités de se déclarer pour Jésus

2. Le seul moyen de trouver le courage de le faire.

X X X 1 X X X

LeS NOMBREUSES POSSIBILITES

DE SE DECLARER POUR JESUS

Nous nous déclarons publiquement pour Jésus quand nous faisons clairement comprendre, que ce soit par nos paroles ou par notre comportement, que ce qui est décisif, ce qui change tout d’une personne à une autre, c’est le genre de relation que nous entretenons avec Jésus.

Ici, nous réagirons à des affirmations comme celles citées en introduction, là, nous répondons à une question précisetenez, peut-être sur ce nouveau-né qu’est le « forum évangélique luthérien » sur Internet.

Mais ce que les gens doivent retenir avant tout, ce qui doit transparaître derrière toutes nos réponses, c’est que Jésus-Christ est notre unique Seigneur et Sauveur, et un Seigneur et Sauveur bien-aimé. Voilà la vérité vers laquelle toutes nos réponses doivent tendre, la vérité dont doivent être imprégnées toutes nos interventions.

Et ne nous recroquevillons pas dans notre carapace. Ne donnons pas l’impression que nous n’avons rien à dire, ou, pire, que nous avons honte de parler de notre Seigneur et Maître ! L’apôtre dont notre paroisse porte le nom nous dit : « Soyez toujours prêts à défendre l'espérance qui est en vous, devant tous ceux qui vous en demandent raison. » (1 P 3.15)

Cette merveilleuse « espérance » d’enfants de Dieu et de citoyens des cieux nous vient de Jésus-Christ, se concentre sur lui, au point que Paul peut parler de « Jésus-Christ, notre espérance » (1 Tm 1.1). Toute notre merveilleuse « espérance » repose sur lui, … et nous aurions honte de parler de lui ?

Oui, ne ratons pas les occasions – tout particulièrement en cette Semaine Sainte qui s’ouvre devant nous – de nous « déclarer publiquement pour lui » : de « confesser devant les hommes » combien nous lui sommes reconnaissants d’être mort pour nous sur la croix, et pourquoi il est mort pour nous sur la croix.

« Confessons-le » – autre traduction possible pour « se déclarer publiquement pour lui » « confessons-le », disons comment il nous a obtenu le pardon de nos péchés en les expiant sur la croix pour nous.

« Déclarons publiquement » que grâce à lui, Dieu ne nous tient plus rigueur pour nos péchés, ne nous les compte plus, nous les pardonne.

Et disons combien il est important pour nous – en fait pour tout un chacun – de placer sa foi en Jésus-Christ comme son seul Sauveur des terribles conséquences du péché.

Ce n’est que grâce à lui, ce n’est qu’en communion avec lui, ce n’est que couvert de sa justice que nous pouvons subsister devant Dieu, et ceci pour l’éternité !

« Il n'y a de salut en aucun autre, car il n'y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. » (Ac 4.12)

Et puis, « déclarons-nous » aussi « publiquement pour Jésus » en participant dans nos cultes, par les prières que nous disons et les cantiques et répons que nous chantons !

Quand nous adressons la confessions de nos péchés ou les autres prières à Dieu « au nom de Jésus-Christ, son Fils, notre Seigneur », que faisons-nous d’autre que « confesser » que toutes les bénédictions pour lesquelles nous prions, nous viennent exclusivement de la médiation du Christ ?

Quand nous confessons notre foi avec les paroles de l’un des symboles de l’Eglise ancienne, ou avec les paroles d’un credo chanté, ce sont autant de déclarations publiques que Dieu est notre Dieu grâce à « la vie sainte et pure, aux souffrances et à la mort innocentes et à la résurrection glorieuse » de Jésus-Christ (liturgie).

Et que dire de nos chants ? D’ailleurs, un chant dont le pivot n’est pas Jésus-Christ et sa grâce, n’est pas réellement un chant chrétien, car il ne confesse pas le Christ.

Oui, « déclarons-nous » clairement et nettement « pour Jésus-Christ » et sa vérité salutaire, en nous rangeant clairement derrière les confessions de foi de l’Eglise Evangélique Luthérienne, car Jésus-Christ et son œuvre de rachat de l’humanité en sont le centre, le pivot et le leitmotiv. Tous les autres enseignements y sont présentés à partir de l’enseignement du Christ et de son œuvre. Tout y est rattaché à lui, tout « le confesse ».

Ne songez qu’à cette phrase dans les « Articles de Smalcalde » (1537), phrase avec laquelle se termine « l’article capital » sur « le Christ » : « Sur cet article, aucun écart ou concession n’est possible ; le ciel et la terre ou tout ce qui est périssable dussent-ils crouler. "Car il n’y a aucun autre nom par lequel nous devions être sauvés" nous dit l’apôtre Pierre (Ac 4.12). »

Nous n’avons quand même pas à avoir peur, en France, de « nous déclarer publiquement pour Jésus-Christ » en venant participer à nos cultes !

Il y a des pays où cela demande beaucoup de courage, comme cela m’a été rapporté par le plus jeune des fils du pasteur qui m’a baptisé : ils se réunissaient en Arabie Saoudite dans des appartements privés, et chaque fois chez un autre, pour ne pas être repérés, et sans emmener leurs enfants avec eux, pour qu’ils ne soient pas arrêtés avec les adultes s’il devait y avoir une descente de police.

Que sont, en comparaison, les petites tracasseries que nous pouvons connaître en « confessant » notre Seigneur bien-aimé ? On nous prendra peut-être pour « moyenâgeux », alors qu’il n’y a rien de plus actuel que le Christ et son Evangile ! pour limités, alors que Jésus nous a libérés et épanouis et rendus disponibles dans ce monde ! pour dépassés, alors qu’en face, il n’y a jamais eu autant de superstitions, malgré notre monde dit scientifique !

Nous savons qu’être fidèle à Jésus-Christ, cela signifie aussi être fidèle à sa Parole. « Confesser » Jésus-Christ, c’est « confesser », enseigner et croire « tout ce qu’il nous a prescrit » (Mt 28.19)

C’est ainsi que nous « confessons » correctement Jésus-Christ quand nous menons une vie qui lui fait honneur. Lui-même nous y invite ainsi : « Que votre lumière brille devant les hommes afin qu’ils voient votre belle manière d’agir et qu’ainsi ils célèbrent la gloire de votre Père céleste ! » (Mt 5.16)

Une « belle manière d’agir », un comportement qui « célèbre la gloire de notre Père céleste », n’est-ce pas mener une vie qui corresponde à la morale biblique et non pas à la morale de ce monde ?

N’est-ce pas aussi agir par amour pour les autres, dans leur intérêt, et pas seulement de façon égoïste dans notre seul intérêt ? N’est-ce pas agir en se rappelant la valeur que notre prochain a aux yeux de Dieu, pour lequel il s’est sacrifié autant que pour nous, et non faire du bien à l’autre parce que nous espérons qu’il nous renverra la balle ?

En fait, mener une vie à la gloire de Dieu, cela ne signifie pas seulement s’efforcer de « renoncer » à pécher, cela signifie aussi « renoncer à soi-même » (Mt 16.24), se laisser modeler et « formater » par notre Seigneur pour lui ressembler toujours davantage.

Comme vous le voyez, les façons de « se déclarer pour Jésus », de « le confesser devant les hommes », sont aussi multiples que variées. Il est bon de se le rappeler pour ne pas baisser les bras si on ne se sent pas de taille à le faire dans un domaine donné.

Et n’oublions pas : La question qu’il nous faut toujours nous poser est celle-ci : Faisons-nous honneur à Jésus-Christ ? Notre style de vie, notre comportement, est-il une « déclaration » en sa faveur ?

Mais pour ce faire, il nous faut davantage que seulement savoir que nous devrions le faire.

X X X 2 X X X

il n’y a qu’un moyen

de trouver le courage

de le faire.

