lundi 12 mai 2008

Sermon du dimanche 11 mai 2008 - Pentecôte

CONFIRMATION – 2ème Partie et BAPTÊME

Texte: Ac 2.37-47

37 Après avoir entendu cela,
ils eurent le coeur transpercé,
et ils dirent à Pierre et aux autres apôtres :
"Frères, que devons-nous faire ?"
38 Pierre leur dit :
"Changez radicalement ;
que chacun de vous reçoive le baptême
au nom de Jésus-Christ
pour le pardon de ses péchés,
et vous recevrez le don de l'Esprit saint.
39 Car la promesse est pour vous, pour vos enfants
et pour tous ceux qui sont au loin,
en aussi grand nombre
que le Seigneur, notre Dieu, les appellera."
40 Et, par beaucoup d'autres paroles,
il rendait témoignage
et les encourageait, en disant :
"Sauvez-vous de cette génération perverse. "
41 Ceux qui accueillirent sa parole
reçurent le baptême ;
en ce jour-là,
environ trois mille personnes furent ajoutées.
42 Ils étaient assidus
à l'enseignement des apôtres,
à la communion fraternelle,
au partage du pain
et aux prières.
43 La crainte s'emparait de chacun,
et beaucoup de prodiges et de signes se produisaient par l'entremise des apôtres.
44 Tous les croyants étaient ensemble
et avaient tout en commun.
45 Ils vendaient leurs biens
et leurs possessions,
et ils en partageaient le produit entre tous,
selon les besoins de chacun.
46 Chaque jour, ils étaient assidus au temple,
d'un commun accord, ils rompaient le pain
dans les maisons
et ils prenaient leur nourriture
avec allégresse et simplicité de cœur ;
47 ils louaient Dieu
et avaient la faveur de tout le peuple.
Et le Seigneur ajoutait chaque jour
à la communauté ceux qu'il sauvait.


Chers frères et sœurs
– et tout particulièrement vous deux,
chères Emma et Jessica
pour qui Pentecôte 2008
prend une signification toute particulière !

Pentecôte est l’une des fêtes les plus importantes de l’année de l’Eglise. C’est tout particulièrement la fête du Saint-Esprit, de la troisième Personne de la très sainte Trinité. Peut-être que nous ne pensons pas assez souvent à lui. C’est pour cela que quelqu’un l’a un jour appelé « le Dieu connu qu’à moitié ». Il est vrai que lors de la première Pentecôte, il y a deux mille ans, là-bas à Jérusalem, si l’attention a d’abord été attirée par des signes apparents exceptionnels accompagnant la venue du Saint-Esprit, cette attention a ensuite rapidement été détournée du Saint-Esprit vers la prédication de la Parole de Dieu.

L’apôtre Pierre y a prononcé un sermon mémorable. Ses auditeurs en ont été saisis. Allons donc nous mêler à la foule des auditeurs de Pierre à Jérusalem pour connaître

LA PUISSANTE IMPRESSION
FAITE PAR LA PREDICATION
DE PENTECÔTE :

1. elle « touche vivement le cœur » ;
2. elle apporte le pardon du Baptême ;
3. elle crée une communion de foi dynamique.

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La prédication de Pentecôte
touche vivement le coeur !

Et pour cause : Pierre n’a rien tu de la vérité biblique. La foule a aussi bien entendu la Loi que l’Evangile ; elle a « entendu » les apôtres leur « parler des œuvres grandioses de Dieu » (Ac 2.11). « Les Actes des Apôtres » ne nous fournissent que des extraits du sermon de Pierre. Nous le voyons s’adresser à la foule de pèlerins juifs : il leur explique les prophéties de l’Ancien Testament qu’ils connaissaient bien, entre autres un passage du prophète Joël et un autre des Psaumes de David.

A partir de ces prophéties messianiques Pierre leur montre que Jésus de Nazareth est le Fils de Dieu « livré selon les décisions arrêtées dans la prescience de Dieu » (v. 23), mais aussi « relevé », ressuscité (v. 32), et « élevé » par Dieu qui lui a donné « l’Esprit Saint qui avait été promis » (v. 33).

Que de l’Evangile ? En attendant, oui. Mais ce début de sermon culmine dans l’accusation de la Loi : « Que toute la maison d'Israël le sache donc bien : […] ce Jésus, vous l’avez crucifié ! » (v. 36)
Dieu n’enjolive rien. Il parle vrai. Il veut produire la repentance dans nos cœurs, nous rendre conscients de la réalité : notre culpabilité devant lui. Les auditeurs de Jérusalem ont été comme frappés par la foudre : « Ils eurent le cœur vivement touché. » (Segond 21) Mot à mot : « Ils eurent le cœur transpercé ! » « Ils dirent à Pierre et aux autres apôtres : "Frères, que devons-nous faire ?" » (v. 37) comment échapper à notre culpabilité envers le Fils de Dieu ?

Avons-nous, nous aussi, « le cœur vivement touché », « transpercé » par les accusations de la Loi de Dieu ? Ne fermons-nous pas parfois notre cœur à sa Parole ? Laissons-nous le Saint-Esprit « toucher » notre cœur ou laissons-nous sa Parole passer par-dessus nous sans nous « toucher », comme si ça ne nous concernait pas ? La prenons-nous à « cœur », ou notre attitude dit-elle plutôt : « Parle toujours, tu m’intéresses ! » ?

Nous appliquons-nous personnellement la Parole de Dieu ou considérons-nous que sa Loi ne concerne que les autres ?
Pierre nous fait comprendre dans son sermon de Pentecôte qu’un péché c’est s’en prendre à Jésus, le Fils de Dieu, lui-même. Chacun de nos péchés a contribué à le clouer en croix, et pécher sans se repentir, c’est fouler aux pieds son sacrifice expiatoire de nos péchés. Cela nous laisse-t-il indifférent, ou cela « touche-t-il vivement notre cœur » ?

Suis-je frappé de stupeur comme la foule de Jérusalem : « Qu’ai-je fait ? Malheur à moi ! j’ai répondu à l’amour et au sacrifice de mon Sauveur par l’indifférence, l’impénitence, par l’infatuation. Ne vais-je pas m’attirer la colère de Dieu ? Que faire pour m’en tirer ? »

C’est justement ce questionnement que le Saint-Esprit veut provoquer en nous : nous faire reconnaître la gravité de notre état pécheur, nous ébranler, nous amener à réfléchir à la façon de nous en sortir.
Voyez-vous, le Saint-Esprit n’est pas un sadique. Il ne veut pas nous plonger dans le désespoir. Il veut tout simplement nous ouvrir les yeux sur notre état désespéré. Il veut que que nous ne repoussions pas la main tendue du seul Sauveur possible dans cette situation, que nous ne repoussions pas son intervention, pour que nous ne méprisions pas le pardon qu’il est seul à pouvoir nous offrir.

