Etre
Digne
1 Corinthiens 11.27-29
C'est
pourquoi, celui qui mange ce pain ou boit la coupe du Seigneur indignement sera
coupable envers le corps et le sang du Seigneur. Que chacun donc s'examine
lui-même, et qu'ainsi il mange du pain et boive de la coupe, car celui qui
mange et boit [indignement], sans discerner le corps [du Seigneur], mange et
boit un jugement contre lui-même.
Que
la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu et la communion du
Saint-Esprit soient avec vous tous ! Amen.
Si
nous croyons que la parole que nous venons de lire est la Parole de Dieu, il
n’est guère possible d’éviter un certain malaise au sujet de la Sainte Cène.
Suis-je digne de manger et de boire ? Qu’est-ce qui m’en rend digne ?
Certains
se soucient de ne pas pouvoir communier dignement. Puisque l’apôtre Paul dit, «
Que chacun donc s'examine lui-même, et qu'ainsi il mange du pain et boive de la
coupe, » ils pensent qu’ils doivent se reprendre avant de communier, qu’ils
doivent atteindre quelque niveau de perfection ou de sainteté afin de mériter
de recevoir le Sacrement. Nul part Paul ne dit cela, mais c’est comme cela
qu’ils comprennent cette parole.
En
conséquence, la Sainte Cène devient un fardeau parce qu’ils doivent s’y préparer
en changeant leur vie. Ils doivent purifier leur âme avant de communier. Ce
n’est pas évident. Ainsi, ils ne veulent pas communier fréquemment.
Par
contre, il y a ceux qui ne prennent pas au sérieux la Cène. Ils la considèrent
comme un rite essentiellement symbolique, et dans notre monde désinvolte, ils
n’y voient pas de raison de s’inquiéter. Ils trouvent que leur participation
est une expression de foi personnelle et non pas une action qui effectue
l’unité chrétienne. Ils ne comprennent pas que, dans la Sainte Cène, on reçoit
le corps et le sang de Christ. Du coup la possibilité de manger et de boire
indignement ou de subir la discipline de Dieu ne leur vient jamais à l’esprit.
Et alors, ils peuvent pratiquer la communion n’importe comment avec n’importe
qui. Que l’on emploie du pain ou des biscuits, du vin ou du jus, cela n’a pas
d’importance. Ce qui importe, c’est l’expérience spirituelle de l’individu, ce
qu’il en fait personnellement. Et bientôt, comme les Corinthiens, ils ne
prennent plus part au repas du Seigneur mais à quelque rite de leur propre
création.
Comment
pouvons-nous éviter ces deux extrêmes de nous soucier de communier ou de
prendre la Cène à la légère ? Que veut dire manger et boire de manière digne ou
indigne ?
D’abord,
demandons ce qu’est la communion. A l’origine, Jésus s’est mis à table avec ses
disciples pour manger la Pâque. Ce serait son dernier repas avec eux. Il leur
disait « Adieu » et les préparait à la plus grande épreuve de leur vie jusqu’à
ce jour. Lui allait mourir ; eux allaient l’abandonner et fuir pour sauver leur
vie ; et Pierre en particulier allait le renier publiquement, chose qu’il ne
voulait absolument pas faire.
Du
coup Jésus a donné ce sacrement pour les fortifier, pour leur garantir le
salut. La promesse de régner avec lui dans son royaume ne dépendait pas de leur
force mais de son sacrifice. Sa mort accomplirait leur salut malgré leur manque
de compréhension et leur incapacité de lui venir en aide, malgré leur peur,
leur abandon, leur désespoir à cause de sa mort. Dans cette action de manger et
de boire, Jésus les a fait participer à son sacrifice — même avant de mourir —
par son corps et son sang, donnés dans, avec et sous les espèces du pain et du
vin. Dieu seul sais comment c’est possible et lui seul le réalise. Tout ce qui
importait pour les disciples, c’était de tenir ferme et croire à sa parole.
Plusieurs
années plus tard, Paul traite les problèmes dans la paroisse dysfonctionnelle
de Corinthe. Il répète et explique les paroles de Jésus. « Ceci est mon
corps qui est [rompu] pour vous… Cette coupe est la nouvelle alliance en mon
sang. » Puis, il l’applique à tout croyant.
En
effet, quelque chose se produit en nous, quelque chose de réel. Nous qui
mangeons le pain et buvons de la coupe, mangeons le corps de Christ et buvons
de son sang. Et cette action, fait de nous, quoique nombreux, un seul corps.
