dimanche 1 novembre 2009

Sermon du dimanche 1er novembre 2009 Toussaint

TOUSSAINT

Texte : Ap 7.9-17

Chants proposés :

Agneau de Dieu, nous te louons LlS 6 : 1-4

Quels accords ! Quels concerts augustes ! LlS 328 : 1-5

Jérusalem ! Cité sainte et bénie, LlS 325 : 1-4

Jérusalem, laisse passer le Roi LlS 162 : 1-3

9 « Après cela, je regardai et je vis une foule immense que personne ne pouvait compter. C'étaient des hommes de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue. Ils se tenaient debout devant le trône et devant l'Agneau, habillés de robes blanches, des feuilles de palmiers à la main,

10 et ils criaient d'une voix forte : "Le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône et à l'Agneau."

11 Tous les anges qui se tenaient autour du trône, des anciens et des quatre êtres vivants se prosternèrent, le visage contre terre, devant le trône et ils adorèrent Dieu

12 en disant : "Amen ! La louange, la gloire, la sagesse, la reconnaissance, l'honneur, la puissance et la force sont à notre Dieu, aux siècles des siècles ! Amen !"

13 L'un des anciens prit la parole et me dit : "Ceux qui sont habillés d'une robe blanche, qui sont-ils et d'où sont-ils venus ?"

14 Je lui répondis : " Mon seigneur, tu le sais." Il me dit alors : "Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation. Ils ont lavé leur robe, ils l'ont blanchie dans le sang de l'Agneau.

15 C'est pourquoi ils se tiennent devant le trône de Dieu et le servent jour et nuit dans son temple. Celui qui est assis sur le trône les abritera sous sa tente.

16 Ils n'auront plus faim, ils n'auront plus soif, le soleil ne les frappera plus, ni aucune chaleur brûlante.

17 En effet, l'Agneau qui est au milieu du trône prendra soin d'eux et les conduira aux sources des eaux de la vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux." »


Chers frères et sœurs,

et plus particulièrement ceux d’entre vous

qui avez perdu des proches récemment !

Lorsque nous partons en voyage, nous avons d’habitude un but. Nous avons une idée des lieux ou des régions que nous allons traverser, aussi de ce que nous allons voir et regarder une fois arrivés à destination ; peut-être aussi qui nous allons rencontrer.

Nous essayons de programmer ce que nous allons faire durant notre séjour, par exemple à notre lieu de vacances. Parfois nos plans se réalisent, d’autrefois non, ne serait-ce qu’à cause de la météo. Nous ne sommes pas les maîtres absolus du déroulement de notre vie.

Qu’il est donc bon de savoir que le voyage de notre vie de croyants a été soigneusement préparé par notre Bon Berger. C’est sous sa direction que notre vie se déroule. Lorsque Jésus, notre Bon Berger nous invite à le suivre, il nous conduit par un chemin qui aboutit finalement et avec certitude à notre Paradis céleste.

Aucun de nous n’y a jamais été ; notre Bon Berger si. Et c’est même de là qu’il nous guide vers notre rencontre visible avec lui.

Quant au guide touristique vers l’au-delà, l’ouvrage descriptif de notre merveilleuse destination – et dont l’auteur est Dieu en personne – c’est l’Ecriture Sainte, les textes sacrés, entre autre cette vision de l’apôtre Jean dans le Livre de l’Apocalypse.

Nous sommes encore en voyage, en cours de route. Mais déjà certains des nôtres sont arrivés à destination. La description que l’apôtre Jean nous fait du lieu où nos frères et sœurs décédés dans la foi nous ont précédés – il est vrai, pour l’instant seulement selon l’âme – la description de cette cérémonie solennelle au Paradis, nous laisse entrevoir

CE QUE L’ETERNITE RESERVE

AUX SAINTS

LORSQU’ILS ARRIVENT

BIEN EN VIE AU CIEL.

Nous y serons

1. UNIS,

malgré nos diversités ici-bas,

2. VICTORIEUX,

malgré nos précédentes défaites,

3. A L’ABRI,

après les anxiétés de cette vie.

