lundi 26 décembre 2011

Sermon du Dimanche 25 Décembre 2011

FÊTE DE NOËL Es 62.10-12

10 « Franchissez, franchissez les portes ! Dégagez le chemin du peuple ! Préparez, préparez la route, enlevez les pierres ! Dressez un étendard vers les peuples !

11 Voici ce que l’Eternel annonce aux extrémités de la terre : "Dites à la fille de Sion : ‘Ton salut arrive. Il a son salaire avec lui et sa récompense est devant lui !’"

12 On les appellera : "peuple saint", "rachetés de l’Eternel", et toi on t’appellera : "recherchée", "ville non abandonnée".»

Chers frère et sœurs soulagés et remplis de joie

par la naissance de votre Sauveur !

Oui, « Faisons éclater notre joie

Et louons notre Bienfaiteur ;

Le Père éternel nous envoie

Son Bien-aimé pour Rédempteur.

D’une vierge chaste et féconde

Un enfant divin nous est né ;

Aujourd’hui, le Sauveur du monde,

Le Fils de Dieu, nous est donné ! » (LlS 46:1)

C’est certainement l’émotion et la joie qui nous habitent le plus en cette fête de Noël. C’est certainement l’émotion et la joie qui nous réunissent aujourd’hui pour ce culte de la Fête de Noël.

Mais Noël, c’est plus encore, c’est bien davantage,

LA FETE DE NOËL c’est UNE FETE à la fois

1. chargée de gravité,

2. joyeuse,

3. communautaire, et

4. féconde.


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La Fête de Noël, c’est d’abord

UNE FÊTE CHARGEE DE GRAVITE !

Il est vrai, cela ne se voit pas tellement. Les rues sont illuminées, les villes sont bruyantes, des haut-parleurs nous inondent de musique, on se retrouve autour de tables festives.

La joie n’est pas forcément déplacée, certainement pas, si c’est l’authentique joie de Noël, comme nous le verrons dans la deuxième partie.

Mais n’oublions pas qu’à l’origine de la naissance du fils de Marie, il y a une catastrophe, que la cause de l’incarnation du Fils de Dieu, c’est l’état désespéré de l’humanité qu’il est venu sauver.

C’est parce que beaucoup ne voient pas cela qu’ils ne peuvent pas connaître la véritable joie de Noël. Ils ne connaissent que des joies qui n’ont rien à voir avec la naissance du Christ. Ils profitent simplement de l’occasion pour fêter en famille ou entre amis.

Qu’est-ce qui les empêche de fêter Noël correctement ? Plein de choses qui encombrent leur vie et les aveuglent. Plein de choses, d’opinions et d’états d’esprit qui les empêchent de voir pourquoi l’enfant de Bethléhem a déclenché le chant de « la multitude de l’armée céleste » des anges (Lc 2.13).

Il s’agit de se débarrasser de tout ce qui nous empêche de fêter Noël pour les bonnes raisons.

« Dégagez le chemin […] ! Préparez, préparez la route, enlevez les pierres "! » (v. 10) Faites table rase de tout ce qui vous cache la raison profonde de fêter Noël : « Il vous est né un Sauveur ! » (Lc 2.11)

En fait, pour résumer, qu’est-ce qui veut nous empêcher de fêter Noël correctement ? – Notre état pécheur. – « Dégagez-le ! […] Enlevez-le ! » – Facile à dire ! Moins facile à faire …

En fait, reconnais-le au Fils de Marie, ton état pécheur. Pose ce baluchon embarrassant aux pieds de la crèche ; reconnais en lui celui qui peut t’en débarrasser.

C’est pour cela qu’il est né à Bethléhem. C’est pour cela que « le Roi de gloire a tout quitté, pouvoir, joie et honneur » au ciel (LlS 49:2). C’est pour cela que « le Fils unique du Très-Haut Prend la crèche pour berceau » (LlS 48:2). Pour aplanir le chemin entre Dieu et nous, pour nous sortir de notre perdition de pécheurs coupables, pour nous réconcilier avec Dieu et nous obtenir son pardon, sa bonté et sa présence fidèle.

C’est une situation désespérée qui a amené Jésus à naître à Bethléhem. C’est une chose extrêmement sérieuse que son début de vie humaine dans une étable, car en filigrane, au-dessus de sa crèche, se dessine déjà sa croix.

Oui, Noël est d’abord une fête chargée de gravité. Il n’en demeure pas moins que

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La Fête de Noël, c’est surtout

LA FÊTE D’UNE « GRANDE JOIE » !

