mardi 11 mai 2010

sermon du dimanche 9 mai 2010

Dimanche Rogate

avec

Entretien catéchétique

des Confirmands

James Ferret ( 09.07.95 ; bapt. 20.04.96)

Romain Besson (01.06.96 ; bapt. 30.06.96)

Texte : 1 Tm 2.1-6a

Chants proposés :

Père éternel et bon LlS 13:1-3

Grand Dieu, je me tiens à ta porte LlS 256:

Source de tous nos biens, auteur de notre vie LlS 356:1-3

Jésus-Christ, dans sa grâce, LlS 164:1-13

1 « J’encourage donc, avant tout, à faire des demandes, des prières, des supplications, des prières de reconnaissance pour tous les hommes,

2 pour les rois et pour tous ceux qui exercent l’autorité, afin que nous puissions mener une vie paisible et tranquille, en toute piété et en tout respect.

3 Voilà ce qui est bon et agréable devant Dieu notre Sauveur,

4 lui qui désire que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité.

5 En effet, il y a un seul Dieu et il y a aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, Jésus-Christ.

6 qui s’est donné lui-même en rançon pour tous. »

Chère assemblée

Et, particulièrement, chers James et Romain,

tous réunis à l’appel

du « seul Dieu »

et aussi du « seul Médiateur entre Dieu et les hommes : Jésus-Christ »,

L’essentiel de ce texte de l’apôtre Paul est bien connu, y compris de vous, James et Romain. Mais peut-être que vous ne saviez pas que ces passages se suivaient dans la Bible.

ð Le début se trouve dans la partie du catéchisme où l’on parle de la prière : « J’encourage donc, avant tout, à faire des demandes, des prières, des supplications, des prières de reconnaissance pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui exercent l’autorité » (v. 1-2)

ð La suite est souvent citée dans la prière générale après le sermon : « que nous puissions mener une vie paisible et tranquille, en toute piété et en tout respect. » (v. 2)

ð Vient ensuite un verset qu’on rencontre dans le catéchisme, dans le 3ème Article de la Foi chrétienne pour montrer que Dieu cherche à sauver tout le monde : « Dieu notre Sauveur, qui désire que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. » (v. 3-4)

ð Et l’on termine avec deux versets qui se trouvent dans le 2ème Article, là où il est question du rachat et de la médiation effectués par Jésus à notre profit : « En effet, il y a un seul Dieu et il y a aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, Jésus-Christ, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous. » (v. 5-6)

Cela devrait déjà nous rappeler que tout ce que Dieu dit dans la Bible s’articule harmonieusement. Les différents enseignements de la Bible ne forment pas un amas hétéroclite de vérités, mais un ensemble bien structuré où tout se tient, où tout est en rapport avec le centre de l’Evangile : la grâce de Dieu en Jésus-Christ. Même la prière.

Car c’est de la prière que nous allons parler aujourd’hui.

« Rogate », le nom du dimanche d’aujourd’hui, vient, comme les deux derniers dimanches, du premier mot en latin de l’Introït du jour. Après les exhortations « Jubilate », « réjouissez-vous ! » (Ps 66.1) et « Cantate », « chantez ! » (Ps 98.1), voilà « Rogate », « demandez », sollicitez, priez ! (Jn 16.24)

Comme le salut est destiné à tous,

nos prières aussi doivent se soucier de tous.

1. Dieu destine le salut à tous

James et Romain, vous nous avez déjà parlé dans le détail de l’amour de Dieu qui embrasse le monde entier. Vous nous avez présenté les aspects essentiels du 3ème Article du Credo, entre autre que « Dieu, notre Sauveur, désire que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (v. 4)

Vous avez montré, non pas que vous saviez tout – moi aussi je ne sais pas tout – mais que vous étiez tout heureux d’être « parvenus à la connaissance de la vérité », à la connaissance de Jésus-Christ, et que vous le considériez aussi comme votre « chemin », votre « vérité » et votre « salut » (Jn 14.6).

Vous nous avez dit que Jésus est mort pour tous sans exception, donc pour nous et pour vous aussi. Cette « connaissance » nous remplit tout d’abord … de honte, car nos péchés et notre perdition sont la raison pour laquelle Jésus a dû intervenir et se jeter comme « Médiateur » entre Dieu et nous. Cela, il l’a fait pour faire écran et prendre les coups à notre place. Ainsi il a calmé la colère de Dieu contre nous et nous a donné accès à Dieu.

Cette passerelle vers Dieu, Jésus l’a jetée pour tous, mais, malheureusement, tous ne l’empruntent pas.

Mais ce n’est pas parce que certains n’ont pas confiance dans une passerelle et ne s’y engagent pas que la passerelle n’existe pas ou qu’elle ne permet pas de passer.

Jésus est une passerelle – il est même LA passerelle unique mais sûre – entre nous et Dieu. Heureux ceux qui ont confiance en lui, ceux qui placent leur foi en ce qu’il a fait pour nous permettre de vivre en présence de Dieu.

Car

2. Jésus a vraiment bien fait son travail de « Médiateur » entre Dieu et nous, les pécheurs.

Dans la vie courante, un médiateur essaye d’arrondir les angles entre deux partis opposés, il essaye de trouver un compromis avec lequel les deux partis peuvent vivre. Et dans la vie, c’est bien ainsi.

Mais Dieu ne se prête pas à ce genre de jeu. Dieu est saint. Il ne cède pas sur ses exigences d’absolue sainteté. Il ne se contente pas non plus d’un remboursement ou d’une réparation au rabais. Pour pouvoir subsister en sa présence il faut soit être parfaitement saint, soit payer pour ses péchés. Il n’y a pas d’autre moyen de le rejoindre.

Comme nous ne sommes capables ni de l’un (être parfaitement sans péché) ni de l’autre (payer l’énorme dette contractée par nos péchés), Jésus s’est entremis. Il a pris les coups pour nous, et il a payé la note pour nous.

Paul écrit ici : « Jésus-Christ s’est donné lui-même en rançon pour tous. » (v. 6)

La vie de personne de moindre que le Fils de Dieu comme « rançon » pour nous libérer du châtiment mérité, ça c’est du solide. Et Dieu l’a accepté. Cette passerelle tient : nous pouvons l’emprunter sans hésitation.

Et elle tient, quel que soit le poids de ton péché ; elle tient, qui que tu sois ! … N’est-ce pas énorme ? Jésus s’est entremis et a payé en « victime expiatoire pour les péchés du monde entier » (1 Jn 2.1-2).

Dieu destine le salut à tous, Jésus est mort pour tous …

Comment, nous qui sommes les bénéficiaires de cette grâce universelle et de cette efficace médiation, comment ne pourrions-nous pas aussi avoir le soucis de tous ?

3. Nos prières aussi doivent se soucier de tous

Bien entendu que nous prierons plus et plus souvent pour ceux qui nous sont proches, pour nos proches dans la famille, nos proches dans la paroisse, nos proches dans le voisinage, nos proches au travail, nos proches par la foi dans nos Eglises sœurs et nos missions, pour les serviteurs de l’Eglise.

Il est normal que « les paroles de notre bouche », les prières que nous faisons monter vers Dieu, reflètent et expriment « les sentiments de notre cœur » (Ps 19.15), et que nos sentiments se préoccupent davantage de nos proches.

Mais priorité ne doit pas signifier exclusivité. Paul dit ici : « J’encourage donc, avant tout, à faire […] des prières […] pour tous les hommes » (v. 1)

Tous sont visés par l’amour de Dieu – c’est d’ailleurs ainsi que nous pouvons être certains qu’il nous aime nous aussi – tous ont été rachetés par Jésus-Christ – c’est pour cela que nous pouvons avoir la certitude d’avoir aussi été rachetés.

La conséquence en est que tous doivent aussi faire l’objet de nos prières. Bien entendu, il y a des personnes pour lesquelles nous prions individuellement : nos parents, notre conjoint, nos enfants, par exemple ; notre pasteur, nos diacres, des paroissiens dans le malheur ou à un moment important de leur vie (comme le mariage ou une naissance).

Bien entendu que nous ne pouvons pas prier individuellement pour les 6 861 990 987 personnes vivant sur les cinq continents. D’abord nous ne les connaissons pas personnellement, et ensuite ça bloquerait toute notre existence.

Mais l’actualité nous impose parfois des personnes ou des groupes de personnes pour lesquelles nous prions. Songez, par exemple, aux populations frappées par des catastrophes naturelles, le terrorisme ou les guerres.