X X X 1 X X X

Les saint parvenus au ciel sont

UNIS,

malgré leurs diversités ici-bas,

Car divisés, nous le sommes sur terre, et pas seulement en « nations », tribus », peuples » et « langues » (v. 9).

Les mouvements sociaux dans notre pays, et plus encore les nouvelles alarmantes en provenance de l’étranger, nous font savoir qu’il y a une grande diversité, une criante inégalité des revenus, du niveau de vie, de l’instruction, du développement économique ou du pouvoir d’achat.

Et les tombes de nos cimetières, les décès aussi dans notre entourage, ou les grands malades parmi nos proches ou connaissances montrent qu’il y a aussi une grande diversité entre nous dans les domaines de la santé, de la longévité et de l’espérance de vie.

Le pire, pour un chrétien, ce sont cependant les divisions des chrétiens en de multiples dénominations. Les infidélités et erreurs plus ou moins partielles – mais néanmoins importantes – des uns et des autres rendent ici-bas la communion entre toutes les églises – et l’union dans le culte et l’adoration – impossibles.

Toute autre est l’expérience de nos frères et sœurs défunts. Ils vivent une réalité tout à fait différente au ciel ! Là-bas ils font l’expérience de l’unité et de la communion totales entre tous « ceux qui sont morts en Christ » (1 Th 4.16). Là-bas, dit Jésus, le Bon Berger, « il y aura un seul troupeau » (Jn 10.16).

Sur le plan spirituel, cela est déjà vrai dès ici-bas : nous tous qui plaçons notre foi en Jésus-Christ pour être sauvés, nous formons « la communion des saints » (Symbole apostolique). Mais cela ne se verra qu’au ciel ; cela ne deviendra réalité visible qu’au Paradis. Là-bas, non seulement l’ensemble de ceux qui sont morts dans la foi, mais avec eux aussi « la multitude de l’armée céleste » des anges (Lc 2.13), tous ensemble nous chanterons d’une seule voix les louanges de Dieu, et plus particulièrement du Fils Sauveur.

C’est là l’union la plus profonde et la plus sublime qui soit : l’unité visible dans la communion intime avec Dieu et son Fils, l’unité visible dans le culte et l’adoration communes. Cette unité, atteinte au ciel, fait disparaître toutes les différences qui rendent souvent si difficiles et pénibles les relations entre nous sur terre.

L’analphabète et le savant, le Blanc et l’Africain, le riche et le pauvre, l’employeur et l’employé, le meurtrier repentant et la victime décédée dans la foi, des soldats croyants morts des deux côtés d’un même front, tous adoreront Dieu côte à côte au ciel dans une communion totale.

L’apôtre Jean, auquel Dieu fait la grâce de pouvoir jeter un coup d’œil au ciel, est à la fois impressionné et émerveillé par cette vision. Comment est-ce possible, une telle harmonie entre personnes auparavant si diverses, voire opposées ?

Et il reçoit la réponse : « Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation. Ils ont lavé leur robe, ils l'ont blanchie dans le sang de l'Agneau. C'est pourquoi ils se tiennent devant le trône de Dieu et le servent jour et nuit dans son temple. » (v. 14-15a)

Bref, ce sont là

X X X 2 X X X

Les saints parvenus au ciel. Ils sont

VICTORIEUX,

malgré leurs précédentes défaites,

Et cela nous rassure : cette victoire céleste est remportée par d’anciens pécheurs et non pas par des gens parfaits. S’il fallait être parfait pour remporter cette victoire, comment pourrions-nous jamais espérer la remporter ? Et comment pourrions-nous alors être consolés et rassurés après le décès de nos proches morts dans la foi en Jésus-Christ ?

Sans doute sommes-nous, dans cette vie, là pour les autres ; nous nous efforçons d’être serviables envers ceux qui sont dans le besoin et que le Seigneur place sur notre chemin ou sur celui de notre Eglise. Mais cela ne suffit pas pour faire de nous des saints aux yeux de Dieu. « De fait, la personne qui obéit à toute la loi mais qui pèche contre un seul commandement est en faute vis-à-vis de l'ensemble » (Jc 2.10).

Dieu place la barre de ses exigences si haut que personne, absolument personne, ne peut se présenter devant Dieu de façon à être accepté par ses propres mérites. C’est notre grand échec, notre grande défaite.

A cela s’ajoute notre attitude pas souvent exemplaire dans nos diverses épreuves. « C’est à travers beaucoup de difficultés » petites et grandes – « qu’il nous faut entrer dans le Royaume de Dieu. » (Ac 14.22) Et nous ne sortons pas toujours victorieux de nos épreuves. Parfois nous échouons lamentablement devant les problèmes auxquels Dieu nous confronte.

Ceux que l’apôtre Jean voit autour du trône de Dieu n’ont pas été meilleurs que nous. Eux aussi ont échoué face à certaines épreuves et chuté dans bien des péchés. Eux aussi se sont souillés par le péché de leur vivant. Pourtant, ils en sont sortis victorieux !

C’est que Dieu en personne leur a donné la victoire ; c’est Dieu qui les a arrachés à leur défaite, à leur échec, à leur culpabilité.

Leur existence polluée par le péché, leur justice personnelle « pareille à un habit taché de sang » (Es 64.6), Dieu les a « purifiés » par « le sang de Jésus-Christ, son Fils » (1 Jn 1.7).

C’est parce qu’ils ont placé leur foi dans le pouvoir purificateur du sang de Jésus, que les croyants « ont lavé leur robe, ils l'ont blanchie dans le sang de l'Agneau » (v. 14), dans le sang de Jésus, l’Agneau de Dieu qui s’est immolé pour nous.

Ainsi, Jésus, « l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jn 1.29), a expié nos péchés, nous a procuré sa justice en échange et a ainsi réconcilié Dieu avec nous.

Or, écrit Paul, « si Dieu est pour nous » (Rm 8.31), s’il est de notre côté parce que nous nous confions dans la mort expiatoire de son Fils, alors la victoire finale ne peut que nous être assurée, Dieu fait alors « concourir toutes choses à [notre] bien [à nous] qui l’aimons » (Rm 8.28). Toutes nos épreuves, même la mort physique, deviennent alors « un gain » (Ph 1.21). « Dans tout cela nous sommes plus que vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés » (Rm 8.37) et qui nous a donné la victoire par son Fils.

Voilà pourquoi ceux qui ont remporté la victoire et sont arrivés au but céleste chantent « debout devant le trône et devant l'Agneau […] d’une voix forte : "Le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône et à l'Agneau." » (v. 9-10)

« Le salut », nous le devons à l’amour de Dieu et au sacrifice de son Fils ; c’est à eux que nous devons notre entrée victorieuse au ciel le moment venu.

Ce que les saints chantent au Paradis, c’est aussi ce que nous confessons et espérons ici-bas. Et pourquoi notre chant est-il tellement joyeux ? – Parce que notre victoire ne dépend pas de nous – ce qui la mettrait hors d’atteinte, vu que nous sommes pécheurs – non, notre victoire nous est donnée par Dieu à qui « rien n’est impossible » (Lc 1.37) ; elle nous est donnée par Dieu qui a prouvé son amour efficace envers nous à Golgotha.

Les péchés et les épreuves font partie de ce temps-ci. Ils passeront. Dieu donnera la victoire à tous ceux qui se réfugient dans la foi auprès de son Fils.

Ici, nous rencontrons encore bien des problèmes et des difficultés, chacun de nous connaît le mieux les siens. Mais lorsque nous rejoindrons les saints, ceux qui nous ont précédés, là-bas, au ciel, nous serons définitivement débarrassés de tout ce qui pèse sur nous et nous fait souffrir.

X X X 3 X X X

Les saint parvenus au ciel sont

A L’ABRI,

après leurs anxiétés d’ici-bas.

L’anxiété est à l’opposé de la foi. La foi est faite de confiance en l’intervention et la protection de Jésus. Pourtant, nous faisons parfois cette étrange expérience : il arrive à notre foi de fléchir et de vaciller sous les coups et les tensions de la vie.

Notre texte résume ces expériences pénibles et angoissantes avec les termes « faim […], soif […], soleil […], chaleur » (v. 16). Au Proche-Orient, c’était là les catastrophes extrêmes. Et aujourd’hui, les pays du Sahel, par exemple, sont là pour nous montrer que ces menaces existent toujours.

Qu’est-ce qui nous fait généralement peur ? – Tout ce qui menace notre vie et apporte la mort. On essaye par tous les moyens de repousser aussi loin que possible le moment où il faudra s’engager « dans la sombre vallée de la mort » (Ps 23.4). Avec angoisse on court d’un médecin à l’autre. Combien ne sont que des malades imaginaires tenaillés par la peur de mourir.

Oh ! ne jouons pas les fanfarons hypocrites ! Quelque part, la mort nous angoisse tous, car elle est contre nature. Dieu ne l’a pas programmée dans sa création. Elle y a été introduite par Satan quand celui-ci l’a sabotée par le péché.

Mais Dieu est intervenu en notre faveur en envoyant son Fils Jésus-Christ. Et ce dernier nous a apporté la victoire sur la mort.

La vision que l’apôtre Jean a eue, dans notre texte, la vision de notre vie future au Paradis, nous rassure. Cela nous aide à surmonter la peur de notre mort.

Combien cet autre apôtre – Paul – a-t-il eu raison de confesser : « Christ est ma vie et mourir représente un gain. […] J’ai le désir de m’en aller et d’être avec Christ, ce qui est de beaucoup le meilleur. » (Ph 1.21+23) La vision du Paradis de notre texte lui donne raison : la mort n’est plus un malheur pour les croyants que Dieu rappelle à lui.

Là-bas, au ciel, Dieu « les abritera sous sa tente » (v. 15) et écartera d’eux définitivement toutes les causes d’angoisse. Il leur dit : « Jamais plus ! » « Ceux qui sont habillés d’une robe blanche […] devant le trône de Dieu, » aucun mal, aucune angoisse « ne les frappera plus ! » (v. 13+15+16) Ce sera la félicité sans ombre que tous les morts en Christ connaissent et que nous connaîtrons plus tard aussi.

Car « l’Agneau qui est au milieu du trône prendra soin d’eux et les conduira aux sources des eaux de la vie. » (v. 17) C’est là comme une médecine ; celle-ci ne guérit pas seulement des maladies, mais de tous les maux. « L’eau de la vie » que Jésus, « l’Agneau de Dieu » (Jn 1.29), nous donne à boire, rend immortel.

« Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. » (v. 17) – Quand quelqu’un essuie nos larmes, cela n’enlève pas notre chagrin pour autant, et les larmes peuvent se remettre à couler.

Quand « Dieu essuiera toute larme de [nos] yeux, » il s’y prendra autrement : il supprimera toute raison de pleurer ; aussi les larmes cesseront d’elles-mêmes de couler.

Et il le fera définitivement. Il ne nous viendra plus jamais l’idée de pleurer là où notre glorieux Seigneur ressuscité nous fera partager sa félicité sublime et éternelle.

N’attendons pas de mourir pour commencer à vouloir goûter les bienfaits que nous révèle cette vision ! Dans la foi en Christ nous pouvons déjà ici-bas nous trouver affermis

Ø par la communion – pour l’instant invisible – de tous les croyants,

Ø par la victoire que Christ nous fera partager,

Ø et par la sécurité que nous connaissons dès maintenant entre les puissantes mains de Dieu.

Et ce que nous croyons ainsi, les morts en Christ sont en train de le vivre et de le célébrer avec les anges et les archanges.

C’est là notre consolation quand nous sommes dans le deuil. C’est aussi ce qui nous pousse à entonner avec eux ce chant de louange à Dieu : « Amen ! La louange, la gloire, la sagesse, la reconnaissance, l'honneur, la puissance et la force sont à notre Dieu, aux siècles des siècles ! Amen !"

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

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