vendredi 18 octobre 2013

Sermon du dimanche 13 Octobre 2013

20ème dimanche après la Trinité (C)

Christ et son peuple sont inséparables

Ruth 1.14-17 (Rt 1.1-19a ; 2Ti 2.1-13 ; Luc 17.11-19)
Elles se remirent à pleurer tout haut. Orpa embrassa sa belle-mère, mais Ruth lui resta attachée. Naomi dit à Ruth : « Tu vois, ta belle-sœur est retournée vers son peuple et vers ses dieux ; retourne chez toi comme elle ! » Ruth répondit : « Ne me pousse pas à te laisser, à repartir loin de toi ! Où tu iras j’irai, où tu habiteras j’habiterai ; ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu ; où tu mourras je mourrai et j’y serai enterrée. Que l’Eternel me traite avec la plus grande sévérité si autre chose que la mort me sépare de toi ! »

Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous ! Amen.

Le livre de Ruth est une courte histoire de quatre pages dans l’Ancien Testament. Toutefois, étant une vraie histoire de Dieu et de son peuple, il nous apporte une profonde vérité. En particulier, nous voulons examiner la déclaration de Ruth à Naomi : « Ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu. » Nous voulons comprendre que Christ et son peuple sont inséparables. Du coup, si Christ est notre Seigneur, le Corps de Christ est notre peuple.
Ruth a vécu il y a 3000 ans environs à l’époque des juges. Cela a été dans les générations juste après Moïse et Josué, au temps des petits-enfants de ceux qui sont sortis de l’esclavage en Egypte. L’époque des juges n’a pas été un temps heureux. Israël était une confédération peu solide de 12 tribus sans gouvernement central. Il n’y avait pas encore de temple à Jérusalem ni de synagogues à travers le pays. Le livre des juges se termine par cette déclaration : A cette époque-là, il n’y avait pas de roi en Israël. Chacun faisait ce qui lui semblait bon. Jg 21.25.
Chacun faisait ce qui lui semblait bon. Je pense que nous reconnaissons que lorsque chacun fait ce qui lui semble bon, souvent le désordre et des conflits en résultent. Il semble que la plupart des Israélites se sont détournés du vrai Dieu pour suivre les idoles du pays de Canaan.  En conséquence, les Israélites se faisaient continuellement attraper par leurs ennemis, et avaient besoin d’un juge pour les sauver. Ces juges ont été les héros comme Débora et Gédéon. La situation a dégénéré jusqu’au point où une guerre civile a failli exterminer la tribu de Benjamin. Telle a été l’époque des juges.
Mais de cette époque sombre vient cette histoire encourageante de Ruth, une vraie lumière dans l’obscurité. La scène de ce récit montre le besoin de trois veuves d’avoir une sécurité sociale. Naomi avait perdu son mari et ses deux fils, ce qui l’a rendu veuve, elle et ses deux belles-filles Orpa et Ruth. Qu’allaient-elles faire pour survivre ? Comment pouvaient-elles trouver de nouveau des maris et des familles ? Car, à une époque sans système de sécurité sociale, la famille était le seul soutien.
Naomi apprend que la famine qui les avait chassés du territoire d’Israël a pris fin. Pour sa part, elle va retourner auprès de son peuple. Elle convainc Orpa de faire de même, de retourner à son peuple et à ses dieux.
Mais elle n’arrive pas à renvoyer Ruth. C’est parce que Ruth était parvenue à la foi en l’Eternel, le Dieu d’Israël. A cause de cette foi, elle se rend compte qu’elle fait partie du peuple de L’Eternel, et que la seule chose à faire est d’aller avec Naomi. « Ne me pousse pas à te laisser, à repartir loin de toi ! Où tu iras j’irai, où tu habiteras j’habiterai ; ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu ; où tu mourras je mourrai et j’y serai enterrée. Que l’Eternel me traite avec la plus grande sévérité si autre chose que la mort me sépare de toi ! »
J’espère que vous connaissez le reste de l’histoire. Naomi et Ruth vont à Bethléhem en Juda. Ruth commence à travailler dans les champs pour subvenir à leurs besoins. Là elle rencontre Boaz, un parent du mari de Naomi. Boaz rachète le terrain de la famille de Naomi et se marie avec Ruth. Ruth lui donne un fils, Obed, qui devient le père d’Isaï, le père de David.
Dans cette première partie de l’histoire, Dieu nous parle du lien entre un peuple et ses dieux. A l’époque, et toujours dans beaucoup de parties du monde, un peuple ainsi que le culte à son dieu vont de pair. Etre moabite comme Ruth, impliquait que l’on servait l’idole Kemosh et lui appartenait. Les Cananéens servaient Baal ; les Egyptiens Rê parmi tant d’autres, et ainsi de suite. Nous reconnaissons qu’il y a souvent une corrélation entre une ethnie ou un peuple et son dieu ou sa religion. Si par exemple nous rencontrons un Arabe, nous supposerons sans doute qu’il est musulman ; un Japonais peut-être un bouddhiste ; un Indien, un hindou, et ainsi de suite. Bien sûr ce n’est pas toujours vrai, mais ça l’est très souvent.
Nous regardons cette corrélation moins souvent au sens inverse, que le fait de suivre un dieu ou une religion implique que l’on fait partie d’un peuple particulier. Par exemple, si un Français blanc était devenu bouddhiste, probablement, nous ne le considérerions pas comme un oriental. Il y a deux raisons pour cela : premièrement, un changement de dieu ne change pas son appartenance ethnique physique ; et deuxièmement, nous avons tendance à regarder une croyance religieuse comme une valeur personnelle et non pas comme une orientation intégrale de sa vie. Cependant, pour Ruth, son Dieu déterminait son peuple. Appartenir à l’Eternel, c’était faire partie de son peuple. C’est donc l’orientation que Dieu nous présente.
Presque tout le peuple d’Israël était d’ethnie juive, des Hébreux. Mais Dieu n’a pas qualifié son peuple d’une caractéristique physique, d’une appartenance ethnique. Comme Paul l’explique en Romains, « Le Juif, ce n’est pas celui qui en a l’apparence, et la circoncision, ce n’est pas celle qui est visible dans le corps. Mais le Juif, c’est celui qui l’est intérieurement, et la circoncision, c’est celle du cœur, accomplie par l’Esprit et non par la loi écrite. » Rm 2.28-29a. C’est-à-dire, le vrai Juif a toujours été celui qui partageait la foi d’Abraham. L’Eternel n’est pas le Dieu des Juifs ethniques seuls, mais de toute personne qui croit en lui. Et celui qui croit en l’Eternel fait, en conséquence, partie de son peuple. Du coup Ruth associe les deux : « Ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu. »
Voilà un très bel exemple de ce que Jésus a fait de nous. Jésus était Juif d’ethnie, mais il est le Dieu et le Sauveur de tout le monde. Il fait de nous qui venons de beaucoup d’ethnies, un seul peuple qu’il appelle le Corps de Christ. Nous sommes tous comme Ruth. Par nature, nous n’appartenons pas au peuple de Dieu. Nous et nos ancêtres sont nés séparés d’avec Dieu. Mais Christ nous a rachetés pour lui appartenir. Il nous dit : C’est pourquoi, souvenez-vous qu’autrefois vous étiez identifiés comme non juifs dans votre corps, appelés incirconcis par ceux qui se disent circoncis et qui le sont dans leur corps, par la main de l’homme. Souvenez-vous qu’à ce moment-là vous étiez sans Messie, exclus du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde. Mais maintenant, en Jésus-Christ, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang de Christ… A travers lui, en effet, nous avons les uns et les autres accès auprès du Père par le même Esprit. Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers ni des résidents temporaires ; vous êtes au contraire concitoyens des saints, membres de la famille de Dieu. Ep 2.11-13, 18-19. C’est justement ce que Ruth voulait dire : « Ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu. »
Qu’est-ce que cela implique pour nous ? Cela implique que, étant unis à Christ, vous et moi, nous sommes comptés parmi le peuple de Dieu, parmi les descendants d’Abraham. Par le sang de Jésus, nous qui autrefois étions perdus, avons été pardonnés et réconciliés avec Dieu. Nous avons la paix avec Dieu, non pas à cause de quelque acte de justice de notre part, mais uniquement parce que Jésus nous a racheté par sa mort sur la croix. Par cette grâce de Dieu nous avons reçu sa pleine approbation et un libre accès à lui. Comme Ruth est devenue membre du peuple d’Israël par sa foi en l’Eternel, de même nous sommes devenus membres d’Israël par la foi en Christ.
Si donc nous appartenons à Jésus-Christ, nous appartenons également à son peuple. C’est un aspect de l’Evangile qui peut nous éprouver ou même nous offenser. Notre culture appuie de plus en plus sur l’individualisme. Notre époque est très semblable à celle des juges où chacun faisait ce qui lui semblait bon. Bien qu’il y ait un gouvernement national, au plan national nous avons peu de valeurs communes et surtout pas de foi ni de Dieu communs. Chacun réclame faire ce qui lui semble bon, de sorte que, souvent, nous nous éloignons les uns des autres, comme dans un mariage qui va mal. En insistant sur une vie personnelle, sur des valeurs personnelles, sur une vérité, une foi et une conception de Dieu personnelles, nous nous éloignons les uns des autres et faisons de moins en moins un peuple, un corps.
Le monde nous dit que les affirmations religieuses ne sont pas des déclarations de vérité objective, qu’elles sont plutôt des expressions de valeurs personnelles, et que la foi en Christ est un penchant personnel qui n’a rien à voir avec une vérité absolue ni avec une réalité empirique. Ayant cru à ce mensonge, tant de chrétiens ont logiquement conclu qu’ils n’ont pas besoin de faire partie du Corps de Christ. On vous a sans doute dit, « Je n’ai pas besoin d’aller à l’église pour être chrétien. Je peux lire ma Bible et prier chez moi. » Cela revient à dire, « Ton Dieu sera mon Dieu, mais pas ton peuple ! »
Comme c’est différent de la déclaration de Ruth ! « Ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu. » Est-il vraiment possible de mettre notre confiance en Jésus mais de ne pas faire partie de son corps ? Pas selon la parole de Dieu ! De Genèse à l’Apocalypse, avoir foi en Dieu implique nécessairement que l’on fait partie de son peuple. C’est la volonté et le plan de Dieu. C’est la volonté de Christ et l’œuvre du Saint-Esprit.
De quoi au juste est-il question ici ? Il n’est pas question de passer tout son temps ou la plupart de son temps à l’église. Je ne dis pas du tout que nous devrions vivre en communauté et former un ghetto chrétien. Non, le point, c’est que Dieu a choisi d’agir dans ce monde à travers son peuple. Il est Dieu et peut donc faire tout ce qu’il veut. Il veut travailler dans et à travers le Corps de Christ ! Ici, dans son église, parmi son peuple, Dieu agit envers nous par les moyens de sa parole et des sacrements. C’est pour cela que nous les appelons les Moyens de Grâce. De cette façon, notre attention est tournée à ce que Dieu a fait et a dit, et pas à ce que nous souhaitons, pensons ou ressentons !
Bien sûr vous pouvez lire et étudier la Bible chez vous ; et j’espère bien que vous le faites ! Mais soyons honnêtes. Combien de temps avez-vous à y consacrer ? Quand avez-vous lu la dernière fois l’histoire de Ruth et réfléchi à sa parole, « Ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu » ? Pouvez-vous lire la Bible dans ses langues originales ? Avez-vous accès à des commentaires et à d’autres outils pour bien comprendre le texte biblique et l’histoire des peuples anciens qui s’y figurent ? Sans doute que non. C’est pour cela que nous appelons des pasteurs formés en théologie.
De plus, si nous restons chez nous, seuls et isolés, nous n’avons pas accès aux sacrements. Je suppose qu’il y a ceux qui le font, mais normalement, on ne célèbre pas la Saint Cène, seul, chez soi. Sans la Cène, nous nous passons d’une preuve objective que le sang de Jésus a été répandu pour nous, et que nous hériterons de la vie éternelle. C’est une assurance du salut et un soutien de la foi à ne pas manquer. Jésus pense que nous en avons besoin ! Puis-je donc me permettre de rester à la maison en rejetant la vie communautaire du peuple de Dieu, parce que je n’en aurais pas besoin ? C’est la pensée de qui, ça ?
Comment avez-vous entendu la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, que Dieu vous pardonne et vous aime à cause de Christ ? D’une façon ou d’une autre, nous l’avons tous apprise par le moyen du peuple de Dieu ; d’un parent ou d’un ami, ou d’un chrétien inconnu, mais personne ne l’a apprise du journal de 20 h ! L’Evangile est l’annonce de Dieu, proclamé par son peuple.
C’est justement cet Evangile qui proclame que vous et moi, nous sommes frères et sœurs dans une seule famille, avec un seul Dieu, une seule foi, un seul baptême. Pour cette raison, nous nous servons les uns les autres. Comme Ruth s’est efforcée de subvenir aux besoins de Naomi, et Naomi de trouver un mari pour Ruth, de même nous prenons soins les uns des autres. Le faisons-nous parfaitement ? Bien sûr que non. Nous sommes des hommes et des femmes faillibles qui luttons contre l'égoïsme. Nous n’agissons pas toujours avec bonté envers les autres. Mais cela ne change en rien le plan de Dieu à nous former en un seul Corps de Christ. Lui est fidèle et fait en sorte que cette bonté agisse en nous envers les autres. Et cela nous distingue du monde qui ignore cet amour fidèle et ne connais qu’un prêté pour un rendu !
« Ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu. » Voilà la bonne nouvelle que Ruth a reconnue il y a des millénaires. Dieu et son peuple sont inséparables. Jésus-Christ est votre Dieu et son église votre peuple. Vous lui appartenez à cause de Christ. Réjouissez-vous-en et vivez en son peuple !

Que la paix de Dieu qui dépasse tout ce que l’on peut comprendre, garde votre cœur et vos pensées en Jésus-Christ, pour la vie éternelle ! Amen.
Pasteur David Maffett