lundi 7 décembre 2009

Sermon du dimanche 6 novembre - Deuxième Dimanche de l’Avent

Texte : Jc 5.7-11

Chants proposés :

Béni soit Dieu LlS 26 : 1-4

Chrétiens, peuple fidèle, LlS 28 : 1-3+5-6

Jésus, Dieu de lumière, LlS 32 : 1-5

Jésus, Sauveur adorable, LlS 165 : 1-5

"

7 « Soyez donc patients, frères et soeurs, jusqu'au retour du Seigneur. Voyez le cultivateur : il attend le précieux fruit de la terre en faisant preuve de patience envers lui jusqu'à ce qu'il ait reçu les premières et les dernières pluies.

8 Vous aussi, soyez patients, affermissez votre coeur, car le retour du Seigneur est proche.

9 Ne vous plaignez pas les uns des autres, frères et soeurs, afin de ne pas être jugés. Voici que le juge se tient à la porte.

10 Mes frères et soeurs, prenez pour modèles de patience dans la souffrance les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur.

11 Nous disons heureux ceux qui persévèrent. Vous avez entendu parler de la persévérance de Job et vous avez vu la fin que le Seigneur lui a accordée, car le Seigneur est plein de tendresse et de compassion. »

Chers frères et sœurs en notre Seigneur qui revient !

Nous vivons dans l’attente. Notre vie va au-devant de l’Avent ou retour de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Nous attendons qu’il accomplisse les promesses qu’il nous a faites.

Bien entendu, notre vie n’est pas faite que de cette attente ; elle est aussi faite de repentance et de foi, de gratitude aussi pour tous les bienfaits que nous devons à Dieu.

Néanmoins, une des caractéristiques de notre vie de chrétiens, c’est l’attente du retour de notre Seigneur.

Quand nous attendons un heureux événement, nous devenons facilement impatients. Des parents chrétiens, dans des circonstances normales, ne peuvent pas faire baptiser leurs enfants assez rapidement. Et à quelques semaines de Noël, les enfants sont tendus vers ce moment où ils recevront des cadeaux.

Mais l’impatience n’est pas toujours bonne conseillère. Déjà, elle peut transformer l’attente en supplice. Mais, surtout, elle peut pousser à brûler les étapes. Ainsi, Eve attendait le Sauveur avec tant d’impatience, qu’elle croyait déjà l’avoir obtenu quand son premier fils est né. Sara aussi, n’a pas su attendre et a jeté sa servante dans les bras de son mari pour essayer de forcer le destin.

Il nous faut apprendre à réfréner notre impatience. Les croyants de l’Ancien Testament ont dû attendre des siècles avant que ne soit « venu » « le moment » fixé par Dieu pour que naisse le Messie de la vierge Marie.

« Il y a un moment pour tout et un temps pour toute activité sous le ciel » écrit Salomon (Ec 3.1).

« Mais, lorsque le moment » – le moment choisi par Dieu – « est vraiment venu, Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme, né sous la loi, pour racheter ceux qui étaient sous la loi afin que nous recevions le statut d'enfants adoptifs » (Ga 4.4-5).

« Voici maintenant le jour favorable ! » (2 Co 6.2) Alors réfléchissons à ce que Jésus a fait pour nous lors de son passage visible sur terre, aussi à ce qu’il continue de faire pour nous.

« Le moment est arrivé » (Mc 1.15) de réfléchir à sa place dans notre vie, à sa présence dans nos programmations.

« Vous vous êtes tournés vers Dieu […] pour servir le Dieu vivant et vrai et pour attendre du ciel son Fils qu'il a ressuscité, Jésus, celui qui nous délivre de la colère à venir. » (1 Th 1.9-10)

Aujourd’hui, Jacques nous parle d’un aspect important de notre vie de chrétiens, celui de la persévérance jusqu’à la fin. Voici ce à quoi il nous exhorte pour

NOTRE ATTENTE

DE LA VENUE DU SEIGNEUR

1. Soyez patients,

2. car le Seigneur est miséricordieux,

3. Prenez pour modèles les prophètes.

X X X 1 X X X

« Soyez donc patients,

frères et sœurs ! » (v. 7)

Ah ! la patience ! Ou plutôt : l’impatience ! … Notre attente du dernier Avent, du retour en gloire de notre Seigneur, est gangrenée d’épreuves, de difficultés, d’embêtements, de souffrances. Et nous avons parfois du mal à ne pas exploser.

Qu’une épreuve se prolonge, et nous devenons impatients. Que les choses se mettent en travers de nos projets, et nous ne sommes pas satisfaits de la manière dont Dieu conduit notre vie.

Au lieu de rechercher davantage encore son intimité dans sa Parole et par la prière, au lieu de serrer sa main paternelle plus fort encore, au lieu de trouver dans ses promesses la certitude qu’il fait « tout coopérer pour notre bien » (Rm 8.28), avec ce que tu penses, ou dis, peut-être aussi par ta façon de réagir, tu offenses le Dieu de toute bonté, tu lâches peut-être même sa main et te distances de lui.

Lorsque tu montres de l’impatience face à la manière dont Dieu te conduit, c’est comme si tu lui faisais comprendre : « Mon cher Dieu, tu t’y prends mal ; je sais mieux que toi comment s’y prendre ; voilà ce que tu devrais faire ! »

Bref : l’impatience nous pousse à vouloir le contraire de ce que Dieu veut. L’impatience, c’est la révolte contre Dieu. L’impatience, c’est vouloir sinon devancer du moins accélérer le cours des choses, vouloir atteindre un but autrement que de la manière dont Dieu l’a résolu.

Nous n’y pensons pas toujours, mais quand nous devenons impatients, quand nous sommes insatisfaits de ce que Dieu nous fait vivre, alors nous péchons contre Dieu. Bien entendu que Dieu ne me demande pas de me satisfaire de situations pénibles ou injustes. Il m’a donné une raison pour réfléchir à la façon d’améliorer les choses. Mais dans le calme et la confiance en lui.

C’est l’impatience qu’il faut combattre. « L’impatient fait des bêtises » et « celui qui s’énerve facilement proclame sa folie » écrit Salomon dans les Proverbes (Pr 14.17+29). C’est de la « la bêtise » et de la « folie », parce que l’impatience s’acharne contre Dieu, ce qui est vain. A ce jeu futile on est toujours perdant.

D’ailleurs, l’expérience montre que l’impatience ne produit rien de bon, que ce soit, par ex. dans l’éducation des enfants, au lieu de travail ou dans la vie paroissiale.

Chers frères et sœurs, nous nous sommes tous déjà laissé emporter par l’impatience. Présentons-nous alors devant Dieu en lui confessant ce péché. Surtout ne commençons pas à nous justifier ; c’est trop facile : on en trouve toujours, des justifications ! Cette convalescence met vraiment du temps à aboutir. Les enfants étaient vraiment assommants. Le pasteur n’a toujours pas surmonté un travers ; la paroisse d’ailleurs non plus. Le chef d’équipe ou de bureau est vraiment impossible.

Devant Dieu, ces excuses n’en sont pas. Il sait bien qu’on ne devient pas impatient sans raison. Tenez, Israël a dû errer dans le désert pendant 40 ans. « Le peuple murmura », lisons-nous. Il y avait de quoi ! Non ? Et pourtant il est dit : « et cela déplut à l’Eternel » (Nb 11.1).

Eh bien, pareillement, nos impatiences à nous lui déplaisent aussi.

Toutes ? – Non ! L’Ecriture Sainte connaît un cas de sainte impatience : c’est quand nous ne sommes pas satisfaits de la progression de notre piété et de notre sanctification. Là, tu peux être impatient de ne pas progresser plus rapidement. Là, tu peux gémir avec l’apôtre Paul : « Malheureux être humain que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ? » « En effet, je ne fais pas le bien que je veux mais je fais au contraire le mal que je ne veux pas. » (Rm 7.24+19)

Mais en dehors de cette impatience à cause de notre état pécheur, toute réaction d’impatience est contraire à la volonté de Dieu, donc un péché.

Aussi voulons-nous nous présenter bien humblement devant Dieu et reconnaître :

« Oui, Seigneur, il m’arrive de pécher contre toi par impatience. La croix que tu m’imposes durant ce temps d’attente de ton dernier Avent, je ne l’ai pas toujours portée avec patience. Il m’est même arrivé d’éviter une épreuve, ou de m’en sortir, de façon injuste, ou de l’abréger avec impatience contrairement à ta volonté. »

Chers amis, ceci, nous pouvons le confesser à notre Dieu, car

X X X 2 X X X

Le Seigneur est miséricorieux.

« Le Seigneur est plein de tendresse et de compassion. » (v. 11) Il est vrai, et il ne faudrait pas l’oublier : « Le Juge se tient à la porte. » (v. 9) Son dernier Avent pourrait intervenir à chaque instant. Comment nous trouvera-t-il ? Une chose est sûre : pas sans péché. Cela signifiera-t-il alors notre condamnation, notre perte ?

Heureusement, non ! Paradoxalement, « le Juge » de l’univers va nous traiter, nous les croyants, comme nous ne l’avons pas mérité. Il n’y a pas de doute : « Le Seigneur est plein de tendresse et de compassion. »

Ce ne sont pas là des paroles en l’air ; c’est une promesse qui nous fait revivre. Sa « compassion » envers nous, il l’a déjà montrée en envoyant son Fils devenir homme et nous sauver.

Ce temps entre ce premier Avent, à l’époque et son dernier Avent au Dernier Jour, cette période intermédiaire dans laquelle nous vivons est faite d’une chaîne ininterrompue d’interventions miséricordieuses.

Il ne nous fait pas seulement annoncer le pardon de nos péchés, y compris de notre impatience, il nous assure aussi de sa sollicitude de chaque instant, de la direction de notre vie « pour notre bien ».

Par sa vie sainte et son précieux sacrifice, Jésus a su toucher le cœur du Père et l’amener à se tourner vers nous pour nous faire grâce, pour nous témoigner sa miséricorde. Dieu est maintenant vraiment « plein de tendresse et de compassion » envers nous. Notre sort, notre bonheur, lui tient vraiment à cœur.

Mais il faut que nous lui concédions qu’il sait mieux que nous ce qui est bon pour nous. En donnant à notre temps d’attente du retour de son Fils la tournure que prend notre vie, il nous rend certainement un service d’amour. Sa « tendresse » et son « amour » en sont le garant. Il veut ainsi nous faire croître dans la foi et dans la vie chrétienne.

Attendre avec foi, sous les coups de boutoir de la vie, le retour du dernier Avent de Jésus-Christ, peut à l’occasion mettre notre patience à rude épreuve.

Pour tenir bon, il est bon de se représenter d’une part « le Juge » sévère que nous mériterions de rencontrer au dernier Avent, et de se rappeler qu’à sa place ce sera un Seigneur miséricordieux que nous y rencontrerons.

Plus nous nous rappelons combien « le Seigneur est bon » (1 P 2.3) – alors que nous avons mérité sa colère – et plus cela nous aidera à nous placer avec humilité et joie, avec confiance et foi, sous sa conduite.

Plus nous aurons confiance en sa grâce imméritée, et plus nous nous laisserons patiemment conduire par lui.

Et comment notre confiance en Dieu s’affermit-elle ? – En méditant la miséricorde de Dieu telle qu’elle s’est occupée de nous en Jésus-Christ.

Mais aussi en méditant l’exemple des anciens.

X X X 3 X X X

Prenez pour modèles les prophètes

Jacques nous dit dans notre texte : « Mes frères et soeurs, prenez pour modèles de patience dans la souffrance les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur. » (v. 10)

Pourquoi Jacques attire-t-il notre attention sur « les prophètes » et non pas sur Jésus-Christ ? Jésus n’est-il pas un exemple de patience bien plus parfait que les prophètes, lui qui s’est offert en sacrifice pour nous sans rechigner ? lui qui a enduré la fausseté, le mépris et l’injustice la plus crasse qui soit sans se révolter ?

C’est certain : Comme en tout, Jésus aurait aussi été un exemple parfait de patience. Mais Jacques ne voulait sans doute pas que nous rétorquions : « Oui, d’accord, mais Jésus est Jésus et nous c’est nous ! Lui est saint et nous sommes pécheurs ! Lui est le Fils de Dieu et nous des êtres humains ! La comparaison est bancale ! »

Pour éviter cette objection, Jacques nous rend attentifs à l’exemple de la « patience » que « les prophètes » ont montrée durant leur longue attente du 1er Avent du Messie.

« Les prophètes » étaient aussi imparfaits comme nous ; ils étaient aussi pécheurs comme nous ; et ils ont connu des souffrances pires que nous.

Jacques donne en particulier « Job » en exemple. « Vous avez entendu parler de la persévérance de Job » (v. 11) Pourtant la patience de Job a été mise à rude épreuve : il a perdu ses biens, même ses enfants. Combien il a dû souffrir, surtout que sa femme et ses amis, au lieu de l’aider, l’ont enfoncé !

Mais Job avait confiance en Dieu et en sa miséricorde. « Et vous avez vu la fin que le Seigneur lui a accordée » (v. 11) : la patiente confiance en Dieu a finalement vu Dieu tout « changer en bien » (Gn 50.20)

L’agriculteur, lui aussi, vit d’espoir et de confiance. Vous me direz que nous, citadins tout autant, pour ce qui est du remplissage des rayons de nos marchés et magasins. Notre attente rejoint donc bien celle de l’agriculteur. Mais laissons la parole à Jacques :

« Voyez le cultivateur : il attend le précieux fruit de la terre en faisant preuve de patience envers lui jusqu'à ce qu'il ait reçu les premières et les dernières pluies. » (v. 7)

Ce qu’il veut dire, c’est : l’agriculteur ne peut pas récolter immédiatement après avoir semé. Et avant de pouvoir récolter il doit parfois faire preuve de patience en attendant, ici la pluie, là le soleil. Et s’il peut légèrement intervenir pour arroser ou pour faire écouler l’eau qui recouvre ses champs, pour l’essentiel il attend avec patience que Dieu fasse le nécessaire.

Soyons donc, nous aussi, patients, comme les agriculteurs de tous les temps, et comme les prophètes des temps anciens. « Le Seigneur est plein de tendresse et de compassion. »

Heureusement pour nous que Dieu, pour l’amour de Jésus-Christ, n’agit pas avec nous selon ce que nous méritons, mais selon sa grande miséricorde !

Cela nous aide à porter avec patience ce que Dieu nous envoie. Pour l’amour de son Fils il nous assistera toujours dans nos épreuves et nous en délivrera au moment que lui juge opportun.

Peut-être que pour les uns ou les autres ce ne sera que lors de son dernier Avent, quand il mettra fin à l’épreuve de notre patience.

Qu’il continue de nous assurer de son pardon en Jésus-Christ, et de sa fidélité à l’alliance qu’il a conclue avec nous dans le Baptême !

Nous fêterons alors son dernier Avent dans la joie.

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

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