lundi 28 mars 2011

Sermon du dimanche 27 mars 2011

Dimanche Oculi

Texte : Mc 12.41-44

Chants proposés :

Bénis l’Eternel, ô mon âme, LlS 20 : 1-4

Je t’aime, je t’adore, en toi j’ai confiance LlS 262 : 1-5

Je suivrai Jésus-Christ LlS 277 : 1-5

Rendons, du fond de notre cœur, LlS 169 : 1-3

41 « Jésus était assis vis-à-vis du tronc et regardait comment la foule y mettait de l’argent. De nombreux riches mettaient beaucoup.

42 Une pauvre veuve vint aussi ; elle y mit deux petites pièces, une toute petite somme.

43 Alors Jésus appela ses disciples et leur dit : "Je vous le dis en vérité, cette pauvre veuve a donné plus que tous ceux qui ont mis dans le tronc,

44 car tous ont pris de leur superflu pour mettre dans le tronc, tandis qu’elle, elle a mis de son nécessaire, tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre." »

Chers frères et sœurs qui participez à

l’édification du Royaume de Dieu sur terre !

De quoi Jésus ne se préoccupe-t-il pas ici ! N’avait-il rien de plus important à faire ? N’était-il pas venu sur terre, vivre parmi nous, dans les mêmes conditions que nous, pour des motifs infiniment plus importants ? Et le voilà assis en face d’un tronc en train de compter les sous, et même les moindres petits sous : même « deux petites pièces, une toute petite somme, » n’échappent pas à son attention ! (v. 42)

N’était-il pas venu se charger de nos péchés, endosser notre culpabilité et payer pour nous, pour le monde entier, devant la Cour des Comptes divine ? Et le voilà en train de se préoccuper de comptes de paroisse !

Il a vraiment le chic de nous prendre au dépourvu. S’il peut nous surprendre par des miracles époustouflants, il peut aussi nous étonner en se montrant préoccupé d’aspects de la vie qui paraissent, du moins au premier abord, bien banals.

Ou bien sa mission principale, ultra importante de responsabilité et de conséquences, lui pesait au point qu’il devait, parfois s’en extraire et reprendre le souffle en s’adonnant à des banalités, ou bien ce qui nous paraît banal a plus d’importance que nous le pensons parfois.

Connaissant notre Seigneur et Maître, vous n’hésiterez certainement pas à opter pour cette deuxième solution : l’engagement participatif dans le travail de l’Eglise a une grande importance dans le projet de Dieu pour sauver l’humanité.

Avec notre histoire, cette brève histoire – 4 petits versets ! – une histoire tellement facile à retenir, même par les enfants, Jésus nous délivre un cours magistral que nous pourrions intituler :

NOS OFFRANDES :

un acte de foi, pas un acte de loi.

X X X 1 X X X

NOS OFFRANDES : PAS UN ACTE DE LOI.

Samedi il y a huit, lors de l’échange qui a suivi les exposés de la journée missionnaire, la question a été posée par quelqu’un – qui saura se reconnaître ! – : « Faut-il donner la dîme ? Que faut-il penser de la dîme ? » Autrement dit, faut-il – comme c’était le cas dans l’Ancien Testament et comme le maintiennent certaines dénominations aujourd’hui encore – faut-il donner un dixième de ses revenus à l’Eglise ?

Remarquons déjà que ce qu’on appelle généralement la dîme dans l’Ancien Testament, la dîme première, ne concernait que les produits du sol. Si les pharisiens donnaient « la dîme de tous leurs revenus » (Lc 18.12), ce n’est pas qu’ils y étaient obligés, mais parce que leur orgueil les poussait à vouloir être reconnus comme étant meilleurs que les autres.

Si notre paroisse de la banlieue parisienne devait vivre du dixième du produit de vos récoltes, du dixième de vos patates, radis et autres salades, nous pourrions baisser le rideau, car de champs et de jardins potagers nous n’en avons guère. Déjà, de ce point de vue, l’histoire de la dîme ne nous concerne guère.

Posons-nous ensuite la question : « De quelle dîme parlons-nous ? » Car les Juifs payaient trois dîmes différentes : la première concernait un dixième des produits de la terre ; la seconde consistait, en plus, à dépenser un autre dixième des récoltes lors du pèlerinage annuel à Jérusalem. A cela s’ajoutait une troisième dîme tous les trois ans.

Si nous voulons appliquer les lois du monde agraire de l’Ancien Testament, nous n’avons pas fini de nous arracher les cheveux en banlieue parisienne.

Mais les lois du culte de l’Ancien Testament étaient « des ombres des choses à venir », elles préparaient et annonçaient la venue du Messie ; sa venue y mettait un terme. C’est ce que dit aussi bien l’apôtre Paul (Col 2.17) que l’auteur de l’Epître aux Hébreux (Hé 10.1). Maintenant que notre glorieux Sauveur est venu, nous n’avons plus besoin de régulations minutieuses pour préparer son accueil.

Mais revenons à la question posée lors du goûter missionnaire : « Faut-il donner la dîme ? Que faut-il penser de la dîme ? » – Si on parle de taux ou de pourcentage : Pourquoi que la dîme ? Pourquoi pas plus que la dîme ? En fait, là nous sommes en train de nous perdre dans des comptes d’apothicaire.

Le taux est quelque chose de très flou, et, appliqué de façon mathématique, de très injuste et de dénué d’âme et de spiritualité. Quelqu’un qui gagne 10 000 Euros par mois et qui en donne 1 000, en aura toujours 9 000 à sa disposition, du moins avant impôts. Celui qui n’a que 1 000 Euros par mois, s’il en donne 100, n’en aura plus que 900. Même s’il n’a pas d’impôt sur le revenu à payer, il sera quand même infiniment plus mal loti que celui qui a la chance de pouvoir payer des impôts.

D’ailleurs, Jésus ne s’y trompe pas. Notre récit reconnaît aux « riches » qu’ils « donnaient beaucoup », infiniment plus que « la pauvre veuve ». C’est normal. Le contraire serait scandaleux.

Du point de vue quantitatif, du point de vue de la comptabilité de notre trésorerie paroissiale, bien entendu que, mathématiquement parlant, elle compte plus sur ce que peuvent donner les hauts revenus que sur ce que peuvent donner les bas revenus. Et Jésus trouve cela normal.

Mais notre histoire ne parle pas des besoins de la trésorerie du Temple – qui étaient énormes à cause des innombrables mendiants qui comptaient sur sa caisse des pauvres – non, elle traite de l’état du cœur de celui qui donne, abstraction faite du montant brut. Notre histoire ne traite pas de comptabilité paroissiale, elle parle de la foi de chacun de nous.

Remarquez aussi que Jésus ne dit pas ce qu’il faut faire. Il constate. Il reconnaît que « de nombreux riches mettaient beaucoup » dans le tronc (v.41). Il ne dit pas que ce que « les riches » donnent est mauvais et que tout le monde doit faire comme « la pauvre veuve ». Il constate une différence d’attitude, une différence de relation avec Dieu et son Eglise, une différence de niveau d’engagement.

Et au niveau de l’engagement, le « beaucoup » des uns peut se révéler être infiniment moins que le « peu » des autres, et « la toute petite somme » (v. 42) des moins aisés être davantage saluée par Jésus que certaines offrandes élevées. Tout est une question de rapport. Paul dira : de « moyens » (1 Co 16.2).

Ce que Jésus dit de « la pauvre veuve » a le même sens que ce qu’il a dit à la femme syro-phénicienne : « Femme, ta foi est grande ! » (Mt 15.28)

En effet, et ce sera là le second point,

X X X 2 X X X

NOS OFFRANDES sont UN ACTE DE FOI !

Fallait-il que « la pauvre veuve » ait confiance en Dieu pour faire ce qu’elle a fait ! Fallait-il qu’elle soit illuminée par la reconnaissance et l’amour pour les bienfaits inestimables de Dieu pour qu’elle se sente poussée à s’engager ainsi dans le soutien à l’Eglise !

J’allais dire : Quand on croit on ne calcule pas. Je ne vais pas le dire, car ce n’est pas vrai : nous avons encore d’autres responsabilités dans la vie, et Dieu veut que nous ne les désertions pas non plus.

D’ailleurs, Jésus ne décrit pas la situation familiale de cette veuve : Avait-elle des enfants ou non ? Des petits enfants dont elle avait encore la charge, ou des grands enfants qui prenaient soin d’elle ? Venait-elle de la campagne (avec champs et jardins) ou habitait-elle en ville ?

Selon le cas, sa situation est plus ou moins supportable, plus ou moins dramatique.

Il ne s’agit donc pas de dire – et Jésus ne le dit d’ailleurs pas – qu’il faut faire comme elle. Il constate que c’est une femme de grande foi et d’un amour infini pour Dieu. Car une chose est claire : il est dit qu’elle est « pauvre ». D’ailleurs, toute sa fortune se réduit à « deux petites pièces, une toute petite somme », littéralement : « deux leptes, valant un quadrant » (v. 42).

« Les leptes » étaient les plus petites pièces, en bronze, alors en circulation. Tout l’argent qu’elle possédait ne suffisait même pas à sa subsistance d’un jour. Et pourtant, dans sa grande foi en Dieu, elle le lui donne ! Elle est la digne descendante de son ancêtre Abraham, « le père des croyants » (Rm 4). Celui-ci n’a pas seulement dit : « Dieu pourvoira » (Gn 22.8), alors qu’il ne voyait pas comment, il a aussi agi en faisant aveuglément confiance à Dieu.

« La pauvre veuve » fait de même : elle s’engage dans le travail de la vigne du Seigneur dans la certitude que Dieu veillera sur elle.

Le commentaire de Jésus revient à dire de « la pauvre veuve » : « Femme, ta foi est grande ! » (Mt 15.28)

Face à cette « pauvre veuve », face à ce monument de la foi en Dieu, nous nous sentons sans doute tous bien petits.

Quand Jésus nous voit verser notre offrande, ne l’entendons-nous pas plutôt nous dire : « Gens de peu de foi … » (Mt 6.30) ? Gens de peu de confiance en ma fidélité et en ma sollicitude ? Gens qui pensez que vous devez arranger votre vie matérielle sans pouvoir compter sur mon apport dans vos vies ?

De plus, de savoir que ce « Jésus » qui « regardait comment la foule y mettait de l’argent » voit aussi ce que chacun de nous donne, cela ne devrait-il pas nous mettre mal à l’aise ? … – Eh bien non ! – … Cela vous étonne ? Réfléchissez :

J’ai déjà dit que, dans notre histoire, il ne dit pas ce qui est bien ou mal, il constate une différence de niveau d’engagement.

« La pauvre veuve a donné tout ce qu’elle avait pour vivre » ? (v. 44) – Jésus ne nous révèle pas cela pour que tout le monde fasse pareil. Lui et les douze n’ont pas non plus tout donné. Ils avaient une caisse commune que Judas gérait. Et il y avait assez d’argent dans cette caisse pour que Judas puisse en détourner un partie sans que les autres disciples ne s’en aperçoivent. (Jn 12.6) Jamais Jésus n’a exigé qu’on donne tout à son Eglise, comme « la pauvre veuve » l’a fait. Il ne nous a pas davantage imposé un taux quelconque de nos revenus.

Il veut simplement nous sensibiliser à ce qu’est notre engagement pour la cause de l’Evangile. Il veut nous amener à réfléchir : Notre engagement financier dans l’Eglise reflète-t-il notre foi, notre confiance en lui … ou non ?

Et puis aussi : Notre engagement financier pour la cause de l’Evangile, reflète-t-il notre gratitude et notre amour pour lui, car

X X X 3 X X X

NOS OFFRANDES sont aussi

UN ACTE D’AMOUR !

Comme déjà dit : Jésus ne nous impose rien ; il veut nous faire réfléchir.

Il y a, en théorie, deux extrêmes entre lesquels nous nous plaçons : à un bout cette « pauvre veuve » qui, dans un acte de foi héroïque, « a donné tout ce qu’elle avait pour vivre » ; à l’autre bout, ceux qui ne peuvent rien donner.

Nous ne sommes pas à un bout, avec ceux qui donnent tout ; nous ne sommes pas non plus à l’autre bout, avec ceux qui ne donnent rien. Mais nous tous, comme la veuve, avons été richement comblés par Jésus-Christ, mis en sécurité dans son Royaume où nous pouvons compter sur son pardon, son amour, sa fidélité et sa bénédiction. A chacun de voir comment il veut lui témoigner sa gratitude et son amour.

« Offre en sacrifice à Dieu ta reconnaissance, » te dit Asaph, le psalmiste. « Celui qui offre en sacrifice sa reconnaissance, m’honore », dit Dieu (Ps 50.14+23). Ton engagement financier dans l’Eglise, est-ce un « sacrifice » avec lequel tu veux « honorer » ton Dieu Sauveur, un « sacrifice », donc quelque chose que tu lui sacrifies de ton bien, ou simplement une aumône, parce que tu peux difficilement ne rien donner du tout ?

A chacun de voir si ce qui tient à cœur au Chef de l’Eglise, Jésus-Christ – les activités et l’expansion de son Eglise – lui tient aussi à cœur, et comment il va le montrer au Seigneur !

A chacun de voir si, pour lui, Jésus-Christ et son projet pour l’Eglise font partie du « nécessaire » ou du « superflu » !

L’Eglise de Jésus-Christ fait-elle partie de ton « superflu » ou de ton « nécessaire » ?

Trouvons-nous l’administration des sacrements dans notre paroisse « nécessaire » ou « superflue » ?

Trouvons-nous « nécessaire » ou « superflu » l’effort missionnaire pour annoncer leur Sauveur à ceux qui sont encore perdus autour de nous ?

Le soutien à l’œuvre du Saint-Esprit à travers l’Evangile, cela fait-il partie de tes priorités ou est-ce quelque chose de très marginal dans ton existence ?

A chacun de voir s’il est engagé dans le soutien de l’Eglise en prenant au sérieux la confession : « Je crois que Jésus-Christ est mon Seigneur », … ou s’il arrange financièrement son existence en étant son propre seigneur ?

Les questions que Jésus pose à chacun de nous avec cette histoire pourraient être résumées ainsi :

Que révèle ton offrande à propos de ta relation à Christ ?

L’apôtre Paul écrit aux Corinthiens : « Celui qui sème peu moissonnera peu et celui qui sème abondamment moissonnera abondamment. » Comme ici c’est la foi qui sème, la foi s’en trouvera bénie d’autant.

Et Paul de continuer : « Que chacun donne comme il l’a décidé dans son cœur, sans regret ni contrainte, car Dieu aime celui qui donne avec joie. » (2 Co 9.6-7) Un cadeau, on ne le donne pas en faisant grise mine. Dieu ne veut pas d’offrandes faites par contrainte et à contrecœur ; il veut que tout se fasse dans la joie de la foi et du salut.

Certes, il y a une part en nous – le vieil homme, nos tendances innées hostiles à Dieu – qui regrette chaque centime donné à Dieu. Tout le monde sent ce vieil homme en lui. Judas Iscariot s’est laissé entraîner par lui et regrettait chaque piécette qui ne grossissait pas sa bourse (Jn 12.1-6) ; « la pauvre veuve », elle, a fait taire le vieil homme avec son avarice.

Donnons donc avec foi et joie ; ainsi nous remporterons chaque fois une réjouissante victoire sur notre vieil homme.

Un autre conseil de l’apôtre Paul : La part destinée au travail de l’Eglise, il est bon de la mettre de côté dès le début du mois – Paul, dans un monde où la mensualisation n’existait pas, dit : « le premier jour de la semaine » (1 Co 16.2). Il ne faudrait pas que notre offrande fasse comprendre à Dieu qu’il peut être content s’il reste encore un petit quelque chose pour lui en fin de mois …

Que le Saint-Esprit nous remplisse de foi, de gratitude, d’amour et de joie pour ce que le Seigneur a fait de nous et pour nous. Ainsi nous placerons notre vie à sa suite, derrière lui, dans un engagement épanouissant et exaltant dans son Royaume !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

Prières d’offrandes :

Loué sois-tu, Seigneur notre Dieu, Auteur de toutes choses ! Dans ta bonté tu nous as richement bénis. Reçois mes offrandes comme un don de moi-même à ton service. Avec eux je me consacre au soin et au rachat de tous ceux que tu as créés, au nom de Celui qui s’est donné lui-même pour nous, Jésus-Christ, notre Seigneur. Amen.

Sermon du dimanche 20 mars 2011

Dimanche Reminiscere

Texte : Mt 12.38-42

Chants proposés :

Nous te célébrons, Dieu de vérité, AeC 252 : 1-3

Tu es là au cœur de nos vies AeC614 : 1-3

Mon Rédempteur est vivant AeC 475 : 1-3

38 « Alors quelques-uns des spécialistes de la loi et des pharisiens prirent la parole et dirent : "Maître, nous voudrions voir un signe miraculeux de ta part !"

39 Il leur répondit : "Une génération mauvaise et adultère réclame un signe miraculeux. Il ne lui sera pas donné d’autre signe que celui du prophète Jonas.

40 En effet, de même que „Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d’un grand poisson“ [Jon 2.1], de même le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans la terre.

41 Lors du jugement, les habitants de Ninive se lèveront avec cette génération et la condamneront, parce qu’ils ont changé d’attitude [« parce qu’ils se sont repentis »] à la prédication de Jonas. Or, il y a ici plus que Jonas.

42 Lors du jugement, la reine du Midi se lèvera avec cette génération et la condamnera, parce qu’elle est venue des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon. Or, il y a ici plus que Salomon." »

Chers frères et sœurs environnés par les « signes » donnés par notre Seigneur !

Incroyables, ces « spécialistes de la loi et ces pharisiens » ! Ils ont le nez sur des « signes », … et en demandent. Il y a vraiment des gens qui regardent sans voir et qui entendent sans enregistrer !

Notre texte commence par « alors » : « Alors quelques-uns des spécialistes de la loi et des pharisiens prirent la parole et dirent : "Maître, nous voudrions voir un signe miraculeux de ta part !" » (v. 38)

« Alors » : cela signifie que cela fait suite à un événement qui vient d’avoir lieu. Il s’agit même de deux événements. Et quels événements ! Jésus vient de guérir « un homme qui avait la main paralysée » (Mt 12.9-13) et « un démoniaque aveugle et muet » (Mt 12.22). Et les pharisiens demandent un signe ! C’est à n’y rien comprendre.

Quand quelqu’un se bute au point de refuser de voir ce qu’il voit, il n’y a pas grand-chose à faire. « Toute la foule, étonnée, » avait reconnu en Jésus « le Fils de David », le Messie annoncé par les prophètes (Mt 12.23). Et ceux qui connaissaient le mieux ces prophéties, « les spécialistes de la loi », « les spécialistes » de l’Ancien Testament, eux, se sont bouché les yeux et les oreilles, ont nié l’évidence !

Et nous, savons-nous reconnaître les « signes » que Jésus nous donne ? Savons-nous être ouverts pour les admirer en adoration ? Savons-nous nous en contenter ? Savons-nous en profiter et en tirer les leçons ? Ou en demandons-nous aussi toujours d’autres ?

C’EST QUE JESUS NOUS DONNE DES SIGNES !

1 Certains ne sont pas toujours évidents à reconnaître.

2 D’autres sont flagrants :

a. sa « prédication »,

b. sa « sagesse »,

c. sa résurrection.

3 N’attendons pas « le Jugement » dernier pour nous convaincre, car alors ce sera trop tard.

X X X 1 X X X

Certains des « signes »

que Jésus nous donne

ne sont pas toujours évidents à reconnaître

Vous savez, il y a signes et signes. Et tous ne sont pas des délivrances comme les guérisons opérées par Jésus. Certains signes sont tout le contraire : traumatisants.

Nous préférons tous, bien entendu, assister à d’heureux dénouements, à une guérison, à une embauche, à une augmentation de salaire, à une réussite aux examens, au « oui » de l’âme sœur, à l’acceptation de l’appel par un nouveau pasteur.

Y voyons-nous alors des signes, des interventions de la bonne et miséricordieuse volonté de Dieu ? Ou, comme « quelques-uns des spécialistes de la loi et des pharisiens » de notre texte, refusons-nous d’y voir l’intervention et la bénédiction de Dieu ?

Parfois les signes sont difficiles à interpréter. On a du mal à discerner la bonté prévenante de Dieu quand nous tombons malades, perdons un emploi, quand nous sommes vraiment à l’étroit financièrement, quand la vie ne prend pas la tournure que nous avions espérée, voire programmée, quand de gros problèmes relationnels avec quelqu’un nous pourrissent la vie, quand des guerres ethniques ou civiles déciment un peuple (comme en ce moment en Côte d’Ivoire ou en Libye), ou quand une catastrophe naturelle s’abat sur un pays comme à Haïti l’an passé ou au Japon en ce moment.

Comment interpréter ces signes ? L’incroyant ne voit, ici, que les fruits du hasard dans la nature, là, que les conséquences de la bêtise, de l’égoïsme matérialiste ou de la méchanceté humaine.

Pour sûr, la nature, marquée du caractère éphémère et chaotique du péché, connaît des soubresauts dangereux, et l’homme est responsable et coupable dans les dysfonctionnements et les crimes qui sévissent sur terre. Mais tout cela fait aussi partie de ce que Jésus appelle « les signes des temps » qu’il s’agit de bien « discerner » (Mt 16.3).

Que faisons-nous face à ces signes, les réjouissants comme les attristants ? Ne nous engageons-nous que dans des discussions portant sur la nature, l’écologie, la psychologie, l’économie et la politique, ou nous plaçons-nous devant la face de Dieu, ici pour lui rendre grâces pour un « signe » exaltant, là pour nous humilier devant sa face quand il parle à notre conscience par un événement angoissant ?

Dans les deux cas il recherche notre bonheur. Les deux sortes de « signes », il les utilise « pour notre bien » (Rm 8.28), pour nous faire progresser dans une vie de repentance et de foi de tous les jours.

X X X 2/a X X X

D’autres « signes » que Jésus nous donne

sont flagrants,

par exemple, sa « prédication ».

La Parole de Dieu est prêchée dans le monde, mais superbement ignorée par beaucoup. Comme du temps de Jésus.

Jésus dit à ses opposants : « Lors du jugement, les habitants de Ninive se lèveront avec cette génération et la condamneront, parce qu’ils ont changé d’attitude [« parce qu’ils se sont repentis »] à la prédication de Jonas. Or, il y a ici plus que Jonas. » (v. 41)

« La méchanceté » des « habitants de Ninive » était criante (Jon 1.1). Dans sa grande bonté, Dieu leur a cependant donné un « signe » pour qu’ils se repentent, « reviennent de leur mauvaise conduite » et échappent à sa colère (Jon 3.8-9).

Quel « signe » ? Des phénomènes impressionnants dans le ciel ? Non, sa « prédication » par ce petit bonhomme de Jonas. « Pour un "signe", c’en était un ! » diront certains. Eh oui ! c’était un « signe » puissant, le seul qui pouvait les émouvoir et les pousser à la repentance : c’était « la prédication » de « la Parole vivante et permanente de Dieu » (1 P 1.23), « la prédication » de « l’Evangile, puissance de salut pour quiconque croit » (Rm 1.16).

Une « puissance » qu’on peut, cependant écarter d’un revers de la main, si l’on veut. C’est ce que beaucoup de contemporains de Jésus ont fait. Pourtant, « il y avait plus que Jonas » face à eux : celui qui leur parlait était le Sauveur de l’humanité en personne !