C’est ainsi que l’ange s’est exprimé quand il s’est adressé aux bergers dans la nuit de Bethléhem. Qu’a-t-il dit ? – « N’ayez pas peur, car je vous annonce une bonne nouvelle qui sera une source de grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur ! » (Lc 2.10-11)

C’est aussi ce que le prophète Esaïe annonce dans notre texte : « "‘Ton salut arrive ! " » « "Dites à la fille de Sion : ‘Ton salut arrive. " » (v. 11) Dans la longue chaîne des prophéties messianiques, les prophéties d’Esaïe sont les plus précises et les plus profondes. Datant de sept siècles avant la venue du Messie, elles ont alimenté la foi des croyants et leur ont permis de tenir, de continuer à espérer.

Rappelez-vous ce que Marie dit, quand elle apprend qu’elle sera la mère du Fils de Dieu : « Le Tout-Puissant […] s’est souvenu de sa bonté – comme il l’avait dit à nos ancêtres. » (Lc 1.54-55)

Voyez aussi ce que Zacha rie, le père de Jean-Baptiste, chante parce qu’il a appris l’imminence de la naissance du Messie : « C’est ce que Dieu avait annoncé par la bouche de ses saints prophètes des temps anciens : un Sauveur qui nous délivre […]. Ainsi Dieu […] se souvient de sa sainte alliance, conformément au serment qu’il avait fait à Abraham, notre ancêtre. » (Lc 1.70-73)

C’est que l’enfant de Bethléhem ne vient pas les mains vides. Il ne vient pas en touriste, en curieux ou parce qu’il se serait ennuyé au ciel. Il vient pour accomplir un énorme travail et toucher un « salaire » (v. 11) non moins énorme, un « salaire » à côté duquel même ceux des PDG du CAC40 sont ridicules : le « salaire » qu’il a gagné, c’est le « salut » du monde, c’est « ton salut » à toi et à moi, notre réconciliation avec Dieu, la paix avec le Dieu que nous avons offensé par nos péchés !

C’est sûr, à voir le petit nourrisson dans la crèche de l’étable de Bethléhem, on pourrait être tenté de dire : « Il n’y a rien à voir, passez votre chemin ! » Et pourtant, les anges ont encadré sa naissance avec le chant : « Paix sur la terre ! » (Lc 2.14), indiquant clairement par là que l’enfant de Marie est le « Prince de la Paix » annoncé par Esaïe (Es 9.5).

Cela nous émeut au plus profond de nous-mêmes. Ce « salaire » que l’enfant de Bethléhem touche sur la croix de Golgotha, il nous le distribue pour notre « salut ». Et cela ne nous remplirait pas d’une sainte agitation ?

Elle répond à cette insistante exhortation : « Franchissez, franchissez les portes ! Dégagez le chemin du peuple ! Préparez, préparez la route, enlevez les pierres ! Dressez un étendard vers les peuples ! »

Nous faisons notre possible, non seulement pour fêter correctement Noël dans la repentance, la foi et la joie ; nous faisons aussi notre possible pour qu’il en soit ainsi tout au long de l’année, tout au long de notre vie.

Mais une chose frappe dans cette exhortation du prophète : elle ne s’adresse pas à des personnes prises individuellement, mais à l’Eglise dans son ensemble.

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La Fête de Noël, c’est

UNE FÊTE QU’ON CELEBRE ENSEMBLE

On n’en saisit pleinement le sens que si on la vit en communauté. Déjà lors de la naissance de Jésus, ce miracle a été annoncé à des groupes : les bergers, les gens de Bethléhem, les mages.

Ici, l’annonce de la naissance de Jésus s’adresse à « la fille de Sion », à l’Eglise qui place sa foi dans le Messie.

« "Dites à la fille de Sion […] On les appellera : "peuple saint", "rachetés de l’Eternel", et toi on t’appellera : "recherchée", "ville non abandonnée".» (v. 12)

Bien entendu, l’Eglise de Jésus-Christ est constitué des personnes individuelles que nous sommes, des « rachetés de l’Eternel » que nous avons le bonheur d’être. Bien entendu que chacun de nous place individuellement et personnellement sa foi dans le Messie Sauveur. Bien sûr que c’est à cause de notre repentance et foi personnelles que nous bénéficions de ce rachat. La foi d’un autre ne me sert à rien pour cela.

Mais nous sommes exhortés et invités à fêter ensemble la naissance du Sauveur, à préparer ensemble son accès dans nos cœurs dans les cultes de la communauté.

Les miracles de Noël, de Pâques, de l’Ascension, de Pentecôte, le miracle de notre rachat et de notre salut, veulent être célébrés dans le partage, pas dans le recroquevillement sur soi. La célébration de Noël se fait avant tout et surtout dans nos cultes administrés par des serviteurs dûment appelés. Martin Luther, en prêchant sur ce texte, souligne fortement le rôle des prédicateurs dans la célébration de Noël.

La célébration de Noël se fait aussi dans un culte préparé par les enfants. Cette fête des enfants n’est pas là pour qu’on admire nos enfants – le seul à devoir être admiré dans nos cultes, c’est notre Seigneur – non, la fête des enfants est là pour qu’ils aient l’occasion d’annoncer ensemble, de louer ensemble, de chanter ensemble leur joie de Noël et leur foi.

Car

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La Fête de Noël, c’est aussi

UNE FÊTE FECONDE,

une fête qui porte des fruits, une fête qui pousse en avant, une fête qui ne laisse pas les bras ballants mais nous pousse à agir.

« Franchissez, franchissez les portes ! Dégagez le chemin du peuple ! Préparez, préparez la route, enlevez les pierres ! Dressez un étendard vers les peuples ! » (v. 10)

« Dressez un étendard vers les peuples ! » La bannière de notre foi doit être visible des autres. Le temps de Noël est un temps particulièrement propice à cela. Tout le monde parle de Noël, dans toutes les familles il y a du remue-ménage. Voyez-vous, c’est l’occasion toute trouvée pour les rendre attentifs à l’origine de cette fête. C’est un contexte propice pour parler de notre Seigneur qui voudrait aussi être leur Sauveur.

Voyez les bergers de Bethléhem ! A peine ont-ils appris la naissance du « Sauveur » du monde « qui est le Christ, le Seigneur », le Messie, l’Eternel, qu’ils s’en vont « raconter ce qui leur avait été dit » par les anges « au sujet de ce petit enfant » (Lc 2.17).

Le message de Noël est si fort, l’événement de la nuit de Bethléhem si colossal et important pour le monde pécheur, que ceux qui s’y trouvent impliqués ne peuvent que se sentir poussés vers « les peuples », vers les autres, pour y faire flotter « l’étendard » de l’Evangile.

Et c’est ce qui se passe depuis 2000 ans. Notre communauté cosmopolite est un petit reflet de « l’étendard » flottant sur de nombreux « peuples ». Du Togo, du Cameroun, du Congo, du Madagascar, des Antilles, du Brésil, de Lettonie, de Russie, et de différentes provinces françaises, nous sommes réunis pour adorer l’enfant Jésus, comme les bergers et les mages l’ont fait il y a deux millénaires.

« Et toi, » Eglise de Jésus-Christ, « toi, » communauté réunie pour célébrer Noël, « on t’appellera "recherchée", "ville non abandonnée".»

« Le Fils unique du Très-Haut » est venu parmi nous, s’est incarné, est devenu un des nôtres, pour aller à notre « recherche », pour nous tirer de notre état désespéré de pécheurs condamnés et « abandonnés » de Dieu. Nous savons qu’il est allé jusqu’à se laisser « abandonner » à notre place (Mt 27.46), pour que nous formions la « ville non abandonnée » de Dieu.

Le miracle de Noël nous annonce : « On t’appellera "recherchée", "ville non abandonnée" ! »

Saisissons-nous toute l’étendue du bonheur qui est le nôtre ? Jésus est né à Bethléhem pour aller à notre « recherche » et nous intégrer dans « Sion », la « ville non abandonnée de Dieu » ?

Au fur et à mesure que nous « dressons l’étendard » de l’Evangile du Christ « vers les peuples », il y en aura toujours plus qui intégrerons le « peuple saint » des « rachetés de l’Eternel ».

« Voici ce que l’Eternel annonce aux extrémités de la terre : "Dites à la fille de Sion : ‘Ton salut arrive’. »

Comme Jésus l’a demandé à ses disciples avant de monter au ciel, nous commençons par l’annoncer devant notre porte. C’est ce que nous faisons en invitant nos proches et autres connaissances à nos cultes, études bibliques ou à nos goûters missionnaires. Cela doit être un effort constant, supporté par une prière constante.

A côté de cela nous essayons, avec les moyens qui sont les nôtres, d’aider l’Eternel à faire entendre son Evangile de Noël « jusqu’aux extrémités de la terre ». Dans notre cas, cela se limite à certains pays du monde francophone.

N’oublions pas : Si notre Seigneur ne veut pas que nous fêtions sa naissance, chacun dans son coin mais en paroisse, il ne veut pas non plus que nous fêtions sa naissance en vase clos, mais que nous irradiions notre joie de Noël par-delà des murs de notre centre paroissial.

Les prophètes l’ont prédit, les anges l’ont annoncé, les bergers l’ont répandu. Maintenant c’est à nous de continuer à chanter : « Gloire à Dieu » et « paix sur la terre » (Lc 2.14).

Alors notre fête de Noël ne sera pas qu’une fête profane, mais réellement la célébration de la « fille de Sion » !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig