dimanche 15 janvier 2012

Sermon du Dimanche 15 Janvier 2012

2ème Dimanche après l’Epiphanie

Mt 11.12-15

Chants proposés :

Célébrons son œuvre étonnante ! AeC 105:1-4

Béni soit le Seigneur (Cant. de Zacharie) AeC 177:1-3

Il est pour le fidèle, au-delà du tombeau AeC 640:1-4

12 « Depuis l’époque de Jean-Baptiste jusqu’à présent, le royaume des cieux est assailli avec force, et des violents s’en emparent.

13 "En effet, tous les prophètes et la loi ont prophétisé jusqu’à Jean.

14 Si vous voulez bien l’accepter, c’est lui l’Elie qui devait venir.

15 Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ! »

Chers frères et sœurs en Christ,

« Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ! » (v. 15)

Êtes-vous des êtres uniques ou des êtres réincarnés ? La question vous surprend ? Je comprends. Je vous propose d’y réfléchir, parce que certains, s’appuyant sur notre texte, affirment que Jean-Baptiste serait le prophète Elie réincarné.

Normalement, il aurait dû être question de Jean-Baptiste dimanche dernier. Mais comme l’Epiphanie (le 6 janvier) tombait cette année un vendredi, nous l’avons fêtée le dimanche d’après, le 1er dimanche après l’Epiphanie.

Je me permets donc de faire un retour en arrière, car la théorie de la réincarnation hante pas mal les esprits de nos contemporains ; ils se croient pourtant si éclairés. Il y en a qui pensent même trouver la réincarnation enseignée dans la Bible. Il faut donc que nous en ayons le cœur net.

Posons-nous les deux questions :

1. ELIE S’EST-IL REINCARNE

EN JEAN-BAPTISTE ?

2. ET NOUS,

SOMMES-NOUS DES REINCARNATIONS

DE PERSONNES DU PASSE ?

X X X 1 X X X

ELIE S’EST-IL REINCARNE

EN JEAN-BAPTISTE ?

Avouez ! En lisant de façon superficielle, si on ne prend pas la peine de se rappeler tout ce que Dieu nous dit par ailleurs dans sa Parole, cette phrase de Jésus peut étonner : « Si vous voulez bien l’accepter, [Jean-Baptiste,] c’est lui l’Elie qui devait venir. » (v. 14)

Que des personnes sans connaissance biblique se mettent à songer à la réincarnation, on peut le comprendre. N’étant pas portées par la foi au salut et en la résurrection corporelle, elles peuvent être emportées par n’importe quelle utopie.

Comment faut-il comprendre cette affirmation de Jésus ? Que signifie : « Si vous voulez bien l’accepter, c’est lui l’Elie qui devait venir » ?

Il faudrait peut-être déjà écouter ce que Jésus dit exactement. Il ne dit pas : « Jean-Baptiste est Elie le Tischbite ». Il ne dit pas : « Jean-Baptiste est cet Elie qui a vécu autrefois.

Non, il utilise une façon de parler très courante. Ainsi, il nous arrive de dire d’un bon stratège ou général : « C’est un Napoléon », ou d’un tyran sanguinaire : « C’est un Hitler » ou : « C’est un Staline » ; ou d’un bon cuisinier : « C’est un vrai Bocuse ! »

Personne ne comprend par là que les personnes dont nous parlons seraient la réincarnation de Napoléon, de Hitler, de Staline ou de Bocuse. Nous voulons dire par là qu’elles sont du même genre, qu’elles sont de la même espèce, que leurs actes rappellent celles des personnages que nous avons cités.

Donc, Jésus ne dit pas ici : « Jean-Baptiste est Elie », mais : « Jean-Baptiste est cet Elie qui devait venir. »

Il est le prophète qui a lui-même été annoncé par un prophète. C’est le prophète Esaïe qui l’a annoncé en premier. Dans son chapitre 40, il prédit : « Une voix crie dans le désert : "Préparez le chemin de l’Eternel, faites une route bien droite pour notre Dieu dans les endroits arides !" Toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline abaissée. Ce qui est tortueux sera redressé et les endroits rocailleux aplanis. Alors la gloire de l’Eternel sera révélée. » (Es 40.3-5)

Jésus ne dit pas : « Jean-Baptiste est Elie », mais : « Jean-Baptiste est cet Elie qui devait venir, » ce fameux précurseur du Messie annoncé par Esaïe (Es 40.3) et qui rappelle le grand Elie (Mal 3.23 ; 4.5).

Jésus veut souligner les traits communs de ces deux hommes exceptionnels dans l’histoire du peuple de Dieu.

1er point de ressemblance : Tous deux étaient des prophètes consumés par le zèle de Dieu.

Elie a été, au 9ème siècle avant J.-C., appelé à s’opposer, pratiquement seul, à l’introduction du culte idolâtre de Baal par le roi Achab et la reine Jézabel.

Jean-Baptiste, quant à lui, avait été chargé, en marge de la structure de l’Eglise de son temps, de préparer les cœurs à recevoir le Messie en la personne de Jésus-Christ.

2ème point de ressemblance : Tous deux menaient une vie austère.

Elie portait un vêtement de peau ou fait d’une étoffe grossière de poils de chameau, sorte de pagne retenu sur ses reins par une ceinture de cuir (2 R 1.8 ; 19.13).

Quant à Jean-Baptiste, son costume rustique – « un vêtement en poils de chameau » avec « une ceinture de cuir autour de la taille » (Mc 1.6) – son costume, donc, rappelait effectivement le prophète Elie. En fait, leur costume austère devait souligner l’appel à la repentance qu’ils ont, tous les deux à leurs époques respectives, fait retentir en Israël.

3ème point de ressemblance : Tous deux ont critiqué le comportement impie de leurs rois respectifs.

Elie s’en est pris au roi Achab, l’un des rois d’Israël les plus impies et cruels qu’ait connu le royaume du nord, roi qui entraîna aussi son peuple dans l’idolâtrie du dieu païen Baal.

Jean-Baptiste, quant à lui, s’en est pris à la débauche d’Hérode le tétrarque qui vivait dans l’adultère avec Hérodiade, la femme de son frère Philippe.

Enfin, 4ème point de ressemblance : Tous deux furent haïs par les reines qui ont cherché à les assassiner.

La reine païenne Jézabel, voulait généraliser le culte de Baal en Israël. Voyant son plan contrecarré par Elie, elle a juré de le faire mourir, mais Dieu ne l’a pas permis, même, Elie n’est jamais mort : Dieu l’a fait monter au ciel sans qu’il ne passe par la mort.

Quant à Jean-Baptiste, lui, il fut en butte à Hérodiade. Celle-ci, vexée de voir un prédicateur du désert critiquer sa vie adultère, fit décapiter le gênant Jean-Baptiste (Mt 14.3-12). Dieu avait trouvé que sa mission était accomplie et que pour lui, le moment était venu de « gagner » au change en passant de cette vie au paradis (Ph 1.21).

Elie et Jean-Baptiste avaient donc bien des points communs. Le dernier rappelait le premier. C’est dans ce sens que Jésus a dit : « Si vous voulez bien l’accepter, c’est lui l’Elie qui devait venir. » Ressemblance n’est pas identité.

D’ailleurs, Jean-Baptiste dit clairement : « Je ne le suis pas, Elie. » (Jn 1.19-28). Je ne fais que lui ressembler par mon apparence, par mon ministère et par l’hostilité des grands que cela provoque.

Et puis, rappelons-nous ce que « la voix du ciel dit à [l’apôtre] Jean : "Heureux dès à présent ceux qui meurent dans le Seigneur ! Ils se reposent …" » (Ap 14.13)

Les croyants au ciel « se reposent … » On ne peut vraiment pas considérer la vie de Jean-Baptiste (capturé, emprisonné, décapité) comme un « repos », ou, pour reprendre une parole de Paul, comme une existence « de beaucoup meilleure » (Ph 1.23) pour Elie, si Jean-Baptiste devait être la réincarnation d’Elie. Cela ne tient tous simplement pas.

