mercredi 12 novembre 2008

Sermon du 9 novembre 2008 ANTEPENULTIEME DIMANCHE APRES LA TRINITE


Chants proposés :

Bientôt, pour juger l’univers, J.-C. va paraître LlS 319 : 1-4
Bientôt, pour juger l’univers, J.-C. va paraître LlS 319 : 5-7
La mort est inévitable LlS 326 : 3-6
Texte: 1 Th 5.1-11

1 « Pour ce qui est des temps et des moments, vous n'avez pas besoin, frères, qu'on vous en écrive
2 Car vous savez bien vous-mêmes que le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit.
3 Quand les hommes diront : Paix et sûreté ! alors une ruine soudaine les surprendra, comme les douleurs de l'enfantement surprennent la femme enceinte, et ils n'échapperont point.
4 Mais vous, frères, vous n'êtes pas dans les ténèbres, pour que ce jour vous surprenne comme un voleur ;
5 vous êtes tous des enfants de la lumière et des enfants du jour. Nous ne sommes point de la nuit ni des ténèbres.
6 Ne dormons donc point comme les autres, mais veillons et soyons sobres.
7 Car ceux qui dorment, dorment la nuit, et ceux qui s'enivrent, s'enivrent la nuit.
8 Mais nous qui sommes du jour, soyons sobres, ayant revêtu la cuirasse de la foi et de l'amour, et ayant pour casque l'espérance du salut.
9 Car Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à la possession du salut par notre Seigneur Jésus-Christ,
10 qui est mort pour nous, afin que, soit que nous veillions, soit que nous dormions, nous vivions ensemble avec lui.
11 C'est pourquoi exhortez-vous réciproquement, et édifiez-vous les uns les autres, comme en réalité vous le faites. »

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ qui cheminons tous au-devant du Jour du Seigneur !

Les trois derniers dimanches de l’année liturgique parlent des choses dernières : de la mort et de la résurrection, du jugement dernier et de l’éternité, et bien entendu de la manière de s’y préparer ou de vivre de façon à être sûr de sa félicité éternelle.

Ces trois dimanches, on les compte à rebours et on les appelle : l’antépénultième (le troisième à partir de la fin), l’avant-dernier et le dernier dimanche après la Trinité.

Ces trois dimanches, on les célèbre toujours, que la date de Pâques soit tôt dans l’année ou tard, donc quel que soit le nombre des dimanches après la Trinité. Le maximum, ce sont 24 dimanches plus ces trois derniers. S’il y en a moins, on décompte autant que nécessaire en commençant par le 24ème, puis le 23ème, le 22ème, et ainsi de suite, mais les trois derniers sont toujours célébrés avec leurs thèmes des choses dernières vers lesquelles nous nous dirigeons tous.

Autre chose. Vous avez l’habitude d’entendre des prédications articulées autour d’un thème, lui-même subdivisé en rubriques, développé ou déroulé devant vous selon des points logiques. Ce serait, là, plutôt la façon de l’apôtre Paul de proclamer l’Evangile de Jésus-Christ, sauf, justement, sauf peut-être dans notre texte.

Ici on a l’impression que son côté sémitique, sa culture juive prend le dessus. Comme nous le connaissons des psaumes et des prophètes, comme nous pouvons aussi le rencontrer dans l’Evangile de Jean et les discours de Jésus, ici, dans notre texte, Paul fait se succéder différentes images pour nous faire saisir une vérité. Notre texte ressemble à un mille-feuille où, feuille après feuille, couche après couche, image par image
, Paul s’efforce de nous faire comprendre une même vérité.
Son thème peut se résumer ainsi : Le Jour du Seigneur, le jour de son retour pour le Jugement des vivants et des morts, ce jour vous trouvera tels que vous aurez été au moment de votre décès. Et pour mourir dans les bonnes dispositions – c’est à dire dans la foi au seul Sauveur – il s’agit de ne pas gâcher ce temps qu’il nous fait la grâce de vivre.

Ce message, des plus importants

– SE PREPARER AU RETOUR DU CHRIST –

Paul nous y sensibilise par quatre images et une promesse :

1. le voleur dans la nuit,
2. la femme qui accouche,
3. ceux qui s’enivrent la nuit,
4. le casque et la cuirasse,
5. notre merveilleuse destinée !

------ 1 ------

Le voleur dans la nuit.

Un voleur sévissant la nuit ! Cela peut paraître étrange que Paul prenne cet exemple pour nous faire comprendre la venue de notre Seigneur à la fin des temps. Mais Paul ne nous dit pas que Jésus est un voleur, pas plus que Jésus, dans la parabole du juge inique ou injuste, veut dire que Dieu est injuste.

