jeudi 29 mai 2008

Sermon du dimanche 25 mai 2008 - 1er dimanche après la trinité

Texte : Lc 16.19-31


19 Il y avait un homme riche
qui s'habillait de pourpre et de fin lin,
et qui chaque jour faisait la fête
et menait brillante vie.
20 Un pauvre couvert d'ulcères, nommé Lazare,
était couché à son porche;
21 il aurait bien désiré se rassasier
de ce qui tombait de la table du riche;
au lieu de cela,
les chiens venaient lécher ses ulcères.
22 Le pauvre mourut
et fut porté par les anges sur le sein d'Abraham.
Le riche aussi mourut et fut enseveli.
23 Dans le séjour des morts, il leva les yeux;
et, en proie aux tourments,
il vit de loin Abraham et Lazare sur son sein.
24 Il s'écria :
« Abraham, mon père,
aie compassion de moi !
Envoie Lazare
tremper le bout de son doigt dans l'eau
pour me rafraîchir la langue,
car je souffre dans ces flammes. »
25 Mais Abraham répondit :
« Mon enfant, souviens-toi
que tu as reçu ton bien durant ta vie
et qu'au lieu de cela Lazare, lui, a eu le mal ;
maintenant, ici, il est consolé,
tandis que toi, tu souffres.
26 En plus de tout cela,
un grand gouffre a été mis entre nous et vous,
afin que ceux qui voudraient passer
d'ici vers vous ne puissent le faire,
et qu'on ne traverse pas non plus
de là-bas vers nous. »
27 Le riche dit :
« Alors, je te demande, père,
d'envoyer Lazare dans la maison de mon père ;
28 car j'ai cinq frères.
Qu'il leur apporte son témoignage,
afin qu'ils ne viennent pas, eux aussi,
dans ce lieu de tourment ! »
29 Abraham répondit :
« Ils ont Moïse et les Prophètes ;
qu'ils les écoutent ! »
30 L'autre reprit :
« Non, Abraham, mon père,
mais si quelqu'un de chez les morts va vers eux,
ils changeront radicalement. »
31 Et Abraham lui dit :
« S'ils n'écoutent pas Moïse et les Prophètes,
ils ne se laisseront pas persuader,
même si quelqu'un se relevait d'entre les morts. »

Cher frère, chère sœur en Jésus-Christ,
« je te prie de m’écouter avec patience ! »
(Ac 26.3)

Voilà comment l’apôtre Paul, prisonnier à Césarée, s’est adressé au roi Agrippa accompagné de Bérénice. « Je te prie de m’écouter avec patience ! » C’est aussi la demande non formulée de chaque prédicateur quand il s’adresse à son auditoire. C’est qu’il est, à ce moment-là, un témoin du Christ auprès de vous. « Je te prie de m’écouter avec patience ! » l’important et le sérieux du sujet l’exigent.

Nous nous trouvons, aujourd’hui, en présence d’une parabole qui nous parle des deux destinations possibles de la vie : le Paradis céleste ou les souffrances infernales ; deux destinations où, une fois qu’on est arrivé dans l’une des deux, c’est définitif. Abraham, depuis le paradis, dit au damné en enfer : « Un grand gouffre a été mis entre nous et vous, afin que ceux qui voudraient passer d'ici vers vous ne puissent le faire, et qu'on ne traverse pas non plus de là-bas vers nous. » (v. 26)

C’est en ces mots que Jésus décrit la réalité de ceux qui sont décédés en ce moment, avant le Jour du Jugement Dernier. En effet, alors qu’Abraham et Lazare sont au paradis, d’autres – dont « les cinq frères » (v. 28) du damné – vivent encore sur terre. Mais pour ce dernier « les jeux sont faits » depuis son décès : une fois en enfer, on n’en ressort malheureusement plus.
Comprenant cela, le damné voudrait épargner le même sort affreux à ses frères, « car je souffre dans ces flammes » gémit-il (v. 24). Maintenant, le damné voudrait prévenir ses frères encore vivants ; il voudrait les mettre en garde. Mais, comme ils n’écoutent pas plus les vivants que lui ne l’a fait de son vivant, il souhaite un miracle : qu’un ressuscité qu’ils ont connu avant sa mort – Lazare – aille leur parler !

La réponse d’Abraham est aussi brève que définitive : « Ils ont Moïse et les Prophètes ; qu'ils les écoutent ! » (v. 29) – « Moïse et les prophètes », ce sont les auteurs que Dieu a inspirés pour écrire l’Ancien Testament, toute la Bible de l’époque, la Parole de Dieu. Aujourd’hui, nous avons le Nouveau Testament en plus. Depuis que Jésus a raconté cette parabole, il a aussi inspiré les écrits du Nouveau Testament à ses apôtres et évangélistes, et a ainsi mis un terme à la révélation divine. La Bible est maintenant complète.
Le message est clair : selon que l’on écoute – ou non – Dieu et ses messagers, selon que l’on écoute la Parole de Dieu bien – ou mal –, on atterrit à la bonne ou à la mauvaise adresse : on est élevé au paradis céleste ou rejeté en enfer. Il est donc de la plus haute importance – il y va de la vie ou de la mort… éternelle ! – d’

ECOUTER LA PAROLE DE DIEU

et tout aussi important – puisqu’il y va de notre éternité ! – de savoir

1. Pourquoi écouter ?
2. Comment écouter ?
3. Que faire pour ceux qui n’écoutent pas ?

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POURQUOI ECOUTER LA PAROLE DE DIEU ?

Notre parabole montre clairement quel est l’enjeu de l’écoute de la Parole de Dieu : il y va de notre salut, il y va de la mise à l’abri des souffrances infernales des damnés.
Abraham énonce clairement trois vérités : 1°) Si le riche se retrouve en enfer, c’est qu’il n’a pas « écouté Moïse et les prophètes », c’est qu’il n’a pas pris à cœur le message biblique. 2°) Si Lazare connaît la joie d’être au Paradis, c’est que, lui, a écouté « Moïse et les prophètes » ! 3°) Si « les cinq frères » « n’écoutent pas Moïse et les prophètes », ils rejoindront leur frère en enfer.
Ce sont là des vérités fondamentales qui sont toujours valables aujourd’hui, et qui le resteront jusqu’à la fin du monde : celui qui n’écoute pas la Parole du Dieu qui a envoyé Jésus-Christ pour nous sauver, se perd lui-même pour l’éternité.
Le but ultime de notre écoute de la Parole de Dieu est donc que par elle Dieu nous amène à placer notre foi en son Fils pour avoir part au bonheur suprême dans l’éternité et échapper aux souffrances éternelles des damnés.
Mais ce but, dans l’éternité, ne sera atteint que si l’écoute de la Parole de Dieu a atteint son but dès cette vie-ci. Quel but dans cette vie ? Là aussi, la réponse est donnée par Abraham : « S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader » (v. 31).
Dieu veut que nous écoutions sa Parole parce que c’est par elle qu’il nous « persuade », c’est là qu’il nous amène à croire que ce qu’il dit dans sa Parole est vrai, que ce qu’il nous y dit nous concerne au plus haut point : qu’il y va de notre foi. Par sa Parole de grâce et de vie Dieu nous amène à nous agripper au Christ, seul Sauveur, centre du message de Dieu dans l’Ancien et le Nouveau Testament.
A l’époque, c’est à travers « Moïse et les prophètes » que Dieu amenait les gens à se repentir et à se tourner avec foi vers Christ, le Messie annoncé, pour être unis à lui dans le temps et pour l’éternité. Avec nous, aujourd’hui, Dieu utilise en plus – et avant tout – le Nouveau Testament, la parole de ce que le Sauveur est finalement venu accomplir pour nous sauver de la damnation.
Le message biblique du salut en Christ est le seul message « persuasif » dans le domaine spirituel, le seul par lequel le Saint-Esprit touche nos cœurs pour nous amener à nous confier en Christ pour être sauvés. « La foi vient de ce qu'on entend, et ce qu'on entend par la parole du Christ. » (Rm 10.17)
[1] Dans son Testament – la Seconde Lettre à Timothée – l’apôtre Paul rappelle : « Les Ecrits sacrés peuvent te donner la sagesse en vue du salut par la foi qui est en Jésus-Christ. » (2 Tm 3.15)[2]
Comment se fait-il que le message biblique ait cet effet ? Là encore, citons Paul, cette fois dans son épître aux Romains : « La Bonne Nouvelle est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit. » (Rm 1.16)[3]
L’Evangile seul est une telle « dynamique » de persuasion, de foi et de vie. Là où l’Evangile ne parvient pas à gagner des âmes à la foi en Christ, aucun stratagème, aucun miracle, ne peut le remplacer.
Si un mort ressuscitait pour annoncer l’Evangile, les incroyants trouveraient toutes sortes d’excuses et d’arguments pour mettre soit la mort préalable en doute (et on traiterait le ressuscité de charlatan), ou pour mettre sa résurrection en doute, comme on l’a fait pour la résurrection de notre Seigneur.

Le message biblique – Jésus nous a sauvés du péché, de la mort et de l’enfer – ne serait pas écouté davantage que si un vivant l’annonce, … peut-être même moins.
Il n’y a qu’une solution pour être sauvé et maintenu dans une relation de foi en Jésus et ainsi être sauvé par lui : c’est de rester à l’écoute de l’Evangile pour que, par lui, le Saint-Esprit puisse produire et maintenir son effet salutaire dans nos cœurs.

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COMMENT ECOUTER LA PAROLE DE DIEU ?

Bien des personnes écoutent, lisent et étudient la Parole de Dieu, mais elles le font mal. Voyez « le riche », membre du Peuple d’Israël, et ses « cinq frères » ! « Ils avaient Moïse et les prophètes », ils connaissaient leur Bible, mais n’avaient jamais réellement fait attention à ce qu’elle disait, ils n’avaient pas noté que ce message divin les concernait de près, parlait de leur péché, de leur culpabilité, mais aussi de leur Sauveur. Ils n’avaient pas entendu l’appel à la repentance ; ils n’avaient pas fait attention à l’offre de pardon que Dieu leur adressait dans la Bible.
Leur cœur était ailleurs : les richesses, les amusements, le matérialisme remplissaient leurs cœurs, étaient devenus leurs idoles. Ils n’avaient que faire des appels de Dieu.

L’enfant Samuel avait répondu à ces appels : « Parle, Seigneur ; moi, ton serviteur, j’écoute ! » (1 S 3.9). Aujourd’hui, la plupart pensent : « Parle toujours, si ça te fait plaisir, mais d’abord, je ne suis pas ton serviteur, et ensuite, j’écouterai quand j’en aurai le temps ou l’envie ! »

D’autres écoutent avec plus de respect, mais tout aussi mal. Ils écoutent, mais entendent autre chose, comme si le message biblique leur parvenait à travers un prisme déformant. Tout ce qu’ils entendent est déformé par des idées préconçues. Il en est résulté des confessions différentes, même des sectes.
Mais ce n’est pas d’elles que nous voulons parler aujourd’hui, mais de nous. Est-ce que nous recevons toujours le message biblique tel qu’il est. Jésus nous dit : « Prenez donc garde à la manière dont vous écoutez ! » (Lc 8.18)

Certains s’endorment dans leur écoute de la Parole de Dieu. Ils se disent : « J’appartiens à une Eglise Evangélique Luthérienne fidèle, j’ai mon nom dans ses registres, Dieu les connaît, il sait que mon nom y est inscrit, je n’ai pas à m’en faire ! » Ce serait là un orgueil contraire à l’esprit de la Parole Dieu entendue mais mal écoutée. Cela rappellerait l’attitude des pharisiens qui, se sachant descendants d’Abraham, et sachant que leur généalogie était déposée dans les archives du Temple, pensaient que cela leur garantissait automatiquement l’approbation de Dieu.
D’autres écoutent la Parole de Dieu à travers le prisme de la tradition. Aussi, lorsqu’une tradition change, ils pensent tout perdre. C’est qu’ils ont mal écouté ; la tradition leur a caché le message de Dieu.

Enfin, la tentation est souvent grande de croire, parce qu’on a une vaste connaissance biblique – peut-être qu’on connaît même le catéchisme par cœur, ce qui est une bonne chose ! – qu’on n’a plus rien à apprendre, qu’on sait tout, qu’on n’a plus besoin d’écouter, de lire et de méditer la Parole de Dieu.

Là, je dis : Danger ! Une foi vivante a toujours soif d’entendre davantage. Si l’écoute se perd, la foi fait place à une connaissance sans saveur. Or si la Bible nous exhorte à « croître dans la connaissance » (Col 1.10), elle exhorte en même temps à faire « augmenter la foi » (2 Co 10.15) en Jésus-Christ. Une connaissance sans foi mène droit dans le mur, je veux dire : en enfer.
Ces dangers ont existé de tout temps. Même « beaucoup de ses disciples dirent » un jour : « Cette parole est dure. Qui peut l’entendre ? » Jésus a dû jeter un froid par sa réponse : « Il en est parmi vous quelques-uns qui ne croient pas ! » (Jn 6.60+64) Il ne suffit pas de se mêler aux croyants pour être considéré par Jésus comme croyant.

De ceux-là, de ceux qui font semblant, Jésus parle aussi dans sa parabole du semeur : « Celui qui a été ensemencé le long du chemin, c’est […] celui qui entend la Parole du Règne et ne la comprend pas. » (Mt 13.19)

A chacun de nous de s’examiner lui-même : Comment suis-je à l’écoute de Dieu ? En pensant à autre chose – ou avec soif de l’entendre ? Quiconque connaît sa condition de départ de pécheur coupable et perdu, mais aussi sa condition actuelle de pécheur pardonné grâce à Christ, celui-là est un auditeur humble, reconnaissant et avide d’en entendre davantage.
Ainsi le Saint-Esprit augmentera ta foi, la confiance que tu portes à ton Sauveur, ta paix intérieure, la consolation dans l’épreuve et ta « persuasion » ou certitude d’être aimé et sauvé par Dieu pour l’éternité – comme Lazare l’a été.

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QUE FAIRE POUR CEUX QUI N’ECOUTENT PAS
LA PAROLE DE DIEU ?

« S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, » s’ils n’écoutent pas les écrits sacrés de la Parole de Dieu, s’ils ne permettent pas au Saint-Esprit de les attirer dans la foi vers leur Sauveur et de les maintenir dans cette foi, ils iront en enfer.
Combien sont-ils, autour de nous, à ne pas écouter du tout ? Ou à mal écouter ?
Il faut savoir qu’ils ne se mettront pas à écouter d’eux-mêmes. La Parole du « Christ crucifié » est « cause de chute pour les Juifs et folie pour les non-Juifs » (1 Co 1.23)[4] Il suffit d’écouter les sarcasmes et autres blasphèmes déversés par la télé.
Et puis, Satan a si bien mélangé les cartes que les gens sans connaissance biblique mais qui cherchent ne savent pas à qui s’adresser, découragés qu’ils sont par la multiplicité des églises et des sectes.

C’est donc à nous d’aller leur apporter le message du salut., d’autant que d’autres – la secte des soi-disant Témoins de Jéhovah par ex. – ratissent large et font entendre un message inspiré par Satan, « le père du mensonge », un message qui détourne les gens du véritable Christ, et les dirige en enfer.
Quel écho a en toi cette déclaration d’Abraham : « S’ils n’écoutent pas » la Parole de Dieu ils iront en enfer ?

Te dis-tu : « Ils ont la Bible. S’ils ne l’ouvrent pas, c’est leur faute ! » « Ils savent où est notre Eglise. S’ils ne viennent pas écouter, c’est leur faute ! » « Nous avons un pasteur : il n’a qu’à y aller ! » – N’est-ce pas alors comme si, lorsqu’un incendie se déclarait chez un voisin, tu disais : « Les pompiers n’ont qu’à faire leur boulot ; ça ne me concerne pas ! » ?
Aux temps apostoliques, chaque chrétien persécuté, au cours de sa fuite de Jérusalem à travers les contrées environnantes, témoignait de sa foi au Christ Sauveur. Il donnait, ainsi, aux autres l’occasion d’entendre le message biblique du salut, l’occasion d’apprendre qu’ils avaient un Sauveur : Jésus-Christ..
Et nous, après avoir bien écouté la Parole salutaire de Dieu, donnons-nous aussi à notre voisin l’occasion d’écouter le Seigneur lui faire l’offre de le sauveur ?

Il ne s’agit pas de leur « casser les pieds », mais, par amour chrétien pour eux, d’être sensible aux occasions qui se présentent, aux occasions où une parole d’Evangile peut être placée.
N’oublions pas : « nous avons Moïse et les prophètes », même, depuis 2000 ans, en plus les apôtres et les évangélistes. Eux, non. Alors ? …

Amen.

Jean Thiébaut Haessig


Chants proposés :

Dans ton temple, ô mon Sauveur, LlS 2
Ta gloire, ô notre Dieu, brille dans la Parole LlS 150
Ta Parole, Seigneur, est ma force et ma vie LlS 151
Jésus-Christ, dans sa grâce, racheta les pécheurs LlS 164

Ou

Seigneur, tu nous appelles AeC 212
Je veux répondre, ô Dieu, AeC 415
O Seigneur, ta voix m’appelle AeC 416

[1] Rm 10.17 (Segond 21) : « Ainsi la foi vient de ce qu'on et ce qu'on vient de la parole de Dieu. »
[2] 2 Tm 3.15 (Segond 21) : « Les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi en Jésus-Christ. »
[3] Rm 1.16 (Segond 21) : « L'Evangile, c'est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit. »
[4] 1 Co 1.23 (Segond 21) : « Nous, nous prêchons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les non-Juifs. »