Le Saint-Esprit ne cherche pas à nous rendre conscients de notre véritable et terrible état pour nous y abandonner dans le désespoir, mais

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pour nous annoncer
dans la prédication de Pentecôte
le pardon par le Baptême !

A la question éperdue « Que devons-nous faire ? » Pierre répond : « "Changez radicalement ; [engagez-vous dans le changement radical qu’est la repentance] que chacun de vous reçoive le baptême au nom de Jésus-Christ pour le pardon de ses péchés, et vous recevrez le don de l'Esprit saint. Car la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur, notre Dieu, les appellera." »
« Et, par beaucoup d'autres paroles, il rendait témoignage et les encourageait, en disant : "Sauvez-vous de cette génération perverse. " »
« Ceux qui accueillirent sa parole reçurent le baptême ; en ce jour-là, environ trois mille personnes furent ajoutées. » (v. 38-39).

« Trois mille personnes » ayant reconnu leur perdition ont fui, ce jour-là, dans le Baptême pour être sauvés. Aujourd’hui, tu étais seule, Jessica, à le faire, mais sache bien : « il y a » autant « de joie au ciel pour un seul pécheur qui se repent » et qui est sauvé que pour trois mille (Lc 15.7+10).
Les trois mille baptêmes de la première Pentecôte nous impressionnent, mais sache, Jessica, que ton Baptême, aujourd’hui, est un miracle tout aussi grand.

Comment ces trois mille personnes sont-elles arrivées au Baptême ? Tout comme toi, Jessica : le Saint-Esprit, par la prédication et l’instruction, a éveillé en eux – comme dans toi – la foi en Jésus-Christ. Rappelons-vous : Pierre a développé son sermon de Pentecôte à partir de ce que ses auditeurs avaient appris et savaient de l’Ancien Testament. Comme toi au catéchisme et à l’école du dimanche, eux avaient été instruits dans les synagogues avant de trouver la clé des prophéties dans le sermon de Pierre.

C’est ainsi, par la parole d’Evangile, que le Saint-Esprit a éveillé en eux – comme en toi, Jessica, … et comme en nous – la merveilleuse connaissance du pardon de nos péchés, la foi en Jésus qui nous l’a procuré, et la merveilleuse paix et espérance qui en découlent.

Quelqu’un qui est conscient de sa culpabilité devant Dieu ne peut rien entendre de plus libérateur, de plus réjouissant que cette Bonne Nouvelle – c’est là le sens du mot « Evangile » – : Auprès de Jésus se trouve le pardon ; auprès de lui on n’a plus à craindre la colère et la damnation de Dieu.
Et Pierre leur a montré comment bénéficier de ce salut en Jésus-Christ. « "Changez radicalement [en vous repentant] ; que chacun de vous reçoive le baptême au nom de Jésus-Christ pour le pardon de ses péchés, et vous recevrez le don de l'Esprit saint. Car la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur, notre Dieu, les appellera." » (v. 38)

« Que chacun de vous reçoive le baptême ! » – Ils ne se sont pas longtemps demandé : « Comment l’eau peut-elle opérer de si grandes choses ? » (Martin Luther, Petit Catéchisme) Quelqu’un qui est en train de se noyer se demande-t-il si la main qui se tend vers lui peut effectivement le retirer de l’eau ? Non, il l’attrape.

C’est ainsi que les auditeurs de Jérusalem – comme nous, aujourd’hui – avaient compris : Dans le Baptême, Jésus vient à nous en Libérateur, en Sauveur. Bien plus : là, « nous recevons le don du Saint-Esprit » ; là, le Saint-Esprit nous élève dans le peuple des rachetés, des sauvés, là il nous intègre dans la famille des enfants de Dieu.
Dieu merci, nous aussi, il nous a « appelés » à Jésus-Christ dans le Baptême. Nous aussi, nous y avons « reçu le Saint-Esprit ». Et depuis lors, dans notre vie, c’est tous les jours Pentecôte. Car dans le Baptême – et cette promesse vaut aussi pour toi, Jessica, c’est ce qui s’est aussi passé avec toi – dans le Baptême, « Dieu, notre Sauveur, […] a largement répandu sur nous l’Esprit Saint par Jésus-Christ, notre Sauveur, afin que, justifiés [c.à.d. pardonnés] pas sa grâce, nous devenions héritiers, selon l’espérance de la vie éternelle » (Tite 3.4-7)

Dans le Baptême nous avons « reçu le Saint-Esprit » et tous les bienfaits de la grâce que Jésus nous a obtenus par son sacrifice. Dans le Baptême, nous avons « reçu le Saint-Esprit », et il a établi sa demeure en nous. Aussi Paul demande-t-il : « Ne savez-vous pas que vous êtes le sanctuaire de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Co 3.16)

Tous ceux qui croient en Jésus-Christ, tous ceux en qui le Saint-Esprit « habite », il les « assemble, éclaire, sanctifie et les maintient en Jésus-Christ dans l’unité de la vraie foi » (Martin Luther, Petit Catéchisme).

Comment cela ? En ce que

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la prédication de Pentecôte
crée une communion de foi dynamique !

La premier désir que le Saint-Esprit éveille par l’Evangile en ceux qu’il a amenés à placer leur foi en Jésus, c’est le désir de se retrouver ensemble au contact de leur Dieu Sauveur dans le culte et les études bibliques. Cela ressort clairement de notre texte. Les « trois mille personnes » qui, au tout début de l’Eglise chrétienne, y ont été « rajoutées » par la foi et le Baptême (v. 41) « étaient assidus à l'enseignement des apôtres, à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. […] Tous les croyants étaient ensemble […] Chaque jour, ils étaient assidus au temple, d'un commun accord, ils rompaient le pain dans les maisons et […] ils louaient Dieu. » (v. 42+44+46-47)

Le sermon de Pentecôte à éveillé en eux le désir d’en avoir toujours plus. Ils savaient : ou bien on se place continuellement sous l’action du Saint-Esprit à travers la Parole et on se trouve ainsi « éclairé de ses dons », ou on se soustrait à son action en se détournant de la Parole, et le Saint-Esprit se retire avec ses dons : la foi meurt, le pardon est retiré, le salut perdu.

De plus, moins on donne au Saint-Esprit l’occasion d’agir sur nous par la Parole et les sacrements, et moins on en a envie, moins on y trouve du plaisir. « L’appétit vient en mangeant » : c’est l’expérience qu’on fait aussi avec les cultes, les études bibliques, etc. En ne mangeant plus, l’appétit pour la Parole et les biens célestes se perd.

Autour de nous, c’est le règne de l’indifférence ; et en nous, notre tendance pécheresse innée en a aussi assez de Dieu et de ses bienfaits. Mais nous ne voulons pas nous en passer, et nous savons que pour cela, nous devons rester au contact de l’Evangile. C’est à travers l’Evangile que le Saint-Esprit entretient et développe notre foi en Jésus-Christ, notre envie de rester à son contact par l’écoute de sa Parole et la prière, c’est ainsi que les bienfaits reçus dans le Baptême nous sont confirmés.

C’est pour cela que, comme toi, Emma, tout à l’heure, nous aussi, nous avons un jour de confirmation dit notre joie de nous savoir sauvés, et notre désir de rester en possession des bénédictions divines obtenues pour nous par Jésus et transmises à nous par le Saint-Esprit dans le Baptême ; nous aussi nous avons dit notre volonté d’être une pierre vivante à l’édifice de l’Eglise, un élément actif dans les cultes, les études bibliques et autres activités de la paroisse.
C’est dans ses cultes et autres activités autour de la Parole de Dieu et des sacrements qu’une paroisse révèle si elle s’est laissée modeler par le Saint-Esprit en communauté dynamique, une paroisse dynamisée par « l’Evangile, puissance » – mot à mot : « dynamique » ! – « de Dieu pour le salut de quiconque croit » (Rm 1.16).

Si nous laissons régulièrement nourrir notre foi par l’Evangile, le Saint-Esprit donnera du tonus à notre vie paroissiale, cela ne restera pas sans fruits : chaque membre sain – comme les différents membres d’un corps – contribue au bon fonctionnement et au rayonnement de l’ensemble. « A chacun la manifestation de l'Esprit est donnée pour l'utilité commune » : la « diversité de dons de la grâce », la « diversité de services », la « diversité d'actes » (1 Co 12.4-7). Nous n’avons pas tous les mêmes dons, ne rendons pas tous les mêmes services, mais nous nous arrangeons pour agir « pour l’utilité commune ».

C’est ce que nous voyons faire la première paroisse chrétienne de Jérusalem. « Ils étaient assidus à l’enseignement des apôtres » – cela doit, bien entendu, toujours se trouver en première ligne dans une paroisse, mais ils étaient aussi « assidus […] à la communion fraternelle. » « Tous les croyants étaient ensemble et avaient tout en commun. Ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun. » (v. 42+44-45)
Alors posons-nous la questions : Quels sont les talents que j’apporte dans ma paroisse pour la dynamiser ? Quelle part de mon temps, quelle part de mes biens ? Là où se font sentir des besoins dans l’Eglise, est-ce que j’oppose au Saint-Esprit mon confort, mon égoïsme ? Ou la paroisse sent-elle que je m’implique avec chaleur pour la seule gloire de Dieu et pour « pour l’utilité commune » ?

Que le message de Pentecôte nous lie – et te lie tout particulièrement, Emma – de façon toujours plus intime à notre Seigneur et Sauveur ! Ainsi le Saint-Esprit resserrera aussi les liens entre nous et nous fera voir où se trouvent « les besoins » – dans la paroisse et parmi les paroissiens.
Une paroisse chrétienne ne peut pas être la froide addition de personnes isolées, sans lien. Dans une paroisse chrétienne, une communauté où le Saint-Esprit nous a appelés et réunis dans la foi en Jésus-Christ, il ne peut y avoir qu’une solidarité reconnaissante et chaleureuse
Notre dynamique de la communion fraternelle autour de notre Sauveur et de son Evangile ne peut alors qu’être remarquée. Pour la paroisse de Jérusalem, la place centrale de « l’enseignement des apôtres » et l’importance de « la communion fraternelle » en son sein ont eu un rayonnement et un effet missionnaire extraordinaire. Luc raconte : « Ils avaient la faveur de tout le peuple » (v. 47), de ce peuple, pourtant, qui, quelques semaines auparavant avait exigé la crucifixion du Christ !

Eh oui ! le peuple est versatile, il se laisse manipuler par la propagande. Ne vous laissez pas décourager – ne vous laissez pas décourager, vous non plus, Emma et Jessica, – quand on vous dénigre ou se moque de vous parce que vous aimez votre Seigneur et Sauveur et voulez vivre pour lui plaire. Le Saint-Esprit peut « vivement toucher les cœurs » les plus endurcis – songez à l’apôtre Paul qui, avant d’être apôtre persécutait les chrétiens !

Emma, tout à l’heure tu as promis – comme nous l’avons tous fait lors de notre confirmation – d’être « prête à tout souffrir plutôt que de renier ta foi » en Jésus-Christ. Et toi, Jessica, tu as déclaré « vouloir renoncer à Satan et à ses œuvres » – c.à.d. au péché – pour rester « un enfant de Dieu et une héritière de la vie éternelle ».
Oui, demeurez fermes dans la foi et une vie chrétienne, malgré les tentations et les difficultés passagères. Le Saint-Esprit se servira alors aussi du témoignage que vous lui rendez avec courage.. Le résultat du comportement fraternel autour de l’écoute de la Parole ne s’est pas fait attendre à l’époque : « le Seigneur ajoutait chaque jour à la communauté ceux qu'il sauvait. » (v. 47)

N’oubliez pas, Emma et Jessica, n’oublions pas, chers frères et sœurs en Jésus-Christ, même au milieu de l’incompréhension et de l’opposition de Jérusalem, le Saint-Esprit a touché des cœurs par la prédication de Pentecôte. Il est toujours présent et actif à travers l’Evangile, à travers notre témoignage, et il amènera ainsi jusqu’à la fin des temps des personnes à Jésus-Christ et à la vie éternelle.

Sa « puissance » de Pentecôte, sa « dynamique » de Pentecôte est aujourd’hui encore aussi présente et efficace qu’à l’époque. Faisons-lui confiance ! Consolidons notre foi personnelle et notre communion fraternelle en étant « assidus » pour le rencontrer dans les activités paroissiales et confessons notre foi en menant avec la même « persévérance » une vie exemplaire et en laissant au Saint-Esprit le soin de la bénir.

Que la puissante prédication de Pentecôte

1. touche ainsi vivement nos cœurs,
2. nous aide à vivre une communion fraternelle mue par la joie d’être nous-mêmes pardonnés, et
3. nous permette d’être, autour de nous, des témoins crédibles de sa grâce !
Alors le Saint-Esprit fera de notre vie une Pentecôte perpétuelle !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig, pasteur


Chants :
Viens habiter dans nos âmes, LlS 127 : 1+3+5
Esprit Saint, Dieu de vérité LlS 158 : 1-4
Par la puissance du Baptême LlS 157 : 1-3
Par la puissance du Baptême LlS 157 : 4-6
Rends-toi maître de nos âmes LlS 126 : 1-3

Sermon du 4 mai 2008 - Culte synodal

CULTE SYNODAL
Texte : Rm 8.26-30[1]


26 « De même aussi
l'Esprit vient au secours de notre faiblesse,
car nous ne savons pas
ce qu'il convient de demander dans nos prières.
Mais l'Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables ;
27 et celui qui sonde les coeurs
sait à quoi tend l'Esprit :
c'est selon Dieu qu'il intercède en faveur des saints.
28 Nous savons, du reste,
que tout coopère pour le bien
de ceux qui aiment Dieu,
de ceux qui sont appelés selon son projet.
29 Car ceux qu'il a connus d'avance,
il les a aussi destinés d'avance
à être configurés à l'image de son Fils,
pour qu'il soit le premier-né d'une multitude de frères.
30 Et ceux qu'il a destinés d'avance,
il les a aussi appelés ;
ceux qu'il a appelés, il les a aussi justifiés ;
et ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés. »

Chers frères et sœurs de nos différentes paroisses,
que « l’Esprit » a assemblés
ici, à Châtenay-Malabry, ces jours-ci !

« Déployer et consolider ! » … « Déployer et consolider » le règne de Dieu dans nos cœurs et autour de nous, voilà le thème qui a été choisi pour cette « Assemblée Générale Synodale ». « Déployer et consolider », cette formulation a été choisie à partir de cette parole imagée du Livre du Prophète Esaïe : « Agrandis l’espace de tes tentes, […] Renforce tes piquets ! » (Es 54.2)
Nous avons entendu des exposés sur ce thème, et nous l’avons eu à l’esprit tout au long de ces journées quand nous avons réfléchi aux différents projets de résolution qui nous étaient soumis, quand nous avons eu à prendre des décisions ou à élire des responsables à certains postes.
« Déployer et consolider ! » Ce programme est si vaste – « consolider » l’Eglise, « consolider » notre foi dans le Ressuscité, et « déployer » l’Eglise pour que les ténèbres de l’incrédulité reculent autour de nous ! – ce programme est si vaste et « notre faiblesse » si grande que, parfois, « nous ne savons pas » par quel bout commencer et comment mener à terme ce dans quoi nous sommes engagés. Nos débats ont montré que, parfois, nous avions du mal à nous mettre d’accord pour définir « ce qu’il convient » de faire et « de demander dans nos prières » pour un domaine précis, une activité précise.

Notre texte tombe donc à pic. C’est celui qui est proposé par le « Plan de Lectures Bibliques » pour ce dimanche Exaudi. Paul nous y rappelle :

DANS L’EGLISE DE JESUS-CHRIST
IL SE PASSE
DES CHOSES ETONNANTES !

1. L’amour de Dieu a trouvé la parade à nos péchés ;
2. La sagesse du Saint-Esprit comble nos connaissances limitées ;
3. La puissance de Dieu surmonte notre faiblesse.

Dans l’Eglise de Jésus-Christ, il se passe des choses étonnantes, car

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L’AMOUR DE DIEU
A TROUVE LA PARADE A NOS PECHES !

Nous avons beau être l’Eglise de Jésus-Christ, nous avons beau même être des personnes investies de fonctions particulières dans l’Eglise et y avoir été appelés à remplir des responsabilités particulières – par exemple ici, dans cette « Assemblée Générale Synodale » – il n’en demeure pas moins que ce moment fort d’adoration qu’est notre culte synodal comporte toujours ce passage obligé de la confession de nos péchés et de l’absolution.

Nous avons siégé, nous avons débattu. Et ceci après avoir pris cet engagement dans le culte d’ouverture : « Je promets solennellement devant Dieu et cette assemblée chrétienne qu'en tant que délégué ou responsable du Synode je serai obéissant à la Parole de Dieu, que j'en ferai mon unique guide, que je conformerai mes paroles et mes décisions à l'enseignement de l'Eglise luthérienne tel qu'il est révélé dans l'Ecriture Sainte et consigné dans ses confessions de foi, […] de façon à ce que, dans l'unité de la foi et dans la communion de l'amour, nous grandissions en celui qui est notre Chef, Jésus-Christ. »

Que celui qui pense ne jamais avoir dérogé à la communion d’amour et de fidélité se lève ! … En fait, en réponse à cette invitation, je devrais maintenant m’asseoir, moi aussi.

Qui n’a pas eu des moments d’impatience quand les débats tournaient en rond ? Qui n’a pas eu des réactions trop viscérales – ne serait-ce qu’en pensées : Dieu ne fait pas la différence – quand la position avancée par un autre était aux antipodes de la sienne ? Je ne parle pas maintenant de divergences doctrinales, mais de divergences d’appréciation d’une situation, d’une activité, d’une méthode ou d’un remède.

Certes nous avions toujours – ou croyions avoir – les meilleures intentions, mais les autres ont-ils toujours senti dans nos interventions l’expression de notre « communion d’amour » avec eux ? (cf. Ph 2.1 ; 2 Co 13.13)

Je vais m’arrêter ici, sinon ceux qui n’étaient pas présents lors des séances vont croire que nous avons passé notre temps en guerre de tranchées. Ce n’était, Dieu merci ! pas le cas, même s’il a pu y avoir des moments de discussion un peu plus tendus. Il n’en demeure pas moins : une belle et bonne assemblée générale synodale s’achève avec ce moment fort du culte synodal. Tout le monde ne sera sans doute pas satisfait de toutes les décisions. Rien de ce qui vient de nous n’est parfait.

Si j’ai mis en évidence nos carences face aux belles décisions que nous avons prises, c’est pour souligner que l’Eglise de Jésus-Christ est vraiment une drôle de réalité :
Malgré nos péchés, malgré notre culpabilité devant Dieu, il nous a « destinés d’avance à être configurés à l’image de son Fils, pour qu’il soit le premier-né d’une multitude de frères ! » (v. 29) Il nous a destinés à être « conformes à l’image de son Fils »[1].

C’est là le grand miracle : Le Fils de Dieu s’est fait homme, est devenu notre frère, « semblable » à nous dans l’abaissement (Ph 2.7), pour que nous puissions aussi être semblables à lui dans la gloire, des copies du modèle qu’il est.

Et comment Dieu s’y prend-t-il pour nous amener à cette « conformité à l’image de son Fils » dans la gloire éternelle ? – Nous le connaissons, ce chemin. Nous le confessons ainsi avec Luther : « C’est le Saint-Esprit qui m’a appelé par l’Evangile […], c’est lui qui me remet pleinement tous mes péchés, ainsi qu’à tous ceux qui croient ; c’est lui qui, au dernier jour, […] me donnera la vie éternelle en Jésus-Christ. » (Martin Luther, Petit Catéchisme, 3ème Article du Credo).
Cette séquence – 1°) appel, 2°) pardon ou justification, 3°) glorification – nous l’avons dans notre texte. Certes, Paul écrit du point de vue de notre Dieu. Lui voit le déroulement du temps comme une seul page devant ses yeux. Lui « connaît d’avance » tout ce qui va se passer.
Mais il voit aussi comment, dans son amour, il a décidé de nous faire passer, nous qui croyons en l’expiation et la résurrection de son Fils, de l’appel par l’Evangile à l’état de pécheurs pardonnés et sanctifiés, puis à la gloire céleste.

Cette vision globale de notre destinée nous remplit de joie, de paix, d’amour et de zèle pour ce Dieu Sauveur. Dans l’Eglise de son Fils, il nous fait vivre des choses étonnantes : en Jésus-Christ, son amour a trouvé la parade à nos péchés.
Dans l’Eglise de Jésus-Christ,
il se passe des choses étonnantes, car

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La sagesse du Saint-Esprit COMBLE NOS CONNAISSANCES limitées !

Nous butons chaque jour sur les limites de nos connaissances. Lors de notre Assemblée Générale Synodale, nous en avons encore fait l’expérience ici ou là.

Nous avons pris des résolutions, mais ne savons guère quels en seront finalement les bonnes ou les mauvaises surprises, quels en seront finalement exactement les fruits. Nous ne pouvons pas lire l’avenir, pas non plus celui de l’Eglise. Nous ne le connaissons pas dans le détail « car nous marchons par la foi et non par la vue. », nous rappelle Paul dans une autre lettre. (2 Co 5.7)

C’est parce que nous sommes loin de tout savoir que nous avons confronté nos expériences, nos analyses, nos craintes et nos espoirs. Nous avons confronté la façon dont nous voyons les diktats de la réalité – des statistiques synodales, par exemple, ou des finances. Nous avons réuni des majorités pour, selon les cas, amender, adopter, ajourner ou rejeter des projets et des propositions.

Mais qui dit majorité ne dit toujours pas omniscience. En tout, il y a une part d’inconnu, car si tout était connu, si nous étions omniscients, si nous voyions tout clairement dans les détails – l’avenir, les fruits de nos décisions, les solutions aux défis – nous serions tous d’accord sans débat.
Il n’en est rien, et une chose que nous avons beaucoup fait au cours de cette assemblée, c’est prier, prier dans nos cultes, prier chez nous le soir, et sans doute aussi prier en silence dans les bancs durant les débats ou les rapports.

La raison en est simple : il y en a un qui, contrairement à nous, n’est pas limité dans la connaissance des réalités, lui ne tâtonne pas dans le brouillard, lui connaît ce qui nous est caché : c’est « le Saint-Esprit ». « Nous ne savons pas » toujours ce qu’il faut faire ou décider, ni « ce qu’il convient de demander dans nos prières » (v. 26).

D’ailleurs, n’avons-nous pas coutume de terminer l’énoncé de nos projets par la phrase : « Dieu voulant ! » ? (Jc 4.15) C’est que nous savons que « tout don excellent, tout présent parfait, vient d'en haut ; il descend du Père des lumières, chez qui il n'y a ni changement ni éclipse. » (Jc 1.17)
Et pour cause ! « il sonde les cœurs » (v. 27), il « connaît tout » (1 Jn 3.20) – ce qui n’est pas notre cas, nous en sommes bien conscients. C’est pour cela que nous avons terminé certaines de nos résolutions par exemple ainsi :

« L’Eglise Evangélique Luthérienne – Synode de France et de Belgique […] »
Ø « remet avec confiance sa vie d’Eglise entre les mains du Seigneur […] ; (AGS2008–41)
Ø « dans la confiance que Dieu fait germer et croître […] » – (AGS2008–55-1)
Ø « prie le Seigneur de fortifier et de préserver la foi et l’amour de ses nouveaux membres, de nous donner les moyens financiers […] » – (AGS2008–55-3)
Ø « demande à Dieu de bénir les moyens et le dévouement ainsi mis à Son service auprès de leurs prochains […] » – (AGS2008–61)
Ø « prie le Seigneur de nous aider tous à mener de pair la consolidation biblique de nos membres et le déploiement missionnaire […] » – (AGS2008–72)
Ø « prie le Seigneur de faire fructifier tous les efforts fournis […] » – (AGS2008–74)
Nous agissons ainsi parce que nous « ne savons pas » toujours « ce qu’il convient de demander » précisément et nous nous tournons vers celui à qui rien n’est caché et dont Paul parle ici ainsi :
« L'Esprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu'il convient de demander dans nos prières. Mais l'Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables ; et celui qui sonde les coeurs sait à quoi tend l'Esprit : c'est selon Dieu qu'il intercède en faveur des saints. » (v. 26-27)

Avons-nous toujours décidé « selon Dieu », ces jours-ci ? N’étant pas omniscients, nous demandons au Saint-Esprit de rectifier le tir en transformant nos décisions « selon Dieu », en les reformulant devant le trône de Dieu « selon Dieu ».
Et cela, il sait très bien le faire. Il sait même le faire tellement mieux que nous qu’il recourt à des « soupirs inexprimables », à « des soupirs que des mots [humains] ne peuvent exprimer, »[2] mais que Dieu comprend et approuve.

Chers amis, c’est dans cette confiance dans le Saint-Esprit Intercesseur que nous terminons cette « Assemblée Générale Synodale » aujourd’hui, dans cette confiance et avec cette prière, car la sagesse divine du Saint-Esprit comble ainsi nos connaissances limitées.

Dans l’Eglise de Jésus-Christ,
il se passe des choses étonnantes, car

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LA PUISSANCE DE DIEU
Y SURMONTE NOS FAIBLESSES !

Ah ! nos faiblesses ! Et aujourd’hui, nous parlons des faiblesses de l’Eglise. Nous pourrions parler des faiblesses de l’Eglise en général au milieu des puissances de ce monde, nous pourrions nous étendre sur les puissances qui occupent les esprits jusqu’à y devenir des idoles : le sport, les chanteurs, la carrière avant tout, l’enrichissement avant tout.

Il est toujours plus facile de parler de ces généralités : cela ne nous touche pas directement. Généralement on pense aux autres. Mais ces jours-ci, nous ne pouvons pas nous payer le luxe de nous cantonner dans les généralités. Ces jours-ci nous nous préoccupons de la réalité de notre église, de la marche de notre église, de la mission de notre église – « Déployer et consolider » –, des projets de notre église, des défis posés à notre église.

Et là, nous butons continuellement sur les faiblesses de notre Eglise. Quand nous regardons à nous-mêmes, nous butons continuellement sur nos faiblesses : faiblesse numérique, faiblesse financière – du moins en rapport avec nos projets –, faiblesse dans les connaissances bibliques de bien des membres, faiblesse dans l’engagement dans les études bibliques, par exemple, faiblesses, allons, disons-le ! de nos pasteurs qui eux aussi ne sont que des humains.
Quand nous collons ainsi le nez sur l’arbre de nos faiblesses, nous ne voyons plus la forêt de la puissance de Dieu. Pourtant, l’Eglise a été faible depuis le début ! Voyez les disciples apeurés et claquemurés au matin de Pâques ! Voyez un apôtre Paul maladif au point que son collaborateur Marc, à ses débuts, n’a pas cru en son apostolat et l’a abandonné en plein voyage missionnaire.
Paul était conscient de sa faiblesse ; il a souvent demandé à Dieu de l’en débarrasser. Et que lui a répondu Dieu ? – « Ma grâce te suffit car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse » (2 Co 12.9)

En a-t-elle « accompli » de grandes choses par le faible apôtre Paul, « la puissance de Dieu pour le salut » qu’est « l’Evangile » ! (Rm 1.16) Par l’apostolat de Paul, Dieu a fait naître des églises tout le long du rivage nord de la Méditerranée, de l’Asie Mineure jusqu’en Italie en passant par la Macédoine et la Grèce !
Nous ne sommes pas Paul – loin de là ! – mais c’est le même Seigneur qui bénit notre témoignage par le même Esprit, « l'Esprit de sagesse et d'intelligence, l'Esprit de conseil et de force, l'Esprit de connaissance et de crainte de l'Eternel ! » (Es 11.2)

Comme Paul l’a écrit aux Corinthiens, nous sommes bien pourvus par Dieu puisque il nous a « accordé la grâce de Dieu en Jésus-Christ ; car en lui [nous sommes] devenus riches de tout, de toute parole et de toute connaissance, puisque le témoignage du Christ a été confirmé en [nous]. » (1 Co 1.4-6)

« Riches » et faibles à la fois ! Cela rappelle le « simul justus et peccator » – « juste et pécheur à la fois » – de Martin Luther. Cela nous maintient dans l’humilité, mais nous gonfle d’espoir, de certitude et d’assurance en pensant aux promesses que Dieu a liées à l’annonce de son Evangile de grâce et de paix.

Certes, faibles nous sommes, mais, comme nous le dit Paul dans notre texte, « nous savons […] que tout coopère pour le bien de ceux qui aiment Dieu » (v. 28), « tout coopère pour le bien de ceux » qu’il a « appelés » dans sa communion de foi et de vie, de grâce et de pardon.
Il a montré plus d’une fois qu’il sait changer les choses en bien pour ceux qui placent leur foi en lui. Nous avons parlé de Paul. Nous pourrions parler de Joseph en Egypte. Et puis, nous devrions parler de chacun d’entre nous, car tout pécheurs que nous sommes, « Dieu nous a appelés à l’admirable lumière de son Fils » (1 P 2.9). Tout indignes que nous sommes, nous nous trouvons investis de responsabilités en ces jours dans la Vigne du Seigneur. Et tout faibles que nous sommes et qu’est notre église, si nous « aimons » notre Seigneur, son Eglise et sa cause, il tiendra parole : il fera « tout contribuer au bien »[3] de notre église, au bien de ceux qui l’y rencontre dans son Evangile, au bien aussi de ceux à qui nous allons apporter son puissant Evangile de grâce.

Voyez-vous, l’Eglise, ce n’est finalement pas notre affaire, mais la sienne ! Je veux dire par là : c’est lui qui nous appelle à nous réunir autour de sa Parole et de ses sacrements ! C’est lui qui nous envoie en mission malgré nos limites et nos faiblesses, malgré notre péché ! C’est lui qui a lié le succès de notre Eglise à ses moyens de grâce et au Saint-Esprit qui agit à travers eux !
Alors, croyons et ne doutons pas ! Prenons-le au mot ! Semons son Evangile dans nos paroisses et dans le monde ! « Consolidons et déployons ! » Et faisons confiance au Saint-Esprit : il nous secondera auprès du Père avec son intercession correctrice, et auprès du monde avec son action régénératrice à travers l’Evangile.

Amen.

Jean Thiébaut Haessig, pasteur
[1] Rm 8.26-29 (Segond 21) : 26 : « L’Esprit aussi nous vient en aide dans notre faiblesse. En effet, nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières, mais l’Esprit lui-même intercède [pour nous] par des soupirs que des mots ne peuvent exprimer. 27 : Et Dieu qui examine les cœurs sait quelle est la pensée de l’Esprit, parce que c’est en accord avec lui qu’il intercède en faveur des saints. 28 : Du reste, nous savons que tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés conformément à son plan. 29 : En effet, ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à devenir conformes à l’image de son Fils, afin que celui-ci soit le premier-né d’un grand nombre de frères. »

[1] V. 29 (Segond 21)
[2] V. 26 (Segond 21)
[3] V. 28 (Segond 21)

Sermon du jeudi de l'Ascension - 1er mai 2008

FETE DE L’ASCENSION - CONFIRMATION

texte : Jn 12.32
« Et moi, quand j'aurai été élevé de la terre,j'attirerai tous les hommes à moi. »


Chants :
Entonnons un nouveau cantique LlS 114 : 1-5
Le Sauveur est ressuscité LlS 118 : 1-3
Attire-nous, Roi bon et doux, LlS 113 : 1-5




Chers frères et sœurs

– et tout particulièrement toi, chère Emma –
que le Christ monté au ciel « attire » ici !

Il y a des gens qui nous « attirent », d’autres pas. Il y a des gens qu’on suit par obligation, d’autres par sympathie. Il y a des gens dont nous ne pouvons attendre les visites, d’autres dont nous pourrions bien nous passer.

Je ne vais pas vous demander dans quelle catégorie vous rangez le Christ. Votre présence ici, à son contact dans l’adoration et l’Evangile, est une réponse qui parle mieux que tous les mots.
Il est vrai, Emma, qu’en ce qui te concerne, tu nous l’as aussi largement fait savoir par l’exposition de ta foi et de ton amour pour ton Seigneur et Sauveur tout à l’heure. Et s’il y a « de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent » (Lc 15.7), pour une seule personne qui reconnaît son état pécheur mais place sa foi dans l’expiation du Christ, sache que toute la paroisse se réjouit avec le ciel d’avoir entendu ta confession de foi, de t’avoir entendu parler de ton attirance par le Seigneur triomphant.

En cette Fête de l’Ascension, je vous propose de méditer le passage choisi comme mot d’ordre pour ce jour. C’est notre Seigneur qui parle : « Et moi, quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi. »

Notre Seigneur monté au ciel nous « attire à lui »

1. mais il y a des résistances ;
2. il a dû en vaincre de plus fortes ;
3. il nous donne les moyens de les neutraliser pour le suivre ;
4. et là-bas, nous serons totalement débarrassés de ces résistances.


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Notre Seigneur monté au ciel
nous « attire à lui »,
mais il y a des résistances !

Nous savons tous ce que c’est qu’un aimant. C’est un bout de fer magnétisé qui attire un autre objet en fer et les plaque ensemble. Les plus petits, ça les amuse ; aux adultes cela rend bien des services dans certains métiers.

Ce ne sont pas des liens visibles, des ficelles, du ruban adhésif ou des câbles qui lient les deux objets ensemble ; on ne voit rien, et pourtant, ça tient. N’étant pas physicien, je n’y comprends pas grand chose, mais je ne le mets pas en doute.

Voyez-vous, les liens par lesquels Jésus nous « attire » à lui ne sont pas visibles non plus. Vous seriez bien embêtés de devoir en donner la couleur, le son ou le parfum. Son magnétisme, notre Seigneur Jésus-Christ l’exerce de façon invisible. D’ailleurs aucun de nous ne l’a jamais vu.
Et pourtant, il nous « attire » à lui. Cela a toujours été son intention. Autrement il ne se serait jamais prêté à l’ignominie de la croix.

Il nous « attire » à lui comme un aimant extrêmement puissant. Il y a des gens qui attirent dans des traquenards : c’est qu’ils n’aiment pas leur prochain ; ils sont animés par de mauvais sentiments, parfois même par des sentiments meurtriers.

Jésus est un aimant – participe présent du verbe aimer – dans tous les sens du terme : il est l’amour en personne. C’est parce qu’il nous aime plus que sa quiétude et sa gloire qu’il a tout fait pour nous « attirer » à lui, pour nous détacher de ce qui allait nous entraîner dans notre perdition éternelle.

Oui, tout ce que notre Seigneur a fait et continue de faire, n’a qu’un seul but : nous « attirer » à lui pour notre salut. C’est ainsi qu’il a dit à son Père : « Quant à ce que tu m'as donné, Père, je veux que là où, moi, je suis, eux aussi soient avec moi, pour qu'ils voient ma gloire, celle que tu m'as donnée. » (Jn 17.24)
[1]

Mais, il y a des résistances à l’attirance du Christ. Paul l’explique ainsi : ce que le Christ représente paraît « insensé » pour les uns, pour ceux qui le jugent selon ce qu’ils voient ou savent, et cela paraît « scandaleux » pour d’autres, pour ceux qui se bercent d’illusion en pensant être au-dessus de tout reproche (1 Co 1.23).

Ainsi, ce matin, j’ai écouté des journalistes se demander pourquoi il y avait de moins en moins de monde aux défilés du 1er mai. Ils ont trouvé toutes sortes d’explications ; mais à aucun moment aucun d’entre eux n’a fait valoir, qu’en cette année 2008 le 1er mai tombe le Jeudi de l’Ascension et que, peut-être beaucoup de gens seraient aux cultes. Cette idée ne les a même pas frôlée, tant la foi en Jésus-Christ est devenue marginale dans notre société.

Mais nous aussi, il doit nous « attirer », nous tirer à lui, car en nous aussi il y a des résistances dues à notre nature pécheresse innée. Ce qu’on pourrait appeler « la loi de pesanteur de notre nature pécheresse » nous tire « vers le bas », dans le sens opposé à « l’attirance » exercée par notre Seigneur bien-aimé.

Mais il s’est donné les moyens pour nous arracher aux résistances. D’ailleurs,

------ 2 ------

Notre Seigneur monté au ciel
nous « attire à lui »,


après avoir dû surmonter des résistances bien plus fortes que nous.

Avec la déclaration du Christ choisie comme texte de ce sermon – « moi, quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi » – notre Seigneur parle, en fait, d’abord d’une autre élévation que celle de son ascension. Jean explique : « Il disait cela pour signifier de quelle mort il allait mourir. » (Jn 12.33)

Avant de pouvoir monter au ciel, il devait monter sur la croix. Avant de pouvoir être « souverainement élevé », il devait « s’abaisser lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort – la mort de la croix ! » (Ph 2.8-9). Avant d’être « élevé » à la droite du Père, il devait être hissé sur l’ignominieuse croix de Golgotha.

En fait, avant de pouvoir nous « attirer » auprès de lui dans la gloire céleste, il devait rompre les liens qui nous retenaient attachés sous la colère de Dieu, dans les filets de la damnation éternelle.
Nous savons tous qu’avant de réaliser un travail donné, il faut s’occuper des préparatifs. Avant de commencer à construire une maison, il faut en faire les plans, le devis, les démarches bancaires, réunir les outils et les matériaux. Avant de vous délivrer un sermon, il faut que je le prépare.
Eh ! bien, avant que Jésus ne puisse nous « attirer » à lui au Paradis, il faut qu’il en règle les préparatifs. Ne va pas au ciel qui veut. En fait, si Jésus n’était pas intervenu et n’avait pas réglé les préalables, aucun de nous ne pourrait avoir la certitude d’aller au ciel ; au contraire, la Loi divine nous condamnerait tous sans distinction.

Il fallait que, d’abord, Jésus démolisse toutes les forces opposées à notre élévation. Il fallait qu’il apaise la colère de Dieu, fasse abolir le verdict de notre condamnation, et rende vaines les accusations que Satan élève contre les pécheurs que nous sommes pour amener Dieu à nous faire partager son sort en enfer.

Jésus était le seul à pouvoir démonter ces résistances. Lui seul était capable de satisfaire les exigences de la sainte Loi de Dieu à notre place. Et il l’a fait en faisant porter à notre crédit la vie sainte qu’il a menée, mais aussi en détournant la damnation et les souffrances de l’enfer sur lui.
C’est ainsi qu’il a désamorcé les résistances de Dieu à notre élévation au Paradis ; c’est en se prêtant à l’élévation sur la croix qu’il a rendu possible notre élévation au ciel.
Oh ! il y a encore des résistances à notre entrée au ciel, mais elles ne sont plus du côté de Dieu, elles le sont de notre côté et du côté du monde qui nous entoure.

------ 3 ------

Notre Seigneur monté au ciel
nous « attire à lui »,
et il nous donne les moyens
de neutraliser les résistances
pour le suivre.


« J’attirerai tous les hommes à moi. »
Chère Emma, chers frères et sœurs, Dieu merci ! depuis la droite de son Père, son Fils nous a aussi « attirés » à lui. La preuve : nous sommes ici, dans sa maison. S’il n’y a que toi, Emma, qui aies pu faire état à voix haute de ta foi et de ton amour pour ton Dieu sauveur, de la certitude du salut aussi que tu fondes sur lui, nous tous nous partageons cette joie et cette foi avec toi.
Mais ce n’est pas qu’aujourd’hui que nous nous retrouvons dans la maison du Seigneur. C’est chaque dimanche qu’il nous y invite, et sauf empêchement, nous venons l’y rencontrer chaque semaine. Pourquoi ?

Parce que c’est dans le culte – pas seulement dans le culte, mais là de la façon la plus complète – qu’il se sert des moyens avec lesquels il nous « attire à lui », je veux parler des moyens de grâce, de son « Evangile, puissance de Dieu pour le salut » (Rm 1.16), que ce soit sous forme de Parole ou sous celle des sacrements.

« Quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi » – a-t-il indiqué à ses disciples quelques jours avant sa mort. Depuis, il a été « élevé », d’abord en croix, et peu après à la droite du Père.

Et là, il ne se tourne pas les pouces ; là, il continue d’agir en notre faveur ; là, il fait tout pour que nous soyons « attirés » par lui et, un jour, « élevés » devant son trône de gloire.
Il y a, dans notre catéchisme, une importante question 155 que je vais vous lire : « Notre Sauveur vit dans sa gloire. Quelle est maintenant notre assurance ? » Vous connaissez la réponse ? … Je vais vous aider : elle est en trois points. … Ça vous met sur la voie ? … Et si je vous dis que cela se réfère aux trois fonctions de Jésus ? … Voici la réponse :

« 1°) Comme Prophète, Jésus glorifié envoie des hommes prêcher l’Evangile [la Bonne Nouvelle] du salut. » Pourquoi ? – Mais bien évidemment pour nous « attirer » dans la foi vers lui.
« 2°) Comme Souverain Sacrificateur, il intercède pour nous auprès de Dieu » La aussi : Pourquoi ? – Comme tout à l’heure, pour que nos péchés ne nous empêchent pas d’être unis à lui.
« 3°) Comme Roi, il protège les siens et gouverne le monde dans l’intérêt de son Eglise, » encore pour « attirer » à lui des pécheurs à travers l’Evangile.

L’Eglise ne propose pas à tous les paroissiens d’avoir, à intervalles réguliers, le même entretien public que celui de la confirmation, celui auquel nous avons assisté avec Emma tout à l’heure.. Mais l’Eglise a un catéchisme synodal rédigé pour que chaque membre ait son manuel sous la main pour l’aider à clarifier les questions qu’il peut avoir et pour davantage encore être « attiré » par son Sauveur merveilleux et son salut qui ne l’est pas moins.

C’est ainsi qu’il nous permet de vaincre les tendances opposées à son attirance. C’est ainsi qu’il nous permet, par exemple, de nous lever le dimanche matin pour aller au culte au lieu de continuer à jouir des bienfaits de l’oreiller. C’est ainsi qu’il nous aide à mener une vie chrétienne en semaine malgré les ricanement et les incompréhensions de bien des gens que nous côtoyons.

----- 4 -----

Notre Seigneur monté au ciel
nous « attire à lui » :

et là-bas, nous serons totalement débarrassés de ces résistances.

Nous connaissons tous ce cri du cœur de l’apôtre Paul, impatient d’arriver enfin au but : « J’ai le désir de m’en aller et d’être avec Christ, ce qui serait, de beaucoup, le meilleur » (Ph 1.23) 1000 ans auparavant, le roi David avait déjà jubilé dans le Psaume 16 : « Il y a abondance de joies devant toi, des délices éternelles à ta droite. » (Ps 16.11

Pourquoi ? – Parce que là-bas, Jésus n’aura plus à tirer sur nous pour que nous soyons avec lui, là-bas il n’y aura plus de forces contraires que Jésus devrait surmonter en nous « attirant » plus fort encore ; là-bas il n’y aura plus de péché, plus de peur, plus de tentations. Là-bas, nous serons totalement débarrassés de ces résistances.

Comme nous ne savons pas ce qu’est une vie sans tentation, sans attirance par le mal, nous ne pouvons que nous imaginer l’état de félicité absolue au ciel. Vous rendez-vous compte ? – Là-bas nous pourrons entièrement nous abandonner à la joie d’être unis au Seigneur, sans avoir à mener encore le combat de la foi pour repousser les tentations.

C’est comme si l’objet en métal attiré par l’aimant n’avait pas de poids qui tire vers le bas.

------ Conclusion ------


Oui, Jésus est monté au ciel. Il partage maintenant – aussi selon sa nature humaine – la majesté et les pouvoirs qui étaient de toute éternité celles de sa nature divine.
Il nous est maintenant plus proche que jamais, même si nous ne le voyons pas. Il agit par sa Parole et ses sacrements sur nous comme il n’aurait guère pu le faire s’il était resté dans son état d’abaissement et d’humiliation.

Continuons à nous exposer au champ magnétique de son amour sauveur, au champ magnétique de son Evangile, au champ magnétique aussi de la Sainte Cène. Dans toutes ces rencontres avec nous, il n’a qu’un but : « nous attirer à lui » pour l’éternité !
Amen.

Jean Thiébaut Haessig, pasteur


[1] Jn 17.24 (Segond 21) : « Père, je veux que là où je suis ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire, la gloire que tu m’as donnée. »