lundi 4 mai 2009

Sermon du dimanche 03 mai 2009 - JOUR DES APÔTRES PHILIPPE ET JACQUES LE MINEUR


Texte : 1 Co 4.9-15

9 « En effet, il me semble que Dieu a fait de nous, apôtres, les derniers des hommes, des condamnés à mort en quelque sorte, puisque nous avons été donnés en spectacle au monde, aux anges et aux hommes.

10 Nous sommes fous à cause de Christ, mais vous, vous êtes sages en Christ; nous sommes faibles, mais vous êtes forts. Vous êtes honorés et nous sommes méprisés !

11 Jusqu'à cette heure, nous souffrons de la faim, de la soif, du dénuement; nous sommes maltraités, errants ;

12 nous nous fatiguons à travailler de nos propres mains. Injuriés, nous bénissons; persécutés, nous supportons ;

13 calomniés, nous répondons avec bonté. Nous sommes devenus comme les balayures du monde, le déchet de tous, jusqu'à maintenant.

14 Ce n'est pas pour vous faire honte que j'écris cela, mais je vous avertis comme mes enfants bien-aimés.

15 En effet, même si vous auriez 10 000 maîtres en Christ, vous n'avez cependant pas plusieurs pères, puisque c'est moi qui vous ai donné la vie en Jésus-Christ par l’Evangile. »


Chers frères et sœurs

qui, comme les apôtres, passez parfois pour « fous »,

mais qui êtes en réalité « sages en Jésus-Christ » !

« Jour des apôtres Philippe et Jacques le Mineur » ! Je pense qu’il vaut mieux commencer par les présenter pour qu’il n’y ait pas de confusion.

Commençons par « Philippe ». Ce n’est pas le Philippe que Dieu a envoyé instruire et baptiser l’eunuque d’Ethiopie sur le chemin de Gaza (Ac 8.26-39). Celui-ci était diacre et évangéliste ; les Actes des Apôtres parlent de lui à plusieurs reprises (Ac 6.3-6 ; 8.4-40 ; 21.8-9).

Nous parlons aujourd’hui de « Philippe », l’un des douze apôtres. Comme Pierre et André, il était natif de Bethsaïda, sur les bords du Lac de Galilée. C’est là que Jésus l’a rencontré peu après son baptême. Il a été le 4ème à avoir été appelé par Jésus pour être un de ses apôtres (Jn 1.43-45).

D’avoir rencontré le Messie le rend si heureux – il ne peut pas le garder pour lui – qu’il tient tout de suite à le faire rencontrer à son ami Nathanaël. Plus tard, Jean parle encore trois fois de lui dans son évangile (Jn 6.5-6 ; 12.20-23 ; 14.8-12). Enfin il se trouve dans la chambre haute avec les autres apôtres, après l’Ascension (Ac 1.13). Après, la Bible ne le mentionne plus.

La tradition prétend qu’il a subi le martyre à Hiérapolis, en Phrygie. On n’en a pas de preuve historique, mais il doit y avoir un fond de vérité en tout cela.

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« Jacques le Mineur » (Mc 15.40), pour le distinguer de l’autre apôtre Jacques, le fils de Zébédée et frère de Jean.

Ce n’est pas non plus l’auteur de l’épître du même nom. Celui-là était un frère de notre Seigneur et le pasteur principal de la première communauté chrétienne, celle de Jérusalem.

« Jacques le Mineur » – il était sans doute plus jeune que l’autre Jacques – était « fils d’Alphée » (Mt 10.3). Sa mère, une autre Marie, était l’une des femmes qui accompagnaient Jésus. Il avait un frère appelé Joseph (Mt 27.56).

« Jacques le Mineur » était aussi du nombre des apôtres le jour de l’Ascension. C’est aussi la dernière fois qu’il est mentionné dans la Bible. On ne sait trop rien à son sujet par ailleurs.

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C’est la raison pour laquelle l’épître choisie pour ce jour est un texte de l’apôtre Paul où il parle du ministère apostolique. Sans doute parle-t-il aussi de lui-même, mais il s’englobe dans le collège des apôtres en parlant continuellement de « nous les apôtres » (v. 9), « nous, « nous » (15 fois !). Et pourtant, nous verrons que bien souvent nous aurons l’impression – et à juste titre – qu’il parle aussi de nous.

Notre thème d’aujourd’hui, sera, en effet :


LA VIE D’UN APÔTRE,

UN CONDENSE

DE NOTRE EXPERIENCE DE CHRETIEN

1. Pour certains nous sommes des « fous » dérangeants.

2. Pour Dieu, des « sages en Christ ».

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POUR CERTAINS, NOUS SOMMES

« DES FOUX » DERANGEANTS

Rappelez-vous la première Pentecôte à Jérusalem ! Quand la foule entend les apôtres « parler dans leur langues des merveilles de Dieu », certains lancent : « Ils sont ivres ! » (Ac 2.11)

Lorsqu’à l’Aréopage, les Athéniens « entendirent [Paul] parler de résurrection des morts, certains se moquèrent » de lui (Ac 17.32).

Lorsque Paul, prisonnier à Césarée, présente l’Evangile et parle entre autre de repentance et de résurrection devant le roi Agrippa, Bérénice et le gouverneur romain Festus, ce dernier lance : « Tu es fou, Paul ! Ton grand savoir te fait déraisonner ! » (Ac 26.24).

Essayez de dire, lors d’une table ronde, à la télé ou ailleurs dans le monde, que la Bible est la Parole de Dieu, pas seulement dans le sens qu’elle parle de Dieu, mais que Dieu s’y adresse à nous, et la réaction ne sera guère différente.

Si vous avez le courage de dire que la fidélité dans le mariage et l’absence de relations intimes en dehors du mariage seraient un grand pas pour solutionner les problèmes du sida – et bien d’autres problèmes de société – vous verrez la levée de boucliers en face.

Si vous indiquez que pour Dieu l’homosexualité est un péché, vous serez « méprisé » (v. 10), « injurié » (v. 12), « calomnié » (v. 13).

On vous dira que la foi en Jésus-Christ est pour les « faibles » (v. 10), les forts n’ont pas besoin d’un Sauveur. Les malheureux ! Depuis quand la réalité ressemble-t-elle à ce qu’un aveugle en connaît ?

Certes, nous sommes dans le pays où ont éclos les « droits de l’homme et du citoyen ». N’empêche qu’il a fallu attendre un siècle et demi pour que la femme devienne pleinement citoyenne.

Normalement, nous ne devrions pas être persécutés pour notre foi, comme l’ont été les apôtres. Et cependant, la pensée unique » n’exerce-t-elle pas une pression telle que, souvent, nous n’osons pas opposer « la sagesse de Dieu » (1 Co 1.24) à celle du monde ? Cela ne montre-t-il pas que le monde essaye de nous imposer silence ? N’est-ce pas une forme d’oppression ?

Paul écrit que les apôtres – mais nous pouvons nous y reconnaître à certains moments – sont considérés comme « les balayures du monde », comme « le déchet de tous » (v. 13). Karl Marx a dit que « la religion est l’opium du peuple ». Si les régimes communistes ont tous périclité à la veille de ce 3ème millénaire (il n’ont donc pas tenu un siècle, la plupart même pas 50 ans !), le poison de cette idée marxiste fait toujours son œuvre dans les esprits : confesser sa foi en Jésus-Christ en paroles ou par sa façon de vivre et de se comporter, cela attire toujours le mépris et les calomnies de beaucoup.

Jésus-Christ et les siens gênent le monde. Le monde n’est pas neutre. Je parle de l’état d’esprit des incroyants, pas de la position de notre Constitution et de nos lois. Là, la loi naturelle inscrite dans les cœurs fait œuvre de digue ou de barrière pour « empêcher, dans une certaine mesure, les manifestations grossières du péché » et pour « préserver l’ordre [et la paix] dans le monde. » (Catéchisme synodal, 1970 ; Question 90)

Mais quand Jésus dit : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi, » il ne veut pas seulement dire qu’à ses yeux l’incroyant est un adversaire, mais que c’est là effectivement sa tournure d’esprit et qu’il se comporte effectivement comme tel, puisqu’il continue : « et celui qui ne rassemble pas avec moi disperse » (Mt 12.30), travaille contre l’Eglise. Cela n’empêche pas que Jésus fasse son possible pour sauver ses adversaires en les amenant à lui dans la foi.

Dans le monde, on essaye de se débarrasser d’un gêneur ; c’est une réaction naturelle. L’appel à la repentance incommode l’incroyant. L’invitation à recourir au Christ pour être en règle avec Dieu est ressentie par l’incroyant comme une humiliation. Si le monde pouvait faire disparaître l’annonce de l’Evangile du Christ, il pourrait se sentir soulagé, il ne serait plus gêné pour faire ce qu’il veut.

Voilà pourquoi le monde n’en rate pas une pour s’opposer à l’Evangile.

Cette opposition ne prend plus chez nous, dans les pays démocratiques, les proportions prises du temps des apôtres. « En effet, » écrit Paul, « il me semble que Dieu a fait de nous les derniers des hommes, des condamnés à mort en quelque sorte » (v. 9). Il pourra bientôt enlever son « en quelque sorte », car il mourra effectivement « à cause de Christ » (v. 10), à cause de sa foi en Jésus-Christ.

Il semblerait qu’à part Jean tous les apôtres soient morts en martyrs. Ils ont « été donnés en spectacle au monde » (v. 9). Le texte original grec utilise ici le mot qeatron (théatron) qui a donné le mot français théâtre.

C’est que les mises à mort se faisaient en public, souvent dans les arènes et les théâtres, bref dans des lieux de « spectacle ». La tradition veut que Paul ait été décapité sur la route allant de Rome à Ostie, ou que Philippe ait subi le martyre à Hiérapolis, en Phrygie.

Qu’est-ce qui a donné aux apôtres la force de garder foi dans le Seigneur et de le confesser jusqu’au bout au péril de leur vie ?

Bien entendu, ils vivaient personnellement dans la joie d’appartenir au Christ ressuscité. Ils vivaient des promesse de leur Maître : que « celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé » ; que « toute personne qui se déclare publiquement pour [Jésus], il se déclarera lui aussi pour elle devant son Père céleste » ; qu’ils n’auraient finalement pas à « redouter ceux qui tuent le corps mais qui ne peuvent tuer l’âme » (Mt 10.22+32+28). Bref, ils savaient qu’ils avaient « la vie en Jésus-Christ » (v. 15).

Mais si les apôtres – et nous avec eux – nous passons aux yeux du monde pour des « fous » et des empêcheurs de tourner en rond, Paul et les autres – Philippe ou Jacques le Mineur, par ex – et nous avec eux, nous savons qu’en fait,

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pour dieu, nous sommes

« des sages en christ »,

et cela nous remplit de joie, d’une joie communicative. Nous aimerions que de plus en plus de gens partagent avec nous la joie de cette sagesse en Christ.

C’était là la raison d’être des apôtres, le contenu de leur apostolat, leur mission : « donner la vie en Jésus-Christ par l’Evangile » (v. 15), devenir les « pères » spirituels de nombreux « enfants bien-aimés » (v. 14). C’est là une image à laquelle Paul aime souvent recourir.

C’est ainsi que, deux versets après notre texte, il présente Timothée comme « [son] enfant bien-aimé et fidèle dans le Seigneur » (v. 17), ou qu’en écrivant à Philémon, il présente Onésime comme « [son] enfant, celui qui est devenu [son] fils en prison » (Phil 10). Enfin, dans sa 2ème Epître aux Corinthiens, il s’adresse ainsi à eux : « Je vous parle comme à mes enfants » (2 Co 6.13).

Bien sûr, ni Timothée (dont le père était un païen grec), ni Onésime, et encore moins tous les chrétiens de Corinthe, étaient les enfants de Paul selon la filiation naturelle. Mais l’apôtre avait eu la joie de pouvoir semer « l’Evangile » du salut auprès d’eux et de permettre ainsi au Saint-Esprit de les éveiller à la foi en Jésus-Christ, de les régénérer.

C’est pour cela qu’il écrit qu’il a pu leur « donner la vie » – les « engendrer » « en Jésus-Christ par l’Evangile ».

Cela aussi, cette merveilleuse mission, a aidé les apôtres à tenir bon et à persévérer jusqu’à leur fin – tragique aux yeux du monde, mais bienheureuse pour eux-mêmes (Ph 1.21-23 ; Ap 14.13). N’allaient-ils pas retrouver, dans la félicité éternelle autour du trône de l’Agneau, tous ceux qui sont devenus enfants de Dieu par « l’Evangile » qu’ils ont prêché, par cette « puissance de Dieu pour le salut » (Rm 1.16) ?

Oui, c’est grâce à leur ministère – et grâce à tous ceux qui, après eux et jusqu’à nos jours, ont semé cet Evangile de vie du Christ – c’est grâce à eux que nous sommes devenus bien autre chose que des « fous » (même si le monde nous considère tels !) : « des sages en Jésus-Christ » ! (v. 10)

Heureusement que les apôtres, mais aussi des gens comme nos pasteurs, nos parents ou nos amis, ont été persévérants en pensant à notre salut !

Heureusement qu’ils nous ont mis en contact avec « les Saintes Ecritures qui nous ont rendus sages en vue du salut par la foi en Jésus-Christ » ! (2 Tm 3.15) Ces pères et ces mères spirituels nous ont ainsi fait naître à la « vie en [communion avec] Jésus-Christ » et nous y ont fait grandir.

Nous possédons « la vie en Jésus-Christ » ! C’est tout bonnement renversant ; aussi bien parce que, pécheurs que nous sommes, nous ne l’avons pas mérité, qu’à cause des biens célestes et des grandioses trésors que Jésus nous fait partager.

Sommes-nous en mesure de saisir tout le caractère merveilleux de notre « vie en Jésus-Christ » ici-bas, de notre « vie en [communion avec] lui » ? Notre vie ici-bas se déroule au contact du Vainqueur de Pâques, sous son regard bienveillant et sa protection puissante ! Il ne nous fait vivre que des expériences par lesquelles il veut nous faire grandir dans la foi en lui et mieux assurer notre salut.

Paul a vraiment raison de dire que nous sommes « honorés » (v. 10). Jésus nous fait l’honneur de partager sa victoire avec lui. Il nous fait l’honneur d’être notre Grand Frère. Il nous fait l’honneur de nous élever au rang « d’enfants de Dieu » et de « citoyens des cieux » ! (1 Jn 3.1 ; Ph 3.20)

Tout cela, nous le devons au ministère des apôtres, à celui des pasteurs et au témoignage de tous ceux qui nous ont présenté l’Evangile de Jésus-Christ au cours de notre vie.

C’est ainsi que le Saint-Esprit nous a rendus « sages pour le salut » ; c’est ainsi que nous avons reçu toutes les bénédictions d’une « vie en [communion avec] lui ».

Et cela nous rend « forts » (v. 10) à notre tour. Oh ! sans doute pas comme les apôtres. Peut-être tout simplement parce que nos épreuves n’exigent pas la même force de foi.

Mais comme eux, nous voulons nous appuyer sur notre divin Maître quand nous avons du mal à voir une issue à nos problèmes.

Comme eux, nous voulons faire honneur à notre Sauveur en résistant avec force aux tentations de rendre coup pour coup. Prenons exemple sur les apôtres ; en leur nom, Paul écrit : « Injuriés, nous bénissons ; persécutés, nous supportons ; calomniés, nous répondons avec bonté » ! (v. 12-13)

Je sais : c’est plus vite dit – surtout quand tout va bien ! – que mis en pratique quand tout va mal. Mais notre Seigneur nous promet de nous bénir dans une telle attitude. Et n’oublions pas : ce n’est qu’ainsi que nous pouvons, à notre tour, « donner la vie en Jésus-Christ par l’Evangile ».

Amen.

Jean Thiébaut Haessig


Chants proposés :

Ô Jésus, Maître doux et tendre, LlS 146 : 1-7

Le monde, hélas ! réunit tous ses charmes LlS 280 : 1-4

Grand Dieu, nous te bénissons, LlS 305 : 1+3+9-10

Jésus à sa table sacrée LlS 163 : 1-9*

Sermon du dimanche 26 avril 2009 - MISERICORDIAS DOMINI

Texte : 1 P 2 . 19-25

19 « C'est une grâce de supporter des difficultés en souffrant injustement pour garder bonne conscience envers Dieu.

20 En effet, quelle gloire y a-t-il à endurer de mauvais traitements si vous commettez des fautes ? Mais si vous endurez la souffrance alors que vous faites ce qui est bien, c'est une grâce aux yeux de Dieu.

21 De fait, c'est à cela que vous avez été appelés, parce que Christ aussi a souffert pour nous, vous laissant un exemple afin que vous suiviez ses traces,

22 lui qui n'a pas commis de péché et dans la bouche duquel on n'a pas trouvé de tromperie,

23 lui qui insulté ne rendait pas l'insulte, maltraité ne faisait pas de menaces mais s'en remettait à celui qui juge justement,

24 lui qui a lui-même porté nos péchés dans son corps à la croix afin que, libérés du péché, nous vivions pour la justice. C'est par ses blessures que vous avez été guéris.

25 Vous étiez en effet comme des brebis égarées, mais maintenant vous êtes retournés vers le berger et le protecteur de votre âme. »

Chers frères et sœurs

qui « suivez les traces du Christ » !

Nous avons tous été gamins ou gamines. En nous promenant dans la neige ou sur un terrain sablonneux, nous avons sans doute tous essayé de suivre nos parents en mettant nos pieds dans les traces laissés par notre papa ou notre maman.

C’est un jeu intéressant, un défi qu’on se lance, mais on n’y arrive pas vraiment. D’abord parce que les traces des pas des adultes sont trop écartées pour des petits ; ensuite – et surtout – les traces des adultes sont trop grandes : un enfant ne peut les remplir.

Dans notre texte, le Saint-Esprit nous encourage à

SUIVRE LES TRACES DE JESUS !

1. C’est à cela que nous avons été appelés.

2. Ses traces nous montrent le chemin.

3. Il nous aide à le suivre avec confiance.

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SUIVRE LES TRACES DE JESUS :

C’EST A CELA

QUE NOUS AVONS ETE APPELES !

Heureusement que Pierre écrit : « suivre » et non pas superposer nos pas sur les traces de Jésus. Quand je lis ce que Pierre dit ici de notre Seigneur, je trouve ses traces à la fois trop écartées et d’une taille infiniment trop grande pour que mes petits pieds puissent couvrir ses « traces ».

Ecoutez comment il parle de Jésus : « lui qui n'a pas commis de péché et dans la bouche duquel on n'a pas trouvé de tromperie, lui qui insulté ne rendait pas l'insulte, maltraité ne faisait pas de menaces mais s'en remettait à celui qui juge justement » (v. 22-23).

Comment pourrions-nous exactement juxtaposer notre démarche sur celle de Jésus ? Il n’a jamais transgressé aucune loi de Dieu, pas non plus en paroles, même pas en pensées ! Il n’a pas connu de réaction d’impatience ou de vengeance quand on le maltraitait, lui, le Fils éternel et tout-puissant de Dieu ! Il a été l’amour parfait, l’amour personnifié dans toutes les situations, y compris les plus ingrates, les plus injustes, les plus criminelles. Quelle force d’âme ! Quel amour à toute épreuve !

Et qu’est-ce qui lui a permis de laisser des traces d’amour parfait, des traces qui correspondaient exactement à l’étalon de la Loi de Dieu ? « Il s’en remettait à celui qui juge justement ! »

En faut-il de la foi en la justesse de Dieu dans la façon dont il conduit notre vie, pour pouvoir « s’en remettre » à lui quand ont est traité injustement ! En faut-il de la foi dans « le juste jugement » de Dieu pour « s’en remettre » à lui contre vents et marées !

Avouons qu’il nous est impossible de mettre exactement nos pas dans ceux du Christ. Nous pouvons le « suivre », et parfois nous le faisons de très loin – qu’il nous le pardonne ! – mais pas mettre nos pas dans ses traces. Sa démarche est d’un autre niveau, d’une autre qualité.

De temps en temps nous ne laissons pas seulement la marque de pas trop petits et trop courts, parfois nous laissons même une énorme marque dans le sable, car nous nous sommes carrément étalés, étalés dans le péché… Heureusement que Jésus a marché devant nous « pour nous » (v. 24) et est prêt à relever quiconque invoque son aide, son pardon.

Sa démarche à lui est restée impeccable – sans péché – jusqu’au bout, jusqu’à sa mort sur la croix. Pourrons-nous jamais comprendre ce que « Christ a souffert » ? S’il a daigné souffrir, lui à qui « tout pouvoir a été donné » (Mt 28.18), c’est qu’il « a souffert pour nous » (v. 24), pour nous l’éviter. Oh ! pas pour nous éviter la mort sur la croix – nous ne courrons pas ce risque en France en ce début de 3ème millénaire – non, mais pour nous éviter les souffrances éternelles en enfer. C’est cela qu’il a enduré quand le Père l’a « abandonné » (Mt 27.46), c’est dans ce gouffre de souffrances indescriptibles que le Père l’a rejeté pour qu’il y « souffre pour nous », à notre place, pour notre soulagement, pour notre salut.

Et là, il ne nous demande pas de le suivre, de le suivre dans les souffrances de l’enfer : il y est justement allé « pour nous », pour que cela nous soit épargné.

Mais il nous a ainsi laissé un exemple d’abnégation et d’amour du prochain, un exemple d’esprit de sacrifice pour le bonheur des autres, un exemple que Pierre nous demande de « suivre ».

Ce qui est merveilleux dans tout cela, c’est que Jésus nous a précédés « pour nous », pour notre bien, pour notre salut. Il nous a frayé le chemin vers le Père. Il « est le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14.6), le chemin qui mène véritablement à la vie en communion avec Dieu, ici-bas déjà, puis pleinement dans l’éternité.

Et une fois le chemin ouvert pour nous, il « nous a appelés » à le « suivre », à nous « en remettre à lui ». Nous n’avons plus à nous frayer nous-mêmes un chemin vers le Père. D’ailleurs, comment le pourrions-nous ? « On ne vient au Père qu’en passant par Jésus » (Jn 14.6), par le chemin qu’il a ouvert de son pas assuré, de sa démarche irréprochable.

Lui seul a, en passant – façon de parler ! – payé notre dette à notre place et a ainsi fait sauter le verrou qui bloquait notre accès à Dieu. Grâce à lui, la voie est libre. Dieu est en paix avec nous. Même notre démarche problématique, nos pas trop courts et trop petits ne nous empêchent plus d’accéder auprès de Dieu : il suffit de s’engouffrer dans la brèche ouverte par Jésus en faisant confiance à sa démarche aussi parfaite que méritoire.

Cette voie, miraculeusement ouverte pour nous par Jésus, nous « appelle à »

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SUIVRE LES TRACES DE JESUS :

ses traces

nous montrent le chemin

Quel chemin ? Ecoutez et soyez étonnés de ce que Pierre nous écrit à propos de ce chemin à la suite de notre Seigneur !

« C'est une grâce de supporter des difficultés en souffrant injustement pour garder bonne conscience envers Dieu. En effet, quelle gloire y a-t-il à endurer de mauvais traitements si vous commettez des fautes ? Mais si vous endurez la souffrance alors que vous faites ce qui est bien, c'est une grâce aux yeux de Dieu. De fait, c'est à cela que vous avez été appelés, parce que Christ aussi a souffert pour nous, vous laissant un exemple afin que vous suiviez ses traces » (v. 19-21)

« Ah bon, "c’est à cela que nous avons été appelés" ? Pas étonnant que nous soyons si peu nombreux dans le monde ! » disent certains qui ne voient plus la cible, qui ne voient plus non plus les bénédictions présentes, mais que les désagréments passagers qu’on peut rencontrer à suivre Jésus-Christ.

Dans notre monde, l’humilité et la soumission passent pour de la faiblesse, pour une attitude déshonorante. Il faut s’imposer, dominer les autres, si nécessaire les écraser, montrer sa supériorité, quitte à révolter ceux de dessous, comme ces patrons qui encaissent des centaines de millions tout en licenciant des milliers d’employés.

La véritable douceur et bonté, la véritable mansuétude demande par contre bien plus de force de caractère. Tenez : renoncer à ces avantages incompréhensibles pour le commun des mortels exige une force de caractère et une maîtrise de soi capables de contenir son vieil homme et d’être considéré par les autres grands patrons comme un traître à leur caste.

Mais ne regardons pas aux extrêmes. Ce que Dieu nous dit dans sa Parole, c’est toujours pour nous, pas pour les autres. Chacun doit s’appliquer la Parole de Dieu à lui-même. Nous sommes comptables de nous-mêmes, nous ne serons pas jugés pour la démarche des autres.

Jésus n’a pas écrasé ses ennemis sur son passage, comme il en avait le pouvoir, non, il a prié pour eux (Lc 23.34). « Insulté, il ne rendait pas l'insulte ; maltraité, il ne faisait pas de menaces » (v. 23) Jésus n’a pas vacillé dans sa démarche de bonté et d’amour du prochain ; ses traces n’ont pas quitté le chemin de l’amour et du pardon. Il est resté fort et constant, « parce qu’il s’en remettait à celui qui juge justement ! »

Quand nous suivons son exemple, quand notre comportement témoigne de notre foi en la bonté et la justice de Dieu, quand nos paroles révèlent le Dieu d’amour et de vie qui nous anime, nous ne rencontrons pas toujours l’approbation et la reconnaissance, bien au contraire ; cela peut, à l’occasion, nous attirer des désagréments, parfois même l’opposition, la contradiction et l’hostilité.

Il faut alors nous dominer, contenir l’irritation du vieil homme en nous : lui voudrait que nous rendions « œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, plaie pour plaie » » (Ex 21.24-25)

Ne pourrions-nous pas être tentés de réagir ainsi, par exemple, à l’encontre de notre patron ou chef de service quand nous jugeons les conditions de travail injustes ? Ne sommes-nous pas alors tentés de le traîner dans la boue, de nous mettre à travailler avec moins d’application, bref, d’oublier de « suivre les traces de Jésus », de renier notre Sauveur par notre comportement ?

Rappelons-nous : nous confessons notre Seigneur et Sauveur quand, par notre comportement dans le monde, nous suivons ses traces même dans des conditions difficiles, voire injustes, comme il l’a fait lui-même.

L’apôtre Pierre, dont notre paroisse porte le nom et dont nous gagnerions tous à bien connaître les deux épîtres, écrit au deuxième chapitre de sa 1ère Epître : « Bien-aimés, je vous encourage, en tant que résidents temporaires et étrangers sur la terre, à vous abstenir des désirs de votre nature propre qui font la guerre à l'âme. Ayez une bonne conduite au milieu des non-croyants, afin que, là même où ils vous calomnient comme si vous faisiez le mal, ils remarquent votre belle manière d'agir et rendent gloire à Dieu le jour où il interviendra. […] En effet, c'est la volonté de Dieu qu'en pratiquant le bien vous réduisiez au silence l'ignorance des hommes dépourvus de bon sens. » (1 P 2.11-12 ; voir aussi 13-18)

Ce n’est pas simple de « suivre les traces de Jésus », surtout quand les conditions de vie sont compliquées, comme l’étaient celles des femmes converties à la foi en Christ alors que leur époux était resté païen. Voilà ce que Pierre leur écrit :

« Vous de même, femmes, soumettez-vous à votre mari. Ainsi, ceux qui refusent de croire à la parole pourront être gagnés sans parole par la conduite de leur femme, en observant votre manière de vivre pure et respectueuse : que votre parure soit […] intérieure […], la pureté incorruptible d’un esprit doux et paisible, qui est d’une grande valeur devant Dieu. » (1 P 3.1-4)

Paul, de son côté, adresse des conseils analogues aux maris qui doivent prendre des égards envers leurs femmes jusqu’à se sacrifier pour elles (Ep 5.25-29. Et de façon générale, il nous dit à tous :

« Soyez donc les imitateurs de Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés, et vivez dans l'amour en suivant l'exemple de Christ. » (Ep 5.1-2)

Mais – pour reprendre l’image utilisée en introduction – l’enfant n’arrive pas à mettre exactement ses pas dans les traces de son parent. Cela pourrait le décourager. Cela pourrait surtout nous décourager, nous, qui sommes invités à « suivre les traces de Jésus » !

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SUIVRE LES TRACES DE JESUS :

IL NOUS AIDE

A LE SUIVRE AVEC CONFIANCE

Comme un père ou une mère sait que le jeu de son enfant est vain, notre Seigneur Jésus-Christ sait que nos efforts pour le suivre – et là, il ne s’agit pas de jeu ! – ont un résultat bien imparfait, qu’à la longue, cela pourrait nous décourager. « A quoi bon ! Le résultat reste mitigé. »

Jésus ne veut pas que nous le suivions à contrecœur ou en gémissant, mais avec foi, en « nous en remettant à » lui, dans la joie d’y être invités et dans l’assurance d’y être assistés. Aussi ne lésine-t-il pas sur les encouragements.

Nous sommes engagés dans le Temps de Pâques. La résurrection glorieuse de notre Seigneur et Sauveur nous invite et nous pousse à mener une vie à sa suite, une vie qui lui fait honneur, une vie qui exprime la joie de notre propre résurrection.

Le fait qu’il ait dit : « Je vis et vous vivrez aussi ! » (Jn 14.19), le fait qu’il entraîne notre existence dans sa résurrection et nous en fait bénéficier, le fait que notre vie ici-bas est placée sous le règne du Vainqueur de toute chose, quelle aide merveilleuse pour continuer à « suivre ses traces ! »

Ce n’est pas toujours facile ? Mais le petit enfant qui essaye de mettre ses pas dans les traces de son père, se donne aussi beaucoup de mal. Mais quelle joie cela lui procure !

A nous aussi, malgré les complications rencontrées et l’imperfection de notre démarche. Avoir le droit de le suivre sur un chemin qu’il nous a ouvert et que nous ne nous aurions jamais pu frayer nous-mêmes, cela nous remplit de joie. C’est pour cela que le nom du troisième dimanche du Temps pascal – dimanche prochain – c’est « Jubilate ! », jubilez, « poussez des cris de joie ! » (Ps 66.1), et le suivant : « Cantate ! », « chantez ! » (Ps 98.1).

Quant au nom du présent dimanche, « Misericordias Domini », il met l’accent sur « la miséricorde [ou bonté] du Seigneur » (Ps 33.5). Quel encouragement que de savoir que le Seigneur est miséricordieux avec nous dans nos ratés à sa suite !

Il est aussi appelé le « Dimanche du Bon Berger ». C’est d’ailleurs l’idée avec laquelle notre texte se termine. « Vous étiez en effet comme des brebis égarées, mais maintenant vous êtes retournés vers le berger et le protecteur de votre âme. » (v. 25)

« Les traces » que nous suivons ne nous égarent pas, ne nous conduisent pas dans notre perte. Celui que nous suivons, c’est « le Berger et le Protecteur de notre âme ». Certes, il nous précède, mais non pas sans se soucier de nous ; il regarde constamment comment nous nous sentons, comment nous le suivons pour nous apporter l’aide nécessaire en temps voulu, pour nous protéger aussi, voire nous relever quand nous nous sommes étalés, ou nous chercher et nous ramener sur ses traces quand nous nous sommes égarés.

Tel est l’amour protecteur et efficace que notre « Bon Berger » (Jn 10.11) nous porte ! Voilà ce qui rend notre progression à sa suite aussi réjouissante et enthousiasmante, malgré les déboires qu’on peut rencontrer.

« Il marche devant [nous] et [nous], les brebis, [nous] le suivons, parce que [nous] connaissons sa voix » (Jn 10.4) et sommes heureux de savoir tout ce qu’il a fait et continue de faire pour que « [nous] lui appartenions » (Jn 10.3).

Amen.

Jean Thiébaut Haessig


Chants proposés :

Les troupeaux du Sauveur, LlS 248 : 1-5

Je suivrai Jésus-Christ. LlS 277 : 1-5

Seigneur, dirige tous mes pas vers le ciel LlS 305 : 1-3

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