dimanche 26 juillet 2009

Sermon du dimanche 26 juillet 2009 -7ème Dimanche après la Trinité

Jn 6. 29 + 32-35

+ 40 + 47-58

29 « Jésus leur répondit :

"L'oeuvre de Dieu, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé. […]

32 En vérité, en vérité, je vous le dis, ce n'est pas Moïse qui vous a donné le pain du ciel, mais c'est mon Père qui vous donne le vrai pain du ciel.

33 En effet, le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde."

34 Ils lui dirent alors :

"Seigneur, donne-nous toujours ce pain-là !"

35 Jésus leur dit :

"C'est moi qui suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n'aura jamais faim et celui qui croit en moi n'aura jamais soif. […]

40 En effet, la volonté de mon Père, c'est que toute personne qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et moi, je la ressusciterai le dernier jour. […]

47 En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle.

48 Je suis le pain de la vie.

49 Vos ancêtres ont mangé la manne dans le désert et ils sont morts.

50 Voici comment est le pain qui descend du ciel : celui qui en mange ne mourra pas.

51 Je suis le pain vivant descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement, et le pain que je donnerai, c'est mon corps, que je donnerai pour la vie du monde."

52 Là-dessus, les Juifs se mirent à discuter vivement entre eux, disant :

"Comment peut-il nous donner son corps à manger ?"

53 Jésus leur dit :

"En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez pas le corps du Fils de l'homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n'avez pas la vie en vous-mêmes.

54 Celui qui mange mon corps et qui boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai le dernier jour.

55 En effet, mon corps est vraiment une nourriture et mon sang est vraiment une boisson.

56 Celui qui mange mon corps et qui boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui.

57 Tout comme le Père qui est vivant m'a envoyé et que je vis grâce au Père, ainsi celui qui me mange vivra grâce à moi." »

Chers frères et sœurs,

qui avez « goûté

combien l’Eternel est bon ! »

(Ps 34.9)

Le texte d’Evangile pour ce dimanche, ce sont les 15 premiers versets de ce chapitre 6 de l’Evangile selon Jean. Nous l’avons entendu tout à l’heure : il s’agit de la multiplication des pains.

C’est aussi le texte proposé pour la prédication de ce jour. Mais comme j’ai prêché sur ce texte ce même dimanche de l’an passé, je me suis permis de voir un peu plus loin dans ce chapitre 6, et j’ai opté pour les versets que je viens de lire, centrés sur l’affirmation de notre Seigneur : « Je suis le Pain de la Vie ! » (v. 35, 48), « Je suis le Pain Vivant ! » (v. 51)

Il y a une raison à cela, non, deux raisons :

La première, c’est que Jésus se trouve en face de gens qui ne cherchent auprès de lui que des bénédictions matérielles ; mais lui veut les amener à chercher en lui celui qui leur apporte le salut et la résurrection. A partir du pain qu’il leur a donné à manger, il veut les amener à croire qu’il est « le Pain Vivant descendu du ciel » (v. 51) qu’il faut recevoir avec foi pour « avoir la vie éternelle » (v. 40).

« Vous me cherchez, » dit-il à la foule le lendemain de la multiplication des pains, « parce que vous avez mangé du pain et que vous avez été rassasiés. Travaillez […] pour la nourriture qui subsiste pour la vie éternelle, celle que le Fils de l’homme vous donnera. » (Jn 6.26-27)

La seconde raison du choix de ce texte – ceux qui participent aux études bibliques doivent s’en douter – c’est que nous nous trouvons dans une année Calvin (Jean Calvin est né il y a 400 ans), et qu’il a mal compris ce texte, ce qui l’a amené à élaborer une doctrine erronée de la Cène.

Voyons donc

ce quE JESUS DIT DANS ce texte

et ce qu’il n’y dit pas :

1. Ce qu’il dit :

« Celui qui vient à moi n’aura jamais faim

et celui qui CROIT en moi n’aura jamais soif ! »

(v. 35)

2. Ce qu’il ne dit pas :

Que « le corps » et « le sang »,

dans le style imagé de ce discours,

parleraient de la Cène

(v. 53-56).

