vendredi 18 octobre 2013

Sermon du dimanche 13 Octobre 2013

20ème dimanche après la Trinité (C)

Christ et son peuple sont inséparables

Ruth 1.14-17 (Rt 1.1-19a ; 2Ti 2.1-13 ; Luc 17.11-19)
Elles se remirent à pleurer tout haut. Orpa embrassa sa belle-mère, mais Ruth lui resta attachée. Naomi dit à Ruth : « Tu vois, ta belle-sœur est retournée vers son peuple et vers ses dieux ; retourne chez toi comme elle ! » Ruth répondit : « Ne me pousse pas à te laisser, à repartir loin de toi ! Où tu iras j’irai, où tu habiteras j’habiterai ; ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu ; où tu mourras je mourrai et j’y serai enterrée. Que l’Eternel me traite avec la plus grande sévérité si autre chose que la mort me sépare de toi ! »

Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous ! Amen.

Le livre de Ruth est une courte histoire de quatre pages dans l’Ancien Testament. Toutefois, étant une vraie histoire de Dieu et de son peuple, il nous apporte une profonde vérité. En particulier, nous voulons examiner la déclaration de Ruth à Naomi : « Ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu. » Nous voulons comprendre que Christ et son peuple sont inséparables. Du coup, si Christ est notre Seigneur, le Corps de Christ est notre peuple.
Ruth a vécu il y a 3000 ans environs à l’époque des juges. Cela a été dans les générations juste après Moïse et Josué, au temps des petits-enfants de ceux qui sont sortis de l’esclavage en Egypte. L’époque des juges n’a pas été un temps heureux. Israël était une confédération peu solide de 12 tribus sans gouvernement central. Il n’y avait pas encore de temple à Jérusalem ni de synagogues à travers le pays. Le livre des juges se termine par cette déclaration : A cette époque-là, il n’y avait pas de roi en Israël. Chacun faisait ce qui lui semblait bon. Jg 21.25.
Chacun faisait ce qui lui semblait bon. Je pense que nous reconnaissons que lorsque chacun fait ce qui lui semble bon, souvent le désordre et des conflits en résultent. Il semble que la plupart des Israélites se sont détournés du vrai Dieu pour suivre les idoles du pays de Canaan.  En conséquence, les Israélites se faisaient continuellement attraper par leurs ennemis, et avaient besoin d’un juge pour les sauver. Ces juges ont été les héros comme Débora et Gédéon. La situation a dégénéré jusqu’au point où une guerre civile a failli exterminer la tribu de Benjamin. Telle a été l’époque des juges.
Mais de cette époque sombre vient cette histoire encourageante de Ruth, une vraie lumière dans l’obscurité. La scène de ce récit montre le besoin de trois veuves d’avoir une sécurité sociale. Naomi avait perdu son mari et ses deux fils, ce qui l’a rendu veuve, elle et ses deux belles-filles Orpa et Ruth. Qu’allaient-elles faire pour survivre ? Comment pouvaient-elles trouver de nouveau des maris et des familles ? Car, à une époque sans système de sécurité sociale, la famille était le seul soutien.
Naomi apprend que la famine qui les avait chassés du territoire d’Israël a pris fin. Pour sa part, elle va retourner auprès de son peuple. Elle convainc Orpa de faire de même, de retourner à son peuple et à ses dieux.
Mais elle n’arrive pas à renvoyer Ruth. C’est parce que Ruth était parvenue à la foi en l’Eternel, le Dieu d’Israël. A cause de cette foi, elle se rend compte qu’elle fait partie du peuple de L’Eternel, et que la seule chose à faire est d’aller avec Naomi. « Ne me pousse pas à te laisser, à repartir loin de toi ! Où tu iras j’irai, où tu habiteras j’habiterai ; ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu ; où tu mourras je mourrai et j’y serai enterrée. Que l’Eternel me traite avec la plus grande sévérité si autre chose que la mort me sépare de toi ! »
J’espère que vous connaissez le reste de l’histoire. Naomi et Ruth vont à Bethléhem en Juda. Ruth commence à travailler dans les champs pour subvenir à leurs besoins. Là elle rencontre Boaz, un parent du mari de Naomi. Boaz rachète le terrain de la famille de Naomi et se marie avec Ruth. Ruth lui donne un fils, Obed, qui devient le père d’Isaï, le père de David.
Dans cette première partie de l’histoire, Dieu nous parle du lien entre un peuple et ses dieux. A l’époque, et toujours dans beaucoup de parties du monde, un peuple ainsi que le culte à son dieu vont de pair. Etre moabite comme Ruth, impliquait que l’on servait l’idole Kemosh et lui appartenait. Les Cananéens servaient Baal ; les Egyptiens Rê parmi tant d’autres, et ainsi de suite. Nous reconnaissons qu’il y a souvent une corrélation entre une ethnie ou un peuple et son dieu ou sa religion. Si par exemple nous rencontrons un Arabe, nous supposerons sans doute qu’il est musulman ; un Japonais peut-être un bouddhiste ; un Indien, un hindou, et ainsi de suite. Bien sûr ce n’est pas toujours vrai, mais ça l’est très souvent.
Nous regardons cette corrélation moins souvent au sens inverse, que le fait de suivre un dieu ou une religion implique que l’on fait partie d’un peuple particulier. Par exemple, si un Français blanc était devenu bouddhiste, probablement, nous ne le considérerions pas comme un oriental. Il y a deux raisons pour cela : premièrement, un changement de dieu ne change pas son appartenance ethnique physique ; et deuxièmement, nous avons tendance à regarder une croyance religieuse comme une valeur personnelle et non pas comme une orientation intégrale de sa vie. Cependant, pour Ruth, son Dieu déterminait son peuple. Appartenir à l’Eternel, c’était faire partie de son peuple. C’est donc l’orientation que Dieu nous présente.
Presque tout le peuple d’Israël était d’ethnie juive, des Hébreux. Mais Dieu n’a pas qualifié son peuple d’une caractéristique physique, d’une appartenance ethnique. Comme Paul l’explique en Romains, « Le Juif, ce n’est pas celui qui en a l’apparence, et la circoncision, ce n’est pas celle qui est visible dans le corps. Mais le Juif, c’est celui qui l’est intérieurement, et la circoncision, c’est celle du cœur, accomplie par l’Esprit et non par la loi écrite. » Rm 2.28-29a. C’est-à-dire, le vrai Juif a toujours été celui qui partageait la foi d’Abraham. L’Eternel n’est pas le Dieu des Juifs ethniques seuls, mais de toute personne qui croit en lui. Et celui qui croit en l’Eternel fait, en conséquence, partie de son peuple. Du coup Ruth associe les deux : « Ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu. »
