21ème dimanche après la Trinité
Fête de la Réforme
Jean 8.31à36
Jésus dit alors aux Juifs qui avaient cru en lui : « Si
vous restez fidèles à mes paroles, vous êtes vraiment mes disciples ; 32
ainsi vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres. » 33
Ils lui répondirent : « Nous sommes les descendants d'Abraham et nous n'avons
jamais été les esclaves de personne. Comment peux-tu nous dire : ‘Vous
deviendrez libres’ ? » 34 Jésus leur répondit : « Oui, je vous le
déclare, c'est la vérité : tout homme qui pèche est un esclave du péché. 35
Un esclave ne fait pas pour toujours partie de la famille, mais un fils en fait
partie pour toujours. 36 Si le Fils vous libère, vous serez alors
vraiment libres. » BFC
Liberté !
Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu et
la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous ! Amen.
« Le petit Jean a bu, mais il ne boira plus ; car ce
qu’il prit pour H2O fut H2SO4. » Ce petit
dicton drôle me rappelle l’importance de la vérité, de pouvoir faire le point,
de savoir la réalité des choses. Et tout comme l’eau et l’acide sulfurique ont
la même apparence—les deux sont un liquide sans couleur—cela me rappelle aussi
qu’il est parfois difficile de faire un distinction entre la vérité et le
mensonge.
La nature de la vérité—ce qu’elle est, ce qu’elle n’est
pas, où la trouver—est au fond de cette lecture de l’Evangile de Jean et même
de notre commémoration de la Réforme. Je crois bien que nous voudrions toujours
connaître la vérité. Nous n’aimons pas toujours la vérité et certainement nous
ne disons pas toujours la vérité, mais nous voulons toujours la connaître.
Mais, même si nous connaissons la vérité, nous y tenir
n’est pas facile. Car depuis la création du monde il y a un complot pour nous
tromper. Adam et Eve, devaient-ils croire à Dieu ou au serpent ? Dieu leur
avait dit de ne pas manger du fruit de l’arbre qui donnait la connaissance du
bien et du mal. Sinon, ils mourraient. Le serpent lui, leur disait qu’ils ne
mourraient pas du tout ; en fait ils auraient les yeux ouverts et seraient
comme Dieu lui-même. Et qui n’aimerait pas cela ? Dieu, nous le savons, a dit
la vérité ; le serpent a menti ; et Adam et Eve sont morts.
Leur échec au sujet de la vérité nous a fait subir la
mort ; mais il y a bien plus que cela. Depuis lors il nous est difficile même
de connaître la vérité, surtout la vérité qui nous affranchit de la mort.
Alors, pour un bref moment dans le temps, «
Celui qui est la Parole est devenu un homme et a vécu parmi nous. » Jn 1.14. Il
a été une lumière brillant dans l’obscurité qui nous a révélé la grâce et la
vérité, la vérité qui nous affranchit de la mort. Celui-là nous dit, « Si vous restez fidèles à mes paroles, vous
êtes vraiment mes disciples ; ainsi vous connaîtrez la vérité et la vérité vous
rendra libres. »
Mais à maintes reprises, l’ancien serpent a levé sa tête
et a dit qu’on n’a pas besoin d’être disciple de Jésus-Christ. Il y a d’autres
vérités qui pourraient nous rendre libres. Et à l’instar d’Adam et Eve, nous y
avons cru. En conséquence, la vérité reste obscure et notre lutte pour la
vérité continue. La Réforme en est un exemple.
Le 31 octobre 1517, Martin Luther a affiché un document à
la porte de la chapelle du château de Wittenberg. Nous l’appelons les 95 Thèses
mais il l’a intitulé Disputation de Martin Luther sur la puissance des
indulgences. C’était une invitation aux théologiens à débattre la vente
des indulgences.
Une indulgence est la remise des peines méritées par les
péchés. L’idée est la suivante. Lorsqu’on confesse son péché, on est pardonné ;
cependant il faut en faire pénitence. C'est-à-dire, on devait subir quelque
punition ou faire une bonne action qui pourrait compenser son péché. Pour tous
les péchés non compensés dans cette vie il y avait le purgatoire, un lieu
imaginaire ou l’on était purgé des ses péchés avant d’accéder au paradis. Et
cela, parait-il, pouvait durer des siècles !
Alors l’Eglise offrait un moyen d’y échapper :
l’indulgence. Dans des circonstances particulières—dans ce cas, pour un don
d’argent—on recevait une remise des peines que méritaient ses péchés. On
n’avait ainsi plus besoin de compenser ses péchés. On pouvait se les payer !
Luther voulait débattre cette pratique car il savait
qu’elle était néfaste. La vente des indulgences était un mensonge cupide qui
trompait les gens et les détournait de la vérité. Qui plus est, ce mensonge
plongeait les gens davantage dans l’esclavage. Comme quelqu’un qui gaspille son
salaire pour les billets de loto au lieu de pourvoir aux besoins de sa famille,
les gens gaspillaient le peu qu’ils avaient pour un bout de papier complètement
inutile. Au lieu de se payer la liberté du purgatoire et de ses péchés, on se
payait plus de misère.
Luther cherchait la vérité, la vérité de l’Evangile.
Ainsi introduit-il ses 95 thèses par ces mots : « Par amour pour la vérité et
pour la préciser, les thèses suivantes seront soutenues à Wittenberg… » Dans ce
document, la question fondamentale est celle-ci : sur quoi fondons-nous notre
foi et pratique Chrétienne ? Sur les traditions des hommes ou bien sur la
Parole de Dieu ?
La Bible ne dit rien du sujet des indulgences ni du
purgatoire. Elle parle de la rémission des péchés par égard pour Christ. La
vérité est que nous sommes libérés de la punition que méritent nos péchés et de
tout besoin de les compenser par la miséricorde de Dieu. Nous sommes uniquement
et totalement justifiés par la mort et la résurrection du Christ. Jésus a
compensé nos péchés. En revanche, ce que Dieu cherche chez nous, c’est que nous
mettions notre entière confiance en cette bonne nouvelle. Il nous appelle à
rester fidèles à ses paroles et à être ses disciples.
L’appel de Luther à ce débat a déclenché la Réforme, une
grande lutte pour la vérité dans l’église occidentale. Il y avait des
persécutions. Luther lui-même comme vous le savez a été déclaré un hors-la-loi.
Mais la parole de Jésus s’est montré juste :
« Si vous restez fidèles à mes paroles, vous êtes vraiment mes disciples ;
ainsi vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres. » En se
tenant ferme à la Parole de Dieu Luther et des autres ont prévalu et ont été
libérés de l’erreur et de l’esclavage au péché.
Nous sommes héritiers de cette lutte pour la vérité. Nous
avons hérité non seulement des Saintes Ecritures, la véritable parole de Dieu,
mais des choses telle que nos Confessions Luthériennes. Ces Confessions nous
disent clairement que la foi qui sauve vient de l’écoute de la Parole de Dieu.
Nous avons tous appris que l’unique source et norme de la foi et de la pratique
Chrétienne est la Parole de Dieu. Du coup, la question qui reste, c’est si nous
prendrons à cœur cette parole de Jésus : «
Si vous restez fidèles à mes paroles, vous êtes vraiment mes disciples ; ainsi
vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres. »
Pourquoi est-ce la parole de Jésus qui nous rend libres ?
Pourquoi pas la parole de Confucius ou Bouddha ou Mohammed ? Pourquoi pas celle
de Darwin ou Dawkins ou Gould ? Parce que, à la différence de tous ceux-là,
Jésus n’a pas prononcé sa parole à lui. Durant son ministère il disait, « L'enseignement que je donne ne vient pas
de moi, mais de Dieu qui m'a envoyé. » Jn 7.16. Jésus n’a pas donné son
opinion, le monde selon Jésus, un charpentier de Nazareth. Ses paroles
n’étaient pas le résultat de ses expériences ni de sa recherche scientifique.
Il n’était pas un philosophe juif qui enseignait la mathématique, la physique
et la logique. Au lieu de cela, il enseignait une vérité qui est au vrai fond
de toutes ces disciplines. Il révélait Dieu. Il transmettait et expliquait les
véritables pensées et dessins du Créateur.
En conséquence, comprendre et faire confiance aux paroles
de Jésus, c’est connaître la vérité
qui donne la compréhension de toute la science. Les hommes ont découvert tant
de réalités dans le monde. Mais tout comme celui qui manque la forêt pour les
arbres, nous avons souvent du mal à rejoindre toutes ces réalités pour voir la
vue d’ensemble. Dieu a crée l’ensemble. Lui seul peut nous le faire comprendre.
Lui seul tient la clé de la compréhension de toute la vie parce qu’il sait ce
que nous ne savons pas et ne pouvons pas savoir à moins qu’il ne nous le dise.
Et cette clé est Christ. Car par lui toutes choses ont été faites et sont
soutenues. Lui seule donne l’ordre et la raison à toute la nature et à
l’histoire.
Sans Christ donc, nous n’avons qu’une masse de faits et
de mensonges désordonnés et dépourvus de sens. Sans Christ nous suivrons une
fausse explication de la vie comme l’évolution ou quelque philosophie, ou bien,
nous errerons sans but parce que nous n’avons pas d’explication. Alors
Jésus dit, « Si vous restez fidèles à mes
paroles, vous êtes vraiment mes disciples ; ainsi vous connaîtrez la vérité et
la vérité vous rendra libres. »
A ce point on tirerait peut-être la conclusion que la
liberté dont Jésus parle n’est qu’une question de connaissance, une sorte de
liberté de l’ignorance ou des superstitions. Mais elle est beaucoup plus que
cela. Les juifs ont répondu à Jésus, «
Nous sommes les descendants d'Abraham et nous n'avons jamais été les esclaves
de personne. Comment peux-tu nous dire : ‘Vous deviendrez libres’ ? » Jésus
leur répondit : « Oui, je vous le déclare, c'est la vérité : tout homme qui
pèche est un esclave du péché. Un esclave ne fait pas pour toujours partie de
la famille, mais un fils en fait partie pour toujours. Si le Fils vous libère,
vous serez alors vraiment libres. »
Exactement comme Adam et Eve, nous avons désobéi à la
vérité que nous connaissons. Nous sommes normalement conscients du bien et du
mal car Dieu nous a ainsi crées. Nous avons une connaissance naturelle du bien
et du mal et donc, quand nous faisons du mal, nous le faisons sciemment.
Comme Adam, nous mentons et cherchons à cacher nos
péchés. Comme Caïn nous tuons nos frères par jalousie. Comme David nous faisons
l’adultère. Comme Pierre nous renions notre foi de peur de persécution.
Nous avons péché et nous pécherons encore. Nous ne
pouvons pas cesser. Nous ne pouvons pas être parfaits. Nous sommes
manifestement esclaves du péché. Nous obéissons à ce que nous reconnaissons
pour mauvais. Nous avons besoin d’un sauveur !
Eh bien, le Sauveur est venu dans le monde, et à ceux qui l’ont reçu et ont
cru en lui, il leur a donné le droit de devenir enfants de Dieu. (Jn 1.12)
Le Sauveur nous dit, « Oui, je vous le déclare, c'est la vérité : quiconque
écoute mes paroles, et croit en celui qui m'a envoyé, possède la vie éternelle.
Il ne sera pas condamné, mais il est déjà passé de la mort à la vie. » Jn 5.24.
Le Sauveur dit, « Prenez et mangez ceci, c'est mon corps. » « Buvez-en
tous, car ceci est mon sang, le sang qui garantit l'alliance de Dieu et qui est
versé pour une multitude de gens, pour le pardon des péchés. » Mt 26.27-27.
Le Sauveur dit, « Si
vous restez fidèles à mes paroles, vous êtes vraiment mes disciples ; ainsi
vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres. »
Voilà la vérité qui nous libère de tout mensonge, de
toute erreur, de toute imagination humaine, et surtout de la corruption
profonde de notre for intérieur que Dieu appelle le péché. Voilà la vérité qui nous libère de
l’esclavage et fait de nous les enfants de Dieu. Et pour bénéficier de cette
liberté nous n’avons pas à acheter des indulgences ou à faire aucune autre
chose que les hommes s’imaginent dans leurs rêveries. Tout ce que nous avons à
faire c’est de toujours écouter et mettre en pratique la parole de Jésus.
Un cantique de notre héritage de la Réforme résume bien
l’affaire :
Ce mot, c’est du grand Roi des rois
La Parole immortelle :
Le monde et l’enfer à la fois
Ne peuvent rien contre elle.
Prenez corps et biens,
Femmes, enfants, soutiens :
Efforts superflus !
Ton royaume, ô Jésus !
Reste au chrétien fidèle.
Que la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence,
garde vos cœurs et vos esprits en Jésus-Christ, pour la vie éternelle ! Amen.
Pasteur David Maffett