mardi 12 février 2013

Sermon du dimanche 10 février 2013

Transfiguration


Ecoutez-le !

Luc 9.28-36
Environ huit jours après avoir dit ces paroles, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il monta sur la montagne pour prier. Pendant qu'il priait, l'aspect de son visage changea et son vêtement devint d'une blancheur éclatante. Et voici que deux hommes s'entretenaient avec lui : c'étaient Moïse et Elie ; apparaissant dans la gloire, ils parlaient de son prochain départ qui allait s'accomplir à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil mais, restés éveillés, ils virent la gloire de Jésus et les deux hommes qui étaient avec lui. Au moment où ces hommes se séparaient de Jésus, Pierre lui dit : « Maître, il est bon que nous soyons ici. Faisons trois abris : un pour toi, un pour Moïse et un pour Elie. » Il ne savait pas ce qu'il disait. Il parlait encore quand une nuée vint les couvrir ; les disciples furent saisis de frayeur en les voyant disparaître dans la nuée. Et de la nuée sortit une voix qui dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » Quand la voix se fit entendre, Jésus se retrouva seul. Les disciples gardèrent le silence et, à cette époque-là, ils ne racontèrent rien à personne de ce qu'ils avaient vu.

Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous ! Amen
.
Dans les pays démocratiques, nous sommes habitués à avoir des élections à intervalles réguliers. Ici par exemple, on élit le président tous les cinq ans, la moitié des sénateurs tous les trois ans, et les députés de l’Assemblée Nationale tous les cinq ans. A la suite de telles élections nous attendons certains changements, même de nouvelles lois, mais rien d’inquiétant.
Par contre, s’il y avait un référendum pour établir une nouvelle constitution et une nouvelle république, nous pourrions en être inquiets, incertains du résultat et des conséquences pour nos projets, notre travail, et notre avenir. Cela pourrait être très bon ; ce pourrait être aussi très mauvais. Mais dans tous les cas, nous devrions anticiper des difficultés de transition.
Cela paraît peut-être un peu loin du sujet de la Transfiguration. Mais peut-être que non. Car ce qui est arrivé à Pierre, Jacques et Jean ce jour-là sur la montagne est semblable. Ils ont, en effet, reçu la déclaration de Dieu que Jésus succédait formellement à Moïse et aux Prophètes. Moïse et Elie ont passé le relais à Jésus. Leurs ministères avaient mené à Jésus qui, désormais, serait le Chef du peuple de Dieu. Aussi, dans la présence de Moise et d’Elie, Dieu déclare, « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »
Je suis convaincu que cela a été l’événement le plus remarquable dans la vie de ces trois disciples jusqu’à ce jour-là. Nous devons donc comprendre un peu de sa nature profonde afin de pouvoir écouter avec compréhension cette même déclaration de Dieu : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »
Comme nous tous, les Juifs ne changeaient pas facilement leurs traditions. Les pharisiens, par exemple, qui s’opposaient à Jésus s’appelaient « disciples de Moïse ». Ils savaient que Dieu avait parlé à Moïse et que la loi de Moïse avait une autorité permanente. Cette Loi leur servait de norme et de règle de doctrine ainsi que de pratique pour toute la vie. Leur identité juive découlait de la Loi de Moïse et des écrits des Prophètes. Toute chose dans la vie devait être conforme à la Loi de Moïse et aux Prophètes : la politique et la loi civile, l’habillement, l'alimentation et la sexualité. Pour changer une partie de cela, ils exigeaient plus que la parole de Jésus.
Pierre, Jacques, Jean et les autres disciples avaient déjà passé par de surprenantes expériences avec Jésus. Jésus avait accompli toutes sortes de miracles, avait pardonné les péchés, et avait parlé d’une autorité que personne avant lui n’avait jamais osé faire. Et maintenant va-t-il remplacer Moïse ? Il y a eu plusieurs grands prophètes depuis Moïse, mais aucun ne l’a jamais surpassé ni l’a supplanté ! Du coup, Dieu programme une rencontre unique pour parler de son Fils.
Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il monta sur la montagne pour prier. La situation de la montagne est importante ; elle signifie un lieu de révélation divine. Moïse avait mené les Israélites au mont Sinaï pour recevoir l’alliance et le plan du tabernacle. David a fondé sa cité de Jérusalem sur une montagne et son fils Salomon y a construit le temple. Les prophètes l’appelaient Sion, la sainte montagne de Dieu, l’habitation de Dieu et le lieu d’où il se révélait. Jésus a passé une nuit en prière sur une montagne avant de choisir les douze disciples et il a prié sur le mont des Oliviers avant sa passion. Bien sûr, Dieu a choisi une montagne pour faire sa déclaration.
Pendant qu'il priait, l'aspect de son visage changea et son vêtement devint d'une blancheur éclatante. Et voici que deux hommes s'entretenaient avec lui : c'étaient Moïse et Elie ; apparaissant dans la gloire, ils parlaient de son prochain départ qui allait s'accomplir à Jérusalem.
La Loi de Moïse exigeait deux témoins pour valider une déclaration légale. Alors, Dieu fait venir Moïse et Elie. Et quels témoins ! Moïse a été le médiateur de la Loi de Dieu. Et Elie a peut-être été le prophète le plus respecté après Moïse, car il n’était pas mort et devait revenir avant l’arrivée du Messie.
Il [Pierre] parlait encore quand une nuée vint les couvrir ; les disciples furent saisis de frayeur en les voyant disparaître dans la nuée. Et de la nuée sortit une voix qui dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »
Dans l’Ancien Testament, une nuée marquait souvent la présence de Dieu. Il y avait une épaisse nuée sur le mont Sinaï ; il y avait une colonne de nuée et de feu qui accompagnait les Israélites dans le désert. A la dédicace du tabernacle et plus tard à celle du temple de Salomon, une nuée et la gloire de l’Eternel a couvert l’édifice. La nuée donc, a été un signe certain à Pierre, Jacques et Jean, que la voix qu’ils ont entendue était bien celle de Dieu.
La révélation que Dieu fait sur cette montagne est simple : il y a un changement de chef et de programme. Jusqu’à ce point dans l’histoire du peuple de Dieu, tout le monde avait vécu sous l’ombre de Moïse. Nous venons de lire : « Il n'a plus surgi en Israël de prophète semblable à Moïse, que l'Eternel connaissait face à face. Personne ne peut lui être comparé pour tous les signes et les miracles que Dieu l'a envoyé faire en Egypte contre le pharaon, contre ses serviteurs et contre tout son pays, et pour tous les actes terrifiants que Moïse a accomplis avec puissance sous les yeux de tout Israël. » Dt 34.10-12.
Imaginez donc la signification lorsque Dieu dit en présence de Moïse de d’Elie, « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » Evidemment, Moïse et Elie ne sont pas venus pour donner des instructions à Jésus, mais pour l’honorer et pour indiquer aux disciples qu’ils devaient l’écouter et le suivre de bon cœur. Car ce Jésus est celui dont Moïse parlait dans la Loi. Notre lecture de l’Epître reprend aussi ce thème : En effet, il a été jugé digne d'une gloire supérieure à celle de Moïse, dans la mesure où celui qui a construit une maison reçoit plus d'honneur que la maison elle-même…Moïse a été fidèle dans toute la maison de Dieu comme serviteur, pour témoigner de ce qui allait être dit, mais Christ l'est comme Fils à la tête de sa maison. Or sa maison, c'est nous, pourvu que nous retenions [fermement jusqu'à la fin] la confiance et l'espérance dont nous tirons notre fierté. Hé 3.3, 5-6.
Qu’est-ce qui implique ce changement de chef ? Il va falloir encore du temps pour que les disciples le comprennent. Ce jour-là, Pierre lui dit : « Maître, il est bon que nous soyons ici. Faisons trois abris : un pour toi, un pour Moïse et un pour Elie. » Il ne savait pas ce qu'il disait. En fait, les disciples verront beaucoup de changements. Il leur faudra accueillir les non-Juifs dans l’Eglise ; il leur faudra abandonner la circoncision comme signe de l’Alliance, les distinctions entre les aliments purs et impurs, et toutes les autres règles semblables de la Loi de Moïse. Il leur faudra aussi abandonner l’espoir de rétablir le royaume d’Israël dans ce monde. Je doute que nous puissions vraiment apprécier tout cela.
Mais il y a un sujet que Moïse et Elie ont traité avec Jésus : ils parlaient de son prochain départ qui allait s'accomplir à Jérusalem. Son départ est littéralement son « exode ». Le repère de référence pour la plupart de l’AT est l’Exode d’Egypte sous Moïse. L’Exode était l’acte de salut et l’évènement constitutif et décisif dans l’histoire d’Israël. Il avait établi la puissance de Dieu et son droit de donner sa Loi. Les 10 Commandements sont donnés en ces termes : « Je suis l'Eternel, ton Dieu, qui t'ai fait sortir d'Egypte, de la maison d'esclavage. Tu n'auras pas d'autres dieux devant moi… » Ex 20.2-3.
Mais maintenant, ce n’est plus l’exode d’Egypte qui sert de repère pour le peuple de Dieu. Désormais l’événement décisif est l’exode de Jésus, c’est-à-dire, sa passion, sa mort, sa résurrection et son ascension. C’est pourquoi, quand Jésus à mangé la Pâque avec ses disciples pour la dernière foi — ce qui était la Fête de l’Exode d’Egypte — il l’a transformée pour toujours en le Repas du Seigneur, en son corps et son sang donné et répandu pour la rémission des péchés.
La promulgation de Loi de Moïse au Sinaï faisait partie de l’Exode d’Egypte. Et jusqu’à la mort de Jésus cette Loi était la Parole décisive de Dieu. Il fallait juger toute chose à la lumière de la Loi. Mais, maintenant, comme Moïse cède la place à Jésus, son instruction aussi cède la priorité à l'Evangile de Jésus-Christ. Car l’Evangile est l’accomplissement de la Loi.
Jésus parlait toujours avec une autorité supérieure à celle de Moïse, chose qui interpellait les gens. Les foules remarquaient souvent, « Quel est ce nouvel enseignement ? » (Mc 1.27), tandis que les Pharisiens criaient, « Blasphème ! » Néanmoins, sur la montagne, Dieu oriente Pierre, Jacques et Jean vers Jésus et vers son Evangile. « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »
Il nous est très difficile d’apprécier comment cela a dû frapper les disciples. L’exemple d’un changement de constitution et de république nous en donne peut-être une idée. En tout cas, nous avons besoin d’entendre cette déclaration de Dieu avec le même émerveillement que Pierre, Jacques et Jean : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » Jésus, son « Exode » et sa Parole sont le point de départ et le repère pour ta vie. Si je peux le dire ainsi, Jésus est maintenant les lunettes par lesquelles tu regardes le monde. Puisqu’il t’a racheté par son départ qu’il a accompli à Jérusalem, Jésus revendique son droit à diriger ta vie par sa Parole.
Jésus t’a racheté par son exode. C’est le point le plus important de toute la doctrine chrétienne ! Le cœur de l’Evangile, c’est que Jésus est mort à ta place pour te sauver du jugement de Dieu. Ce n’est pas difficile à comprendre. Toi et moi, nous avons sciemment désobéi à notre Créateur et méritons justement la peine de mort éternelle. Mais Jésus nous a rachetés de cette mort comme Moïse avait sauvé les Israélites d’Egypte. Joints au Christ, son exode de la tombe sera aussi la nôtre.
Qui plus est, comme Moïse a mené le peuple au mont Sinaï pour recevoir la Parole de Dieu, de même Jésus nous a donné sa parole. Et cette parole est la parole de vie, la vérité par laquelle nous résistons à l’esprit trompeur du monde qui ne connaît pas Dieu. En conséquence nous sommes entrés dans la lutte entre la chair et l’Esprit, entre la lumière et l’obscurité, entre la vérité et la déception.
Par exemple, nous ne pouvons pas rester accrochés à la Loi de Moïse. Elle n’a pas été abandonnée ; elle a été accomplie, ou plutôt, elle a réalisé sa raison d’être en nous menant au Christ comme Paul l’enseigne. Ainsi la loi a été le guide chargé de nous conduire à Christ afin que nous soyons déclarés justes sur la base de la foi. Depuis que la foi est venue, nous ne sommes plus soumis à ce guide. Ga 3.24-25.
C’est pourquoi c’est une folie pour les Chrétiens de vouloir vivre comme les Juifs de l’Ancienne Alliance. Nous ne le faisons pas souvent, mais de temps en temps cette attitude se fait voir. Par exemple, quand nous, les gens de la Nouvelle Alliance, voulons observer le Sabbat ou la Pâque. Ces observances appartenaient à la loi qui nous a menés au Christ. Elles ont pris fin à la résurrection de Jésus. Les observer maintenant, c’est payer une facture qui est déjà réglée.
Nous ne devons non plus comparer des autres soi-disant prophètes à Jésus. « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » Dieu ne nous a pas recommandé d’écouter Mohamed le prophète d’Islam, ni le Dalaï-Lama un prophète du bouddhisme, ni aucun autre prophète à la mode aujourd’hui qui séduit le monde incrédule. Aucun d’eux n’a à voir avec Jésus.
Mais la tâche la plus difficile n’est pas ce qu’il nous faut éviter. C’est plutôt ce que nous devons faire : aimer l’Eternel ton Dieu par dessus toute chose et aimer ton prochain comme toi-même. Pour ce faire, nous devons laisser le Saint-Esprit nous imprégner de la pensée de Christ. Je me demande alors, « Comment et où, Jésus, me mène-t-il ? » Je commence par Jésus et ensuite je décide de ce que je vais étudier à l’école et de ce que sera mon métier dans la vie ; ce que je mange et bois, mes loisirs, comment je vote dans les élections, comment je me sers de mon argent, comment je me comporte en famille, et ce que je fais dans l’Eglise. Je me laisse diriger par Jésus dans tout aspect de ma vie, et non pas seulement quand cela me semble convenable. « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » Soit je l’écoute ; soit je ne l’écoute pas.
Mes très chers amis, le sens de la Transfiguration, c’est que Jésus est le Chef du peuple de Dieu. Son exode nous a procuré le salut. Et Moïse et les prophètes nous le confirment. « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »
Que la paix de Dieu qui dépasse tout ce que l’on peut comprendre, garde votre cœur et vos pensées en Jésus-Christ, pour la vie éternelle ! Amen.
Pasteur David Maffett