dimanche 30 décembre 2007

Sermon du 23/12/2007- 4ème dimanche de l'avent


Chants :

Saint Envoyé du Père LlS 38 : 1+5-7
Jésus, Dieu de lumière, LlS 32 : 1+3+7-8
Entonnons un nouveau cantique LlS 30 : 1-4


Es 40.1-8


40:1 « "Consolez, consolez mon peuple,"
dit votre Dieu.
40:2 "Parlez au coeur de Jérusalem,
criez-lui
que son combat est terminé,
que sa faute est acquittée,
qu'elle a déjà reçu du Seigneur
le double
de ce qu'elle méritait pour tous ses péchés."
40:3 Quelqu'un crie :
"Dans le désert,
frayez le chemin du Seigneur !
Aplanissez une route pour notre Dieu
dans la plaine aride !
40:4 Que toute vallée soit élevée,
que toute montagne
et toute colline soient abaissées !
Que les reliefs se changent en terrain plat
et les escarpements en vallons !
40:5 Alors la gloire du Seigneur se dévoilera,
et tous la verront ensemble"
– c'est la bouche du Seigneur qui parle.
40:6 Quelqu'un dit : "Crie !"
On répond : "Que crierai-je ?"
– "Toute chair est de l'herbe,
tout son éclat est comme la fleur des champs.
40:7 L'herbe se dessèche, la fleur se fane
quand le vent du Seigneur souffle dessus.
Vraiment, le peuple est de l'herbe :
40:8 l'herbe se dessèche, la fleur se fane;
mais la parole de notre Dieu
subsistera toujours." »


Chers frères et sœurs que le Seigneur traite avec sa musicothérapie divine !

Nous vivons dans un monde de bruits et de sons. Ces sons peuvent être agréables ou insupportables. Il y a la musique douce et envoûtante, mais aussi les bruits à peine supportables du monde moderne si tourmenté. Il y a les sons paisibles de la campagne, et le bruit de la vie stressante de la ville et de l’industrie. Il y a les cris joyeux des enfants en train de jouer, et les cris tragiques des couples qui se querellent.

Il y a aussi des sons qu’on aime entendre toujours à nouveau, comme il y a ceux auxquels on devrait porter plus d’attention, mais qu’on ignore et évite trop souvent. Par exemple, combien sont-ils, ce matin à éviter que les sons de la Parole de Dieu ne touche leurs oreilles ?

Ce matin, vous êtes invités – pour votre joie, pour votre délectation – à prêter l’oreille aux sons de l’Avent. Sans doute, ces sons de l’Avent composent-ils une musique bien connue de vous. Dans ce cas, laissez à ces sons la possibilité de s’amplifier, de grandir encore dans vos vies.
Et si les sons de l’Avent ne devaient pas vous être familiers, laissez-vous inonder et imprégner par la musique des sons que le prophète Esaïe veut faire résonner autour de vous avec notre texte. Ecoutez bien ce message d’Esaïe, chapitre 40 ! Vous y entendrez

LA MUSIQUE DE L’AVENT
1. Une musique qui réconforte,
2. une musique qui interpelle,
3. une musique composée sur la Parole éternelle.


1


D’emblée, cette musique de l’Avent du prophète Esaïe s’impose comme
UNE MUSIQUE QUI RECONFORTE.

Le morceau de notre texte ne commence-t-il pas par cette répétition, cette insistance : « Consolez ! Consolez ! » ? – « "Consolez, consolez mon peuple," dit votre Dieu. "Parlez au coeur de Jérusalem." » (v. 1-2)

Nous sommes en présence d’une musique divine. C’est Dieu qui l’a composée. Et il la fait exécuter pour son peuple, pour toi, pour moi, pour quiconque se repent de ses péchés et se tourne vers Dieu pour être absous, pour être pardonné et sauvé.

C’est une musique aux sons merveilleux, séduisants, aimables, une musique qui va droit au cœur. C’est la musique que nos cœurs harassés, secoués, éprouvés ou désespérés ont besoin d’entendre. C’est une musique faite et adaptée pour gagner les cœurs et leur redonner confiance, paix et joie. Une véritable musicothérapie divine ! – Pourquoi cela ?

Parce que ce chant prophétique annonce au peuple des croyants « que son combat est terminé » (v. 2) Comment cela ? Le combat de la foi ne dure-t-il pas toute notre vie durant ? « Le vieil homme qui est en nous ne doit-il pas être noyé dans une contrition et une repentance de tous les jours » (Martin Luther, Petit Catéchisme), et cela jusqu’à notre mort ? « Notre combat est terminé ? » – Nous ne demanderions pas mieux. Nous aimerions bien pouvoir le croire !
Eh bien, vous pouvez ! Le grand, le vrai « combat est [bel et bien] terminé » ! Jésus l’a mené à notre place. Et il en est sorti vainqueur. « Tout est achevé, » « accompli » (Jn 19.30) : c’était là son cri de victoire sur la croix. Et sa résurrection et son ascension prouvent qu’il est sorti vainqueur de ce combat qu’il a mené à notre place en sainteté et en obéissance.

Grâce à Jésus, nous n’avons plus à lutter contre la colère de Dieu : Jésus l’a affrontée pour nous. Nous n’avons plus à lutter pour mériter notre salut : par son combat suprême, Jésus nous a mérité, obtenu notre délivrance et notre salut. Nous n’avons plus à désespérer dans la lutte contre la mort : Jésus, le Fils de Dieu annoncé par Esaïe, a terrassé la mort pour nous.

Il a mené le combat de notre salut à bonne fin. Toi qui te ranges derrière lui, toi qui mets ton espoir dans la lutte qu’il a menée victorieusement pour toi, tu peux être soulagé : tu es délivré du châtiment mérité, Jésus a payé pour toi.

L’ensemble des croyants, toute l’Eglise des rachetés, peut pousser des cris de joie et de délivrance : grâce à Jésus, « la faute » des croyants « est acquittée », « expiée » (v. 2).
Dieu ne tient plus rigueur de leurs fautes aux croyants. Il leur pardonne. Telle est la merveilleuse musique de l’Avent jouée par le prophète Esaïe : une musique consolante pour les pécheurs que nous sommes, une musique qui nous touche et nous émeut profondément.


C’est aussi

2

UNE MUSIQUE QUI NOUS INTERPELLE

« Quelqu'un crie : "Dans le désert, frayez le chemin du Seigneur ! Aplanissez une route pour notre Dieu dans la plaine aride ! » (v. 3)

Cette musique prophétique – qui nous annonce un Bienfaiteur aussi éminent – nous arrache de notre insouciance, de notre léthargie, de notre immobilisme. Cette musique nous met en mouvement, elle nous pousse à la rencontre « du Seigneur, … notre Dieu », à la rencontre de personne d’autre que Jésus-Christ.

La musique que le prophète Esaïe joue dans notre texte ne laisse pas indifférent. Elle bouleverse nos cœurs pécheurs, par nature spirituellement « déserts ». Dans nos cœurs traînent pleins d’obstacles à la venue de « notre Dieu » dans nos vies. Ces obstacles ne sont pas tant nos péchés que le refus de les confesser, le refus de s’en repentir, l’impénitence.
Aussi Esaïe développe-t-il, dans sa musique de l’Avent, le thème des bénédictions que le Messie apporte à ceux qui le reçoivent dans leur cœur repentant.

Cette musique annonciatrice de grâce, de pardon et de salut « élève » dans nos cœurs « toute vallée » faite de découragement et de désespoir. Cette musique messianique nous entraîne aussi à « abaisser » dans nos cœurs « toute montagne » d’orgueil et « toute colline » d’impénitence et de propre justice.

Voilà comment la divine musique de l’Evangile « ouvre » dans nos coeurs et y « prépare le chemin au Seigneur », nous entraîne et nous amène à croire que Jésus seul nous sauve de nos péchés et de ses conséquences, par ex. de la mort.

« Alors la gloire du Seigneur se dévoilera ! » ( v. 5) Quand la divine musique de l’Avent entraîne les cœurs dans la repentance et la foi au Christ, quand les pécheurs que nous sommes sont ainsi amenés à reconnaître leur état naturel de culpabilité et de perdition, mais découvrent en même temps le salut gratuit obtenu et offert par Jésus-Christ, alors nous découvrons toute « la gloire du Seigneur », toute la gloire de notre Dieu, alors nous voyons quel Dieu merveilleux nous avons, exactement le Dieu qu’il nous faut dans notre situation de pécheurs :

un Dieu, certes, tout-puissant et saint, parfait dans toutes ses décisions et dans toutes ses œuvres, fidèle à ses engagements, à sa Parole, qui ne nous laisse pas dans le vague ; un Dieu à « la gloire » faite de toute-puissance et de sainteté.

Mais aussi de grâce et de bonté. C’est là – dans sa grâce et sa bonté – que sa gloire nous apparaît la plus grandiose, la plus impressionnante. Ou connaissez-vous quelqu’un d’autre dont on pourrait comparer la bonté à celle de Dieu ? Plus les pécheurs que nous sommes, nous contemplons l’amour que Dieu nous porte et le sacrifice qu’il nous a apporté, et plus nous sommes muets d’étonnement et de contemplation.

Quels accents merveilleux que ceux de la musique de l’Avent qui chante à nos oreilles « la gloire de notre Dieu », sa gloire telle qu’elle se manifeste en son Fils devenu homme et victime pour nous ! Comment cette Bonne Nouvelle mise en musique par le prophète Esaïe pourrait-elle nous laisser insensible ?

Si tous les passages de cette musique de l’Avent ne nous interpellent pas toujours de la même façon, il s’y trouve cependant des passages pour chacun de nous, pour chaque situation : pour faire fondre notre orgueil ou pour nous redonner de l’assurance dans nos moments de doute ; pour nous conduire dans la repentance ou pour nous affermir dans la foi ; pour corriger nos erreurs, ou pour nous encourager à persévérer dans la vérité ; pour nous consoler dans l’affliction, ou pour remplir notre cœur d’espérance, de paix, de joie et de gratitude.

Cela, la musique de l’Evangile le produit dans nos cœurs parce que « la gloire du Seigneur s’[y] dévoile ». toute la magnificence de notre Sauveur, tous les trésors de grâce qu’il nous a apportés.
Toi aussi, laisse « resplendir la bonne nouvelle de la gloire du Christ » (2 Co 4.4) dans ton cœur ! Laisse-toi imprégner, remplir, par cette musique régénératrice et sanctifiante ! Ecoute-là souvent, régulièrement, et non pas rarement seulement ! Car moins tu l’écoutes, et moins elle va avoir d’effet sur toi.

Ecoute-là, car elle est

3

UNE MUSIQUE
COMPOSEE SUR LA PAROLE ETERNELLE


Les sons avec lesquels Esaïe nous émeut tant dans notre texte, ces sons sont ceux de « la Parole de notre Dieu, » d’une Parole qui « subsistera toujours, » éternellement (v. 8).

Les autres musiques et sons de ce monde passent, changent. Même les bruits de la campagne ne sont plus ce qu’ils étaient il y a cent ans. Tout passe, tout se démode, tout fâne et dépérit. Même nous. « Toute chair est de l'herbe, tout son éclat est comme la fleur des champs. L'herbe se dessèche, la fleur se fane. » (v. 6-7)

C’est là le destin de tout ce qui est terrestre. Tout le monde l’admet, les incroyants aussi bien que nous, les croyants. Mais nous savons en plus que c’est la conséquence du péché, du péché de l’homme qui a attiré la malédiction de Dieu sur le monde et a tout rendu périssable, mortel. « le vent du Seigneur souffle dessus. » (v. 7)

Cette autre musique, nous la connaissons aussi. Elle est moins plaisante. Notre santé chancelante nous la chante ; les tombes de nos proches nous la chantent, l’imperfection de tout ce que nous faisons nous le chante ; le remplacement des choses défectueuses de ce monde nous le chante. « Tout périt, tout passe, » a dit notre Diderot national – et là il ne s’est pas trompé –

« Mais la Parole de notre Dieu subsistera toujours » (v. 8) – mais là, Diderot reste muet. Au milieu de tous ces sons lugubres de ce monde pécheur et mortel se lève avec force une musique magnifique et éternelle. Des prophètes comme Esaïe, des évangélistes comme Luc, des apôtres comme Paul, en sont les exécutants. Ils jouent en concert « la Parole [éternelle] de notre Dieu ».
Ce que cette musique éternelle nous fait entendre, c’est une partition qui n’a pas de dernière page, et dont le style, pourtant, ne sera jamais démodé. Ce qu’elle annonce se réalise. Le Sauveur qu’elle chante brise les liens de notre mortalité : ceux qui se repentent et s’attachent à lui avec foi auront part à son éternité. Alors ne retentira plus que la musique de la Parole éternelle de notre glorieux Sauveur. Il n’y aura plus de fausses notes en provenance de ce monde pécheur.
Nous sommes assaillis par tant de sons, les uns séduisants, les autres effrayants, tels ceux qui nous chantent notre péché et notre mortalité.

Mais en ce temps d’avant Noël, prêtez surtout attention aux sons de l’Avent. Là, la voix de notre Dieu nous fait entendre une musique qui réconforte, une musique qui interpelle, une musique de vie éternelle.

