dimanche 15 janvier 2012

Sermon du Dimanche 15 Janvier 2012

2ème Dimanche après l’Epiphanie

Mt 11.12-15

Chants proposés :

Célébrons son œuvre étonnante ! AeC 105:1-4

Béni soit le Seigneur (Cant. de Zacharie) AeC 177:1-3

Il est pour le fidèle, au-delà du tombeau AeC 640:1-4

12 « Depuis l’époque de Jean-Baptiste jusqu’à présent, le royaume des cieux est assailli avec force, et des violents s’en emparent.

13 "En effet, tous les prophètes et la loi ont prophétisé jusqu’à Jean.

14 Si vous voulez bien l’accepter, c’est lui l’Elie qui devait venir.

15 Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ! »

Chers frères et sœurs en Christ,

« Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ! » (v. 15)

Êtes-vous des êtres uniques ou des êtres réincarnés ? La question vous surprend ? Je comprends. Je vous propose d’y réfléchir, parce que certains, s’appuyant sur notre texte, affirment que Jean-Baptiste serait le prophète Elie réincarné.

Normalement, il aurait dû être question de Jean-Baptiste dimanche dernier. Mais comme l’Epiphanie (le 6 janvier) tombait cette année un vendredi, nous l’avons fêtée le dimanche d’après, le 1er dimanche après l’Epiphanie.

Je me permets donc de faire un retour en arrière, car la théorie de la réincarnation hante pas mal les esprits de nos contemporains ; ils se croient pourtant si éclairés. Il y en a qui pensent même trouver la réincarnation enseignée dans la Bible. Il faut donc que nous en ayons le cœur net.

Posons-nous les deux questions :

1. ELIE S’EST-IL REINCARNE

EN JEAN-BAPTISTE ?

2. ET NOUS,

SOMMES-NOUS DES REINCARNATIONS

DE PERSONNES DU PASSE ?

X X X 1 X X X

ELIE S’EST-IL REINCARNE

EN JEAN-BAPTISTE ?

Avouez ! En lisant de façon superficielle, si on ne prend pas la peine de se rappeler tout ce que Dieu nous dit par ailleurs dans sa Parole, cette phrase de Jésus peut étonner : « Si vous voulez bien l’accepter, [Jean-Baptiste,] c’est lui l’Elie qui devait venir. » (v. 14)

Que des personnes sans connaissance biblique se mettent à songer à la réincarnation, on peut le comprendre. N’étant pas portées par la foi au salut et en la résurrection corporelle, elles peuvent être emportées par n’importe quelle utopie.

Comment faut-il comprendre cette affirmation de Jésus ? Que signifie : « Si vous voulez bien l’accepter, c’est lui l’Elie qui devait venir » ?

Il faudrait peut-être déjà écouter ce que Jésus dit exactement. Il ne dit pas : « Jean-Baptiste est Elie le Tischbite ». Il ne dit pas : « Jean-Baptiste est cet Elie qui a vécu autrefois.

Non, il utilise une façon de parler très courante. Ainsi, il nous arrive de dire d’un bon stratège ou général : « C’est un Napoléon », ou d’un tyran sanguinaire : « C’est un Hitler » ou : « C’est un Staline » ; ou d’un bon cuisinier : « C’est un vrai Bocuse ! »

Personne ne comprend par là que les personnes dont nous parlons seraient la réincarnation de Napoléon, de Hitler, de Staline ou de Bocuse. Nous voulons dire par là qu’elles sont du même genre, qu’elles sont de la même espèce, que leurs actes rappellent celles des personnages que nous avons cités.

Donc, Jésus ne dit pas ici : « Jean-Baptiste est Elie », mais : « Jean-Baptiste est cet Elie qui devait venir. »

Il est le prophète qui a lui-même été annoncé par un prophète. C’est le prophète Esaïe qui l’a annoncé en premier. Dans son chapitre 40, il prédit : « Une voix crie dans le désert : "Préparez le chemin de l’Eternel, faites une route bien droite pour notre Dieu dans les endroits arides !" Toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline abaissée. Ce qui est tortueux sera redressé et les endroits rocailleux aplanis. Alors la gloire de l’Eternel sera révélée. » (Es 40.3-5)

Jésus ne dit pas : « Jean-Baptiste est Elie », mais : « Jean-Baptiste est cet Elie qui devait venir, » ce fameux précurseur du Messie annoncé par Esaïe (Es 40.3) et qui rappelle le grand Elie (Mal 3.23 ; 4.5).

Jésus veut souligner les traits communs de ces deux hommes exceptionnels dans l’histoire du peuple de Dieu.

1er point de ressemblance : Tous deux étaient des prophètes consumés par le zèle de Dieu.

Elie a été, au 9ème siècle avant J.-C., appelé à s’opposer, pratiquement seul, à l’introduction du culte idolâtre de Baal par le roi Achab et la reine Jézabel.

Jean-Baptiste, quant à lui, avait été chargé, en marge de la structure de l’Eglise de son temps, de préparer les cœurs à recevoir le Messie en la personne de Jésus-Christ.

2ème point de ressemblance : Tous deux menaient une vie austère.

Elie portait un vêtement de peau ou fait d’une étoffe grossière de poils de chameau, sorte de pagne retenu sur ses reins par une ceinture de cuir (2 R 1.8 ; 19.13).

Quant à Jean-Baptiste, son costume rustique – « un vêtement en poils de chameau » avec « une ceinture de cuir autour de la taille » (Mc 1.6) – son costume, donc, rappelait effectivement le prophète Elie. En fait, leur costume austère devait souligner l’appel à la repentance qu’ils ont, tous les deux à leurs époques respectives, fait retentir en Israël.

3ème point de ressemblance : Tous deux ont critiqué le comportement impie de leurs rois respectifs.

Elie s’en est pris au roi Achab, l’un des rois d’Israël les plus impies et cruels qu’ait connu le royaume du nord, roi qui entraîna aussi son peuple dans l’idolâtrie du dieu païen Baal.

Jean-Baptiste, quant à lui, s’en est pris à la débauche d’Hérode le tétrarque qui vivait dans l’adultère avec Hérodiade, la femme de son frère Philippe.

Enfin, 4ème point de ressemblance : Tous deux furent haïs par les reines qui ont cherché à les assassiner.

La reine païenne Jézabel, voulait généraliser le culte de Baal en Israël. Voyant son plan contrecarré par Elie, elle a juré de le faire mourir, mais Dieu ne l’a pas permis, même, Elie n’est jamais mort : Dieu l’a fait monter au ciel sans qu’il ne passe par la mort.

Quant à Jean-Baptiste, lui, il fut en butte à Hérodiade. Celle-ci, vexée de voir un prédicateur du désert critiquer sa vie adultère, fit décapiter le gênant Jean-Baptiste (Mt 14.3-12). Dieu avait trouvé que sa mission était accomplie et que pour lui, le moment était venu de « gagner » au change en passant de cette vie au paradis (Ph 1.21).

Elie et Jean-Baptiste avaient donc bien des points communs. Le dernier rappelait le premier. C’est dans ce sens que Jésus a dit : « Si vous voulez bien l’accepter, c’est lui l’Elie qui devait venir. » Ressemblance n’est pas identité.

D’ailleurs, Jean-Baptiste dit clairement : « Je ne le suis pas, Elie. » (Jn 1.19-28). Je ne fais que lui ressembler par mon apparence, par mon ministère et par l’hostilité des grands que cela provoque.

Et puis, rappelons-nous ce que « la voix du ciel dit à [l’apôtre] Jean : "Heureux dès à présent ceux qui meurent dans le Seigneur ! Ils se reposent …" » (Ap 14.13)

Les croyants au ciel « se reposent … » On ne peut vraiment pas considérer la vie de Jean-Baptiste (capturé, emprisonné, décapité) comme un « repos », ou, pour reprendre une parole de Paul, comme une existence « de beaucoup meilleure » (Ph 1.23) pour Elie, si Jean-Baptiste devait être la réincarnation d’Elie. Cela ne tient tous simplement pas.

Non, ni ce que Jésus dit de Jean-Baptiste ni ce que Dieu nous dit ailleurs dans l’Ecriture Sainte ne permet de voir en Jean-Baptiste la réincarnation du prophète Elie.

Bon, d’accord, mais …

X X X 2 X X X

SOMMES-NOUS DES REINCARNATIONS

DE PERSONNES DU PASSE ?

Ceux qui, dans notre monde occidental, parlent ou rêvent de réincarnation, se laissent en fait entraîner dans des rêveries qui n’ont rien à voir avec la théorie de la réincarnation. Celle-ci est une chose horrible. Voyez vous-mêmes !

Qu’est-ce que la théorie de la réincarnation ?

Selon cette théorie, l’âme immortelle, le véritable moi intérieur d’essence divine (comme si le corps n’était pas aussi créé par Dieu), passerait d’un corps matériel à un autre par une série d’existences réincarnées en raison de la loi du karma.

On ne peut dissocier la théorie de la réincarnation de celle du karma.

Qu’est-ce que la loi du karma ?

Selon cette théorie, une personne doit passer par une succession de vies terrestres pour rétablir l’équilibre d’une vie parfaite par ses propres efforts et pour expier sa dette karmique (le poids des actes des vies antérieures).

La théorie de la réincarnation et du karma

est-elle compatible avec le message biblique ?

Nous verrons que non. La théorie de la réincarnation et du karma est contraire à la Parole de Dieu, et ceci au moins sur les 6 points suivants que j’ai trouvés :

a) Cette théorie prône le salut par les œuvres,

ce qui est en contradiction flagrante avec le message central de l’Evangile. Là, Dieu nous dit que son Fils nous a pleinement sauvés des conséquences de notre péché. Nous n’avons qu’à lui faire confiance. Nous n’avons pas besoin de chercher à nous sauver nous-mêmes par nos efforts, ou à expier nos fautes. Jésus l’a fait par pure grâce, sans aucun mérite de notre part.

Rappelez-vous … et réjouissez-vous en : « C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est pas par les œuvres, afin que personne ne puisse se vanter. » (Ep 2.8-9)

Nous n’avons, fort heureusement, pas à passer notre vie à essayer de nous débarrasser de la colère et de la damnation de Dieu. « Christ nous a rachetés de la malédiction de la Loi, étant devenu malédiction pour nous, » lui, dans son amour insondable, s’étant fait damner à notre place. (Ga 3.13)

« Jésus-Christ le Juste est lui-même la victime expiatoire pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier. » (1 Jn 2.2)

b) La théorie de la réincarnation et du karma s’oppose ensuite à l’amour du prochain.

Selon cette théorie, on ne doit pas venir en aide aux souffrants et aux nécessiteux, sinon on les empêcherait d’expier les fautes de leurs vies antérieures. C’est là le grand problème de fond de la misère en Inde : si vous venez en aide aux nécessiteux, il leur faudra une réincarnation de plus pour s’en sortir, car vous les empêchez de payer pour leurs fautes.

C’est aussi une des raisons pour lesquelles les Hindous haïssent les chrétiens et s’en prennent à leurs missionnaires et à leurs familles : pour eux, les chrétiens, en exerçant l’amour du prochain, dérangent le cycle du karma et des réincarnations.

C’est vraiment tout à l’opposé des exhortations apostoliques : « Portez les fardeaux les uns des autres » (Ga 6.2) ou : « N’oubliez pas de faire le bien et de vous entraider, car c’est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir. » (Hé 13.16)

c) En troisième lieu, la théorie de la réincarnation et du karma méprise le corps humain.

Or, comme notre âme, notre corps aussi a été créé par Dieu, racheté par son Fils et sanctifié par le Saint-Esprit en vue de la félicité éternelle ;

« Le Seigneur Jésus-Christ transformera le corps de notre humiliation pour le rendre conforme à son corps glorieux par le pouvoir qu’il a de tout soumettre à son autorité. » (Ph 3.21)

Et nous attendons cette résurrection de nos corps avec joie.

d) En quatrième lieu, la théorie de la réincarnation et du karma sème le doute.

C’est là tout à fait à l’opposé de la rassurante certitude du salut procurée par l’Evangile. Avec Paul, nous disons avec sérénité et certitude :

« Je sais en qui j’ai cru, et je suis persuadé qu’il a la puissance de garder le dépôt qu’il m’a confié jusqu'à ce jour-là. » (2 Tm 1.12)

D’ailleurs, Jésus nous dit : « Si donc le Fils vous libère, vous serez réellement libres. » (Jn 8.36) – pas … peut-être, pas après de multiples tentatives au cours de x réincarnations.

e) La théorie de la réincarnation et du karma nie que le verdict de chacun est arrêté au moment de son décès.

En fait, la Bible nous dit que plus rien ne change à notre destinée éternelle entre notre décès et le retour du Christ pour le jugement Dernier :

Celui qui est mort dans la foi en Jésus-Christ, est mort acquitté et entendra au Dernier Jour Jésus annoncer publiquement cet acquittement.

Quant à celui qui est mort dans l’incrédulité, il est mort damné et entendra au Dernier Jour Jésus annoncer publiquement sa damnation.

« Il est réservé aux êtres humains de mourir une seule fois [ils ne vivent donc aussi qu’une seule fois !], après quoi vient le jugement, » (Hé 9.27) sans que notre sort change entre notre mort et le jugement.

f) Finalement, la théorie de la réincarnation et du karma nie le salut et le bonheur parfaits des croyants dès leur décès.

Nous y avons déjà fait allusion quand nous avons parlé d’Elie et de Jean-Baptiste. L’Evangile de Jésus-Christ a, là, des paroles réconfortantes à opposer à la terrible théorie de la réincarnation. Avec Paul, nous pouvons dire au moment où le Seigneur nous rappellera :

« J'ai le désir de m'en aller et d'être avec Christ, ce qui est de beaucoup le meilleur. » (Ph 1.23)

Jésus n’a-t-il pas promis au larron repentant sur la croix : « Je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis » (Lc 23.43) ? A « l’aujourd’hui » de notre mort nous nous retrouverons directement au paradis.

Aussi notre liturgie des funérailles annonce-t-elle face à la tombe : « Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur, et ce dès maintenant ! Oui, dit l'Esprit, ainsi ils se reposent de leurs travaux, mais leurs œuvres les suivent. » (Ap 14.13)

Non, vraiment, ceux qui se détournent de l’Evangile vers la théorie de la réincarnation et du karma n’ont rien compris ou bien à l’Evangile, ou bien à la théorie de la réincarnation, sans doute qu’ils n’ont compris aucun des deux.

Quant à nous, remercions le Seigneur pour son Evangile de grâce et de salut en Jésus-Christ !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig