lundi 30 avril 2012

Sermon du Dimanche 29 Avril 2012


Dimanche Jubilate.     1 Co 4.16-18

                                              
Chants proposés :
A toi la gloire, ô Ressuscité ! A toi la victoire       LlS 100:1-3
(chaque fois une strophe après l’AT, l’Ep et l’Evangile)
Christ est ressuscité ! c’est le cri de victoire       LlS 102:1+4+5
Seigneur, dirige tous mes pas vers le ciel,           LlS 305:1-3
Entonnons en ce jour un cantique novueau        LlS 103:1-6
Venez, enfants de Dieu, venez, peuple fidèle,    LlS 170:1-6


16   « Voilà pourquoi nous ne perdons pas courage. Et même si notre être extérieur se détruit, notre être intérieur se renouvelle de jour en jour.
17   En effet, nos légères difficultés du moment présent produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire.
18    Ainsi nous regardons non pas à ce qui est visible, mais à ce qui est invisible, car les réalités visibles sont passagères et les invisibles sont éternelles. »

Chers frères et sœurs renouvelés de jour en jour
pour une destinée éternelle !
« Voilà pourquoi ! » (v. 16) C’est ainsi que commence notre texte. Ces petits mots de transition passent souvent inaperçus. On remarque et souligne plutôt les affirmations centrales, fondamentales, et on a raison. C’est le morceau de rôti qui est important. Mais que serait-il sans les quelques grains de sel ou de poivre ?
Pareillement, n’oubliez pas, en lisant la Bible, de vous arrêter sur de petits mots, de petites expressions comme : « voilà pourquoi ! » (v. 16) « en effet » (v. 17), « ainsi » (v. 18) « car » (v. 18), « donc » (Rm 5.11), « puisque » (Rm 6.1). L’apôtre Paul les utilise à foison.
C’est que, dans l’Evangile, tout se tient. La Parole de Dieu n’est pas un amas de pièces éparses sans lien entre elles, c’est une Bonne Nouvelle structurée où tout s’emboîte, où chaque chose a sa place, où il ne faut pas négliger les contextes, les causes, les raisons, les mobiles et les buts.
En faisant commencer notre texte par « voilà pourquoi », le Saint-Esprit nous place dans le contexte. Lequel ? Nous le verrons plus loin.
Il est vrai que quand on perd ses repères, quand on ne voit pas le pourquoi des choses, on peut être déboussolé, on a du mal à trouver du sens à ce qui se passe.
Cela peut concerner notre vie personnelle, notre vie familiale ou professionnelle, l’avenir de la paroisse ou de l’Eglise en général dans ce monde, voire l’avenir de notre pays et la situation mondiale en cette période que tout le monde qualifie de crise.
Dans ce contexte, notre texte de l’apôtre Paul vient à propos. Mais quelle parole d’Evangile ne vient pas à propos dans notre vie ?
Il nous fait comprendre :
AUCUNE RAISON DE PERDRE COURAGE !
                     Il est vrai :
1.  Tout, ici-bas, est éphémère ;
                     mais
2.  Jésus est ressuscité !
3.  c’est une destinée glorieuse et éternelle que la nôtre !
4.  notre être intérieur se renouvelle dans ce but.
X X X 1 X X X
Aucune raison de perdre courage :
même si
ICI-BAS TOUT EST EPHEMERE !
Quand nous regardons autour de nous, nous ne trouvons rien d’éternel. La maison la plus neuve demande rapidement des travaux non seulement d’entretien, mais aussi des réparations.
La voiture la plus neuve devra un jour être réparée, des parties remplacées, avant qu’elle ne soit remplacée en entier par une autre voiture qui, elle aussi, ne restera neuve qu’un temps.
Quand on vous vend de l’électroménager ou n’importe quel appareil, on vous propose de prendre une garantie car le jour viendra où il faudra faire faire de réparation.
Si l’on parle de « la force de l’âge », c’est qu’elle est suivie par des années où cette force décline et où des problèmes de santé se multiplient, signes avant-coureurs de notre mort. Paul dit ici : « Notre être extérieur se détruit » (v. 16).
Même les nations, y compris les grandes puissances d’aujourd’hui, sont éphémères. Où est l’éclatante Egypte de l’Antiquité ? Où ont passé les empires des Assyriens, des Babyloniens, des Hittites, d’Alexandre le Grand, ou de Rome ? Ils ont été éphémères comme l’a été l’ancien régime ou l’empire napoléonien. Et ne nous berçons surtout pas d’illusion : un jour les gens auront besoin d’une carte pour découvrir où se trouvait la République Française à un moment donné de l’Histoire.
Il n’y a pas que les hommes politiques qui passent : avec les siècles, les pays et les frontières, même les langues laissent place à d’autres.
« Les réalités visibles » – toutes « les réalités visibles » « sont passagères » (v. 18). Tout ce qui nous entoure – nous y compris – ne fait que passer. Un autre apôtre – Pierre – le dit ainsi : « étrangers et passagers sur la terre » (1 P 2.11).
Ce caractère éphémère de toute chose, nous le savons, vient de notre mortalité, conséquence de notre état pécheur. Et tout notre environnement a été « maudit » (Gn 3.17) à cause de nous et est atteint par ce même mal : le caractère passager, le caractère mortel.
Nous pourrions avoir deux sortes de réactions malencontreuses : mépriser « les choses visibles », ou déprimer, « perdre courage » (v. 16).
Tout ce que Dieu nous dit dans la Bible, nous rappelle que Dieu ne veut pas que nous nous désintéressions de ce monde qui passe. Il prône l’engagement responsable dans le pays, comme citoyen, comme travailleur, comme parent, comme paroissien, comme gérants et administrateurs de ce monde bien qu’éphémère.
Il ne nous dit pas : Ne vous occupez pas de votre santé ; de toute façon vous allez mourir quoi que vous fassiez. Au contraire, il veut même que nous le priions de nous faire guérir.
Mais ici, il ne parle pas de cela, mais de quelque chose qui est plus important. Quand il écrit : « Nous regardons non pas à ce qui est visible, mais à ce qui est invisible, car les réalités visibles sont passagères et les invisibles sont éternelles » (v. 18), il veut nous insuffler du courage devant « les difficultés » (v. 17) que nous rencontrons, dans les combats de la vie. Il ne dit pas : « Baissez les bras ; de toute façon ce que vous faites n’est que pour un temps ! »
Non il dit : « Dans vos "difficultés", tenez bon, ne désertez pas vos responsabilités, ne perdez pas l’intérêt pour le cadre de vie dans lequel Dieu vous a placés, mais, pour tenir, pour vous engager, n’oubliez pas que vous êtes en route vers autre chose. Cela devrait vous aider. »
Et pour que nous ne perdions pas courage dans l’accomplissement de nos tâches parmi « les choses visibles » ici-bas, il nous dit :
X X X 2 X X X
Aucune raison de perdre courage !
N’oubliez pas :
JESUS EST RESSUSCITE !
Il est vrai, dans notre texte Paul ne parle pas de la résurrection de Jésus. Pourtant elle y est présente. Elle y est présente à travers ce fameux « voilà pourquoi ! » dont j’ai parlé en introduction.
Avant notre texte, Paul a écrit : « Nous savons, en effet, que celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera aussi par Jésus et nous fera paraître […] en sa présence. » (2 Co 4.14)
« Voilà pourquoi nous ne perdons pas courage. » N’oubliez pas : nous nous trouvons dans le temps de Pâques. C’est la foi et la joie de Pâques qui traversent notre texte. C’est pour cela qu’il a été choisi comme un des textes de ce dimanche « Jubilate », « Réjouissez-vous ! »
Jésus est ressuscité – et il nous fera ressusciter ! Nous partageons son devenir, nous sommes participants de sa victoire sur tout ce qui est éphémère. Par lui et grâce à lui nous avons été arrachés au caractère éphémère et passager des choses.
Par lui et grâce à lui, le caractère « passager » des « réalités visibles » (v. 18) ne nous déprime plus : quand je vois que ma santé se détériore, je sais que ce n’est que « passager », mais que le Christ ressuscité m’a libéré pour m’arracher à cette tendance « destructrice » (v. 14) et pour me faire connaître une existence éternelle.
X X X 3 X X X
Aucune raison de perdre courage !
N’oubliez pas : C’est
une destination glorieuse et éternelle
que la nôtre !
« Ainsi nous regardons non pas à ce qui est visible, mais à ce qui est invisible, car les réalités visibles sont passagères et les invisibles sont éternelles. » (v. 18)
Encore une fois, il ne faut pas mal comprendre l’apôtre. Il ne veut pas que nous nous détournions des affaires de ce monde, de « ce qui est visible ».
Rappelez-vous comment il a « remonté les bretelles » aux Thessaloniciens (excusez cet anachronisme : à l’époque les bretelles n’existaient pas), rappelez-vous donc comment il les a vertement secoués parce qu’ils ne faisaient plus rien, mais se cantonnaient à attendre de façon oisive et désintéressée le retour du Seigneur pour le Jugement dernier. Dans deux lettres successives Paul les a exhortés à s’investir dans la vie active, à s’engager dans la vie de la cité.
Mais nous avons quelque chose de plus, quelque chose de plus grand, qui nous porte, qui nous anime, qui nous transcende, ce sont « les réalités invisibles » qui « sont éternelles », qui ne passent pas comme tout ce dont nous nous occupons ici-bas.
Le caractère éphémère des choses dont nous nous occupons ici-bas peut nous décourager : à peine a-t-on fait le ménage qu’il faut recommencer ; à peine croit-on avoir réparé la voiture qu’elle lâche ailleurs ; à peine a-t-on fait une réfection à la maison, qu’il faut appeler le plombier pour autre chose. A peine est-on guéri d’une maladie – ou a-t-on au moins trouvé un traitement permettant de vivre avec – qu’un autre organe se met à flancher.
Mais ce ne sont là que de « légères difficultés du moment présent » comparées au « poids éternel de gloire » que nous devons à notre divin Ressuscité (v. 17). Comparée à « la gloire à venir » «  les souffrances du moment présent » pèsent peu (Rm 8.18).
De savoir cela, nous rend forts et confiants, confiants dans le divin Ressuscité, son règne et son accompagnement. Et cela rend « les difficultés du moment présent » plus « légères », même quand elles nous obligent à serrer les dents et nous font mal. Elles pèsent moins comparées au « poids éternel de gloire » que la résurrection de Jésus nous garantit.
C’est pour cela que, dans la difficulté, « nous regardons non pas à ce qui est visible, mais à ce qui est invisible, car les réalités visibles sont passagères et les invisibles sont éternelles. »
Ce sont elles qui nous donnent la force de gérer nos affaires ici-bas quand celles-ci nous pèsent. « Voilà pourquoi nous ne perdons pas courage », « voilà pourquoi » nous pouvons vivre dans la foi, la joie et l’espérance « même si notre être extérieur se détruit ».
X X X 4 X X X
Aucune raison de perdre courage !
N’oubliez pas : C’est
nOTRE ETRE INTERIEUR SE RENOUVELLE
DANS CE BUT !
Paul écrit : « Voilà pourquoi nous ne perdons pas courage. Et même si notre être extérieur se détruit, notre être intérieur se renouvelle de jour en jour. »
Chers amis, nous savons que ce « renouvellement » n’a rien à voir avec une génération spontanée. « Le renouvellement intérieur », nous le devons à l’action « du Saint-Esprit » (Tt 3.5-7).
Comme Jésus l’avait promis, une fois ressuscité et monté au ciel il nous a « envoyé de la part du Père l’Esprit de vérité » pour que celui-ci « rende témoignage de lui » (Jn 15.20).
C’est au contact de « la Parole vivante et permanente de Dieu », au contact de la Bonne Nouvelle du Christ ressuscité pour nous, que « nous avons été régénérés » par le Saint-Esprit (1 P 1.23) et que nous sommes « renouvelés de jour en jour ».
C’est pour que ce renouvellement ne s’arrête pas en si bon chemin que nous nous plaçons toujours à nouveau sous l’influence du Saint-Esprit, que nous lisons, écoutons et méditons l’Evangile, seuls, en famille ou en groupe biblique, que nous participons aux cultes, que nous répondons à l’invitation à la Cène.
Là, le Saint-Esprit nous « renouvelle de jour en jour » dans une vie de repentance et de foi ; là il entretient et développe notre certitude du salut, notre foi en la bonté et la fidélité de Dieu ; là il nous remplit de joie dans l’espérance de la « gloire éternelle » où Jésus nous attend ; là il nous remplit de force pour affronter « les choses visibles » en attendant « les invisibles » dans la gloire céleste.
C’est ainsi – et ainsi seulement : au contact de l’Evangile – que « nos légères difficultés du moment présent produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire. »
« Voilà » ce que nous devons à notre Seigneur mort et ressuscité pour nous. « Voilà pourquoi nous ne perdons pas courage. »
Le Seigneur ressuscité en soit loué ! Amen.
Jean Thiébaut Haessig

dimanche 8 avril 2012

Sermon du Dimanche 8 Avril 2012

.PÂQUES. Lc 24.13-35

Chants proposés :

Entrée :

Au matin, dans la clarté, Jésus est ressuscité AeC 476

Après AT, après Ep. et après Ev. :

Jésus-Christ est Seigneur. Il est sorti du tombeau AeC 183

Après Credo :

Le Sauveur est ressuscité, Alléluia, Alléluia ! AeC 480

Après Prière Générale :

Le Sauveur est ressuscité AeC 473

Durant distribution de la Cène :

Quand vint le jour d’étendre les bras AeC 586

13 « Ce même jour, deux disciples se rendaient à un village appelé Emmaüs, éloigné de Jérusalem d’une douzaine de kilomètres.

14 Ils discutaient ensemble de tout ce qui s’était passé.

15 Pendant qu’ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha et fit route avec eux,

16 mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.

17 Il leur dit : "De quoi parlez-vous en marchant, pour avoir l’air si triste ?"

18 L’un d’eux, un dénommé Cléopas, lui répondit : "Es-tu le seul en séjour à Jérusalem qui ne sache pas ce qui y est arrivé ces jours-ci ?"

19 "Quoi ?" leur dit-il. Ils lui répondirent : "Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth qui était un prophète puissant en actes et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple,

20 et comment les chefs des prêtres et nos magistrats l’ont fait arrêter pour qu’il soit condamné à mort et l’ont crucifié.

21 Nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël, mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour que ces événements se sont produits

22 Il est vrai que quelques femmes de notre groupe nous ont beaucoup étonnés. Elles se sont rendues de grand matin au tombeau

23 et n’ont pas trouvé son corps ; elles sont venues dire que des anges leur sont apparus et ont annoncé qu’il est vivant.

24 Quelques-uns des nôtres sont allés au tombeau et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avait dit, mais lui, ils ne l’ont pas vu."

25 Alors Jésus leur dit : "Hommes sans intelligence, dont le cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes !

26 Ne fallait-il pas que le Christ souffre ces choses et qu’il entre dans sa gloire ?"

27 Puis, en commençant par les écrits de Moïse et continuant par ceux de tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Ecritures ce qui le concernait.

28 Lorsqu’ils furent près du village où ils allaient, il parut vouloir aller plus loin.

29 mais ils le retinrent avec insistance en disant : "Reste avec nous car le soir approche, le jour est déjà sur son déclin." Alors il entra pour rester avec eux.

30 Pendant qu’il était à table avec eux, il prit le pain et, après avoir prononcé la prière de bénédiction, il le rompit et le leur donna.

31 Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent, mais il disparut de devant eux.

32 Ils se dirent l’un à l’autre : "Notre cœur ne brûlait-il pas en nous lorsqu’il nous parlait en chemin et nous expliquait les Ecritures ?"

33 Ils se levèrent à ce moment-même et retournèrent à Jérusalem, où ils trouvèrent les onze et les autres qui étaient rassemblés

34 et qui leur dirent : "Le Seigneur est réellement ressuscité et il est apparu à Simon."

35 Alors les deux disciples racontèrent ce qui leur était arrivé en chemin et comment ils l’avaient reconnu au moment où il rompait le pain.

Chers frères et sœurs du divin Ressuscité !

« Le Seigneur est ressuscité ! Il est réellement ressuscité ! » (Lc 24.6+34) C’est ainsi qu’a retenti l’introït de tout à l’heure. C’est là la nouvelle de Pâques qui nous réunit ce matin dans l’adoration et la louange.

Les deux disciples d’Emmaüs, une fois qu’ils eurent vraiment « pigé » ce qui s’était passé, n’ont eu de cesse de partager cette nouvelle renversante avec les autres disciples à Jérusalem. Ils ont donc immédiatement refait la « douzaine de kilomètres » dans l’autre sens.

Nous aussi, ce matin, nous nous sommes déplacés – certains même plus de douze kilomètres – pour nous réconforter et nous réjouir mutuellement avec la nouvelle de Pâques et pour nous joindre à ce cri de joie : « Le Seigneur est ressuscité ! Il est réellement ressuscité ! »

Christ vivant, pourquoi m’affliger ? /

Plus que lui il m’a aimé. / Alléluia ! Alléluia ! /

Et si le monde entier m’est pris, /

Jésus près de moi suffit. / Alléluia ! Alléluia !

« Jésus », le vainqueur de la mort et de l’enfer « près de moi suffit » … Est-ce vraiment toujours le cas ? Ne ressemblons-nous pas parfois aux disciples d’Emmaüs au début du récit ?

Nous permettons à des événements de nous ébranler, nous nous laissons entraîner par les impulsions de notre nature pécheresse à être de mauvaise humeur, voir à être découragés.

Cela viendrait-il alors par hasard, comme chez les disciples d’Emmaüs, du fait que nous aurions oublié que notre Seigneur ressuscité se tient près de nous ?

Serait-ce dû au fait que nous ne puisons pas dans le puissant miracle de Pâques toute la plénitude de consolation, de force, de sérénité et de joie qu’il contient ?

Dans sa joie de Pâques, le poète s’écrit : « Jésus près de moi me suffit. » Quand notre foi connaît une baisse de régime, nous aimerions remarquer un peu davantage que le Ressuscité se tient près de nous.

Dans ces moments, nous oublions, comme les disciples d’Emmaüs, que Jésus est en train de s’occuper de nous. Comme il l’a voulu pour eux, Jésus veut aussi nous rendre heureux et sûrs par le message de Pâques.

Il est vrai qu’il s’y prend de façon curieuse. Voyons donc

LA SINGULIERE ATTITUDE DE JESUS

AVEC LES SIENS

1. Il veut se révéler à eux

– mais se cache !

2. Il veut les consoler

– mais les réprimande !

3. Il veut rester avec eux

– mais les quitte !

X X X 1 X X X

La singulière attitude de Jésus

avec les siens :

IL VEUT SE REVELER A EUX

– MAIS SE CACHE !

L’étonnant, c’est que les disciples d’Emmaüs le voient mais ne le reconnaissent pas. « Leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. » (v. 16) Pourquoi ? Nous ne le savons pas ; cela reste un mystère. Quand il est apparu aux autres disciples « le soir de ce même dimanche », ils l’ont reconnu : son corps transfiguré portait les marques des clous dans ses mains et ses pieds et de la lance dans son côté. (Lc 24.36-49)

En ressuscitant, il n’avait pas échangé son corps avec un autre. C’était le même corps, mais avec d’autres caractéristiques. Son corps ressuscité n’était plus soumis aux lois de la nature : il pouvait apparaître et disparaître, en pleine rue comme dans un local fermé.

Avec sa mort en croix il avait « accompli » (Jn 19.30) tout ce que la Loi de Dieu exigeait pour notre salut. Maintenant il n’a plus besoin de vivre dans l’abaissement dans les mêmes circonstances que nous : les lois de la nature n’ont plus d’emprise sur lui, la mort non plus. Le corps qui avait pendu à la croix, qui avait reposé dans la tombe, ce corps est ressuscité !

C’est avec ce corps ressuscité que « Jésus s’approcha » des disciples sur la route d’Emmaüs « et fit route avec eux. » (v. 15) Mais ce n’est qu’une fois gagnés à la foi de Pâques que « leurs yeux s’ouvrirent et [qu’]ils le reconnurent. » (v. 31)

L’Evangile de l’Ancien Testament devait d’abord les convertir à la foi pascale. Pour eux aussi « la foi » devait « venir de la Parole de Dieu » (Rm 10.17) et non d’apparitions surnaturelles ou d’arguments rationnels.

Aussi, « en commençant par les écrits de Moïse et continuant par ceux de tous les prophètes, » Jésus « leur expliqua dans toutes les Ecritures ce qui le concernait. » (v. 27) Ils devaient connaître la joie et l’espérance de la foi même sans voir quoi que ce soit du Ressuscité.

Et c’est ainsi que le divin Ressuscité agit encore aujourd’hui. Quand quelque chose nous affecte particulièrement, il ne nous laisse parfois rien remarquer de sa présence. Dans notre cas aussi il ne veut pas que notre foi se fonde sur des choses vécues mais sur sa Parole et ses promesses, même si nous n’en voyons pas les effets.

Ainsi, dans ce culte, le divin Ressuscité se manifeste puissamment à nous à travers le message de Pâques et la Cène, sans que nous le voyions de nos yeux.

Jésus veut se révéler à nous. Mais comme dans le cas des disciples d’Emmaüs, il veut d’abord le faire à travers l’Evangile de grâce. Le jour viendra où il nous laissera voir ce que nous avons cru : partiellement, cela peut déjà être le cas dans notre vécu ici-bas, quand nous voyons des prières exaucées, mais ce sera surtout le cas dans la félicité éternelle.

Pour l’instant, c’est surtout son message de Pâques qu’il utilise pour se révéler à nous et nous remplir de joie, de paix et d’espérance, même si, concrètement, il nous prive encore de sa présence visible.

X X X 2 X X X

La singulière attitude de Jésus

avec les siens :

IL VEUT LES CONSOLER

– MAIS LES REPRIMANDE !

Notre Seigneur ressuscité a rejoint ces deux disciples parce qu’il les voit désemparés et tristes et qu’il veut leur venir en aide. « Il leur dit : "De quoi parlez-vous en marchant, pour avoir l’air si triste ?" » (v. 17) Il montre son intérêt pour eux. Il veut les amener à vider leur sac. Et ils lui disent effectivement ce qui les bouleverse et les attriste.

Ils avaient placé leur espérance en « Jésus de Nazareth qui était un prophète puissant en actes et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple » (v. 19). Mais on l’a exécuté il y a trois jours et, ce matin, son corps a disparu. Si seulement on était sûr que les femmes n’ont pas rêvé quand elles disent que des anges leur ont déclaré que Jésus était ressuscité.

C’est ainsi qu’ils épanchent leur cœur devant cet étranger qui montre tant d’intérêt.

Aujourd’hui aussi le divin Ressuscité veut enlever de nos épaules ce qui nous pèse, ce qui veut empêcher son message libérateur de Pâques de nous apporter consolation, paix et joie.

Ecoutez : « Il est réellement ressuscité ! » Dieu a accepté son expiation de nos fautes. Il nous a réellement délivrés des menaces extrêmes qui pesaient sur nous : la damnation éternelle. « Il est réellement ressuscité, » celui qui a dit : « Je vivrai et vous vivrez aussi ! » (Jn 14.19) Vous vivrez déjà ici-bas à mon contact de Ressuscité !

Mais par quoi commence-t-il pour les consoler ? – Il commence par les gronder : « "Hommes sans intelligence, dont le cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes !" (v. 25) Votre tristesse vient de ce que vous ne voyez pas le sens clair des Ecritures. Vous vous êtes fabriqué un faux Messie à l’image des hommes, vous vous êtes fait de fausses espérances. Ainsi vous n’avez pas vu ce que l’Ecriture disait réellement. Vous attendiez de lui une aide humaine ; cela vous a empêché de voir son secours divin. Vous le devez à vous-mêmes, à votre aveuglement, à vos désirs humains, d’être si tristes et insatisfaits, et de ne pas voir les choses étonnantes et merveilleuses que le Messie vous procure par ses souffrances, sa mort et sa résurrection ! »

Aujourd’hui, le divin Ressuscité n’agit toujours pas autrement. Il y en a qui pensent que le Sauveur bien-aimé ne critique et ne condamne plus rien, que les prédicateurs doivent se cantonner à annoncer l’Evangile et à taire la Loi.

Ici Jésus nous apprend le contraire. Si la consolation et la paix de Pâques doivent réellement éclairer notre cœur, il faut savoir pourquoi sa mort et sa résurrection ont été nécessaires. Tant qu’on ne comprend pas bien les raisons de la résurrection de Jésus on reste prisonnier de la tristesse et le message de Pâques n’arrive pas réellement à nous réjouir.

Il faut qu’on mette le miracle de Pâques en relation avec notre péché. Il faut découvrir les dégâts pour avoir envie de la solution. D’abord il faut nommer le mal par son nom pour pouvoir saisir toute l’ampleur du message de Pâques :

Jésus a surmonté ton mal ; tu n’as plus besoin de subir les conséquences de ton péché ; Dieu est apaisé envers toi ; le Vainqueur du péché, de Satan et de la mort te prend sous son aile. Tu vis dans la communion du divin Ressuscité ! Et il va marcher à tes côtés comme il l’a fait avec ces deux disciples sur le chemin du village d’Emmaüs.

X X X 3 X X X

La singulière attitude de Jésus

avec les siens :

IL VEUT RESTER AVEC EUX

– MAIS LES QUITTE !

« Lorsqu’ils furent près du village où ils allaient, » ils l’invitèrent : « "Reste avec nous car le soir approche, le jour est déjà sur son déclin." Alors il entra pour rester avec eux. » Mais quand ils finirent par le reconnaître, « il disparut de devant eux. » (v. 28-31)

Le temps était passé où ils pouvaient l’avoir de façon visible en leur milieu. Le temps de son abaissement a fait place à celui de son élévation, de sa glorification. Et pourtant, par de nombreuses apparitions avant l’Ascension, il leur a montré qu’il était quand même parmi eux, même s’ils ne le voyaient pas.

Il est aussi avec nous, le Vainqueur de Pâques. Nous sentons sa proximité dans la prédication, dans sa Parole, comme les disciples d’Emmaüs constatèrent : « Notre cœur ne brûlait-il pas en nous lorsqu’il nous parlait en chemin et nous expliquait les Ecritures ? » (v. 32) Sa Parole de grâce et de pardon, de salut et de paix nous place dans sa proximité, nous fait sentir son amour et son intérêt pour nous.

« Ils le reconnurent » « pendant qu’il était à table avec eux, [qu’]il prit le pain et, après avoir prononcé la prière de bénédiction, [qu’]il le rompit et le leur donna. » Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent. » (v. 30-31)

Nous faisons l’expérience de sa proximité toute particulière quand, dans la Cène, il nous donne son vrai corps et son vrai sang sous les espèces du pain et du vin, pour nous pardonner nos péchés et pour nous assurer des liens solides qui nous lient à lui, le Vainqueur de Pâques.

Il priva les disciples d’Emmaüs de sa présence visible. Ils furent quand même dans la joie, car ils savaient qu’il se préoccupait d’eux, même s’ils ne le voyaient pas. Il veut nous assurer de la même chose quand il nous dit : « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux », ou : « Moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ! » (Mt 18.20 + 28.20)

Pourquoi le Vainqueur de Pâques n’est-il présent parmi nous que de façon invisible ? – Parce que nous ne devons pas placer notre foi sur des sentiments liés à des expériences surnaturelles – réalités bien fluctuantes et tout sauf sûres – mais sur les promesses et les assurances du Ressuscité dans sa Parole et ses sacrements.

C’est là, dans ses promesses et ses assurances qu’il veut nous être proche. Et c’est en nous fondant sur elles que nous pourrons progresser sur notre chemin de l’Emmaüs terrestre à la Jérusalem céleste.

Là-bas nous ne rencontrerons pas que « les onze et les [quelques] autres qui étaient rassemblés » à Jérusalem, mais tous les rachetés, tous ceux qui ont trouvé dans la mort et la résurrection du Seigneur la certitude de leur salut, tous ceux qui, de leur vivant, ont rendu un culte au divin Ressuscité par une vie de repentance et de foi de tous les jours.

« Ô jour de joie, de vrai bonheur !

Ô Pâques sainte du Seigneur,

Par toi nous sommes tous vainqueurs.

Alléluia ! » (AeC 491:6)

Amen.

Jean Thiébaut Haessig