lundi 25 octobre 2010

Sermon du dimanche 17 octobre 2010 - 20ème Dim. après la Trinité


Texte : 1 Th 4.1-8

Chants proposés :

Célébrez Dieu hautement LlS 7 : 1-5

Je veux t’aimer, Seigneur, je t’aime, LlS 263 : 1-5

Nous sommes au Seigneur LlS 281 : 1-4

Ô Jésus, notre divin Roi, LlS 166 : 1-3

ou

Louez Dieu car il est bon AeC 136 : 1-10

Oh ! prends mon âme, AeC 602 : 1-3

Ta volonté, Seigneur mon Dieu AeC 608 : 1-3

Prends ma main dans la tienne AeC 619 : 1-3

1 « Maintenant donc, frères et sœurs, vous avez appris de nous comment vous devez vous conduire et plaire à Dieu, et c’est ce que vous faites ; de même, nous vous le demandons et nous vous y encourageons dans le Seigneur Jésus : progressez encore.

2 Vous savez, en effet, quelles instructions nous vous avons données de la part du Seigneur Jésus.

3 Ce que Dieu veut, c’est votre progression dans la sainteté : c’est que vous vous absteniez de l’immoralité sexuelle,

4 c'est que chacun de vous sache garder son corps dans la consécration et la dignité,

5 sans le livrer à la passion du désir comme les membres des autres peuples qui ne connaissent pas Dieu ;

6 c’est que personne, dans ce domaine, ne fasse de tort à son frère ou ne porte atteinte à ses droits, parce que le Seigneur fait justice de tous ces actes, comme nous vous l’avons déjà dit et attesté.

7 En effet, Dieu ne nous a pas appelés à l’impureté, mais à la consécration.

8 Celui, donc, qui rejette ces instructions ne rejette pas un homme, mais Dieu, qui vous a aussi donné son Saint-Esprit. »

(Segond 21, 2007)


Chers frères et sœurs habités par l’Esprit saint !

« Ce que Dieu veut, c’est votre progression dans la sainteté ! » (v. 3) Ce passage, vous le connaissez sans doute mieux sous cette forme : « Ce que Dieu veut, c’est votre sanctification ! » C’est clairement un commandement, une parole de Loi.

Ah ! bon … Mais comment faire coïncider cela avec cet autre passage : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » ? (1 Tm 2.4) Car ça, ce n’est pas de la Loi, c’est de l’Evangile, de la Bonne Nouvelle à l’état pur.

Mais alors, Dieu, que veut-il finalement : que nous obéissions à sa Loi … ou que nous soyons sauvés ? … – Les deux, bien entendu. Mais les deux n’ont pas le même but.

La volonté première de Dieu, c’est que nous soyons tous sauvés des conséquences de notre état pécheur. C’est pour cela qu’il a envoyé son Fils en personne : pour nous sauver du péché, de la mort et de la puissance du diable. Et cette « Bonne Nouvelle » doit « être proclamée à toute la création » (Mc 16.16).

C’est là le message premier et primordial que nous devons répandre, car seul « l’Evangile est une puissance de Dieu pour le salut » (Rm 1.16) ; c’est « par l’Evangile » seul que nous avons été « appelés » et que nous sommes « gardés par la foi pour le salut » (2 Th 2.14 ; 1 Co 4.15 ; 1 P 1.5).

La Loi de Dieu, elle, par contre, ne nous permet pas d’atteindre ces buts. Au contraire, celui qui se fie aux œuvres qu’il accomplit, aux efforts qu’il fait pour obéir à la Loi de Dieu, ne peut qu’échouer, car il faudrait être parfait, sans péché, pour se mériter soi-même l’approbation de Dieu, pour qu’il soit satisfait de nous. D’où une certaine méfiance à l’égard de la Loi parce que nous ne pouvons être sauvés en la suivant.

Une méfiance bien déplacée, car « la Loi » de Dieu « est bonne » (Rm 7.16) ; il n’y a rien à y redire. Bien au contraire. Le problème est chez nous qui avons du mal à la respecter. Mais elle n’a pas été abolie pour nous.

Dieu nous l’applique comme barrière, comme miroir et comme règle de vie.

Comme barrière pour empêcher, dans une certaine mesure, les manifestations grossières du péché et préserver autant que possible l’ordre dans le monde.

Dieu utilise ensuite sa Loi comme miroir pour nous renvoyer notre image de pécheur.

Et il la donne, à nous, les croyants, comme règle de vie, en nous montrant comment nous pouvons mener une vie qui lui est agréable.

C’est de cela – de la règle de vie – que parle notre texte, de la vie sanctifiée des chrétiens, mais dans un domaine précis, celui de

LA SANCTIFICATION

DANS LE DOMAINE SEXUEL

Eh ! oui, pour Dieu il n’y a pas de domaine réservé, de domaine qui serait retiré ou exclu de sa Seigneurie, qui serait ignoré dans sa Parole.

Avec ce texte, l’apôtre Paul

1. s’adresse aux croyants

2. dans un contexte d’immoralité

3. pour nous encourager

à être de plus en plus consacrés

X X X 1 X X X

Cet appel à la sanctification

dans le domaine sexuel

s’adresse à nous, les croyants.

Paul s’adresse nommément à ses « frères et sœurs (v. 1) au début de notre texte. En premier lieu à ceux de « l’Eglise des Thessaloniciens » (1 Th 1.1) en Macédoine, au nord de la Grèce actuelle. Mais nous savons par Paul lui-même (Col 4.16) que ses épîtres devaient ensuite être recopiées et passées aux autres paroisses, et au-delà, à toute la chrétienté. Il s’adresse donc bien à nous aussi, croyants de St-Pierre de Châtenay-LePlessis.

Comme aux chrétiens de Thessalonique, « Dieu nous a », à nous aussi, « donné son Saint-Esprit » (v. 8). L’action du Saint-Esprit dans nos cœurs, c’est la chose la plus extraordinaire qui nous soit arrivée dans cette vie.

Aux Corinthiens, Paul demande (mais cette question s’adresse aussi à nous) : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Co 3.16)

Se servant de l’Evangile, « puissance de Dieu pour sauver » (1 Rm 1.16), le Saint-Esprit a établi sa demeure en nous, nous a « appelés hors des ténèbres » de l’incrédulité et de la perdition « à la merveilleuse lumière » de Jésus-Christ, notre Sauveur, et de son salut (1 P 2.9).

Il nous a régénérés, il a éveillé en nous la nouvelle vie de la foi, de l’espérance et de l’amour, ou – pour parler avec Paul dans notre texte – « Dieu nous a [ainsi] appelés à la consécration », « à la sanctification » (v. 7).

Et à quoi Dieu s’attend-t-il que nous nous « consacrions » ? En fait, ce que Paul écrit ici montre que je devrais plutôt demander : à qui Dieu s’attend-t-il que nous nous « consacrions » ? – « A Dieu », évidemment. Il s’agit, écrit Paul, de « plaire à Dieu ». Il s’agit de mener une vie telle que tout ce que nous faisons, disons et pensons « plaise à Dieu » et lui soit « agréable ».

Mais … n’avons-nous pas dit que pour cela nos actes, nos paroles et nos pensées devraient être parfaites, complètement conformes à la Loi de Dieu, et que cela nous était impossible ?

Comment pourrions-nous alors « plaire à Dieu » ? Eh ! bien, figurez-vous, nous le pouvons ! Ou plutôt : Dieu considère que nous le faisons. Il accepte notre consécration, toute imparfaite qu’elle soit, comme « agréable », mais « agréable par Jésus-Christ ». C’est l’apôtre Pierre qui nous l’assure (1 P 2.5).

D’ailleurs l’épître aux Hébreu ne nous dit rien d’autre. Certes, elle le formule ainsi : « Sans la foi il est impossible d’être agréable à Dieu » (Hé 11.6). Cela veut dire : « Avec la foi cela est possible », « celui qui se réfugie avec repentance et foi auprès de Jésus, celui-là est agréable à Dieu », Dieu accepte sa consécration pour l’amour de son Fils.

C’est ainsi qu’il faut comprendre l’appel à la consécration ou sanctification que Dieu nous adresse ici.

Avouons que

X X X 2 X X X

Cet appel à la sanctification

dans le domaine sexuel

tombe à pic dans notre monde immoral.

S’il y a un « domaine » (v.6) où le monde s’est laissé complètement éloigner de la Loi morale, c’est bien celui sexualité. Dieu en avait fait quelque chose de « très bon » (Gn 1.31), le monde en a fait quelque chose de nauséabond. Et ça ne s’arrange pas.

Vous n’avez sans doute pas pu rater la nouvelle controverse qui s’étale dans les journaux autour de Monseigneur André Léonard, primat de Belgique (un « primat » est, dans l’Eglise de Rome, l’évêque qui possède la suprématie, au moins honorifique, sur tous les évêques et archevêques de son pays).

Mgr Léonard a dit que le sida est une « sorte de justice immanente » qui arrive lorsqu’on malmène la nature profonde de l’amour humain ». « Quand on malmène l'environnement, il finit par nous malmener à son tour. Et quand on malmène l'amour humain, peut-être finit-il par se venger, sans qu'il faille y faire intervenir une cause transcendante. » « Malmener la nature profonde de l'amour humain finit toujours par engendrer des catastrophes à tous niveaux. »

Aujourd’hui on a le droit d’attaquer et de s’en prendre à tout le monde et à tous les comportements, sauf à l’homosexualité. Pourtant, quand la Bible en parle elle parle de « passions déshonorantes », de « rapports sexuels contre nature », d’« actes scandaleux » (Rm 1.24-27).

Mais ce n’est pas le seul exemple de ce que Paul appelle dans notre texte de « l’impureté » (v. 7) contraire à la « consécration », contraire à une vie d’enfant de Dieu.

L’infidélité dans le mariage est prônée par notre monde comme la norme de personnes saines. Ne restent fidèles que ceux qui sont coincés.

Et les tentations sont omniprésentes – dans la rue, dans les médias, partout – de « se livrer à la passion du désir comme les membres des autres peuples qui ne connaissent pas Dieu » (v. 5).

Dieu n’est pas contre « le désir » et « la passion » dans le couple marié. Il nous a même créés ainsi et a déclaré que c’était « très bon », mais « très bon » dans le mariage, pas ailleurs. C’est une des raisons pour lesquelles il a institué le mariage.

Non, Paul s’en prend ici au détournement de « la passion du désir » ; il s’en prend au détournement de cette belle chose ; il s’en prend à ceux qui salissent et dénaturent l’intimité sexuelle en la vivant ailleurs que dans le cadre que Dieu a institué pour cela.

C’est là, écrit Paul, le comportement de ceux « qui ne connaissent pas Dieu », « qui ne connaissent pas » sa bonté, sa sagesse, son amour pour nous dans tout ce qu’il a disposé et prescrit pour nous.

Et puis surtout, ils ne connaissent pas Dieu tel qu’il se révèle dans son Evangile en Jésus-Christ. Ils n’ont donc que faire de sa Loi morale, ils n’ont aucune raison de « progresser dans la sanctification », car aucune raison de vouloir « plaire à [un] Dieu » qu’ils ne connaissent pas et en qui ils ne croient pas, à qui ils pensent ne rien devoir.

Ce qui est malheureux, c’est que le monde ne veut pas voir qu’il se détruit ainsi, car il « fait [ainsi] du tort à son prochain » et « porte atteinte à ses droits » (v. 6).

Ces termes peuvent nous surprendre. Mais voyez notre société qui se délite. Les passions débridées « causent » beaucoup « de mal » dans les couples, dans les familles, entre familles.

Et les passions débridées « portent atteinte aux droits » des époux, des enfants (n’oublions pas le droit des enfants) ; elles « portent atteinte au droit » divin tout court.

X X X 3 X X X

C’est dans ce contexte

que Paul nous appelle

à montrer notre consécration

et notre rejet de l’immoralité.

C’est dans ce contexte de délitement – ce qui voulait dire à l’origine : changer de lit … d’où « être pris en flagrant délit » et « l’objet du délit », termes qui n’ont plus ce sens aujourd’hui – c’est donc dans ce contexte de délitement que Dieu nous invite dans notre texte à « garder » aussi notre « corps dans la consécration et la dignité » (v. 4).

Nous ne sommes pas deux personnes : l’une serait l’âme, l’autre le corps ; l’une (l’âme) serait concernée par « la sanctification », l’autre (le corps) ne le serait pas.

Non, Dieu nous a créés, sauvés et sanctifiés corps et âme. D’où l’invitation de notre texte à « garder [notre] corps dans la consécration et la dignité ».

Et quel est le grand argument que Paul emploie pour nous entraîner dans la voie de la « sanctification » ? Non pas les menaces, les injonctions, mais une révélation. Non pas la Loi, mais l’Evangile : « Dieu vous a donné son Saint-Esprit » (v. 8).

Il ne sert à rien de brandir la Loi : seul celui qui a foi dans le salut de Jésus-Christ et qui lui en sait gré et qui l’aime, voudra aussi, « poussé par l’amour du Christ » (1 Co 5.14), lui faire plaisir par une vie consacrée.

Cet argument, Paul le développe davantage dans une autre de ses épîtres, la première qu’il ait envoyée aux Corinthiens. Là-bas il écrit :

« Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Co 3.16)

« Votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu. Vous ne vous appartenez pas à vous-mêmes car vous avez été rachetés à un grand prix. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps ! » (1 Co 6.19-20)

Notre « corps », le « corps » de nous qui plaçons notre foi en Jésus-Christ, « est le temple du Saint-Esprit qui est en [nous] et que [nous] avons reçu de Dieu ». Allons-nous employer ce « temple du Saint-Esprit » pour le livrer à « l’impureté », pour le transformer en porcherie ?

Par l’habitation du Saint-Esprit notre personne – y compris notre corps – est devenue « un temple saint », consacré à Dieu (1 Co 3.17). Allons-nous le consacrer à ce qui horripile notre Dieu Sauveur, qui horrifie le Saint-Esprit ? Allons-nous mettre notre salut en jeu en faisant fuir le Saint-Esprit ?

Voilà les considérations que nous soumet l’apôtre.

Ceci étant – et c’est heureux, même miraculeux, pour nous ! – Jésus est mort pour tous les pécheurs, il a expié tous les péchés quels qu’ils soient ; le pardon est disponible auprès de lui pour tous les dérapages, aussi importants soient-ils.

N’oublions pas, Paul a aussi su écrire : « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5.20). Nous en avons tous déjà fait l’expérience ; nous vivons tous de cette grâce et de ce pardon en Jésus-Christ, les uns plus pour ceci, d’autres plus pour cela.

Que le Saint-Esprit qui nous a été donné nous remplisse de joie, de foi et d’amour !

Qu’il nous maintienne dans une vie de repentance et de foi de tous les jours et nous aide à « progresser dans la consécration », pour que notre vie soit de plus en plus un témoignage à sa seule gloire !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig