dimanche 19 septembre 2010

Entretien dialogué du dimanche 12 septembre 2010

Culte de Rentrée Gn 2.5-15

Chants proposés :

Père éternel et bon, LlS 13 : 1-3

O douce Providence LlS 24 : 1-5

Chaque matin, je répète, LlS 276 : 1-5

Ô Jésus, notre divin Roi, LlS 166 : 1-3

5 « Lorsque l’Eternel Dieu fit la terre et le ciel, il n’y avait encore aucun arbuste des champs sur la terre et aucune herbe des champs ne poussait encore,

car l’Eternel Dieu n’avait pas fait pleuvoir sur la terre et il n’y avait pas d’homme pour cultiver le sol.

6 Cependant, une vapeur montait de la terre et arrosait toute la surface du sol.

7 L’Eternel Dieu façonna l’homme de la poussière de la terre. Il insuffla un souffle de vie dans ses narines et l’homme devint un être vivant.

8 L’Eternel Dieu planta un jardin en Eden, du côté de l’est, et il y mit l’homme qu’il avait façonné.

9 L’Eternel Dieu fit pousser du sol des arbres de toute sorte, agréables à voir et porteurs de fruits bons à manger. Il fit pousser l’arbre de la vie au milieu du jardin, ainsi que l’arbre de la connaissance du bien et du mal.

10 Un fleuve sortait d’Eden pour arroser le jardin, et de là il se divisait en quatre bras.

11 Le nom du premier est Pishon : il entoure tout le pays de Havila où se trouve l’or.

12 L’or de ce pays est pur. On y trouve aussi le bdellium et la pierre d’onyx.

13 Le nom du deuxième fleuve est Guihon : il entoure tout le pays de Cush.

14 Le nom du troisième est le Tigre : il coule à l’est de l’Assyrie. Le quatrième fleuve, c’est l’Euphrate.

15 L’Eternel Dieu prit l’homme et le plaça dans le jardin d’Eden pour qu’il le cultive et le garde. »

(Segond 21, 2007)

Essayez, d’abord, de trouver les réponses par vous-mêmes.

Puis consultez les réponses en deuxième partie.


Chers frères et sœurs en Christ, notre Seigneur !

QUESTIONS

X X X Pour commencer X X X

1. Pourquoi pensez-vous que j’aie choisi cette péricope pour notre culte de Rentrée ?

2. D’où est tiré notre texte ?

3. Ce texte parle-t-il vraiment de la création de l’homme et de la femme ? Est-il question de la femme dans notre texte ?

4. Notre texte ne concerne-t-il alors que les hommes ? Les femmes peuvent-elles faire un tour – commencer à préparer le repas paroissial – en attendant la Prière Générale ?

En ce début de nouvelle année d’activités de la paroisse, je vous propose de réfléchir aux trois questions suivantes :

Que, où et pourquoi

sommes-nous ici ?

X X X 1 X X X

Que sommes-nous ?

« L’Eternel Dieu façonna l’homme de la poussière de la terre. Il insuffla un souffle de vie dans ses narines et l’homme devint un être vivant. » (v. 7)

1. De quoi sommes-nous composés, selon ce verset ?

2. Commençons par notre corps. Je vais demander à notre Universitaire, experte en biologie, Mme …, de nous dire ce que lui inspire – du point de vue biologique – cette phrase : « L’homme est façonné de la poussière de la terre. »

3. Cela est souligné aussi par le nom que Dieu donne à l’homme en hébreu : « Adam », de « adamah », le sol. « Adam » ou « homme » signifie en hébreu « le terreux », celui qui est fait de terre.

N’y a-t-il pas quelque chose qui nous le prouve, sans que nous ayons besoin d’êtres experts en biologie ou chimie organique ?

4. Ce processus de désintégration – la mort du corps – est-il le signe que Dieu a raté son œuvre ?

5. Pourquoi Dieu a-t-il décidé de faire vivre au corps avec la mort le processus contraire à celui de sa création ?

6. Venons-en à « l’âme ». Peut-être qu’on ne peut mieux saisir l’origine divine de l’âme qu’en regardant de près la façon de s’exprimer de notre texte. Vous rappelez-vous des termes de notre texte ?

7. Il faut savoir qu’en hébreu, il n’y a qu’un seul et même mot pour « souffle » et pour « âme ». « Dieu insuffla à l’homme le souffle de vie », son âme.

Qu’est-ce que cela nous révèle de la proximité entre le Créateur et l’être humain, sa créature ?

8. Comparez aussi la différence de procédure d’une part pour créer l’univers et ce qui nous entoure, d’autre part pour créer l’homme !

X X X 2 X X X

Où sommes-nous ?

« L’Eternel Dieu planta un jardin en Eden, du côté de l’est, et il y mit l’homme qu’il avait façonné. » (v. 8)

« L’Eternel Dieu fit pousser du sol des arbres de toute sorte, agréables à voir et porteurs de fruits bons à manger. […] » (v. 9)

« Un fleuve sortait d’Eden pour arroser le jardin, et de là il se divisait en quatre bras : […]

Pishon : il entoure tout le pays de Havila où se trouve l’or […] aussi le bdellium et la pierre d’onyx. […]

Guihon : il entoure tout le pays de Cush. […]

« le Tigre : il coule à l’est de l’Assyrie. […]

« L’Euphrate. » (v. 10-14)

1. Commençons par un peu de géographie.

Si deux des fleuves – « Pishon » et « Guihon » – sont inconnus aujourd’hui, deux autres prennent leur source en Turquie et traversent aujourd’hui tout l’Iraq, l’un passant d’abord par la Syrie.

Quels sont ces deux fleuves ?

2. On ne peut pas situer exactement « le jardin d’Eden », parce que ces fleuves ont changé de tracé au cours des millénaires, même la côte s’est déplacée, aussi parce que le Déluge a passé par là et a pas mal chamboulé la géographie.

N’empêche, la mention du « Tigre » et de « l’Euphrate » situe « le jardin d’Eden » au Moyen-Orient, quelque part entre l’Arménie et le Golfe Persique.

Qu’est-ce que cela nous apprend ?

3. Quand Dieu a chassé Adam et Eve du « jardin d’Eden », il posta « les chérubins » à son entrée pour empêcher les humains d’y retourner (Gn 3.24). Puis le Déluge l’a fait disparaître.

Mais si nos conditions de vie ne sont plus paradisiaques, le cadre que Dieu a donné à notre existence remonte à la création du « jardin d’Eden ».

Quel est le premier bienfait cité par notre texte de l’environnement dans lequel le divin Créateur nous a placés ?

4. En effet, et c’est un signe de l’amour que Dieu nous porte. Il veut nous voir heureux.

Ce n’est qu’en second lieu qu’il parle de l’utilité de la végétation pour notre alimentation.

Mais là aussi, il joint l’agréable à l’utile, le plaisir au besoin. Comment cela ?

5. C’est l’expérience que nous ferons de nouveau, tout à l’heure, au repas paroissial.

L’environnement dans lequel notre Créateur nous a placés n’est pas seulement beau et ses denrées bonnes à manger. Dieu nous y a encore déposé d’autres biens mentionnés dans notre texte. Lesquels ?

6. Un dernière chose – d’un tout autre ordre – fait encore partie de l’environnement au « jardin d’Eden ». C’est quoi ?

7. Savez-vous quelles étaient leurs fonctions ?

8. Cela a-t-il encore quelque importance pour nous aujourd’hui ?

X X X 3 X X X

Pourquoi sommes-nous ici ?

« Lorsque l’Eternel Dieu fit la terre et le ciel, il n’y avait encore aucun arbuste […] et aucune herbe […], car […] il n’y avait pas d’homme pour cultiver le sol. » (v. 5)

« L’Eternel Dieu prit l’homme et le plaça dans le jardin d’Eden pour qu’il le cultive et le garde. » (v. 15)

1. Est-ce que Dieu ne confie à Adam et à Eve qu’un seul rôle, qu’une seule tâche, et ceci dans le domaine matériel : « cultiver le sol » et « garder le jardin d’Eden » ?

2. Cette responsabilité – « cultiver » et « garder » la nature – ne s’appliquait-elle qu’à la vie au « jardin d’Eden », ou l’avons-nous toujours ?

3. Et quels sentiments cela éveille-t-il en vous ? Que pensez-vous de la façon dont cela se fait ?

4. Mais « cultivons »-nous réellement « le sol » ? Combien d’entre nous ont du sol à cultiver, ici, en banlieue parisienne ?

X X X Pour conclure X X X

1. Nous célébrons aujourd’hui le « Culte de la Rentrée ». Nous aurons, cet après-midi, notre assemblée paroissiale pour mettre en place les activités de cette nouvelle année scolaire.

Notre texte a-t-il aussi quelque chose à nous dire en cela ?

REPONSES AUX QUESTIONS

X X X Pour commencer X X X

1. Pour trois raisons :

a. la première, c’est qu’elle était prévue pour ce 15ème dimanche après la Trinité,

b. la seconde : c’est la seule des péricopes de ce jour que je n’ai pas traitée dernièrement,

c. et enfin : Comme un culte de rentrée est un nouveau commencement, autant commencer par un texte qui nous parle du commencement de toutes choses.

2. De ce qu’on appelle « le deuxième récit de la Création ».

a. Dans le 1er chapitre de la Genèse et les 4 premiers versets du 2ème chapitre, Dieu a met en scène l’ordre dans lequel il a créé le monde en six jours, récit qui culmine dans la création de « l’homme et de la femme » (Gn 1.27).

b. Dans le 2ème chapitre de la Genèse, il reprend la création de l’homme et de la femme en détail.

3. Non, dans les premiers versets il n’est pas encore question de la femme. C’est avec le verset 18 que nous apprenons comment Dieu a créé la femme et institué le mariage comme première de toutes les institutions divines.

4. Non seulement, Mesdames, vous pouvez rester, mais ce texte s’adresse aussi à vous.

a. Même s’il ne parlait que des hommes, ce serait « écrit pour votre instruction » aussi (Rm 15.4), comme vous restez aussi tous quand un texte parle par exemple du ministère pastoral.

b. Mais rassurez-vous, notre texte parle aussi de vous. Rappelez-vous :

i. A la fin du premier récit, « Dieu les bénit » tous les deux et s’adresse aux deux en ces termes : « Reproduisez-vous, devenez nombreux, remplissez la terre et soumettez-la ! » (Gn 1.28)

ii. Et voilà comment Dieu donne la raison pour la création de la femme : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je lui ferai une aide qui soit son vis-à-vis » ou « qui lui corresponde » ou « semblable à lui » (Gn 2.18)

Si, dans le détail, les fonctions de l’un et de l’autre peuvent être différentes, pour l’essentiel hommes et femmes se trouvent dans la même situation et œuvrent ensemble vers les mêmes buts, comme nous le verrons dans la suite.

X X X 1 X X X

Que sommes-nous ?

1. Ce récit indique que notre corps est fait « de la poussière de la terre », et qu’à ce corps « Dieu a insufflé un souffle de vie », l’âme.

2. Les analyses biologiques montrent que tous les éléments chimiques qui composent le corps humain se trouvent effectivement dans la nature. L’être humain a effectivement un corps qui vient « de la terre ».

3. Nous savons qu’après la mort nos corps se décomposent et, avec le temps, finissent par se dissoudre dans la terre.

4. Non, bien au contraire, c’est Dieu qui, dans sa sainteté, a décrété : « Tu retournes à la terre, puisque c’est d’elle que tu as été tiré. Oui, tu es poussière et tu retourneras à la poussière. » (Gn 3.19)

5. Parce que c’était là ce qu’il avait menacé de faire si l’homme allait pécher, allait contrevenir à son interdiction de « manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal ». A cette occasion, Dieu avait dit : « Le jour où tu en mangeras, tu mourras », tu deviendras mortel, le processus de la création s’inversera : les éléments du corps rejoindront les éléments de la terre.