Et pour cela, il faut commencer par lever ses yeux vers Jésus-Christ que l’apôtre Jean appelle « notre défenseur » ou « avocat auprès de Père » (1 Jn 2.1)

Jean ne fait ainsi que reprendre la promesse du Maître dans notre texte : « Toute personne qui se déclarera publiquement pour moi, je me déclarerai moi aussi pour elle devant mon Père céleste » (v. 32)

Cela, notre Seigneur le fait déjà maintenant en faveur de ceux qui en appellent à son expiation de leurs péchés. Il indique au Père qu’ils ont la promesse de retirer les bénédictions de son expiation. Et le Père ne peut et ne veut rien refuser à son Fils.

Mais prendre fait et cause pour nous, cela, il va le faire tout particulièrement lors du Jugement Dernier. Alors il nous placera publiquement du côté de ceux qui « l’ont confessé » par leur vie, du côté de ceux dont la vie de repentance et de foi a été une « déclaration » en sa faveur (Mt 25.31-46), une « déclaration » de reconnaissance pour son rachat.

Il y a, malheureusement, aussi ceux qui persistent à « le renier devant les hommes », ceux qui persistent à mener une vie qui lui tourne le dos, ceux qui ne reviennent pas à lui avec repentance et foi. Là, son verdict est sans appel : « Celui qui me reniera devant les hommes, je le renierai moi aussi devant mon Père céleste. » (v. 33)

Ici s’applique réellement le dicton : « Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. » Il ne faudrait cependant pas jouer avec la patience de Dieu. La vie peut s’arrêter subitement… et l’espoir s’envoler pour de bon.

Alors, si nous devions « l’avoir renié » ici ou là, par peur de perdre des amis, par exemple, si notre attitude en sa faveur devait avoir été ambiguë ou faussée par une attitude de compromis, faisons amende honorable : « Si nous sommes infidèles, » écrit – heureusement pour nous – l’apôtre Paul, « lui reste fidèle, car il ne peut se renier lui-même. » (2 Tm 2.13)

Rassurez-vous : il ne dit pas : « confesser sans ratés », « confesser sans échecs ». Rappelez-vous que lui confesser nos péchés, c’est aussi le confesser comme notre Seigneur et Sauveur. Voyez ce qu’il a fait du pitoyable Simon Pierre qui l’avait pourtant lamentablement renié.

Ne craignons donc pas son verdict au Jugement Dernier. Il ne sera pas contre mais pour ceux qui l’auront confessé ici-bas.

Plus nous nous placerons sous son Evangile de grâce, cette « puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit » (Rm 1.16), et plus « l’amour de Dieu nous pressera » (2 Rm 5.14) à « le confesser devant les hommes ».

La Bonne Nouvelle que Jésus-Christ a vécu et souffert pour nous, qu’il est mort, mais aussi ressuscité pour nous, voilà ce qui nous pousse à mener une vie qui lui fait toujours davantage honneur.

Nous pourrions aussi le dire en empruntant une image d’une de ses paraboles. C’est parce qu’il nous a fait cadeau de la perle précieuse que nous voulons montrer notre joie et faire participer les autres à notre joie.

Cet Evangile, cette Bonne Nouvelle de ce que Jésus a fait et continue de faire pour nous, voilà « la puissance de Dieu » qui nous aide à surmonter nos hésitations et nos craintes de « nous déclarer publiquement pour lui ».

C’est là aussi une des raisons pour lesquelles nous venons nous ressourcer dans l’Evangile au culte, en étude biblique, au catéchisme, à l’école du dimanche : pour que notre « confession » de foi en Christ soit plus claire, plus forte, plus audible, plus belle encore. Notre Seigneur le mérite.

Et puis, n’ayons pas peur de « le confesser devant les hommes » : il nous promet d’être à nos côtés et de nous bénir dans ce style de vie !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

Chants proposés :

Ton peuple heureux et frémissant LlS 85 : 1-3

Ton Roi vient, pauvre et débonnaire, LlS 86 : 1-4

Hosanna ! Hosanna ! LlS 84 : 1-4

Jérusalem, laisse passer ton Roi, LlS 162 : 1-3*