mercredi 17 décembre 2008

Sermon du dimanche 14 décembre 2008 -3ème dimanche de l'Avent


Texte : Mt 11 . 2-11

Chants proposés :

Saint Envoyé du Père, notre éternel espoir LlS 38 : 1+4-7
Quel est cet astre radieux LlS 36 : 1-3
Béni soit à jamais (Cantique de Zacharie) LlS 25 : 1+7-11


2 « Or, dans sa prison, Jean avait entendu parler de ce que faisait Christ. Il envoya deux de ses disciples lui demander :
3 "Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?"
4 Jésus leur répondit : "Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez :
5 les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres.
6 Heureux celui pour qui je ne représenterai pas un obstacle !"
7 Comme ils s'en allaient, Jésus se mit à dire à la foule au sujet de Jean : "Qu'êtes-vous allés voir au désert ? Un roseau agité par le vent ?
8 Mais qu'êtes-vous allés voir ? Un homme habillé de [tenues] élégantes ? Ceux qui portent des tenues élégantes sont dans les maisons des rois.
9 Qu'êtes-vous donc allés voir ? Un prophète ? Oui, je vous le dis, et plus qu'un prophète,
10 [car] c'est celui à propos duquel il est écrit : Voici, j'envoie mon messager devant toi pour te préparer le chemin.
11 Je vous le dis en vérité, parmi ceux qui sont nés de femmes, il n'est venu personne de plus grand que Jean-Baptiste. Cependant, le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui." »



Chers frères et sœurs en Christ,
appelés à être « grands » dans son Royaume !


Il y a des périodes où notre moral n’est vraiment pas au beau fixe. Notre quotidien peut être sérieusement secoué, voire ébranlé, par la maladie ou le décès d’un proche. Des espoirs non réalisés peuvent nous plonger dans de grandes déceptions. Des difficultés financières peuvent être la cause de notre découragement. Des coups durs – qui plus est, qui nous prennent à l’improviste – peuvent ébranler nos existences. Et, dans le domaine spirituel, notre péché et notre culpabilité peuvent ronger insidieusement et saper notre bonheur et notre tranquillité intérieure.
Des doutes peuvent alors menacer d’assombrir notre existence : Dieu est-il vraiment avec moi ? Et si oui, peut-il réellement changer quelque chose pour mon bien ? Où est-il ? Qu’attend-t-il pour intervenir en ma faveur ?

Jean-Baptiste, ce préparateur du chemin du Messie, semble avoir connu un tel moment de doute, dans sa prison. Connaissait-il un tel flottement ? Il n’était, finalement, qu’homme lui aussi ! Ou alors était-il à bout d’arguments pour convaincre ses disciples ?

« Dans sa prison, Jean avait entendu parler de ce que faisait Christ. Il envoya deux de ses disciples lui demander : "Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?" » (v. 2-3)
Jésus ne s’offusque pas de ce moment de faiblesse de son précurseur, le Baptiste. Au contraire, il lui vient en aide avec sa parole d’Evangile.

De la même façon, tout comme il le fait avec Jean-Baptiste, Jésus se préoccupe et s’occupe aussi de nous : il attire aussi notre regard sur lui, le Messie, et nous montre qu’en lui nous devenons même

PLUS GRANDS QUE LE GRAND BAPTISTE !

Sans non plus nous offusquer des questions posées par Jean-Baptiste, ou par d’autre d’entre nous, voyons que

1. Poser des questions
c’est là le propre de notre condition.
2. Répondre aux questions
c’est là une des fonctions de Jésus.
3. Faire de nous des grands dans son Royaume,
voilà ce qu’il vise avec nous.

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Poser des questions, c’est le propre de notre condition.

Des questions, tout le monde en a, y compris dans le domaine spirituel. Ceux qui n’en posent pas, ont des problèmes pour les poser, ou ceux à qui ils voudraient confier leurs problèmes… leur posent problème.
Jean-Baptiste, en tout cas, a des questions à poser à Jésus.
« Dans sa prison, Jean avait entendu parler de ce que faisait Christ. Il envoya deux de ses disciples lui demander : "Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?" »
Etonnant, non ? Etonnant, mais non pas incompréhensible.
Jean est en prison dans la forteresse de Machéronte, à l’est de la Mer Morte. C’est le général et historien juif Josèphe qui nous l’apprend. Jean y connaît, comme c’est le cas pour les prisonniers de l’époque, des conditions de vie misérables. Il ne peut plus prêcher. Il est empêché de continuer à remplir sa mission de précurseur du Messie.
Jean avait rencontré Jésus pour la première fois – si l’on peut dire – quand sa mère, Elisabeth, allait sur la fin de sa grossesse et que Marie, la mère de Jésus en était au début. Jean allait naître quelque six mois avant Jésus (Lc 1.26+39-57).

La première rencontre entre les deux de leur vivant, du moins la première rapportée par les Evangiles, fut aussi un événement marquant pour tous les deux : ce fut le jour où Jésus se fit baptiser par Jean dans le Jourdain. Ce jour-là, alors qu’il baptisait le Fils de Dieu, Jean entendit la voix de Dieu le Père et vit une forme symbolique de Dieu le Saint-Esprit (Mc 1.9-11 ; Jn 1.29-34).
C’est dans ces circonstances que Jean a annoncé : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. » (Jn 1.29)

Emprisonné dans la forteresse de Machéronte, Jean pouvait, cependant, avoir des contacts avec ses disciples ; il pouvait leur parler. C’est ainsi qu’il les a envoyé poser ces questions à Jésus.
Voulait-il, dans un moment de doute dû aux sévères conditions d’emprisonnement, avoir des preuves que ce que Jésus faisait correspondait effectivement à ce que lui, Jean, avait été chargé par Dieu d’annoncer à propos du Messie ?

Ou songeait-il à affermir la foi de ses disciples qui devaient être passablement ébranlés par l’emprisonnement de leur maître ? Etait-il vraiment l’envoyé de Dieu pour « préparer le chemin » du Messie ? (Lc 1.17+76 ; Mt 11.10) Et ce Jésus, qui laissait croupir leur maître en prison, était-il vraiment le Messie que Jean avait annoncé ?
Les disciples de Jean se demandaient-ils si leur maître avait préparé le chemin à la bonne personne ? Pourquoi ce Jésus de Nazareth était-il si discret ? Pourquoi n’intervenait-il pas dans le cours de l’histoire politique ? S’il était le Fils de Dieu, pourquoi n’intervenait-il pas pour délivrer son précurseur ?

De telles questions sont normales de la part d’hommes comme nous. Depuis l’irruption du péché dans le monde, il a tout détraqué et disloqué : ainsi, nous n’arrivons pas à mener une vie en parfaite harmonie avec la volonté de Dieu ; nous avons du mal à connaître Dieu dans toute sa profondeur, ou nous avons du mal à déceler quelle est sa volonté dans une situation donnée.
Et les questions fusent ! Comment Dieu, sa toute-puissance et sa bonté, sa compassion et sa fidélité, s’accordent-ils avec la façon dont se déroule notre vie ?
Et comment nos vies avec nos imperfections, nos difficultés, nos déceptions, s’accordent-elles avec la volonté de notre Père céleste ?

Heureusement qu’au milieu du doute la foi peut subsister. Nous avons peut-être tous déjà passé par l’état de ce père souffrant de la maladie de son fils et qui a lancé vers Jésus : « Je crois, Seigneur ! Viens au secours de mon incrédulité ! » (Mc 9.24)
Il y a cependant un danger, c’est celui de ne plus être habité que par nos questions, par nos doutes. C’est de ne plus rien entendre d’autre. Alors nos questions peuvent nous conduire à l’incrédulité, à déchoir de Dieu.

Il y a pourtant un chemin pour s’en sortir : c’est de prêter attention aux réponses que Jésus nous donne, car

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Répondre à nos questions c’est une des fonctions de Jésus.

Car Jésus répond à nos questions. Il n’en est pas outré. Il ne nous blâme pas et ne se moque pas de nos questions.
Seulement, il ne faut pas craindre l’effort d’aller à la recherche de ses réponses. Elles ne sont pas toujours évidentes, elles ne se trouvent pas toujours sur la première page de la Bible que nous ouvrons.

Pour Jean, emprisonné à Machéronte, ce n’était pas simple non plus d’obtenir les réponses à ses questions. Il a dû se donner la peine de trouver des personnes prêtes à aller trouver Jésus pour lui poser ces questions. Mais la peine que Jean s’est donnée a été récompensée.
Voyez comment les réponses de Jésus balayent nos doutes ! « Jésus répondit [aux envoyés de Jean-Baptiste] : "Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres." »
Jésus répond en faisant allusion à des textes du prophète Esaïe (Es 35.5-6 et 61.1). Il vient de ressusciter un jeune homme, fils unique d’une veuve, à Naïn. N’est-ce pas ce qu’Esaïe a annoncé à propos du Messie à venir ?

Jésus donne à réfléchir aux envoyés de Jean : « Prêtez attention "à ce que vous entendez et à ce que vous voyez" ! Prêtez l’oreille à ma Parole ! Regardez les fruits que porte mon ministère de la parole et mon ministère de guérison ! Des vies sont transformées comme Dieu l’avait annoncé par le prophète Esaïe ! »
Chers amis, cette puissance divine de Jésus est encore à l’œuvre parmi nous aujourd’hui pour changer des vies. Cela ne se passe pas exactement comme à l’époque, car Jésus ne se promène plus de façon visible, dans l’état d’abaissement, parmi nous. Mais il est toujours – même plus que jamais ! – au centre de nos vies, même au centre de l’histoire du monde, lui et le rôle central qu’il y joue.

« Heureux » – dit-il ici – « celui pour qui je ne représenterai pas un obstacle ! » (v. 6) « Heureux » es-tu si tu ne trébuches pas sur ma personne et ma façon d’agir et si tu ne chutes pas de la foi dans l’incrédulité !

« Heureux » es-tu si tu continues à placer ta foi en moi et en ma Parole, car tu seras ainsi préservé des conséquences du doute et de l’incrédulité, tu demeureras à l’abri auprès de moi, à l’abri des véritables malheurs que sont la colère et la damnation de Dieu.
« Heureux » seras-tu aussi, si tu persévères dans ta foi en moi, car alors mon Père est réellement réconcilié avec toi et te bénit dès cette vie. « Tout contribue » alors « à ton bien » (Rm 8.28), même les phases difficiles dans ta vie.

Nous, aujourd’hui, Jésus nous invite à « entendre » et à « voir » dans son Evangile comment sa vie et son œuvre sont l’accomplissement de l’Ancien Testament, comment Dieu a répondu à nos problèmes et à nos questions par l’envoi de son Fils, né en ce monde à Noël, livré à la mort le Vendredi Saint et ressuscité en gloire le jour de Pâques.
C’est en Jésus que la gloire salutaire de Dieu se révèle à nous, c’est en Jésus qu’elle agit pour notre salut, conformément aux prédictions d’Esaïe (Es 35.1-10).
Les disciples envoyés par Jean-Baptiste ont pu « contempler la gloire » du Messie à l’œuvre. Sont-ils aussi arrivés à la conviction de cet autre disciple du Baptiste, entre-temps devenu disciple et futur apôtre de Jésus : « Nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père » (Jn 1.14) ?

Cette gloire de Jésus, nous pouvons encore la voir et la contempler aujourd’hui si nous nous donnons la peine d’aller la chercher dans sa Parole.

Alors il pourra

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Faire de nous des grands dans son Royaume, car c’est ce qu’il vise avec nous !

De l’aveu même de Jésus, Jean-Baptiste occupe une place capitale dans le Royaume des cieux. « Je vous le dis en vérité, parmi ceux qui sont nés de femmes, il n'est venu personne de plus grand que Jean-Baptiste. » (v. 11)

Son rôle dans l’histoire sainte, dans l’histoire de l’Eglise, a été unique. Jésus dit ici qu’il a été « plus qu’un prophète » (v. 10), car il a été lui-même annoncé par le prophète Esaïe (Es 40. 3 ; Lc 3.4-6), il n’est pas seulement le dernier prophète du Christ, il est lui-même déjà l’accomplissement d’une prophétie.

Jésus rappelle à ceux qui se tiennent autour de lui et des envoyés du Baptiste que ce dernier a accompli un ministère exceptionnel. Il souligne sa fidélité envers le Dieu qui l’a investi d’une mission aussi belle que dangereuse. Il mentionne sa droiture, son détachement de ce monde et sa consécration entière à sa mission, son abandon complet dans la volonté de Dieu, son exemple de foi sans pareil, jusque dans son existence de martyr.

Il ressort de la façon dont Jésus parle du Baptiste que ce dernier n’a pas trouvé en Jésus « un obstacle » à sa foi, une occasion de chute, mais qu’il est demeuré ferme dans la foi en Jésus, au milieu des épreuves, et ceci jusqu’à sa mort en martyr. Il a été un « grand ». Qui voudrait le nier ?
Aussi sommes-nous surpris que Jésus dise maintenant de chacun de nous, aussi insignifiant que puisse paraître notre rôle dans le monde, que nous sommes « plus grands » que Jean-Baptiste ! « Le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui." » (v. 11) Que veut-il dire par là ?
Et bien : nous, nous avons « entendu et vu » l’accomplissement des promesses de Dieu en Christ. Nous, nous avons les écrits du Nouveau Testament – les Evangiles et les Epîtres – qui nous rapportent et nous expliquent comment Jésus a vécu, œuvré et souffert, comment il est mort, mais aussi ressuscité, monté au ciel et comment il siège maintenant à la droite du Père. Tout cela, Jean ne l’a plus « vu ».

Nous avons vu comment « l’Evangile, puissance de salut pour tout homme qui croit » (Rm 1.16), s’est répandu « dans le monde entier » (Mc 16.15) et a « fait des disciples de toutes les nations » (Mt 28.19) – dont nous ! –. Cela non plus Jean-Baptiste ne l’a pas « vu ».
Mais de même que la réponse de Jésus a fortifié Jean dans sa foi, la puissance de Dieu qu’est l’Evangile produit, maintient et consolide en nous la repentance et la foi en Jésus.
Voyez-vous le cheminement indiqué par notre texte ? – Questions – Réponses – Affermissement !

1 Poser des questions :
c’est le propre de notre condition.
2 Répondre aux questions :
c’est une des fonctions de Jésus.
3 Faire de nous des grands dans son Royaume en consolidant notre foi par son Evangile :
voilà ce qu’il vise avec nous.

C’est ainsi que Dieu nous conduit à travers les remous de la vie.

A nous de vivre dans la patience sous sa conduite, dans la foi confiante en la puissance de son amour fidèle et dans l’attente de la venue du Christ en gloire. Prenons en cela les prophètes tels que Jean-Baptiste en exemple :

« Vous aussi, soyez patients, affermissez votre coeur, car le retour du Seigneur est proche. […] Mes frères et soeurs, prenez pour modèles de patience dans la souffrance les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur. » (Jc 5.8+10)

Amen.

Jean Thiébaut Haessig