dimanche 19 février 2012

Sermon du Dimanche 19 Février 2012

Dimanche Quinquagésime

Am 5.21-24

Chants proposés :

Seigneur, tu nous appelles, AeC 212:1-3

Seigneur, rassemble-nous AeC 220:1-3+5-6

Louez Dieu dans son sanctuaire AeC 166:1

21 « Je déteste, je méprise vos fêtes, je ne peux pas sentir vos assemblées.

22 Quand vous me présentez vos holocaustes et des offrandes, je n’y prends aucun plaisir, et les veaux engraissés que vous offrez en sacrifice de communion, je ne les regarde pas.

23 Eloigne de moi le bruit de tes cantiques : je n’écoute pas le son de tes luths.

24 Mais que le droit jaillisse comme un cours d’eau, et la justice comme un torrent qui n’arrête jamais de couler ! »

Chers amis,

peut-être anxieux, après la lecture de ce texte,

de savoir si Dieu agrée notre culte !

Avouez que Dieu ne fait pas dans la dentelle quand il déclare : « Je déteste, je méprise vos fêtes, je ne peux pas sentir vos assemblées. Quand vous me présentez vos holocaustes et des offrandes, je n’y prends aucun plaisir, […] Eloigne de moi le bruit de tes cantiques : je n’écoute pas le son de tes luths. »

Quand pouvons-nous être certains que Dieu agrée notre culte ? Et qu’est-ce qui pourrait faire qu’il s’en détourne ?

La question n’est pas anodine. Car si Dieu se détourne d’un culte, il se détourne aussi de ceux qui rendent ce culte. Le prophète Amos doit annoncer le jugement, un jugement terrible, contre ceux qui rendent ces cultes rejetés par Dieu.

En fait, on pourrait résumer ainsi la pensée de Dieu : « Même si vos cultes sont les plus flamboyants et entraînants possible, même s’ils sont musicalement rehaussés par tout un orchestre, cela ne m’impressionne pas s’il ne s’y trouve pas ce qui doit être central et fondamental dans un culte qu’on me rend. »

Dieu veut nous faire comprendre deux choses par ces paroles :

1. Le rôle secondaire de la forme du culte

2. Le rôle fondamental du contenu du culte

X X X 1 X X X

Le rôle secondaire

de la forme du culte

Je n’ai pas dis que la forme n’a pas d’importance, elle est importante, comme nous le verrons, mais la forme du culte est secondaire par rapport à son contenu.

Voyez-vous, ici Dieu dit : « Eloigne de moi le bruit de tes cantiques : je n’écoute pas le son de tes luths », alors qu’ailleurs il est dit : « Entonnez un chant, faites résonner le tambourin, la harpe mélodieuse et le luth ! Sonnez de la trompette ! » (Ps 81.3-4)

Pourquoi, dans un cas, Dieu refuse-t-il les chants et la musique d’accompagnement, alors que, dans l’autre, il y invite et les encourage ?

Comment se fait-il que la même chose, dans des situations différentes, n’est pas appréciée de la même façon ? Qu’une fois cela est agréable à Dieu, une autre fois rejeté par lui ?

Dieu n’est pas versatile. La raison de ce changement ne peut donc pas lui être imputée.

Quant on pense que sous David, il y avait jusqu’à 4000 choristes et instrumentistes pour accompagner les cultes ! (1 Ch 23.5) Et Dieu approuvait cela ; il acceptait ces cultes qu’on lui rendait ainsi.

Avec Amos, nous nous trouvons environ 200 ans plus tard dans le royaume du Nord, le Royaume d’Israël. Il y avait moins de choristes et d’instrumentistes, mais leur nombre devait quand même être important puisque c’était la religion d’Etat, le culte financé par le régime.

La qualité ou le style de l’encadrement musical n’est pas le problème. L’accompagnement musical de ces cultes était fait par des professionnels.

Pourtant, Dieu dit : « Je déteste, je méprise vos fêtes, je ne peux pas sentir vos assemblées. Quand vous me présentez vos holocaustes et des offrandes, je n’y prends aucun plaisir, […] Eloigne de moi le bruit de tes cantiques : je n’écoute pas le son de tes luths. »

Dieu ne se laisse pas impressionner par le décorum ou la musique. Il regarde à quoi cela correspond. Il accepte aussi bien un culte majestueusement musical qu’un culte où on ne chante pratiquement pas. Sans doute n’est-ce pas là le culte normal, habituel, car nous aimons exprimer nos sentiments – tous nos sentiments, tous nos états d’âme – par des chants.