X X X 1 X X X

Ce que Jésus dit dans ce texte : :

« celui qui vient a moi

n’aura jamais faim

et celui qui croit en moi

n’aura jamais soif !

Dès le départ, nous nous rendons compte que Jésus parle ici dans un style imagé, qu’il utilise des métaphores, des comparaisons. Personne ne songerait à dire qu’il est du pain, de la lumière, une porte, un gardien de moutons, un chemin, un cep, quand il dit ici : « Je suis le Pain de Vie » , ou ailleurs : « Je suis la Lumière du monde » (Jn 8.12 ; 9.5) ; « Je suis la Porte des brebis » (Jn 10.7+9) ; « Je suis le Bon Berger » (Jn 10.11+13) ; « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14.6) ; « Je suis le vrai Cep » (Jn 15.1+5).

Ailleurs, Jésus peut aussi parler directement en déclinant clairement son identité : Par exemple : « Je suis le Fils de Dieu » (Jn 10.36) ; « Je suis dans le Père et le Père est en moi » (Jn 14.10) ; « Je suis sorti de Dieu. Je suis sorti du Père » (Jn 16.27-28) ; « Je suis Roi […] venu dans le monde » (Jn 18.37).

Et toutes ces présentations de son identité culminent dans celle-ci : « Je Suis ». « Avant qu’Abraham soit né, Je Suis. » (Jn 8.58). Jésus s’adressait en araméen ou en hébreu à son auditoire. « Je Suis » est la traduction du nom hébreu « Yahweh », nom réservé à Dieu seul.

Quand il s’est présenté comme le « Je Suis »,

son auditoire l’a traité de blasphémateur :

« ils prirent des pierres pour les jeter contre lui. »

(Jn 10.59)

Eh non ! il ne blasphémait pas. Il est « le Pain de Dieu qui descend du ciel et qui donne la vie au monde » (v. 33).

La nourriture dont l’humanité pécheresse a besoin pour ne pas mourir de faim spirituelle, puis éternelle, pour « avoir la vie éternelle » et « ressusciter » (v. 40), c’est lui, Jésus, le Fils de Dieu.

Dans le domaine spirituel, c’est un peu comme dans le domaine physique.

Pour vivre il faut manger de la nourriture saine, des aliments sains qui nourrissent au lieu d’aliments avariés qui empoisonnent. Notre corps se porte plus ou moins bien selon que nous mangeons de façon plus ou moins saine, plus ou moins équilibrée.

Pour notre âme, c’est pareil : il faut lui éviter du pain avarié. Or, il n’y en a qu’un qui ne l’est pas, il n’y en a qu’un qui ne distille pas à doses plus ou moins fortes du poison pour l’âme. Il n’y en a qu’un qui n’est que « pain de vie » (v. 35 ; 48), que « pain vivant » (v. 51), un pain qui n’est pas inerte mais qui « a la vie en lui-même » (Jn 5.26) et « qui donne la vie » pour l’éternité, c’est Jésus, « le Pain de Dieu descendu du ciel et qui donne la vie au monde » (v. 33).

« Voici comment est le pain qui descend du ciel : celui qui en mange ne mourra pas. » (v. 50)

Bien entendu, un tel pain intéresse. Toute la recherche scientifique n’a actuellement que pour but ultime de repousser, voire – ah ! si on le pouvait ! – de supprimer la mort. Si un pain aussi miraculeux existait, on donnerait cher pour aller le trouver ! Pas étonnant que ses auditeurs « lui dirent : « Seigneur, donne-nous toujours ce pain-là ! » (v. 34)

Et, surprise ! il existe. « Je suis le pain vivant descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement ! » (v. 51)

« Là-dessus, les Juifs se mirent à discuter vivement entre eux. » Avouez qu’on peut les comprendre. Cela fait des siècles que nous avons le Nouveau Testament et que nous connaissons les parole de notre Seigneur, mais eux, les Juifs de l’époque, ont été pris au dépourvu. « Ils dirent : "Comment peut-il nous donner son corps à manger ?" » (v. 52)

Mais Jésus ne reste pas dans le vague. S’il est « descendu du ciel » en tant que « Pain de Vie », il va bien indiquer comment on peut le recevoir, le « manger ».

Et là, nouvelle surprise : Jésus parlait en images. Maintenant il explique en quoi consiste manger le pain qu’il est : « Celui qui vient à moi n’aura jamais faim et celui qui croit en moi n’aura jamais soif. La volonté de mon Père c’est que toute personne qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle […]. Celui qui croit en moi a la vie éternelle » (v. 35-36+47).

Avec ses propres explications, l’image prend sens, cela devient clair : c’est par la foi – en croyant en lui et dans la vie qu’il donne – qu’on reçoit Jésus, « le Pain de Vie », « le Pain vivant » qui vivifie pour ce temps et pour l’éternité..

Avec ces paroles il insiste pour nous inviter à profiter de lui, à profiter de sa mort expiatoire, car, dit-il, « le pain que je donnerai, c'est mon corps, que je donnerai pour la vie du monde ». (v. 51

Croyez en moi ! Faites confiance à ce que j’ai fait pour vous ! Fondez votre espoir sur ce que j’ai enduré et accompli à votre place pour vous ! Venez trouver auprès de moi l’assurance que grâce à moi, et unis à moi par votre foi, vous ne manquerez de rien, de rien de ce qui est réellement nécessaire.

« Celui qui vient à moi n’aura jamais faim et celui qui croit en moi n’aura jamais soif. » (v. 35) N’avons-nous pas faim de l’amour de Dieu, faim et soif de son pardon, soif de certitude que Dieu se tient à nos côtés dans la vie et qu’il nous recevra dans la félicité éternelle ?

Allons à Jésus avec repentance et foi ! Rassasions-nous auprès de lui, « le Pain de la Vie », de paix, de joie et de certitude, au milieu de cette vie faite d’incertitudes, de culpabilité et de peur !

« Goûtez et voyez combien l’Eternel est bon ! Heureux l’homme qui cherche refuge en lui ! » (Ps 34.9)

« En effet, » nous rassure ici notre Seigneur, « la volonté de mon Père, c'est que toute personne qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et moi, je la ressusciterai le dernier jour. » (v. 40)

Après avoir vu ce que Jésus nous dit dans ce texte, voyons maintenant

X X X 2 X X X

Ce que Jésus ne dit pas ici :

Que « le corps » et « le sang »,

dans ce style imagé,

parleraient de la Cène !

Une des règles à suivre en lisant la Bible, c’est de ne déduire des enseignements sur un sujet donné que de passages qui parlent clairement de la vérité en question. Exemples :

Pas tous les passages où apparaît le mot hébreu « messie » – celui qui a reçu l’onction – parlent du « Messie » divin : les rois étaient aussi oints, de même que les grands prêtres. Aussi peut-on rencontrer des passages où des rois sont appelés (mot à mot) « messie de l’Eternel » (1 S 26.9+11+16+23) et d’autres où des prêtres s’appellent « prêtre messie » (Lv 4.3) sans qu’il soit question du Fils de Dieu et Sauveur du monde. Il est vrai que les traducteurs, pour éviter tout malentendu, n’ont pas laissé le mot « messie » dans ces passages mais l’ont rendu par : « celui qui a reçu l’onction ».

Pareillement, tous les passages qui parlent d’« eau vive » (Jn 4.10) ne parlent pas du Baptême. Et tous les passages bibliques qui parlent de « pain », de « corps » et de « sang » ne parlent pas de la Sainte Cène.

Il faut y regarder de près et lire les passages imagés à la lumière des passages clairs.

Or, nous l’avons vu, dans notre texte, Jésus utilise un langage imagé, contrairement à ce qu’il fait quand il institue la Cène. Là-bas il parle de pain réel qu’il a « pris » sur la table, qu’il a « rompu » et distribué aux disciples (1 Co 11.23-24). Pareil pour le vin. Puis L’apôtre Paul clairement qu’ils ont « mangé du pain » et « bu de la coupe » (1 Co 11.25-26) Ce n’était pas imagé : ils ont réellement mangé du pain du boulanger et bu du vin du vigneron. – Première différence avec notre texte de Jean 6.

Quand Jésus institue la Cène, il dit clairement que « sous les espèces du pain et du vin » (Luther, Petit Catéchisme) il nous donne non pas une image de son corps et de son sang, mais bien « son corps rompu » ou « donné pour nous » (1 Co 11.24 ; Lc 22.19), son « sang versé pour nous » (Mc 14.24 ; Lc 22.20) « pour le pardon des péchés » (Mt 26.28).

Il n’a pas expié nos péchés avec une image de son corps et de son sang, il ne nous a pas obtenu le pardon, la vie et le salut par une mise en scène trompeuse, mais bien en livrant son vrai corps dans la mort et en versant son vrai sang sur la croix.

Or, dans le discours qu’il tient dans notre chapitre 6 de l’Evangile selon Jean, « manger son corps et boire son sang » (v. 53-55) sont le langage imagé pour désigner la foi qui reçoit les bienfaits du sacrifice du Christ. – Deuxième différence.

Vient la troisième, peut-être, sous certains aspects, la plus décisive.

Là où Jésus a institué la Cène et où il parle en langage non imagé, il nous met en garde contre une participation indigne à la Cène. Ainsi l’apôtre Paul écrit aux Corinthiens : « Celui qui mange ce pain et qui boit la coupe du Seigneur indignement sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. Que chacun donc s’examine lui-même, et qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe, car celui qui mange et boit indignement, sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement contre lui-même. » (1 Co 11.27-29)

Bref, si l’on ne prend pas la Cène dans un état de repentance et de foi, on la prend « indignement », pour son « jugement » !

Or, dans notre texte, avec son langage imagé, Jésus dit : « Celui qui mange mon corps et qui boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai le dernier jour. » (v. 54) Ou : « Celui qui me mange vivra grâce à moi ! » (v. 57)

Ici, il n’y a pas d’exceptions malheureuses : tous ceux qui font ce qui est décrit de façon imagée par manger son corps et boire son sang, tous sans exception reçoivent « la vie éternelle » « grâce à lui ».

Jésus lui-même donne l’explication de ce langage imagé : « En vérité, en vérité, je vous le dis : celui qui croit en moi a la vie éternelle ! » (v. 47)

Et bien entendu, tous ceux qui mangent spirituellement « le Pain de la Vie », tous ceux qui boivent spirituellement son sang en plaçant leur espérance en son expiation des péchés, tous ceux-là ont la bonne disposition du cœur, tous ceux-là sont « dignes et bien préparés » (Luther, Petit Catéchisme), car ils sont repentants et croyants. Tous ceux-là, sans exception, sont pardonnés et sauvés.

C’est là une façon imagée de manger et de boire, c’est la foi en Jésus-Christ, et aucun de nous qui croyons en Jésus-Christ ne sera condamné pour ses péchés.. Dans la Cène, par contre, nous recevons le vrai corps et le vrai sang du Christ. Et là on peut les prendre pour son jugement si on n’est pas repentant et croyant. – Voilà la troisième différence.

On aurait pu imaginer que Calvin comprenne notre texte imagé à la lumière des claires paroles d’institution de la Cène par notre Seigneur. Il a fait le contraire : il a déformé le sens des paroles d’institution en les pliant au langage imagé de notre texte.

Il en arrive ainsi – en opposition flagrante aux paroles claires de l’apôtre Paul – à dire que les incroyants ne reçoivent pas le corps et le sang du Christ dans la Cène et que les impénitents et les incroyants n’y reçoivent pas le corps et le sang du Christ pour leur jugement.

C’est malheureux, vu tout ce que Calvin a apporté aux Eglises de langue française. C’est malheureux qu’il ait été aveugle sur ce point, alors qu’il a – heureusement, pour le salut de nombreux croyants réformés ! – clairement annoncé le salut par la foi en Jésus-Christ par pure grâce, sans aucun mérite de notre part.

Que cela nous soit un encouragement

Ø à lire la Parole de Dieu avec soin,

Ø à apporter les sacrifices nécessaires pour que nos futurs pasteurs suivent une bonne formation théologique,

Ø à croître dans la connaissance pour pouvoir discerner le bon – et en remercier Dieu ! – du faux et pouvoir « dire la vérité avec amour » (Ep 4.15) !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig


Chants proposés :

Je veux chanter de tout mon coeur, LlS 246 :1-5

Ø Liturgie d’entrée

Ô Dieu, si ton Fils bien-aimé LlS 223 : 1-2+8

Ø Prédication

L’Eternel est ma part, mon salut, LlS 221 : 1-2+5

Ø Liturgie finale*

Sermon de funérailles - mercredi 22 juillet 2009

Enterrement

Caroline MONTELLA née Braun

(21.01.1912 - 15.07.2009)

1 PIERRE 5 : 10-11

« Le Dieu de toute grâce,

vous a appelés en Jésus-Christ à sa gloire éternelle.

Après que vous aurez souffert un peu de temps,

Il vous rétablira lui-même, vous affermira,

vous fortifiera, vous rendra inébranlables.

À lui soient la gloire et la puissance aux siècles des siècles ! Amen ! »

Chers amis, frères et soeurs,et plus particulièrement vous, qui prenez congé de votre mère, belle-mère ou grand-mère !

J’aime bien écouter de la musique en travaillant. C’est ainsi que j’ai écouté, en rédigeant cette prédication, la fin de l'oratorio « Le Messie » de Haendel. Et cela a commencé par les choeurs qui chantaient le fameux « Alléluia ! », ce qui signifie : « Louez le Seigneur ! »

Cela cadrait-il avec le message que je devais vous délivrer aujourd'hui ? N'est-ce pas déplacé de louer le Seigneur en présence de ce cercueil ? Eh bien, au risque d'en surprendre quelques-uns – mais les croyants seront d'accord avec moi – le départ de cette vie d'un croyant est effectivement un sujet de joie et de gratitude envers Dieu.

D'ailleurs, le texte proposé à votre méditation est traversé d'espérance et de joie, et non pas empreint de tristesse et de consternation. Ce sont les deux derniers versets de la Première Epître de Pierre, juste avant les salutations. C'est une confession de foi joyeuse et sereine en la puissance et la grâce avec lesquelles Dieu nous traite pour notre bonheur sans fin.

Il vaut la peine de réentendre ce texte si réconfortant en cet instant de peine profonde :

« Le Dieu de toute grâce,

vous a appelés en Jésus-Christ à sa gloire éternelle.

Après que vous aurez souffert un peu de temps,

Il vous rétablira lui-même, vous affermira,

vous fortifiera, vous rendra inébranlables.

À lui soient la gloire et la puissance aux siècles des siècles ! Amen ! »

Il ressort de ce texte :

En Christ,

Dieu

1. nous applique sa grâce,

2. nous appelle à sa gloire éternelle,

3. nous enveloppe de sa toute-puissance.

X X X 1 X X X

1ère révélation de notre texte :

En Christ, Dieu nous applique sa grâce.

Pas simple à croire ! Ne serons-nous pas tous pareillement étendus un jour dans un cercueil comme notre sœur ? « La mort » ne « s'est »-elle pas « étendue à tous les hommes parce que tous ont péché » ? (Rm 5.12)

Il ne sert à rien de se boucher les yeux et les oreilles et de nier l'évidence. Toi comme moi, nous tous, nous sommes loin d'être parfaits, loin de placer en toutes choses notre confiance pleinement en Dieu seul, loin de le craindre et de l'aimer par-dessus tout, loin aussi d'aimer tous nos prochains comme nous-mêmes.

Il ne sert à rien non plus de se dire : « D’accord, mais je suis meilleur que celui-ci, pas aussi mauvais que celle-là ; moi j'ai toujours honoré mes parents, je n’ai jamais porté atteinte à la vie de quelqu'un, j’ai toujours respecté le saint état du mariage, je ne me suis jamais approprié par des voies injustes les biens de qui que ce soit, ni répandu de commérages à son sujet, ou convoité ce qui appartient aux autres ! »

Ce genre d'excuses ne trompe pas Dieu. « Dieu sonde les reins et les coeurs. » (Jr 11.20) Il ne s'arrête pas à notre apparence, mais connaît les pensées que nous n'oserions pas répéter à voix haute devant n'importe qui.

Non, reconnaissons la vérité de cette affirmation biblique – et reconnaissons avec humilité et honnêteté qu'elle parle bien de chacun de nous, et pas seulement des autres : « Il n'y a sur la terre aucun homme juste qui fasse le bien et qui ne pêche jamais. » (Ec 7.20)

Nous sommes donc tous coupables devant Dieu et méritons sa colère et son châtiment dans cette vie et pour l'éternité.

Que faire alors ? Nous lamenter ? Perdre les nerfs ? Noyer notre angoisse de la mort en nous jetant dans les plaisirs de la vie ?

Vous savez, la politique de l'autruche n'est pas plus sage face à Dieu que face à une armée ennemie. D'ailleurs, nous avons tout intérêt à regarder les choses en face, à regarder Dieu en face tel qu'il se présente à nous dans l'Évangile. Contre toute attente, cela nous calmera !

C'est que nous découvrirons alors avec étonnement un « Dieu de toute grâce », un Dieu qui a fait le nécessaire pour que nous n'ayons plus à trembler devant sa colère toute-puissante et dévastatrice.

Oui, nous avons mérité la colère de Dieu et son châtiment pour le temps et pour l'éternité. Mais dans sa clémence, notre Créateur a fait en sorte qu'une solution soit trouvée à notre situation désespérée.

Cette solution s'appelle Jésus-Christ. Et c'est la seule échappatoire possible, le seul moyen de voir Dieu réconcilié avec nous.

L'inouï, l'incroyable, s'est produit ! Dans son grand amour pour nous, Jésus s'est fait punir à notre place pour détourner de nous ce châtiment mille fois mérité. Et devant notre imperfection et incapacité à satisfaire Dieu par une vie de sainteté et de perfection totales, il est intervenu pour vivre une telle vie à notre place.

« En Jésus » – comme Pierre nous le dit dans notre texte – il y a une solution pour s'en sortir, pour échapper à la terrible colère de Dieu. Cette solution consiste à ne plus compter sur sa propre dignité, mais à se réfugier en toute confiance auprès du Christ, à placer sa foi dans ce qu'il a fait pour nous.

Le Dieu qui a préféré nous traiter selon sa compassion plutôt que selon nos mérites, ce « Dieu de toute grâce nous a appelés en Christ ! »

Et il continue de « nous appeler » et d'« appeler » les personnes du monde entier à se détourner de leurs péchés et à se tourner dans la foi vers son Fils pour recevoir, grâce à lui, le pardon, et pour avoir part à sa victoire sur la mort.

Ce Dieu, t'appelle, m'appelle, nous appelle. Vas-tu l'écouter et te laisser arracher par lui à ta perte ? … ou préfères-tu continuer à le repousser pour vivre dans l'impénitence et l'incrédulité ? C'est toute la question.

Votre mère, belle-mère et grand-mère – notre soeur en Christ – avait entendu cet appel du « Dieu de toute grâce ». Et elle s'en réjouissait. Elle savait et croyait qu'« en Christ », Dieu s'est tourné vers elle pour lui appliquer sa « grâce » au lieu de la traiter avec colère !

Elle savait aussi, et c'est là la

X X X 2 X X X

2ème révélation de notre texte :

En Christ, Dieu nous appelle à

sa gloire éternelle.

La belle « gloire » ! objecteront certains ! La gloire d'un corps inerte et en décomposition dans un cercueil !

Il ne viendrait à personne ici l'idée de nier le sort qui attend nos corps après le décès. Effectivement, le corps est encore, pour un temps, exclu de « la gloire » qui nous attend et qui est réelle. « e Dieu de toute grâce nous a appelés en Jésus-Christ à sa gloire éternelle. »

La mort du corps n'est qu'une étape passagère. Un jour, « il ressuscitera glorieux », lui aussi (1 Co 15.43). À son retour en gloire, « Jésus-Christ transformera notre corps de misère pour le rendre conforme à son corps glorieux » (Ph 3:21).

Et ce qui se passe avec ce corps, là, devant nous – ou plus tard avec les nôtres – ne doit pas nous effrayer. Ce n'est que notre enveloppe. Nous avons été créés corps et âme. Si nous avons vécu et sommes morts dans la foi en Christ, le plus important, notre âme, passe directement dans la gloire céleste au moment de notre décès.

Rappelez-vous ce que le Christ a promis au criminel repentant crucifié à côté de lui : « Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis ! » (Lc 23.43) Pourtant, plus tard, le cadavre de ce larron pendait toujours à la croix ! Mais son âme avait rejoint le Seigneur au paradis.

Avant de mourir, il s'était tourné dans la foi vers le Christ. Bien lui en prit ! « En Christ » – pour l'amour de Jésus dans lequel il avait placé sa foi – « le Dieu de toute grâce » l'a reçu dans « la gloire éternelle ».

C'est ce qui nous console et nous réconforte ; c'est même ce qui nous réjouit aujourd'hui : de savoir que notre soeur décédée se trouve, selon l'âme, auprès de son Seigneur dans la félicité éternelle.

Certes, lorsqu'un être cher nous quitte pour longtemps, et plus encore lorsqu'il nous quitte pour toujours ici-bas, nous en sommes attristés. Nous ne pouvons plus lui faire plaisir, plus nous réchauffer des rayons de son affection, plus profiter de son aide et de ses conseils. Dans certains cas, cette séparation est même douloureuse et catastrophique.

Mais lorsqu'il s'agit d'une personne qui avait placé sa foi « en Christ », nous savons, qu'en mourant, elle a gagné au change. Pour un croyant « la mort représente un gain ! » s'exclame Paul (Ph 1.21). « Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur, et ce dès maintenant ! Oui, dit l'Esprit, ainsi ils se reposent de leurs travaux, mais leurs oeuvres les suivent. » (Ap 14.13)

Rappelons ce que Pierre écrit ici aux croyants, à ceux qui placent leur foi en Christ : « Le Dieu de toute grâce vous a appelés en Jésus-Christ à sa gloire éternelle. » – C'est là à la fois une promesse et une mise en garde.

Une mise en garde : celui qui ne s'accroche pas au Christ avec repentance et foi, ratera ce passage unique de cette vie dans la gloire céleste. Il n'y a que le Christ qui peut nous faire passer.

Et c'est une promesse : celui qui a placé sa foi en Christ jusqu'à la fin, n'aura rien à craindre de la mort ; elle devra le laisser passer avec son Sauveur sans pouvoir le toucher. Il ne connaîtra pas le côté terrible de la mort, la damnation éternelle corps et âme.

La raison en est simple : si tu regrettes tes péchés, t'en repens et que tu en appels à l’expiation que Jésus en a faite pour toi, Dieu ne te tient plus rigueur de tes péchés et te pardonne. Pour l'amour de Christ auquel tu fais appel, Dieu n'est plus contre toi, mais réconcilié. Tes péchés ne t'empêchent plus d'entrer dans sa communion de vie, pas non plus d'entrer dans sa gloire céleste.

Inutile d'ajouter que si tu ne te repens pas de tes péchés, et si tu ne demandes pas pardon à Dieu pour l'amour de son Fils, « la colère de Dieu demeure » sur toi (Jn 3.36), et au lieu de la gloire éternelle tu connaîtras la damnation éternelle. Dans ce cas il n'y aurait pas de quoi se réjouir le jour de ton enterrement, comme nous pouvons – Dieu en soit loué ! – le faire aujourd'hui.

Notre soeur décédée se consolait de savoir qu' « en Jésus-Christ, le Dieu de toute grâce l'avait appelée à sa gloire céleste ». Et elle demandait chaque soir au Seigneur qu’il la maintienne dans cette foi et cette consolante assurance.

Mais dans les coups durs elle savait aussi, et c'est là la

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3ème révélation de notre texte :

EN CHRIST,

DIEU NOUS ENVELOPPE DE

SA PUISSANCE ÉTERNELLE

Il nous arrive – et peut-être l'un ou l'autre se trouve-t-il actuellement exactement dans cette situation – où nous soupirons : « C'est bien beau de savoir qu'après cette vie nous irons au ciel ! Pour l'instant, je suis encore sur terre, et j'ai du mal à m'en sortir ! Je n'y suis pas encore, dans cette félicité éternelle. Au lieu de me consoler avec l'éternité, j'aurais besoin de réconfort pour le temps que j'ai encore à passer ici-bas ! »

Qui n'a pas déjà connu ce « désir de s'en aller et d'être avec Christ » (Ph 1.23), ou de voir le Christ intervenir puissamment dans sa vie pour faire changer les choses ? Notre soeur a certainement connu de ces moments aussi.

Sachez-le, « le Dieu de toute grâce » n'est pas seulement un Dieu de l'éternité, il est aussi le Dieu du présent. Certes, grâce à Christ, nous qui plaçons notre foi en lui, nous pouvons avoir la certitude qu'il nous recevra dans la félicité éternelle.

Mais il y a plus ! Pour parler avec l'apôtre Paul, « si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?» (Rm 8.31) Alors il veille sur nous ici-bas à chaque instant et « fait tout contribuer à notre bien » (Rm 8.28), même notre décès.

Il est vrai, il faut rester humble devant la grandeur de la sagesse de Dieu. Il ne faut pas vouloir lui dicter la façon d'agir pour notre bien, comme Marie a voulu le faire aux noces de Cana. Qu'il nous suffise de savoir que « rien ne peut nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ, » (Rm 8.39), pas non plus les épreuves et les déceptions.

Méditons l'oeuvre de notre Sauveur ! Là, nous comprendrons combien nous avons besoin de lui. Mais là, nous puiserons aussi la certitude que, grâce à son intervention en notre faveur, Dieu est « réconcilié » avec nous, il est maintenant « pour nous ». Là, nous apprendrons à dire, au milieu des épreuves : « Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux, » puisque tu m'enveloppes de ta puissance souveraine et de ton amour sans borne.

Non, nous ne comprenons pas pourquoi Dieu trouve bon de nous faire passer par telle épreuve qu'il épargne à d'autres. Mais la croix de Golgotha est la preuve qu'il nous aime « en Christ » et qu'il nous porte à travers l'épreuve vers le but si nous ne lui retirons pas notre confiance.

Cette parole de notre texte s'est aussi appliquée à notre sœur : « Après que vous aurez souffert un peu de temps, il vous rétablira lui-même, vous affermira, vous fortifiera, vous rendra inébranlables. Nous aussi, il veut nous modeler et nous préparer à le rencontrer pour partager son éternité.

Aussi, consolez-vous avec ces trois vérités de notre texte :

En Christ, Dieu

1. nous applique sa grâce,

2. nous appelle à sa gloire éternelle, et

3. nous enveloppe de sa puissance éternelle !

« À lui soient la gloire et la puissance aux siècles des siècles ! Amen ! »

Jean Thiébaut Haessig


Chants :

Il est pour le fidèle Au-delà du tombeau AeC 640:1-4

Jérusalem, cité sainte, Séjour de l’éternité AeC 635:1-4

A Dieu seul j’abandonne AeC 634:1-4