Laissez-vous imprégner de cette musique de l’Avent, et vivez-en !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig, pasteur

Sermon du 16/12/2007 - 3ème dimanche de l'avent

1 Co 4.1-5


4:1 Ainsi, qu'on nous considère comme
des serviteurs du Christ
et des intendants des mystères de Dieu.
4:2 Du reste, ce qu'on demande d'un intendant,
c'est qu'il soit digne de confiance.
4:3 Quant à moi, il m'importe fort peu
d'être jugé par vous
ou par une juridiction humaine.
Je ne me juge pas non plus moi-même ;
4:4 car je n'ai rien sur la conscience,
mais je n'en suis pas justifié pour autant :
celui qui me juge, c'est le Seigneur.
4:5 Ne portez donc aucun jugement
avant le temps fixé,
avant la venue du Seigneur
qui mettra en lumière
les secrets des ténèbres
et qui rendra manifestes
les décisions des coeurs.
Alors chacun recevra de Dieu sa louange
.


Chers frères et sœurs qui vous dirigez avec moi à la rencontre de notre Seigneur lors de son Dernier Avent !


L’apôtre Paul emploie ici, comme souvent, l’opposition entre « la lumière » et « les ténèbres » (v. 5) pour parler du Jour du Jugement Dernier.

Il y a quelque 2000 ans, « la lumière » du premier Avent du Christ, de sa première venue, à Bethléem, a déjà éclairé « les ténèbres » de ce monde.

Avec son deuxième Avent, sa venue continuelle à travers sa Parole et ses sacrements, il irradie aussi nos existences que le péché et les épreuves menacent d’assombrir.
Mais il ne chassera définitivement et complètement « les ténèbres » de nos vies que lors de son Dernier Avent, quand, par pure grâce, il nous aura fait « accéder à la part d'héritage des saints dans la lumière » (Col 1.12).

Mais nous n’en sommes pas encore là. Nous l’attendons encore, et, heureusement, pas dans « l’obscurité » complète (Es 60.2) « car le Dieu qui a dit : "Du sein des ténèbres brillera la lumière" a brillé dans notre coeur » (2 Co 4.6). Nous attendons encore le grand Avent du Christ – sa venue triomphale – où tout sera « mis en lumière » (2 Co 4.6), au vu de tous. Notre vie de chrétiens est une vie « dans l'attente de la bienheureuse espérance et de la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus-Christ » (Tt 2.13).

En fait, nous devons considérer toute notre vie dans la perspective du retour glorieux de notre Seigneur. Cela vaut aussi pour le thème que Paul aborde ici : nous devons aussi considérer les rapports entre pasteur et paroisse dans la perspective du Dernier Avent de notre Seigneur.
En effet, aucun d’entre nous – ni vous, les paroissiens, ni moi, votre pasteur – ne nous dirigeons seuls, chacun de son côté, au-devant du Retour du Christ. Dieu attend de nous que nous fassions ce voyage ensemble. C’est pour cela qu’il m’a donné la paroisse et qu’à vous il a donné le pasteur, pour qu’ensemble nous nous préparions à la venue de notre Roi de l’Avent.

Voyons donc, à l’aide de notre texte,

A QUOI
LE FUTUR ET DERNIER AVENT DU CHRIST
NOUS POUSSE-T-IL,
1. MOI, COMME PASTEUR,
2. VOUS, COMME PAROISSIENS ?

1

QUE PROVOQUE LA PERSPECTIVE
DU DERNIER AVENT DU CHRIST
DANS MA CONDUITE
DU MINISTERE PASTORAL ?

Demandons d’abord Paul ce qu’est un pasteur. Il répond dans notre texte : « Qu’on nous considère comme des serviteurs du Christ et des dispensateurs des mystères de Dieu » (v. 1).
« Serviteurs et dispensateurs », ou : « serviteurs et administrateurs ». « Serviteurs » et non pas maîtres, pas plus que la paroisse ne serait le maître : Jésus seul est le « Maître » de son Eglise dans son ensemble (Jn 13.13 ; Jd 1.4 ; Ep 1.22).

Dans notre texte, Paul souligne le lien étroit entre le ministère pastoral et le Christ, la dépendance étroite de la fonction de pasteur de l’autorité du Christ. « Qu’on nous considère comme des serviteurs du Christ », dit-il.

Nous pasteurs, nous sommes employés au service du Christ. Nous sommes soumis à son autorité et dépendants de sa volonté. Un « serviteur » ne fait pas ce qu’il veut, mais ce que son maître lui dit de faire. Il reçoit des ordres et les exécute, qu’ils lui soient agréables ou non.
Ce qui m’est, par exemple, désagréable, c’est de devoir parler de ma fonction en chaire. Cela pourrait donner l’impression que je veux me mettre en avant. Mais je ne dis pas ici ce que je veux, mais ce que mon Employeur divin me demande d’annoncer avec ce texte de son apôtre.
Et que dit-il encore de ses pasteurs ? – Qu’ils sont les « dispensateurs – ou : administrateurs – des mystères de Dieu ». Dans la 1ère Epître aux Corinthiens, Paul indique : « Nous énonçons la sagesse de Dieu, mystérieuse et cachée, celle que Dieu a destinée d'avance, depuis toujours, à notre gloire » (1 Co 2.7). Vous avez compris, il parle de l’Evangile.

« Les mystères de Dieu » que nous, pasteurs, devons dispenser, administrer, ce sont les dons divins que Dieu nous demande de vous distribuer avec ses moyens de grâce que sont sa Parole et ses sacrements. Cela, nous le faisons en public (par ex. au culte, à l’étude biblique, au catéchisme) ; mais nous le faisons aussi en privé (par ex. dans la cure d’âme).

Ce que nous, « serviteurs de Dieu », administrons parmi vous, ce n’est pas « mystérieux et caché » en ce sens que ça ne nous serait accessible qu’à nous, pasteurs, mais parce qu’aucun être humain n’aurait pu l’imaginer. « Ce n’est pas une sagesse de ce monde. […] Cela n'est pas venu au coeur de l'homme ». C’est « Dieu qui l’a préparé » et « révélé » par ses auteurs inspirés, les prophètes et les apôtres (1 Co 2.6+9-10).

Si on n’entre pas en contact avec la Parole de Dieu les vérités de l’Evangile restent du domaine de l’inconnu, du mystère. C’est la raison pour laquelle aucune autre religion – toutes sorties de l’imagination de leurs fondateurs – ne contient de bribes d’Evangile.
Et quand les incroyants rencontrent l’Evangile, il leur paraît « insensé », voire « scandaleux » (1 Co 1.23), du moins jusqu’à leur conversion.

Cette nouvelle « insensée » pour les incroyants, ce « mystère » « révélé par Dieu » dans l’Evangile, cela Dieu nous demande de vous le « dispenser », de « l’administrer » parmi vous.
« Du reste, ce qu'on demande d'un intendant, c'est qu'il soit digne de confiance, », fidèle (v. 2) Au service du Christ il n’y a ni droit de grève, ni droit de contestation envers sa Parole..

Un pasteur ne peut pas dire : « Jésus veut que j’aille trouver les égarés, que j’éveille leur conscience et essaye de les ramener à la repentance et à la foi. Mais ça pourrait m’attirer des inimitiés, ou déranger la paix superficielle qui règne dans la paroisse. Aussi je ne vais pas exécuter cet ordre de mon divin Maître. Je vais me taire – ou au moins passer des compromis. »
Ce serait faire passer l’approbation des gens – du moins d’une certaine catégorie de gens – avant celle du Maître. Ce serait de l’infidélité, même dans les cas où cela semble partir d’une bonne intention. Je dis : « semble », car comment notre raison pourrait-elle être bonne quand elle s’oppose à celle de notre Maître qui est la bonté en personne ?

Par son infidélité au Maître, un pasteur se rend aussi infidèle envers ses paroissiens, car avec son mutisme ou ses compromis il abandonne ses paroissiens dans une fausse sécurité, dans l’idée que tout est normal, qu’il n’y a pas lieu de se repentir et de changer de comportement, et on les prive ainsi du pardon du Christ et les perd dans l’incrédulité.

Dans le ministère pastoral il s’agit de fidélité salutaire ou d’infidélité mortelle. C’est pour cela que Dieu insiste autant sur la nécessité, pour ses « serviteurs », d’être « fidèles ». Car au jour du Jugement Dernier, chaque pasteur devra rendre compte de l’exercice de son ministère. Avec Paul il dit : « Celui qui me juge, c’est le Seigneur » (v. 4).

Certes, cela, chaque croyant le confesse personnellement aussi : « Celui qui me juge, c’est le Seigneur. » Il y a néanmoins, pour les ministres de la parole, toute une série de passages qui disent cela de façon particulière des pasteurs.

Tout ce que je vous prêche, je me le prêche aussi à moi-même, même si vous ne m’entendez pas dire, à tout bout de champ durant le sermon, comme on raconte qu’un prédicateur avait coutume de le faire : « Jean, cela vaut aussi pour toi ! ». Cette anecdote vous fait peut-être sourire, mais elle correspond à une vérité profonde.

Et quand un pasteur parle du Dernier Avent du Christ, il sait que ce sera le moment où il sera confronté à son divin Maître, que celui-ci mettra en « lumière » la façon dont il aura exercé le ministère pastoral.
Cette pensée n’empêche pas un serviteur fidèle du Christ de se rendre coupable dans l’exercice de son ministère – nous, pasteurs, sommes pécheurs comme vous – mais elle le pousse à l’exercer dans une repentance de tous les jours, pour la gloire de son Maître et le salut de ceux qui lui sont confiés.

Mais alors Paul n’a-t-il pas du toupet d’écrire aux Corinthiens : « Quant à moi, il m'importe fort peu d'être jugé par vous ou par une juridiction humaine. Je ne me juge pas non plus moi-même ; car je n'ai rien sur la conscience, mais je n'en suis pas justifié pour autant » (v. 3-4) ? Il ne prétend quand même pas être parfait, sans péché !

Non, Paul peut avoir des paroles extrêmement poignantes quand il déplore les tendances pécheresses contre lesquelles il doit lutter. Mais il sait aussi que nous, pasteurs repentants et croyants, nous bénéficions de la même grâce que vous, paroissiens repentants et croyants. Et si les Corinthiens, avec leurs défauts, certains graves, sont pardonnés et appelés « saints » (1 Co 1.2), car recouverts de la sainteté du Christ, ce même jugement ou verdict d’acquittement est aussi prononcé sur lui, Paul, et les pasteurs.

Alors, certes, quand notre Maître reviendra pour son Dernier Avent, nous aurons à rendre des comptes de l’exercice de notre ministère, mais nous n’aurons, pas plus que vous, à craindre les foudres du divin Maître, car le pardon et la grâce sont accordés aux pasteurs de la même façon qu’à vous : à cause de l’expiation de nos péchés par le Christ.

Heureusement, sinon l’idée du Dernier Avent de notre Maître nous paralyserait de peur dans l’exercice de notre ministère ; nous ne ferions plus rien, de peur de mal faire. Et le fait de nous savoir ainsi graciés et bénis nous pousse à toujours mieux le servir. Ce n’est pas la peur, mais l’amour pour le Seigneur et son Eglise qui nous pousse à cela.

Bien entendu, vous êtes là pour me dire ce qu’il faudrait que j’essaye de faire autrement – peut-être aussi pour m’encourager quand je suis sur la bonne voie… – mais, à moins de ne plus exercer mon ministère dans la repentance et la foi, et d’avoir ainsi perdu votre « confiance » (v. 2), je peux dire : « Je n’ai rien sur la conscience » parce que Dieu m’a lavé de mes péchés, comme il le fait avec vous aussi quand vous reconnaissez vos torts et en appelez à la médiation du Christ.
C’est dans cet esprit qu’un pasteur « fidèle » « dispense les mystères de Dieu » parmi les siens. Il veut les affermir dans la foi avec la Parole et les sacrement, pour les conduire vers « la lumière » à venir lors du retour en gloire de notre Roi de l’Avent.

2

QUE PROVOQUE LA PERSPECTIVE
DU DERNIER AVENT DU CHRIST
DANS LE COMPORTEMENT DE LA PAROISSE
VIS-A-VIS DU PASTEUR ?

Le grand Jour du Seigneur, lors de son Dernier Avent, « la lumière » de sa gloire va chasser les ténèbres de la vie des siens – totalement et une fois pour toutes ! – Mais ce ne sera le cas que pour les siens, que pour ceux qui auront mené une vie de repentance et de foi en son expiation de nos péchés.

Ce jour-là, « il mettra en lumière les secrets des ténèbres et rendra manifestes les décisions des coeurs. » (v. 5) Lors de son retour en gloire, notre Roi de l’Avent vous demandera des comptes, à vous, paroissiens, sur la façon dont vous vous serez comporté envers votre accompagnateur, le pasteur.

Si vous ne perdez pas de vue que votre Seigneur reviendra et « mettra en lumière » tous les mobiles de vos actes, alors vous essayerez d’éviter de demander à votre pasteurs des choses impossibles.

Impossibles, car contraires à la volonté de Dieu – quand vous êtes tentés de tricher avec lui… Mais surtout impossibles parce que hors des compétences ou des talents de votre pasteur.
Dieu l’a pris à son service avec les dons qu’il a et ceux qu’il a su développer, aussi avec les faiblesses qu’il a et dont il n’a pas su tout à fait se défaire. D’autres ont reçu d’autres dons du Seigneur, et leur vieil homme les a affublés d’autres faiblesses. Aussi des paroissiens ne jugeront pas leur pasteur sans amour, ce que, malheureusement, certains Corinthiens avaient fait avec l’apôtre Paul. « Ne portez aucun jugement avant le temps, » (v. 5) écrit Paul ; « ce qu’on demande d’un intendant, c’est qu’il soit digne de confiance, » ou, pour prendre l’ancienne traduction Segond : « c’est qu’il soit fidèle » (V.2)

Bien entendu, Dieu ne veut pas dire qu’une paroisse ne doit pas reprendre son pasteur quand il est infidèle, négligeant, dans l’exercice de son ministère – elle peut même être amené à déposer son pasteur si celui-ci persiste dans son infidélité !–

Mais à Corinthe, le problème était ailleurs. Tous les « serviteurs du Christ » – Paul et ses collaborateurs à Corinthe – s’ils étaient bien entendu imparfaits comme tout le monde, étaient cependant des serviteurs « fidèles ». Ce qu’on critiquait, c’était leurs dons, leurs talents. C’est cela qui avait amené des Corinthiens à les juger sans amour.

On n’attendait pas tant d’eux qu’ils « dispensent les mystères de Dieu » comme de « fidèles serviteurs du Christ », mais qu’il prêchent et administrent les sacrement plutôt de façon à plaire aux gens. Certains Corinthiens voulaient – comme quelqu’un me l’a aussi demandé un jour – qu’ils mettent unj peu d’eau dans leur vin, qu’ils ferment les yeux quand les paroissiens veulent aller contre la volonté du Seigneur.

Ce faisant, ils oubliaient complètement qu’ils étaient en route, ensemble avec leur pasteur, pour aller à la rencontre de leur Seigneur pour son Dernier Avent. Ils oubliaient que leur Seigneur leur avait donné des pasteurs pour que ceux-ci les arment de repentance et de foi pour qu’au Dernier Avent ils puissent se tenir devant leur Seigneur, pardonnés, recouverts de la lumineuse sainteté de leur Seigneur lui-même !

Chers amis, que le message de l’Avent d’aujourd’hui nous aide tous – vous comme moi – à vivre notre temps d’attente à la « lumière » des « mystères de Dieu », à la lumière de son Evangile de grâce et de vie !

Nous aspirons tous à pouvoir subsister devant lui, lors du Jugement Dernier, vous comme moi. Et vous comme moi, vous ne le pouvez par vos propres mérites.

Pourtant, il y a moyen d’aller au-devant de « la lumière » du retour de notre Roi de l’Avent sans crainte, et c’est à lui que nous le devons. Il a lui-même payé pour que cela soit possible : il a payé de sa vie, il a expié nos péchés. Grâce à lui nos péchés sont pardonnés, aussi bien les vôtres que les miens, pour que nous puissions nous présenter à « la lumière » du Jugement Dernier sans crainte.

Aussi, sur notre chemin commun au-devant de son Dernier Avent, nous voulons nous soutenir mutuellement par la prière et les conseils, par l’exemple et l’entraide, chacun à la place et dans la fonction qui sont les siennes.

Vous comme moi, traitons le ministère pastoral comme une institution divine. Cela veut dire que moi je vais m’efforcer de vous dispenser fidèlement les dons salutaires de notre Seigneur, et vous allez les recevoir avec gratitude et joie, dans l’attente commune de son Dernier Avent.

Amen.

Jean Thiébaut Haessig, pasteur


Chants :

Toi qui es lumière, Toi qui es l’amour, AeC 318 : 1-5
O ! viens, Seigneur, ne tarde pas, AeC 310 : 1-4
Plus de nuit, le jour va naître AeC 305 : 1-4

Sermon du 9 décembre 2007 - Fête de Noël des Enfants


Heureux bénéficiaires du service du Seigneur,
heureux compagnons au service du Seigneur !

1

Alors comme ça, les enfants,
AUJOURD’HUI, c’est VOUS QUI AVEZ ASSURE LA LITURGIE !

– « Ah ! bon ? La Liturgie ? » allez-vous m’objecter. « Mais non, nous avons joué une pièce de théâtre sur le thème de la naissance du Christ. Le peu de liturgie qu’il y avait, c’est vous, pasteur, qui l’avez assurée ! »

Erreur ! Vous avez bien assuré la liturgie, vous aussi ! « Liturgie » est un nom qui vient du grec leiturgia (prononcer : leïtourguia) et signifie « service ».

Généralement, nous appelons « liturgie » la partie du culte au cours de laquelle le pasteur se trouve à l’autel et au lutrin. Un peu comme l’Evangile de Luc quand il parle des « jours de service » (mot à mot : des « jours de liturgie ») du prêtre Zacharie au Temple de Jérusalem (Lc 1.23).

Nous distinguons cette partie-là des chants et de la prédication. Mais dans ce cas, nous utilisons le mot « liturgie » au sens restreint.

En fait, tout le culte, c’est de la « liturgie ». N’appelle-t-on pas aussi le culte « le service divin » ? Ainsi, pour dire que la communauté d’Antioche « célèbre le culte du Seigneur », Luc dit, mot à mot : « ils pratiquaient la liturgie du Seigneur » (Ac 13.2)
Et d’ailleurs, Paul appelle tout le ministère pastoral « le service » – mot à mot : « la liturgie » – « de votre foi » (Ph 2.17) et présente son ministère de missionnaire comme celui de « serviteur » – mot à mot : « liturge » – « de Jésus-Christ auprès des païens » (Rm 15.16).
Alors, bon, me direz-vous, que Paul soit appelé « liturge », d’accord ! Les pasteurs aussi, d’accord ! Mais nous ? – Eh bien, écoutez et soyez étonnés !

* Le simple fait de venir participer au culte, c’est déjà un service, une liturgie (leiturgia), que vous vous rendez les uns aux autres, car c’est un encouragement pour nous tous à venir nous joindre à vous pour rencontrer notre Dieu sauveur dans sa Parole et ses sacrements.

* Quand vous chantez les psaumes et les cantiques, vous apportez à Dieu un service, une liturgie (leiturgia), de louange.

* Quand vous adressez des prières à Dieu, vous lui rendez un service, une liturgie (leiturgia), d’adoration.

* Et même quand vous mettez votre offrande dans le panier, Paul appelle cela, mot à mot, « la liturgie de l’offrande » (2 Co 9.12). Ailleurs, il dit que le soutien apporté à l’Eglise est une « liturgie » (leiturgia), un service divin (Ph 2.17+25).

* Et quand vous avez joué cette pièce de théâtre, vous avez annoncé l’Evangile de Jésus-Christ à la paroisse. Ainsi,

- vous êtes entrés au service, dans la liturgie (leiturgia), de Dieu pour nous annoncer sa Parole ;

- et vous nous avez, par la même, rendu un service, une liturgie (leiturgia), à nous en nous réjouissant avec la Bonne Nouvelle de la venue de Jésus à Bethléem pour nous sauver.

* La même chose est vraie quand, lors des cultes du dimanche, vous présentez l’Evangile ou, plus rarement, le texte de l’Ancien Testament à la paroisse.

De pouvoir ainsi rendre service à Dieu et à la paroisse, de pouvoir ainsi conduire une partie de la liturgie, cela ne doit pas vous enfler d’orgueil, mais de profonde gratitude.
D’abord, parce que Jésus a bien voulu vous prendre à son service. C’est là un immense honneur, un honneur immérité.Mais ensuite aussi parce que vous lui devez tout. Votre service divin, vous ne pourriez pas le rendre, vous n’auriez pas de « liturgie » à conduire, si nous n’avions pas, aujourd’hui, à célébrer
2

LA LITURGIE – LE SERVICE –
QUE JESUS NOUS A RENDUE
ET CONTINUE DE NOUS RENDRE !

L’Epître aux Hébreux

* appelle Jésus « le serviteur », « le ministre » – mot à mot : « le liturge » – divin (Hé 8.2) et
* nous rappelle que Jésus « a accédé à un service » – mot à mot : « à une liturgie » – « plus remarquable » que tout ce que nous pourrons jamais accomplir, car il est devenu « le Médiateur » entre Dieu et nous (Hé 8.6), il est venu jeter un pont entre Dieu et nous, il a fait la paix entre Dieu et nous.

Et vous nous avez raconté et expliqué, dans votre pièce de théâtre, comment il a fait cela.
Si notre Seigneur Jésus-Christ a été « conçu du Saint-Esprit » (Symbole Apostolique), s’il s’est « incarné par le Saint-Esprit en la vierge Marie » (Symbole de Nicée), c’est qu’il a voulu nous rendre le plus grand service – ou « liturgie » qui soit : « devenir semblable aux humains » que nous sommes, « s’abaisser lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort – la mort sur la croix » (Ph 2.7-8).

Et s’il est « né de la vierge Marie » (Symbole Apostolique), c’est qu’il nous aime vraiment, c’est qu’il tient vraiment à être l’un des nôtres pour pouvoir, par sa vie sainte, nous rendre cet autre service – ou « liturgie » –, nous mériter une place auprès de lui au ciel.

S’il a bien voulu naître comme le plus pauvre des pauvres, parmi les animaux, c’est certainement aussi pour nous rendre cet autre service – ou « liturgie » – nous apprendre à « avoir les mêmes dispositions qui sont en lui » (Ph 2.5), une attitude de service – de « liturgie » – auprès de nos semblables et non pas un comportement de dominateurs.

S’il est venu s’exposer à la folie meurtrière d’Hérode, fuir sa patrie avec ses parents, c’est qu’il est venu pour nous rendre cet autre service – ou « liturgie » – demeurer saint, sans péché, y compris au milieu de l’injustice qui règne dans ce monde. D’ailleurs, les persécutions à son égard vont aller croissant, jusqu’à le conduire à la mort injuste sur la croix… par amour pour nous.
En Jésus nous voyons vraiment tout le sens que le mot « liturgie » – service – peut prendre : personne n’a jamais servi comme lui l’a fait ; personne ne nous a jamais servis comme lui l’a fait. Et aucun service ne nous a autant apporté que le sien. « C’est ainsi que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Mt 20.28).

Son service a consisté à mener une vie sainte à ta place, à la mienne, à celle du monde entier, et à payer pour nos péchés de manière à nous obtenir le pardon de la part de Dieu et une place dans son Royaume.

Et il continue à nous servir dans nos cultes. Car si les cultes sont appelés « services divins », c’est, certes, parce que nous apportons à Dieu un service de louange, mais nos cultes sont avant tout un « service divin » parce que Dieu – et plus particulièrement son Fils, Jésus-Christ – nous y rend l’éminent et précieux service – ou liturgie » de nous annoncer son Evangile de grâce et de nous administrer ses sacrements.

Son service provoque notre service en réponse.
Sa liturgie provoque notre liturgie en réponse.
Pour résumer :
grâce à la « liturgie » effectuée par Jésus pour nous à partir de la nuit de Bethléem, vous pouvez remplir votre service liturgique dans la paroisse et dans le monde
- en parlant de lui,
- en vous adressant à lui,
- en lui faisant honneur par votre soutien à son Eglise !
« Aimons ce Sauveur charitable,
Servons-le d’esprit et de cœur ;
Il n’est point de bien véritable
Pour qui s’éloigne du Seigneur.
Chantons, chrétiens, notre bonheur !
Chantons ! nous avons un Sauveur. »

(LlS 47,3)
Amen.

Jean Thiébaut Haessig, pasteur
7 070


Chants :

Louange au Seigneur Jésus-Christ LlS 48
D’un rameau séculaire LlS 45
Devant ta crèche prosterné LlS 43
Les anges dans nos campagnes
Ils n’étaient pas trois, Ils n’étaient pas rois,
Aujourd’hui, si tu entends sa voix, écoute le Seigneur
Roi des êtres et des choses LlS 54
Ô joyeuse, délicieuse Fête de
la Nativité LlS 51

dimanche 27 mai 2007

Sermon du 27 mai 2007 - PENTECÔTE

PENTECÔTE Jean 15.26 – 27

Châtenay-Malabry – 27.05.2007

15:26 [Jésus dit à ses disciples :]

Quand viendra le Défenseur,
celui que, moi, je vous enverrai du Père,
l'Esprit de la vérité, qui provient du Père,
c'est lui qui me rendra témoignage ;


15:27 et vous aussi, vous rendrez témoignage,
parce que vous êtes avec moi depuis le commencement.

Chère assemblée de Pentecôte,
chers témoins du Christ !

« Viens, ô Créateur de nos âmes,
Esprit saint, Dieu de vérité ;
Remplis nos cœurs des pures flammes
De ton ardente charité.
Visite-nous, Dieu de lumière,
Esprit de consolation,
Don du Très-Haut, feu salutaire,
Amour et divine onction »
(LlS n° 128, strophe 1)

Qu’est-ce qui nous fait chanter et jubiler en ce Jour de Pentecôte ? Qu’est-ce qui s’est passé à la première Pentecôte, événement dont les effets s’étendent jusqu’à nous, aujourd’hui, et qui alimente notre spiritualité, qui nourrit notre foi ? Serait-ce « le bruit comme celui d’un violent coup de vent » ? Seraient-ce « les langues qui semblaient de feu » ? Serait-ce le parler en différentes langues par les apôtres ? (Ac 2.2-4)

Chers amis, il nous faut regarder plus loin que l’apparence ; il nous faut regarder derrière l’apparence pour découvrir ce qui se trouve derrière ces manifestations phénoménales, autrement nous n’y comprendront rien, et nous ne comprendrons pas non plus en quoi cela nous concerne aujourd’hui.

En fait,

LA PENTECÔTE
EST LE MOMENT
Où L’EGLISE DE JESUS-CHRIST
S’EST MISE EN MOUVEMENT
1
Cela a commencé avec le témoignage du « Paraclet ».
2
Cela continue avec votre témoignage !


XXX 1 XXX

L’Eglise de Jésus-Christ
a été mise en mouvement
lorsque « le Paraclet » s’est mis
à rendre témoignage avec puissance.

Le Para – quoi ? – « Le Paraclet » ! C’est le nom que Jésus donne ici au Saint-Esprit – ici et en d’autres endroits, dans le texte original grec. « Quand viendra le Paraclet, celui que, moi, je vous enverrai du Père, l'Esprit de la vérité, qui provient du Père, […] »

Pour s’approcher au plus près du sens original, certaines traductions françaises ont rendu ce mot par « Consolateur », d’autres par « Défenseur », ailleurs encore par « Avocat » … de la défense, bien entendu, chacun de ces termes ne couvrant qu’une partie du sens de l’original « Paraclet » (paraklhtos), mot à mot : « l’appelé aux côtés », « l’appelé à la rescousse », « l’appelé pour assister ».

Au chapitre précédent, Jésus avait déjà employé ce terme : « Moi, je demanderai au Père de vous donner un autre Paraclet pour qu’il soit avec vous pour toujours, l’Esprit de vérité » (Jn 14.16-17) « Un autre Paraclet » : Bien entendu ! Jésus est le premier « Paraclet », le premier à avoir été appelé à notre secours !

L’ancienne version Segond traduit ici chaque fois par « Consolateur ». Jésus nous a consolés en nous arrachant à la damnation éternel, en expiant nos péchés, en nous réconciliant ainsi avec Dieu.

Le Saint-Esprit quant à lui nous console en attirant notre attention sur ce que Jésus a fait pour nous, en « rendant témoignage à Jésus » (v. 26).
Le Saint-Esprit est « Paraclet » parce qu’il conduit au premier « Paraclet » : Jésus ! Mais Segond savait qu’il ne couvrait pas toute la richesse du mot « Paraclet » en traduisant par « Consolateur ». Aussi a-t-il traduit ce même mot dans cet autre passage bien connu par le mot « Avocat » et la « Nouvelle Bible Segond » par « Défenseur » : « Si quelqu'un vient à pécher, nous avons un Défenseur auprès du Père, Jésus-Christ, qui est juste » (1 Jn 2.1) On pourrait aussi dire : « un Intercesseur ».

Autrement dit : un avocat de la défense est appelé à nos côtés pour qu’il nous fasse gagner le procès devant le tribunal de Dieu. Or, devant le tribunal de Dieu, nous ne pourrions avoir de meilleur « Paraclet » ou « avocat de la défense » que Jésus. N’a-t-il pas pleinement rempli les exigences de Dieu à notre place ? N’a-t-il pas ainsi rendu caduque toute accusation contre nous ?

Jésus sait de quoi il parle quand il nous défend. Il peut présenter à Dieu le récépissé de notre rachat, de notre acquittement : son vrai corps qu’il a livré pour nous, son vrai sang qu’il a répandu pour nous, pour le pardon de nos péchés, pour notre acquittement éternel.

Et lorsque l’apôtre Paul écrit : « L’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables » quand « nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières » (Rm 8.25-26), que fait-il d’autre qu’assumer sa fonction, que remplir sa mission de « Paraclet » ?

Dans les grandes lignes, nous avons donc découvert quelle est la relation du Saint-Esprit avec nous : il est « le Paraclet » envoyé par Jésus de la part du Père ; il est celui qui est placé à nos côtés pour nous assister dans notre combat de la foi en Jésus-Christ, et pour nous réconforter et nous affermir sur le chemin de la vie avec les promesses de l’Evangile.

Avec les promesses de l’Evangile… Evidemment ! Le Saint-Esprit n’agit pas sur nous à travers les nuages, mais à travers « la Parole du Christ » (Rm 10.17). Jésus dit ici du Saint-Esprit : « C’est lui qui me rendra témoignage » (v. 26)

Que fait le Saint-Esprit dans le monde ? – C’est simple : il nous dirige vers Jésus-Christ, notre Sauveur, nous parle de lui, étale devant nos yeux les merveilleux trésors que le Christ nous a apportés, et développe le merveilleux message, la consolante vérité du salut qu’il nous a obtenu.

Apprendre cela, cela soulage ; cela soulage du poids de la culpabilité devant Dieu, cela nous libère de la peur de la mort et de la damnation, cela remplit notre cœur de joie et de vie, cela nous anime, nous fait bouger, nous met en mouvement, nous et toute l’Eglise du Christ, toute la communion de ceux qui placent leur foi en Christ !.

Le Saint-Esprit ne suscite pas en nous n’importe quelle bougeotte, il ne nous entraîne pas dans une agitation désordonnée, non, le mouvement qu’il provoque, c’est de nous mettre en marche.

Avec le témoignage qu’il rend à Jésus-Christ il nous met tous sur pied ; il nous met en marche avec le message divin du salut en Christ ; il nous entraîne dans un grand mouvement en avant par le merveilleux « Evangile, puissance de salut, » (Rm 1.16).

Un jour, Paul a écrit : « L’amour de Christ nous presse, nous qui avons discerné ceci : un seul est mort pour tous, […] » (2 Co 5.14)

Voilà ce que le Saint-Esprit nous a appris par son témoignage de la vérité ; voici la Bonne Nouvelle avec laquelle il a touché nos cœurs, voici « l’Evangile par lequel il nous a appelés » (2 Th 2.14), voici « la puissance de Dieu » par laquelle « nous sommes gardés, au moyen de la foi pour le salut » (1 P 1.5).

Cela transforme nos vies et nous fait marcher avec repentance et foi sur les traces de notre Sauveur.

Jésus avait dit : « Les paroles que, moi, je vous ai dites sont Esprit et sont vie. » (Jn 6.63) La parole d’Evangile est pleine de « vie » et rend vivant, met en mouvement, parce que le Saint-Esprit agit à travers elle sur nos cœurs pour nous faire avancer sur le chemin du « salut prêt à être révélé dans les derniers temps » (1 P 1.5)


XXX 2 XXX

Le témoignage que le Saint-Esprit rend à Jésus par l’Evangile amène la vie et du mouvement dans l’Eglise. Il fallait s’attendre que ce mouvement de l’Eglise entraîne l’Eglise à rendre, à son tour, témoignage de ce Christ dont elle a tant reçu !

« Vous aussi vous rendrez témoignage » dit Jésus dans notre texte.

1
Cela a commencé avec le témoignage du « Paraclet ».
2
Cela continue avec notre témoignage
de membres de l’Eglise !

Cela ne devrait d’ailleurs pas nous surprendre. Le Saint-Esprit est appelé à nos côtés, aux côtés de l’Eglise, pour nous assister. Il fallait s’attendre à ce qu’il nous entraîne avec lui dans une vie de témoignage, qu’il nous entraîne pour nous faire participer à sa mission de témoigner de l’amour de Dieu en Jésus-Christ.

Pensez au miracle de la première Pentecôte à Jérusalem ! (Ac 2.1-42) Cet événement montre comment le Saint-Esprit transforme des disciples craintifs et apeurés en témoins courageux. Subitement, les apôtres se tournent résolument vers les milliers de pèlerins présents à Jérusalem pour leur annoncer le Christ, ce qu’il est pour eux et de quelle manière ils peuvent avoir part à ses trésors célestes.

Bien entendu, nous rendons aussi témoignage à Christ quand nous sommes entre nous, dans les cultes, les études bibliques, les réunions de jeunes, les séances de catéchisme ou d’école du dimanche, dans la cure d’âme ou par notre littérature.

Mais le Saint-Esprit ne veut pas que nous nous cantonnions à faire état de son témoignage merveilleux et bouleversant en vase clos, exclusivement pour notre bien et dans notre intérêt. Il attend à ce que nous portions son témoignage devant le monde.

A Jérusalem, les apôtres sont allés au-devant des gens, là où ils se trouvaient, en l’occurrence, dans la langue dans laquelle leur vie se déroulait. « Parthes, Mèdes, Elamites, habitants de Mésopotamie, de Judée, de Cappadoce, du Pont, d’Asie, de Phrygie, de Pamphylie, d’Egypte, de Libye cyrénaïque, » etc. (Ac 2.9-11)

Aujourd’hui encore, les missionnaires apprennent les langues des peuples parmi lesquels ils veulent rendre témoignage à Jésus-Christ.

Il faut aller à la rencontre et chercher les incroyants là où ils se trouvent : dans leur langue, dans leur culture, dans leur façon de penser. Il faut comprendre les gens si on veut se faire comprendre d’eux.

C’était la raison pour laquelle Jésus-Christ a appelé Saul de Tarse à devenir le grand apôtre Paul : comme érudit juif ayant étudié auprès du plus grand rabbin de Jérusalem, il pouvait prêcher dans les synagogues, et comme érudit grec de la ville universitaire de Tarse, il comprenait la façon de penser, la culture – y compris la culture sportive – des Grecs, et pouvait les aborder dans leur monde pour les conduire à Jésus-Christ.

Le témoignage que le Saint-Esprit rend à Jésus-Christ, l’Evangile du salut en Christ, ce n’est pas une formule magique ; il faut qu’il intrigue, saisisse, étonne, attire, donc qu’il soit annoncé dans une langue que mon vis-à-vis comprend.

Ainsi, à Jérusalem, le Saint-Esprit amena les apôtres à être Parthes pour les uns, Elamites pour d’autres, etc. Plus tard, Paul nous apprend : « Avec les Juifs, j'ai été comme un Juif, afin de gagner les Juifs ; avec ceux qui sont sous la loi, comme quelqu'un qui est sous la loi, afin de gagner ceux qui sont sous la loi – et pourtant moi-même je ne suis pas sous la loi » (1 Co 9.20)

Voilà comment l’Eglise doit se donner la peine – et nous tous avec elle – de rester en mouvement, dans ce mouvement perpétuel vers les incroyants, et chercher à leur rendre témoignage de leur Sauveur Jésus-Christ dans un langage qu’ils comprennent.

Aux ouvriers il faut parler comme à des ouvriers, aux étudiants comme à des étudiants, aux enfants comme à des enfants, aux jeunes comme à des jeunes, aux personnes âgées comme à des personnes âgées, aux forts dans la foi comme à des forts dans la foi, aux faibles dans la foi comme à des faibles dans la foi, etc.

Ce n’est pas toujours facile, vous le savez par expérience. Notre Seigneur n’attend d’ailleurs pas que nous puissions être « tout à tous » (1 Co 9.22). Mais le Seigneur a doté son Eglise de gens très différents, ou, pour le dire autrement : il a réparti les dons entre nous différemment ; nous avons des connaissances différentes et des centres d’intérêt différents.

Nous devrions être reconnaissants à Dieu pour cette diversité de dons et d’intérêts, et ne pas faire la fine bouche lorsque, par ex. les uns ont le don – comme l’apôtre Paul – de parler aux sportifs, d’autres, comme Jésus, de parler aux « gens de mauvaise vie », aux « pécheurs » notoires (Mt 9.10 ; Lc 15.2 ; etc.)

Prenons un autre exemple, de notre monde actuel, cette fois-ci : Face aux musulmans arabes ou turcs, tout le monde n’a pas la facilité de se mettre dans la peau d’un chrétien arabe ou turc pour leur parler de Jésus de façon intéressante et compréhensible. Leur culture et leur façon de penser est souvent si différente que nous avons du mal à nous faire comprendre correctement et que notre façon de nous comporter les braque plutôt et fait écran au témoignage que nous voulons rendre à leur Sauveur.

Mais si nous sommes une Eglise qui se laisse émouvoir et conduire par le témoignage du Saint-Esprit, alors chacun d’entre nous essayera d’être témoin de Jésus-Christ parmi ses semblables, parmi ceux dont il connaît la langue, la culture, la façon de penser, les loisirs. D’autres feront l’effort d’apprendre une langue pour pouvoir rendre témoignage à Jésus aux gens aui parlent cette langue.

D’autres encore étudient plutôt le monde d’une catégorie précise de gens pour pouvoir leur parler de Jésus-Christ, leur Sauveur. C’est ce que nous avons fait à « L’Heure Luthérienne » à l’occasion de la Coupe du Monde de Football de 1998 : nous avons publié un magazine spécial et avons diffusé 15 programmes radio spéciales sur RTL.

A l’occasion de cet événement qui a marqué les esprits et mobilisé les médias, nous nous sommes documentés, nous avons demandé conseil au spécialiste du sport qu’est l’apôtre Paul et nous nous sommes efforcé d’annoncer l’Evangile d’une façon qui interpelle les sportifs.

Essayez, vous aussi, de comprendre vos contemporains, du moins ceux que vous côtoyez dans votre quartier, au travail, à l’école. Essayer de les comprendre ne signifie pas les approuver en tout ; non, essayez de les comprendre pour savoir par où commencer pour leur parler de Jésus-Christ.

Alors vous avez compris ce qu’est Pentecôte : se laisser entraîner par le témoignage que le Saint-Esprit rend au Sauveur du monde, se laisser entraîner soi-même dans une vie de repentance et de foi, d’humilité et de joie de tous les jours, mais aussi se laisser entraîner à en entraîner d’autres par notre témoignage. Ne serait-il pas merveilleux qu’ils partagent notre soulagement, notre consolation, notre joie et notre espérance dans la communion du Dieu de leur salut ?

Jésus dit : l'Esprit de la vérité […] me rendra témoignage ; et vous aussi, vous rendrez témoignage ! »

Joyeuse Pentecôte, chers frères et sœurs émus par le témoignage du Saint-Esprit et témoins vous-mêmes de son bouleversant salut !


Amen.


Jean Thiébaut Haesssig, pasteur
(13 718)



Chants :
Cantique d’Ouverture :
Viens habiter dans nos âmes LlS 127 : 1–5
Après l’Epître :
Viens, ô Créateur de nos âmes, LlS 128 : 1
Après le Credo :
Attendez en Sion la promesse du Père LlS 120 : 1–5
Après le Notre Père :
Esprit Saint, souffle de vie, LlS 123 : 1–4

lundi 7 mai 2007

Sermon du 06 mai 2007 - BAPTÊME (Cantate)

BAPTÊME (Cantate) Galates 3.27

Châtenay-Malabry 06.05.2007


« En effet, vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ. »

Chers amis,
resplendissants dans votre habit d’apparat !

Nous connaissons tous la valeur des habits. Les habits jouent un rôle important dans la vie. En hiver nous en portons d’autres qu’en été. Le soldat en porte d’autres qu’un civil, et chaque grade militaire a son uniforme distinctif. Le facteur est habillé autrement qu’un peintre en bâtiment, et moi-même, je suis vêtu différemment au culte que vous.

Certains de ces habits sont dictés pas la nécessité (le pull en hiver, les manches courtes en été, par exemple), d’autres sont le fait d’arrangements symboliques pour faire comprendre : celui-ci est officier, simple soldat, facteur, peintre en bâtiment ou pasteur.

On porte donc des habits

soit par nécessité ou l’exigence de la météo ou de la profession,

soit selon un arrangement symbolique pour signifier quelque chose.

Et voici que Paul écrit : « Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ ! »

A quelle catégorie d’habits Jésus appartient-il, lui dont nous avons été « revêtus » dans notre baptême ? Fait-il partie des habits nécessaires ou des habits symboliques ? Ou peut-être des deux à la fois ?

Notre texte nous aidera à nous rappeler que

CHRIST,
NOTRE COSTUME DE BAPTËME,

1.- recouvre notre péché,
2.- nous protège des rayons de la colère divine,
3.- nous réchauffe dans le froid de ce monde,
4.- nous confère des honneurs divins,
5.- nous remplit de joie, de gratitude et de foi,
6.- nous engage à une vie de repentance
et de foi de tous les jours.


***** 1 ******
Jésus-Christ, notre costume de baptême,
recouvre notre péché.


Paul écrit aux chrétiens de Galatie : « Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ. »

Les habits recouvrent le corps, en entier ou partiellement. Une des raisons en est : pour que nous n’ayons pas à avoir honte. Il est vrai que la honte ou la pudeur, ce sont des notions de moins en moins à la mode. Devant qui a-t-on encore honte aujourd’hui ?

Il en est un, cependant, devant lequel nous aurions toujours plein de raisons d’avoir honte : c’est Dieu. Ou ne serait-ce pas vrai dans ton cas ? Nous n’avons rien en nous qui nous permettrait de cacher nos péchés devant Dieu. Lui-même le sait d’ailleurs très bien.

C’est pour nous éviter de devoir avoir honte devant lui, qu’il nous a lui-même procuré l’habit qui cache notre péché. Cela n’a pas été sans mal : la confection de cet habit éclatant de pureté et de sainteté lui a coûté fort cher. Les croix qui se dressent dans nos lieux de culte nous le rappellent avec insistance : l’habit de sainteté qu’il nous a confectionné lui a coûté son Fils unique.

Pour nous procurer cet habit éclatant de pureté, cet habit qui recouvre totalement nos péchés et n’en laisse plus dépasser aucun, Jésus a dû payer pour chacun, il a dû expier chacun de nos actes, de nos paroles, même de nos pensées qui devraient nous faire honte en pensant à notre Dieu d’amour.

Cet habit nous a été remis, nous en avons été « revêtus » dans notre baptême. « En effet, » – écrit l’apôtre dans notre texte – « vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ. »

Dans notre baptême, la justice et la sainteté de Jésus ont été passées par-dessus nos péchés comme on peut passer un grand habit de fête par-dessus des sous-vêtements déjà un peu passés. Ainsi, la justice du Christ cache, devant Dieu, nos mauvais actes, nos paroles blessantes, nos pensées honteuses. Pour Dieu, notre péché n’existe plus. Dieu nous regarde à travers son Fils ; Dieu voit son Fils quand il nous regarde. Et comme son Fils est pur et saint, nous n’avons plus besoin d’avoir honte devant Dieu.

Voilà un des effets miraculeux propres au costume de baptême dont nous avons été revêtus dans ce sacrement.


***** 2 ******
Jésus-Christ, notre costume de baptême,
nous protège
des rayons de la colère divine.


Les habits nous protègent aussi des brûlures du soleil. On connaît assez l’effet cancérigène d’une exposition inconsidérée à ses rayons. Certes, nous aimons nous dorer au soleil, quand il fait beau. Mais généralement nous nous protégeons, et si ce n’est avec des habits, du moins en remplaçant les habits par autre chose : un parasol ou une crème antisolaire. Ce n’est pas pour rien qu’on se couvre bien dans les pays chauds.

Mais il y a quelque chose de bien plus brûlant que les rayons du soleil, ce sont les rayons incandescents de la colère de Dieu. « Qui résistera devant sa fureur ? Qui tiendra contre sa colère ardente ? » demande le prophète Nahum (1.6).

Il n’y a pas de doute quant aux sentiments que notre péché inspire à Dieu : des sentiments de colère et de rejet. Aussi a-t-il frappé l’humanité à mort depuis qu’Adam et Eve on chuté dans le péché : « Le salaire du péché, c’est la mort, » rappelle Paul aux Romains (6.23)

« Par un seul homme le péché est entré dans le monde » et nous a tous contaminés, au point que nous ne pouvons subsister par nous-mêmes devant Dieu. « Ainsi la mort est passée à tous les humains » (Rm 5.12).

Mais Dieu est aussi miséricordieux. Pour nous sauver de cette perdition, pour nous protéger de sa colère, il nous a enveloppés dans l’habit protecteur de son Fils, il nous a « revêtus » d’un vêtement de protection. Il le fait, parce que son Fils s’est déjà laissé brûler pour nous sous les rayons dévastateurs de sa colère.

Et il en a réchappé. Il était d’ailleurs le seul à pouvoir en réchapper. C’est la raison pour laquelle il a pris notre place et nous a ainsi évité d’être damnés par Dieu en colère.

Quand Dieu nous regarde, nous les baptisés, du moins ceux qui n’ont pas jeté leur habit de baptême, ceux qui n’ont pas rejeté le Christ par après, il ne voit plus nos péchés, mais la justice de son Fils qui nous recouvre, et sa colère à notre encontre se change en amour paternel, en amour sauveur.

« Le sang du Christ, mon Rédempteur,
Est mon seul vêtement d’honneur ;
Par lui je compte subsister
Devant Dieu dans l’éternité. »
(Louons le Seigneur, n° 344, strophe 1)


***** 3 ******
Jésus-Christ, notre costume de baptême,
nous réchauffe dans le froid de ce monde.

Les habits ne protègent pas seulement de la chaleur, ils protègent aussi du froid, est-il besoin de le rappeler.

Il est cependant un froid qui est plus mordant que le plus glacial des hivers : le froid de ce monde. Ne le ressentons-nous pas souvent ainsi : froid et sans chaleur ? Impassible et angoissant ? On se sent parfois complètement incompris, seul, abandonné.

Ce côté inhumain de notre monde moderne, le caractère anonyme de notre monde stressé et stressant, c’est du pain bénit pour Satan, ce sont les situations rêvées pour pouvoir nous plonger dans le découragement et le doute, voire le désespoir ou, pire, la dépression. Qui peut vivre sans sympathie, sans la chaleur des autres ?

Là aussi s’applique cette parole de notre Seigneur : « L’être humain ne vivra pas de pain seulement ! » (Mt 4.4). Nous avons aussi besoin de sentir l’amour de nos semblables. Or, celui-ci est parfois aux abonnés absents. Il faut alors plaindre celui qui ne sent pas l’effet réchauffant de l’habit baptismal, du Christ qui l’enveloppe.

Sois heureux, chrétien baptisé, de pouvoir te réchauffer à cet habit, auprès de l’amour sauveur de Jésus-Christ ! Lui ne va jamais battre froid. Il t’aime plus que sa propre vie. N’est-il pas allé jusqu’à la sacrifier pour toi ? C’est de lui que Dieu t’a « revêtu » dans ton baptême pour que tu puisses te savoir uni à lui pour ce temps et pour l’éternité.

Ne te laisse pas démonter par le doute ! Aussi vrai que tu es « baptisé en Christ », aussi assuré t’est son amour pour toi, sa sollicitude de tous les instants. Il se tient continuellement près de toi. S’il vient à toi dans la cène sous les espèces du pain et du vin pour t’assurer de son pardon et de son amour, il le fait aussi dans le baptême : là, il t’a enveloppé de son habit d’amour et de protection.

Cela, ne l’oubliez pas dans vos épreuves, et prenez courage dans ces moments difficiles : « car vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ. »


***** 4 ******
Jésus-Christ, notre costume de baptême,
nous confère des honneurs divins.


Les habits ont aussi leur langage : celui de la pauvreté ou de l’aisance, celui de la propreté ou du laisser-aller, celui de l’honneur ou du déshonneur.

Alors, réfléchissez : Qui sommes-nous ? – des pécheurs, des coupables. Et que méritons-nous de la part de Dieu ? – d’être abandonnés et rejetés dans les peines éternelles.

Et que fait-il avec nous au lieu de cela ? – Il nous « revêt de Christ » dans le baptême ! C’est comme si, au lieu de bander les yeux pour fusiller un condamné, on déposait sur sa tête une couronne pour l’honorer devant le monde entier.

Nous ne pouvons vraiment pas comprendre le Christ, notre habit de baptême, autrement que comme le costume d’apparat le plus immérité, mais aussi le plus splendide qui soit ! Celui qu’on « revêt » d’une robe de docteur, reçoit ainsi les honneurs du doctorat. Celui qu’on « revêt » d’un manteau royal, reçoit ainsi des honneurs royaux.

Eh bien, celui qui a été « revêtu de Christ » dans le baptême, a reçu des honneurs proprement divins ! Oh ! certes, nous ne devenons pas son égal – qui pourrait être assez orgueilleux pour penser cela ? – mais il nous élève ainsi et nous permet de participer à son honneur, à ses bénédiction célestes et éternelles ; il nous accorde ainsi « l’état civil » d’enfants de Dieu, de membres de son Eglise, de « citoyens des cieux » (Ph 3.20).


***** 5 ******
Jésus-Christ, notre costume de baptême,
nous remplit de gratitude, de joie et de foi.


De gratitude ! Comment pourrait-il en être autrement ? Cet habit protecteur et vêtement d’honneur, nous n’y avions pas droit : il nous a été offert contre toute attente ! Et en tout cas, sans que nous y soyons pour quelque chose.

C’est à un autre que nous le devons. C’est un autre qui a avancé le prix fort pour que nous puissions l’avoir. Il a tellement tenu à pouvoir nous offrir ce vêtement d’honneur, qu’il a été prêt, pour cela – pour nous – à se laisser mépriser et maudire au bois de la croix. Sans croix pas de baptême. C’est cela, le sens des signes de croix dans la liturgie du baptême. D’abord Jésus a dû se faire damner et condamner avant qu’il n’ait pu nous élever, dans le baptême, aux plus grands honneurs qui soient, ceux de la gloire céleste.


« Sois loué, divin Sauveur !
A toi la gloire et l’honneur ! »

(Louons le Seigneur, n° 76,
refrain de toutes les strophes)


Aussi ne pouvons-nous faire autrement, en pensant à notre baptême, que nous réjouir au plus haut point. Là, le Seigneur nous a pourvus de ce dont nous avions le plus besoin, ce qui nous assure de son amour, de sa sollicitude, de son pardon, de sa fidélité éternels.

Si, dans notre baptême, il nous a « revêtus » de son Fils, « le Christ », c’est aussi pour que nous n’ayons pas à douter de notre adoption et de « notre citoyenneté dans les cieux », pour que nous puissions en être certains.

Car ainsi il nous a pourvus de l’habit protecteur nécessaire pour échapper aux terribles conséquences du péché. Maintenant, et tant que nous serons revêtus par la foi du vêtement baptismal, « rien » – pas non plus « la mort […] ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu en Jésus-Christ, notre Seigneur » (Rm 8.38-39)


***** 6 ******
Jésus-Christ, notre costume de baptême,
nous engage à une vie
de repentance et de foi de tous les jours.


En « revêtant » cet habit exceptionnel, nous avons aussi pris des engagements. C’est ce qu’illustrent les promesses de la liturgie baptismale. On pourrait les résumer ainsi : Celui qui a été « revêtu de Christ », celui-là veut montrer sa joie et sa gratitude en faisant honneur à ce vêtement d’honneur.

Nous croisons le chemin de tant de personnes à plaindre, parce que l’habit de leur baptême les embêtait, ou parce qu’ils l’on méprisé et s’en sont dévêtus, parfois peut-être avec quelque hésitation d’abord, puis sans ambages. Faut-il rappeler qu’en méprisant ce vêtement d’honneur, en n’acceptant plus ce vêtement protecteur, ils se retrouvent sous la colère de Dieu ? (Jn 3.36)

Il est vrai, ce n’est pas facile de toujours vivre de manière à faire honneur à Jésus-Christ. Tant que nous serons ici-bas, les péchés remuent et essayent de dépasser de dessous notre vêtement d’honneur, ils essayent de le faire tomber.

Nous connaissons les mêmes tentations, les mêmes moments de faiblesse que les autres. Ils nous travaillent même plus encore parce que nous voulons rester fidèles à notre Seigneur et Sauveur et que nous ne voulons pas lui faire honte.

Malheureusement, il arrive continuellement qu’un péché vienne à dépasser de notre habit baptismal. Avec l’aide de Dieu il nous faut alors nous efforcer de tout remettre en place, ce qui se fait dans la repentance et la foi en Christ. Il faut le supplier de recouvrir ce péché aussi. Notre Seigneur est assez grand et vaste pour recouvrir tous nos péchés.

Ces efforts de remise en ordre de notre vêtement baptismal, nous devrons les faire jusqu’au moment de notre entrée dans la félicité éternelle. Mais, ô combien merveilleuse sera l’issue de notre lutte de la foi ! Là-bas, nous pourrons nous réjouir sans avoir à lutter, nous réjouir de la félicité que notre Seigneur nous a procuré avec notre habit baptismal.

Mais jusque-là, n’oublions jamais :


CHRIST,
NOTRE splendide COSTUME DE BAPTËME,

1.- recouvre notre péché,
2.- nous protège des rayons de la colère divine,
3.- nous réchauffe dans le froid de ce monde,
4.- nous confère des honneurs divins,
5.- nous remplit de joie, de gratitude et de foi,
6.- nous engage à une vie de repentance
et de foi de tous les jours.


Amen.


Jean Thiébaut Haesssig, pasteur
(13 442)



Chants :

Je chanterai, Seigneur, sans cesse LlS 22 : 1-4
Au Jourdain vint Christ, le Seigneur, LlS 152 : 1-2
Par la puissance du baptême LlS 157 : 1-2
Par la puissance du baptême LlS 157 : 3-6

Sermon du 29 avril 2007 - JUBILATE

JUBILATE Gn 1.26 – 2.2

Châtenay-Malabry 29.04.2007

1:26 « Dieu dit :

"Faisons les humains à notre image, selon notre ressemblance, pour qu'ils dominent sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre et sur toutes les bestioles qui fourmillent sur la terre."

1:27 Dieu créa les humains à son image : il les créa à l'image de Dieu ; homme et femme il les créa.

1:28 Dieu les bénit ; Dieu leur dit :

"Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tous les animaux qui fourmillent sur la terre."


1:29 Dieu dit :

"Je vous donne toute herbe porteuse de semence sur toute la terre, et tout arbre fruitier porteur de semence ; ce sera votre nourriture.

1:30 A tout animal de la terre, à tout oiseau du ciel, à tout ce qui fourmille sur la terre et qui a souffle de vie, je donne toute herbe verte pour nourriture."
Il en fut ainsi.


1:31 Dieu vit alors tout ce qu'il avait fait : c'était très bon. Il y eut un soir et il y eut un matin : le sixième jour.

2:1 Ainsi furent achevés le ciel et la terre, et toute leur armée.

2:2 Le septième jour, Dieu avait achevé tout le travail qu'il avait fait ; le septième jour, il se reposa de tout le travail qu'il avait fait. »

Chers frères et soeurs,

« Jubilate ! » – jubilez, réjouissez-vous ! – est le nom que porte notre dimanche, parce que c’est là le premier mot de l’Introït pour ce jour (Ps 66.1).

Nous nous réjouissons de plein de choses dans notre vie. Il y a tant de choses pour lesquelles nous ne pourrons jamais assez remercier Dieu ! Cela peut être la paix, l’ordre et la démocratie dans notre pays, cela peut être le travail et le niveau de vie, cela peut être la santé ou la guérison, cela peut être la famille et la chaleur qui y règne entre ceux qui la composent, cela peut être l’invitation que le Seigneur nous fait chaque dimanche à le rencontrer au culte, sa Parole de grâce qui éclaire notre existence, son amour qui nous réchauffe le cœur.

Mais je vais m’arrêter là, sinon je ne pourrais, pour le temps que dure un sermon, que dresser une liste de bienfaits que nous devons à la bonté de Dieu.

Nous allons donc nous laisser guider par notre texte. Nous allons nous réjouir de ce que nous propose le texte à la base de notre sermon.

Il se trouve dans le livre des commencements, le livre de la Genèse, nom donné à ce Premier Livre de Moïse. Et nous allons plus particulièrement nous pencher sur l’histoire du premier des patriarches, et voir, à l’aide de ce premier homme,

ADAM
1
A quoi ressemble l’homme ?
2
A quoi ressemble Dieu ?



Nous allons découvrir que la réponse à ces deux questions ne sera réellement possible que si nous intégrons le second Adam, Jésus-Christ, dans notre réflexion et méditation.

***** 1 ******

A quoi l’homme ressemble-t-il ?

Penchons-nous d’abord sur Adam, le premier homme que Dieu ait créé. Quand on lit le récit de la création, il apparaît clairement que Dieu a créé notre univers en six jours :
le 1er jour : la lumière et les ténèbres (Gn 1.1-5) ;
le 2ème jour : le ciel (Gn 1.6-8) ;
le 3ème jour : la terre et la mer, ainsi que la végétation (Gn 1.9-13) ;
le 4ème jour : les astres, soleil et lune y compris (Gn 1.14-19) ;
le 5ème jour : les poissons, les animaux marins et les oiseaux (Gn 1.20-23) ;
le 6ème jour : les animaux terrestres (Gn 1.24-25), puis le premier couple, Adam et Eve (Gn 1.26-31).

Le deuxième chapitre du livre de la Genèse montre ensuite avec quel soin Dieu a créé les hommes, et, s’il ne les a créés qu’après avoir créé le reste, ils ne sont pas le fruit d’une évolution quelconque à partir des créatures précédentes, mais Dieu les a immédiatement créés « très bons » (Gn 1.31), parfaits : « il les créas à l’image de Dieu » (Gn 1.27).

Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’avait-il en vue quand il a décidé : « Faisons les humains à notre image, selon notre ressemblance ! » ?

« Dieu est esprit » (Jn 4.24) et n’a pas de corps : ce n’est donc pas notre corps qui est fait « à la ressemblance » de Dieu. « L’image de Dieu » dans l’homme, il faut la chercher ailleurs que dans la ressemblance physique.

Le Nouveau Testament nous apprend que la sainteté, la connaissance et l’amour de l’homme étaient « à l’image » de la sainteté, de la connaissance et de l’amour de Dieu. Ils n’étaient pas identiques et du même niveau – seul Dieu est Dieu ; lui seul est, par ex., omniscient et sait tout – mais la sainteté, la connaissance et l’amour des premiers hommes correspondaient, étaient en phase avec la sainteté, la connaissance et l’amour de Dieu.

« Les humains » sont donc bien différents et distincts de toutes les autres créatures de Dieu, différents et distincts de ce que l’astronomie peut découvrir (les astres), différents et distincts de ce que la botanique peut étudier et énumérer (les espèces végétales), différents et distincts aussi de ce que la zoologie peut trouver et classer (les espèces animales).

Seuls nous, « les humains », avons reçu de Dieu ce « souffle de vie » (Gn 2.7), ce souffle divin appelé l’âme. Seuls nous, « les humains », avons été placés dans une aussi étroite relation et communion avec le divin Créateur.

Il faut le reconnaître : le Créateur nous a particulièrement bénis, nous, « les humains ». Il y a d’abord la bénédiction de la multiplication, selon ses dispositions : « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre ! » (v. 28)

De deux personnes – Adam et Eve – l’humanité comptait mardi dernier (le 24 avril 2007) quelque 6 665 532 000 âmes, sans parler de ceux qui ont vécu durant le temps écoulé entre Adam et nous.

La seconde disposition que Dieu a prise pour nous, « les humains », il l’énonce ainsi :
« Soumettez-la [la terre]. Dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tous les animaux qui fourmillent sur la terre. » (v. 28)

Dieu nous a confié la gestion de sa création et des autres créatures. Avons-nous vraiment conscience de l’honneur qu’il nous fait ainsi ? Gérants de sa création ! Il nous fait participer à son gouvernement du monde !

Cela ne nous donne-t-il pas le vertige ? Autant d’honneur, une telle responsabilité ne nous font-ils pas peur ?

Sans doute pas tout à fait sans raison. Nous connaissons suffisamment la nature humaine – et nous nous connaissons nous-mêmes !. Nous savons aussi comment l’humanité a géré la création, la nature et la morale.

Si les humains étaient restés fidèles à leur Créateur, tout aurait été parfait. Mais les humains ont voulu s’approprier exclusivement la direction des affaires et écarter Dieu de la gestion de la création. L’humanité a oublié deux choses : a) que c’est de Dieu qu’elle détient l’autorité sur le monde ; et b) que ce n’est qu’avec sa bénédiction et en plaçant sa foi en lui qu’elle peut réellement réussir à gérer le monde correctement.

Conséquence de cet oubli, de cette incrédulité : tout va plus ou moins sens dessus dessous dans le monde, et ceci dans tous les domaines de la vie. Certaines choses sont plutôt ratées (voyez les fermetures d’usine, la pollution de l’air, de l’eau et des terres, les injustices, les délits, les grèves, les guerres civiles et autres soubresauts qui font mal et angoissent. Et même là où les choses sont plutôt des réussites, rien n’est parfait.

Une fois l’humanité gangrenée par le péché, la gestion du monde qui, auparavant était parfaite, est devenue problématique.

La désobéissance des humains – faisant suite à la première désobéissance dans le jardin d’Eden – ne peut pas être bénie. D’où vient cette gestion imparfaite, parfois égoïste et injuste, voire dangereuse du monde ? C’est qu’on ne s’attelle pas à la gestion du monde avec humilité, respect et foi en Dieu et en ses dispositions, mais on se laisse dominer et pousser par l’envie de dominer les autres, le bon plaisir, ce qu’on croit être son intérêt.

Aussi « les humains » récoltent-ils la sueur, les larmes, les épines et … la mort.

Combien cela aurait pu être différent, si nous étions encore comme Adam du temps de notre texte, donc avant qu’il ne chute dans le péché et y entraîne tous ses descendants ! Ou si nous étions encore comme Jésus a été, lui que l’apôtre Paul donne comme figure symétriquement opposée à Adam, « le second Adam » en quelque sorte (voir Rm 5.15-21)

C’est qu’en Jésus, « le second Adam », nous voyons comment nous, « les humains », nous devrions être.

Jésus n’a pas échoué, comme Adam l’a fait, dans son obéissance parfaite envers Dieu : « il s'est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu'à la mort – la mort sur la
croix. » (Ph 2.8)

L’obéissance, voilà une des caractéristiques du peuple de Dieu. Qu’avait dit Jésus ? –
« Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma soeur et ma
mère. » (Mc 3.35)

Jésus n’a pas été fier et orgueilleux comme Adam ; il n’a pas insisté pour qu’on lui laisse la première place en tout, comme cela aurait été normal. Au contraire, il s’est humilié et s’est sacrifié pour nous.

Jésus nous a de nouveau obtenu la bénédiction qu’Adam avait fait perdre à l’humanité. La désobéissance d’Adam lui a attiré – à lui et à ses descendants – la mort physique et la damnation éternelle. Jésus, en expiant nos péchés, nous a réconciliés avec Dieu et nous a obtenu la bénédiction de Dieu à la place de sa malédiction.

Autrement dit : sans l’intervention et la médiation de Jésus-Christ, nous serions rejetés par Dieu et condamnés pour l’éternité. Grâce à l’expiation de nos péchés par Jésus-Christ, tous ceux qui se réfugient auprès de lui avec foi vivent ce miracle d’être aimés et acceptés par Dieu pour l’éternité.

***** 2 ******
A quoi Dieu ressemble-t-il ?


Dire qu’avant la chute du premier couple – Adam et Eve – dans le péché, on pouvait voir
« l’image de Dieu » en eux ! « Dieu dit : "Faisons les humains à notre image, selon notre ressemblance, […]." – Dieu créa les humains à son image : il les créa à l'image de Dieu. » (v. 26a+27a)

C’est en cela que réside justement le caractère particulier, exceptionnel, des « humains » : il sont le summum de la création divine. Avant la chute de nos premiers parents dans le péché, leur sainteté était le reflet de la sainteté de Dieu. Leur amour du prochain était le reflet de l’amour de Dieu, lui qui « est l’amour » par excellence (1 Jn 4.8).

Et cette sainteté et cet amour que Dieu avait déposés dans l’être humain renvoient à la sainteté et à l’amour de Celui qui est leur Créateur hors pair.

Quant à « la domination » (v. 26b) ou autorité que Dieu a déléguée à l’homme sur sa création, elles montrent que Dieu est le Créateur souverain et tout-puissant de l’univers.

Là où Dieu fait aussi une forte impression sur nous, c’est « quand on le considère dans ses œuvres ». L’apôtre Paul écrit aux chrétiens de Rome : « Ce qui chez Dieu est invisible – sa puissance éternelle et sa divinité – se voit fort bien depuis la création du monde, quand l’intelligence le discerne dans ses ouvrages » (Rm 1.20)

Déjà aujourd’hui, l’immensément grand (les galaxies, par ex.) comme l’immensément petit (l’enchevêtrement de neurones dans notre cerveau, par ex.) nous impressionnent au plus haut point. Pourtant, depuis la chute de l’humanité dans le péché, tout cela ne fonctionne plus parfaitement. Le cerveau, par ex., connaît ses maladies, et partout ailleurs dans la création nous assistons à des ratés, voire à des catastrophes.

Mais tout cela était bien plus impressionnant dans sa perfection avant l’irruption du péché. Car, lisons-nous dans notre texte, lorsque Dieu eût achevé son œuvre magistrale de création et qu’il « vit tout ce qu'il avait fait, » son jugement infaillible fut : « c'était très bon » (v. 31), c’était excellent, c’était parfait !

Le caractère admirable de la création nous amène à admirer et à adorer la perfection et la grandeur insaisissable de celui qui l’a créée. Même aujourd’hui, encore, après que la création ait été détraquée par l’irruption du péché dans l’humanité, nous confessons, fort impressionnés, avec le psalmiste : « Le ciel raconte la gloire de Dieu, la voûte céleste dit l'oeuvre de ses mains ! » (Ps 19.)

Malheureusement, « l’image de Dieu » n’est plus visible sans plus en l’être humain. Parfois on voit même tout le contraire. Nous ne pouvons plus dire sans prendre énormément de précautions : « Voyez l’être humain, et vous pourrez en tirer des conclusions quant à son Créateur ! » Nous ne le pouvons plus aussi facilement, parce que le péché a détérioré, dépravé et défiguré « l’image de Dieu » en l’homme.

Et ce qui est terrible en tout cela, c’est que le péché de l’être humain amène les humains à avoir des doutes quant à la bonté et à la volonté de leur Créateur. On impute au Créateur le comportement pécheur des créatures. On impute au Créateur les dérèglements de la nature, qui est pourtant une conséquence du dérèglement pécheur de l’être humain.

N’avez-vous jamais entendu dire : « Mais que fait Dieu ? Comment peut-il permettre cela ? Pourquoi n’intervient-il pas ? Est-il seulement capable de venir en aide ? Cela ne lui fait-il rien de voir comment vont les choses sur terre ? »

C’est facile de se défausser sur un autre. Cela permet de ne pas avoir à se voir tel qu’on est. Il est plus confortable de rejeter la faute sur un autre, y compris sur Dieu. C’est d’ailleurs ce que le diable a réussi à faire avec ses tentations auprès d’Eve dans le jardin d’Eden. Il a réussi à faire douter Eve de la bonté de Dieu. Il a réussi à lui faire croire que Dieu la trompait. Il a semé le doute avec des questions du genre : « Dieu est-il vraiment ce qu’il affirme être ? » (voir Gn 3.1-6) Et Eve, puis Adam, sont tombés dans le panneau et nous ont tous entraînés derrière eux dans le péché et la perte.

Heureusement qu’il y en a un – un autre ! – qui donne une meilleure image de Dieu que ce que nous, créatures pécheresses et imparfaites, nous lui donnons. Heureusement que Dieu a suscité « un deuxième Adam » ou « anti-Adam » : Jésus-Christ.

Lui, Jésus, nous montre vraiment qui est Dieu et comment il est. Un jour, « Philippe dit à Jésus : "Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit." – Jésus lui dit : "Il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas, Philippe ? Celui qui m'a vu a vu le Père." » (Jn 14.8-9)

Bien évidemment ! N’est-il pas Dieu devenu homme ? N’est-il pas « Immanu-El, ce qui se traduit : Dieu avec nous » ? (Mt 1.23)

Rien ne peut mieux nous donner à connaître Dieu et ses sentiments à notre égard que la venue de Jésus parmi nous. L’abaissement du Fils de Dieu éternel et tout-puissant au rang de simple mortel montre l’intérêt que Dieu a pour nous et jusqu’où il est prêt à aller pour nous sauver.

Jésus a expié nos péchés en se sacrifiant à notre place ; il a enduré les souffrances de l’enfer à notre place pour nous les éviter : tout cela montre l’infinie profondeur et grandeur de l’amour de Dieu envers nous, un « amour qui surpasse toute connaissance » (Ep 3.18-19), il est si grand qu’on n’arrive pas à le saisir dans toute sa profondeur.

Voilà notre Dieu ! « Dieu est amour » (1 Jn 4.8) Quant à nous, nous sommes « aimés de Dieu » (Rm 1.7 ; 1 Th 1.4 ; Jd 1.1), ne l’oublions pas non plus.

Cela nous le devons au « deuxième Adam », Jésus-Christ, qui a réparé les dégâts causés par le premier Adam.

Jésus nous a fait connaître Dieu tel qu’il est. Grâce à lui nous sommes de nouveau entourés, protégés et conduits par l’amour et la sagesse prévenante de Dieu.

Dans une certaine mesure, il a rétabli « l’image de Dieu » en nous, les croyants : nous connaissons de nouveau Dieu et plaçons notre foi en lui, nous aimons de nouveau Dieu, et la sainteté du Christ recouvre notre péché.

Certes, ici-bas nous resterons imparfaits, mais dans l’éternité « l’image de Dieu » sera de nouveau entièrement rétablie en nous, et rien ne pourra plus nous la corrompre ou la détruire.


Amen.


Jean Thiébaut Haesssig, pasteur

(14 398)

mardi 17 avril 2007

Sermon du 15 avril 2007 - Quasimodo Geniti

QUASIMODO GENITI Ap 1 . 9 – 19

Châtenay-Malabry 15.04.2007

1:9 Moi, Jean, votre frère,
qui prends part à la détresse, à la royauté et à la persévérance en Jésus,
j'étais dans l'île appelée Patmos
à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus

1:10 quand je fus saisi par l'Esprit,
au jour du Seigneur ;
j'entendis derrière moi une voix,
forte comme le son d'une trompette,

1:11 qui disait :
"Ce que tu vois,
écris-le dans un livre,
et envoie-le aux sept Eglises :
à Ephèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie et à Laodicée."

1:12 Je me retournai
pour voir celui qui parlait avec moi.
Quand je me fus retourné,
je vis
sept porte-lampes d'or

1:13 et, au milieu des porte-lampes,
quelqu'un qui ressemblait à un fils d'homme.
Il était vêtu d'une longue robe
et portait une ceinture d'or à la poitrine.

1:14 Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme laine blanche, comme neige.
Ses yeux étaient comme un feu flamboyant,

1:15 ses pieds ressemblaient à du bronze incandescent,
et sa voix était comme le bruit de grandes eaux.

1:16 Il avait dans sa main droite sept étoiles ;
de sa bouche sortait une épée acérée, à deux tranchants,
et son visage était comme le soleil lorsqu'il brille dans toute sa puissance.

1:17 Quand je le vis,
je tombai à ses pieds, comme mort.
Alors il posa sur moi sa main droite,
en disant :
"N'aie pas peur !
C'est moi qui suis le premier et le dernier,

1:18 le vivant.
J’étais mort, mais je suis vivant à tout jamais,
et j'ai les clefs de la mort et du séjour des morts.

1:19 Ecris donc ce que tu as vu,
ce qui est et ce qui va arriver après."


Chers frères et soeurs,
chers prêtres royaux

dans le Royaume du Christ glorifié !


Parmi les textes proposés pour ce dimanche Quasimodo Geniti – le premier dimanche après Pâques – j’ai pris celui-ci, tiré du livre de l’Apocalypse de Jean, d’abord parce que les jeunes veulent consacrer une réunion à ce livre prochainement, ensuite, parce que l’un de nos trois groupes d’étude biblique vient de commencer l’étude de ce livre cette semaine.

Ce que nous vivons au jour le jour n’a souvent rien de commun avec l’expérience exaltante que l’apôtre Jean a connue quand « il fut saisi par l’Esprit » et qu’il reçut la « révélation […] de ce qui doit arriver bientôt » (Ap 1.1).

Le message que nous avons entendu à Pâques distinguait déjà entre « l’être et le paraître, » entre ce que nous sommes en réalité et ce de quoi nous avons l’air. La « révélation » de notre texte va dans le même sens. Là,


LE CHRIST SE REVELE A NOUS
1
dans l’Evangile,
2
pour resserrer
ses liens avec nous ici-bas,
3
et ceci, pour l’éternité.


***** 1 ******
Le Christ se révèle à nous dans l’Evangile.

En grande partie depuis sa résurrection, puis définitivement depuis son ascension, notre Seigneur bien-aimé nous prive de sa présence visible. Nous ne l’avons jamais vu. Il a certainement ses raisons pour cela. Il ne tient pas qu’on le suive par soif du sensationnel – comme ceux qui voulaient « en faire leur roi », non pas à cause de son Evangile, mais parce qu’il les avait miraculeusement nourris ! (Jn 6.15)

Sachez-le : avec sa résurrection et son ascension notre Seigneur n’a pas coupé les ponts avec nous. Au contraire, s’il nous prive de sa présence visible, c’est pour que rien ne nous détourne de l’essentiel, de son message de grâce, de sa Parole de salut, c’est – paradoxalement ! – pour qu’il puisse mieux « se révéler » à nous.

« Se révéler ! » Savez-vous ce que signifie le mot « apocalypse » ? Avez-vous déjà cherché ce livre dans une Bible allemande ou anglaise ? Le mot « Apocalypse » ne s’y trouve pas, et pour cause, c’est du grec. Et comme le reste de l’Ecriture sainte, dans ces langues on a aussi traduit le titre de ce livre, apokaluyis (apokalupsis) (Ap 1.1) : « Offenbarung » en allemand, « revelation » en anglais, « révélation » en français.

Si, en français, on avait toujours traduit ce mot par « révélation », cela n’aurait pas donné l’adjectif français « apocalyptique », adjectif qui n’existe d’ailleurs pas dans la Bible. On n’aurait pas non plus d’idée préconçue catastrophique de ce livre. Car, s’il est vrai que celivre annonce, entre autre, aussi des catastrophes, ces mêmes menaces sont toutes déjà annoncées dans les évangiles et les épîtres, même si c’est dans un autre style.

Or, la « révélation » du dernier livre de la Bible n’a pas été faite à Jean pour traumatiser les croyants, mais pour nous fortifier dans notre foi, notre joie et notre espérance. Dès le verset 3 de cette « révélation de Jésus-Christ » (Ap 1.1) à l’apôtre Jean, nous apprenons : « Heureux celui qui lit à haute voix les paroles de la prophétie, comme ceux qui les entendent et qui gardent ce qui y est écrit ! » (Ap 1.3)

C’est pour rendre « heureux » que Jésus a révélé ce livre à la chrétienté, pas pour nous catastropher. Cela, nous le verrons aussi avec l’extrait sur lequel porte notre prédication d’aujourd’hui.

Arrêtons-nous un instant à notre scène : la Parole de Dieu est adressée, est révélée et inspirée à l’apôtre Jean.

Où ? – Sur « l’île de Patmos », une île d’environ 16 km de long et 9 de large, à une cinquantaine de kilomètres des côtes de l’Asie Mineure.

Pourquoi l’apôtre se trouve-t-il sur cette île ? – Il l’explique lui-même : « Moi, Jean, votre frère, […], j'étais dans l'île appelée Patmos à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus. » En d’autres termes : il y avait été exilé à cause de son apostolat. Cette île rocheuse servait à recevoir des personnages considérés comme dangereux. Rome y exilait des philosophes. Si Jean y a été envoyé en exil, c’est que son ministère devait prendre de l’ampleur et gêner le pouvoir en place. Vu son grand âge – il approchait des cent ans – on devait considérer que c’était assez dur pour lui de se retrouver sur cette île peu accueillante.

Quand cela s’est-il passé ? – C’était une époque où les persécutions des chrétiens avaient pris de l’ampleur, sous l’empereur Domitien, entre 90 et 96 après Jésus-Christ.

Jean indique même le jour de la semaine où la « révélation » de ce livre lui a été faite. Cela s’est passé « le jour du Seigneur » (v. 10), le jour que notre Seigneur Jésus avait choisi pour ressusciter, celui aussi qu’il avait choisi pour répandre le Saint-Esprit sur ses disciples, lors de la première Pentecôte : un dimanche, donc.

Comment cette « révélation » est-elle parvenue à Jean ? Cela est indiqué dès le premier verset du livre : « Dieu a donné à Jésus-Christ [cette] révélation pour montrer à ses esclaves ce qui doit arriver bientôt ; il [Jésus, à son tour,] l’a signifié en envoyant son ange à son esclave Jean. » (Ap 1.1)

Jean donne plus de détails encore sur la manière dont Jésus s’est révélé à lui. « Je fus saisi par l'Esprit » – on peut aussi traduire : « Je fus ravi en esprit » – en tout cas il a des « visions » (Ap 9.17) : il « voit » des scènes se dérouler devant ses yeux, autour de lui.

Il ne rêve pas. Ses facultés sont toutes éveillées, même actives. Il entend : « j’entendis derrière moi une voix forte. » Il se déplace pour mieux voir : « je me retournais pour voir. » Il sent le contact de son Seigneur : « il posa sur moi sa main droite. » Plus loin, on verra Jean tâter et goûter durant la vision (Ap 10.9). Oui, ce qu’il vit est extra-ordinaire, cela sort vraiment de l’ordinaire, c’est un vrai miracle, mais il le vit consciemment en agissant et réagissant à ce qu’il entend et voit lors de cette vision. Ses facultés ne sont pas occultées.

A qui s’adresse cette « révélation » ? – « J'entendis derrière moi une voix, forte comme le son d'une trompette, qui disait : "Ce que tu vois, écris-le dans un livre, et envoie-le aux sept Eglises : à Ephèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie et à Laodicée." » (Ap 1.3)

La « révélation » ou « apocalypse » de ce dernier livre de la Bible s’adresse donc à « sept Eglises ». « Sept » est le nombre de la perfection, de la totalité. Dans le langage visionnaire et symbolique de l’Apocalypse, « les sept Eglises » représentent l’Eglise universelle, ce que Jean appelle au début de notre texte, « la royauté », la royauté dans le « Royaume ». (Ap 1.6) de Dieu et de Christ, car, grâce à l’œuvre du Christ, nous sommes tous « un royaume et des prêtres » (Ap 5.10).

Et Qui est au centre de cette « révélation » extraordinaire ? – Ecoutons encore l’Apocalypse dans son langage extraordinairement symbolique !

« Quand je me fus retourné, je vis […] quelqu’un qui ressemblait à un fils d’homme. » (v. 12-13) Là, Jean s’exprime comme le prophète Daniel. Celui-ci appelle le Messie promis « le Fils de l’homme » (Dn 7.13 ; 10.16) quand il le décrit au jour du Jugement Dernier. C’était tellement clair, que les chefs juifs ont crié au blasphème quand Jésus s’est présenté à eux comme « le Fils de l’homme ». (Mt 25.3 – 26.4)

« Il était vêtu d’une longue robe » (v. 13b) ou ample tunique, signe de sa majesté, et pour cause, il apparaît dans tout le livre comme le Fils de Dieu, le puissant Sauveur et majestueux Juge de l’humanité.

« Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme laine blanche, comme neige » (v. 14a), autrement dit : il était couronné de sainteté, le blanc étant la couleur symbolique de la pureté absolue, de l’absence totale de péché.

« Ses yeux étaient comme un feu flamboyant. » (v. 14b) Leur force de pénétration est telle que rien ne saurait rester caché devant elle : il est omniscient, « il sait toute chose » (Jn 21.18).

« Ses pieds ressemblaient à du bronze incandescent » (v. 15a). Là où ses pieds passent, ils brûlent tout sur leur passage et ne laissent que des cendres. Ce détail souligne la venue du Christ pour juger le monde.

« Sa voix était comme le bruit de grandes eaux » (v. 15b). La voix du Christ glorifié et triomphant est une voix toute-puissante. Contrairement à sa Parole de grâce, l’Evangile, à laquelle on peut s’opposer, personne ne peut résister à sa voix toute-puissante : tout doit lui obéir, ce qui provoquera, entre autre, la résurrection des morts et le Jugement Dernier.

« Il avait, dans sa main droite, sept étoiles. » (v. 16a) La « droite » est le symbole de la majesté et du pouvoir. Jésus explique lui-même, après notre texte : « Quant au mystère des sept étoiles que tu as vues dans ma main droite, [… ce] sont les anges des sept Eglises » (Ap 1.20). Rappelez-vous : le mot grec « ange » signifie « messager ». Il s’agit ici de ceux qui annoncent le message de Dieu dans les paroisses ; il s’agit du ministère pastoral institué par le Christ et à ses ordres. Ils se trouvent « dans la main » du Christ. Nous, les pasteurs, nous devons exercer notre ministère avec fidélité comme agents et serviteurs du Christ, sous son autorité, mais aussi – Dieu merci ! – avec sa bénédiction, et ceci quelles que soient les fluctuations de l’opinion publique.

Cette présentation du Christ ne cadre pas tellement avec la relation confiante que nous entretenons avec notre Seigneur bien-aimé, n’est-ce pas ? Il est cependant bon de rappeler que celui qui nous a sauvés dans son amour infini n’est pas une « poule mouillée », le « bon Jésus » des images pieuses, mais bien le Maître tout-puissant de l’univers, celui à qui nous devons tout et à qui le Père a remis le pouvoir et le jugement.

Cette vision vous inspire-t-elle de la crainte ? – Sans doute, au premier abord. Ce fut, d’ailleurs, aussi la réaction – j’allais dire : viscérale – de Jean. Voilà comment il nous en parle :

« Quand je le vis, je tombai à ses pieds, comme mort. Alors il posa sur moi sa main droite, en disant : "N'aie pas peur ! C'est moi qui suis le premier et le dernier, le vivant. Je suis mort, mais je suis vivant à tout jamais, et j'ai les clefs de la mort et du séjour des morts." » (v. 17-18)


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Le Christ se révèle à nous dans l’Evangile
pour resserrer
ses liens avec nous ici-bas.

N’oublions pas : l’aspect terrifiant sous lequel Jésus apparaît dans cette vision, c’est l’aspect sous lequel il est apparu à Satan, c’est ainsi qu’il l’a fait fuir et qu’il nous a arrachés à ses griffes pour nous gagner pour son « Royaume ».

A nous qui plaçons notre foi en lui, il nous dit – comme il l’a dit à Jean, et comme il l’avait déjà dit précédemment à Zacharie, à Marie et aux bergers de Bethléem : « N’aie pas peur ! » (v. 17) – « N’ayez pas peur ! » (Lc 1.13 ; 1.30 ; 2.10) – vous faites partie du « Royaume », vous êtes solidement « unis à moi », le Maître du ciel et de la terre, « le Tout-Puissant » (Ap 1.7), l’Eternel. « Je suis le Premier et le Dernier, le Vivant. » (v. 17), la source de la vie : unis à moi par la foi, vous avez part à ma vie.

Jean « vit sept porte-lampes d’or et, au milieu des sept porte-lampes » le Seigneur Jésus dans sa gloire et sa toute-puissance.

Jésus explique lui-même, dans le verset qui suit notre texte : « Les sept porte-lampes sont les sept Eglises » (Ap 1.20), la totalité des croyants, l’Eglise universelle.

Il veut nous rappeler : Vous qui vous confiez en mon sacrifice expiatoire et en ma glorieuse résurrection, vous, les croyants, vous êtes en sécurité « dans ma main droite », en sécurité aussi dans les épreuves ; vous serez même en sécurité quand d’autres, les incroyants, « se lamenteront » (Ap 1.7) lors de ce qui va accompagner mon retour en gloire à la fin du monde.

Oui, réjouissons-nous ! celui qui est Maître de l’univers et de l’éternité, se tient parmi nous, dans l’Eglise, et met sa gloire infinie à notre service

Et l’Eglise, l’ensemble des croyants, est représentée par « des porte-lampes d’or ». Au passage : « porte-lampes » est une meilleure traduction que chandelier, car il n’y avait pas de cierges dessus, mais des lampes à huile. Nous, l’Eglise universelle, nous sommes représentés par des « porte-lampes d’or » ! Nous sommes « en or », nous sommes, aussi précieux qu’a été cher le prix auquel nous avons été « rachetés », au prix du Christ lui-même (1 Co 6.20)

C’est ce que Jean veut nous faire réaliser lorsqu’il nous écrit : « "Moi, Jean, votre frère, qui prends part à la détresse, à la royauté et à la persévérance en Jésus…" (v. 9) "moi, Jean," je suis "votre frère en Jésus". » Unis à Jésus, nous formons une fraternité où nous partageons… quoi, au fait ?

Eh ! bien, unis à Jésus, le Glorieux, nous partageons les bénédictions de son « Royaume » de grâce sur terre. Nous pouvons compter sur son pardon et sa réconciliation. Nous pouvons compter, dans son Royaume, sur son gouvernement de nos vies, même si nous ne nous expliquons pas toujours sa façon de nous conduire.

Mais même là, dans son « Royaume », nous partageons la fraternité dans « la détresse ». Nous ne sommes pas des ions libres et sans lien entre nous : dans son « Royaume » nous formons un corps dont il est le Chef (Col 1.18). Non seulement nous pouvons nous appuyer sur nos « frères » dans la détresse, mais même notre Seigneur et Sauveur nous seconde fermement.

Ce n’est pas un vain mot, la fraternité sous la croix, la fraternité dans la détresse, la fraternité à la lumière de l’amour du Christ et de sa vérité salutaire ! Et cette fraternité doit se poursuivre et s’épanouir pleinement dans l’au-delà où il n’y aura plus de détresse.


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Le Christ se révèle à nous dans l’Evangile
pour resserrer ses liens avec nous ici-bas
et ceci, pour l’éternité.


Que nous annonce-t-il à ce sujet ? – « J’étais mort, mais je suis vivant à tout jamais ! » Tout au long du message consolant de l’Apocalypse, le sacrifice expiatoire du Christ occupe une place centrale et fondamentale. C’est ainsi que dès le 5ème verset de ce livre, Jean glorifie « celui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang. » (Ap 1.5-6) Et dans la vision du chapitre 5, Jean « vit, au milieu du trône […], un Agneau qui semblait immolé » (Ap 5.6). Sans le sacrifice du Christ pour nos péchés, il n’y aurait pas de félicité éternelle, pas de vision possible d’un royaume de gloire pour nous. Aussi ces visions du paradis céleste indiquent-elles clairement que tout est parti de la mort expiatoire du Christ.

Il le dit d’ailleurs lui-même dans notre texte : « "J’étais mort, mais je suis vivant à tout
jamais ! "

« Je n’aurais plus jamais à connaître la mort, puisque, là-bas, à la croix de Golgotha, j’ai "tout accompli", "tout achevé" (Jn 19.30) pour votre salut. Maintenant, "je suis vivant à tout jamais," pour l’éternité. "Vivant" et bien « vivant ». J’ai de la vie à revendre. En fait, cette expression est fausse me concernait : je ne vends rien ; j’ai de la vie à donner, et je vous l’ai donnée à vous qui venez avec foi vous confier en moi. »

« Et j'ai les clefs de la mort et du séjour des morts. » « Et j'ai les clefs de la mort et du séjour des morts. » Une fois que ceux qui n’auront pas cru au Christ seront décédés, la mort sera, malheureusement, verrouillée pour eux : ils se trouveront confinés derrière les portes de la mort, dans la mort pour toujours.

Par contre, nous, nous n’avons pas à nous en faire, nous qui croyons en son sacrifice expiatoire et en sa résurrection glorieuse, Il nous fait comprendre : « J’ai verrouillé la mort pour vous aussi, mais vous, vous vous trouvez à l’extérieur. La mort éternelle ne peut vous aspirer, vous êtes en sécurité auprès de moi. Vous faites partie de mes prêtres et rois dans mon Royaume pour l’éternité. »

Et là-bas, dans la félicité éternelle, nous ne le verrons pas seulement, comme maintenant, à travers la vitre quelque peu embuée de la Parole de Dieu, mais « nous serons semblables à lui » et « le verrons tel qu’il est » (1 Jn 3.2). « Le Seigneur Jésus-Christ transformera notre corps humilié, en le configurant à son corps glorieux par l'opération qui le rend capable de tout s'assujettir. » (Ph 3.21)

Alors l’œuvre du Christ aura atteint son objectif : alors nous partagerons sa transfiguration ! Alors notre transfiguration sera totale et éternelle !


Amen.

Jean Thiébaut Haesssig, pasteur
(16 079)