Rien n’est trop beau pour rendre un culte à Dieu, mais chaque paroisse a ses possibilités, sa façon d’exprimer ce que ses membres ressentent et comment ils veulent l’exprimer.

Tenez, la semaine dernière, quelqu’un m’a dit qu’il lui arrivait de s’arrêter de chanter au culte, parce que la mélodie et le rythme de certains chants ne lui permettaient pas d’intérioriser les paroles, l’empêchaient de faire monter vers Dieu les paroles avec recueillement. La musique peut donc aussi être une barrière.

Tout ceci pour dire que, aussi souhaitable et normal qu’il soit que nous honorions notre Seigneur et Sauveur en rendant à nos cultes la plus belle forme possible, il n’en demeure pas moins que la forme est secondaire, même si la forme est majestueuse comme lors des cultes du temps d’Amos.

La même chose est vraie aussi de nos dons, car rendre culte à Dieu cela signifie aussi lui apporter des offrandes. « Quand vous me présentez vos holocaustes et des offrandes, je n’y prends aucun plaisir. »

Pourtant, Dieu a inspiré à Moïse des chapitres entiers pour lui dire comment on devait lui apporter des offrandes, y compris des « holocaustes ». Les « holocaustes » étaient des offrandes qui étaient entièrement brûlées sur l’autel, à la fois en expiation des péchés qu’en l’honneur de Dieu.

Il faudrait savoir : « Les offrandes » que nous présentons à Dieu dans nos cultes, « les offrandes » sous forme de cotisations paroissiales pour l’avancement du règne de Dieu dans les cœurs, Dieu les attend-t-il ou les « déteste »-t-il ?

Jusque-là nous étions plutôt habitués à des passages bibliques parlant des offrandes de façon positive. Ainsi, Jésus parle de « présenter notre offrande à l’autel » (Mt 5.23). Et Paul, inspiré par le Saint-Esprit, dit qu’avec nos offrandes nous rendons « un culte agréable à Dieu » (Rm 12.1).

Agréable ou détestable ? Là encore, tout dépend. Bien entendu que le Seigneur attend que nous soutenions par nos dons le travail dans sa Vigne autant que nous le pouvons. Aucune somme – pas non plus « les deux petites pièces » de « la pauvre veuve » (Lc 21.1-2) – n’est superflue dans l’Eglise du Seigneur.

D’ailleurs, cet exemple nous montre que l’appréciation d’une offrande de la part de Dieu n’est pas liée au montant brut sans tenir compte du contexte.

Donc, aussi bien ce que Dieu dit de la dimension musicale du culte que ce qu’il dit de notre offrande en argent, montre que la forme ou apparence extérieure du culte, aussi important que cela puisse être, n’est que secondaire. Cela peut même contredire le but et contenu du culte.

Ce qui nous amène à réfléchir au

X X X 2 X X X

rôle primordial

du contenu du culte

Pourquoi, à l’époque d’Amos, Dieu « déteste » et « méprise »-t-il le chant, la musique et les offrandes des cultes du peuple d’Israël ?

Faisons un peu d’histoire. « Amos », contrairement à son contemporain Osée, est un habitant du royaume du sud, du royaume de Juda, avec Jérusalem comme capitale.

« Amos » était éleveur-agriculteur à « Tekoa » (Am 1.1), à quelque dix kilomètres au sud de Bethléhem.

Amos se présente lui-même ainsi : « Je suis berger et je cultive des sycomores [une sorte de figuier]. L’Eternel m’a pris derrière le troupeau, et c’est lui qui m’a dit : "Va prophétiser à mon peuple, Israël," » là-bas, dans le royaume du Nord avec Samarie comme capitale. (Am 7.14-15)

Le royaume du Nord était tombé bien bas. Les riches devenaient de plus en plus riches, les pauvres, exploités de façon éhontée, devenaient de plus en plus pauvres. L’argent, l’enrichissement à outrance, occupait les classes dirigeantes, et le clergé était complice des grands.

Tenez, voici un exemple des accusations d’Amos, une dizaine de versets avant notre texte : « Vos crimes sont nombreux, vos péchés sont multipliés. Vous opprimez le juste, vous recevez des pots-de-vin et vous violez le droit des pauvres. […] Ces temps sont mauvais. » ( Am 5.12-13)

Ou encore : « Ils changent le droit en absinthe et jettent la justice par terre. » (Am 5.7) « Ils violent le droit des malheureux. » « Ils ont vendu le pauvre pour une paire de sandales ». Sans parler des dérèglements sexuels au sein des familles (Am 2.7).

Bref, c’était la décadence morale de la société. Pourtant, au culte, ils faisaient comme s’ils étaient en règle avec Dieu. Au lieu de répondre aux appels à la repentance d’Amos, bientôt secondé par Osée, Esaïe et Michée, ils ont interdit aux prophètes de prophétiser (Am 2.12).

Tous ces méfaits, ils ne pouvaient pas les cacher à Dieu en les couvrant de cultes magnifiques et de riches offrandes. Dieu ne se laisse pas duper. « Les paroles de la bouche », les actes aussi, le comportement, doivent correspondre « aux sentiments du cœur » (Ps 19.15), sinon Dieu ne s’en laisse pas conter. Il ne se laisse pas berner par la splendeur de cultes hypocrites.

« Au contraire, » leur dit Dieu, « que le droit jaillisse comme un cours d’eau, et la justice comme un torrent qui n’arrête jamais de couler ! » (v. 24).

Bien entendu, Amos leur demande de changer de comportement, d’avoir un comportement en accord avec la justice civile, mais il ne se cantonne pas à leur comportement extérieur.

« Le droit et la justice », cela ne vous rappelle rien ? Bien sûr que si ! Le prophète Esaïe, contemporain du prophète Amos, en annonçant la venue du Messie, du « Prince de la paix, » indique que son royaume sera un royaume où régneront « le droit et la justice, dès maintenant et pour toujours » (Es 9.5-6).

C’est « le droit » du Messie Sauveur qui doit « jaillir comme un cours d’eau » dans nos cultes ! C’est « la justice » de Jésus-Christ qui doit « jaillir comme un torrent qui n’arrête jamais de couler » de sa Parole et de ses sacrements !

Bref, nos cultes doivent exprimer notre repentance et notre foi, ils doivent correspondre à notre repentance et à notre foi : notre repentance, parce que nous ne correspondons pas aux exigences de la sainte Loi de Dieu ; notre foi en Jésus-Christ, à qui nous devons d’être ce que nous sommes, des pécheurs graciés et sauvés, des enfants de Dieu et des héritiers de la vie éternelle.

Repentance et foi dans « le droit et la justice » du Messie-Sauveur, voilà ce qui manquait aux cultes des Israélites de l’époque. Voilà aussi pourquoi leurs cultes étaient en horreur à Dieu malgré leur somptuosité ; voilà aussi pourquoi Dieu « méprisait » leurs « offrandes » aussi grandes qu’elles aient été.

En fait, leurs cultes n’étaient que de grandioses mises-en-scène sans contenu spirituel. Voilà pourquoi Dieu leur a dit : « Je déteste, je méprise vos fêtes, je ne peux pas sentir vos assemblées. »

Ils avaient considéré la forme suffisante ; ils avaient oublié le contenu, l’essentiel.

Chers amis, n’oublions jamais ce qui est central. La croix placée devant nos yeux doit nous le rappeler.

Dieu merci ! – pour parler avec l’apôtre Paul – « nous rendons un culte à Dieu par l’Esprit de Dieu ; » « nous plaçons notre fierté en Jésus-Christ et ne mettons pas notre confiance dans notre condition ! » (Ph 3.3)

Que le Seigneur nous maintienne dans cet état d’esprit de repentance et de foi de tous les jours ! Alors il prendra toujours plaisir à nos cultes, y compris à nos chants et à nos offrandes.

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

dimanche 12 février 2012

Sermon du Dimanche 12 Février 2012

Dimanche Sexagésime

Ps 119.89-91+105+114+116+123

Chants

Ô Seigneur, dans mon cœur je t’écoute AeC 150 : 1-5

Ecoutez, les amis, le semeur est sorti AeC 775 : 1-4l

Sur les chemins du monde AeC 605 : 1-2+4-5

Quand vint le jour d’étendre les bras AeC 586 : 1-5

89 « Ta Parole, Eternel, est pour toujours établie dans le ciel.

90 Ta fidélité dure de génération en génération ; tu as fondé la terre, et elle subsiste,

91 C’est d’après tes lois que tout subsiste aujourd’hui, car tout l’univers est à ton service.

105 Ta Parole est une lampe à mes pieds et une lumière sur mon sentier.

114 Mon refuge et mon bouclier, c’est toi ; j’espère en ta promesse.

116 Soutiens-moi conformément à ta promesse, afin que je vive, et ne me déçois pas dans mon espérance.

123 Mes yeux se fatiguent à attendre ton salut et la promesse de ta justice. »

Chers amis

venus pour laisser éclairer votre sentier

par la Parole de Dieu !

Le texte que nous méditerons aujourd’hui est l’Introït – le psaume d’entrée – de notre dimanche, le Dimanche Sexagésime. Il y a fort longtemps, quand on parlait encore le latin, Sexagésime était placé le 60ème jour avant Pâques, toujours un mercredi.

« Sexagésime » est un mot latin qui signifie « soixantième ». En fait, pour plus de commodité, on le fête depuis longtemps le 8ème dimanche avant Pâques, ce qui fait 56 jours avant Pâques.

L’important, c’est le regard tourné vers la fête de la résurrection de notre Sauveur, pas le nombre exact, car chaque dimanche est en quelque sorte une petite fête de Pâques. Chaque dimanche, nous nous plaçons sous la lumière de notre Seigneur triomphant.

Notre texte est tiré du livre le plus long de la Bible – 150 chapitres, 150 psaumes – et, à l’intérieur du psautier, du psaume le plus long, le Psaume 119, qui comporte pas moins de 176 versets. Il est donc évident que notre prédication ne peut porter que sur un choix de versets, sinon rien que la lecture du psaume prendrait un bon quart d’heure.

Le thème de ce psaume le plus long de la Bible, c’est la Parole de Dieu. Le Psaume 119 en traite sous différents aspects, mais toujours dans sa relation avec le croyant : ce que le croyant trouve dans la Parole de Dieu, ce qu’il retire de l’écoute de son Dieu vivant.

Avec le psalmiste nous confessons avec foi :

« TA PAROLE, ETERNEL, »

ta Parole de puissance

comme celle de ta grâce,

« EST POUR TOUJOURS ETABLIE

DANS LE CIEL »

X X X 1 X X X

« ETERNEL,

TA PAROLE » DE PUISSSANCE

EST POUR TOUJOURS ETABLIE

DANS LE CIEL »

Rappelons nous, lors de la création du monde, « Dieu dit [par exemple] : "Qu’il y ait de la lumière ! " – et il y eut de la lumière » ou – autre exemple – : « "Que la terre produise de la verdure !" – et cela se passa ainsi : la terre produisit de la verdure. » (Gn 1.3+11-12)

C’est là l’effet de sa Parole toute-puissante. C’est ainsi que Dieu a créé notre univers : à partir de rien, rien que par l’effet de sa parole toute-puissante.

Quand nous, nous voulons qu’il y ait quelque chose, nous ne pouvons pas le faire à partir de rien. Pour fabriquer les bancs de notre église, il a fallu faire des planches à partir d’arbres qui ont été abattus. Pour les scier, il a fallu des scies, donc l’industrie métallurgique qui a fabriqué des scies à partir de minerai cherché dans le sol.

Pour manger, il ne suffit pas de claquer des doigts pour que les plats se mettent tous prêts sur la table. Il faut faire la cuisine et, auparavant, soit avoir son propre potager et son propre élevage soit acheter les denrées qui nous viennent de l’épicier, du boucher et du boulanger qui eux aussi se sont fait livrer par des éleveurs, des cultivateurs ou des maraîchers.

Pour faire de la lumière, il faut de l’énergie produite par des centrales, des lignes électriques pour l’acheminer et des lampes pour éclairer. Nous ne faisons rien à partir de rien. Nous ne faisons que transformer ce que Dieu, lui, a créé à partir de rien.

Et nous nous tournons toujours vers Dieu – même ceux qui ne le reconnaissent pas comme celui qui a créé le monde et qui le maintient vie. Tout le monde scrute la météo, tout le monde surveille sa santé, la grande majorité des personnes a peur de la mort.

En fin de compte, nous avons peu d’influence sur l’univers qui tourne, sur la vie qui passe. Cela fonctionne selon « la Parole de l’Eternel établie pour toujours dans le ciel ».

Et c’est bien ainsi. Quels cataclysmes ne provoquerions-nous pas si nous avions le pouvoir de diriger l’univers ! Les tensions et luttes que nous trouvons sur terre entre personnes, groupes ou nations, nous les retrouverions au niveau du fonctionnement de l’univers. Bonjour, les dégâts !

Alors, quel soulagement, de pouvoir dire avec le psalmiste : « C’est d’après tes lois que tout subsiste aujourd’hui, car tout l’univers est à ton service. » (v. 91) L’univers obéit à la parole toute-puissante de Dieu. Certes, le monde a été marqué par le péché, et son fonctionnement s’en ressent, mais ce n’est pas parce qu’il échappe au contrôle de Dieu, mais parce que cela se passe comme Dieu l’avait annoncé, au cas où l’humanité se révolterait contre lui.