Et c’est, pour leur grand malheur, ce que beaucoup de nos contemporains font toujours. Pourtant, là aussi, aujourd’hui, depuis la venue du Christ, « il y a plus que Jonas », il y a le Nouveau Testament en plus de l’Ancien.

Ce « signe » du miraculeux accomplissement des prophéties messianiques, ce « signe » éclatant de l’amour de Dieu qui nous éclaire depuis la croix de Golgotha et du tombeau vide de Pâques, ce « signe » de la prédication de Jésus-Christ, voilà ce que Jésus nous a donné pour notre bonheur et notre épanouissement.

Cela devient d’autant plus flagrant quand nous nous penchons sur « la sagesse » que notre Seigneur déploie dans cette « prédication » car

X X X 2/b X X X

Parmi les « signes » flagrants

que Jésus nous donne

il y a ensuite sa « sagesse ».

Jésus continue : « Lors du jugement, la reine du Midi se lèvera avec cette génération et la condamnera, parce qu’elle est venue des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon. Or, il y a ici plus que Salomon. » (v. 42)

« La sagesse de Salomon » est devenue proverbiale. Elle l’était déjà de son vivant, et cela était même connu au niveau international. Au point que la reine de Saba est venue chercher conseil auprès de lui.

Le roi Salomon déploie sa sagesse entre autre dans le livre des Proverbes. Et là, au chapitre 8, il met en scène la Sagesse personnifiée, le Fils de Dieu, un peu comme il apparaît au début de l’Evangile de Jean.

C’est la foi dans le Dieu sauveur, dans le Messie promis, qui a donné son rayonnement à « la sagesse de Salomon ». C’est de la source de sa foi qu’elle coulait et parvenait à impressionner.

« Or il y a ici plus que Salomon », dit Jésus à ses interlocuteurs. Oui, ils ont le Fils de Dieu en personne devant eux, et lui, comme l’écrit Paul, il est « la sagesse de Dieu » elle-même ! (1 Co 1.24)

C’est là un « signe » fort. Il vous est sans doute déjà arrivé, à vous aussi, de devoir affermir quelqu’un dans la foi, quelqu’un qui n’était plus si sûr dans sa foi.

Ne vous perdez pas alors dans des démonstrations compliquées. Rendez attentif à « la sagesse de Dieu ». Montrez qu’elle n’existe nulle part ailleurs. Toutes les religions inventées par la réflexion des hommes sont des religions où l’individu doit se hisser vers Dieu par des œuvres méritoires ou des actes pour expier ses fautes. Ce sont des religions de la Loi.

A personne l’idée n’est venue que Dieu pourrait s’abaisser et se mettre à notre niveau pour nous élever vers lui « par pure grâce » (Ep 2.7-8). Cette idée est étrangère à l’homme. Ce n’est « pas une sagesse de ce temps », de ce monde. Cela n’est jamais « monté au cœur de l’homme ». Il a fallu que « Dieu le révèle par son Esprit » (1 Co 2.8-10).

La particularité de cette « sagesse mystérieuse et cachée » (1 Co 2.7) révélée par Dieu dans l’Evangile de Jésus-Christ, voilà un « signe » puissant qui devrait amener les gens à réfléchir à la singularité de la foi chrétienne, à son origine divine.

Mais

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Le « signe » par excellence

que Jésus nous donne

c’est finalement sa résurrection.

A ceux qui lui demandaient « un signe miraculeux », Jésus répondit : « Une génération mauvaise et adultère réclame un signe miraculeux. Il ne lui sera pas donné d’autre signe que celui du prophète Jonas.

En effet, de même que „Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d’un grand poisson“ [Jon 2.1], de même le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans la terre. » (v. 39-40)

L’histoire de Jésus ne se termine pas dans sa tombe. Vous pouvez aller sur la tombe qui renferme les restes de Mahomet ou de Bouddha ou d’innombrables autres fondateurs de religion, mais la tombe de Jésus est vide. La mort n’a su le retenir.

Depuis 2000 ans, des théories ont été avancées pour réfuter la résurrection de Jésus.

La théorie de l’erreur quant à la tombe. – On oublie que Jésus a été enterré dans un jardin privé. Les femmes, puis les disciples, n’ont pas pu se tromper de tombe. Les autorités juives et Joseph d’Arimathée, propriétaire de la tombe, étaient bien placés pour le savoir. Les rumeurs de la résurrection de Jésus auraient été immédiatement éteintes si les femmes s’étaient trompées de tombe.

La théorie du déplacement du corps dans une autre tombe. – Si quelqu’un l’avait fait, il ne se serait pas privé de le dire par après pour réfuter les rumeurs de résurrection. Il aurait été grassement payé par les autorités juives.

La théorie de l’hallucination. – Cela ne tient pas, car, pendant 40 jours, Jésus est apparu à des personnes différentes à différents endroits, parfois pour des rencontres prolongées avec entretien. D’ailleurs, si les apparitions de Jésus avaient été dues à des hallucinations, la tombe vide était bien réelle, elle.

La théorie du coma. – Jésus ne serait que tombé dans un coma en croix. Mais les soldats romains ont constaté sa mort. C’était des bourreaux professionnels qui ne se laissaient pas berner. D’ailleurs,

· Comment ce grand blessé aurait-il pu survivre 36 heures durant dans une tombe froide, sans eau ni nourriture ni autres soins ?

· Comment cet homme affaibli à l’extrême aurait-il pu rouler la pierre qui bloquait l’ouverture du tombeau ?

· Comment Jésus aurait-il pu se faufiler hors de la tombe sans être vu des gardiens ?

· Comment, dans son piteux état, aurait-il pu convaincre ses disciples qu’il venait de remporter une victoire sur la mort ?

· Comment aurait-il pu trouver la force de faire, ce même jour, la douzaine de kilomètres pour se rendre à Emmaüs puis de revenir à Jérusalem, toujours ce même jour ?

La théorie du vol du corps. – La déconfiture et la panique des disciples plaident déjà contre cette théorie. Et comment auraient-ils pu avoir raison de gardes bien entraînés ? Même si les soldats s’étaient endormis (ce qui est bien peu probable), ils se seraient réveillés en entendant la grosse pierre être roulée de devant l’entrée de la tombe.

Ce qui plaide le plus contre cette théorie, c’est le changement produit par la résurrection de Jésus dans les disciples : ils sont morts en martyrs. On ne meurt pas pour quelque chose qu’on sait ne pas être vrai.

Dans notre histoire, Jésus a annoncé sa résurrection le troisième jour : « De même que „Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d’un grand poisson“ [Jon 2.1], de même le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans la terre. »

C’est là le « signe » que Jésus a donné à ses contemporains. C’est là le miracle qui est encore aujourd’hui au centre de notre foi en lui.

X X X 3 X X X

N’attendons pas « le Jugement » dernier

pour nous convaincre,

car alors ce sera trop tard.

« Lors du jugement, les habitants de Ninive se lèveront avec cette génération et la condamneront []. Lors du jugement, la reine du Midi se lèvera avec cette génération et la condamnera []." »

« Lors du jugement » dernier, il n’y aura plus possibilité de se repentir, de reconnaître ses erreurs, ses péchés, et de se tourner vers Jésus pour obtenir le pardon. « Lors du jugement » dernier, « le Fils de l’homme […] séparera » immédiatement « les uns des autres » (Mt 25.31-32).

A ceux – et seulement à ceux – qui se seront « repenti » de leur vivant, comme « les habitants de Ninive », à ceux qui, comme « la reine de Saba » (1 R 10) auront cru de leur vivant en « la sagesse » divine manifestée en Jésus-Christ, à ceux-là il dira : « Venez, vous qui êtes bénis de mon Père, prenez possession du Royaume qui vous a été préparé ! » (Mt 25.34)

Seigneur, n’arrête pas de nous donner les « signes » de ta gloire et de notre salut ! A l’aide de tes « signes » autour de nous, dans ta prédication, avec ta sagesse qui sauve, maintiens-nous sur le chemin de la repentance et de la foi et dirige-nous inlassablement vers l’entrée dans le Royaume des cieux !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig