lundi 17 novembre 2008

Sermon du dimanche 16 novembre 2008 - Avant dernier dimanche après la Trinité

Chants proposés :

Pour nous, bientôt, luira l’aurore LlS 304 : 1-4
Consolez vos cœurs qui pleurent LlS 323 : 1-3
Messagers de bonnes nouvelles LlS 185 : 1-5
ou :
Quand le soir descend AeC 609 : 1-4
Reste avec nous, Seigneur, le jour décline AeC 638 : 1-4
A Dieu seul j’abandonne AeC 634 : 1-4
(Toi qui disposes de toutes choses AeC 631 : 1-3)


1 Th 3.7-13

7 « C'est pourquoi, frères et soeurs, dans nos angoisses et nos épreuves, nous avons été encouragés à votre sujet par votre foi ;
8 En effet, maintenant nous vivons, puisque vous tenez ferme dans le Seigneur.
9 Comment exprimer en retour toute notre reconnaissance à Dieu à votre sujet pour toute la joie que nous éprouvons à cause de vous devant notre Dieu ?
10 Nuit et jour, nous le prions avec beaucoup d'insistance de nous permettre de vous revoir et de compléter ce qui manque à votre foi.
11 Que Dieu lui-même, notre Père, et notre Seigneur Jésus[-Christ] dirigent notre parcours jusque chez vous !
12 Que le Seigneur fasse grandir et déborder l'amour que vous avez les uns pour les autres et pour tous les hommes, à l'exemple de celui que nous avons pour vous !
13 Qu'il affermisse ainsi votre coeur pour qu'il soit irréprochable dans la sainteté devant Dieu notre Père, lors du retour de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints ! »


Chers frères et sœurs
confiés à mon ministère pastoral
sur le chemin de l’éternité,

Cette semaine, j’ai été empêché de consacrer suffisamment de temps à la rédaction d’un nouveau sermon. La formation des diacres et la préparation de leur examen final, les suites des réunions des jours passés, qu’elles aient été synodales ou régionales, et finalement le montage financier de trois dossiers missionnaires à finaliser avant vendredi (Niort en Poitou, Troyes en Champagne et Chinatown à … Paris), les trois groupes d’études bibliques et l’instruction des confirmands, tout cela ne m’a pas laissé le choix.
J’ai donc regardé dans ma réserve d’anciens sermons pour l’avant-dernier dimanche après la Trinité. Et là, encore une fois je n’avais pas le choix : le seul sermon écrit en français pour ce jour avant que je ne vienne parmi vous, c’est ce sermon sur ce texte de Paul.

Je me rappelle : déjà à l’époque, j’avais eu comme un mouvement d’étonnement et d’hésitation quand j’ai découvert le texte biblique que la série que je suivais cette année-là proposait à la prédication.
L’étonnement et le mouvement d’hésitation, ils sont provoqués par le sujet que l’apôtre développe sur l’arrière-plan du Jugement Dernier. C’est un sujet que, personnellement, je n’aime pas tant aborder, je préfère que d’autres le fassent. Tenez ! j’aimerais autant qu’exceptionnellement le président du conseiller presbytéral prêche là-dessus. – Valdo, tu veux venir ? …

Comme quoi il est bon qu’un pasteur ne soit pas entièrement libre de choisir ses textes de sermon, sinon il éviterait certains sujets. La coutume voulant qu’un pasteur suive une série fixe de textes appelés péricopes doit éviter qu’il ne prêche que sur des thèmes qu’il aime et se taise sur d’autres sujets un peu délicats.
Et bien voilà, je me jette à l’eau. Notre texte répond à la question :

QU’EST-CE QUI REND VOTRE PASTEUR HEUREUX ?

Il y a, certes, un tas de choses qui le rendent ou le rendraient heureux, comme vous aussi : plus de temps à consacrer à son épouse, à ses enfants et petits-enfants, davantage de moyens financiers, une vie sans problèmes, de bons amis, une santé à toute épreuve.
Vos vœux ne vont-ils pas aussi dans ce sens ? Nous pouvons, d’ailleurs, porter ces vœux dans la prière devant notre bon Père céleste. Notre bonheur sur terre ne lui est pas indifférent.
Ce qu’il faut savoir, cependant, c’est qu’il a souvent d’autres priorités que nous et qu’il nous faut aussi prier de nous donner l’humilité et la confiance pour nous ranger à ses priorités à lui.
Ces priorités se sentent aussi dans la réponse de notre texte à la question :

QU’EST-CE QUI REND VOTRE PASTEUR HEUREUX ?

Notre texte donne une triple réponse à cette question :

1. Votre foi de membres de l’Eglise rend le pasteur heureux.
2. Quand il peut vous apporter ce qui manque à votre joie, cela le rend heureux.
3. Lorsqu’il peut se rendre compte que vous êtes prêts pour le Retour du Christ.

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Votre foi en Jésus-Christ rend votre pasteur heureux.

Paul écrit : « Frères et soeurs, dans nos angoisses et nos épreuves, nous avons été encouragés à votre sujet par votre foi ; […] Comment exprimer en retour toute notre reconnaissance à Dieu à votre sujet pour toute la joie que nous éprouvons à cause de vous devant notre Dieu ? » (v. 7+9)
Tout apôtre qu’il était, Paul n’a pas connu un ministère sans problème. Il parle même d’« angoisses » et d’« épreuves ». Il ne vivait pas sur une autre planète. Il avait, comme vos pasteurs, à lutter contre son vieil homme dans une repentance et une foi de tous les jours.
Enfin, Satan voyait son ministère apostolique autant d’un mauvais œil que le ministère de vos pasteurs. Aussi, comme le dit Paul juste avant notre texte (1 Th 2.18), « Satan empêche » souvent vos pasteurs d’accomplir leur ministère comme ceux-ci le voudraient … ou le devraient.

Quelle joie alors pour Paul, retenu et immobilisé à Athènes, de recevoir par Timothée « de bonnes nouvelles de leur foi et de leur amour » (1 Th 3.6), d’apprendre que les Thessaloniciens, même privés de leur apôtre, « tiennent fermes dans [leur foi au] Seigneur » (v. 8) !

Voyez-vous : comme Paul, vos pasteurs vivent aussi parfois « dans la crainte que le tentateur ne vous ai tentés et que nous n’ayons travaillé pour rien » (1 Th 3.5). C’est qu’il est rusé, Satan : il manque ni de patience ni d’imagination pour tendre ses filets et nous détourner d’une vie faite de repentance et de foi.

Chaque fois que vos pasteurs se rendent compte que vous avez su esquiver les tentations de Satan pour « tenir fermes dans [votre foi au] Seigneur, » vos bergers sont remplis de joie et louent Dieu de ce que le loup n’ait pas réussi à leur ravir une des brebis du troupeau que le Seigneur leur a confiées.

Quelle joie pour un berger, que de voir que ses brebis le suivent et restent avides des pâturages évangéliques sur lesquels il les mène : la Parole et les sacrements. Tant qu’ils ont faim et soif de cette nourriture céleste, ils reçoivent, par la foi en Jésus, le pardon, la vie et le salut.

Ainsi, les bergers peuvent se réjouir de ce que leur ministère porte du fruit pour la vie éternelle.
Mais il y a autre chose qui réjouit un pasteur. C’est – pour parler avec Paul dans notre texte – lorsqu’il peut « compléter ce qui manque à votre foi » (v. 10),

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Pouvoir vous apporter ce qui manque à votre joie,
lorsque vous lui donnez l’occasion,
lorsque vous le laissez augmenter
votre foi en Jésus-Christ.
cela aussi rend votre pasteur heureux.

Nous savons – et c’est heureux pour nous ! – que « celui qui croit au Fils a la vie éternelle » (Jn 3.36), et ceci quelle que soit la solidité de sa foi. Quel serait notre sort si Dieu disait : « Vous serez sauvés si votre foi est aussi grande et aussi forte que celle de la femme syro-phénicienne (cananéenne) ! » (Mt 15.21-28) ? Non, rendons grâces à Dieu : il nous pardonne et nous accepte quelle que soit la solidité de notre foi en son Fils.
Tout croyant, tout pécheur qui sait que son salut dépend du Christ seul, aura cependant à cœur de « grandir » (v. 12) dans la connaissance et dans la foi de ce Sauveur merveilleux.

Ce n’est pas sans raison que les apôtres, inspirés par le Saint-Esprit, insistent tant pour que nous veillions à « grandir » dans la foi en Jésus-Christ.
Certes, nous sommes graciés, pardonnés et acceptés par Dieu si nous plaçons notre foi dans l’œuvre salutaire de son Fils, même si notre foi en son Fils est faible.

Il n’en demeure pas moins qu’il est plus facile de « tenir ferme », de résister aux tentations du diable, du monde et de nos propres tendances pécheresses, si notre foi est plus « ferme », plus ancrée dans les vérités évangéliques.
C’est aussi pour cela – pour augmenter votre foi en Jésus – que Dieu vous donne des pasteurs. Par leur prédication, par leur instruction, par leur cure d’âme, ils remplissent cette mission divine : rendre votre foi plus ferme, plus forte en Christ.

Aussi, toutes les occasions que vous donnez à votre pasteur de vous apporter l’Evangile le réjouissent. Ce n’est pas pour une raison égoïste qu’il se réjouit quand son Eglise est pleine, que les études bibliques ou autres activités sont bien fréquentées, mais parce qu’ainsi il a l’occasion de mieux vous conduire sur le chemin de la vie, de mieux vous amener à la maturité dans la foi.

Et c’est pour la même raison qu’il est attristé lorsque des brebis de son troupeau manquent au culte sans raison, à l’étude biblique, etc. Il ne peut alors guère leur être d’un grand secours pour affermir leur foi.
Un pasteur se réjouit aussi de voir ses paroissiens rassemblés autour de la Parole et des sacrements, parce que cela témoigne d’une certaine maturité de ses paroissiens. Ceux-ci montrent ainsi qu’ils savent où sont les vraies priorités, qu’ils savent que « l’homme ne vit pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4.4), de la bouche du Christ et de ses messagers.

Les paroissiens montrent ainsi qu’ils prennent au sérieux les rendez-vous que Dieu leur donne pour les instruire, les corriger, les exhorter, les affermir, les apaiser, les réjouir et les réconforter dans leur vie avec Dieu.
Voilà les situations dans lesquelles vos pasteurs peuvent « compléter ce qui manque à votre foi », travailler et affermir votre communion de foi avec Christ. C’est ce que Paul se propose de faire lorsqu’il pourra revenir à Thessalonique, et il s’en réjouit déjà à l’avance. Il sait qu’ainsi il les préparera à rencontrer leur Seigneur et Sauveur au Jour du Jugement Dernier.

C’est d’ailleurs là le troisième sujet de joie pour un pasteur :

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Pouvoir se rendre compte que vous êtes prêts pour le Retour de Christ,
rend votre pasteur heureux.

Paul écrit : « Que le Seigneur […] affermisse ainsi votre coeur pour qu'il soit irréprochable dans la sainteté devant Dieu notre Père, lors du retour de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints ! » (v. 12-13)

Ce qui réjouira un pasteur au Jour du Jugement Dernier, c’est de voir ses anciens paroissiens avec lui à la droite du divin Juge, de les voir, là, « irréprochables dans la sainteté […] avec tous les saints ! » de Dieu.
Les joies du ministère pastoral dont parle ici l’apôtre Paul sont des joies en étroite liaison avec la joie du Jugement Dernier. je m’explique :

Si votre pasteur se réjouit de votre foi en Jésus-Christ, c’est qu’il sait qu’en plaçant votre foi en lui et en son œuvre d’expiation, vos péchés vous sont pardonnés et recouverts par sa sainteté. Aux yeux de Dieu – pour l’amour du Christ qui s’est substitué à vous – vous qui croyez en Jésus, vous êtes reconnus « saints » comme Jésus.
Cette grâce divine réjouit votre berger. Grâce à elle vous êtes maintenant – et serez « irréprochable dans la sainteté devant Dieu notre Père, lors du retour de notre Seigneur Jésus ».

Pour que vos péchés demeurent ainsi pardonnés et recouverts par « la sainteté » de Jésus jusqu’à son « retour » en gloire, il faut « que le Seigneur [lui-même] affermisse ainsi votre coeur » dans la foi. Et cela, il le fait essentiellement par le ministère de votre pasteur, non pas par la personne du pasteur, mais par la Parole divine que celui-ci vous annonce, par les sacrements divins qu’il administre sur son ordre parmi vous.

Cultes, études bibliques, réunions des jeunes, instruction catéchétique et cure d’âme se tiennent dans cette perspective d’éternité : permettre au Saint-Esprit de vous maintenir et de vous affermir dans une foi toujours plus mûre et plus forte pour que vous soyez « irréprochable dans la sainteté devant Dieu notre Père, lors du retour de notre Seigneur Jésus ».

Pour résumer, voici donc ce qui rend votre pasteur heureux :

1. lorsque vous croyez en Jésus-Christ, le Sauveur,
2. lorsque vous me permettez de vous servir la nourriture spirituelle de l’Evangile,
3. lorsque vous êtes préparés à rencontrer le divin Juge.

Mais cela ne vous remplit-il pas, vous aussi, de joie ? Ne partageons-nous pas la même joie ?

Amen.

Jean Thiébaut Haessig