Mais, comme le diraient les jeunes aujourd’hui, Dieu « masterise tout ». « Tu as fondé la terre, et elle subsiste, » elle est entre tes mains et « ta fidélité dure de génération en génération » (v. 90).

Nous pouvons lui faire confiance. Il la conduira à son terme. Le cours des choses ne lui échappera pas, à lui, le « Maître de l’univers » (Es 1.9). La fin du monde, ce sera lui qui en fixera le moment et qui en dirigera le déroulement par sa Parole toute-puissante.

Pas besoin de s’affoler par les temps qui courent où l’on entend parler d’une fin du monde pour le 21 décembre 2012, fin prétendument prédite par un calendrier maya.

Pas non plus besoin de s’affoler pour notre propre vie … ou notre propre mort. Nous savons que nous sommes « étrangers et voyageurs sur la terre » (Hé 11.13) et que ce voyage prendra fin un jour pour déboucher sur l’arrivée dans la félicité éternelle car, grâce à Jésus, « notre citoyenneté est dans les cieux » ! (Ph 3.20)

Mais nous savons aussi que dans tout cela – aussi bien dans la conduite de l’univers que dans celle de nos vies – Dieu reste au gouvernail, un Dieu de puissance, mais aussi un Dieu de grâce, car c’est aussi en tant que tel qu’il se présente dans sa Parole, et plus particulièrement dans notre texte.

X X X 2 X X X

« ETERNEL,

TA PAROLE » DE GRÂCE

EST POUR TOUJOURS ETABLIE

DANS LE CIEL »

Que ça fait du bien, ce « pour toujours » ! C’est là une promesse qui vaut son pesant d’or. Jusqu’à la fin des temps Dieu fait annoncer sa parole de grâce. Nos péchés et l’hostilité ouverte de notre monde à Dieu ne l’amèneront jamais à dire : « Maintenant, c’est fini ! J’en ai marre de leur pardonner les péchés. Je ne les gracierai plus. »

Nous n’avons pas besoin de craindre une telle réaction de la part de Dieu. Sa « Parole est établie pour toujours dans le ciel », aussi sa parole de grâce et de pardon.

Le psalmiste rappelle cette « promesse » à Dieu, et il y trouve un grand réconfort : « Mon refuge et mon bouclier, c’est toi ; j’espère en ta promesse. » (v. 114)

Cette « promesse » de gracier et de pardonner s’applique à toute personne qui reconnaît et confesse ses péchés, même à ceux qui, après s’être détournés de Dieu, reviennent à lui tout penauds.

Tenez ! Dimanche dernier, nous avons commencé l’étude biblique du livre du prophète Osée. Il y a de quoi rester baba en lisant les trois premiers chapitres (ils sont très courts).

Le peuple d’Israël était devenu infidèle à Dieu et avait couru après les idoles. Dieu, pour lui faire comprendre qu’il lui reste fidèle s’il revient à lui, a demandé à Osée d’épouser … une prostituée, puis, lorsqu’elle s’est de nouveau vendue à d’autres, de la racheter, de la reprendre et de continuer à l’aimer. Cela devait mettre en scène l’amour fidèle de Dieu à son peuple par-delà ses infidélités, s’il revenait à lui avec repentance et foi.

L’énormité du sacrifice que Dieu demande à Osée donne une idée de la profondeur et de la solidité de l’amour de Dieu pour nous, pécheurs.

A un Dieu qui nous aime à ce point nous pouvons dire avec le psalmiste : « Mon refuge et mon bouclier, c’est toi ; j’espère en ta promesse. »

Sa grande promesse, sa promesse fondamentale, c’est qu’il nous « a tant aimé qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. » (Jn 3.16)

Mais de cette « promesse » découlent bien d’autres promesses. Si, grâce à Jésus, Dieu nous a pardonnés, il n’est plus contre nous mais avec et pour nous, il est notre Allié. Et quel Allié : le « Créateur » et « Maître de l’univers » ! Un Dieu qui ne renie pas ses promesses de pardon au croyant.

Cela nous rassure déjà de savoir que notre sort ne dépend pas des hommes mais de la toute-puissance de Dieu, mais cela nous soulage encore davantage de savoir qu’il est aussi fidèle en amour, en compassion et en assistance.

Dans la difficulté, dans l’épreuve, dans le malheur, nous pouvons lui dire avec confiance : « Mon refuge et mon bouclier, c’est toi ; j’espère en ta promesse. Soutiens-moi conformément à ta promesse, afin que je vive, et ne me déçois pas dans mon espérance. »

Et quand nous voyons se rapprocher la fin de notre pèlerinage ici-bas – ou tout simplement en y songeant, même si la mort semble lointaine – nous pouvons dire avec assurance : « Mes yeux se fatiguent à attendre ton salut et la promesse de ta justice. » (v. 123)

Pas la promesse de notre justice, mais de la sienne, cette « justice » renversante déjà annoncée par des prophètes comme Esaïe (Es 9.5-6), la justice du Messie-Sauveur, une justice qui nous permet de subsister devant Dieu, une justice que le Christ nous a procurée.

Cette justice du Christ qui nous apporte le pardon contient aussi la promesse de la félicité éternelle. C’est là « l’espérance » ferme du psalmiste. C’est là aussi notre certitude fondée sur l’œuvre de Jésus-Christ.

Voilà ce que Dieu, fidèle avec puissance et avec grâce, nous promet en Jésus-Christ. Voilà la lumière que la Parole de Dieu jette sur nos existences.

Voilà aussi pourquoi nous confessons avec le psalmiste : « Ta Parole est une lampe à mes pieds et une lumière sur mon sentier. » (v. 105)

« Ta Parole, Eternel, » ta Parole de puissance comme ta Parole de grâce, « est pour toujours établie dans le ciel, » mais elle brille jusque sur terre et illumine nos vies. Ne nous la retire jamais ! Loué sois-tu !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig, pasteur

dimanche 5 février 2012

Sermon du Dimanche 5 Février 2012

Dimanche SEPTUAGESIME

1 Co 9.22-23

Chants proposés :

Gloire à ton nom, ô Dieu de paix LlS 9:1-3

Par grâce, ô Dieu, par ta clémence, LlS 223:1-5

Eternel, Roi des cieux, Eternel, notre Père LlS 188: 1-3

22 « J’ai été faible avec les faibles afin de gagner les faibles.

Je me suis fait tout à tous afin d’en sauver de toute manière quelques-uns,

23 Et je fais cela à cause de l’Evangile, afin d’avoir part à ses bénédictions. »

Chers frères et sœurs

qui « avez part aux bénédictions de l’Evangile » !

Nous sortons tout juste du Temps de l’Epiphanie. Nous venons de célébrer la Fête de la Transfiguration. Nous aimerions bien, comme Pierre, nous trouver et demeurer loin du pullulement des foules, du stress de la vie quotidienne, seul avec notre Seigneur dans une espèce de septième ciel.

Mais non, ce n’est pas là ce que notre Seigneur attend de nous. Il a fait redescendre Pierre, Jacques et Jean de la montagne de la Transfiguration ; il les a ramenés au milieu du monde : c’est là qu’est la place des siens, c’est là qu’il veut qu’ils vivent au contact des autres (Mt 17.1-9).

Sans doute nous conseille-t-il de nous retirer dans un endroit tranquille, « notre chambre » par exemple, pour nous entretenir avec lui dans la prière (Mt 6.6) …

Mais ensuite il veut que nous en ressortions, de notre chambre, pour être « sel de la terre » et « lumière du monde » (Mt 5.13-14).

Sans doute attend-t-il de nous que nous nous retrouvions en paroisse autour de sa Parole et de ses sacrements, que nous venions l’y louer et adorer dans la communion des frères et sœurs dans la foi (Hé 10.25) …

Mais ensuite il veut que nous nous dispersions de nouveau dans le monde pour y « annoncer les vertus de celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1 P 2.9).

Que notre Seigneur nous ait obtenu le pardon et le salut par pure grâce, sans que nous l’ayons mérité, sans que nous y soyons pour quelque chose, rien que parce qu’il a tout arrangé lui-même au prix de sa vie, cela nous remplit de joie, de foi et d’espérance, cela fait déborder notre cœur de gratitude, cela ne peut rester secret, il faut que nous le fassions savoir autour de nous.

N’empêche que la façon dont Paul en parle ici, ça nous surprend peut-être. « Je fais cela » – essayer « d’en sauver quelques-uns » « à cause de l’Evangile, afin d’avoir part à ses bénédictions. » (v. 23).

Ah ! bon ? Je fais cela pour être béni ? Je témoigne de ma foi pour être récompensé ? Je fais de l’évangélisation pour être sauvé ?

Cela ne signifie-t-il pas que mon salut dépend de mes mérites ? Paul ne se contredit-il pas avec ce qu’il ne cesse de répéter ailleurs ? Son leitmotiv, le message qui revient partout dans ses épîtres – comme dans le reste de l’Ecriture – n’est-il pas : « En effet, c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est pas par les œuvres, afin que personne ne puisse se vanter » ? (Ep 2.8-9)

Comment comprendre alors ce qu’il dit ici :

X X X 1 X X X

«Je fais cela »

– essayer « d’en sauver quelques-uns »

« à cause de l’Evangile,

afin d’avoir part à ses bénédictions » ?

Ce qu’est « l’Evangile », nous le savons, c’est la Bonne Nouvelle que « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. » (Jn 3.16)

« L’Evangile », c’est la Bonne Nouvelle de ce que Jésus a entrepris, au prix de sa vie, pour nous arracher à notre sort de pécheurs coupables et rejetés par Dieu, pour nous réconcilier avec Dieu et nous obtenir son pardon, la vie et le salut.

En rappelant ainsi ce qu’est « l’Evangile », nous avons aussi évoqué « ses bénédictions », ses bienfaits. Il n’y a que du bon dans « l’Evangile », c’est de la Bonne Nouvelle par excellence. Nous y apprenons que, sans que nous l’ayons mérité, rien qu’à cause de l’intervention massive de Jésus, Dieu a changé sa colère en bonté, sa malédiction en bénédiction, son hostilité en amour paternel.

Nous étions rejetés à cause de notre état pécheur, nous voilà, grâce à Jésus, adoptés par Dieu comme ses enfants. Nous devrions craindre sa colère, et voilà que nous pouvons nous appuyer sur son affection et sa fidélité. Au lieu de nous fermer le ciel, celui-ci nous est maintenant grandement ouvert, même une place nous y est déjà réservée !

Nous portons des noms tels que « enfants de Dieu » (Rm 8.14), « enfants de la promesse » (Ga 4.28), « enfants de lumière » (Jn 12.36), « les bénis du Père » (Mt 25.34), « cohéritiers de Christ » et « héritiers de Dieu » (Rm 8.17), même « prêtres royaux » (1 P 2.9) ! Et ce ne sont là que quelques-uns de nos titres glorieux.

Par Jésus-Christ nous avons été bénis, comblés au plus haut point. De « morts » spirituels (Ep 2.1+5) il a fait de nous des « pierres vivantes » à l’édifice de son Royaume (1 P 2.5).

Et cette « vie spirituelle à laquelle nous sommes nés » (Ga 6.1), nous la cacherions ? Nous ferions les morts … que nous ne sommes plus … et que nous ne voulons plus redevenir ? Ce serait un peu – pour parler comme Jésus lui-même – ce serait comme cacher le talent que Dieu nous a confié pour le faire fructifier (Mt 25.14-30).

Dieu ne nous a pas seulement bénis pour nous-mêmes, il nous a aussi bénis pour que nous soyons en bénédiction pour les autres. Oublier cela, c’est un peu oublier que « Dieu veut que tous les hommes » – pas seulement toi et moi – « que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tm 2.4).

« Les bénédictions de l’Evangile » nous ont été accordées par pure grâce, sans que nous y soyons pour quelque chose. Par contre, elles peuvent se perdre par notre propre faute.

Par exemple, le pardon de nos péchés nous a été obtenu par Jésus par pure grâce, mais nous pouvons le perdre « si nous ne pardonnons pas non plus aux autres leurs offenses » (Mc 11.26).

« Le talent » de la parabole – le trésor des bénédictions divines – nous a été remis par pure grâce, mais il peut nous être repris si nous le gardons égoïstement pour nous tous seuls.

C’est ce que Paul veut dire quand il écrit ici : « Je fais cela » – essayer « d’en sauver quelques-uns » « à cause de l’Evangile, afin d’avoir part à ses bénédictions. » (v. 23). Paul ne veut pas se mériter le salut par l’exercice de son apostolat, mais il ne voudrait pas perdre son salut par désobéissance ou paresse.

Nous n’avons pas été appelés à l’apostolat comme Paul, Pierre, Jean et d’autres. Dieu n’attend pas de nous la même chose que d’eux. Mais il nous a « appelés des ténèbres à son admirable lumière » pour que nous en « témoignions », pour que cela se voie et se sache.

Comment cela ? Paul nous dit comment il s’y prend. Et chacun de nous, là où Dieu l’a placé dans la vie, peut l’imiter. Que fait-il ?

X X X 2 X X X

« Je me suis fait tout à tous

afin d’en sauver de toute manière

quelques-uns. »

« Quelques-uns » … N’« en sauver » que « quelques-uns » ! Cela le rend déjà heureux. Paul sait que la tâche est dure. Nous le comprenons très bien. On a l’impression qu’il parle de notre pays, de notre situation en ce début de 3ème millénaire. « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil » dirait le roi Salomon (Ec 1.9).

Cela signifie aussi que, nous, les « sauvés », nous ne sommes que « quelques-uns » dans la masse. Qu’étaient les quelques chrétiens après l’Ascension du Seigneur dans le vaste empire romain, pour ne parler que de l’empire et même pas de tout le reste du monde ? – « Quelques-uns ! »

« Quelques-uns ! » Mais pas « quelques » résignés, pas « quelques » hésitants, pas « quelques » recroquevillés sur eux-mêmes, mais « quelques » enthousiastes remplis du feu de la Pentecôte, du feu de l’Esprit Saint.

Non, ils n’étaient pas nombreux, mais ils savaient qu’ils étaient appelés à se multiplier. Ils se savaient privilégiés – privilégiés par la grâce de Dieu, privilégiés par rapport à ceux qui demeuraient encore perdus, car sans Christ – et ils savaient que ce privilège divin et éternel, le Seigneur leur demandait de le partager, du moins d’essayer de le partager.

Et c’est encore ce à quoi nous sommes appelés aujourd’hui : faire le nécessaire « pour en sauver de toute manière quelques-uns ».

Au Moyen-âge, à une époque où bien peu de gens savaient lire, l’image, les vitraux et la sculpture ont dû remplacer la parole. « En sauver de toute manière quelques-uns » était représenté par les croyants sur le bateau de l’Eglise, en train de se pencher par-dessus bord pour hisser dans le bateau les personnes perdues qui se débattaient dans l’eau.

Le détail qui nous intéresse ici, c’est qu’il faut se pencher par-dessus bord pour essayer d’« en sauver quelques-uns ». C’est une image. Question : Comment se penche-t-on vers ceux qui sont en train de se noyer, en train d’être perdus pour l’éternité ?

Paul nous donne un tuyau. Il nous dit comment lui s’y prend : « J’ai été faible avec les faibles afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous. »

Juste avant notre texte, il donne encore d’autres exemples de son adaptation à ceux qu’il veut sauver : « Avec les Juifs, j’ai été comme un Juif […] ; avec ceux qui sont sous la loi de Moïse, comme si j’étais sous la loi […] ; avec ceux qui sont sans la loi, comme si j’étais sans la loi […]. »

Chaque fois il répète pourquoi il le fait : « afin de sauver le plus grand nombre » de la séparation d’avec Dieu et de la damnation éternelle et de les « gagner » pour une vie dans la foi suivie de la vie éternelle (1 Co 9. 19-22). Il le répète 6 fois en 5 versets.

« Parce que j’ai clairement et constamment ce but en vue, » indique-t-il, « je me suis fait tout à tous ». Cela ne veut pas dire que Paul est devenu une girouette, changeant de position selon ses auditeurs. Il ne parle pas du fond, du message. Là il pouvait être dur pour ceux qui s’écartaient de l’Evangile de Jésus-Christ.

Non, il parle de méthode, d’attitudes. Il s’est adapté à ses différents auditoires, il a présenté l’Evangile de façon à ce qu’ici un Juif le comprenne, mais que là un païen puisse aussi suivre sa présentation de la vérité salutaire.

Il s’est aussi adapté à leurs cultures respectives, se comportant différemment à Jérusalem qu’en Grèce, par exemple. Si on choque les gens d’emblée, comment voulez-vous qu’ils prennent votre main si vous la leur tendez ?

Nous devons avoir le cœur assez gros, l’esprit assez large pour laisser nos principes culturels derrière nous quand ils érigent des barrières inutiles entre nous et les incroyants.

Il faut s’opposer à ce que Dieu défend, mais on peut le faire en faisant sentir à ceux qui sont dans l’erreur qu’on les aime, qu’on veut leur bien et qu’on fait tout pour trouver un terrain de rencontre.

Un exemple tout bête : Si vous invitez un musulman et que vous avez un chien dans la maison, vous le choquez. Bien sûr que vous avez le droit d’avoir un chien, mais il faut savoir ce qu’on veut.

Ou si vous invitez un Juif et que vous servez du porc, vous faites le contraire de ce que Paul a fait.

Bref, si nous voulons « en sauver quelques-uns », apprenons à connaître le mode de vie et l’état d’esprit de ceux que nous voulons « gagner » à Jésus-Christ pour construire des passerelles en leur direction.

Que notre Seigneur nous pardonne nos inflexibilités là où elles ne sont pas requises et nous remplisse de beaucoup d’amour et d’une grande faculté d’adaptation à ceux qui ont besoin de nous pour ne pas se perdre éternellement !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig