Texte : Lc 17.20-30
20 « Les pharisiens demandèrent à Jésus quand viendrait le royaume de Dieu. Il leur répondit : "Le royaume de Dieu ne vient pas en se faisant remarquer.
21 On ne dira pas : 'Il est ici', ou : 'Il est là.' En effet, le royaume de Dieu est au milieu de vous."
22 Puis il dit aux disciples : "Un temps viendra où vous désirerez voir même un seul des jours du Fils de l'homme, et vous ne le verrez pas.
23 On vous dira : 'Il est ici', 'Il est là’. N'y allez pas, n'y courez pas.
24 En effet, tout comme l'éclair resplendit et brille d'une extrémité du ciel à l'autre, ainsi sera le Fils de l'homme dans son jour.
25 Mais il faut auparavant qu'il souffre beaucoup et qu'il soit rejeté par cette génération.
26 Ce qui est arrivé à l'époque de Noé arrivera de même aux jours du Fils de l'homme.
27 Les hommes mangeaient, buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants, jusqu'au jour où Noé est entré dans l'arche, puis le déluge est venu et les a tous fait mourir.
28 Ce sera comme à l'époque de Lot : les hommes mangeaient, buvaient, achetaient, vendaient, plantaient, construisaient,
29 mais le jour où Lot est sorti de Sodome, une pluie de feu et de soufre est tombée du ciel et les a tous fait mourir.
30 Il en ira de même le jour où le Fils de l'homme apparaîtra." »
Chers frères et sœurs,
désireux de voir votre Seigneur,
Pourquoi si peu de gens croient-ils en la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ ? Pourquoi la foi de bien des chrétiens se relâche-t-elle ? Oui, et pourquoi nous arrive-t-il à nous-mêmes de connaître des périodes où notre foi se met à vaciller ? – Les raisons sont multiples, et ce ne sont pas toujours les mêmes.
Une des raisons, c’est que les gens ne méditent pas assez la Parole de Dieu ; ils ne permettent pas suffisamment à l’Evangile d’agir sur eux, à cette « puissance de Dieu » pour nous faire parvenir au salut et nous y maintenir (Rm 1.16).
Une autre raison, c’est que nous avons du mal à ne pas réagir comme Thomas : « Si je ne vois pas » le Seigneur et ne puis pas le toucher de mes mains, « je ne croirai pas ! » (Jn 20.25) Je ne reconnais que ce que je peux vérifier.
C’est là un principe excellent, même nécessaire, pour la science ; mais il est inutilisable en matière de foi. En matière de foi nous n’avons pas affaire au terrestre, mais au céleste, au divin, ce qui se situe en dehors du domaine de la science et du vérifiable. Cela fait partie du domaine de la foi.
Or la foi n’est pas éveillée par des démonstrations, mais par le témoignage du Saint-Esprit dans l’Evangile.
Nous n’avons jamais vu notre Seigneur. Le temps où on pouvait le voir remonte à deux millénaires. Alors, qu’allons-nous répondre à ceux qui nous demandent :
POUVEZ-VOUS VOIR
VOTRE SEIGNEUR JESUS-CHRIST ?
1. – Pour le moment, non.
2. – Mais un jour, oui, tout à fait !
X X X 1 X X X
Pour l’instant,
nous ne pouvons pas encore voir
notre Seigneur Jésus-Christ.
Il y a deux mille ans, la situation était différente. A l’époque, Jésus a vécu dans son état d’abaissement. A l’époque, « il s'est dépouillé lui-même en prenant une condition de serviteur, en devenant semblable aux êtres humains ». Il voulait alors vivre « comme un simple homme » (Ph 2.7), connaître les mêmes conditions de vie que nous et cependant demeurer pur et saint, contrairement à nous qui échouons en cela.
Ses contemporains pouvaient l’observer comme nos contemporains peuvent nous observer. Il n’avait pas agi en secret ; il pouvait être « reconnu comme un homme » (Ph 2.7) par tous. Cela aussi faisait partie de son abaissement : sa vie, ses souffrances et sa mort devaient être une prédication visible de tous.
Dans notre texte, il avait d’ailleurs prédit ce qui allait lui arriver : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup et qu'il soit rejeté par cette génération. » (v. 25) N’est-ce pas pour cela aussi qu’il est devenu vrai homme, et qu’il s’est fait connaître comme tel ?
Ce qui est étrange, c’est que ce n’est pas lui, mais nous, les pécheurs, qui devrions être punis pour nos péchés. Avec nos défaillances, manquements, fautes et autres transgressions de la Loi de Dieu nous avons empilé une montagne de dettes auprès de Dieu. Nous n’avons pas seulement péché par notre comportement, aussi par nos paroles, et même par nos pensées.
Les péchés que nous avons commis, et le bien que nous n’avons pas fait devraient nous attirer la colère de Dieu ; c’est nous qui devrions être rejetés et endurer les souffrances de l’enfer !
Mais non, c’est un innocent qui s’y colle ! Pourquoi ? Parce qu’il savait qu’il était le seul à pouvoir prendre notre place, le seul à ne pas faillir comme nous. Ce qu’il a ainsi accompli et obtenu, des dizaines de chants le célèbrent.
Pourtant, ça n’a pas été aussi facile à obtenir qu’il nous est facile de le chanter. Il a « fallu qu’il souffre beaucoup » ; il a dû tant souffrir qu’il nous est impossible de l’imaginer. Les âmes sensibles s’émeuvent de ses souffrances physiques en croix. Elles étaient terrible, certes, mais des milliers d’autres ont été exécutés ainsi dans l’Empire romain.
Non, de loin le plus terrible, c’est ce qu’il nous a épargné en le subissant à notre place : d’être rejeté par Dieu, du Créateur de toute choses, de la Source de toute vie, d’être coupé de la Source de tout bien et de devoir subir les souffrances de l’enfer.
Il y a des personnes qui sombrent dans la dépression quand ils ne se sentent pas – ou plus – estimés ou aimés. Peut-être qu’on peut le mieux avoir une idée des souffrances de la damnation éternelle en les assimilant à une horrible et profonde dépression de se savoir repoussé, rejeté et damné pour toujours, pour l’éternité.
Eh bien, c’est ce que Jésus a enduré pour nous. C’est ce qu’il nous fait entrevoir par son cri en croix : « Eli, Eli, lama sabachthani ? » c’est-à-dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?" » (Mt 27.46) – La réponse, c’est : Pour que nous, qui plaçons notre foi en son expiation de nos péchés, ne le soyons plus, abandonnés !
Jésus aurait au moins dû pouvoir se consoler de voir l’humanité – en premier ses compatriotes, les Juifs – lui être reconnaissants pour son sacrifice. Mais non, eux aussi l’ont « rejeté » (v. 25).
Quelle double tragédie ! Dieu a « rejeté » le Christ parce que ce dernier a aimé l’humanité jusqu’à faire sienne notre culpabilité – et il a été « rejeté » par les hommes parce qu’il est resté fidèle à Dieu et à la mission qu’il avait acceptée !
Voilà dans quel abaissement extrême les gens de l’époque ont vu notre Seigneur ! Mais depuis sa résurrection – et surtout à partir de son ascension – il nous prive de sa présence visible.
Ah ! comme nous aimerions pouvoir jeter un coup d’œil dans son « Paradis » ! (Lc 23.43) Comme nous aimerions le voir resplendissant de majesté dans sa gloire céleste ! Et bien sachez que Jésus sait que nous avons parfois ce genre de souhaits. C’est pour cela qu’« il dit [ici] à ses disciples », à une époque où ils pouvaient encore le voir : « Un temps viendra où vous désirerez voir même un seul des jours du Fils de l'homme, et vous ne le verrez pas. » (v. 22)
Non, nous ne pouvons plus le voir actuellement. Nous ne pouvons que le saisir par la foi. « Le Royaume de Dieu est au milieu de vous ! » (Lc 17.21) Et nous pouvons le saisir par la foi dans sa Parole et dans ses sacrements.
X X X 2 X X X
Mais un jour,
bien entendu que nous le verrons !
Un jour… un jour … Oui, mais quand ? C’est ce que nous aimerions bien savoir. Il n’y a sans doute pas de meilleure application du proverbe « La curiosité est un vilain défaut » que dans ce cas. D’ailleurs, Jésus a dû y répondre à plusieurs reprises.
Un jour, il a indiqué que « personne ne connaît le jour et l’heure » (Mt 24.36) de son retour à la fin du monde. Il est vain de vouloir le calculer comme le font certaines sectes. Nous avons mieux à faire : témoigner de notre foi au Sauveur pour inviter d’autres à le rejoindre par la foi et à être prêts quand il paraîtra.
Sa venue sera subite et inattendue. « En effet, tout comme l'éclair resplendit et brille d'une extrémité du ciel à l'autre, ainsi sera le Fils de l'homme dans son jour. » (v. 24) Quand on regarde un ciel orageux, on sait qu’il y aura des éclairs, mais on n’en connaît pas le moment exact de leurs déclenchements.
Pareillement, la venue de Jésus, nous, les croyants, nous l’attendons, mais elle sera malgré tout subite et inattendue dans le détail. Chacun sera pris au dépourvu au milieu de ses occupations quotidiennes.
Jésus fait une comparaison avec le temps de Noé et de Lot.
« Ce qui est arrivé à l'époque de Noé arrivera de même aux jours du Fils de l'homme. Les hommes mangeaient, buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants, jusqu'au jour où Noé est entré dans l'arche, puis le déluge est venu et les a tous fait mourir. » (v. 26-27)
Noé, ce « prédicateur de la justice » de Dieu (2 P 2.5), avait prévenu ses compatriotes durant 120 ans (Gn 6.3). Rien que de le voir construire une arche sur ordre de Dieu aurait dû leur faire comprendre que l’annonce du déluge n’était pas des paroles en l’air. Rien n’y fit : ils continuèrent à vivre dans l’impénitence et furent surpris par la catastrophe.
« Ce sera comme à l'époque de Lot : les hommes mangeaient, buvaient, achetaient, vendaient, plantaient, construisaient, mais le jour où Lot est sorti de Sodome, une pluie de feu et de soufre est tombée du ciel et les a tous fait mourir. » (v. 28-29)
Les habitants cruels et immoraux à l’extrême des villes de Sodome et Gomorrhe furent aussi surpris par le jugement de Dieu au milieu de leurs activités quotidiennes.
« Il en ira de même le jour où le Fils de l'homme apparaîtra. » (v. 30)
Aussi Jésus conclut-il sa parabole des dix vierges par cette exhortation : « Restez donc vigilants, puisque vous ne savez ni le jour ni l’heure où le Fils de l’homme viendra ! » (Mt 25.13) Il ne s’agit pas de songer continuellement au retour du Christ et de ne plus faire rien d’autre, comme l’ont fait les Thessaloniciens à un moment donné, obligeant l’apôtre Paul à les rappeler à l’ordre pour qu’ils se remettent à vaquer à leurs occupations.
D’ailleurs, « les vierges sages » (Mt 25.1-12) s’étaient aussi endormies, mais elles avaient de l’huile dans leurs lampes, elles étaient prêtes pour rencontrer le marié ; elles avaient foi dans le Sauveur des pécheurs. Parce qu’elles croyaient en Jésus-Christ, « le Royaume de Dieu était au milieu d’elles ». Par la foi elles en faisaient partie (v. 21)
Il ne s’agit donc pas de ne plus penser qu’à la rencontre avec notre Seigneur et Sauveur quand il reviendra – et de négliger nos différents devoirs et responsabilités. Non, il s’agit de rester au contact de l’Evangile pour que le Saint-Esprit puisse nous maintenir dans la foi et nous y fortifier, pour que notre rencontre avec le Seigneur soit une fête et non une catastrophe.
Si Jésus ne nous donne pas de réponse précise à la question : « Quand reviendra-t-il de façon visible ? » il nous répond avec précision à la question : « Où apparaîtra-t-il à la fin des temps ? »
Il y a des sectes qui disent : « Sur la Montagne des Oliviers ! », d’autres : « En Galilée ! » Il y en a même une qui prétend que ce sera à Avignon. Cela voudrait dire que nous aurions à nous rendre près de Jérusalem, en Galilée ou à Avignon pour le rencontrer – encore faudrait-il se mettre d’accord …
Et bien non ! Jésus nous indique ici qu’il ne sert à rien de « dire : 'Il est ici', ou : 'Il est là.' » (v. 21) « On vous dira : 'Il est ici', 'Il est là’. N'y allez pas, n'y courez pas. En effet, tout comme l'éclair resplendit et brille d'une extrémité du ciel à l'autre, ainsi sera le Fils de l'homme dans son jour. » (v. 23-24)
Autrement dit, si jamais il devait revenir de notre vivant, vous le verrez à Châtenay comme au Plessis, en Touraine comme dans le Languedoc, en Eure-et-Loire comme en Alsace ; et si vous êtes en visite dans vos familles, en Lettonie comme au Cameroun, au Brésil comme au Togo, en Côte d’Ivoire comme au Congo, aux Antilles comme à Madagascar.
« Quand il viendra dans sa gloire », entouré de ses « saints anges » (Lc 9.26), « tout œil le verra », tout le monde le verra, où : qu’il soit. (Ap 1.7)
Cela arrivera ainsi à coup sûr. Bien des prophéties se sont déjà accomplies, y compris l’annonce que beaucoup de gens « désireront voir » et savoir quand il reviendra. Ce désir est si fort que certains se mettent même à calculer quand cela sera. Contentons-nous de la certitude : Cela sera.
Et il viendra « pour juger les vivants et les morts » (Symbole apostolique). Rappelez-vous sa comparaison avec « ce qui est arrivé à l’époque de Noé » : du temps de Noé, ceux qui n’ont rien voulu savoir de Dieu et de sa Parole ont péri dans le déluge ; l’infime minorité qui lui a fait confiance a été sauvée par lui.
« Cela arrivera de même au jour du Fils de l’homme. » Nous les croyants – que nous soyons alors en vie ou déjà morts – nous serons pris avec lui dans son Paradis ; les incroyants – là aussi qu’ils soient alors en vie ou déjà morts – seront envoyés dans les souffrances de la damnation éternelle.
Pour un court instant – celui de son Retour et du Jugement Dernier – tous le verront. Mais seuls ceux-la pourront le contempler éternellement dans sa gloire qui auront placé leur foi en lui et en ce qu’il a fait pour nous.
Actuellement, « nous marchons [encore] par la foi et non par la vue » (2 Co 5.7).
Mais réjouissons-nous déjà maintenant du bonheur qui sera le nôtre quand nous le verrons face à face et le côtoierons avec les saints anges et tous les rachetés dans la félicité éternelle !
Amen.
Jean Thiébaut Haessig
Chants proposés :
Bientôt, pour juger l’univers LlS 319 : 1-4
Bientôt, pour juger l’univers, LlS 319 : 5-7
Lorsque la terre consumée LlS 321 : 1-5
Venez, enfants de Dieu, venez, peuple fidèle, LlS 170 : 1-6