Non, ni ce que Jésus dit de Jean-Baptiste ni ce que Dieu nous dit ailleurs dans l’Ecriture Sainte ne permet de voir en Jean-Baptiste la réincarnation du prophète Elie.

Bon, d’accord, mais …

X X X 2 X X X

SOMMES-NOUS DES REINCARNATIONS

DE PERSONNES DU PASSE ?

Ceux qui, dans notre monde occidental, parlent ou rêvent de réincarnation, se laissent en fait entraîner dans des rêveries qui n’ont rien à voir avec la théorie de la réincarnation. Celle-ci est une chose horrible. Voyez vous-mêmes !

Qu’est-ce que la théorie de la réincarnation ?

Selon cette théorie, l’âme immortelle, le véritable moi intérieur d’essence divine (comme si le corps n’était pas aussi créé par Dieu), passerait d’un corps matériel à un autre par une série d’existences réincarnées en raison de la loi du karma.

On ne peut dissocier la théorie de la réincarnation de celle du karma.

Qu’est-ce que la loi du karma ?

Selon cette théorie, une personne doit passer par une succession de vies terrestres pour rétablir l’équilibre d’une vie parfaite par ses propres efforts et pour expier sa dette karmique (le poids des actes des vies antérieures).

La théorie de la réincarnation et du karma

est-elle compatible avec le message biblique ?

Nous verrons que non. La théorie de la réincarnation et du karma est contraire à la Parole de Dieu, et ceci au moins sur les 6 points suivants que j’ai trouvés :

a) Cette théorie prône le salut par les œuvres,

ce qui est en contradiction flagrante avec le message central de l’Evangile. Là, Dieu nous dit que son Fils nous a pleinement sauvés des conséquences de notre péché. Nous n’avons qu’à lui faire confiance. Nous n’avons pas besoin de chercher à nous sauver nous-mêmes par nos efforts, ou à expier nos fautes. Jésus l’a fait par pure grâce, sans aucun mérite de notre part.

Rappelez-vous … et réjouissez-vous en : « C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est pas par les œuvres, afin que personne ne puisse se vanter. » (Ep 2.8-9)

Nous n’avons, fort heureusement, pas à passer notre vie à essayer de nous débarrasser de la colère et de la damnation de Dieu. « Christ nous a rachetés de la malédiction de la Loi, étant devenu malédiction pour nous, » lui, dans son amour insondable, s’étant fait damner à notre place. (Ga 3.13)

« Jésus-Christ le Juste est lui-même la victime expiatoire pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier. » (1 Jn 2.2)

b) La théorie de la réincarnation et du karma s’oppose ensuite à l’amour du prochain.

Selon cette théorie, on ne doit pas venir en aide aux souffrants et aux nécessiteux, sinon on les empêcherait d’expier les fautes de leurs vies antérieures. C’est là le grand problème de fond de la misère en Inde : si vous venez en aide aux nécessiteux, il leur faudra une réincarnation de plus pour s’en sortir, car vous les empêchez de payer pour leurs fautes.

C’est aussi une des raisons pour lesquelles les Hindous haïssent les chrétiens et s’en prennent à leurs missionnaires et à leurs familles : pour eux, les chrétiens, en exerçant l’amour du prochain, dérangent le cycle du karma et des réincarnations.

C’est vraiment tout à l’opposé des exhortations apostoliques : « Portez les fardeaux les uns des autres » (Ga 6.2) ou : « N’oubliez pas de faire le bien et de vous entraider, car c’est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir. » (Hé 13.16)

c) En troisième lieu, la théorie de la réincarnation et du karma méprise le corps humain.

Or, comme notre âme, notre corps aussi a été créé par Dieu, racheté par son Fils et sanctifié par le Saint-Esprit en vue de la félicité éternelle ;

« Le Seigneur Jésus-Christ transformera le corps de notre humiliation pour le rendre conforme à son corps glorieux par le pouvoir qu’il a de tout soumettre à son autorité. » (Ph 3.21)

Et nous attendons cette résurrection de nos corps avec joie.

d) En quatrième lieu, la théorie de la réincarnation et du karma sème le doute.

C’est là tout à fait à l’opposé de la rassurante certitude du salut procurée par l’Evangile. Avec Paul, nous disons avec sérénité et certitude :

« Je sais en qui j’ai cru, et je suis persuadé qu’il a la puissance de garder le dépôt qu’il m’a confié jusqu'à ce jour-là. » (2 Tm 1.12)

D’ailleurs, Jésus nous dit : « Si donc le Fils vous libère, vous serez réellement libres. » (Jn 8.36) – pas … peut-être, pas après de multiples tentatives au cours de x réincarnations.

e) La théorie de la réincarnation et du karma nie que le verdict de chacun est arrêté au moment de son décès.

En fait, la Bible nous dit que plus rien ne change à notre destinée éternelle entre notre décès et le retour du Christ pour le jugement Dernier :

Celui qui est mort dans la foi en Jésus-Christ, est mort acquitté et entendra au Dernier Jour Jésus annoncer publiquement cet acquittement.

Quant à celui qui est mort dans l’incrédulité, il est mort damné et entendra au Dernier Jour Jésus annoncer publiquement sa damnation.

« Il est réservé aux êtres humains de mourir une seule fois [ils ne vivent donc aussi qu’une seule fois !], après quoi vient le jugement, » (Hé 9.27) sans que notre sort change entre notre mort et le jugement.

f) Finalement, la théorie de la réincarnation et du karma nie le salut et le bonheur parfaits des croyants dès leur décès.

Nous y avons déjà fait allusion quand nous avons parlé d’Elie et de Jean-Baptiste. L’Evangile de Jésus-Christ a, là, des paroles réconfortantes à opposer à la terrible théorie de la réincarnation. Avec Paul, nous pouvons dire au moment où le Seigneur nous rappellera :

« J'ai le désir de m'en aller et d'être avec Christ, ce qui est de beaucoup le meilleur. » (Ph 1.23)

Jésus n’a-t-il pas promis au larron repentant sur la croix : « Je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis » (Lc 23.43) ? A « l’aujourd’hui » de notre mort nous nous retrouverons directement au paradis.

Aussi notre liturgie des funérailles annonce-t-elle face à la tombe : « Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur, et ce dès maintenant ! Oui, dit l'Esprit, ainsi ils se reposent de leurs travaux, mais leurs œuvres les suivent. » (Ap 14.13)

Non, vraiment, ceux qui se détournent de l’Evangile vers la théorie de la réincarnation et du karma n’ont rien compris ou bien à l’Evangile, ou bien à la théorie de la réincarnation, sans doute qu’ils n’ont compris aucun des deux.

Quant à nous, remercions le Seigneur pour son Evangile de grâce et de salut en Jésus-Christ !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

dimanche 8 janvier 2012

Sermon du Dimanche 8 Janvier 2012

.EPIPHANIE. Ep 3.1-6

Chants proposés :

Ô Jésus, Fils du Père, Jésus, humble Sauveur LlS 67:1+4-6

Voici venir les mages LlS 68:1-4

L’étoile brille en Occident, LlS 66: 6-11

Jérusalem, laisse passer le Roi, LlS 162:1-3

1 « Moi, Paul, je suis le prisonnier de Jésus-Christ pour vous, les non-Juif,

2 si du moins vous avez appris comment je fais part de la grâce de Dieu qui m’a été confiée pour vous.

3 C’est par révélation qu’il m’a fait connaître ce mystère tel que je l’ai déjà décrit en quelques mots.

4 En les lisant, vous pouvez vous rendre compte de la compréhension que j’ai du mystère de Christ.

5 Il n’a pas été porté à la connaissance des hommes des générations passées comme il a maintenant été révélé par l’Esprit à ses saints apôtres et prophètes.

6 Ce mystère, c’est que les non-Juifs sont cohéritiers des Juifs, qu’ils forment un corps avec eux et participent à la même promesse de Dieu en Jésus-Christ par l’Evangile. »

Chers amis issus de peuples « païens »,

qui « participez à la promesse de Dieu

en Jésus-Christ » !

« Réflexions d’un "Juif" à des "non-Juifs" » suis-je tenté d’intituler ce sermon, par analogie à cette brochure de L’Heure Luthérienne intitulée : « Réflexions d’un détenu à ses codétenus ».

« Réflexions d’un "Juif" à des "non-Juifs" », cela est complètement dans l’esprit de Paul dans ce texte. Cela correspond aussi tout à fait au thème de l’Epiphanie.

« Epiphanie » est un mot grec qui signifie : « apparition ». La fête de l’Epiphanie parle de l’apparition du Sauveur du monde aux « non-Juifs ».

C’est la raison pour laquelle l’histoire « des mages venus d’Orient » est généralement lue comme texte d’Evangile en ce jour. « Les mages » – combien étaient-ils ? – Ce n’est pas dit. En tout cas ce n’était pas des rois, mais des érudits, des savants de l’époque, des savants issus du monde païen – « les mages », disais-je, ont été les premiers « non-Juifs » à avoir « adoré » Jésus comme leur Sauveur et Roi (Mt 2.1-12).

Depuis lors, bien des générations de « non-Juifs » ont suivi leur exemple. Ainsi, assez au début, les « non-Juifs » de la ville grecque d’Ephèse, à qui Paul écrit ce texte. (Ep 1.1)

Mais il s’adresse aussi aux « non-Juifs » que nous sommes sans doute tous. Encore que … allez savoir quels croisements ont pu avoir lieu dans notre arbre généalogique au cours des millénaires passés ! On a même trouvé, sans pouvoir expliquer leur origine, des peuples Juifs noirs non seulement en Ethiopie (les Falashas), mais aussi en Ouganda, au Nigeria, en Afrique du Sud, au Zimbabwe et au Congo.

En fait, être « Juif » ou « non-Juif » n’a aucune espèce d’importance. C’est ce que Paul nous dit ici. Lui s’est toujours présenté comme un « Juif ». Il n’a jamais caché ni renié ses origines. Les autres apôtres et les premiers chrétiens de Jérusalem l’étaient aussi, comme d’ailleurs, ne l’oublions jamais, notre Seigneur lui-même l’a été.

Mais rapidement, le Seigneur a envoyé les apôtres, les évangélistes et tous les chrétiens de la première génération vers les « non-Juifs ». Vous pouvez relire cela dans les premiers chapitres du livre des Actes des Apôtres.

« Le mystère du Christ » (v. 4), « le mystère » du salut de l’humanité, « le mystère » des « promesses de Dieu en Jésus-Christ » (v. 6), ne devait pas rester connu des seuls « Juifs », mais devait et doit toujours être aussi porté à la connaissance du vaste monde des « non-Juifs ».

Il est vrai que « le mystère du Christ » nous a été apporté, à nous, les « non-Juifs », par des « Juifs » comme Paul et les autres apôtres. Posons-nous, aujourd’hui, les deux questions suivantes :

1. EN QUOI CONSISTE

« LE MYSTERE DU CHRIST » ?

2. QUELLES EN SONT

LES ETAPES DE LA REVELATION

A L’EPIPHANIE ?

X X X 1 X X X

En quoi consiste

« LE MYSTERE DE CHRIST » ?

Paul nous donne quelques clés pour trouver la réponse. Il parle de « promesse ». ça, c’est un langage que nous comprenons, un langage que nous apprécions fortement. Que serait une vie sans promesses ? Nous ne saurions avancer sereinement si nous ne pouvions nous appuyer sur des promesses.

Comme gamins, nous nous faisons des promesses d’amis, des promesses d’ailleurs pas toujours avouables, par exemple de ne pas dénoncer l’autre quand il a fait quelque chose de répréhensible.

Dans le monde du travail, cela s’appelle contrat. Là, c’est surtout, en France, le CDI – contrat à durée indéterminée, donc non limité dans le temps – qui est une promesse rassurante.

Dans la vie de couple, ce sont les promesses d’amour, d’estime, de fidélité et d’entraide faites lors des engagements mutuels au cours de la cérémonie du mariage.

Dans l’Eglise, ce sont les vœux du Baptême, les engagements lors de la confirmation, de l’admission comme membre, ou lors de l’ordination et l’installation d’un pasteur ou la consécration d’un diacre.

Retirez ces promesses de votre vie, et vous avancez à l’aveuglette, comme à travers un brouillard. Vous ne savez où cela va vous mener.

Eh bien ! Dieu n’est pas un Dieu brumeux et évasif ; il n’est pas un Dieu du doute. Il est le Dieu des « promesses » et des certitudes. Ailleurs il est question d’« alliance », ce qui n’est rien d’autre qu’une promesse solennelle de fidélité. On parle de l’alliance du Baptême, de « la nouvelle alliance en son sang » dans la Cène (Lc 22.20).

Partout nous entendons Dieu nous rappeler sa « promesse » de « l’Evangile », de cette Bonne Nouvelle qui est centrée sur « Jésus-Christ ». C’est lui qui a poussé Dieu à nous faire toutes ces « promesses ». Sans « Jésus-Christ » – s’il ne nous avait pas réconciliés avec Dieu – ce serait la guerre entre Dieu et nous et non pas l’alliance et ses « promesses ». « Il y a un seul Médiateur entre Dieu et les hommes : Jésus-Christ ! » (1 Tm 2.5)

Cet « Evangile » ou Bonne Nouvelle est destiné à tous les hommes, aux « Juifs » comme aux « non-Juifs ». Cette Bonne Nouvelle « c’est que les non-Juifs sont cohéritiers des Juifs, qu’ils forment un corps avec eux et participent à la même promesse de Dieu en Jésus-Christ par l’Evangile. » (v. 6)

C’est dans son conseil éternel que Dieu a décidé de cette solution, solution « qui n’est pas montée au cœur de l’homme. » Mais « Dieu, avant tous les temps, l’avait préparée d’avance pour notre gloire » (1 Co 2.9).

Par nature, cet « Evangile », cette Bonne Nouvelle, est un « mystère » pour nous. Nous ne l’aurions pas trouvé tout seuls. Aussi Dieu, qui n’est pas un Dieu du doute et du désespoir, mais un Dieu de bonté, de promesses et de certitudes, a pris ses dispositions pour que ce « mystère » ne reste pas « mystère », pour que cette « Bonne Nouvelle » soit « proclamée à toute la création dans le monde entier » (Mc 16.15).

Voyons donc comment cette proclamation est venue jusqu’à nous, comment cet « Evangile » a fait son apparition, son « Epiphanie » parmi nous !

X X X 2 X X X

Quelles sont

LES ETAPES

DE LA REVELATION

JUSQU’à L’EPIPHANIE ?

les étapes par lesquelles « le mystère du Christ » a fait son « Epiphanie » parmi nous, par lesquelles il nous est apparu ?

& 1ère Etape &

« Le mystère du christ »

« a été révélé par l’Esprit

AUX APÔTRES »

« C’est par révélation qu’il m’a fait connaître ce mystère » (v. 3)

Dans une autre épître, sa 1ère aux Corinthiens, Paul écrit : « Nous, » les apôtres, « nous annonçons la sagesse de Dieu mystérieuse et cachée, celle que Dieu, avant tous les temps, avait préparée d’avance pour notre gloire. […] C’est à nous que Dieu l’a révélé par son Esprit, car l’Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu. » (1 Co 2.7+10)

Dans les deux épîtres, Paul utilise le mot grec ἀποκάλυψις « apocalypse » qui est aussi le premier mot et le titre du dernier livre de la Bible et qui signifie : « lever le voile », « montrer ce qui se cachait derrière », « révéler » ce qui était « caché ».

Effectivement, Dieu ne se rencontre pas au coin de la rue. Dieu ne se comprend pas dans sa Trinité. Quant à l’incarnation du Fils de Dieu et son expiation de nos péchés, à notre salut dû au seul Jésus-Christ par pure grâce, à l’alliance de Dieu avec nous scellée par des promesses fermes, tout cela est tellement contraire à tout raisonnement humain que cela nous serait resté « caché » pour toujours, si « l’Esprit » qui « sonde tout, même les profondeurs de Dieu, » ne l’avait pas « révélé » aux apôtres.

Ce « mystère » a été « révélé » progressivement avec de plus en plus de détails. Cela a commencé dès la chute d’Adam et d’Eve dans le péché. Au cours « des générations » de l’Ancien Testament, les prophéties du Messie se sont progressivement précisées. Ces « générations passées » connaissaient le salut par la foi, mais pas avec les mêmes détails qu’une fois Jésus venu au monde. « Ce mystère » « n’a pas été porté à la connaissance des hommes des générations passées comme il a maintenant été révélé par l’Esprit à ses saints apôtres et prophètes. » (v. 5) écrit Paul, les « apôtres » étant ici aussi appelés « prophètes », car ils proclament « le mystère » de Dieu.

Mais, précise l’apôtre Paul, « ce mystère » « m’a été confié pour vous » (v. 2), pour nous aussi. Et pour qu’il nous atteigne, pour que « ce mystère » libérateur atteigne le monde entier, le Saint-Esprit a fait plus que seulement le « révéler aux apôtres », il les a aussi inspirés dans leur travail de mise par écrit de cette révélation.

& & 2ème Etape & &

« Le mystère du christ »

a été inspire par l’Esprit

aux apötres pour leurs ecrits

« C’est par révélation qu’il m’a fait connaître ce mystère tel que je l’ai décrit en quelques mots » (v. 3)

Ce que l’apôtre Paul – comme les autres auteurs sacrés de la Bible – a « décrit en quelques mots », ce qu’il a mis par écrit, cela correspond exactement à ce que le Saint-Esprit lui a « révélé ». C’est « tel quel » dit-il. Dieu a veillé à cela. Dans sa 1ère Epître aux Corinthiens, il indique : « Nous en parlons […] avec la sagesse qu’enseigne l’Esprit saint » (1 Co 2. 13).

L’apôtre Pierre le dira ainsi : « C’est poussé par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 P 1.21). Nous pouvons être tranquilles : « Toute l’Ecriture est inspiré de Dieu » (2 Tm 3.16).

Elle « m’a été confiée pour vous » (v. 2) dit Paul. Cela s’adresse à nous, car le « mystère » du salut en Jésus-Christ concerne tout le monde. Cela s’est adressé auparavant, en particulier aux Ephésiens. Mais les écrits des apôtres devaient être recopiés et lus dans toutes les communautés.

Mais d’abord

& & & 3ème Etape & & &

« Le mystère du christ »

a été PORTE A LA CONNAISSANCE DES

« JUIFS »

Il est vrai, comme l’écrit Paul, « le mystère du Christ n’a pas été porté à la connaissance des hommes des générations passées comme … maintenant » (v. 5), n’empêche qu’il a été porté à la connaissance d’Abraham et de ses descendants à travers toute une série de prophéties messianiques. Certes, ils n’en connaissaient pas les détails « comme … maintenant », depuis la naissance, la vie, la mort et la résurrection de Jésus.

Les apôtres, par contre, ont prêché et répandu la réalité des faits dans leurs écrits. Les faits ayant eu lieu, leur prédication est plus claire, plus précise, plus détaillée. N’empêche qu’il y a un fil conducteur qui traverse tout l’Ancien Testament, depuis les livres de Moïse jusqu’au prophète Malachie, un collier de perles messianiques qui ont alimenté la foi des croyants de l’Ancienne Alliance. Songez au cantique de Marie (Lc 1.46-55), à celui de Zacharie (Lc 1.68-79), à celui de Siméon (Lc 2.29-32).

Ensuite, Jésus a sillonné la Palestine, parce qu’il était essentiellement et prioritairement « envoyé aux brebis perdues de la communauté d’Israël » (Mt 15.24). Nous ne connaissons qu’une brève incursion de Jésus en Phénicie (Mt 15.21-28), sinon il n’a annoncé « le mystère du royaume des cieux » (Mt 13.11) qu’au peuple d’Israël.

Les apôtres étaient tous des « Juifs », nom qu’on donnait à tous les Israélites depuis le retour de la captivité babylonienne. Et, juste avant son Ascension, Jésus les a chargés d’être ses « témoins » d’abord « à Jérusalem » et « en Judée », avant de se tourner vers « les extrémités de la terre » (Ac 1.8).

Paul, lors de ses voyages missionnaires, commençait toujours par entrer dans les synagogues des villes où il arrivait, pour annoncer « le mystère du Christ » d’abord à ses frères de sang.

Ce sont eux qui ont ensuite pris le relais, eux « les Juifs », emmenés par les apôtres juifs et leurs collaborateurs pratiquement tous juifs, pour passer à la dernière étape :

& & & & 4ème Etape & & & &

« Le mystère du christ »

a été PORTE A LA CONNAISSANCE DES

« NON-JUIFS »

Paul nous écrit : « Le mystère du Christ », « la grâce de Dieu », tout cela « m’a été confié pour vous » (v. 2), pas pour que je le garde pour moi, pas non plus pour que je le garde pour les seuls « Juifs », mais pour que je vous l’annonce aussi à « vous », les « non-Juifs ».

Paul et les apôtres ont prêché à leurs contemporains « Juifs » et « non-Juifs » que le Messie est venu pour sauver tous les pécheurs, de quelque origine ou appartenance qu’ils soient, que « les promesses de Dieu en Jésus-Christ » de faire « grâce » à quiconque place sa foi en Jésus, eh bien, ces promesses s’adressent à tous sans distinction. « L’Evangile », cette Bonne Nouvelle que Jésus est venu régler le problème de notre péché et de notre damnation, eh bien, cet « Evangile » doit être annoncé au monde entier.

Les apôtres et leurs collaborateurs, les évangélistes, ont mis par écrit ces « promesses » pour que les générations futures, comme la nôtre, puissent aussi en prendre connaissance. « En les lisant, » nous écrit Paul, « en lisant » la Parole inspirée de Dieu, « vous pouvez vous rendre compte … du mystère de Christ » (v. 4).

Et c’est ainsi que nous fêtons « l’Epiphanie » aujourd’hui, le fait que Jésus soit apparu dans nos vies avec sa « grâce », son pardon, son salut et sa vie.

Nous fêtons « l’Epiphanie » aujourd’hui, l’apparition de notre Sauveur dans nos vies, parce que nous, « les non-Juifs, [nous] sommes cohéritiers des Juifs, que [nous] formons un corps avec eux et participons à la même promesse de Dieu en Jésus-Christ par l’Evangile. »

Que le Seigneur, par son « Evangile » du « mystère du Christ », amène encore beaucoup de « Juifs » et de « non-Juifs » à venir nous rejoindre dans la famille des croyants, « cohéritiers du Christ » (Rm 8.17) !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig