lundi 25 avril 2011

Sermon du dimanche 24 avril 2011 - Pâques

PÂQUES Texte : Mt 28.1-10

1 « Après le sabbat, à l’aube du dimanche, Marie de Magdala et l’autre Marie allèrent voir le tombeau.

2 Soudain il y eut un grand tremblement de terre, car un ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre de devant l’ouverture et s’assit dessus.

3 Il avait l’aspect de l’éclair et son vêtement était blanc comme la neige.

4 Les gardes tremblèrent de peur et devinrent comme morts,

5 mais l’ange prit la parole et dit aux femmes : "Quant à vous, n’ayez pas peur, car je sais que vous cherchez Jésus, celui qui a été crucifié.

6 Il n’est pas ici ! Il est ressuscité, comme il l’avait dit ! Venez voir l’endroit où le Seigneur était couché

7 et allez vite dire à ses disciples qu’il est ressuscité. Il vous précède en Galilée. C’est là que vous le verrez. Voilà, je vous l’ai dit."

8 Elles s’éloignèrent rapidement du tombeau, avec crainte et une grande joie, et elles coururent porter la nouvelle aux disciples.

9 Et voici que Jésus vint à leur rencontre et dit : "Je vous salue." Elles s’approchèrent, s’agripèrent à ses pieds et se prosternèrent devant lui.

10 Alors Jésus leur dit : "N’ayez pas peur ! Allez dire à mes frères de se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront." »

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ,

Pâques ! Quelle histoire merveilleuse : celle de la résurrection de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ ! C’est une fête exclusivement chrétienne. Les autres religions, imaginées par des hommes, entretiennent les tombes de leurs fondateurs. La tombe de notre Seigneur et Sauveur est vide. Il n’y a rien à entretenir. Pas de pèlerinage à organiser autour des restes d’un mort. « Il n’est pas ici ! Il est ressuscité ! » (v. 6)

Exclusivement chrétienne est aussi notre certitude qui en découle : celui qui croit au divin Ressuscité reçoit en partage ses immenses bénédictions : le pardon des péchés de la part de Dieu ; la communion avec Dieu dès cette vie, même au-delà de la mort, pour l’éternité !

Voilà la signification profonde de la réalité phénoménale de Pâques. Une signification qui nous soulève de joie, qui devrait réjouir le monde entier :

JESUS VIT ! REJOUISSEZ-VOUS !

C’est là le message

1 que l’ange a proclamé,

2 que les femmes ont transmis, et

3 qui nous remplit de foi et de joie !

X X X 1 X X X

Jésus vit ! Réjouissez-vous !

C’est là

LE MESSAGE QUE L’ANGE A PROCLAME

à l’entrée de la tombe vide.

Une fois de plus, Dieu envoie en mission un de ses envoyés spéciaux, un de ses messagers spéciaux. Le mot « ange » (v. 2) signifie « messager ». Ce messager céleste doit, comme souvent, une fois de plus intervenir pour expliquer ce qui se passe avec Jésus.

Si le mot « ange », « messager », a quelque part un sens, c’est bien là où Dieu les envoie délivrer un message expliquant le surnaturel de ce qui se passe.

C’est un ange – Gabriel – qui a annoncé à Marie qu’elle sera celle qui avait été annoncée par le prophète Esaïe et qui devait donner naissance au Sauveur.

Ce sont des anges qui ont annoncé la naissance de Jésus dans la nuit de Bethléhem.

Des anges sont venus soutenir Jésus après la terrible tentation par Satan dans le désert, aussi dans sa lutte bien plus terrible encore dans le Jardin de Gethsémané, juste avant d’être arrêté.

Plus tard, ils apparaîtront aux disciples lors de l’ascension de Jésus. Et nous savons qu’ils entoureront notre Seigneur à son retour pour la fin du monde.

Eh bien, ils sont présents aussi à sa résurrection.

Le premier rôle que cet « ange » joue en ce matin de Pâques, c’est de « rouler la pierre de devant l’ouverture » (v. 2). Ce n’est pas Jésus qui avait besoin de ce service. Jésus n’y était plus, dans la tombe, à ce moment-là. Au courant de cette même journée, le Ressuscité apparaîtra et disparaîtra dans des lieux clos, montrant ainsi que des portes closes ou une pierre ne peuvent l’empêcher de se déplacer.

Si la tombe était restée fermée, les gardes ne se seraient pas rendu compte qu’elle était vide. « Rouler la pierre de devant l’ouverture » était une façon visible et sans paroles d’annoncer que « Jésus, celui qui a été crucifié, il n’est pas ici ! Il est ressuscité ! » (v. 5-6)

Mais « l’ange » avait encore une autre mission. Une chose inouïe, extraordinaire venait de se passer : un mort était « ressuscité » ! un mortel avait maté la mort ! Il fallait « un messager » extraordinaire, « un messager » divin, pour annoncer ce qui s’est vraiment passé.

Il est vrai, l’intervention de l’ange fut accompagnée par « un grand tremblement de terre » (v. 2) pour souligner le caractère extraordinaire de l’événement. Mais un tremblement de terre a rarement, à lui seul, fait songer à une intervention de Dieu. Ou les médias en auraient-ils parlé, mais que ça m’aurait échappé, à l’occasion du terrible cataclysme au Japon ?

Non, « l’ange » doit lever tout doute : « Jésus, celui qui a été crucifié, il n’est pas ici ! Il est ressuscité ! ».

Et à qui l’annonce-t-il ? Pas aux soldats incroyants, pas aux gens importants – le sanhédrin et le gouverneur romain –, non, « aux femmes » (v. 5), à ces fidèles et courageuses disciples du Christ. Elles avaient déjà osé être présentes à Golgotha, contrairement aux futurs apôtres qui avaient fui (à l’exception de Jean). Elles avaient été présentes à sa mise au tombeau. Elles savaient donc exactement où se trouvait la sépulture de Jésus.

Le message de Pâques s’adresse aux croyants. C’est à eux seuls qu’il apporte quelque chose. Ceux qui nient la résurrection de Jésus n’en retirent aucun réconfort, ils n’en partagent pas les bienfaits. Aussi l’Eglise, la communion des croyants, s’efforce-t-elle de répandre la nouvelle de Pâques « dans le monde entier », comme notre Seigneur nous en a chargés (Mc 16.15). « Le monde entier » devrait pouvoir se réjouir de la résurrection de son Sauveur !

« L’ange » document sa nouvelle. D’abord, il montre le tombeau vide : « Venez voir l’endroit où le Seigneur était couché ! » (v. 6) Il rappelle ensuite aux femmes la promesse que Jésus avait faite de ressusciter : « Il est ressuscité, comme il l’avait dit ! » (v. 6) Et il promet qu’ils rencontreront Jésus en Galilée : « Il vous précède en Galilée. C’est là que vous le verrez. » (v.7).

« L’ange » annonce la résurrection de Jésus avant que celui-ci n’apparaisse à qui que ce soit. Notre foi doit se fonder sur la Parole de Dieu, pas sur des visions. Croyons à cette parole de l’ange, reprise par les apôtres dans leur prédication ultérieure :

La résurrection de Jésus est la garantie absolue que Dieu accepte le rachat de l’humanité par son Fils. En ressuscitant, Jésus a démontré qu’il a accompli sa mission à la satisfaction du Père : notre péché est expié, Satan est vaincu, la mort ne peut plous nous nuire !

Aussi, réjouissons-nous de la nouvelle de « l’ange » : « Christ est ressuscité ! »

X X X 2 X X X

Jésus vit ! Réjouissez-vous !

C’est là

LE MESSAGE

QUE LES FEMMES ONT TRANSMIS

En effet, « Jésus vint à [la] rencontre [des femmes] et dit : "Je vous salue." »

« Elles s’approchèrent, s’agripèrent à ses pieds et se prosternèrent devant lui. Alors Jésus leur dit : "N’ayez pas peur ! Allez dire à mes frères de se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront." »

Jésus charge les femmes d’annoncer sa résurrection aux disciples. Eux aussi devaient croire qu’il était ressuscité avant de le voir. A eux aussi s’appliquait cette vérité formulée ainsi, plus tard, par l’apôtre Paul : « Nous marchons par la foi et non par la vue » (2 Co 5.7).

Les disciples avaient bigrement besoin d’apprendre que Jésus était « ressuscité ». Ils l’avaient abandonné. Ils avaient été déçus, affolés même par ce qui lui était arrivé. Leurs sentiments n’étaient pas en phase avec la lumineuse réalité de Pâques. Aucune trace de joie.

Ils avaient oublié de lui faire confiance lorsqu’il leur avait promis de ressusciter le troisième jour. Quand on manque de foi en Jésus, on ne peut pas connaître la joie de la résurrection.

Oui, ils avaient grand besoin d’entendre que Jésus était ressuscité et que, malgré leur conduite, il ne les avait pas rejetés, qu’il leur avait pardonné, qu’il les aimait toujours.

Jésus savait qu’il fallait qu’ils entendent cela, qu’il les assure de tout cela, pour que la mauvaise conscience ne les écrase pas, pour qu’ils puissent de nouveau se réjouir.

Ils avaient si souvent entendu Jésus parler de l’histoire du péché et de la grâce. Nous d’ailleurs aussi. Et il nous arrive, comme aux disciples, que ce message rebondisse sur nous sans nous toucher, sans nous illuminer.

Ils avaient besoin d’être affermis dans leur foi en Jésus.

Remarquons que la mission dont Jésus charge ces femmes n’était pas de porter la nouvelle de la résurrection de Jésus aux chefs juifs. Ceux-ci avaient, d’ailleurs, déjà été mis au courant par les soldats hébétés, mais s’étaient fermés à cette nouvelle.

Non, Jésus pense d’abord aux siens. Avant de les envoyer annoncer au « monde entier » sa mort et sa résurrection, ils doivent être affermis dans leur foi, consolés dans leurs déroutes, armés pour affronter la vie et, un jour, la mort.

Ce rôle, Jésus envoie « les femmes » le remplir auprès de ses disciples. Elles devaient leur apporter la joie de la résurrection.

X X X 3 X X X

Jésus vit ! Réjouissez-vous !

C’est là

LE MESSAGE

QUI NOUS REMPLIT DE FOI ET DE JOIE !

Ce message est sûr. Je vous invite d’ailleurs à lire la brochure de « L’Heure Luthérienne » « Faire confiance à Jésus qui a triomphé de la mort ». On y réfute les différentes théories qui essayent de mettre en doute la résurrection de Jésus.

Oui, la résurrection de notre Sauveur est sûre. L’ange l’a proclamé. La tombe vide derrière la pierre déplacée le prouve. Le tremblement de terre en souligne le caractère extraordinaire. L’apparition du Ressuscité aux femmes est là pour enlever tout doute.

Il y aura d’ailleurs toute une série de confirmations de ce message de l’ange, avec les apparitions de Jésus durant 40 jours à des centaines de personnes, ce qui enlève tout doute sur sa résurrection.

Et depuis, le Saint-Esprit nous le confirme chaque jour dans sa Parole et ses sacrements.

C’est qu’il veut que nous soyons certains de la résurrection du Christ. Car beaucoup de choses en dépendent. Tout d’abord, le pardon et la paix avec Dieu. Cela, « l’ange » le fait déjà comprendre avec les mots avec lesquels il salue les femmes : « N’ayez pas peur ! » (v. 5)

La « peur » est un mal sournois qui rôde dans le monde et essaye de nous mettre le grappin dessus : la peur du chômage, la peur de catastrophes naturelles ou industrielles, la peur du terrorisme, la peur pour nos enfants, la peur de la maladie, la peur pour l’Eglise, la peur de notre avenir, la peur de la mort.

Quand nous oublions d’intégrer le Ressuscité dans nos réflexions, oui, alors il y a parfois de quoi avoir peur. Quand nous oublions ses paroles du matin de Pâques – « N’ayez pas peur ! » – nous avons du mal à empêcher la peur de nous envahir.

Mais « il est ressuscité » ! L’apôtre Jean demande : « Qui est victorieux du monde ? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? » (1 Jn 5.5) Pourquoi ? Et là c’est Paul qui nous le dit : « Vous êtes aussi ressuscités en lui et avec lui, par la foi en la puissance du Dieu qui l’a ressuscité. » (Col 2.12)

Comment cela ne devrait-il pas nous armer pour la vie que de savoir que le divin Ressuscité nous a liés à lui et à sa victoire ? Sans doute connaissons-nous encore des défis à relever, des problèmes à résoudre, des épreuves à traverser, des souffrances à supporter, mais « Jésus, celui qui a été crucifié » pour nous défaire du poids de nos péchés, « il est ressuscité » pour que « tout » pour que « coopère à notre bien » ! (Rm 8.28)

Et la chose merveilleuse, c’est qu’unis à lui par la foi, même la mort n’a plus d’emprise sur nous : elle ne peut nous séparer de Dieu. A notre mort, notre âme passe directement « avec Jésus dans le paradis » (Lc 23.43), et notre corps la rejoindra lors de la résurrection au dernier jour !

X X X 4 X X X

Jésus vit ! Réjouissez-vous !

Voilà le message pascal que notre Sauveur nous fait porter aujourd’hui.

Plaçons fermement notre foi en sa résurrection triomphale, triomphe auquel il nous associe pour que nous soyons toujours avec lui, avec la joie de Pâques dans nos cœurs !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig


Chants proposés :

Entonnons en ce jour un cantique nouveau LlS 103:1-3

(après AT) LlS 103:4

(après Ep.) LlS 103:5

(après Ev.) LlS 103:6

L’heureuse paix dont, en mourant, LlS 108:1-3

Jésus triomphe de la mort LlS 107: 1-3

Christ est ressuscité ! c’est le cri de victoire LlS 102:1-5

Ou :

Le Sauv

eur est ressuscité, Alléluia, Alléluia ! AeC 480:1-11

Christ est ressuscité, De la mort a triomphé AeC 477

A toi la gloire, Ô Ressuscité !, AeC 471:1-3

Le Sauveur est ressuscité AeC 473: 1-4

Quand vint le jour d’étendre les bras AeC 586:1-5*

Sermon du vendredi saint 22 avril 2011

Vendredi Saint Texte: Lc 23.39-46

Chants proposés :

Ouverture :

Ô monde, viens, contemple LlS 91 : 1-7

après l’A.T. :

Prosterné, je te révère, Sauveur LlS 81 : 1

après l’Epître :

Sauveur qui perdis la vie LlS 81 : 2

après l’Evangile :

Du haut de ce bois infâme LlS 81 : 3

après le Credo :

Chef couvert de blessures LlS 88 : 1-5

après la prédication :

Ô Christ, j’ai vu ton agonie, LlS 89 : 1-4

39 « L’un des malfaiteurs crucifiés avec Jésus l’insultait en disant : "Si tu es le Messie, sauve-toi toi-même, et nous avec toi !"

40 Mais l’autre le reprenait et disait : "N’as-tu aucune crainte de Dieu, toi qui subis la même condamnation ?

41 Pour nous, ce n’est que justice, puisque nous recevons ce qu’ont mérité nos actes, mais celui-ci n’a rien fait de mal."

42 Et il dit à Jésus : "Seigneur, souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton Royaume."

43 Jésus lui répondit : "Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis."

44 C’était déjà presque midi, et il y eut des ténèbres sur toute la terre jusqu’à trois heures de l’après-midi.

45 Le soleil s’obscurcit et le voile du Temple se déchira par le milieu.

46 Jésus s’écria d’une voix forte : "Père, je remets mon esprit entre tes mains." Après avoir dit ces paroles, il expira. »


Chers rescapés, grâce au sacrifice de Jésus en croix !

Je me rappelle, dans mon enfance, quand quelqu’un mourait, cela se passait à la maison. Le mourant était couché dans le lit de l’alcôve contigu à la grande pièce de la ferme, la parenté et les amis les plus proches étaient assis en demi-cercle dans la pièce et assistaient le partant avec, de temps en temps, des promesses de l’Evangile et des prières. Bref, on ne laissait pas mourir quelqu’un dans la solitude et l’abandon.

On ne peut pas dire que notre Seigneur a eu cette chance. Oh ! du monde, il y en avait autour de sa croix ! Mais ces gens n’étaient pas là pour l’assister dans son agonie, tout au contraire : ils se moquaient de lui, ils lui faisaient sentir leur mépris, ils étaient tout contents d’avoir eu sa peau – du moins croyaient-ils l’avoir eue.

Où étaient ses proches ? Ils avaient fui. Ils avaient peur. Ils se planquaient (Jn 20.19). Il est vrai : pas tous. Le quatrième Evangile nous apprend : « Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère, la sœur de sa mère, Marie la femme de Clopas et Marie de Magdala, » ainsi que Jean, « le disciple qu’il aimait » particulièrement (Jn 19.25-26).

Nous nous sommes réunis ce soir autour de sa croix, parce qu’il est inimaginable que, sans empêchement majeur, nous ne cherchions pas à être avec notre Seigneur bien-aimé en ce Vendredi Saint. Non, en ce jour, nous ne voulons pas nous tenir à l’écart de sa croix, mais prendre position à ses pieds. Nous voulons être

AUPRES DE JESUS, NOTRE SEIGNEUR,

A GOLGOTHA.

Et là, nous découvrons

1 la terrible puissance du péché,

mais, heureusement, plus encore

2 la puissance infiniment supérieure de notre Sauveur.


Auprès de Jésus, notre Seigneur,

à Golgotha

nous découvrons

X X X 1 X X X

LA TERRIBLE PUISSANCE DU PECHE

C’est vraiment là, au pied de sa croix, en voyant le Seigneur de l’univers se laisser crucifier comme le pire des criminels, que nous nous rendons compte qu’à Golgotha quelque chose d’énorme s’est joué, quelque chose de démesuré, de colossal, d’immense, quelque chose qui nous dépasse, tout en nous concernant directement.

Car c’est notre péché qui a provoqué cette tragédie démesurée, ce cataclysme divin. Quand on est tenté de minimiser le caractère terrible de son péché, il suffit de considérer le Maître de l’univers agoniser en croix. Si le péché était une bagatelle, le Fils de Dieu n’aurait pas eu à se sacrifier lui-même pour l’expier.

Minimiser son péché, ou en rejeter la faute sur un autre, en vouloir au monde entier pour ce qui m’arrive, c’est dans nos gênes, c’est inné, c’est une réaction naturelle de notre vieil homme. Cela m’évite de m’examiner moi-même, de faire mon examen de conscience.

Voyez « l’un des deux malfaiteurs crucifiés avec Jésus » ! Il lui lança : « Si tu es le Messie, sauve-toi toi-même, et nous avec toi ! » (v. 39)

Notre nature, si nous n’y faisons attention, essaie de nous monter contre Dieu, de nous opposer à lui, de lui faire des reproches, de l’accuser pour ce qui nous arrive.

Grâce à Dieu, éclairés et guidés par le Saint-Esprit, nous savons écarter ce genre de réactions viscérales. Ce n’est pas toujours facile, surtout si nous avons l’impression que Dieu pourrait – ou aurait pu – changer le cours des choses.

Tenez : prenez le deuxième malfaiteur ! Il a été touché par la grâce. Ce que Jésus lui a donné de voir et d’entendre l’a convaincu qu’il était le Fils de Dieu, donc qu’il pourrait intervenir en leur faveur s’il le voulait. D’ailleurs, Jésus n’avait-il pas même ressuscité des morts ?

Ce malfaiteur a été touché par la grâce. Il a été éclairé par l’Esprit Saint. Il a été conduit à la repentance et à la foi en Jésus-Christ.

Et cela commence par une confession sincère qu’il adresse à son collègue criminel : « N’as-tu aucune crainte de Dieu, toi qui subis la même condamnation ? Pour nous, ce n’est que justice, puisque nous recevons ce qu’ont mérité nos actes, mais celui-ci n’a rien fait de mal. » (v. 40-41)

Il reconnaît que, contrairement à Jésus, eux ont « mérité » le châtiment infligé par la justice civile. Et il se sait aussi coupable devant Dieu. Il sait que le péché rend coupable devant Dieu. Sans exactement utiliser ces mots qu’écrira Paul plus tard, le malfaiteur repentant fait comprendre à l’autre que « le salaire du péché, c’est la mort. » (Rm 6.23), qu’il n’y a pas de quoi parader devant Dieu, qu’il vaudrait mieux le « craindre ».

Le malfaiteur révolté ferait mieux de reconnaître que le péché place la personne dans une situation désespérée, tellement désespérée que Dieu n’a pas eu d’autre solution que d’envoyer son propre Fils, que de jeter dans la balance la vie de son Fils bien-aimé. C’était le seul moyen de donner à notre fatale situation une issue libératrice, de transformer notre désespoir en espoir.

« C’était déjà presque midi, et il y eut des ténèbres sur toute la terre jusqu’à trois heures de l’après-midi. Le soleil s’obscurcit et le voile du Temple se déchira par le milieu. » (v. 44-45)

Ce qui se passait avec Jésus, le Fils de Dieu, était un événement d’une telle violence que son astre le plus lumineux pour nous, les humains, « s’obscurcit ». Le verbe grec utilisé montre bien que le soleil n’a pas été caché, qu’il ne s’est pas agi d’une éclipse, mais que le soleil lui-même s’est « affaibli », a « abandonné », a « cessé » de jouer son rôle. Aujourd’hui nous dirions : « a eu une chute de tension », « une baisse de régime ».

C’est comme si ce que vivait le Créateur de l’univers avait choqué et bloqué sa création, tant l’événement était violent.

De quoi s’agissait-il ? Dieu le Père a rejeté Dieu le Fils, parce que ce dernier avait pris les péchés du monde entier sur lui, parce qu’il s’était présenté comme le coupable de toutes nos transgressions de la Loi de Dieu. D’où ce cri du Christ en croix : « "Eli, Eli, lama sabachthani !" c’est-à-dire : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?" » (Mt 27.46)

Cette déchirure entre le Père et le Fils, ce rejet dans les souffrances de l’enfer, c’était là quelque chose de tellement horrible que le soleil s’est voilé la face. C’était là un spectacle que les humains n’auraient pu soutenir, tant les souffrances de l’enfer méritées par nos péchés sont inhumaines.

En venant méditer aujourd’hui près de la croix de Jésus à Golgotha, nous sommes effarés par la terrible puissance du péché, une puissance de mort, mais …

Avec Jésus, notre Seigneur, à Golgotha

nous découvrons surtout

X X X 2 X X X

LA PUISSANCE INFINIMENT SUPERIEURE

DE NOTRE SAUVEUR

Du fond de l’abîme dans lequel notre Seigneur se tord et agonise monte cependant une lumière et une chaleur sans pareilles : celles de son amour sauveur, de son pardon et de son salut.

Ecoutez le dialogue aussi bref que réconfortant entre les deux crucifiés que sont le malfaiteur repentant et Jésus !

« Il dit à Jésus : "Seigneur, souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton Royaume." Jésus lui répondit : "Je te le dis en vérité : aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis." » (v. 42-43)

Peut-être que ce malfaiteur avait été élevé dans la foi de l’Ancien Testament, qu’il connaissait les prophéties messianiques, ces annonces de la venue du Sauveur des pécheurs, et qu’il a ensuite tourné le dos à Dieu.

Sans doute avait-il même entendu parler de Jésus – peut-être lui était-il même arrivé de le croiser – au cours des trois années où Jésus a sillonné la Palestine en drainant des foules derrière lui et en accomplissant des miracles.

La Palestine n’est finalement pas si grande que ça. On en a vite fait le tour : à peu près la surface de la Région Ile-de-France, mais en plus étiré, et bien moins que l’Ile-de-France, si on en ôte l’enclave de la Samarie où Jésus n’a fait que passer rapidement.

Peut-être que la prédication de Jésus remplissait ce malfaiteur de remords depuis un certain temps, mais n’avait pas suffit à le détourner d’une vie de délits.

Quoi qu’il en soit, là, ce qu’il voit et entend de Jésus le convertit totalement. Il voit en lui son « Seigneur », et un « Seigneur » capable de le faire entrer, par-delà la mort, dans « son Royaume », dans « le paradis » !

En d’autres mots, Dieu a fait la grâce à ce malfaiteur de voir subitement plus clair que les disciples déçus qui, eux, se sont enfuis et qui ne comprenaient toujours rien à ce qui se passait.

Ce malfaiteur a compris que, là, à côté de lui, Jésus de Nazareth est en train d’expier ses crimes à lui, tous ses péchés.

Ce malfaiteur comprend que le crucifié du milieu ne mérite pas les sarcasmes des badauds et du malfaiteur impénitent, et encore moins sa mise à mort. Ce malfaiteur a compris que Jésus ne mérite que du respect, même l’adoration. Il a compris : Jésus est là pour le sauver de la damnation éternelle, du rejet par Dieu, en se faisant damner et rejeter à sa place.

Quel réconfort au milieu de sa terrible agonie cela a dû être pour lui que de s’entendre promettre par Jésus : « Je te le dis en vérité : aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ! »

Et cette promesse, Jésus la fera à chacun de nous face à notre mort. Celle-ci ne pourra pas nous séparer de Dieu, car Jésus s’est laissé rejeter et « abandonner » à notre place. Celui qui croit que Jésus a expié ses péchés, celui-là verra son âme passer directement au « paradis » auprès de Jésus. Et le corps suivra après la résurrection.

Nous pouvons nous consoler avec cette certitude. Nous pouvons nous préparer à notre mort avec la certitude que notre péché ne nous sépare plus de Dieu. Jésus l’a expié.

Rappelons-nous : il n’y a pas eu que le miracle du soleil qui a perdu son éclat pendant trois heures ; il y a aussi eu le miracle de la déchirure du voile du Temple. « Le voile du Temple se déchira par le milieu. » (v. 45)

Ce « voile » séparait le premier des deux halls du Temple – « le saint » ou « Sacré » – du dernier hall – « le saint des saints » ou « Très-Sacré » (Ex 26).

Dans la première salle (« le Sacré »), les prêtres officiaient chaque jour. Mais ils n’avaient pas le droit de regarder dans la dernière salle (« le Très-Sacré »). Ceci était réservé au souverain sacrificateur ou grand-prêtre, et même là qu’une seule fois dans l’année, le grand jour des expiations.

En déchirant ce voile-écran au moment de la mort de Jésus, et en livrant aux yeux des prêtres le spectacle du lieu « Très-Sacré », Dieu a fait savoir qu’en expiant nos péchés Jésus nous a frayé le chemin vers le cœur du Père, vers son cœur et dans son « Royaume ».

Cela signifiait aussi que le rôle du souverain sacrificateur n’avait plus sa raison d’être. Que ce qu’il représentait, ce qu’il annonçait était arrivé : la venue du Grand-Prêtre Jésus-Christ et de son « expiation pour nos péchés et pour ceux du monde entier » (1 Jn 2.2). Le sacrifice de Jésus rendait maintenant inutile la mise en scène prophétique du culte de l’Ancien Testament.

Un dernier mot à propos de la mort de Jésus. C’est d’ailleurs à Jésus que nous le laissons. Lorsqu’il sut que son œuvre était achevée, « Jésus s’écria d’une voix forte : "Père, je remets mon esprit entre tes mains." Après avoir dit ces paroles, il expira. » (v. 46)

Là encore, il demeure Maître de sa destinée. Il ne se laisse pas prendre la vie. Il ne meurt pas parce qu’il ne domine plus rien : sa « voix » est toujours « forte ». Il ne meurt pas non plus parce qu’il ne pourrait s’opposer à ses assassins ; non, comme il l’avait annoncé, il la « donne de lui-même » (Jn 10.18), c’est volontairement qu’il « remet son esprit entre les mains » de son Père

Il dépose sa vie dans la balance de la justice divine pour qu’elle soit portée à notre crédit, nous réconcilie avec Dieu, nous soustraie à la damnation et à la mort éternelle et nous procure la vie et le salut.

Ce pouvoir, le pouvoir de nous décrocher tout cela, seul Jésus l’avait.

Humilions-nous devant sa face, car ce sont nos péchés qu’il a ainsi expiés dans les souffrances de l’enfer.

Mais réjouissons-nous aussi de ce qu’il y soit allé volontairement, poussé par son amour pour nous ! Réjouissons-nous et soyons soulagés : il a tenu bon jusqu’au bout pour nous frayer le chemin vers son « Royaume » et son « paradis » !

Et comme nous avons recherché sa proximité auprès de sa croix en ce Vendredi-Saint, gardons l’habitude de rechercher sa proximité dans sa Parole et ses sacrements.

Et n’oublions pas : il n’avait pas seulement annoncé : « Je donne ma vie » ; il avait dit : « Je donne ma vie pour la reprendre ensuite ! » (Jn 10.17)

Cela, nous le célébrerons dans deux jours.

Vendredi-Saint sera alors couronné par Pâques !

Le Seigneur en soit loué !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

*

sermon du dimanche 3 avril 2011

Dimanche Judica

Texte : Gn 22.1-14

Chants proposés :

Ô Jésus, ta croix domine LlS 90 : 1-6

Pour quel péché, Jésus, LlS 80 : 1-5

De quoi t’alarmes-tu, mon cœur ? LlS 231 : 1-5

Ô Seigneur Jésus, mon Sauveur, LlS 167 : 1-10

1 « Après cela, Dieu mit Abraham à l’épreuve. Il lui dit : "Abraham !" Celui-ci répondit : "Me voici !"

2 Dieu dit : "Prends ton fils unique, celui que tu aimes, Isaac. Va-t-en au pays de Morija et là offre-le en holocauste sur l’une des montagnes que je t’indiquerai."

3 Abraham se leva de bon matin, sella son âne et prit avec lui deux serviteurs et son fils Isaac. Il fendit du bois pour l’holocauste et partit pour aller à l’endroit que Dieu lui avait indiqué.

4 Le troisième jour, Abraham leva les yeux et vit l’endroit de loin.

5 Il dit à ses serviteurs : "Restez ici avec l’âne. Le jeune homme et moi, nous irons jusque là-bas pour adorer, puis nous reviendrons vers vous."

6 Abraham prit le bois pour l’holocauste, le chargea sur son fils Isaac et porta lui-même le feu et le couteau. Ils marchèrent tous les deux ensemble.

7 Alors Isaac s’adressa à son père Abraham en disant : "Mon père !" Il répondit : "Me voici, mon fils !" Isaac reprit : "Voici le feu et le bois, mais où se trouve l’agneau pour l’holocauste ?"

8 Abraham répondit : "Mon fils, Dieu pourvoira lui-même à l’agneau pour l’holocauste." Et ils continuèrent à marcher tous les deux ensemble.

9 Lorsqu’ils furent arrivés à l’endroit que Dieu lui avait indiqué, Abraham y construisit un autel et rangea le bois. Il attacha son fils Isaac et le mit sur l’autel par-dessus le bois.

10 Puis Abraham tendit la main et prit le couteau pour égorger son fils.

11 Alors l’Ange de l’Eternel l’appela depuis le ciel et dit : "Abraham ! Abraham !" Il répondit : "Me voici !"

12 L’ange dit : "Ne porte pas la main sur l’enfant et ne lui fais rien, car je sais maintenant que tu crains Dieu et que tu ne m’as pas refusé ton fils unique."

13 Abraham leva les yeux et vit derrière lui un bélier retenu par les cornes dans un buisson. Il alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils.

14 Abraham donna à cet endroit le nom de Yahvé-Jiré. C’est pourquoi on dit aujourd’hui : "A la montagne de l’Eternel il sera pourvu." »

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ,

Si vous êtes ici aujourd’hui, si vous avez suivi l’invitation de Dieu, si vous êtes venus vous laisser encourager par lui, c’est que vous lui faites confiance.

Pourtant, quand une terrible tragédie s’abat sur nous – tragédie que Dieu a permise – ne sommes-nous pas parfois tentés de l’expulser de notre vie ?

Reconnaître que Dieu est omniscient (qu’il sait tout), tout-puissant (il peut tout), omniprésent (il est partout présent à la fois), et être ensuite victime d’un drame que nous pensons que Dieu aurait pu empêcher, cela en amène certains à perdre leur foi en Dieu, à ne plus rien vouloir savoir de lui.

Chacun de nous a connu, connaît ou connaîtra des périodes ou des moments où nous ne sommes que déception, bouleversement et stupéfaction, tant sa façon de nous conduire nous déboulonne.

Si vous vivez dans une communion étroite avec Dieu, vous connaîtrez inévitablement des moments qui mettent l’ardeur de votre foi en Dieu à l’épreuve.

Comment peut-on se sentir à l’aise lorsqu’on a l’impression que Dieu se contredit ?

Nous voulons profiter de ce Temps de la Passion du Christ pour nous rapprocher davantage encore de notre Sauveur.

Alors, ayons le courage de poser clairement la question :

DIEU SE CONTREDIT-IL ?

Cela semble être le cas

dans son comportement

1 avec Abraham,

2 avec Jésus,

3 avec nous.

X X X 1 X X X

DIEU SE CONTREDIT-IL AVEC ABRAHAM ?

« Dieu dit : "Prends ton fils unique, celui que tu aimes, Isaac […] et là offre-le en holocauste !" » (v. 2) En d’autres mots : « Tue-le, brûle-le entièrement ! »

Quel coup pour ce pauvre Abraham ! Perdre « son fils, son unique, celui qu’il aime » ! (v. 2 ; NBS) Devoir même le tuer de sa propre main !

« Mais Dieu a-t-il perdu la tête ? » aurions-nous pensé à la place d’Abraham. « Sait-il encore ce qu’il veut ? D’abord il m’appelle d’entre les païens pour être l’ancêtre du peuple élu, me laisse attendre jusqu’à l’âge de 100 ans pour enfin me donner ce fils tant attendu, Isaac, ce fils par lequel je dois avoir une nombreuse descendance … et voilà que je dois le tuer, "mon fils unique, celui que j’aime" ! »

Tout ce pourquoi Abraham a vécu et travaillé, attendu et espéré, semblait devoir se terminer dans l’horreur, s’effondrer, parce que Dieu semblait avoir perdu la tête.

L’expérience que fait Abraham semble douloureusement indiquer que Dieu se contredit, qu’on ne peut pas se fier à sa Parole !

Rappelez-vous, Dieu avait fait à Abraham une triple promesse :

D’abord, qu’il devait avoir un fils, malgré l’âge avancé de sa femme, stérile jusque-là. Malgré le caractère incroyable de cette promesse, Sara met Isaac au monde, alors qu’elle a 90 ans ! Un vrai miracle ! Devait-il se terminer dans l’horreur ?

Voici la seconde promesse faite par Dieu à Abraham : « C’est à ta descendance que je donnerai ce pays », le pays de Canaan (Gn 12.7). Comment cela pouvait-il se réaliser si « son fils unique » devait mourir sans descendants ?

Enfin, la troisième promesse de Dieu à Abraham : « Toutes les familles de la terre seront bénies en toi ! » (Gn 12.3) « Toutes les nations de la terre seront bénies en ta descendance ! » (Gn 22.18)

L’apôtre Paul montre, dans son « Epître aux Galates », que les croyants de l’Ancien Testament avaient raison de reconnaître en cette « descendance » d’Abraham le Messie, le « Christ » (Ga 3.16).

Le Messie-Sauveur devait être issu de la descendance d’Isaac et devenir une bénédiction pour « toutes les nations de la terre ».

Et maintenant Dieu demandait la mort d’Isaac avant qu’il n’ait de descendants ? N’était-ce pas contraire à sa promesse, contraire à tout ce qu’Abraham croyait de Dieu ?

Contraire à la « loi » morale que Dieu a « écrite dans les cœurs » de tous les hommes ? (Rm 2.15) Dieu n’a-t-il pas fait en sorte que tout le monde puisse savoir qu’il ne faut pas tuer ?

Et voilà qu’il demande tout le contraire ! Il demande de tuer la vie qu’il a créée ! Ne demande-t-il pas exactement le contraire de ce qu’il inscrira lui-même, plus tard, sur le Mont Sinaï, sur les Tables de la Loi : « Tu ne commettras pas de meurtre ! » (Ex 20.13) ?

Et puis, cela ne renversait-il pas toutes les promesses faites à Abraham, cela ne trahissait-il pas la confiance qu’Abraham avait placée en Dieu ? Dieu ne se contredisait-il pas sur toute la ligne ?

En fait – et cela il ne faut pas le perdre de vue – au début de notre histoire il est dit : « Dieu mit Abraham à l’épreuve. » (v. 1)

Dieu voulait resserrer les liens entre Abraham et lui, il voulait approfondir la communion entre eux. Abraham devait apprendre qu’on pouvait faire confiance à Dieu et à sa Parole dans les épreuves les plus terribles.

Et la foi d’Abraham en son Dieu ne flancha pas. Nous lisons dans « l’Epître aux Hébreux » : « C’est par la foi qu’Abraham a offert Isaac lorsqu’il a été mis à l’épreuve. Oui, il a offert son fils unique en sacrifice, bien qu’il ait reçu les promesses et que Dieu lui ait dit : "C’est par Isaac qu’une descendance te sera assurée." » (Hé 11.17-18)

Abraham gardait confiance en Dieu. Il ne savait pas comment Dieu allait mettre fin à ce cauchemar, mais il gardait confiance.

Bien entendu, Dieu n’avait pas l’intention de rompre ses promesses ; il ne voulait pas le sacrifice d’Isaac – qui n’aurait servi à rien - ; il intervint à temps pour éviter au père et au fils l’épreuve ultime.

A la fin, Dieu explique à Abraham le pourquoi de cette mise à l’épreuve : « Je sais maintenant que tu crains Dieu et que tu ne m’as pas refusé ton fils unique. » (v. 12)

Dieu avait semblé se contredire et entraîner la famille d’Abraham dans une terrible tourmente, mais Dieu ne se contredit jamais.

Une autre occasion où Dieu semble s’être tragiquement contredit, c’est avec Jésus.

X X X 2 X X X

DIEU SE CONTREDIT-IL AVEC JESUS ?

Voyez comment les Juifs furent déçus par toute l’attitude de Jésus ! Dans les prophéties, Dieu avait paré le Messie de gloire divine et indiqué que son Royaume allait s’étendre jusqu’aux extrémités de la terre. « Il dominera d’une mer à l’autre, et de l’Euphrate jusqu’aux extrémités de la terre. » (Ps 72.8)

Mais Jésus de Nazareth refusait même leur offre d’être roi rien qu’en Israël ! Ne s’est-il pas enfui après la multiplication des pains lorsque la foule a voulu le proclamer roi ? (Jn 6.15)

Il était annoncé comme « merveilleux Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix » (Es 9.5), mais Jésus est né au milieu des animaux et a été exécuté avec des criminels ! Au lieu d’être le chef des Juifs, il a dû fuir leur haine et a été finalement mis à mort par eux.

Ne lançons pas trop vite la pierre aux Juifs de l’époque ! Ils étaient vraiment déboussolés par ce Jésus de Nazareth. Leur foi aussi a été mise à l’épreuve comme celle d’Abraham. L’ennui, c’est qu’ils ne se souvenaient pas des nombreuses prophéties des souffrances et de la mort expiatoire du Messie.

Leur malheur, c’est qu’ils ne retenaient des prophéties messianiques que ce qui leur plaisait et les arrangeait – et encore en avaient-ils mal compris le sens.

Voilà pourquoi ils ont trébuché sur leur Sauveur ; voilà pourquoi leur foi a fait faillite dans une situation qui n’était contradictoire qu’en apparence. D’ailleurs, le matin de Pâques balaya toutes ces apparentes contradictions.

Certes, Jésus est mort comme un criminel, mais seulement parce qu’il a voulu être puni pour nos crimes à nous, pour nos péchés.

Certes, Jésus avait une apparence insignifiante, et parfois pitoyable – par exemple sous les coups de fouet ou sur la croix – mais c’est qu’il a caché sa gloire divine et n’a pas fait usage de ses pouvoirs divins ! Il devait, en effet, effectuer notre rachat dans les mêmes conditions de vie que les nôtres, tout en demeurant innocent et saint.

D’ailleurs, malgré cette apparente faiblesse il a remporté la victoire la plus éclatante et la plus extraordinaire qui ait jamais été remportée sur terre :

Il a vaincu Satan : celui-ci ne peut plus revendiquer notre châtiment éternel auprès de lui en enfer.

Il a vaincu la mort en la transformant, pour les croyants, en porte d’entrée immédiate, instantanée, dans le paradis céleste.

Et il a vaincu les terribles effets du péché : la colère de Dieu qu’il a apaisée par son expiation et sa vie exemplaire.

Quelle victoire éclatante, scellée par sa glorieuse résurrection !

Qui a dit que Dieu se contredisait en permettant à Jésus de s’enfoncer ainsi dans la tragédie ? – Uniquement ceux qui ne voient pas que l’abaissement du Christ était la seule tactique, la seule stratégie capable de vaincre et de nous faire participer à sa victoire et à son règne !

Ce qui s’est passé avec Abraham et, plus tard, avec Jésus, nous devons nous le rappeler quand, à notre tour, nous avons l’impression que Dieu se contredit dans nos propres vies.

X X X 3 X X X

DIEU SE CONTREDIT-IL AVEC NOUS ?

Parfois nous avons du mal à accorder ce qui nous arrive avec ce que Dieu promet. Nous avons du mal à faire coïncider les deux.

Combien de fois Dieu ne nous a-t-il pas promis dans sa Parole qu’il veut nous aider et nous assister, nous bénir et nous faire réussir si nous nous tournons vers lui dans la repentance et avec foi !

Ne va-t-il pas jusqu’à promettre au croyant que « tout ce qu’il fait lui réussit » (Ps 1.3) ? Ne promet-il pas : « Fais appel à moi quand tu es dans la détresse : je te délivrerai, et tu m’honoreras » (Ps 51.15) ? « Je ne te délaisserai pas et je ne t’abandonnerai pas. » (Hé 13.5) ? « Moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28.20) ?

Et puis tout dérape quand même : les espoirs placés dans un proche – époux ou enfant, par ex. – ne se réalisent pas, pour des raisons très diverses : manque d’égards, paresse, maladie, décès.

Nous avons du mal, parfois, à mettre en accord d’une part l’exigence d’amour du prochain, d’autre part des exigences de fidélité et de rejet de l’erreur.

Et puis, comment voir dans la maladie et la mort l’accomplissement des promesses de fidélité, d’assistance et de délivrance de Dieu ?

Chers amis, bien des choses qui paraissent être des contradictions de la part de Dieu se résolvent dès cette vie. Il suffit d’« étudier » davantage « les Ecritures » (Jn 5.39), de ne pas nous laisser aveugler par nos peurs et nos attentes démesurées, et de comprendre correctement ce que Dieu nous dit dans sa Parole.

Dieu nous apprend ainsi que c’est par amour qu’il nous met parfois à l’épreuve, comme il l’a fait avec Abraham et Isaac. Il nous apprend alors aussi qu’il « est fidèle et ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces ; mais avec la tentation il préparera aussi le moyen d’en sortir, afin que vous puissiez la supporter ». (1 Co 10.13)

Il nous promet aussi « que tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu » et « que [rien] ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ, notre Seigneur » (Rm 8.28+39).

Voyez-vous, bien des contradictions apparentes se résolvent quand nous étudions la Bible seul et en paroisse. Puissions-nous saisir les occasions qui s’offrent ainsi à nous pour grandir dans la foi et la confiance que nous portons à notre Dieu bien-aimé !

D’autres incohérences apparentes trouveront leur solution dans l’éternité. Lorsque nous nous retrouverons autour du trône de l’Agneau (Ap 5), nous comprendrons qu’en « l’Agneau » immolé mais finalement vainqueur toutes les paroles et tous les actes de Dieu avaient leur logique et leur cohérence.

Cette saison de la Passion du Christ nous rappelle qu’il n’y a aucune raison d’être révolté contre Dieu : les souffrances et la mort de son Fils nous sont la garantie que Dieu « nous accordera aussi comme une grâce tout avec lui, » Jésus (Rm 8.32).

Dieu agit avec nous à son rythme et à sa manière. « "Vos pensées ne sont pas mes pensées et vos voies ne sont pas mes voies," déclare l’Eternel. "Le ciel est bien plus haut que la terre. De même mes voies sont bien au-dessus de vos voies, et mes pensées bien au-dessus de vos pensées." » (Es 55.8-9)

Heureusement que nous savons que, grâce à Jésus, ce sont des pensées et des voies de bonté et de miséricorde !

Qu’il soit loué pour son merveilleux plan de salut !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig