mercredi 10 septembre 2008

Sermon du 7 septembre 2008 - CULTE DE RENTREE

Texte : Mt 6.25-34
25 C'est pourquoi je vous dis :
"Ne vous inquiétez pas,
pour votre vie,
de ce que vous mangerez
ou de ce que vous boirez,
ni, pour votre corps,
de ce dont vous serez vêtus.
La vie n'est-elle pas plus que la nourriture,
et le corps plus que le vêtement ?
26 Regardez les oiseaux du ciel :
ils ne sèment pas,
ils ne moissonnent pas,
ils ne recueillent rien dans des granges,
et votre Père céleste les nourrit.
Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux ?
27 Qui de vous peut, par ses inquiétudes,
rallonger tant soit peu la durée de sa vie ?
28 Et pourquoi
vous inquiéter au sujet du vêtement ?
Observez
comment poussent les lis des champs :
ils ne travaillent pas, ils ne filent pas ;
29 et pourtant je vous dis
que pas même Salomon, dans toute sa gloire,
n'a été vêtu comme l'un d'eux.
30 Si Dieu habille ainsi l'herbe des champs
qui est là aujourd'hui
et demain sera jetée au four,
ne le fera-t-il pas à bien plus forte raison pour vous, gens de peu de foi ?
31 Ne vous inquiétez donc pas,
en disant : « Qu'allons-nous manger ? »
Ou bien : « Qu'allons-nous boire ? »
Ou bien : « De quoi allons-nous nous vêtir ? »
32 – tout cela, c'est ce que les gens de toutes les nations recherchent sans relâche –
car votre Père céleste sait
que vous en avez besoin.
33 Cherchez d'abord le règne de Dieu et sa justice,
et tout cela vous sera donné par surcroît.
34 Ne vous inquiétez donc pas du lendemain,
car le lendemain s'inquiétera de lui-même.
A chaque jour suffit sa peine."

Chers frères et sœurs, enfants d’un Père épatant !

Au moment de reprendre toutes nos activités paroissiales, au moment, aussi, de nous replonger dans les responsabilités, tâches et autres programmations pour l’année d’activité qui s’ouvre devant nous, au moment, enfin, de réfléchir aux moyens que nous allons mettre en œuvre pour assumer la tâche dont le Seigneur nous a chargés, il peut arriver que nous nous posions certaines questions.

Comment notre paroisse va-t-elle vivre ces douze prochains mois ?
Quels défis aurons-nous à relever au cours de la nouvelle année d’activités, défis de fidélité à notre Sauveur, défis de charité les uns envers les autres et envers d’autres, défis financiers ?
Comment parviendrons-nous à réunir les moyens – en collaborateurs et en argent – pour qu’au sein de notre paroisse la Parole soit annoncée à tous et les sacrements administrés pour l’édification et le salut de chacun, mais aussi pour être une voix puissante qui crie dans le désert spirituel de notre monde environnant ?

Ces questions – et beaucoup d’autres – m’amènent à lire aujourd’hui le texte de notre Evangile non pas comme parlant d’inquiétudes personnelles, mais de préoccupations paroissiales. Sans aucun doute, Jésus veut aussi nous dire, aujourd’hui :

« Ne vous inquiétez pas pour » votre paroisse :

1. – « Votre Père céleste sait de quoi vous avez besoin. »
2. – « Cherchez premièrement son Royaume et sa justice. »

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Ce qui justifie toutes nos activités paroissiales, ce qui les explique aussi, c’est l’annonce de la Parole de Dieu et l’administration des sacrements. Il s’agit de permettre à tous et à chacun de « chercher » et de trouver « le Royaume de Dieu » et d’y bénéficier des bienfaits de sa « justice » (v. 33).
Nous ne sommes pas un établissement scolaire, bien que nous consacrions beaucoup de temps et d’énergie à communiquer à nos enfants des connaissances vitales.
Nous ne sommes pas un club de jeunes, bien que nous ayons un groupe et des réunions de jeunes.
Nous ne sommes pas un club du 3ème âge, bien qu’il y ait des paroisses qui ont un groupe d’étude biblique réunissant plus ou moins cette classe d’âge.
Nous ne sommes pas une œuvre de charité, bien que nous pratiquions la charité.
Nous ne sommes pas une entreprise du bâtiment, bien que nous consacrions pas mal de temps et d’argent à leur entretien ou à leur réparation.

Nous ne sommes pas un organisme de séjour de vacances, bien que notre église organise des camps pour jeunes.
Nous ne sommes pas un parlement avec un gouvernement, et pourtant notre constitution paroissiale comporte de tels aspects.
Et nous pourrions continuer cette énumération :
Nous ne sommes pas une entreprise d’espaces verts, et pourtant nous tondons le gazon et taillons des haies.
Nous ne sommes pas une entreprise publicitaire, bien que nous fassions aussi de la publicité pour notre Seigneur.

Nous ne sommes pas un institut des langues, et pourtant, il nous est arrivé d’avoir de l’instruction catéchétique et même une confirmation partiellement en anglais.
Nous ne sommes pas une association pour la défense de la morale ou de la nature, bien qu’il nous arrive aussi, à l’occasion, d’élever notre voix en ce domaine.
Nous ne sommes pas une chorale, ni un orchestre, bien que le chant et la musique prennent une part importante dans nos cultes.

Je m’arrêt ici. Je voulais seulement dérouler devant vos yeux certaines des multiples facettes de la vie paroissiale en les situant à la place qui leur revient : au second rang.
Qu’on ne me comprenne pas mal : je n’ai pas dit que ceux qui assuraient leur service dans ces domaines seraient des paroissiens de seconde zone ; au contraire, la paroisse a grandement besoin de leurs services. Mais ceux qui prennent en charge de telles activités le font parce que cela sert notre but « premier », notre but prioritaire, et nous ne le faisons que parce que cela nous aide à atteindre notre but prioritaire, et ceci, dans de toujours meilleures conditions, dans le cadre le plus digne possible de notre grand « Dieu », pour trouver dans les meilleures conditions possibles « son Royaume et sa justice » dans la Parole prêchée, enseignée, étudiée et dans les sacrements administrés parmi nous.

Cette « recherche du Royaume de Dieu et de sa justice », voilà ce qui est prioritaire, voilà ce qui doit toujours venir « premièrement ». C’est aussi la raison pour laquelle l’enseignement de la Parole de Dieu et l’administration de ses sacrements sont prioritaires dans notre vie paroissiale. C’est là que s’ouvre à nous « le Royaume de Dieu » ; c’est là que le Christ nous offre et fixe toujours plus solidement le vêtement de « sa justice » par-dessus nos péchés.
Et pour que tous puissent mieux atteindre ce but « premier », notre paroisse – comme les autres – organise, certes, avant tout des cultes, mais aussi des cercles bibliques, des réunions des jeunes, des entretiens catéchétiques pour adultes, l’instruction catéchétique pour enfants, la visite aux malades et aux éprouvés, peut-être bientôt des réunions de dames. Servent aussi ce but le travail du conseil presbytéral, les assemblées générales paroissiales, l’implication d’instrumentistes ou de chanteurs.

La raison de ces activités n’est pas d’avoir une vie paroissiale de plus en plus agitée et frénétique. Dieu nous garde de l’idolâtrie de l’activisme, car alors nous aurions perdu de vue le « premièrement » – « le Royaume de Dieu et sa justice » – et nous nous serions enlisés dans des choses secondaires que nous aurions déconnectées de l’enjeu vital, essentiel et « premier » ; alors les activités secondaires, devenues prioritaires, nous seraient devenues néfastes, car elles nous cacheraient l’essentiel.

S’il nous est arrivé d’employer, en plus, d’autres langues – l’anglais ou l’allemand – c’est pour que tout le monde puisse mieux trouver le « premièrement », pour que chacun puisse trouver dans la « justice du Royaume de Dieu » le réconfort, la paix et la joie dont il a besoin dans ce monde si compliqué et bouleversé par le péché.
Si nous avons des réunions des jeunes, c’est que ceux-ci ont besoin d’un endroit où ils puissent, à la lumière de la Parole de Dieu, échanger leurs joies, leurs idéaux, leurs incompréhensions et leurs questions – et trouver les réponses et les conseils du « Royaume de Dieu » auquel ils appartiennent.

Si nous tenons à avoir un lieu de culte attirant et accueillant, ce n’est pas pour notre propre gloire – Dieu nous en préserve ! – mais pour la gloire de Celui qui nous a reçus dans son « Royaume » par pure grâce et au prix de son Fils. Nous soignons l’aspect de notre Centre Paroissial pour la gloire de Celui qui nous offre et nous garantit « la justice » de son Fils à chacune de nos rencontre avec lui au culte, « justice » grâce à laquelle nous pouvons subsister dans son « Royaume ». Si nous embellissons notre centre paroissial et en soignons l’aspect, c’est aussi pour avoir un lieu plus attrayant pour y inviter et accueillir d’autres personnes et leur y faire rencontrer le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

Et si nous offrons de bon cœur nos dons à la Paroisse, au Synode ou aux différentes associations auxiliaires de l’Eglise, ce n’est pas pour augmenter notre capital commun, ni même pour pouvoir payer toujours autant ou davantage de pasteurs, mais pour que « le Royaume de Dieu et sa justice » puissent être annoncés à toujours davantage de pécheurs, pour leur pardon, pour leur salut éternel et pour la gloire de notre grand Dieu miséricordieux.

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Alors, parfois, devant l’immensité de la tâche et l’imperfection et la petitesse de notre paroisse ou de notre église, nous ressentons quelque inquiétude. Nos capacités seront-elles à la mesure de nos tâches, à la mesure de nos responsabilités ?
Au courant de cette nouvelle année d’activités, notre paroisse va-t-elle s’affaiblir ou s’affermir, rapetisser ou grandir ? Je n’en sais rien – et vous pas davantage. Mais je sais une chose, c’est que « notre Père céleste sait de quoi nous avons besoin » (v. 32).
« Si Dieu habille l’herbe des champs » (v. 30) avec tant de splendeur, s’il s’occupe des besoins des « oiseaux du ciel » (v. 26), ne nous rendra-t-il pas aussi capables, « à bien plus forte raison » (v. 30), de remplir les tâches qu’il nous a confiées ?
Une paroisse, la proclamation fidèle de l’Evangile et l’administration correcte des sacrements pour notre salut, « ne valent-elles pas beaucoup plus » (v. 30), aux yeux de Dieu, que « les oiseaux du ciel » et que « l’herbe des champs » ?

La Paroisse est une institution divine, de même que l’annonce de la Parole de Dieu et l’administration de ses sacrements. Autrement dit : c’est là ce que Dieu veut, c’est là ce à quoi il tient « premièrement », ce sur quoi il veille par-dessus tout. « Ne vous inquiétez donc pas du lendemain, » « votre Père céleste sait que vous en avez besoin, » aussi en tant que paroisse.
Alors engageons-nous avec confiance dans cette nouvelle année d’activités et de responsabilités. Non pas avec confiance aveugle en nous-mêmes, mais avec une confiance absolue en Celui qui n’a pas hésité à nous confier des tâches aussi importantes : lui sait que nous ne pouvons rien sans son aide et sa bénédiction.

Engageons-nous dans cette nouvelle année en tournant nos yeux et nos cœurs vers « notre Père céleste », en l’invoquant pour qu’il nous accorde son Esprit Saint.
Engageons-nous dans cette nouvelle année avec reconnaissance et action de grâces pour toutes les bénédictions passées, les spirituelles comme les matérielles, les célestes comme les terrestres.
Oh ! certes, nous sommes un regroupement de personnes marquées par le péché, nous sommes un groupe qui additionne les faiblesses de ses membres, leurs travers, leurs manquement, leurs erreurs.

Mais nous sommes aussi un regroupement d’hommes et de femmes qui se repentent de cela, qui s’épanouissent à la lumière du pardon offert en Jésus-Christ, et qui se placent sous l’influence bénéfique de la Parole et des sacrements. Ainsi, de culte en culte, d’étude biblique en étude biblique, de réunion de jeunes en réunion de jeunes, nous sommes réconfortés par le pardon, la faveur et la bénédiction de Dieu.

N’est-ce pas une bénédiction de Dieu qu’une petite paroisse comme la nôtre trouve tous les dons et capacités nécessaires pour que l’Evangile du Christ puisse agir parmi nous ? N’est-ce pas une bénédiction de Dieu que nous ayons des frères et sœurs en la foi qui nous aident à boucler notre budget, en attendant que nous y parvenions tout seuls ?
Si nous montrons à Dieu que nous savons qu’il « sait ce dont nous avons besoin » pour remplir notre mission de paroisse, et si nous lui montrons par notre engagement paroissial que nous avons confiance en ses promesses de nous demeurer fidèle et de nous bénir, nous aurons l’occasion de l’en louer chaque semaine, car Dieu tient toujours parole.

Certes, il nous faut rester humbles et ne pas prendre notre volonté pour la sienne, car alors nous connaîtrons des déconvenues. Il s’agit de discerner en commun quels sont les moyens en personnes, en temps, en talents et en argent que Dieu met à notre disposition et ne pas vouloir lui forcer la main.

Mais si notre objectif « prioritaire » reste la recherche de « son Royaume et [de] sa justice », si nous mobilisons dans la prière les moyens que Dieu met à notre disposition, alors « ne nous inquiétons pas du lendemain » : « notre Père céleste sait de quoi notre paroisse] a besoin. » Il ne perd pas de vue notre salut, ni notre rayonnement missionnaire. Ne perdons pas non plus de vue sa gloire !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig


Chants proposés :

Sur le roc éternel assise Jamais elle ne périra LlS 181:1-4
O Jésus-Christ, ta chère Eglise LlS 176:1-3
Jamais Dieu ne délaisse qui se confie en lui LlS 233:1-4
O Jésus, notre divin Roi, à l’amour efficace, LlS 166:1-3