dimanche 27 mai 2007

Sermon du 27 mai 2007 - PENTECÔTE

PENTECÔTE Jean 15.26 – 27

Châtenay-Malabry – 27.05.2007

15:26 [Jésus dit à ses disciples :]

Quand viendra le Défenseur,
celui que, moi, je vous enverrai du Père,
l'Esprit de la vérité, qui provient du Père,
c'est lui qui me rendra témoignage ;


15:27 et vous aussi, vous rendrez témoignage,
parce que vous êtes avec moi depuis le commencement.

Chère assemblée de Pentecôte,
chers témoins du Christ !

« Viens, ô Créateur de nos âmes,
Esprit saint, Dieu de vérité ;
Remplis nos cœurs des pures flammes
De ton ardente charité.
Visite-nous, Dieu de lumière,
Esprit de consolation,
Don du Très-Haut, feu salutaire,
Amour et divine onction »
(LlS n° 128, strophe 1)

Qu’est-ce qui nous fait chanter et jubiler en ce Jour de Pentecôte ? Qu’est-ce qui s’est passé à la première Pentecôte, événement dont les effets s’étendent jusqu’à nous, aujourd’hui, et qui alimente notre spiritualité, qui nourrit notre foi ? Serait-ce « le bruit comme celui d’un violent coup de vent » ? Seraient-ce « les langues qui semblaient de feu » ? Serait-ce le parler en différentes langues par les apôtres ? (Ac 2.2-4)

Chers amis, il nous faut regarder plus loin que l’apparence ; il nous faut regarder derrière l’apparence pour découvrir ce qui se trouve derrière ces manifestations phénoménales, autrement nous n’y comprendront rien, et nous ne comprendrons pas non plus en quoi cela nous concerne aujourd’hui.

En fait,

LA PENTECÔTE
EST LE MOMENT
Où L’EGLISE DE JESUS-CHRIST
S’EST MISE EN MOUVEMENT
1
Cela a commencé avec le témoignage du « Paraclet ».
2
Cela continue avec votre témoignage !


XXX 1 XXX

L’Eglise de Jésus-Christ
a été mise en mouvement
lorsque « le Paraclet » s’est mis
à rendre témoignage avec puissance.

Le Para – quoi ? – « Le Paraclet » ! C’est le nom que Jésus donne ici au Saint-Esprit – ici et en d’autres endroits, dans le texte original grec. « Quand viendra le Paraclet, celui que, moi, je vous enverrai du Père, l'Esprit de la vérité, qui provient du Père, […] »

Pour s’approcher au plus près du sens original, certaines traductions françaises ont rendu ce mot par « Consolateur », d’autres par « Défenseur », ailleurs encore par « Avocat » … de la défense, bien entendu, chacun de ces termes ne couvrant qu’une partie du sens de l’original « Paraclet » (paraklhtos), mot à mot : « l’appelé aux côtés », « l’appelé à la rescousse », « l’appelé pour assister ».

Au chapitre précédent, Jésus avait déjà employé ce terme : « Moi, je demanderai au Père de vous donner un autre Paraclet pour qu’il soit avec vous pour toujours, l’Esprit de vérité » (Jn 14.16-17) « Un autre Paraclet » : Bien entendu ! Jésus est le premier « Paraclet », le premier à avoir été appelé à notre secours !

L’ancienne version Segond traduit ici chaque fois par « Consolateur ». Jésus nous a consolés en nous arrachant à la damnation éternel, en expiant nos péchés, en nous réconciliant ainsi avec Dieu.

Le Saint-Esprit quant à lui nous console en attirant notre attention sur ce que Jésus a fait pour nous, en « rendant témoignage à Jésus » (v. 26).
Le Saint-Esprit est « Paraclet » parce qu’il conduit au premier « Paraclet » : Jésus ! Mais Segond savait qu’il ne couvrait pas toute la richesse du mot « Paraclet » en traduisant par « Consolateur ». Aussi a-t-il traduit ce même mot dans cet autre passage bien connu par le mot « Avocat » et la « Nouvelle Bible Segond » par « Défenseur » : « Si quelqu'un vient à pécher, nous avons un Défenseur auprès du Père, Jésus-Christ, qui est juste » (1 Jn 2.1) On pourrait aussi dire : « un Intercesseur ».

Autrement dit : un avocat de la défense est appelé à nos côtés pour qu’il nous fasse gagner le procès devant le tribunal de Dieu. Or, devant le tribunal de Dieu, nous ne pourrions avoir de meilleur « Paraclet » ou « avocat de la défense » que Jésus. N’a-t-il pas pleinement rempli les exigences de Dieu à notre place ? N’a-t-il pas ainsi rendu caduque toute accusation contre nous ?

Jésus sait de quoi il parle quand il nous défend. Il peut présenter à Dieu le récépissé de notre rachat, de notre acquittement : son vrai corps qu’il a livré pour nous, son vrai sang qu’il a répandu pour nous, pour le pardon de nos péchés, pour notre acquittement éternel.

Et lorsque l’apôtre Paul écrit : « L’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables » quand « nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières » (Rm 8.25-26), que fait-il d’autre qu’assumer sa fonction, que remplir sa mission de « Paraclet » ?

Dans les grandes lignes, nous avons donc découvert quelle est la relation du Saint-Esprit avec nous : il est « le Paraclet » envoyé par Jésus de la part du Père ; il est celui qui est placé à nos côtés pour nous assister dans notre combat de la foi en Jésus-Christ, et pour nous réconforter et nous affermir sur le chemin de la vie avec les promesses de l’Evangile.

Avec les promesses de l’Evangile… Evidemment ! Le Saint-Esprit n’agit pas sur nous à travers les nuages, mais à travers « la Parole du Christ » (Rm 10.17). Jésus dit ici du Saint-Esprit : « C’est lui qui me rendra témoignage » (v. 26)

Que fait le Saint-Esprit dans le monde ? – C’est simple : il nous dirige vers Jésus-Christ, notre Sauveur, nous parle de lui, étale devant nos yeux les merveilleux trésors que le Christ nous a apportés, et développe le merveilleux message, la consolante vérité du salut qu’il nous a obtenu.