Il y a une chose, dans l’attitude de ces personnages mis en scène, dans leur comportement et façon d’agir qui est prise en exemple et soulignée, un aspect de leur façon de se conduire qui rappelle le comportement de Dieu ou, dans notre texte, de Jésus le Jour du Jugement Dernier.
Qu’est-ce qui caractérise un voleur qui s’introduit la nuit chez les gens ? Indique-t-il au préalable par lettre, e-mail ou téléphone l’heure à laquelle il va venir ? Va-t-il prévenir les gens à cambrioler du moment de son arrivée ? Bien sûr que non ! Autrement les policiers l’attendraient.

Le propre d’un voleur, c’est de « surprendre » (v. 4), c’est de faire ses coups à l’improviste, de façon inopinée, sans qu’on sache qu’il vient et quand il vient. Ce n’est que lorsque la police arrive à infiltrer des bandes ou des gangs qu’elle arrive à être sur place à l’heure dite.

Mais voilà, on n’infiltre pas le conseil de Dieu. On ne s’introduit pas dans les réflexions de l’Eternel quand il n’a pas décidé de nous les révéler. Il se trouve en dehors du temps et de l’espace dans lesquels il nous a placés pour cette vie. Aussi, personne ne peut connaître, calculer ou deviner la date du Dernier Jour. Ceux qui s’y aventurent sont tout simplement des charlatans.

Jésus, alors qu’il était avec ses disciples, leur avait dit : « Quant au jour et à l’heure, personne ne les connaît, pas même les anges du ciel, ni même le Fils. » Le Fils les a ignoré à ce moment-là car, durant son abaissement, il avait renoncé à tout savoir. Pour que ce soit clair, il précise : « Mon Père seul les connaît, » ce jour et cette heure du retour du Christ dans sa gloire (Mt 24.36)
« Le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit. » (v. 2)

« La nuit », la vraie nuit, celle où il n’y a vraiment pas de lumière – car à l’époque il n’y avait pas d’électricité, donc pas d’éclairage public –, cette nuit a quelque chose d’angoissant. On ne voit pas contre quoi on pourrait se cogner, le trou dans lequel on pourrait tomber, le mal intentionné qui s’approche de nous.

Pareillement, on ne peut pas prévoir la venue du Christ pour le Jugement. Cela doit-il nous angoisser ? Non ! Et Paul de nous dire pourquoi : « Vous n'êtes pas dans les ténèbres, pour que ce jour vous surprenne comme un voleur ; vous êtes tous des enfants de la lumière et des enfants du jour. Nous ne sommes point de la nuit ni des ténèbres. » (v. 4-5)

Bien évidemment, Jésus, « la Lumière du monde » (Jn 8.12), éclaire la nuit de ce monde pécheur. Nous ne savons pas quand Jésus viendra, mais nous savons qu’il « nous a appelés des ténèbres » de la damnation « à sa merveilleuse lumière » de grâce et de vie (1 P 2.9).

Et nous savons que si nous persévérons dans la foi en lui, il nous emmènera dans la lumière céleste, dans la félicité éternelle. « Ne dormons donc point comme les autres, mais veillons et soyons sobres. » (v. 6). Avec cette invitation Pauol tire les mêmes conclusions que Jésus : « Restez donc vigilants, puisque vous ne savez ni le jour ni l’heure où le Fils de l’homme viendra. » (Mt 25.13)

Veillez à demeurer au contact de l’Evangile, pour que le Saint-Esprit puisse vous maintenir dans la foi en Jésus et qu’ainsi vous soyez prêts à tout moment à le rencontrer.

------ 2 ------

La femme dans les douleurs de l’enfantement.

En quoi les douleurs de l’enfantement peuvent-elles nous faire comprendre un aspect du retour du Christ pour le Jugement ? Cet exemple va un peu plus loin que celui du voleur. Un voleur, on ne l’attend pas nécessairement, on espère même ne jamais avoir affaire à un cambrioleur de toute sa vie.
Une femme enceinte, par contre, sait qu’elle « n’échappera pas » à l’accouchement, elle attend même ce moment avec impatience, même si ça peut être avec quelque appréhension ; c’est en quelque sorte le point d’orgue de la grossesse, même si on accouche dans la douleur.
Le point de comparaison que Paul souligne ici, c’est, comme dans le cas du cambrioleur, l’effet de surprise – le moment précis de l’accouchement ne se dicte pas si on laisse faire la nature – mais aussi le caractère inéluctable de l’accouchement : il fait partie de la grossesse.

Pareillement, le Retour du Christ pour le Jugement fait partie de notre vie. Aussi vrai que nous vivons, nous vivrons le Dernier Jour : ou bien nous serons encore en vie à ce moment-là, ou bien Jésus nous ressuscitera pour nous le faire vivre.

Personne, dit Paul, « n’y échappera ». Certains ont beau faire la politique de l’autruche, d’autres ont beau se jeter dans une vie hyperactive pour ne pas avoir le temps d’y penser, « ils n’échapperont pas » à cet événement. « Quand les hommes diront : Paix et sûreté ! alors une ruine soudaine les surprendra, comme les douleurs de l'enfantement surprennent la femme enceinte, et ils n'échapperont point. » (v. 6)

------ 3 ------

Les ivrognes dans la nuit.

Avouez qu’il y a de la vie dans notre texte : après le cambriolage et un accouchement, voilà qu’on a affaire à des ivrognes, et en plus, à « ceux qui s'enivrent la nuit. » (v. 7)

Dans mon enfance, nous avions un tel ivrogne comme voisin : « de Wahnerhans », comme on l’appelait en alsacien, « Jean le charpentier ». Il était charpentier, un véritable artiste les rares moments où il n’était pas ivre. La nuit, il s’asseyait sur le banc entre nos deux fermes et il braillait pendant des heures des chansons dans la nuit. Au début, c’était cocasse, mais à la longue, cela devenait pénible pour le voisinage. Il arrivait que mon père prenne son courage à deux mains pour se rhabiller et aller lui dire d’aller se coucher.

Quel mal-être, quelles angoisses, quels problèmes, quel mal de vivre essayait-il de noyer ainsi dans l’alcool ? Je ne le sais pas, j’étais trop jeune. Mon père devait le savoir qui a su lui faire rencontrer son Sauveur dans les derniers jours de sa vie, sur son lit de mort, ce qui rappelle la parabole des ouvriers engagés à la dernière heure.

Mais il y en a pour qui il n’y a plus de rencontre avec le Christ à la dernière heure. Il y en a qui passent dans un état second – d’ivrognes, de drogués, de poursuiveurs de plaisirs coupables – à la rencontre du Dernier Jour, et qui ratent ainsi l’entrée dans le Royaume des Cieux.

Et même s’ils le font « la nuit » pour se cacher du regard des autres, ils ne peuvent se soustraire au regard de Dieu. Il n’y a que le sang de Jésus-Christ qui peut faire écran ; il n’y a que la foi en l’expiation de nos péchés par Jésus qui nous permet d’échapper à la colère de Dieu.

Veillons à ne pas nous laisser entraîner par le monde dans quelque ivresse trompeuse, trompeuse parce qu’on y oublie que notre vie débouchera sur le Jugement Dernier et qu’il n’y a qu’un seul qui peut nous y obtenir l’acquittement, un acquittement qu’il nous faut obtenir dans cette vie-ci !
Mieux vaut ne pas jouer avec le feu et ne pas compter sur l’occasion de la dernière minute. Nous pourrions la manquer !

------ 4 ------

Le casque et la cuirasse.

Paul écrit : « Nous qui sommes du jour, soyons sobres, ayant revêtu la cuirasse de la foi et de l'amour, et ayant pour casque l'espérance du salut. » (v. 8)
Ça change des cambriolages, des accouchements et des ivresses nocturnes, n’est-ce pas ? Le casque et la cuirasse ! Aujourd’hui, Paul dirait : le casque et le gilet pare-balles.
En tout cas, c’est une tenue de combat, celle du combat de la foi. Dans le contexte de l’approche du Dernier Jour, Paul ne mentionne que des armes défensives, plus précisément : il parle d’une armure défensive faite d’un casque et d’une cuirasse. On les met pour ne pas être blessé, pour pouvoir tenir bon sous les coups quand ils pleuvent.

Paul nous dit : « Nous sommes du jour », pas de la nuit. Nous avons été arrachés des ténèbres de la damnation éternelle, et appelés à la lumineuse, à la « glorieuse liberté des enfants de Dieu » (Rm 8.21), au merveilleux état de pécheurs pardonnés et de citoyens des cieux.
Ce merveilleux état civil, non, mieux ! ce merveilleux état divin et céleste, il s’agit maintenant de le préserver, de le défendre, contre tout ce qui voudrait nous le faire perdre ou abandonner, contre tout ce qui voudrait faire en sorte que nous nous présentions dans les mauvaises dispositions lors de la rencontre avec notre Sauveur et Juge.

Que devons-nous opposer aux tentations, séductions trompeuses et autres incitations au doute ? – Paul répond : « la cuirasse de la foi et de l'amour, et (le] casque [de] l'espérance du salut. »
Appuyons-nous solidement sur les promesses faites par Dieu en Jésus-Christ et scellées pour chacun de nous, individuellement, dans notre Baptême ! Consolidons notre « foi » en Jésus-Christ par une rencontre régulière avec lui dans son Evangile !

N’oublions pas de nous laisser régulièrement – quotidiennement ! – éclairer et réchauffer – littéralement imprégner ! – par « l’amour » que Dieu nous témoigne au travers de la crèche de Bethléem, de la croix de Golgotha et de la tombe vide du matin de Pâques !

Considérons « l’espérance du salut », ce cadeau merveilleux, littéralement tombé du ciel sans que nous y ayons contribué, sans que nous l’ayons, par ailleurs, mérité. Ce don de la grâce de Dieu, ce cadeau sans pareil, pèse plus lourd que tout ce que ce monde veut nous donner à sa place.
Méditons cela quand les tentations nous pressent, quand le découragement nous guette. Opposons-leur la certitude de notre salut en Jésus-Christ, et nous aurons une armure qui, grâce à Jésus-Christ, nous permettra de tenir bon sur notre chemin à la rencontre de notre Seigneur au Dernier Jour.

Car c’est dans cette direction que Paul dirige finalement nos regards. Ce sera le dernier point :

------ 5 ------

Notre merveilleuse destinée.

Pourquoi Paul a-t-il utilisé les images du voleur dans la nuit, de la femme qui accouche, de ceux qui s’enivrent la nuit, du casque et de la cuirasse ? – Pour mieux nous préparer à notre merveilleuse destinée. « Car Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à la possession du salut par notre Seigneur Jésus-Christ. » (v. 8)
« Dieu nous a destinés » … Ce n’est pas là simple velléité. Le désir de Dieu de nous faire entrer en « possession du salut » a été tellement fort qu’il a fait intervenir son propre Fils, qu’il a jeté son Fils, Jésus-Christ, dans la bataille. Et le Fils a tellement voulu que « nous vivions ensemble avec lui », non seulement dans cette vie, mais aussi dans l’au-delà, qu’il « est mort pour nous » (v. 9), qu’il a payé de sa vie sainte et parfaite notre place dans le salut éternel. « Il est mort pour nous, afin que, soit que nous veillions, soit que nous dormions, nous vivions ensemble avec lui. » (v. 10)

Si lui-même a fait le nécessaire pour que nous nous trouvions toujours « ensemble avec lui », nous n’avons pas besoin de nous en faire. Ce que lui, le Fils éternel de Dieu, le Saint, a fait pour nous, est de nature à pleinement contenter Dieu et à nous réconcilier avec lui pour ce temps et pour l’éternité.

Fondée sur la mort et la résurrection de Jésus, notre communion avec Dieu est assurée, « que nous veillions ou que nous dormions ». Si je m’endors, le soir dans la foi, je peux m’endormir en paix. Même si le Seigneur devait me rappeler durant la nuit, « rien ne peut me séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ, [mon] Seigneur » (Rm 8.39).

Et si le Seigneur revient à l’improviste, comme un voleur dans la nuit, si j’ai « veillé » à rester au contact de l’Evangile pour que le Saint-Esprit puisse me maintenir dans la foi en Jésus et m’y « édifier » (v. 11), même si je suis en train de m’occuper d’autre chose à ce moment-là, il me placera « à sa droite », du côté des pécheurs graciés, acquittés, du côté des « bénis par son Père », et il me dira de « prendre possession du royaume » (Mt 25.31-34).

Et nous ne « veillerions » pas, nous ne nous entraiderions pas pour « être gardés par la puissance de Dieu, au moyen de la foi [en Jésus] pour le salut » (1 P 1.5) ?

La réponse tombe sous le sens. « C'est pourquoi, » conclue Paul, « exhortez-vous réciproquement, et édifiez-vous les uns les autres, comme en réalité vous le faites. » (v. 11).
Que le Seigneur nous accorde son Esprit saint, pour que notre paroisse et nos familles soient des endroits où on « s’exhorte réciproquement et s’édifie les uns les autres » sur le chemin de notre merveilleuse destinée éternelle !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig