mercredi 7 décembre 2011

Sermon du dimanche 13 novembre 2011

Avant-Dernier Dim. ap. Trin 2011

Mt 25:31-46

« Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire,

avec tous les anges, il s’assiéra sur son trône glorieux.

Toutes les nations seront rassemblées devant lui.

Il séparera les uns des autres comme le berger sépare les moutons des chèvres : il mettra les moutons à sa droite et les chèvres à sa gauche.

Alors le roi dira à ceux qui sont à sa droite :

« Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; héritez le royaume qui a été préparé pour vous depuis la fondation du monde.

Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli ; j’étais nu, et vous m’avez vêtu ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venu me voir. »

Alors les justes lui répondront :

« Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, et t’avons-nous donné à manger ? – ou avoir soif, et t’avons-nous donné à boire ? Quand t’avons-nous vu étranger, et t’avons-nous recueilli ? – ou nu, et t’avons-nous vêtu ? Quand t’avons-nous vu malade, ou en prison, et sommes-nous venus te voir ? »

Et le roi leur répondra :

« Amen, je vous le dis, dans la mesure où vous avez fait cela pour l’un de ces plus petits, l’un de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.. »

Ensuite il dira à ceux qui sont à sa gauche :

« Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et pour ses anges. Car j’ai eu faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à boire. J’étais étranger, et vous ne m’avez pas recueilli ; j’étais nu et vous ne m’avez pas vêtu ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité. »

Alors ils répondront, eux aussi :

« Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim ou soif, étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, sans nous mettre à ton service ? »

Alors il leur répondra :

« Amen, je vous le dis, dans la mesure où vous n’avez pas fait cela pour l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait. »

Et ceux-ci iront au châtiment éternel, mais les justes, à la vie éternelle.

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ,

Ce dimanche – l’Avant-Dernier de l’Année Liturgique – porte le nom de « Dimanche du Jugement ». L’Evangile traditionnel pour ce jour, chez Matthieu, au chapitre 25, met en scène le grand Jugement des nations.

Ce n’est pas là une pièce de théâtre à propos d’une histoire qui ne nous concernerait pas. Au contraire, nous y sommes tous impliqués, « car il nous faudra tous comparaître en pleine lumière devant le tribunal du Christ » (2 Co 5:10).

Nous intervenons donc tous – et chacun personnellement – dans la scène décrite par notre texte. Devant ce tribunal, nous devons tous – et chacun personnellement – « paraître en pleine lumière » comme ce que nous sommes.

Qu’est-ce que cela nous fait ? Comment vous sentez-vous ? Cet événement doit-il nous effrayer comme une catastrophe qui s’abattrait sur nous ?

Non,

EN PENSANT AU JUGEMENT DERNIER,

NOUS AVONS LA CONSOLANTE CERTITUDE

1 que c’est notre Sauveur qui y sera notre Juge ;

2 qu’il a déjà prononcé

le verdict d’acquittement sur nous ;

3 qu’il nous a parés de bonnes œuvres ; et

4 qu’il a déjà fait de nous

ses cohéritiers du Royaume des cieux !

X X X 1 X X X

En pensant au Jugement dernier,

nous avons comme

1ère certitude consolante :

notre juge ne sera personne d’autre

que notre Sauveur lui-meme.

Et cela, ça change tout, ça arrange bien les choses pour nous !

Ce qui frappe, c’est qu’il se donne ici le nom de « Fils de l’homme ». Avec ce titre il veut diriger notre attention sur les faits suivants :

Ø Il est le Fils de Dieu devenu homme. Par amour pour nous il s’est abaissé jusqu’à nous, s’est fait humble, a pris notre place dans le Jugement de Dieu pour nous sauver du verdict de la condamnation.

Ø Cela, il ne l’a pas fait par caprice, pour se changer de la félicité éternelle – excusez cette hypothèse blasphématoire ! – mais par amour pour nous, avec tout le sérieux que son sacrifice suppose.

Ø Il a partagé nos conditions de vie, nos soucis, les problèmes de notre existence ; il s’est exposé aux tentations que nous connaissons dans notre vie quotidienne.

Ø Il est même allé dans la mort à notre place, s’est fait condamner pour des péchés qu’il n’avait pas commis – les nôtres ! – et a ainsi expié notre culpabilité envers Dieu.

Voilà « le Fils de l’homme » qui va annoncer le verdict sur nous à la fin des temps : quelqu’un qui a montré son amour sans borne pour nous. Notre juge sera quelqu’un qui a montré qu’il nous aimait plus que sa vie !

Mais sur un point, il ne sera plus pareil. Cela, il veut le souligner en se donnant le titre de « Fils de l’homme », titre utilisé par le prophète Daniel pour le Messie revenant dans sa gloire céleste.

Jésus ne reviendra pas « comme un simple homme » (Ph 2), non, il n’a plus rien à expier. Au dernier jour, « il viendra dans sa gloire » en tant que « Roi » de l’univers, Seigneur et Maître de l’humanité !

Et là, investi d’une autorité que personne ne pourra remettre en question, il mettra « en pleine lumière » le verdict qu’il aura prononcé sur chacun de nous. Là, le verdict prononcé sur nous à notre mort sera mis à exécution au vu et au su de tous.

Il s’y passera des choses terribles, mais n’oublions pas, celui qui prononce les verdicts sur nous n’est pas l’ennemi des croyants, mais leur ami et frère.

Mais il y a plus :

X X X 2 X X X

En pensant au Jugement dernier,

nous avons comme

2ème certitude consolante :

notre Sauveur

NOUS A DEJà declares « justes » !

Ne faut-il pas beaucoup d’aplomb pour affirmer que nous sommes des « justes » ? Ne pouvons-nous pas tous – sans exception ! – citer des pensés, des paroles ou des actes injustes qui ont réveillé la mauvaise conscience en nous ?

Mais, voyez-vous, celui qui sera assis sur le siège du Juge, n’est autre que « l’Agneau de Dieu qui [a] porté le péché du monde », « porté », emporté et expié…

Il a fait disparaître nos péchés aux yeux de Dieu – le prophète Michée dit : « jetés au fond de la mer » (7:19). Et l’apôtre Paul explique que « nous sommes gratuitement justifiés par sa grâce, au moyen de la rédemption » – de notre rachat – effectué par « Jésus-Christ » (Rm 3:24).

Résumons :

1. Jésus a échangé notre péché contre sa justice.

2. Ayant reçu sa justice, nous avons été déclarés justes.

3. Celui qui a payé pour que nous soyons déclarés justes officialisera ce verdict au Jugement Dernier.

Voilà pourquoi, ailleurs, Jésus déclare :

Ø « Celui qui met sa foi dans le Fils n’est pas jugé » (Jn 3:18), ou :

Ø « Celui qui entend ma Parole et qui croit […] n’entre pas en jugement ; il est passé de la mort à la vie. » (Jn 5:24)

Cet acquittement prononcé sur chaque croyant devient définitif à notre mort et ne sera pas remis en question au grand Jugement des « nations » pour la simple raison

a) que ce qui est pardonné est oublié (voyez la brochure « Pardonner et Oublier »),

b) que le Jugement Dernier ne procède plus à une enquête mais se contente de faire « paraître en pleine lumière », d’officialiser, de rendre public le verdict devenu définitif à notre mort.

Aussi, sans attendre, Jésus « séparera »-t-il tout de suite l’humanité en deux groupes, « à sa droite » et « à sa gauche ».

Jésus veut que pour tout le monde les raisons de son verdict soient clairs :

§ S’il s’agit d’un « juste », car revêtu de la justice de Jésus pour avoir cru en lui de son vivant, ce sera l’annonce de l’acquittement pour la vie éternelle ;

§ S’il s’agit d’un incroyant, donc de quelqu’un qui est dépourvu de la justice de Jésus, ce sera la condamnation à la mort éternelle.

Et Jésus justifiera son choix, il justifiera l’acquittement des uns et la damnation des autres en attirant l’attention de tous sur … les œuvres de chacun.

Silence…

Jésus enseignerait-il le salut par les œuvres ? N’insistons-nous pas généralement sur le contraire, que « l’homme est déclaré juste par la foi sans les œuvres de la Loi » ? () Et puis, comment pouvons-nous subsister devant le Tribunal de Dieu avec nos œuvres entachées de péché ?

N’ayez crainte :

X X X 3 X X X

En pensant au Jugement dernier,

nous avons comme

3ème certitude consolante :

notre Sauveur

NOUS A PARES DE BONNES œuvre.

Jésus a réponse à tout, aussi à notre culpabilité et à notre peur du jugement, peur qui aurait toutes les raisons d’être si Jésus ne s’était pas occupé de nous.

Mais justement : il est intervenu. Il a payé pour nous et il a échangé notre péché contre sa justice. Nos péchés n’existent plus aux yeux de Dieu. Il ne peut donc plus en être question au Jugement Dernier. Le miraculeux, l’incroyable mais vrai, c’est que Dieu nous considère maintenant aussi « juste » que Jésus « dans lequel nous plaçons notre foi » !

Ainsi recouverts de la justice de Jésus, nos œuvres aussi sont considérées par Dieu comme « justes ». Leur côté imparfait et pécheur est pardonné et oublié.

Ne demeurent que les fruits de la foi, « agréés de Dieu par Jésus-Christ » (1 P 2:5). Ne demeure que la vie en Christ, la vie que nous aurons menée dans la foi en lui, par gratitude et amour pour lui.

Et, en ce qui concerne les croyants, c’est de cela seul qu’il sera question au Jugement Dernier.

Comme la foi en Jésus est invisible en elle-même, Jésus attirera l’attention sur les fruits de la foi.

Les œuvres parlent de la foi qui les produit.

Les fruits de la foi sont plus un état d’esprit que la conscience d’avoir fait du bien. Ce qui est frappant, c’est que nous, croyants, au Jugement Dernier, nous serons étonnés par l’énumération de nos œuvres. « Ah, bon ? J’ai fait tout ça ? »

Le croyant ne tient pas une comptabilité de ses bonnes œuvres ; il n’apprend pas leur liste par cœur ; il ne s’en enorgueillit pas. Il se concentre davantage sur l’œuvre du Christ, ce qui produit chez lui la vie en Christ, la vie pour Christ, ce qui ne peut, par ricochet, n’être aussi que la vie au service des autres.

Une vie en Christ, c’est se repentir de tout ce qu’on fait de mal, de contraire à sa bonne et miséricordieuse volonté, c’est déposer chaque jour son fardeau de péché à ses pieds et en demander pardon.

Une vie en Christ, c’est, comme lui l’a fait, avoir un cœur pour les besoins des autres.

Les incroyants viennent aussi en aide aux nécessiteux, ils soutiennent aussi toutes sortes d’ONG, mais ça ne vient pas de la foi en Christ, l’imperfection et la dimension pécheresse de leur engagement n’est pas recouverte par la justice de Jésus.

Si aux yeux des hommes, cela a la même valeur que notre engagement à nous, aux yeux de Dieu, sur la balance de l’éternité, ça ne fait pas le poids : pour cela, seul la justice du Christ fait le poids.

X X X 4 X X X

En pensant au Jugement dernier,

nous avons comme

4ème certitude consolante :

notre Sauveur A DEJA FAIT DE NOUS

SES « COHERITIERS » DU ROYAUME DES CIEUX.

Au Jugement Dernier, « le roi dira à ceux qui sont à sa droite : « “Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; héritez le royaume qui a été préparé pour vous depuis la fondation du monde.” »

Voyez-vous, nous oublions trop souvent – pour parler avec Martin Luther – que « là où il y a pardon des péchés, il y a aussi vie et salut » !

Que dira Jésus aux croyants au Jugement Dernier ? « “Venez, […] héritez le royaume qui a été préparé pour vous !” »

A partir du moment où, dans cette vie ici-bas,nous plaçons notre foi en Christ, nos péchés nous sont pardonnés et nous sommes « héritiers du Royaume » des cieux (Jc 2.5).

« Celui qui croit au Fils A la vie éternelle » (Jn 3:36),

elle lui appartient déjà en propre ! Ses péchés étant pardonnés, Dieu ne lui refuse plus son Paradis.

Bien plus, au moment de placer notre foi dans notre Sauveur, celui-ci place sur notre tête « la couronne de vie » (Ap 2:10). D’où sa mise en garde : « Retiens ce que tu AS, pour que personne ne prenne ta couronne, » (Ap 3:11), cette couronne de la vie éternelle qui est déjà posée sur ta tête !

Il n’y a pas trente-six façons de « retenir » notre « couronne de vie ».

Tant que nous nous repentirons de nos péchés et placerons notre foi en Jésus qui a payé pour nous, « la couronne de vie » nous est laissée. Voilà la chose la plus importante dans la vie, mais aussi l’honneur le plus insigne qui nous est fait : rien ne peut lui être comparé !

Ah ! si nous pensions plus souvent à l’honneur royal qui nous est fait dès ici-bas ! Cela placerait notre vie dans une toute autre lumière et nous permettrait de mener le combat de la foi avec plus de conviction !

Certes, la couronne éternelle est déjà posée sur notre tête, mais nous ne participerons au gouvernement du « Roi des rois » que lorsqu’il nous aura fait entrer dans la gloire céleste.

Ce « Royaume » glorieux, Jésus l’a « préparé » aux croyants, ses « cohéritiers » (Rm 8:17), et il nous y fera entrer lors du Jugement Dernier !

Voilà la grande révolution que nous y connaîtrons, la vie royale dans laquelle nous entrerons ! Pas étonnant que Jésus nous appelle, nous et tous les croyants : « les bénis de son Père » !

De la foi, nous passerons à la vue, du combat de la foi à la paix éternelle, de l’abaissement à l’élévation, de l’humiliation à la gloire,

Aussi, ne galvaudez pas cet « héritage », soignez-le, retenez le dans une repentance et une foi de tous les jours, et « réjouissez-vous » de ces promesses quand vous pensez au Jugement Dernier !

Amen.

Pasteur Jean Thiébaut Haessig