Apprendre cela, cela soulage ; cela soulage du poids de la culpabilité devant Dieu, cela nous libère de la peur de la mort et de la damnation, cela remplit notre cœur de joie et de vie, cela nous anime, nous fait bouger, nous met en mouvement, nous et toute l’Eglise du Christ, toute la communion de ceux qui placent leur foi en Christ !.

Le Saint-Esprit ne suscite pas en nous n’importe quelle bougeotte, il ne nous entraîne pas dans une agitation désordonnée, non, le mouvement qu’il provoque, c’est de nous mettre en marche.

Avec le témoignage qu’il rend à Jésus-Christ il nous met tous sur pied ; il nous met en marche avec le message divin du salut en Christ ; il nous entraîne dans un grand mouvement en avant par le merveilleux « Evangile, puissance de salut, » (Rm 1.16).

Un jour, Paul a écrit : « L’amour de Christ nous presse, nous qui avons discerné ceci : un seul est mort pour tous, […] » (2 Co 5.14)

Voilà ce que le Saint-Esprit nous a appris par son témoignage de la vérité ; voici la Bonne Nouvelle avec laquelle il a touché nos cœurs, voici « l’Evangile par lequel il nous a appelés » (2 Th 2.14), voici « la puissance de Dieu » par laquelle « nous sommes gardés, au moyen de la foi pour le salut » (1 P 1.5).

Cela transforme nos vies et nous fait marcher avec repentance et foi sur les traces de notre Sauveur.

Jésus avait dit : « Les paroles que, moi, je vous ai dites sont Esprit et sont vie. » (Jn 6.63) La parole d’Evangile est pleine de « vie » et rend vivant, met en mouvement, parce que le Saint-Esprit agit à travers elle sur nos cœurs pour nous faire avancer sur le chemin du « salut prêt à être révélé dans les derniers temps » (1 P 1.5)


XXX 2 XXX

Le témoignage que le Saint-Esprit rend à Jésus par l’Evangile amène la vie et du mouvement dans l’Eglise. Il fallait s’attendre que ce mouvement de l’Eglise entraîne l’Eglise à rendre, à son tour, témoignage de ce Christ dont elle a tant reçu !

« Vous aussi vous rendrez témoignage » dit Jésus dans notre texte.

1
Cela a commencé avec le témoignage du « Paraclet ».
2
Cela continue avec notre témoignage
de membres de l’Eglise !

Cela ne devrait d’ailleurs pas nous surprendre. Le Saint-Esprit est appelé à nos côtés, aux côtés de l’Eglise, pour nous assister. Il fallait s’attendre à ce qu’il nous entraîne avec lui dans une vie de témoignage, qu’il nous entraîne pour nous faire participer à sa mission de témoigner de l’amour de Dieu en Jésus-Christ.

Pensez au miracle de la première Pentecôte à Jérusalem ! (Ac 2.1-42) Cet événement montre comment le Saint-Esprit transforme des disciples craintifs et apeurés en témoins courageux. Subitement, les apôtres se tournent résolument vers les milliers de pèlerins présents à Jérusalem pour leur annoncer le Christ, ce qu’il est pour eux et de quelle manière ils peuvent avoir part à ses trésors célestes.

Bien entendu, nous rendons aussi témoignage à Christ quand nous sommes entre nous, dans les cultes, les études bibliques, les réunions de jeunes, les séances de catéchisme ou d’école du dimanche, dans la cure d’âme ou par notre littérature.

Mais le Saint-Esprit ne veut pas que nous nous cantonnions à faire état de son témoignage merveilleux et bouleversant en vase clos, exclusivement pour notre bien et dans notre intérêt. Il attend à ce que nous portions son témoignage devant le monde.

A Jérusalem, les apôtres sont allés au-devant des gens, là où ils se trouvaient, en l’occurrence, dans la langue dans laquelle leur vie se déroulait. « Parthes, Mèdes, Elamites, habitants de Mésopotamie, de Judée, de Cappadoce, du Pont, d’Asie, de Phrygie, de Pamphylie, d’Egypte, de Libye cyrénaïque, » etc. (Ac 2.9-11)

Aujourd’hui encore, les missionnaires apprennent les langues des peuples parmi lesquels ils veulent rendre témoignage à Jésus-Christ.

Il faut aller à la rencontre et chercher les incroyants là où ils se trouvent : dans leur langue, dans leur culture, dans leur façon de penser. Il faut comprendre les gens si on veut se faire comprendre d’eux.

C’était la raison pour laquelle Jésus-Christ a appelé Saul de Tarse à devenir le grand apôtre Paul : comme érudit juif ayant étudié auprès du plus grand rabbin de Jérusalem, il pouvait prêcher dans les synagogues, et comme érudit grec de la ville universitaire de Tarse, il comprenait la façon de penser, la culture – y compris la culture sportive – des Grecs, et pouvait les aborder dans leur monde pour les conduire à Jésus-Christ.

Le témoignage que le Saint-Esprit rend à Jésus-Christ, l’Evangile du salut en Christ, ce n’est pas une formule magique ; il faut qu’il intrigue, saisisse, étonne, attire, donc qu’il soit annoncé dans une langue que mon vis-à-vis comprend.

Ainsi, à Jérusalem, le Saint-Esprit amena les apôtres à être Parthes pour les uns, Elamites pour d’autres, etc. Plus tard, Paul nous apprend : « Avec les Juifs, j'ai été comme un Juif, afin de gagner les Juifs ; avec ceux qui sont sous la loi, comme quelqu'un qui est sous la loi, afin de gagner ceux qui sont sous la loi – et pourtant moi-même je ne suis pas sous la loi » (1 Co 9.20)

Voilà comment l’Eglise doit se donner la peine – et nous tous avec elle – de rester en mouvement, dans ce mouvement perpétuel vers les incroyants, et chercher à leur rendre témoignage de leur Sauveur Jésus-Christ dans un langage qu’ils comprennent.

Aux ouvriers il faut parler comme à des ouvriers, aux étudiants comme à des étudiants, aux enfants comme à des enfants, aux jeunes comme à des jeunes, aux personnes âgées comme à des personnes âgées, aux forts dans la foi comme à des forts dans la foi, aux faibles dans la foi comme à des faibles dans la foi, etc.

Ce n’est pas toujours facile, vous le savez par expérience. Notre Seigneur n’attend d’ailleurs pas que nous puissions être « tout à tous » (1 Co 9.22). Mais le Seigneur a doté son Eglise de gens très différents, ou, pour le dire autrement : il a réparti les dons entre nous différemment ; nous avons des connaissances différentes et des centres d’intérêt différents.

Nous devrions être reconnaissants à Dieu pour cette diversité de dons et d’intérêts, et ne pas faire la fine bouche lorsque, par ex. les uns ont le don – comme l’apôtre Paul – de parler aux sportifs, d’autres, comme Jésus, de parler aux « gens de mauvaise vie », aux « pécheurs » notoires (Mt 9.10 ; Lc 15.2 ; etc.)

Prenons un autre exemple, de notre monde actuel, cette fois-ci : Face aux musulmans arabes ou turcs, tout le monde n’a pas la facilité de se mettre dans la peau d’un chrétien arabe ou turc pour leur parler de Jésus de façon intéressante et compréhensible. Leur culture et leur façon de penser est souvent si différente que nous avons du mal à nous faire comprendre correctement et que notre façon de nous comporter les braque plutôt et fait écran au témoignage que nous voulons rendre à leur Sauveur.

Mais si nous sommes une Eglise qui se laisse émouvoir et conduire par le témoignage du Saint-Esprit, alors chacun d’entre nous essayera d’être témoin de Jésus-Christ parmi ses semblables, parmi ceux dont il connaît la langue, la culture, la façon de penser, les loisirs. D’autres feront l’effort d’apprendre une langue pour pouvoir rendre témoignage à Jésus aux gens aui parlent cette langue.

D’autres encore étudient plutôt le monde d’une catégorie précise de gens pour pouvoir leur parler de Jésus-Christ, leur Sauveur. C’est ce que nous avons fait à « L’Heure Luthérienne » à l’occasion de la Coupe du Monde de Football de 1998 : nous avons publié un magazine spécial et avons diffusé 15 programmes radio spéciales sur RTL.

A l’occasion de cet événement qui a marqué les esprits et mobilisé les médias, nous nous sommes documentés, nous avons demandé conseil au spécialiste du sport qu’est l’apôtre Paul et nous nous sommes efforcé d’annoncer l’Evangile d’une façon qui interpelle les sportifs.

Essayez, vous aussi, de comprendre vos contemporains, du moins ceux que vous côtoyez dans votre quartier, au travail, à l’école. Essayer de les comprendre ne signifie pas les approuver en tout ; non, essayez de les comprendre pour savoir par où commencer pour leur parler de Jésus-Christ.

Alors vous avez compris ce qu’est Pentecôte : se laisser entraîner par le témoignage que le Saint-Esprit rend au Sauveur du monde, se laisser entraîner soi-même dans une vie de repentance et de foi, d’humilité et de joie de tous les jours, mais aussi se laisser entraîner à en entraîner d’autres par notre témoignage. Ne serait-il pas merveilleux qu’ils partagent notre soulagement, notre consolation, notre joie et notre espérance dans la communion du Dieu de leur salut ?

Jésus dit : l'Esprit de la vérité […] me rendra témoignage ; et vous aussi, vous rendrez témoignage ! »

Joyeuse Pentecôte, chers frères et sœurs émus par le témoignage du Saint-Esprit et témoins vous-mêmes de son bouleversant salut !


Amen.


Jean Thiébaut Haesssig, pasteur
(13 718)



Chants :
Cantique d’Ouverture :
Viens habiter dans nos âmes LlS 127 : 1–5
Après l’Epître :
Viens, ô Créateur de nos âmes, LlS 128 : 1
Après le Credo :
Attendez en Sion la promesse du Père LlS 120 : 1–5
Après le Notre Père :
Esprit Saint, souffle de vie, LlS 123 : 1–4

lundi 7 mai 2007

Sermon du 06 mai 2007 - BAPTÊME (Cantate)

BAPTÊME (Cantate) Galates 3.27

Châtenay-Malabry 06.05.2007


« En effet, vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ. »

Chers amis,
resplendissants dans votre habit d’apparat !

Nous connaissons tous la valeur des habits. Les habits jouent un rôle important dans la vie. En hiver nous en portons d’autres qu’en été. Le soldat en porte d’autres qu’un civil, et chaque grade militaire a son uniforme distinctif. Le facteur est habillé autrement qu’un peintre en bâtiment, et moi-même, je suis vêtu différemment au culte que vous.

Certains de ces habits sont dictés pas la nécessité (le pull en hiver, les manches courtes en été, par exemple), d’autres sont le fait d’arrangements symboliques pour faire comprendre : celui-ci est officier, simple soldat, facteur, peintre en bâtiment ou pasteur.

On porte donc des habits

soit par nécessité ou l’exigence de la météo ou de la profession,

soit selon un arrangement symbolique pour signifier quelque chose.

Et voici que Paul écrit : « Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ ! »

A quelle catégorie d’habits Jésus appartient-il, lui dont nous avons été « revêtus » dans notre baptême ? Fait-il partie des habits nécessaires ou des habits symboliques ? Ou peut-être des deux à la fois ?

Notre texte nous aidera à nous rappeler que

CHRIST,
NOTRE COSTUME DE BAPTËME,

1.- recouvre notre péché,
2.- nous protège des rayons de la colère divine,
3.- nous réchauffe dans le froid de ce monde,
4.- nous confère des honneurs divins,
5.- nous remplit de joie, de gratitude et de foi,
6.- nous engage à une vie de repentance
et de foi de tous les jours.


***** 1 ******
Jésus-Christ, notre costume de baptême,
recouvre notre péché.


Paul écrit aux chrétiens de Galatie : « Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ. »

Les habits recouvrent le corps, en entier ou partiellement. Une des raisons en est : pour que nous n’ayons pas à avoir honte. Il est vrai que la honte ou la pudeur, ce sont des notions de moins en moins à la mode. Devant qui a-t-on encore honte aujourd’hui ?

Il en est un, cependant, devant lequel nous aurions toujours plein de raisons d’avoir honte : c’est Dieu. Ou ne serait-ce pas vrai dans ton cas ? Nous n’avons rien en nous qui nous permettrait de cacher nos péchés devant Dieu. Lui-même le sait d’ailleurs très bien.

C’est pour nous éviter de devoir avoir honte devant lui, qu’il nous a lui-même procuré l’habit qui cache notre péché. Cela n’a pas été sans mal : la confection de cet habit éclatant de pureté et de sainteté lui a coûté fort cher. Les croix qui se dressent dans nos lieux de culte nous le rappellent avec insistance : l’habit de sainteté qu’il nous a confectionné lui a coûté son Fils unique.

Pour nous procurer cet habit éclatant de pureté, cet habit qui recouvre totalement nos péchés et n’en laisse plus dépasser aucun, Jésus a dû payer pour chacun, il a dû expier chacun de nos actes, de nos paroles, même de nos pensées qui devraient nous faire honte en pensant à notre Dieu d’amour.

Cet habit nous a été remis, nous en avons été « revêtus » dans notre baptême. « En effet, » – écrit l’apôtre dans notre texte – « vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ. »

Dans notre baptême, la justice et la sainteté de Jésus ont été passées par-dessus nos péchés comme on peut passer un grand habit de fête par-dessus des sous-vêtements déjà un peu passés. Ainsi, la justice du Christ cache, devant Dieu, nos mauvais actes, nos paroles blessantes, nos pensées honteuses. Pour Dieu, notre péché n’existe plus. Dieu nous regarde à travers son Fils ; Dieu voit son Fils quand il nous regarde. Et comme son Fils est pur et saint, nous n’avons plus besoin d’avoir honte devant Dieu.

Voilà un des effets miraculeux propres au costume de baptême dont nous avons été revêtus dans ce sacrement.


***** 2 ******
Jésus-Christ, notre costume de baptême,
nous protège
des rayons de la colère divine.


Les habits nous protègent aussi des brûlures du soleil. On connaît assez l’effet cancérigène d’une exposition inconsidérée à ses rayons. Certes, nous aimons nous dorer au soleil, quand il fait beau. Mais généralement nous nous protégeons, et si ce n’est avec des habits, du moins en remplaçant les habits par autre chose : un parasol ou une crème antisolaire. Ce n’est pas pour rien qu’on se couvre bien dans les pays chauds.

Mais il y a quelque chose de bien plus brûlant que les rayons du soleil, ce sont les rayons incandescents de la colère de Dieu. « Qui résistera devant sa fureur ? Qui tiendra contre sa colère ardente ? » demande le prophète Nahum (1.6).

Il n’y a pas de doute quant aux sentiments que notre péché inspire à Dieu : des sentiments de colère et de rejet. Aussi a-t-il frappé l’humanité à mort depuis qu’Adam et Eve on chuté dans le péché : « Le salaire du péché, c’est la mort, » rappelle Paul aux Romains (6.23)

« Par un seul homme le péché est entré dans le monde » et nous a tous contaminés, au point que nous ne pouvons subsister par nous-mêmes devant Dieu. « Ainsi la mort est passée à tous les humains » (Rm 5.12).

Mais Dieu est aussi miséricordieux. Pour nous sauver de cette perdition, pour nous protéger de sa colère, il nous a enveloppés dans l’habit protecteur de son Fils, il nous a « revêtus » d’un vêtement de protection. Il le fait, parce que son Fils s’est déjà laissé brûler pour nous sous les rayons dévastateurs de sa colère.

Et il en a réchappé. Il était d’ailleurs le seul à pouvoir en réchapper. C’est la raison pour laquelle il a pris notre place et nous a ainsi évité d’être damnés par Dieu en colère.

Quand Dieu nous regarde, nous les baptisés, du moins ceux qui n’ont pas jeté leur habit de baptême, ceux qui n’ont pas rejeté le Christ par après, il ne voit plus nos péchés, mais la justice de son Fils qui nous recouvre, et sa colère à notre encontre se change en amour paternel, en amour sauveur.

« Le sang du Christ, mon Rédempteur,
Est mon seul vêtement d’honneur ;
Par lui je compte subsister
Devant Dieu dans l’éternité. »
(Louons le Seigneur, n° 344, strophe 1)


***** 3 ******
Jésus-Christ, notre costume de baptême,
nous réchauffe dans le froid de ce monde.

Les habits ne protègent pas seulement de la chaleur, ils protègent aussi du froid, est-il besoin de le rappeler.

Il est cependant un froid qui est plus mordant que le plus glacial des hivers : le froid de ce monde. Ne le ressentons-nous pas souvent ainsi : froid et sans chaleur ? Impassible et angoissant ? On se sent parfois complètement incompris, seul, abandonné.

Ce côté inhumain de notre monde moderne, le caractère anonyme de notre monde stressé et stressant, c’est du pain bénit pour Satan, ce sont les situations rêvées pour pouvoir nous plonger dans le découragement et le doute, voire le désespoir ou, pire, la dépression. Qui peut vivre sans sympathie, sans la chaleur des autres ?

Là aussi s’applique cette parole de notre Seigneur : « L’être humain ne vivra pas de pain seulement ! » (Mt 4.4). Nous avons aussi besoin de sentir l’amour de nos semblables. Or, celui-ci est parfois aux abonnés absents. Il faut alors plaindre celui qui ne sent pas l’effet réchauffant de l’habit baptismal, du Christ qui l’enveloppe.

Sois heureux, chrétien baptisé, de pouvoir te réchauffer à cet habit, auprès de l’amour sauveur de Jésus-Christ ! Lui ne va jamais battre froid. Il t’aime plus que sa propre vie. N’est-il pas allé jusqu’à la sacrifier pour toi ? C’est de lui que Dieu t’a « revêtu » dans ton baptême pour que tu puisses te savoir uni à lui pour ce temps et pour l’éternité.

Ne te laisse pas démonter par le doute ! Aussi vrai que tu es « baptisé en Christ », aussi assuré t’est son amour pour toi, sa sollicitude de tous les instants. Il se tient continuellement près de toi. S’il vient à toi dans la cène sous les espèces du pain et du vin pour t’assurer de son pardon et de son amour, il le fait aussi dans le baptême : là, il t’a enveloppé de son habit d’amour et de protection.

Cela, ne l’oubliez pas dans vos épreuves, et prenez courage dans ces moments difficiles : « car vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ. »


***** 4 ******
Jésus-Christ, notre costume de baptême,
nous confère des honneurs divins.


Les habits ont aussi leur langage : celui de la pauvreté ou de l’aisance, celui de la propreté ou du laisser-aller, celui de l’honneur ou du déshonneur.

Alors, réfléchissez : Qui sommes-nous ? – des pécheurs, des coupables. Et que méritons-nous de la part de Dieu ? – d’être abandonnés et rejetés dans les peines éternelles.

Et que fait-il avec nous au lieu de cela ? – Il nous « revêt de Christ » dans le baptême ! C’est comme si, au lieu de bander les yeux pour fusiller un condamné, on déposait sur sa tête une couronne pour l’honorer devant le monde entier.

Nous ne pouvons vraiment pas comprendre le Christ, notre habit de baptême, autrement que comme le costume d’apparat le plus immérité, mais aussi le plus splendide qui soit ! Celui qu’on « revêt » d’une robe de docteur, reçoit ainsi les honneurs du doctorat. Celui qu’on « revêt » d’un manteau royal, reçoit ainsi des honneurs royaux.

Eh bien, celui qui a été « revêtu de Christ » dans le baptême, a reçu des honneurs proprement divins ! Oh ! certes, nous ne devenons pas son égal – qui pourrait être assez orgueilleux pour penser cela ? – mais il nous élève ainsi et nous permet de participer à son honneur, à ses bénédiction célestes et éternelles ; il nous accorde ainsi « l’état civil » d’enfants de Dieu, de membres de son Eglise, de « citoyens des cieux » (Ph 3.20).


***** 5 ******
Jésus-Christ, notre costume de baptême,
nous remplit de gratitude, de joie et de foi.


De gratitude ! Comment pourrait-il en être autrement ? Cet habit protecteur et vêtement d’honneur, nous n’y avions pas droit : il nous a été offert contre toute attente ! Et en tout cas, sans que nous y soyons pour quelque chose.

C’est à un autre que nous le devons. C’est un autre qui a avancé le prix fort pour que nous puissions l’avoir. Il a tellement tenu à pouvoir nous offrir ce vêtement d’honneur, qu’il a été prêt, pour cela – pour nous – à se laisser mépriser et maudire au bois de la croix. Sans croix pas de baptême. C’est cela, le sens des signes de croix dans la liturgie du baptême. D’abord Jésus a dû se faire damner et condamner avant qu’il n’ait pu nous élever, dans le baptême, aux plus grands honneurs qui soient, ceux de la gloire céleste.


« Sois loué, divin Sauveur !
A toi la gloire et l’honneur ! »

(Louons le Seigneur, n° 76,
refrain de toutes les strophes)


Aussi ne pouvons-nous faire autrement, en pensant à notre baptême, que nous réjouir au plus haut point. Là, le Seigneur nous a pourvus de ce dont nous avions le plus besoin, ce qui nous assure de son amour, de sa sollicitude, de son pardon, de sa fidélité éternels.

Si, dans notre baptême, il nous a « revêtus » de son Fils, « le Christ », c’est aussi pour que nous n’ayons pas à douter de notre adoption et de « notre citoyenneté dans les cieux », pour que nous puissions en être certains.

Car ainsi il nous a pourvus de l’habit protecteur nécessaire pour échapper aux terribles conséquences du péché. Maintenant, et tant que nous serons revêtus par la foi du vêtement baptismal, « rien » – pas non plus « la mort […] ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu en Jésus-Christ, notre Seigneur » (Rm 8.38-39)


***** 6 ******
Jésus-Christ, notre costume de baptême,
nous engage à une vie
de repentance et de foi de tous les jours.


En « revêtant » cet habit exceptionnel, nous avons aussi pris des engagements. C’est ce qu’illustrent les promesses de la liturgie baptismale. On pourrait les résumer ainsi : Celui qui a été « revêtu de Christ », celui-là veut montrer sa joie et sa gratitude en faisant honneur à ce vêtement d’honneur.

Nous croisons le chemin de tant de personnes à plaindre, parce que l’habit de leur baptême les embêtait, ou parce qu’ils l’on méprisé et s’en sont dévêtus, parfois peut-être avec quelque hésitation d’abord, puis sans ambages. Faut-il rappeler qu’en méprisant ce vêtement d’honneur, en n’acceptant plus ce vêtement protecteur, ils se retrouvent sous la colère de Dieu ? (Jn 3.36)

Il est vrai, ce n’est pas facile de toujours vivre de manière à faire honneur à Jésus-Christ. Tant que nous serons ici-bas, les péchés remuent et essayent de dépasser de dessous notre vêtement d’honneur, ils essayent de le faire tomber.

Nous connaissons les mêmes tentations, les mêmes moments de faiblesse que les autres. Ils nous travaillent même plus encore parce que nous voulons rester fidèles à notre Seigneur et Sauveur et que nous ne voulons pas lui faire honte.

Malheureusement, il arrive continuellement qu’un péché vienne à dépasser de notre habit baptismal. Avec l’aide de Dieu il nous faut alors nous efforcer de tout remettre en place, ce qui se fait dans la repentance et la foi en Christ. Il faut le supplier de recouvrir ce péché aussi. Notre Seigneur est assez grand et vaste pour recouvrir tous nos péchés.

Ces efforts de remise en ordre de notre vêtement baptismal, nous devrons les faire jusqu’au moment de notre entrée dans la félicité éternelle. Mais, ô combien merveilleuse sera l’issue de notre lutte de la foi ! Là-bas, nous pourrons nous réjouir sans avoir à lutter, nous réjouir de la félicité que notre Seigneur nous a procuré avec notre habit baptismal.

Mais jusque-là, n’oublions jamais :


CHRIST,
NOTRE splendide COSTUME DE BAPTËME,

1.- recouvre notre péché,
2.- nous protège des rayons de la colère divine,
3.- nous réchauffe dans le froid de ce monde,
4.- nous confère des honneurs divins,
5.- nous remplit de joie, de gratitude et de foi,
6.- nous engage à une vie de repentance
et de foi de tous les jours.


Amen.


Jean Thiébaut Haesssig, pasteur
(13 442)



Chants :

Je chanterai, Seigneur, sans cesse LlS 22 : 1-4
Au Jourdain vint Christ, le Seigneur, LlS 152 : 1-2
Par la puissance du baptême LlS 157 : 1-2
Par la puissance du baptême LlS 157 : 3-6

Sermon du 29 avril 2007 - JUBILATE

JUBILATE Gn 1.26 – 2.2

Châtenay-Malabry 29.04.2007

1:26 « Dieu dit :

"Faisons les humains à notre image, selon notre ressemblance, pour qu'ils dominent sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre et sur toutes les bestioles qui fourmillent sur la terre."

1:27 Dieu créa les humains à son image : il les créa à l'image de Dieu ; homme et femme il les créa.

1:28 Dieu les bénit ; Dieu leur dit :

"Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tous les animaux qui fourmillent sur la terre."


1:29 Dieu dit :

"Je vous donne toute herbe porteuse de semence sur toute la terre, et tout arbre fruitier porteur de semence ; ce sera votre nourriture.

1:30 A tout animal de la terre, à tout oiseau du ciel, à tout ce qui fourmille sur la terre et qui a souffle de vie, je donne toute herbe verte pour nourriture."
Il en fut ainsi.


1:31 Dieu vit alors tout ce qu'il avait fait : c'était très bon. Il y eut un soir et il y eut un matin : le sixième jour.

2:1 Ainsi furent achevés le ciel et la terre, et toute leur armée.

2:2 Le septième jour, Dieu avait achevé tout le travail qu'il avait fait ; le septième jour, il se reposa de tout le travail qu'il avait fait. »

Chers frères et soeurs,

« Jubilate ! » – jubilez, réjouissez-vous ! – est le nom que porte notre dimanche, parce que c’est là le premier mot de l’Introït pour ce jour (Ps 66.1).

Nous nous réjouissons de plein de choses dans notre vie. Il y a tant de choses pour lesquelles nous ne pourrons jamais assez remercier Dieu ! Cela peut être la paix, l’ordre et la démocratie dans notre pays, cela peut être le travail et le niveau de vie, cela peut être la santé ou la guérison, cela peut être la famille et la chaleur qui y règne entre ceux qui la composent, cela peut être l’invitation que le Seigneur nous fait chaque dimanche à le rencontrer au culte, sa Parole de grâce qui éclaire notre existence, son amour qui nous réchauffe le cœur.

Mais je vais m’arrêter là, sinon je ne pourrais, pour le temps que dure un sermon, que dresser une liste de bienfaits que nous devons à la bonté de Dieu.

Nous allons donc nous laisser guider par notre texte. Nous allons nous réjouir de ce que nous propose le texte à la base de notre sermon.

Il se trouve dans le livre des commencements, le livre de la Genèse, nom donné à ce Premier Livre de Moïse. Et nous allons plus particulièrement nous pencher sur l’histoire du premier des patriarches, et voir, à l’aide de ce premier homme,

ADAM
1
A quoi ressemble l’homme ?
2
A quoi ressemble Dieu ?



Nous allons découvrir que la réponse à ces deux questions ne sera réellement possible que si nous intégrons le second Adam, Jésus-Christ, dans notre réflexion et méditation.

***** 1 ******

A quoi l’homme ressemble-t-il ?

Penchons-nous d’abord sur Adam, le premier homme que Dieu ait créé. Quand on lit le récit de la création, il apparaît clairement que Dieu a créé notre univers en six jours :
le 1er jour : la lumière et les ténèbres (Gn 1.1-5) ;
le 2ème jour : le ciel (Gn 1.6-8) ;
le 3ème jour : la terre et la mer, ainsi que la végétation (Gn 1.9-13) ;
le 4ème jour : les astres, soleil et lune y compris (Gn 1.14-19) ;
le 5ème jour : les poissons, les animaux marins et les oiseaux (Gn 1.20-23) ;
le 6ème jour : les animaux terrestres (Gn 1.24-25), puis le premier couple, Adam et Eve (Gn 1.26-31).

Le deuxième chapitre du livre de la Genèse montre ensuite avec quel soin Dieu a créé les hommes, et, s’il ne les a créés qu’après avoir créé le reste, ils ne sont pas le fruit d’une évolution quelconque à partir des créatures précédentes, mais Dieu les a immédiatement créés « très bons » (Gn 1.31), parfaits : « il les créas à l’image de Dieu » (Gn 1.27).

Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’avait-il en vue quand il a décidé : « Faisons les humains à notre image, selon notre ressemblance ! » ?

« Dieu est esprit » (Jn 4.24) et n’a pas de corps : ce n’est donc pas notre corps qui est fait « à la ressemblance » de Dieu. « L’image de Dieu » dans l’homme, il faut la chercher ailleurs que dans la ressemblance physique.

Le Nouveau Testament nous apprend que la sainteté, la connaissance et l’amour de l’homme étaient « à l’image » de la sainteté, de la connaissance et de l’amour de Dieu. Ils n’étaient pas identiques et du même niveau – seul Dieu est Dieu ; lui seul est, par ex., omniscient et sait tout – mais la sainteté, la connaissance et l’amour des premiers hommes correspondaient, étaient en phase avec la sainteté, la connaissance et l’amour de Dieu.

« Les humains » sont donc bien différents et distincts de toutes les autres créatures de Dieu, différents et distincts de ce que l’astronomie peut découvrir (les astres), différents et distincts de ce que la botanique peut étudier et énumérer (les espèces végétales), différents et distincts aussi de ce que la zoologie peut trouver et classer (les espèces animales).

Seuls nous, « les humains », avons reçu de Dieu ce « souffle de vie » (Gn 2.7), ce souffle divin appelé l’âme. Seuls nous, « les humains », avons été placés dans une aussi étroite relation et communion avec le divin Créateur.

Il faut le reconnaître : le Créateur nous a particulièrement bénis, nous, « les humains ». Il y a d’abord la bénédiction de la multiplication, selon ses dispositions : « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre ! » (v. 28)

De deux personnes – Adam et Eve – l’humanité comptait mardi dernier (le 24 avril 2007) quelque 6 665 532 000 âmes, sans parler de ceux qui ont vécu durant le temps écoulé entre Adam et nous.

La seconde disposition que Dieu a prise pour nous, « les humains », il l’énonce ainsi :
« Soumettez-la [la terre]. Dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tous les animaux qui fourmillent sur la terre. » (v. 28)

Dieu nous a confié la gestion de sa création et des autres créatures. Avons-nous vraiment conscience de l’honneur qu’il nous fait ainsi ? Gérants de sa création ! Il nous fait participer à son gouvernement du monde !

Cela ne nous donne-t-il pas le vertige ? Autant d’honneur, une telle responsabilité ne nous font-ils pas peur ?

Sans doute pas tout à fait sans raison. Nous connaissons suffisamment la nature humaine – et nous nous connaissons nous-mêmes !. Nous savons aussi comment l’humanité a géré la création, la nature et la morale.

Si les humains étaient restés fidèles à leur Créateur, tout aurait été parfait. Mais les humains ont voulu s’approprier exclusivement la direction des affaires et écarter Dieu de la gestion de la création. L’humanité a oublié deux choses : a) que c’est de Dieu qu’elle détient l’autorité sur le monde ; et b) que ce n’est qu’avec sa bénédiction et en plaçant sa foi en lui qu’elle peut réellement réussir à gérer le monde correctement.

Conséquence de cet oubli, de cette incrédulité : tout va plus ou moins sens dessus dessous dans le monde, et ceci dans tous les domaines de la vie. Certaines choses sont plutôt ratées (voyez les fermetures d’usine, la pollution de l’air, de l’eau et des terres, les injustices, les délits, les grèves, les guerres civiles et autres soubresauts qui font mal et angoissent. Et même là où les choses sont plutôt des réussites, rien n’est parfait.

Une fois l’humanité gangrenée par le péché, la gestion du monde qui, auparavant était parfaite, est devenue problématique.

La désobéissance des humains – faisant suite à la première désobéissance dans le jardin d’Eden – ne peut pas être bénie. D’où vient cette gestion imparfaite, parfois égoïste et injuste, voire dangereuse du monde ? C’est qu’on ne s’attelle pas à la gestion du monde avec humilité, respect et foi en Dieu et en ses dispositions, mais on se laisse dominer et pousser par l’envie de dominer les autres, le bon plaisir, ce qu’on croit être son intérêt.

Aussi « les humains » récoltent-ils la sueur, les larmes, les épines et … la mort.

Combien cela aurait pu être différent, si nous étions encore comme Adam du temps de notre texte, donc avant qu’il ne chute dans le péché et y entraîne tous ses descendants ! Ou si nous étions encore comme Jésus a été, lui que l’apôtre Paul donne comme figure symétriquement opposée à Adam, « le second Adam » en quelque sorte (voir Rm 5.15-21)

C’est qu’en Jésus, « le second Adam », nous voyons comment nous, « les humains », nous devrions être.

Jésus n’a pas échoué, comme Adam l’a fait, dans son obéissance parfaite envers Dieu : « il s'est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu'à la mort – la mort sur la
croix. » (Ph 2.8)

L’obéissance, voilà une des caractéristiques du peuple de Dieu. Qu’avait dit Jésus ? –
« Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma soeur et ma
mère. » (Mc 3.35)

Jésus n’a pas été fier et orgueilleux comme Adam ; il n’a pas insisté pour qu’on lui laisse la première place en tout, comme cela aurait été normal. Au contraire, il s’est humilié et s’est sacrifié pour nous.

Jésus nous a de nouveau obtenu la bénédiction qu’Adam avait fait perdre à l’humanité. La désobéissance d’Adam lui a attiré – à lui et à ses descendants – la mort physique et la damnation éternelle. Jésus, en expiant nos péchés, nous a réconciliés avec Dieu et nous a obtenu la bénédiction de Dieu à la place de sa malédiction.

Autrement dit : sans l’intervention et la médiation de Jésus-Christ, nous serions rejetés par Dieu et condamnés pour l’éternité. Grâce à l’expiation de nos péchés par Jésus-Christ, tous ceux qui se réfugient auprès de lui avec foi vivent ce miracle d’être aimés et acceptés par Dieu pour l’éternité.

***** 2 ******
A quoi Dieu ressemble-t-il ?


Dire qu’avant la chute du premier couple – Adam et Eve – dans le péché, on pouvait voir
« l’image de Dieu » en eux ! « Dieu dit : "Faisons les humains à notre image, selon notre ressemblance, […]." – Dieu créa les humains à son image : il les créa à l'image de Dieu. » (v. 26a+27a)

C’est en cela que réside justement le caractère particulier, exceptionnel, des « humains » : il sont le summum de la création divine. Avant la chute de nos premiers parents dans le péché, leur sainteté était le reflet de la sainteté de Dieu. Leur amour du prochain était le reflet de l’amour de Dieu, lui qui « est l’amour » par excellence (1 Jn 4.8).

Et cette sainteté et cet amour que Dieu avait déposés dans l’être humain renvoient à la sainteté et à l’amour de Celui qui est leur Créateur hors pair.

Quant à « la domination » (v. 26b) ou autorité que Dieu a déléguée à l’homme sur sa création, elles montrent que Dieu est le Créateur souverain et tout-puissant de l’univers.

Là où Dieu fait aussi une forte impression sur nous, c’est « quand on le considère dans ses œuvres ». L’apôtre Paul écrit aux chrétiens de Rome : « Ce qui chez Dieu est invisible – sa puissance éternelle et sa divinité – se voit fort bien depuis la création du monde, quand l’intelligence le discerne dans ses ouvrages » (Rm 1.20)

Déjà aujourd’hui, l’immensément grand (les galaxies, par ex.) comme l’immensément petit (l’enchevêtrement de neurones dans notre cerveau, par ex.) nous impressionnent au plus haut point. Pourtant, depuis la chute de l’humanité dans le péché, tout cela ne fonctionne plus parfaitement. Le cerveau, par ex., connaît ses maladies, et partout ailleurs dans la création nous assistons à des ratés, voire à des catastrophes.

Mais tout cela était bien plus impressionnant dans sa perfection avant l’irruption du péché. Car, lisons-nous dans notre texte, lorsque Dieu eût achevé son œuvre magistrale de création et qu’il « vit tout ce qu'il avait fait, » son jugement infaillible fut : « c'était très bon » (v. 31), c’était excellent, c’était parfait !

Le caractère admirable de la création nous amène à admirer et à adorer la perfection et la grandeur insaisissable de celui qui l’a créée. Même aujourd’hui, encore, après que la création ait été détraquée par l’irruption du péché dans l’humanité, nous confessons, fort impressionnés, avec le psalmiste : « Le ciel raconte la gloire de Dieu, la voûte céleste dit l'oeuvre de ses mains ! » (Ps 19.)

Malheureusement, « l’image de Dieu » n’est plus visible sans plus en l’être humain. Parfois on voit même tout le contraire. Nous ne pouvons plus dire sans prendre énormément de précautions : « Voyez l’être humain, et vous pourrez en tirer des conclusions quant à son Créateur ! » Nous ne le pouvons plus aussi facilement, parce que le péché a détérioré, dépravé et défiguré « l’image de Dieu » en l’homme.

Et ce qui est terrible en tout cela, c’est que le péché de l’être humain amène les humains à avoir des doutes quant à la bonté et à la volonté de leur Créateur. On impute au Créateur le comportement pécheur des créatures. On impute au Créateur les dérèglements de la nature, qui est pourtant une conséquence du dérèglement pécheur de l’être humain.

N’avez-vous jamais entendu dire : « Mais que fait Dieu ? Comment peut-il permettre cela ? Pourquoi n’intervient-il pas ? Est-il seulement capable de venir en aide ? Cela ne lui fait-il rien de voir comment vont les choses sur terre ? »

C’est facile de se défausser sur un autre. Cela permet de ne pas avoir à se voir tel qu’on est. Il est plus confortable de rejeter la faute sur un autre, y compris sur Dieu. C’est d’ailleurs ce que le diable a réussi à faire avec ses tentations auprès d’Eve dans le jardin d’Eden. Il a réussi à faire douter Eve de la bonté de Dieu. Il a réussi à lui faire croire que Dieu la trompait. Il a semé le doute avec des questions du genre : « Dieu est-il vraiment ce qu’il affirme être ? » (voir Gn 3.1-6) Et Eve, puis Adam, sont tombés dans le panneau et nous ont tous entraînés derrière eux dans le péché et la perte.

Heureusement qu’il y en a un – un autre ! – qui donne une meilleure image de Dieu que ce que nous, créatures pécheresses et imparfaites, nous lui donnons. Heureusement que Dieu a suscité « un deuxième Adam » ou « anti-Adam » : Jésus-Christ.

Lui, Jésus, nous montre vraiment qui est Dieu et comment il est. Un jour, « Philippe dit à Jésus : "Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit." – Jésus lui dit : "Il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas, Philippe ? Celui qui m'a vu a vu le Père." » (Jn 14.8-9)

Bien évidemment ! N’est-il pas Dieu devenu homme ? N’est-il pas « Immanu-El, ce qui se traduit : Dieu avec nous » ? (Mt 1.23)

Rien ne peut mieux nous donner à connaître Dieu et ses sentiments à notre égard que la venue de Jésus parmi nous. L’abaissement du Fils de Dieu éternel et tout-puissant au rang de simple mortel montre l’intérêt que Dieu a pour nous et jusqu’où il est prêt à aller pour nous sauver.

Jésus a expié nos péchés en se sacrifiant à notre place ; il a enduré les souffrances de l’enfer à notre place pour nous les éviter : tout cela montre l’infinie profondeur et grandeur de l’amour de Dieu envers nous, un « amour qui surpasse toute connaissance » (Ep 3.18-19), il est si grand qu’on n’arrive pas à le saisir dans toute sa profondeur.

Voilà notre Dieu ! « Dieu est amour » (1 Jn 4.8) Quant à nous, nous sommes « aimés de Dieu » (Rm 1.7 ; 1 Th 1.4 ; Jd 1.1), ne l’oublions pas non plus.

Cela nous le devons au « deuxième Adam », Jésus-Christ, qui a réparé les dégâts causés par le premier Adam.

Jésus nous a fait connaître Dieu tel qu’il est. Grâce à lui nous sommes de nouveau entourés, protégés et conduits par l’amour et la sagesse prévenante de Dieu.

Dans une certaine mesure, il a rétabli « l’image de Dieu » en nous, les croyants : nous connaissons de nouveau Dieu et plaçons notre foi en lui, nous aimons de nouveau Dieu, et la sainteté du Christ recouvre notre péché.

Certes, ici-bas nous resterons imparfaits, mais dans l’éternité « l’image de Dieu » sera de nouveau entièrement rétablie en nous, et rien ne pourra plus nous la corrompre ou la détruire.


Amen.


Jean Thiébaut Haesssig, pasteur

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