Voilà un très bel exemple de ce que Jésus a fait de nous. Jésus était Juif d’ethnie, mais il est le Dieu et le Sauveur de tout le monde. Il fait de nous qui venons de beaucoup d’ethnies, un seul peuple qu’il appelle le Corps de Christ. Nous sommes tous comme Ruth. Par nature, nous n’appartenons pas au peuple de Dieu. Nous et nos ancêtres sont nés séparés d’avec Dieu. Mais Christ nous a rachetés pour lui appartenir. Il nous dit : C’est pourquoi, souvenez-vous qu’autrefois vous étiez identifiés comme non juifs dans votre corps, appelés incirconcis par ceux qui se disent circoncis et qui le sont dans leur corps, par la main de l’homme. Souvenez-vous qu’à ce moment-là vous étiez sans Messie, exclus du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde. Mais maintenant, en Jésus-Christ, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang de Christ… A travers lui, en effet, nous avons les uns et les autres accès auprès du Père par le même Esprit. Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers ni des résidents temporaires ; vous êtes au contraire concitoyens des saints, membres de la famille de Dieu. Ep 2.11-13, 18-19. C’est justement ce que Ruth voulait dire : « Ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu. »
Qu’est-ce que cela implique pour nous ? Cela implique que, étant unis à Christ, vous et moi, nous sommes comptés parmi le peuple de Dieu, parmi les descendants d’Abraham. Par le sang de Jésus, nous qui autrefois étions perdus, avons été pardonnés et réconciliés avec Dieu. Nous avons la paix avec Dieu, non pas à cause de quelque acte de justice de notre part, mais uniquement parce que Jésus nous a racheté par sa mort sur la croix. Par cette grâce de Dieu nous avons reçu sa pleine approbation et un libre accès à lui. Comme Ruth est devenue membre du peuple d’Israël par sa foi en l’Eternel, de même nous sommes devenus membres d’Israël par la foi en Christ.
Si donc nous appartenons à Jésus-Christ, nous appartenons également à son peuple. C’est un aspect de l’Evangile qui peut nous éprouver ou même nous offenser. Notre culture appuie de plus en plus sur l’individualisme. Notre époque est très semblable à celle des juges où chacun faisait ce qui lui semblait bon. Bien qu’il y ait un gouvernement national, au plan national nous avons peu de valeurs communes et surtout pas de foi ni de Dieu communs. Chacun réclame faire ce qui lui semble bon, de sorte que, souvent, nous nous éloignons les uns des autres, comme dans un mariage qui va mal. En insistant sur une vie personnelle, sur des valeurs personnelles, sur une vérité, une foi et une conception de Dieu personnelles, nous nous éloignons les uns des autres et faisons de moins en moins un peuple, un corps.
Le monde nous dit que les affirmations religieuses ne sont pas des déclarations de vérité objective, qu’elles sont plutôt des expressions de valeurs personnelles, et que la foi en Christ est un penchant personnel qui n’a rien à voir avec une vérité absolue ni avec une réalité empirique. Ayant cru à ce mensonge, tant de chrétiens ont logiquement conclu qu’ils n’ont pas besoin de faire partie du Corps de Christ. On vous a sans doute dit, « Je n’ai pas besoin d’aller à l’église pour être chrétien. Je peux lire ma Bible et prier chez moi. » Cela revient à dire, « Ton Dieu sera mon Dieu, mais pas ton peuple ! »
Comme c’est différent de la déclaration de Ruth ! « Ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu. » Est-il vraiment possible de mettre notre confiance en Jésus mais de ne pas faire partie de son corps ? Pas selon la parole de Dieu ! De Genèse à l’Apocalypse, avoir foi en Dieu implique nécessairement que l’on fait partie de son peuple. C’est la volonté et le plan de Dieu. C’est la volonté de Christ et l’œuvre du Saint-Esprit.
De quoi au juste est-il question ici ? Il n’est pas question de passer tout son temps ou la plupart de son temps à l’église. Je ne dis pas du tout que nous devrions vivre en communauté et former un ghetto chrétien. Non, le point, c’est que Dieu a choisi d’agir dans ce monde à travers son peuple. Il est Dieu et peut donc faire tout ce qu’il veut. Il veut travailler dans et à travers le Corps de Christ ! Ici, dans son église, parmi son peuple, Dieu agit envers nous par les moyens de sa parole et des sacrements. C’est pour cela que nous les appelons les Moyens de Grâce. De cette façon, notre attention est tournée à ce que Dieu a fait et a dit, et pas à ce que nous souhaitons, pensons ou ressentons !
Bien sûr vous pouvez lire et étudier la Bible chez vous ; et j’espère bien que vous le faites ! Mais soyons honnêtes. Combien de temps avez-vous à y consacrer ? Quand avez-vous lu la dernière fois l’histoire de Ruth et réfléchi à sa parole, « Ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu » ? Pouvez-vous lire la Bible dans ses langues originales ? Avez-vous accès à des commentaires et à d’autres outils pour bien comprendre le texte biblique et l’histoire des peuples anciens qui s’y figurent ? Sans doute que non. C’est pour cela que nous appelons des pasteurs formés en théologie.
De plus, si nous restons chez nous, seuls et isolés, nous n’avons pas accès aux sacrements. Je suppose qu’il y a ceux qui le font, mais normalement, on ne célèbre pas la Saint Cène, seul, chez soi. Sans la Cène, nous nous passons d’une preuve objective que le sang de Jésus a été répandu pour nous, et que nous hériterons de la vie éternelle. C’est une assurance du salut et un soutien de la foi à ne pas manquer. Jésus pense que nous en avons besoin ! Puis-je donc me permettre de rester à la maison en rejetant la vie communautaire du peuple de Dieu, parce que je n’en aurais pas besoin ? C’est la pensée de qui, ça ?
Comment avez-vous entendu la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, que Dieu vous pardonne et vous aime à cause de Christ ? D’une façon ou d’une autre, nous l’avons tous apprise par le moyen du peuple de Dieu ; d’un parent ou d’un ami, ou d’un chrétien inconnu, mais personne ne l’a apprise du journal de 20 h ! L’Evangile est l’annonce de Dieu, proclamé par son peuple.
C’est justement cet Evangile qui proclame que vous et moi, nous sommes frères et sœurs dans une seule famille, avec un seul Dieu, une seule foi, un seul baptême. Pour cette raison, nous nous servons les uns les autres. Comme Ruth s’est efforcée de subvenir aux besoins de Naomi, et Naomi de trouver un mari pour Ruth, de même nous prenons soins les uns des autres. Le faisons-nous parfaitement ? Bien sûr que non. Nous sommes des hommes et des femmes faillibles qui luttons contre l'égoïsme. Nous n’agissons pas toujours avec bonté envers les autres. Mais cela ne change en rien le plan de Dieu à nous former en un seul Corps de Christ. Lui est fidèle et fait en sorte que cette bonté agisse en nous envers les autres. Et cela nous distingue du monde qui ignore cet amour fidèle et ne connais qu’un prêté pour un rendu !
« Ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu. » Voilà la bonne nouvelle que Ruth a reconnue il y a des millénaires. Dieu et son peuple sont inséparables. Jésus-Christ est votre Dieu et son église votre peuple. Vous lui appartenez à cause de Christ. Réjouissez-vous-en et vivez en son peuple !

Que la paix de Dieu qui dépasse tout ce que l’on peut comprendre, garde votre cœur et vos pensées en Jésus-Christ, pour la vie éternelle ! Amen.
Pasteur David Maffett

jeudi 10 octobre 2013

Sermon du dimanche 6 Octobre 2013

19ème dimanche après la Trinité
Fête des Récoltes et d’Actions de Grâces


Fêtons la grâce de Dieu !

Deutéronome 26.1-11
« Lorsque tu seras entré dans le pays que l’Eternel, ton Dieu, te donne en héritage, lorsque tu le posséderas et y seras installé, tu prendras les premiers de tous les produits que tu retireras du sol dans le pays que l’Eternel, ton Dieu, te donne. Tu les mettras dans une corbeille et tu iras à l’endroit que l’Eternel, ton Dieu, choisira pour y faire résider son nom. Tu te présenteras au prêtre alors en fonction et tu lui diras : ‘Je déclare aujourd’hui à l’Eternel, ton Dieu, que je suis entré dans le pays que l’Eternel a juré à nos ancêtres de nous donner.’  Le prêtre prendra la corbeille de ta main et la déposera devant l’autel de l’Eternel, ton Dieu.
  « Tu prendras encore la parole et tu diras devant l’Eternel, ton Dieu : ‘Mon ancêtre était un Araméen nomade. Il est descendu en Egypte avec peu de personnes, et il y a habité. Là, il est devenu une nation grande, puissante et nombreuse. Les Egyptiens nous ont maltraités et opprimés, et ils nous ont soumis à un dur esclavage. Nous avons crié à l’Eternel, le Dieu de nos ancêtres. L’Eternel a entendu notre voix et a vu l’oppression que nous subissions, notre peine et notre misère. Alors l’Eternel nous a fait sortir d’Egypte avec puissance et force, avec des actes terrifiants, avec des signes et des miracles. Il nous a conduits ici et il nous a donné ce pays. C’est un pays où coulent le lait et le miel. Maintenant, voici que j’apporte les premiers produits du sol que tu m’as donné, Eternel ! ’
 «  Tu les déposeras devant l’Eternel, ton Dieu, et tu adoreras l’Eternel, ton Dieu. Puis tu te réjouiras, avec le Lévite et l’étranger en séjour chez toi, pour tous les biens que l’Eternel, ton Dieu, t’a donnés, à toi et à ta famille.»

Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous ! Amen.

Dans un livre du titre Psaumes Populaires de Foi, on raconte une expérience de Harry Ironside. Ironside était un pasteur, évangéliste, et auteur canadien-américain. Un jour il mangeait dans un restaurant plein de monde. Il allait commencer son repas, quand un homme s’approcha et lui demanda s’il pouvait le joindre. Ironside l’invita à s’asseoir. Puis, selon son habitude, il baissa sa tête en prière. Lorsqu’il il rouvrit les yeux, cet autre homme lui demanda : « Avez-vous mal à la tête ? » « Non, je n’ai pas mal à la tête » répondit Ironside. « Y a-t-il donc quelque chose à votre repas ? », demanda l’autre. « Non, je remerciais simplement Dieu avant de manger comme je le fais toujours. »
L’autre dit : « Ah, vous êtes un de ceux-là ! Je tiens à vous dire que moi, je ne le remercie jamais. Je gagne ma vie à la sueur de mon visage et je n’ai pas besoin de rendre grâces à personne quand je mange. Je commence à manger tout de suite ! »
Ironside lui répondit : « Mais oui, vous êtes au juste comme mon chien. Il fait de même ! » http://www.christianglobe.com/illustrationsTwo/a-z/t/thanksgiving.htm
Pour ne pas dénigrer les chiens, je dois dire que le nôtre faisait presque toujours un geste de remerciement après son repas, mais jamais avant. Il l'attaquait tout de suite !
Je pense que nous sommes venus ce matin avec l’intention de rendre grâces à Dieu. Nous le faisons souvent, et bien sûr chaque dimanche, mais nous voulons le faire de façon particulière aujourd’hui. Nous ne voulons pas être ingrats et orgueilleux comme cet homme qui s’est moqué d’Ironside. Au contraire, à l’exemple d’Israël, nous voulons confesser que nous sommes les bénéficiaires de la grâce de Dieu, et lui présenter une offrande de reconnaissance. Ainsi notre foi trouve une expression concrète, et nous sommes fortifiés dans la foi.
La fête de récoltes et d’actions de grâces que nous célébrons aujourd’hui remonte au temps de Moïse. Chaque année, lorsqu’il avait rentré les fruits de la terre, le peuple d’Israël devait célébrer une fête solennelle, afin de remercier le Seigneur pour tous ses biens. Les croyants ne devaient pas venir les mains vides, mais lui apporter des dons, les offrandes de leur amour, selon qu’il les avait bénis. Le texte de Deutéronome que nous venons de lire, constitue en effet une liturgie pour la présentation des premiers produits du sol.
L’apôtre Paul dit que l’histoire d’Israël a été écrit pour notre instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des temps. 2Co 10.11. Réfléchissions donc à cette action de grâces des Israélites pour savoir ce que cela peut nous dire.
Il y avait deux parties de cette liturgie. En premier, avant de présenter l’offrande de sa famille, chaque Israélite confessait être le bénéficiaire de la grâce de Dieu. Il y avait même des paroles précises à prononcer exactement comme nous le faisons lorsque nous répétons le Credo, le Symbole Apostolique.
L’Israélite devait dire : « Je déclare aujourd’hui à l’Eternel, ton Dieu, que je suis entré dans le pays que l’Eternel a juré à nos ancêtres de nous donner… Mon ancêtre était un Araméen nomade. Il est descendu en Egypte avec peu de personnes, et il y a habité. Là, il est devenu une nation grande, puissante et nombreuse.  Les Egyptiens nous ont maltraités et opprimés, et ils nous ont soumis à un dur esclavage. Nous avons crié à l’Eternel, le Dieu de nos ancêtres. L’Eternel a entendu notre voix et a vu l’oppression que nous subissions, notre peine et notre misère. Alors l’Eternel nous a fait sortir d’Egypte avec puissance et force, avec des actes terrifiants, avec des signes et des miracles. Il nous a conduits ici et il nous a donné ce pays. C’est un pays où coulent le lait et le miel. Maintenant, voici que j’apporte les premiers produits du sol que tu m’as donné, Eternel ! »
Cela est une déclaration de reconnaissance. On confesse que c’est l’Eternel qui lui a donné cette récolte, et donc, par inférence, pas Baal, l’idole des Cananéens. On confesse que le peuple entier doit son existence et son bien-être à la grâce de Dieu manifestée dans la rédemption miraculeuse d’Israël de l’Egypte et puis dans son entrée à la terre promise à Abraham. Chaque génération reprenait la même confession et liturgie, ainsi s’identifiant avec la génération qui est sortie de l’Egypte, et reconnaissant bénéficier toujours de cette même rédemption.
Nous faisons exactement de même en répétant le Credo. Nous disons chacun : « Je crois en Dieu mon Créateur, celui qui me fournit tous les jours tout ce qui est nécessaire à l’entretien de cette vie. Je crois aussi en Jésus-Christ mon rédempteur, celui qui s’est donné en rançon pour me racheter, moi, du jugement de Dieu et de la puissance du diable. Et je crois au Saint-Esprit mon sanctificateur, celui qui m’a fait croire et qui me garde dans la foi. »
Les deux confessions, celle d’Israël et la nôtre, ne sont pas une simple répétition de mots, et donc une parole inutile. C’est une action de combat spirituelle. Rappelons la parole de l’apôtre Paul : Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu afin de pouvoir tenir ferme contre les manœuvres du diable. En effet, ce n’est pas contre l’homme que nous avons à lutter, mais contre les puissances, contre les autorités, contre les souverains de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal dans les lieux célestes. Ep 6.11-12.
Pour Israël, le combat était la transition d’une vie de nomade à la vie d’agriculteur. La foi en l’Eternel n’avait pas pénétré la vie sédentaire. Les Israélites ont adoptés les techniques agricoles des cananéens, mais en même temps les cultes naturistes cananéens, parce qu’ils ne distinguaient pas nettement l’un de l’autre. En conséquence, ils sont bientôt arrivés au point où ils n’avaient plus de confiance en l’Eternel, et n’étaient plus certains que la bonne récolte était la bénédiction de l’Eternel et non de Baal. Voilà la raison d’être de cette déclaration que l’on était le bénéficiaire de la grâce de Dieu. C’était pour rappeler et faire revenir à la vérité.
Nous ne faisons pas face aux cultes naturistes cananéens et ne pensons jamais rendre un culte à Baal. Mais nous faisons face à d’autres versions de la même chose. Nous avons tous affaire avec la position « politiquement correcte » que la vie est le résultat d’un processus d’évolution. On nous déclare avec toute confiance que cela est de la science — et donc vrai — tandis que toute autre croyance n’est qu’une pensée religieuse qui n’a rien à voir avec la vérité. Et nous sommes arrivés au point où nous n’avons plus une entière confiance en Dieu, et ne sommes plus certains que la bonne récolte est la bénédiction de Dieu et non de la science et de la technologie humaines. Ainsi, nous avons besoin, exactement comme Israël, de répéter la vérité que c’est Dieu qui nous fournit la récolte, qu’il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Mt 5.45. Ne vous y trompez pas, mes frères et sœurs bien-aimés : tout bienfait et tout don parfait viennent d’en haut ; ils descendent du Père des lumières, en qui il n’y a ni changement ni l’ombre d’une variation. Conformément à sa volonté, il nous a donné la vie par la parole de vérité afin que nous soyons en quelque sorte les premières de ses créatures. Jc 1.16-18.
Notez bien que la confession que Moïse a donnée aux Israélites aussi bien que notre confession de foi, est une confession évangélique. La confession en Deutéronome parle de l’Exode : L’Eternel nous a fait sortir d’Egypte avec puissance et force, avec des actes terrifiants, avec des signes et des miracles. Il nous a conduits ici et il nous a donné ce pays. C’est un pays où coulent le lait et le miel.  Il n’y a aucune mention de l’alliance de Sinaï ni des commandements. Même si l’on en avait fait mention, le premier mot des Dix Commandements est une déclaration de la grâce de Dieu : Je suis l’Eternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir d’Egypte, de la maison d’esclavage. Ex 20.2. C’est à cause de cette grâce de Dieu qu’Israël devait mettre en pratique les mots suivants, ce que nous appelons les Dix Commandements.
Il en va de même pour nous. Notre confession de foi, ne dit rien d’un code morale. Il proclame et appuie sur l’acte de notre rédemption en Christ. C’est une proclamation de victoire, notre propre sortie d’Egypte ! « Je crois en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui a été conçu du Saint-Esprit, et qui est né de la vierge Marie. Il a souffert sous Ponce Pilate ; il a été crucifié ; il est mort ; il a été enseveli ; il est descendu aux enfers ; le troisième jour, il est ressuscité des morts ; il est monté au ciel ; il s'est assis à la droite de Dieu, le Père Tout-Puissant, et il viendra de là pour juger les vivants et les morts. »
L’Israélite devait dire : ‘Je déclare aujourd’hui à l’Eternel, ton Dieu, que je suis entré dans le pays que l’Eternel a juré à nos ancêtres de nous donner.’ C’est-à-dire, il déclarait avoir reçu la promesse de Dieu. Nous faisons pareil. « Je crois au Saint-Esprit, la sainte Église universelle, la communion des saints, la rémission des péchés, la résurrection de la chair et la vie éternelle. » Nous déclarons, suite à la résurrection du Christ, avoir reçu la garantie de notre propre résurrection et de la vie éternelle. Si nous ne sommes pas encore entrés dans la terre promise, nous en avons la preuve et les gages.
La deuxième partie de cette liturgie était la présentation d’une offrande de reconnaissance et une fête ! ‘Maintenant, voici que j’apporte les premiers produits du sol que tu m’as donné, Eternel !’  Tu les déposeras devant l’Eternel, ton Dieu, et tu adoreras l’Eternel, ton Dieu. Puis tu te réjouiras, avec le Lévite et l’étranger en séjour chez toi, pour tous les biens que l’Eternel, ton Dieu, t’a donnés, à toi et à ta famille.
C’est ici qu’on joint le geste à la parole. Notre confession est alors intègre et trouve son accomplissement. L’Esprit dit : Mes frères et sœurs, que sert-il à quelqu’un de dire qu’il a la foi, s’il n’a pas les œuvres ? Cette foi peut-elle le sauver ? … Notre ancêtre Abraham n’a-t-il pas été considéré comme juste sur la base de ses actes, lorsqu’il a offert son fils Isaac sur l’autel? Tu vois bien que sa foi agissait avec ses œuvres et que par les œuvres sa foi a été menée à la perfection. Ainsi s’est accompli ce que dit l’Ecriture : Abraham eut confiance en Dieu et cela lui fut compté comme justice. Et il a été appelé ami de Dieu. Vous voyez [donc] que l’homme est déclaré juste sur la base de ses actes, et pas seulement de la foi. Rahab la prostituée n’a-t-elle pas, de la même manière, été considérée comme juste sur la base de ses actes, lorsqu’elle a accueilli les messagers et les a fait partir par un autre chemin ? En effet, de même que le corps sans esprit est mort, de même la foi sans [les] œuvres est morte. Jc 2.14, 21-26.
C’est souvent une parole difficile, mais nécessaire. C’est parce que, foi et œuvre, ou confession et offrande ensemble, nous gardent dans la foi. La foi sans œuvres est morte. C’est une illusion qui nous fait ressembler à l’homme qui refusait de remercier Dieu, ou bien, au chien d’Ironside. Mais si notre confession de foi est accompagnée par le geste de notre offrande de reconnaissance, elle aussi est menée à la perfection et la volonté de Dieu s’accomplit en nous.
Joindre le geste à la parole est nécessaire aussi parce que ces offrandes soutiennent l’Eglise du Dieu vivant, pilier et soutien de la vérité. 1Ti 3.15. Au temps des Israélites, ces offrandes servaient à soutenir les Lévites qui servaient au Tabernacle ou au Temple. Aujourd’hui, nos offrandes soutiennent l’Eglise. Luther dit que c’est dans cette Église, que le Saint-Esprit me remet chaque jour pleinement tous mes péchés, ainsi qu’à tous ceux qui croient. Le monde ne croit pas au pardon des péchés ! Le monde ne croit pas à la paix avec Dieu ! Sans l’Eglise donc, nous ignorerions tout ce que nous confessons et toute la parole de Dieu. Nos offrandes, sont-elles nécessaires ? Bien sûr !

Voilà un peu le sens de notre action aujourd’hui. Nous fêtons la grâce de Dieu. En fait, nous le faisons chaque dimanche lorsque nous répétons le Crédo et présentons nos offrandes. C’est une bonne expression de notre foi qui joint le geste à la parole et nous fortifie dans la foi pour la vie éternelle. Bonne fête !

Que la paix de Dieu qui dépasse tout ce que l’on peut comprendre, garde votre cœur et vos pensées en Jésus-Christ, pour la vie éternelle ! Amen.

Pasteur David Maffett

mardi 1 octobre 2013

Sermon du dimanche 29 septembre 2013

18ème Dimanche après la Trinité (C)

Que l’argent soit une bénédiction !

Amos 6.1-7 (autres : Luc 16.19-31 ; 1Ti 6.6-19)
Malheur à ceux qui vivent tranquilles dans Sion et en sécurité sur la montagne de Samarie, à ces grands de la première des nations auprès desquels va la communauté d’Israël ! … Vous croyez éloigner le jour du malheur, mais vous faites approcher le règne de la violence. Ils se reposent sur des lits d’ivoire, ils sont vautrés sur leurs divans, ils mangent les agneaux du troupeau, les veaux mis à l’engrais. Ils improvisent au son du luth, ils se croient habiles comme David sur les instruments de musique. Ils boivent le vin dans de larges coupes, ils ont recours à la meilleure huile, mais ils ne s’attristent pas de la ruine de Joseph. C’est pourquoi ils partiront en exil en tête des prisonniers, et les cris de joie de ces paresseux cesseront.

Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous ! Amen.

Un jour un homme âgé, riche et de mauvais tempérament, a rendu visite à un rabbin. Le rabbin a pris sa main et l’a dirigé devant une fenêtre. Puis il lui a dit : « Regardez là-bas. » L’homme riche a regardé dans la rue. « Que voyez-vous ? » a demandé le rabbin. « Je vois des hommes, des femmes et des enfants, » le riche a répondu. Le rabbin a pris encore sa main et l’a amené devant un miroir. « Et maintenant, que voyez-vous ? » « Je vois moi-même, » a répondu le riche.
Puis le rabbin lui a dit : « Et voilà, la fenêtre et faite d’un verre, et le miroir et fait d’un verre. Mais le verre du miroir est couvert d’une couche d’argent, et aussitôt que l’argent y est ajouté, vous cessez de voir les autres et ne voyez que vous-même. »
Non seulement le rabbin était perspicace et plein d’esprit, mais il était également inquiet pour cet homme riche de mauvais tempérament. Il voulait avertir cet homme de l’influence que sa richesse avait sur lui. Elle le mènerait à la ruine s’il ne regardait que lui-même. Cette histoire me rappelle le caractère de Scrooge dans le livre de Charles Dickens, Un Chant de Noël. Lui aussi était un riche sous l’emprise de son argent. Il ne connaissait ni la bonté, ni la bienveillance, ni la charité, et il détestait Noël qu'il qualifiait de « foutaises ». Heureusement pour lui, le fantôme de son ancien associé Jacob Marley est apparut avec « un message à transmettre : que Scrooge change de comportement, sinon il vivra, comme lui, l'enfer de l'éternité. De toute façon, il va être hanté par trois esprits chargés de lui montrer comment quitter le mauvais chemin. » (http://fr.wikipedia.org/wiki/Un_chant_de_Noël.)
Et ces deux histoires me rappellent celle du roi Midas qui a demandé à un dieu la faculté de transformer en or tout ce qu'il touche. Il se croyait au paradis jusqu’à ce qu’il touche sa fille qui s’est transformée en statue d’or. Alors, il s’est rendu compte que sa faculté pouvait être une malédiction et a demandé au dieu de reprendre son don.
Il est facile de tomber sous le charme de la richesse. Personne n’est à l’abri de son allure. N’importe qui parmi nous pourrait commencer à aimer l’argent à cause des possessions, du pouvoir et du respect qu’il lui accorde dans ce monde. Nous pourrions finir par ressembler à l’homme riche se regardant dans le miroir, ou à Scrooge ou au roi Midas. Nos trois lectures ce matin du prophète Amos, de l’Evangile de Luc et de la première épître au Timothée, nous avertissent tous du danger de la richesse, ou de l’amour de l’argent. La richesse est une bonne chose si nous l’utilisons pour servir Christ. Mais réservée pour nous-mêmes, la richesse est à la racine de tous les maux. Elle nous plonge dans la ruine et provoque notre perte.
Amos s’est adressé aux riches d’Israël pendant une période de prospérité économique et politique. Israël, c’est-à-dire le royaume du nord, avait récupéré des terres perdues dans des anciens conflits. Les deux grandes puissances de l’époque qui le menaçaient, l’Assyrie et l’Egypte, avaient d’autres préoccupations. Les affaires en Israël allaient très bien. Ce n’est donc pas étonnant que les riches se soient sentis en sécurité et un peu content d’eux-mêmes. Qu’avaient-ils à craindre ?
Mais Dieu ! Malheur à ceux qui vivent tranquilles dans Sion et en sécurité sur la montagne de Samarie… Ils se reposent sur des lits d’ivoire, ils sont vautrés sur leurs divans, ils mangent les agneaux du troupeau, les veaux mis à l’engrais. Ils improvisent au son du luth, ils se croient habiles comme David sur les instruments de musique. Ils boivent le vin dans de larges coupes, ils ont recours à la meilleure huile, mais ils ne s’attristent pas de la ruine de Joseph. C’est pourquoi ils partiront en exil en tête des prisonniers, et les cris de joie de ces paresseux cesseront.
Le sujet sur lequel Amos appuie à travers ses prophéties, c’est la ruine de Joseph, c’est-à-dire, la ruine du peuple que Dieu s’est acquis quand il l’a fait sortir de l’esclavage en Egypte et entrer dans le pays de Canaan. Ce n’était pas un péché de faire une soirée, de manger de la viande et de boire du vin. Non, le crime était que ces riches menaient une vie de luxe et de décadence aux dépens des pauvres.
Amos décrit la situation de cette façon-ci : A cause de trois crimes d’Israël, même de quatre, je ne reviens pas sur ma décision, parce qu’ils ont vendu le juste pour de l’argent, et le pauvre pour une paire de sandales.  Ils aspirent à voir la poussière de la terre sur la tête des faibles, et ils violent le droit des malheureux. Le fils et le père s’unissent à la même fille afin de déshonorer mon saint nom. Ils s’étendent près de chaque autel sur des habits pris en gage, et ils boivent dans le temple de leurs dieux le vin de ceux qu’ils condamnent. Am 2.6-8.
Ils détestent celui qui les reprend à la porte de la ville et ils ont en horreur celui qui parle sincèrement. Vous avez exploité le faible et vous avez prélevé du blé sur sa récolte ; vous avez construit des maisons en pierres de taille, mais vous ne les habiterez pas ; vous avez planté d’excellentes vignes, mais vous n’en boirez pas le vin. En effet, je le sais, vos crimes sont nombreux, vos péchés se sont multipliés. Vous opprimez le juste, vous recevez des pots-de-vin et vous violez le droit des pauvres à la porte de la ville. Am 5.10-12.
En dehors de cette exploitation des pauvres, ils ont plongé le peuple dans l'idolâtrie et ont, de façon flagrante, fait la sourde oreille aux reproches de Dieu. Ils amenaient Joseph à la ruine. Ils avaient le pouvoir de sauver les pauvres, d’être honnêtes dans leurs affaires, et de servir le vrai Dieu. Mais ils aimaient se regarder dans le miroir. Ils étaient sous le charme de la richesse. Ils aimaient le luxe de tout leur cœur, de toute leur âme, de toute leur pensée et de toute leur force, et non l’Eternel ! C’est pourquoi ils partiront en exil en tête des prisonniers, et les cris de joie de ces paresseux cesseront.
C’est le même scénario que celui de l’histoire de l’homme riche et du pauvre Lazare que raconte Jésus. Il aurait été facile pour cet homme riche d’utiliser une portion minuscule de sa richesse pour soulager le pauvre Lazare. Mais au lieu de sauver Lazare, il l’a assassiné ; car étant parfaitement capable de lui venir en aide, il est resté là à regarder mourir le pauvre sans rien faire ! Pouvons-nous douter que l’homme riche était sous le charme de l’argent ?
Paul écrit à Timothée : Quant à ceux qui veulent s'enrichir, ils tombent dans la tentation, dans un piège et dans une foule de désirs stupides et nuisibles qui plongent les hommes dans la ruine et provoquent leur perte. L'amour de l'argent est en effet à la racine de tous les maux. En s'y livrant, certains se sont égarés loin de la foi et se sont infligé eux-mêmes bien des tourments. 1Ti 6.9-10.
L’argent est une bonne chose, un outil très important, mais comme le feu, il peut nous faire du mal. C’est parce qu’il a une puissante influence sur notre nature propre qui nous rend capables des maux incroyables comme ceux qu’Amos avait condamnés.
Du coup les Ecritures nous mettent en garde constamment envers l’amour de l’argent. Dans sa parabole du semeur, Jésus explique que certains reçoivent la semence, c’est-à-dire la parole de Dieu, parmi les ronces. Ils entendent la parole, mais les préoccupations de ce monde, l’attrait trompeur des richesses et les passions en tout genre pénètrent en eux, étouffent la parole et la rendent infructueuse. Mc 4.18-19.
Après sa rencontre avec un jeune homme riche, Jésus a dit à ces disciples, « Qu'il est difficile à ceux qui ont des richesses d'entrer dans le royaume de Dieu ! En effet, il est plus facile à un chameau de passer par un trou d'aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu. » Lc 18.24-25.
Il y a beaucoup de textes semblables dans la Bible. Si cela ne nous convainc pas de prendre garde à l’amour de l’argent, rien ne le peut. Et nous aurons, en conséquence, à apprendre cette vérité à dure école, par le jugement de Dieu, comme Israël, comme l’homme riche de la parabole de Jésus. Mais c’est une leçon impitoyable !
Vous le savez, Dieu nous a abondamment bénis. Par rapport à la plupart du monde, nous sommes riches. Même par rapport à beaucoup dans nos communautés nous sommes dans une situation aisée. Ce n’est pas un péché ! Toutefois, nous devons nous demander si nous utilisons notre richesse — maison, voiture, vêtement, boire et manger — selon la pensée de Christ. Voulons-nous mettre tous nos biens, et notre vie même, au service de Christ ? Voulons-nous nous laisser diriger par le Saint-Esprit au bénéfice des autres, surtout pour aider nos frères et sœurs dans la foi ? Ou bien détendons-nous comme les notables d’Israël et l’homme riche pour regarder, sans rien faire, la ruine de Joseph ? Il n’est pas facile de nous poser ces questions. Elles nous rendent mal à l’aise. Mais c’est bien, car comme le rabbin, la Loi de Dieu nous fait reconnaître la couche d’argent qui fait du verre le miroir dans lequel nous ne voyons que nous-mêmes. Nous avons besoin que Dieu casse ce miroir !
Eh bien, Jésus a fracassé le miroir ! Il nous a ouvert les yeux à la réalité et nous a rachetés du pouvoir et du charme de la richesse. Le pauvre Lazare qui n’avait connu que la misère est allé au ciel, pas l’homme riche. Durant son ministère sur la terre, Jésus n’avait guère le sou. Pourtant il a bouleversé le pays d’Israël jusqu’au fond par son enseignement et par ses miracles. Puis, il est mort pour payer les péchés du monde entier ; est ressuscité des morts, est monté au ciel, et a déversé le Saint-Esprit sur son peuple. Pour tout cela il n’avait pas besoin d’une richesse ni d’une puissance terrestre. Et il n’exige pas un seul sou de nous. En effet, tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu, et ils sont gratuitement déclarés justes par sa grâce, par le moyen de la libération qui se trouve en Jésus-Christ. Rm 3.23-24. Que celui qui a soif vienne ! Que celui qui veut de l'eau de la vie la prenne gratuitement ! Ap 22.17.
Le pardon des péchés, être déclaré juste, et la vie éternelle, tout cela, c’est le don de Dieu qui nous a été, et est toujours, offert par le moyen de la foi en Christ, par le moyen de l’eau du Baptême et du pain et du vin de la Sainte Cène. Le pardon des péchés, être déclaré juste, et la vie éternelle, voilà les choses dont nous avons vraiment besoin dans la vie mais que nous ne pouvons pas acheter, et d’ailleurs, n’avons pas besoin d’acheter. Voilà la liberté de la puissance du diable et du charme de l’argent. Voilà la liberté des penchants de notre nature propre. Voilà la vraie richesse et la vraie sécurité que cherchaient les nobles d’Israël et l’homme riche, ce qu’ils imaginaient à tort posséder. En effet, vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ : pour vous il s'est fait pauvre alors qu'il était riche, afin que par sa pauvreté vous soyez enrichis. 2Co 8.9.
Vous et moi sommes devenus riches. Et nous avons été libérés du charme de la richesse par le don de la vraie vie en Christ. Voilà ce qui change tout. Luther le dit bien dans le catéchisme : Jésus-Christ « m'a sauvé, racheté et acquis, moi perdu et condamné, en me délivrant du péché, de la mort et de la puissance du diable ; non pas à prix d'or ou d'argent, mais par son saint et précieux sang, par ses souffrances et sa mort innocentes, afin que je lui appartienne et que je vive dans son Royaume, pour le servir éternellement dans la justice, l'innocence et la félicité, comme lui-même est ressuscité de la mort, vit et règne éternellement. C'est ce que je crois fermement. »
Dieu donne de la richesse à son peuple pour qu’il serve les autres et leur soit une bénédiction. Mais si nous l’aimons, l’argent peut devenir une malédiction à la racine de tous les maux. Il peut nous transformer en des monstres, qui, sous son charme, exploitons et ruinons les autres. Par contre, si nous aimons Christ, si sa parole et la puissance de sa résurrection nous remplissent le cœur, alors l’argent sera une bénédiction, un outil pour servir Christ et son peuple. Au lieu d’entendre les reproches des prophètes comme Amos, nous entendrons la voix du Christ lui-même : « Venez, vous qui êtes bénis par mon Père, prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la création du monde ! » Mt 25.34.

Que la paix de Dieu qui dépasse tout ce que l’on peut comprendre, garde votre cœur et vos pensées en Jésus-Christ, pour la vie éternelle ! Amen.

Pasteur David Maffett