lundi 20 juillet 2009

Sermon du 19 juillet 2009 - 6ème Dimanche après la Trinité

Texte : Es 43.1-7

1 « Maintenant, voici ce que dit l'Eternel, celui qui t'a créé, Jacob, celui qui t'a façonné, Israël : N'aie pas peur, car je t'ai racheté. Je t'ai appelé par ton nom : tu m'appartiens !

2 Si tu traverses de l'eau, je serai moi-même avec toi ; si tu traverses les fleuves, ils ne te submergeront pas. Si tu marches dans le feu, tu ne te brûleras pas et la flamme ne te fera pas de mal.

3 En effet, je suis l'Eternel, ton Dieu, le Saint d'Israël, ton sauveur. J'ai donné l'Egypte en rançon pour toi, l'Ethiopie et Saba à ta place.

4 Parce que tu as de la valeur à mes yeux, parce que tu as de l'importance et que je t'aime, je donne des hommes à ta place, des peuples en échange de ta vie.

5 N'aie pas peur, car je suis moi-même avec toi. Je ramènerai ta descendance de l'est et je te rassemblerai de l'ouest.

6 Je dirai au nord : "Donne !" et au sud : "Ne retiens personne ! Ramène mes fils des pays lointains et mes filles de l'extrémité de la terre,

7 tous ceux qui portent mon nom, que j'ai créés pour ma gloire, que j'ai façonnés, que j'ai faits." »

Chers frères et sœurs,

qui avez « de la valeur »

et « de l’importance » pour Dieu !

Vous vous rappelez de la leçon de sciences naturelles – oh ! pardon, les jeunes, aujourd’hui ça s’appelle SVT (sciences de la vie et de la terre) – sur la réaction de Pavlov ? Je n’entre pas dans les détails, sinon ça va nous prendre trop de temps, autant que j’en ai mis au bac, car c’est le sujet que j’ai dû y traiter.

Bref, la réaction dite de Pavlov, c’est le fait que certaines scènes, certaines couleurs, certains sons ou certains goûts ou saveurs déclenchent automatiquement le souvenir d’un vécu précis ou une réaction précise.

Il en va de même de certains passages bibliques. Quand je les entends ou les lis, ils me rappellent certains événements marquants de ma vie. Ainsi, en entendant ou lisant Rm 14.7-9, je vois encore le Professeur Guillaume Wolff faire son allocution en fin de cérémonie d’enterrement de mon frère en février 1971.

Et quand je lis ou entends notre texte d’aujourd’hui, je suis transporté deux ans et demi plus haut encore, en juillet 1968 : c’est sur ce texte qu’a prêché le Pasteur Kreiss à l’enterrement de deux de mes cousins décédés accidentellement dans les Alpes.

Allons-nous sortir de ce culte avec des mines … d’enterrement ? Oh, que non ! D’ailleurs, si ce texte a été proclamé face à la mort de deux croyants, c’est qu’il déborde de vie, de paix et de joie, c’est qu’il annonce un message de vie, une certitude qui soulage et réjouit.

Dieu EST

notre partenaire merveilleux

dans une divine alliance

1. qu’il a voulue pour nous,

2. qu’il destine aussi à d’autres,

3. qu’il a établie lui-même,

4. pour laquelle il a payé le prix fort,

5. dans laquelle nous sommes en sécurité,

6. qui débouche pour nous dans la gloire éternelle.

X X X 1 X X X

Dieu est notre merveilleux partenaire dans

une divine alliance

qu’il a voulue pour nous

La première chose qui me frappe en lisant ce texte, c’est ce déferlement de « je », Dieu qui ne cesse de parler à la première personne, l’insistance avec laquelle il énumère tout ce qu’il a fait et continue de faire pour nous : « J’ai » fait ceci pour vous, et « je » fais aussi cela pour vous. Si j’ai bien compté, en sept versets, Dieu s’adresse ici 14 fois à nous à la première personne du singulier.

Si ce n’est pas une preuve de l’intérêt qu’il nous porte, de la relation personnelle qu’il a établie et qu’il veut resserrer avec nous, je ne vois pas ce qu’il faut de plus.

Il n’a pas attendu que nous nous intéressions à lui : c’est lui qui s’est intéressé à nous en premier, c’est lui qui a pris l’initiative pour établir cette alliance avec nous.

Et là vient cette déclaration d’amour renversante, tant elle nous prend au dépourvu, nous qui savons que par nos péchés nous sommes voués à la colère de Dieu : « Tu as de la valeur à mes yeux, […] tu as de l'importance et […] je t'aime. » (v. 4). Nous reviendrons sur cette déclaration d’amour de Dieu plus tard.

C’est cet amour pour nous qu’il exprime encore quand il se présente ici à nous comme « l'Eternel, celui qui t'a créé, Jacob, celui qui t'a façonné, Israël. […] Je t'ai appelé par ton nom ! »

Il ne parle pas là de son œuvre de la création. Il ne nous rappelle pas ici qu’il est notre Créateur. Certes, il l’est – qui d’autre pourrait l’être ? – mais il nous rappelle ici que c’est lui qui a fait de nous son peuple, « le peuple qui lui appartienne » (Tt 2.14) comme l’écrit Paul à Tite.

Dans notre texte, Dieu s’adresse par Esaïe à son peuple élu de l’Ancienne Alliance, symboliquement appelé « Jacob » ou « Israël » comme ce patriarche, son ancêtre. C’est Dieu qui l’a « créé » et « façonné ». Nous avons tendance à nous attribuer trop facilement ce que nous devons finalement à Dieu, à son action, à son intervention, à sa bénédiction.

Et bien non, pas plus que les croyants de l’Ancienne Alliance nous n’avons le droit de regarder les autres de haut et de nous croire supérieurs. Certes, nous avons quelque chose que les incroyants n’ont pas, quelque chose qui manque cruellement aux adeptes des autres religions : nous avons le Christ et sa grâce, le Christ et son pardon, le Christ et son salut.

Mais nous l’avons, parce que Dieu s’est intéressé à nous et a tout fait pour nous l’offrir par pure grâce. C’est Dieu qui nous a « appelés » dans son alliance de grâce, c’est lui qui a fait de nous ses alliés, ses enfants, ses héritiers. L’initiative est venue de lui. Soyons-lui reconnaissants, restons humbles, et réjouissons-nous de notre aubaine !

Et n’oublions pas :

X X X 2 X X X

Dieu, notre merveilleux partenaire

DESTINE CETTE divine alliance

aussi a d’autres

Autrement dit : nous ne pouvons pas nous réjouir de façon égoïste de ce qui nous est arrivé de merveilleux quand Dieu nous a appelés dans sa divine alliance ; nous devons aussi songer à ceux qui ne s’y trouvent pas encore et que Dieu voudrait aussi y voir reçus.

D’ailleurs, par rapport au peuple de l’Ancienne Alliance, les descendants de « Jacob », nous sommes la preuve vivante que Dieu amène des pécheurs de toutes les nations dans son alliance, nous sommes la preuve de l’accomplissement de la prophétie de notre texte, la preuve de cette promesse qu’il a faite au Peuple d’Israël par Esaïe : « Je ramènerai ta descendance de l'est et je te rassemblerai de l'ouest. Je dirai au nord : "Donne !" et au sud : "Ne retiens personne ! Ramène mes fils des pays lointains et mes filles de l'extrémité de la terre." » (v. 5-6)

Rien que dans notre paroisse, nous voyons comment il a rajouté aux premiers membres de son église d’origine israélite, des Camerounais, des Togolais, des Ivoiriens, des Congolais et des Malgaches, des Lettons et des Brésiliens, des Français (eh oui, même des Français ! – Dieu n’est vraiment pas difficile !), des Français de métropole ou des Antilles, sans parler des Américains, des Canadiens et autres que nous avions déjà parmi nous. Et notre paroisse n’est qu’un tout petit exemple de l’accomplissement de cette prophétie.

Nous le savons, cet accomplissement n’est pas fini, il est en cours : une fois reçus dans l’alliance de Dieu, notre regard se tourne vers ceux qui n’y sont pas encore. Et nous faisons notre possible pour en amener d’autres à nous rejoindre pour qu’ils bénéficient comme nous des bienfaits de cette alliance, bienfaits dont nous parlerons encore.

X X X 3 X X X

Dieu, notre merveilleux partenaire

a lui-même etabli

cette divine alliance

On ne peut assez y insister – tout comme on ne peut suffisamment s’en émerveiller ! – : le Dieu trois fois saint a pris l’initiative de nous recevoir, nous les pécheurs, dans son alliance, une alliance extrêmement intime et personnelle.

Nous n’y sommes pas des anonymes, nous n’y sommes pas de simples numéros, non : « Je t’ai appelé par ton nom ! » (v. 1) dit-il à chaque membre de son alliance. J’ai tenu à ce que tu sois sauvé.

Comme « tu étais, par ta condition même [de pécheur impie] un enfant destiné à la colère, tout comme les autres » (Ep 2.3), mais comme dans mon amour je voulais t’éviter la damnation, j’ai pris les dispositions pour que tu échappes au châtiment mérité par ton état pécheur.

Dans son Epître aux Ephésiens, Paul reprend les termes de notre prophétie d’Esaïe : « C’est lui qui nous a faits ; nous avons été créés », et Paul précise maintenant : « créés en Jésus-Christ » (Ep 2.10). L’apôtre montre par là qu’Esaïe parle de la création de l’Eglise des croyants, de la conversion des pécheurs au Sauveur et de leur intégration dans son Eglise.

Eglise de Jésus-Christ – et toi qui en fais partie par la foi – c’est « l’Eternel […] qui t’a créée, […] qui t’a façonnée » en tant que communauté des croyants. Il t’a « appelée des ténèbres à sa merveilleuse lumière » (1 P 2.9). Il nous a « créés » et continue de nous « façonner » en s’adressant continuellement à nous par ses promesses d’Allié divin, par ses promesses de salut, par ses promesses d’Evangile.

Et Paul, d’expliquer, toujours dans ce chapitre 2 de l’Epître aux Ephésiens : « Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu ! » (Ep 2.8)

Pour nous un don. Un don, pas un dû : Dieu ne nous doit rien. Pour nous un don qui vient du cœur débordant d’amour de Dieu. Pour nous un don gratuit, pour Dieu ça a eu un coût.

X X X 4 X X X

Dieu, notre merveilleux partenaire,

a paye le prix fort

pour pouvoir nous avoir

dans son alliance divine

C’est que, étonnamment, Dieu nous dit : « Tu as de la valeur à mes yeux, […] tu as de l'importance, […] je t'aime. » (v. 4).

Nous avons du mal à croire que les pécheurs que nous sommes nous puissions avoir de « la valeur » et de « l’importance » pour le Dieu trois fois saint, le Créateur et Maître de l’univers, qu’il puisse nous « aimer ».

Etonnant, insaisissable, effectivement ! Et pourtant, il n’y a pas de doute à ce sujet. Nous connaissons « le grand prix » qu’il a déboursé pour nous « racheter » (1 Co 6.20 ; 7.23). Il n’a pas mis moins sur la balance pour notre rachat que son propre Fils.

« Dieu a tant aimé le monde » – Dieu t’a tant aimé, toi aussi ! – « qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » – toi aussi ! (Jn 3.16)

Quelque chose à quoi vous avez consacré beaucoup d’efforts et de sacrifices, vous y tenez fortement, cela a de l’importance pour vous. Eh bien, pour nous, Dieu a apporté le plus grand sacrifice qui soit, son propre Fils. C’est ce qui nous donne notre « valeur » ; elle nous vient du prix qui a été versé pour nous.

Maintenant que nous faisons partie de l’Eglise de Jésus-Christ, maintenant que nous sommes élevés dans son alliance de grâce et de vie, nous resplendissons de sa justice et de sa sainteté qu’il nous a offertes, de sa sainteté et de sa justice avec lesquelles il recouvre notre péché.

Voilà comment nous sommes devenus – miraculeusement, grâce au sacrifice expiatoire de Jésus-Christ – les partenaires « importants » de Dieu dans sa divine alliance, des partenaires qui ont « de la valeur à ses yeux », ce qui entraîne de merveilleuses retombées pour nous, comme nous allons le voir dans le point suivant :

X X X 5 X X X

Dieu, notre merveilleux partenaire, car

dans sa divine alliance

nous sommes en securite

« Si tu traverses de l'eau, je serai moi-même avec toi ; si tu traverses les fleuves, ils ne te submergeront pas. Si tu marches dans le feu, tu ne te brûleras pas et la flamme ne te fera pas de mal. » (v. 2)

Ah bon ? Comment se fait-il alors que des croyants meurent dans des accidents, comme mon frère, étudiant en théologie, mort à 21 ans à deux pas d’ici sur l’avenue de la Division Leclerc ? Avant-hier il aurait eu 60 ans !

Qu’est-ce que cela veut dire ? – N’oublions pas que le livre du prophète Esaïe est écrit dans le style poétique de l’époque. Il utilise des images pour nous faire comprendre, dans notre texte, quelles sont sa sollicitude et sa protection pour les croyants, ses alliés.. Il parle du spirituel et de l’éternel, comme Dieu donne lui-même l’explication de ces affirmations étonnantes : « En effet, je suis l'Eternel, ton Dieu, le Saint d'Israël, ton sauveur. » (v. 3)

Dieu veut nous faire comprendre qu’il se tient à nos côtés, qu’il veille à ce que rien ne puisse nous arracher à son alliance de grâce et de vie. Paul dira la même chose ainsi dans l’Epître aux Romains : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Lui qui n’a pas épargné son propre Fils mais l’a donné pour nous tous, comment ne nous accorderait-il pas aussi tout avec lui ? […] Dans tout cela, nous sommes plus que vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. […] Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur. » (Rm 8.31-39)

Avoir Dieu pour Allié, cela signifie tout simplement que « tout contribue à [notre] bien » (Rm 8.28), y compris les épreuves, y compris les souffrances.

Dieu sait que nous sommes encore parfois désemparés, abattus, déçus, découragés. Il nous dit dans ces situations : « N'aie pas peur, car je t'ai racheté. Je t'ai appelé par ton nom : tu m'appartiens ! » (v. 1)

L’Epître aux Hébreux nous rappelle même que notre Seigneur sait même « compatir à nos faiblesses », ayant « été tenté en tout point comme nous », il est vrai, en ce qui le concerne, « sans commettre de péché ». Mais comme il sais ressentir ce que nous ressentons, « approchons-nous avec assurance du trône de la grâce afin de trouver compassion et de trouver grâce pour être secourus au moment opportun » (Hé 4.15-16)

Ce moment, bien entendu, lui seul le connaît, mais faisons-lui confiance : il a montré qu’il nous aime et qu’il tient à nous.

Avec un tel Allié, nous pouvons être rassurés dans les épreuves, nous pouvons trouver auprès de lui la force de persévérer, d’autant que nous savons aussi que

X X X 6 X X X

Dieu, notre merveilleux partenaire,

va faire deboucher pour nous

sa divine alliance

dans LA GLOIRE ETERNELLE

Les alliances de ce monde passent toutes. Vérifiez dans l’histoire du monde ! Les unes n’ont pas tenu longtemps en raison de trahisons ou de difficultés diverses, d’autres ont été remplacées par de plus intéressantes, certaines ont trouvé leur fin dans un conflit armé.

Cela est pareil pour des alliances personnelles. Même notre contrat de mariage ne tient pas plus longtemps que le jour de notre décès.

Eh bien, ce n’est pas pareil avec l’Alliance que Dieu a conclue avec nous dans le Baptême et qu’il consolide chaque jour par ses promesses de grâce et de fidélité. Son alliance est une « alliance éternelle » (Es 55.3 ; Hé 13.20) : notre mort n’y met pas un terme, au contraire, c’est là que cette alliance prend toute sa dimension, c’est là qu’elle se déploie et se magnifie pleinement.

C’est aussi ce que notre Allié divin nous assure ici :

« Tous ceux qui portent mon nom », « je [les] ai créés pour ma gloire ! » (v. 7)

En nous recevant dans son alliance, dans sa famille éternelle, Dieu nous a donné son nom à lui, nous sommes devenus ses enfants et les « héritiers de la vie éternelle » (Tt 3.7), les héritiers de « sa gloire », comme il s’exprime ici.

C’est même dans ce but qu’il nous a sauvés, qu’il nous a intégrés dans son alliance ! Il nous a « créés » en tant que membres de son Royaume « pour » que nous entrions dans « sa gloire » céleste !

Voilà le but ultime auquel il nous destine. Voilà pourquoi, quand un frère ou une soeur dans la foi meurt – comme Mme Montella cette semaine –, « nous ne sommes pas dans la tristesse comme les autres, qui n’ont pas d’espérance » (1 Th 4.13)

Nous savons : L’Alliance avec le divin Allié tient bon au-delà de la mort ; elle s’y déploie même là-bas pleinement dans « la gloire ».

X X X Conclusion X X X

Dans notre texte Dieu s’adresse à nous pour nous rappeler ce qu’il a fait pour nous et ce qu’il continue de faire pour nous en tant qu’Allié sûr et fidèle.

N’oublions pas non plus – même si Dieu n’en parle pas dans ces sept versets – de lui montrer notre foi dans les dispositions de son contrat, et notre gratitude pour avoir été pris comme partenaires dans son alliance éternelle !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig


Chants proposés :

Viens en cette heure, ô tendre Père, AeC 225 :1-3

Ø Liturgie d’entrée

Je t’appartiens par le baptême AeC 574 : 1-4

Ø Prédication

Nos cœurs pleins de reconnaissance AeC 562 : 1-3

Ø Liturgie de Sainte Cène

Pare-nous pour cette fête AeC 581 : 1-2*