6. « L’Eternel Dieu […] insuffla un souffle de vie dans ses narines et l’homme devint un être vivant. »

7. Deux choses au moins :

a. Notre âme est quelque chose qui ne vient pas du sol, comme le corps, mais directement de Dieu qui l’a « insufflée ».

b. Cela rappelle l’expression employée dans le premier récit de la Création : « Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu. Il créa l’homme et la femme. » (Gn 1.27). Les deux sont créés « à l’image de Dieu ».

8. Pour l’univers, « Dieu dit » et sa parole créatrice s’accomplit. Exemple : « Dieu dit : "Qu’il y ait de la lumière !" et il y eut de la lumière. » (Gn 1.3)

Pour créer l’homme, il mit « la main à la pâte ». Bien sûr, « Dieu est Esprit » (Jn 4.24) et n’a pas de mains. N’empêche qu’il est dit qu’il « façonna » le corps, puis il lui « insuffla l’âme ». Autant de détails qui montrent tout le soin particulier qu’il a mis à nous créer et à nous donner, venant de lui, son « souffle », notre « âme », ce qui nous distingue du monde animal.

X X X 2 X X X

Où sommes-nous ?

1. « Le Tigre » et « l’Euphrate ».

2. Nous le savions, mais cela le confirme : les récits de la Bible ne sont pas des mythes ; ils parlent de la réalité de ce monde, de l’intervention et de l’action de Dieu sur terre.

3. La beauté de la création, de la nature. « L’Eternel Dieu fit pousser du sol des arbres de toute sorte, agréables à voir » (v. 9).

4. Manger et boire auraient pu être tout simplement des actes nécessaires et utiles, sans plus ; mais non, Dieu veut aussi que nous ayons du plaisir à nous nourrir et à boire : « les fruits » de sa création sont aussi « bons à manger » (v. 9), nous apportent du plaisir.

5. Les minéraux, y compris ceux du luxe comme l’or (v. 11-12). Le Seigneur a donc aussi pensé aux matériaux divers dont nous avons besoin pour organiser notre séjour sur terre, y compris pour l’embellir.

6. « Dieu fit pousser l’arbre de la vie au milieu du jardin, ainsi que l’arbre de la connaissance du bien et du mal. » (v. 9)

7. En mangeant du fruit de « l’arbre de la vie », ils étaient et restaient immortels. Non pas que cet arbre était « magique », mais son rôle était sacramentel : il exigeait la foi d’Adam et d’Eve.

Ils ne devaient, par contre, pas toucher à « l’arbre de la connaissance du bien et du mal », montrant par leur obéissance qu’ils reconnaissaient que ce que Dieu interdit est mal.

8. Oui et non.

a. Non, car ces deux arbres n’existent plus pour nous.

b. Oui, car par analogie, nous avons l’Evangile et la Loi :

· L’Evangile (la Bonne Nouvelle de notre salut en Jésus-Christ) présent dans la Parole et les sacrements, « l’Evangile, puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit » (Rm 1.16)

· Et la Loi dans laquelle nous reconnaissons les repères et critères divins de ce qui est bon ou mauvais au niveau des pensées, des paroles et des actes.

X X X 3 X X X

Pourquoi sommes-nous ici ?

1. De nouveau : Oui et non.

a. Non, car « garder le jardin d’Eden » consistait à garder les commandements de Dieu, à avoir foi en ses préceptes et à les respecter avec confiance. Lorsqu’ils perdirent cette foi et confiance en Dieu, ils perdirent aussi « le jardin d’Eden ».

b. Oui, si on pense à des travaux.

Comme il n’y avait pas de péché au « jardin d’Eden », il n’y avait pas de culte avec confession des péchés et absolution. Le culte consistait à louer Dieu pour le cadre merveilleux dans lequel ils vivaient. Il n’y avait donc pas de travail missionnaire, puisqu’il n’y avait personne à convertir.

Ceci explique pourquoi, à ce moment-là, dans la pratique, ils se consacraient entièrement à « cultiver le sol » et à « le garder ».

2. Bien entendu que nous l’avons toujours. Que ce soient les lois mosaïques pour le peuple d’Israël, ou les Dix Commandements, ou les exhortations des apôtres dans le Nouveau Testament, tout nous indique que Dieu attend toujours de nous que nous nous mettions au travail dans cette vie, et que nous le fassions en respectant la création dans laquelle il nous a placés.

3. Ben … nous sommes maintenant pécheurs dans un monde marqué et bouleversé par le péché. Comme dans tous les domaines de la vie, nous ne pouvons aborder cette responsabilité qu’avec repentance et foi :

a. avec repentance, parce que nous ne sommes pas non plus parfaits dans ce domaine ;

b. avec foi dans le pardon du Christ, parce qu’il a aussi payé pour cette carence.

c. Mais « l’amour du Christ nous presse » (2 Co 5.14) aussi à vouloir nous amender, nous améliorer, aussi dans ce domaine-là.

4. La loi de la pesanteur fait que nous sommes tous plaqués au sol (même les avions doivent se poser au bout de quelque temps !). Même si je travaille à l’antenne télé au sommet de la Tour Eiffel, au dernier étage de la Tour Montparnasse ou de la plus haute tour de la Défense, je ne peux me passer du sol, de la nature, et des conditions nécessaires à l’entretien du sol et de la vie : l’air, l’eau, etc.

L’humanité doit, collégialement – mais aussi chacun de nous individuellement à son niveau – vivre et travailler avec cette idée en tête : gérer la terre et le monde en les préservant, les « gardant ».

X X X Pour conclure X X X

1. On pourrait en tirer les leçons suivantes :

a. Nous alimenter tout au long de cette année à « l’arbre de vie » qu’est notre Seigneur Jésus-Christ.

b. Nous alimenter « abondamment » (Col 3.16) là où le Seigneur nous offre les « bons et agréables fruits » de son rachat : dans les cultes et les études bibliques, à l’instruction catéchétique

c. Prendre au sérieux les indications de « l’arbre de la connaissance du bien et du mal » qu’est pour nous la Loi de Dieu avec ses Dix Commandements.

d. Gérer les affaires de la paroisse « comme de bons intendants des diverses grâces de Dieu » (1 P 4.10).

e. Conscients que tout nous vient de Dieu, mettre notre énergie, nos dons et nos talents au service de son Eglise pour le salut de beaucoup et la gloire de son saint nom !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig


sermon du dimanche 5 septembre 2010

14ème Dim. Après la Trinité

Texte: Rm 8.12-17

Chants proposés :

O Seigneur, ta fidélité AeC 36 : 1-3

Nos cœurs pleins de reconnaissance AeC 562 : 1-2

Oh ! prends mon âme AeC 602 : 1-3

12 « Ainsi donc, frères et sœurs, nous avons une dette, mais pas envers notre propre nature pour nous conformer à ses exigences.

13 Si vous vivez en vous conformant à votre nature propre, vous allez mourir, mais si par l’Esprit vous faites mourir les manières d’agir du corps, vous vivrez.

14 En effet, tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu.

15 Et vous n’avez pas reçu un esprit d’esclavage pour être encore dans la crainte, mais vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions : "Abba ! Père !"

16 L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu.

17 Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui afin de prendre aussi part à sa gloire. »

(Segond 21, 2007)

Chers frères et soeurs, à la fois « enfants » et « héritiers de Dieu » !

Avouez que nous revenons de loin ! Tout à l’heure nous avons confessé – c.à.d. reconnu – nos péchés, reconnu aussi que nous « méritons la juste colère et le châtiment de Dieu dans le temps et dans l’éternité » (Confession des péchés n° 1, Liturgie de l’EELSF).

Et voilà que Paul nous annonce : « Nous sommes enfants de Dieu. […] Nous sommes aussi héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ » ! (v. 16-17)

Quel retournement de situation ! Que s’est-il passé ? Comment cela se fait-il ? Comment est-ce possible ?

En fait, cela, l’apôtre Paul l’a indiqué dans les chapitres précédents, ce qui a fait de l’Epître aux Romains un livre de base de la Réformation.

Paul y décrit « l’Evangile », le message divin de ce que Jésus a fait pour nous, comme « une puissance de Dieu pour le salut de tout homme qui croit » (Rm 1.16).

Il nous y annonce cette chose merveilleuse : que nous sommes « gratuitement déclarés justes par sa grâce, par le moyen de la libération qui se trouve en Jésus-Christ, » et que cela nous concerne tous, nous tous qui avons « foi en Jésus » (Rm 3.24+26).

« Ainsi donc, déclarés justes » par Dieu « sur la base de la foi, nous avons la paix avec Dieu par l’intermédiaire de notre Seigneur Jésus-Christ », la paix et « l’espérance de prendre part à la gloire de Dieu » (Rm 5.1-2).

Cette merveilleuse réalité, Paul la formule ainsi dans notre texte : Grâce à l’intervention salutaire de Jésus « nous sommes enfants de Dieu » (v. 16), « nous sommes aussi héritiers de Dieu » (v. 17).

Posons-nous alors la question :

C’est quoi, une vie

1. « d’enfant de Dieu » ?

2. « d’héritier de Dieu » ?

X X X 1 X X X

« Nous sommes enfants de Dieu ! »

Cela a-t-il de l’importance dans notre vie ? Cela change-t-il quelque chose à notre vie ? Quand on nous voit, voit-on autre chose que n’importe qui ?

Dans notre extrait de sa lettre aux chrétiens de Rome, Paul parle de notre « manière d’agir » (v. 13) d’enfants de Dieu.

Ah ! bon, nous aurions une « manière d’agir » autre que celle des incroyants ? Les règles de la vie scolaire ne sont-elles pas les mêmes pour tous ? Et celles de la vie sociale, du travail, voire du code de la route serait-elles différentes pour nous ?

Bien sûr que ce sont les mêmes ! Leurs exigences nous concernent de la même manière qu’elles s’adressent aux autres. Mais notre attitude dans la vie, notre attitude face à ces règles, est-elle la même ? Paul, inspiré du Saint-Esprit, répond par la négative.

Il y a une chose qui ne nous distingue pas des incroyants, une chose où, malheureusement, nous, « enfants de Dieu », sommes pareils aux autres : c’est que nous avons la même « propre nature ». Avec cette expression – « propre nature » – notre version de la Bible (la Segond 21) explique ce terme souvent mal compris des anciennes versions : « la chair » (aussi NBS).

« La chair », ce sont nos tendances innées marquées par le péché originel, cette « tendance » naturelle qui nous pousse à aller contre la volonté de Dieu, à agir contrairement à sa Loi, à nous livrer à « la révolte contre Dieu » (Rm 8.7).

Et bien entendu, c’est avec « le corps » que nous agissons, c’est le corps qui est l’instrument de notre comportement.

Avec la langue on peut dire la vérité ou le mensonge, diffamer ou défendre.

Les pieds, on peut les utiliser pour être à l’heure ou pour traîner, pour marcher sur les chemins autorisés, par ex. traverser sur les passages piétons, ou pour aller par des chemins interdits.

Les mains, pour signer une déclaration juste ou non, pour faire un travail honnête ou non, pour donner un coup de main ou un coup de poing.

Le corps, on peut l’offrir en cadeau à son conjoint où le salir en dehors des liens du mariage. Et ainsi de suite.

Paul ne veut pas dire que le corps seul serait affecté par le péché, et non pas l’âme. Ici, il parle de nos agissements. Ce n’est pas l’âme qui agit : elle pousse à l’action. C’est le corps qui agit ; c’est pour cela qu’il parle ici « des manières d’agir du corps ».

Et quand on voit comment il en parle, on comprend que Dieu l’ai choisi pour être son grand apôtre ! Ah ! Paul sait frapper les esprits ! Il a le sens de la formule ! Que dit-il ? – En résumé ceci : « Si vous vivez […] vous allez mourir, mais si […] vous faites mourir […], vous vivrez ! »

Bien entendu, j’ai laissé tomber bien des parties de sa phrase. Pour mieux faire ressortir la façon frappante de parler de l’apôtre. « Si vous vivez […] vous allez mourir, mais si […] vous faites mourir […], vous vivrez ! »

Maintenant, pour vraiment comprendre ce qu’il veut dire, il faut le citer en entier : « Si vous vivez en vous conformant à votre nature propre, vous allez mourir, mais si par l’Esprit vous faites mourir les manières d’agir du corps, vous vivrez. »

« Si vous vivez en vous conformant à votre nature propre, » si vous vous comportez comme si le Saint-Esprit n’avait pas fait de vous des « enfants de Dieu », si vous vous alignez sur le monde en suivant vos penchants pécheurs, vous courrez à votre perte, « vous allez mourir ».

« Mais si, par l’Esprit, vous faites mourir les manière d’agir du corps, » si vous vous placez sous l’action sanctifiante du Saint-Esprit, si vous vous laissez éclairer, animer et diriger par sa Parole, « vous vivrez ».

Car si vous êtes « conduits par l’Esprit », il vous conduira dans une vie de repentance et de foi, dans une vie où vous reconnaîtrez vos torts, vos faiblesses, vos manquements, vos erreurs, bref, vos péchés, mais aussi dans une vie de foi en Jésus-Christ, de foi en son pardon, dans la certitude qu’il vous a réconciliés avec Dieu, qu’il vous a même permis d’être adoptés par Dieu.

Ne vous comportez pas comme si vous aviez « une dette » envers votre nature propre, innée, pécheresse, comme si vous étiez tenus de la suivre dans ses incitations. Non, vous ne lui devez rien.

Mais vous devez tout à Jésus-Christ qui s’est sacrifié pour vous permettre d’être « enfant de Dieu » et de pouvoir, « avec une confiance d’enfant, vous adresser à lui comme des enfants s’adressent à leur père bien-aimé ». (Martin Luther, Petit Catéchisme)

« Nous avons une dette », écrit Paul, mais envers Jésus. Oh ! il n’attend pas que nous la payions. Il sait bien que cela nous est impossible. C’est bien pour cela qu’il a payé de sa personne.

« Nous avons une dette » envers Jésus qui a fait de nous des « enfants de Dieu », à qui nous devons d’être maintenant « conduits par l’Esprit » pour que nous vivions. Nous n’allons quand même pas dire : « Non merci, Esprit Saint, je préfère me passer de toi et aller à ma perte ! » ?

Le dire ainsi à haute voix montre toute l’incongruité d’une telle attitude.

Prions le Seigneur de nous accorder son Esprit avec force pour qu’il nous conduise dans toute la vérité, nous montre le merveilleux de notre condition « d’enfants de Dieu » et ancre en nous la volonté de « faire mourir les manières d’agir » de notre nature pécheresse, pour qu’elles ne nous détournent pas de Dieu et nous conduisent à notre perte, à perdre notre héritage divin, car :

X X X 2 X X X

« Nous sommes héritiers de Dieu ! »

Je vais le formuler autrement : « Je suis héritier du Dieu majestueux et éternel de l’univers ! » Redites-le, chacun pour soi en silence : « Je suis héritier du Dieu majestueux et éternel de l’univers ! » (silence)

Enorme ! non ? Au point de ne pas en saisir toute la réalité, au point aussi de l’oublier souvent au milieu des tracas, des épreuves et autres souffrances – physiques ou morales – de notre vie ici-bas.

L’arbre nous cache parfois la forêt, nos soucis obscurcissent alors notre vision des choses, nos épreuves nous rendent myopes et nous empêchent de voir au-delà des soucis immédiats l’immensité et l’infinie grandeur, la dimension éternelle de notre état « d’enfants de Dieu ».

Il y a trois semaines, le texte sur lequel j’ai prêché lors des obsèques de Didier Nérambourg, contenait ces paroles de Moïse : « Le temps passe vite et nous nous envolons. […] Enseigne-nous à bien compter nos jours, afin que notre cœur parvienne à la sagesse. » (Ps 90.10-12)

Ne sommes-nous pas heureux et soulagés que Jésus ait fait de nous ses « cohéritiers », les « héritiers de Dieu » ? Pourquoi alors nous comportons-nous parfois comme si nous ne voulions pas cet héritage, comme s’il nous faisait peur, comme si nous voulions nous contenter de la part de cet héritage qui se situe de ce côté-ci de la mort, comme si nous ne savions pas que nous n’en jouirons pleinement, de cet héritage divin, qu’après la mort ?

Serait-ce parce que nous négligerions de nous laisser « conduire par l’Esprit » (v. 15), parce que nous négligerions de nous laisser remplir de foi, d’amour et d’espérance par sa Parole et ses sacrements ?

Certes, nous ne devons pas négliger cette vie-ci ; nous devons même la considérer comme un précieux don de Dieu. Qu’il est rassurant de pouvoir vivre ici-bas de la grâce de Dieu en Jésus-Christ ! Qu’il est apaisant de pouvoir s’adresser en tout temps à Dieu en l’appelant « Abba ! Père ! » (v. 15) !

Mais la part d’héritage divin dont nous jouissons déjà ici « ne saurait être comparée à la gloire » qui sera nôtre dans l’éternité ! (Rm 8.18) Dans une autre lettre, celle aux Philippiens, le même apôtre jubile : « Christ est ma vie, et mourir représente un gain » (Ph 1.21) ; avec la mort, nous, « enfants » et « héritiers de Dieu », nous gagnons au change !

Car il faut bien l’avouer : de ce côté-ci de la mort, notre héritage divin est encore assombri, non seulement par « notre nature propre » innée, pécheresse, mais aussi par les afflictions diverses que nous sommes amenés à traverser : problèmes d’emploi, difficultés matérielles et financières, problèmes relationnels, deuils, maladies, les symptômes de l’âge. Et puis aussi l’incompréhension, si ce n’est le rejet que l’on peut rencontrer parce que « nous ne nous conformons pas aux exigences » (v. 12) ou à l’état d’esprit du monde incroyant.

Ce n’est pas pour rien que Paul nous exhorte ici à ne pas nous détourner de notre unique Sauveur ! C’est pour que nous ne connaissions pas de grands désagréments.

Ce n’est pas pour rien qu’il nous encourage à « souffrir avec Christ » ! C’est « afin de prendre aussi part à sa gloire » (v. 17), plutôt que de « vivre selon notre nature propre » pécheresse, d’abandonner Christ et de ne jamais connaître ainsi « sa gloire » éternelle (v. 17).

Ne comprenons pas mal ce que Paul nous dit ici. Il ne dit pas que nous nous méritons la gloire éternelle par les souffrances qu’il peut nous arriver d’endurer comme « enfants de Dieu ».

Il dit seulement qu’il vaut mieux garder foi en Jésus-Christ et mener une vie de repentance et de foi, entourés et réchauffés par la grâce de Dieu, même si cela peut entraîner quelques désagréments passagers, plutôt que d’éviter ces désagréments en tournant le passagers$ dos au seul Sauveur que nous ayons.

Ne cessons de plonger nos regards dans l’Evangile de Jésus-Christ ! C’est là que le Saint-« Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui afin de prendre aussi part à sa gloire. »

Puisons dans cette merveilleuse nouvelle la sérénité, la joie et la foi dont nous avons besoin pour maîtriser la vie, en attendant la vie à venir dans la gloire !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig