1er DIM. DE L’AVENT Mc 11.1-9
Chants proposés :
Viens, Sauveur de la terre,, LlS 39:1-4
Chrétiens, peuple fidèle, LlS 28:1-2+5-7
Hosanna ! Béni soit le Sauveur débonnaire LlS 31:1-5
Ô Jésus, notre divin Roi LlS 166:1-3
1 « Lorsqu’ils approchèrent de Jérusalem, près de Bethphagé et de Béthanie, vers le Mont des Oliviers, Jésus envoya deux de ses disciples
2 en leur disant : "Allez au village qui est devant vous. Dès que vous y serez entrés, vous trouverez un ânon attaché, sur lequel personne n’est encore monté. Détachez-le et amenez-le.
3 Si quelqu’un vous demande : ’Pourquoi faites-vous cela ?’ répondez : ‘Le Seigneur en a besoin’, et à l’instant il le laissera venir ici."
4 Les disciples partirent ; ils trouvèrent l’ânon attaché dehors près d’une porte, dans la rue, et ils le détachèrent.
5 Quelques-uns de ceux qui étaient là leur dirent : "Que faites-vous ? Pourquoi détachez-vous cet ânon ?"
6 Ils répondirent comme Jésus le leur avait dit, et on les laissa faire.
7 Ils amenèrent l’ânon à Jésus, jetèrent leurs vêtements sur lui, et Jésus s’assit dessus.
8 Beaucoup de gens étendirent leurs vêtements sur le chemin, et d’autres des branches qu’ils coupèrent dans les champs.
9 Ceux qui précédaient et ceux qui suivaient Jésus criaient : "Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur". »
Chers frère et sœurs
qui célébrez l’Avent de notre Roi !
La venue d’une grande personnalité dans une ville ou à une manifestation particulière est toujours un grand événement. On s’y prépare à l’avance. On veut la recevoir de manière digne de son rang. On en parle à l’avance dans les médias pour susciter l’intérêt, durant sa présence pour apprendre ce qu’elle y fait, et par après encore pour essayer d’en tirer les leçons ou pour parler des retombées de cet événement.
Encore plus grande, plus importante, même plus extraordinaire et hors du commun est la venue du Seigneur du ciel et de la terre, sa venue, en latin « adventus » qui a donné « Avent » en français.
Avec ce terme – « Avent » – nous méditons et nous nous recueillons, durant les quatre semaines précédant Noël, autour de la venue de notre Seigneur Jésus-Christ.
Elle est triple, sa venue :
Il est venu il y a près de 2000 ans lorsqu’il a été « conçu du Saint-Esprit » et est « né de la vierge Marie. » (« Symbole apostolique ») C’est ce qu’on appelle son 1er Avent.
A la fin des temps, « il reviendra de là [du ciel où il est monté] pour juger les vivants et les morts. » (« Symbole apostolique »). C’est ce qu’on appelle son 3ème Avent.
Et son 2ème Avent ? … – Mais nous sommes en train de le vivre, plus particulièrement aussi dans ce culte que nous sommes en train de célébrer en son honneur. Ce qu’on appelle son 2ème Avent, c’est sa venue à travers l’Evangile, sa venue auprès de nous à travers les moyens de grâce, son « avent » à travers la Parole, le Baptême et la Cène.
A l’aide de notre texte, nous allons découvrir qu’
IL VIENT A NOUS
POUR NOUS ACQUERIR
ET NOUS GAGNER.
Aussi, pour le recevoir dignement, devons-nous connaître les réponses à ces deux questions :
1. Comment vient-il ?
2. Comment l’accueillir comme il sied ?.
X X X 1 X X X
COMMENT NOTRE ROI DE L’AVENT
VIENT-T-IL A NOUS ?
La première chose qui frappe à la lecture de notre histoire, c’est son incroyable SIMPLICITE de notre Roi. Vous avez déjà vu les ânes du Proche-Orient ? Une petite bête de rien du tout ! La moitié d’un âne du Poitou, peut-être même pas !
Alors que nos grands hommes se déplacent en jets privés et en limousines avec chauffeur, alors que les généraux et empereurs romains de l’époque montaient des destriers qui affichaient la couleur, le Maître de l’univers, le Créateur et Seigneur du ciel et de la terre, entre dans sa ville secoué par les pas d’un « ânon » sur lequel il est assis !
Pas de cérémonial protocolaire genre Palais de l’Elysée, pas de pompe et de fastes royaux comme à la cour d’Hérode, non, le dénuement et l’humilité, la simplicité même d’un paysan rentrant des champs sur son âne !
Oh ! il aurait pu impressionner tout le monde !Il le rappellera d’ailleurs quelque jours plus tard à Pierre au Mont des Oliviers : « Penses-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père, qui me donnerait à l’instant plus de douze légions d’anges ? » (Mt 26.53)
Lui, ça l’aurait tiré d’embarras, mais nous, ça nous aurait laissé dans la nasse. Il ne veut pas nous impressionner, il veut obtenir notre adhésion, il veut gagner notre confiance, nous voir placer notre foi en lui, car il est le seul à pouvoir nous arracher à notre perte.
Il ne veut pas nous effrayer par des apparitions en provenance de l’au-delà, comme Zacharie, Marie ou les bergers ont été effrayés à l’apparition d’un ange (Lc 1.11-12 ; 28-30) ou de « la multitude de leur armée céleste » (Lc 2.8-14). Il ne veut pas nous pétrifier par l’incursion de son apparition majestueuse dans nos existences de mortels.
Non, Jésus vient à nous sous des apparences aussi simples et faciles que l’était l’ânon à l’époque. Il s’adapte à nous et vient à nous à travers l’Ecriture Sainte, la Parole de Dieu, mais aussi à travers les sacrements que sont le Baptême et la Cène.
Quoi de moins effrayant que du papier et de l’encre, de l’eau, du pain et du vin ? Rien de plus banal, rien de plus quotidien. Rien de plus abordable.
C’est ainsi qu’il se met à notre niveau pour venir à notre rencontre en toute simplicité.
Mais aussi comme CELUI QUI SAIT. Les disciples s’étaient souvent rendu compte que leur Maître pouvait répondre aux pensées de personnes qui ne les avaient même pas exprimées.
Là, il les envoie en leur apprenant qu’il sait où se trouve un ânon, ce que les gens diront et ce que le propriétaire laissera faire s’ils lui répètent ce que Jésus leur a dit.
Cela nous réconforte grandement, que de savoir que notre Roi de l’Avent sait tout, connaît tout de fond en comble. Il sait de quoi nous avons besoin et ce qui nous fait du bien.
Alors que nous étions perdus de naissance, il est venu à nous, pour la plupart d’entre nous, par le Baptême, alors que nous étions nourrissons, pour d’autres par la Parole qui leur a été annoncée.
Et maintenant que nous menons le combat de la foi au jour le jour, il vient à nous par sa Parole de grâce et le sacrement de l’autel. Il vient ainsi nous montrer qu’il connaît notre péché, mais qu’il y a remédié ; qu’il connaît nos problèmes, mais qu’il est à nos côtés pour faire « tout coopérer à notre bien » (Rm 8.28) ; qu’il connaît aussi nos joies et qu’il les partage et les bénit.
En fait, il vient aussi à nous AVEC PUISSANCE. La foule des pèlerins, sur le chemin de Jérusalem, l’a acclamé : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » (v. 9) Ce cri de bienvenue est tiré du Psaume 118 (v. 25) où le Messie est salué ainsi.
Il ne faut pas s’y méprendre : il ne faut pas que l’apparition humble de Jésus, lors de son entrée à Jérusalem, nous trompe. Oui, il a une attitude humble. Mais c’est que cette attitude était la seule adéquate pour aller à l’assaut de nos ennemis, pour vaincre le péché, la mort et Satan.
Avec l’entrée à Jérusalem il monte au front. Et après une terrible bataille, celle qui le mènera à la croix et dans les souffrances de l’enfer, trois jours plus tard ce sera la victoire éclatante de Pâques.
Et, comme dans notre histoire, Jésus vient aussi à nous « au nom du Seigneur », il vient à notre aide comme seul Dieu sait le faire, il vient à notre rencontre à travers son « Evangile, puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit » (Rm 1.16), à travers une parole où il déploie et nous applique sa puissance salutaire. Il vient aussi à nous avec puissance dans son « Baptême qui nous sauve » (1 P 3.21)
C’est ainsi que, sous des apparences insignifiantes et banales – la parole, de l’eau – Jésus a exercé une puissance phénoménale, la puissance du Saint-Esprit, pour nous arracher aux conséquences du péché, à la colère de Dieu et à la damnation éternelle.
L’humble apparence de Jésus assis à califourchon sur un ânon cachait en fait celui qui allait remporter le triomphe le plus grand qui soit, celui qui allait nous entraîner dans ce triomphe et nous le faire partager.
Sous l’humble apparence de la Parole – un livre, quoi ! de la prédication ! – au milieu de tant d’autres orateurs qui drainent bien plus de gens, sous l’humble apparence aussi des espèces du pain et du vin, voire de l’eau, le plus éminent des princes vient à notre rencontre, « celui que Dieu a élevé à sa droite comme Prince et Sauveur » (Ac 5.31).
X X X 2 X X X
COMMENT ACCUEILLERONS-NOUS
ALORS COMME IL SIED
NOTRE EXTRAORDINAIRE
ROI DE L’AVENT ?
Tout d’abord, en le reconnaissant comme notre Sauveur. C’est aussi ce que la foule a fait avant que les chefs religieux de Jérusalem ne la retournent cinq jours plus tard. Que chantaient-ils au passage de Jésus ? – « Hosanna ! » : « Dieu sauve ! » (v. 9)
La foule, trop nombreuse pour que tout le monde puisse loger à l’intérieur de la ville pour la fête de la Pâque juive, campait à l’extérieur, jusque sur les versants du Mont des Oliviers.
Cette foule était là pour apporter des sacrifices de repentance et d’expiation pour leurs péchés. Ces pèlerins se savaient tout petits et perdus sans l’intervention du Messie Sauveur, du Fils de Dieu venu les sauver. Dans leur bouche, « Hosanna ! » « Dieu sauve ! » est donc d’abord une confession des péchés, une confession de leur culpabilité devant Dieu.
Mais elle est aussi un cri de joie et de foi dans le salut que Dieu envoie par son Messie. Ils reconnaissent en Jésus le « Fils de David » (Mt 21.9), autre titre messianique du Messie Sauveur. Et ils l’acclament comme vainqueur en puissance, ce qu’ils montrent symboliquement en agitant des « rameaux » (v. 8 ; Mt 21.8)
Cette foule avait foi en l’accomplissement des prophéties messianiques. Nous, nous pouvons regarder en arrière sur cet accomplissement. Jésus a vaincu notre péché, il a vaincu la mort et l’enfer, il se révèle comme le vainqueur des épreuves et des difficultés de la vie.
Nous avons bien besoin de cette assurance. Laa couleur liturgique du Temps de l’Avent est le violet, la couleur de l’attente, de la méditation et de la repentance. Mais le Temps de l’Avent est aussi celui de l’acclamation joyeuse du Roi qui vient dans nos vies pour nous aider à la dompter et pour nous mener à bon port.
Accueillons-le donc avec repentance et foi, mais soyons aussi prêts à le servir comme notre Roi et Maître.
Je suis étonné par la docilité avec laquelle ses disciples ont exécuté son ordre : aller « détacher » un ânon qui ne leur appartenait pas. Nous lisons simplement : « Ils partirent » (v. 4), « Ils y allèrent » (Segond 1978) ! Avouons qu’à leur place, nous aurions sans doute émis quelques objections avant de nous exécuter. Nous aurions eu peur des réactions des gens, particulièrement du propriétaire de l’ânon.
Non, sachons que si notre Seigneur et Maître attend quelque chose de nous, d’abord c’est un honneur qu’il nous fait de pouvoir le servir, ensuite nous pouvons le faire de bon cœur, car … « hosanna ! » « Dieu sauve », Dieu est avec nous, Dieu bénit le service que nous lui rendons, même si c’est dans un contexte difficile, même si c’est lié à des complications, même si notre tendance pécheresse veut traîner les pieds.
Une vie de service commence déjà par une participation joyeuse et régulière au culte, au service divin. Certes, c’est-surtout notre Roi de l’Avent qui nous rend service dans les cultes : il nous donne son pardon à travers sa Parole et ses sacrements ; il nous y assure de sa fidèle assistance dans la vie ; il nous assure de notre appartenance à son Royaume.
Mais nous aussi nous le servons dans les cultes : nous lui apportons « le sacrifice », l’offrande « de nos louanges » (Hé 13.15), et nous rendons service aux siens en nous unissant à eux et en les encourageant à le servir avec nous.
Enfin nous lui rendons service avec les dons qu’il a mis à notre disposition. Là-bas, c’était un « ânon » que quelqu’un a mis à la disposition du Maître. D’autres, plus démunis, ont pris ce qu’ils avaient sous la main : « leurs vêtements », pour en faire un tapis au Seigneur, des « branches » d’arbre, pour lui organiser un défilé festif (v. 8).
Et à toi, qu’est-ce que le Seigneur a mis à ta disposition pour que tu puisses le servir ? Du temps à consacrer à son église ? Des talents divers à mettre à son service dans l’Eglise : bricoler, tenir la comptabilité, s’occuper de l’accompagnement musical du culte, s’occuper du catéchisme, de l’évangélisation, de visites aux malades ? (ce ne sont là que des exemples parmi d’autres.)
Oui, qu’est-ce que le Seigneur a mis à ta disposition pour que tu puisses servir sa venue, son Avent, parmi nous ? Sans doute pas d’âne, mais peut-être une voiture pour rendre visite à des malades ; sans doute un revenu qui peut nous permettre, ensemble, d’assumer notre responsabilité de paroissien et de faire face aux besoins de sa venue, de son Avent, au travers de la prédication et de l’administration des sacrements.
Avec tout cela nous montrons à notre Roi de l’Avent que nous l’accueillons avec joie parmi nous et non pas parce que nous n’aurions pas le choix.
Si notre cœur déborde de louange comme celui des pèlerins sur le chemin de Jérusalem, alors nous aussi nous chanterons : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » (v. 9) Nous le chanterons d’ailleurs tout à l’heure, comme lors de chaque célébration de la Cène pour fêter son Avent, sa venue parmi nous sous les espèces du pain et du vin.
C’est ainsi qu’il veut être accueilli : avec un cœur débordant de louange et de reconnaissance, et un mode de vie qui lui fait honneur et qui se met à son service pour l’avancement de son Règne.
Dans l’année liturgique écoulée, notre Seigneur n’a cessé de venir à nous dans sa Parole et ses sacrements. En y repensant, nous ne sommes pas très fiers de l’accueil que nous lui avons parfois fait dans notre vie quotidienne.
Combien sommes-nous alors soulagés et heureux d’entendre que, malgré nos péchés, il veut continuer à venir à notre rencontre dans les moyens de grâce !
Prenons la résolution, une fois de plus, en invoquant l’assistance du Saint-Esprit, de toujours l’accueillir comme il convient : dans une repentance et une foi de tous les jours.
Alors son dernier Avent, son retour en gloire, sera pour nous l’occasion d’entrer avec lui dans la gloire céleste et éternelle.
Amen.
Jean Thiébaut Haessig