Paul nous demande de prier particulièrement pour tous ceux qui peuvent favoriser « une vie paisible et tranquille, en toute piété et en tout respect » (v. 2)

Et là il cite « les rois et pour tous ceux qui exercent l’autorité » (v. 2). Aujourd’hui, en France, il citerait sans doute le président de la République, les ministres, les magistrats, les forces de police, les enseignants, même les responsables syndicaux, sans doute aussi les dirigeants des banques, sans doute aussi les gens de l’ONU.

Ce sont les efforts conjugués de ces gens qui nous permettent de « mener une vie paisible et tranquille ». S’ils exercent mal leur autorité, c’est le clash, comme en Grèce.

Peut-être que le président n’est pas de votre bord. Vous croyez qu’Hérode l’était à l’époque où Paul écrit ? Ou l’empereur ou le gouverneur romain ? Non, il s’agit de prier « pour tous ceux qui exercent l’autorité », pour qu’ils le fassent dans l’intérêt de la paix, de la justice et de la solidarité.

C’est dans de telles conditions de vie, de vie sociale apaisée, que nous pouvons aussi « mener une vie en toute piété et en tout respect » (v. 2)

Quel que soit le domaine que l’apôtre aborde, même la prière pour les autorités, il place toujours tout dans le cadre général du salut des âmes. Car tout – la vie familiale, la vie intellectuelle, la vie professionnelle, nos loisirs, la vie sociale, la vie politique – tout se résumera un jour, au jour de la mort, à la question : être sauvé ou ne pas être sauvé.

Voilà pourquoi nous voulons prier « pour tous les hommes », comme Jésus est mort pour tous et que Dieu a destiné sa grâce à tous !

Mais nous ne faisons pas que solliciter,

4. Nous voulons aussi remercier

Malheureusement, il n’y a pas que les enfants qui oublient parfois de dire : « Merci ! » Rappelez-vous l’histoire de la guérison des dix lépreux (Lc 17.11-19). Un seul sur dix est venu remercier Jésus. Et nous comprenons tous que les autres – les neuf ingrats – ont lamentablement échoué.,

Personne ne peut s’opposer à cette exhortation apostolique de Paul dans l’épître aux Colossiens : « Soyez reconnaissants ! » (Col 3.15). Cela tombe sous le sens qu’un croyant est une personne reconnaissante, reconnaissante à Dieu pour la création dans laquelle il nous a placés, pour les talents qu’ils nous a donnés, pour tout ce que son Fils nous a procuré par son sacrifice expiatoire et sa résurrection glorieuse, pour tout ce que le Saint-Esprit fait pour nous maintenir dans la foi.

Nous comprenons aussi que nous devions « être reconnaissants » envers ceux qui nous ont rendu service.

Mais comment réagissons-nous en entendant Paul nous dire : « J’encourage donc, avant tout, à faire […] des prières de reconnaissance pour tous les hommes » ? à remercier Dieu pour tous les hommes, pour ceux que nous aimons comme pour ceux avec lesquels nous avons des problèmes ?

Voyez-vous, cela n’est possible que si on replace tout dans le contexte de Dieu. Ailleurs Paul nous indique « que tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8.28), tout et tout le monde, car Dieu veut « changer en bien » ce que les hommes peuvent nous faire de mal.

Nous ne le voyons pas toujours tout de suite, parfois peut-être jamais, mais nous pouvons lui faire confiance, à « lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a donné pour nous tous » (Rm 8.32).

Alors disons, même quand nous sommes dubitatifs comme Pierre : « Sur ta parole je jetterai les filets » (Lc 5.5), sur ta parole, parce que tu dis qu’il y a des raisons de le faire, je vais te remercier d’avoir mis à mes côtés, ou au-dessus de moi comme autorités, des gens que je ne comprends pas, à qui je dois même m’opposer, à l’occasion.

Peut-être que le Seigneur veut me faire grandir dans la foi et dans l’amour par ceux qui me posent problème. Ici-bas, « nous marchons par la foi et non par la vue » (2 Co 5.7).

Ayons donc foi en notre Dieu Sauveur et acceptons avec reconnaissance tout ce qu’il nous envoie dans sa sagesse suprême et son amour sans bornes !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig, pasteur

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