Lorsque nous recevons le corps et le sang du Seigneur, nous nous unissons à lui
et à tous ceux qui communient à cet autel. Si donc nous méprisons ou haïssons
un autre communiant, ou lui faisons du mal, ou bien si nous croyons que le rite
n’est qu’une action symbolique, alors nous apportons le péché et l’incrédulité
à l’autel de Dieu et au corps de Christ. Et cela est intolérable. Alors Paul
nous en avertit : car celui qui mange et boit [indignement], sans discerner le
corps [du Seigneur], mange et boit un jugement contre lui-même.
C’est
pourquoi nous devons nous examiner avant de manger et boire afin de ne pas
pécher contre le Seigneur et son église, et de ne pas attirer sur nous la
correction, voire le jugement de Dieu. Il n’est pas question de mériter le
droit de communier. Il est plutôt une question de foi. Est-ce que je crois que
je reçois le corps et le sang de Christ offerts en sacrifice pour moi ? Est-ce que
je cherche le pardon de mes péchés ? Est-ce que je comprends que ce sacrement
m’unit aux autres membres de l’Eglise ?
Vous
voyez, le Repas du Seigneur est le don de Christ pour notre bien. Et on ne peut
pas être digne d’un don ni le mériter. Sinon il ne serait plus un don ! Le
Repas du Seigneur est donc une bénédiction et non pas une épreuve ou un examen
! C’est un moyen par lequel Dieu nous donne le pardon des péchés et nous assure
que nous sommes réconciliés avec lui et que nous avons part à son royaume.
C’est une garantie de salut, que Jésus reviendra nous prendre avec lui et nous
donnera la vie éternelle. « En effet, toutes les fois que vous mangez ce pain
et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu'à ce
qu'il vienne. »
Mais
vous voyez aussi que nous pouvons abuser de ce don par l’incrédulité et par des
offenses contre les autres croyants. Tout comme la crucifixion et l’enterrement
de Jésus n’ont été ni symboliques ni une croyance personnelle, ce sacrement ne
l’est pas moins. Ainsi, prendre à la légère ce sacrement, le changer ou en
abuser, c’est d’avoir du mépris pour Christ.
Si
donc la Sainte Cène est un don de Dieu dont on peut abuser, être digne veut
dire ce que Luther écrit dans le Catéchisme : « Celui-là seul est digne et bien
préparé, qui croit à ces paroles : “Donné et répandu pour vous en rémission des
péchés”. Mais celui qui ne croit pas à ces paroles, ou qui en doute, est
indigne et non préparé. Car ces mots : “pour vous” exigent absolument des cœurs
croyants. » Voilà, dans les termes les plus simples, comment communier
dignement. Je sais que je suis pécheur et que par ce sacrement Jésus me donne
son corps et son sang pour la rémission de mes péchés.
Si
parfois nous avons besoin de plus de précision, alors communier dignement veut
dire trois choses :
• que
je discerne dans le sacrement la présence du vrai corps et sang de Christ ;
• que
je me repens sincèrement de mes péchés et désire le pardon de Dieu et la
transformation du Saint-Esprit ;
• et
que je reconnais l’unité du Corps de Christ et cherche à maintenir la paix dans
l’Eglise.
Cela
n’exige pas beaucoup de nous. Il s’agit essentiellement de ne pas contredire
Christ ! Notez bien que Paul parle du fait de manger et de boire indignement,
un acte à éviter. Il ne parle pas de comment être digne. C’est comme la foi :
nous pouvons rejeter Christ, refuser de croire en lui, mais à vrai dire, nous
ne pouvons pas, par notre raison et nos propres forces, croire en Jésus-Christ
ni aller à lui. Le Saint-Esprit doit nous appeler par l’Evangile, nous éclairer
de ses dons, sanctifier et maintenir dans la vraie foi. Nous pouvons résister
tout cela, mais nous ne pouvons pas l’effectuer !
Ainsi
en est-il du Sacrement. Nous ne pouvons pas rendre Christ présent. Nous ne
pouvons que croire ou dénier sa présence. Nous ne pouvons pas nous reprendre et
nous rendre dignes de son corps et de son sang. Mais nous pouvons venir au
Sacrement avec foi et reconnaissance.
Alors,
être digne du Sacrement, c’est laisser agir Christ. C’est ce que Luther dit :
« Celui-là seul est digne et bien préparé, qui croit à ces paroles : “Donné et
répandu pour vous en rémission des péchés”. »
Que
la paix de Dieu qui dépasse tout ce que l’on peut comprendre, garde votre cœur
et vos pensées en Jésus-Christ, pour la vie éternelle ! Amen.
Pasteur David Maffett