lundi 24 janvier 2011

Sermon du dimanche 23 janvier 2011 - 3ème Dimanche après l’Epiphanie

3ème Dimanche après l’Epiphanie

Texte : Jn 4.46-54

Chants proposés :

Toi qui disposes De toutes choses LlS 17 : 1-3

Mon Dieu, prête-moi l’oreille, LlS 292 : 1-4

La croix que Dieu me donne LlS 289 : 1-4

Gloire et louange au Dieu secourable LlS 161 : 1-3

46 « Jésus retourna à Cana en Galilée, où il avait changé l’eau en vin. Il y avait à Capernaüm un officier du roi dont le fils était malade.

47 Quand il apprit que Jésus était venu de Judée en Galilée, il alla le trouver et le pria de descendre guérir son fils, car il était sur le point de mourir.

48 Jésus lui dit : "Si vous ne voyez pas des signes et des prodiges, vous ne croirez donc pas ?"

49 L’officier du roi lui dit : "Seigneur, descends avant que mon enfant ne meure !"

50 "Vas-y," lui dit Jésus, "ton fils vit." Cet homme crut à la parole que Jésus lui avait dite et s’en alla.

51 Il était déjà en train de redescendre lorsque ses serviteurs vinrent à sa rencontre et lui dirent : "Ton enfant vit."

52 Il leur demanda à quelle heure il était allé mieux, et ils lui dirent : "C’est hier, à une heure de l’après-midi, que la fièvre l’a quitté."

53 Le père reconnut que c’était à cette heure-là que Jésus lui avait dit : "Ton fils vit." Alors il crut, lui et toute sa famille.

54 Jésus fit ce deuxième signe miraculeux après être revenu de Judée en Galilée.

Chers proches du Christ qui prend soin de vous !

« Prend-t-il vraiment soin de nous ? » nous demandons-nous parfois. « Se soucie-t-il vraiment de ce qui nous arrive ? » Ce n’est pas qu’aujourd’hui que ce questionnement s’insinue parfois dans les esprits.

Nous pensons parfois : « Ah ! si seulement Jésus se promenait aujourd’hui dans les rues de notre ville, au lieu de l’avoir fait il y deux mille ans à Cana, à Capernaüm et ailleurs en Palestine ! Nous nous adresserions à lui, comme Marie lors des noces à Cana, comme l’officier royal de Capernaüm venu le rencontrer, également à Cana ! »

Mais c’est, là, oublier plusieurs choses.

La mission de Jésus n’était pas de guérir tous les malades : la plupart n’ont pas été guéris et, d’ailleurs, même ceux qu’il a guéris sont retombé malades et sont morts un jour, comme ce sera, un jour aussi notre cas, après avoir connu une ou plusieurs guérisons au cours de la vie.

Quand Jésus a fait des miracles en intervenant pour résoudre un problème, c’était toujours pour appuyer sa prédication, non pas pour le miracle en lui-même. D’ailleurs, la Bible appelle ses miracles des « signes » (v. 54), des événements qui portent un message : celui de la Seigneurie toute-puissante de Jésus.

Ceci étant, ce n’est pas parce que nous ne pouvons plus le rencontrer au coin de nos rues qu’il serait déconnecté de nos vies. Il y est même intimement impliqué.

D’abord parce qu’il nous a chèrement rachetés pour que nous puissions être en sécurité auprès de lui.

Ensuite parce qu’« il a le pouvoir de tout soumettre à son autorité » (Ph 3.21) et que « sa domination est une domination éternelle qui ne cessera pas » (Dn 7.14)

L’événement relaté dans notre texte – la guérison du fils d’un « officier du roi » Hérode Antipas (v. 46) – « deuxième signe miraculeux » opéré par Jésus à Cana (v. 54), a-t-il quelque chose à nous apprendre ? nous concerne-t-il ?

Bien entendu ! Il nous montre comment

JESUS INTERVIENT EN SEIGNEUR

POUR LE BIEN DES SIENS

1. qui ont foi en lui,

2. qui grandissent dans la foi au contact de sa Parole,

3. qui lui attribuent les bienfaits.


X X X 1 X X X

Jésus intervient en Seigneur

pour notre bien qui avons foi en lui

La première chose qui me frappe à cette lecture, c’est que Jésus n’a pas de parti pris à l’encontre de quelque classe sociale ou politique que ce soit. « Un officier du roi » Hérode Antipas parmi les croyants ! Pour un scoop, c’en est un !

Notez les différences avec l’autre histoire, entendue lors des lectures liturgiques de ce jour (Mt 8.5-13) : S’ils habitaient tous les deux à Capernaüm, pour « l’officier du roi » c’est un fils qui est malade, pour « l’officier romain » c’est un serviteur ; « l’officier du roi » demande à Jésus de « descendre » de Cana à Capernaüm pour guérir son serviteur, « l’officier romain » n’en demande pas tant : « Dis seulement un mot, et mon serviteur sera guéri ! » (Mt 8.8)

Heureusement que Jésus n’attend pas de nous « une aussi grande foi » (Mt 8.10) que celle, donnée en exemple, de « l’officier romain » ! Heureusement qu’il ne se détourne pas de ceux qui n’ont que la foi de « l’officier du roi », ou celle, vacillante de ce père qui s’est écrié : « Je crois, viens au secours de mon manque de foi ! » (Mc 9.24).

Jésus avait pourtant une piètre opinion d’Hérode Antipas et de sa clique. N’avait-il pas mis ses disciples en garde : « Méfiez-vous du levain d’Hérode ! » ? (Mc 8.15)

Mais notre Seigneur ne fait pas d’amalgame, il sait faire la part des choses. Même au milieu d’un groupe à la moralité dépravée peuvent subsister des personnes honorables. Rappelez-vous « Abdias, le chef du palais » de l’immoral roi Achab ! Non seulement il était resté croyant, mais en plus il cachait et nourrissait une centaine de prophètes. (1 R 18.2-16)

Cela me rappelle mon amie, Viola Fronkova, de Bratislava en Slovaquie, qui, du temps du régime communiste agressivement athée, travaillait dans un ministère le jour et, le soir, animait des cercles bibliques dans la clandestinité.

Non, Jésus intervient « pour le bien de tous ceux qui l’aiment » (Rm 8.28), qu’ils soient israélites ou slovaques ou français, quel que soit le régime sous lequel ils vivent, et quelle que soit leur occupation, pourvu qu’ils mènent une vie de repentance et de foi en lui.

Ainsi il a reçu dans le cercle intime des apôtres un « Matthieu », ancien percepteur des Romains, catégorie de gens qui était connus pour être collabos et voleurs, mais aussi un ancien terroriste, « Simon le zélote ».

Et dans notre texte, il ne se détourne pas de cet officier d’un roi décrié pour ses mœurs immorales. Que cela nous soit une leçon : Jésus se préoccupe de tous les humains : nous aussi, ne faisons pas de discrimination ou de ségrégation entre les gens.

Mais que Jésus se préoccupe de tous, c’est aussi d’un immense réconfort pour nous-mêmes : donc, nous aussi, nous ne sommes pas exclus de son intérêt, de sa sollicitude, de ses préoccupations, quoi que nous ayons pu faire, quelle que puisse parfois être notre impression contraire.

« Le fils de l’officier du roi était malade » (v. 46). Jésus ne se détourne pas de cet homme. Il ne refuse pas de lui venir en aide. Oh ! il lui est arrivé de refuser de faire des miracles, « à cause de leur incrédulité », comme à Nazareth. (Mt 13.58)

Et avant de passer à l’acte, il dit à l’officier, mais ses paroles s’adressent en fait à la foule, car il parle au pluriel : « Si vous ne voyez pas des signes et des prodiges, vous ne croirez donc pas ? » (v. 48)

« L’officier du roi » montre que si. Lui, il croit sans avoir vu. Quand Jésus lui dit : « "Vas-y, ton fils vit !", cet homme crut à la parole que Jésus lui avait dite et s’en alla. » (v. 50)

Bien lui en prit de croire la parole du Christ ! « A l’heure où Jésus lui avait dit : "Ton fils vit." » (v. 53), son fils avait guéri à une trentaine de kilomètres de là !

Ne pensez pas qu’il était facile à cet homme de croire ce que Jésus lui disait. Il s’attendait à autre chose. Il voulait que Jésus vienne voir sur place et agisse en conséquence.

Il nous arrive aussi d’attendre autre chose. Tenez, quand Paul insistait pour que Dieu le délivrer d’un grave problème, Dieu lui a répondu : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse » (2 Co 12.9) Il a vraiment dû avoir confiance en Jésus pour croire que Dieu agirait puissamment en le laissant dans son épreuve.

Ayons confiance en Jésus qui est allé subir la colère de Dieu et les souffrances de l’enfer à notre place pour nous les éviter ! Ayons confiance en lui, même si sa façon d’agir ne correspond pas à ce que nous pensions, ou quand sa réponse est différente. « Tout pouvoir lui a été donné » (Mt 28.18) nous dit-il : il peut en user pour notre bien, et il va en user pour notre bien.

X X X 2 X X X

Jésus intervient en Seigneur

pour notre bien qui affermissons notre foi

au contact de sa Parole

Il est vrai, comme je l’ai déjà dit, qu’il n’est pas simple ni facile de faire confiance à Jésus, surtout, en plus, quand rien ne marche comme prévu ou souhaité. Non seulement ce n’est pas simple, c’est même impossible sans l’intervention du Saint-Esprit à travers l’Evangile.

Rappelez-vous le début de l’explication du 3ème Article du Credo dans le « Petit Catéchisme » de Martin Luther : « Je crois que je ne puis, par ma raison et mes propres forces, croire en Jésus-Christ mon Seigneur ni aller à lui. » Cela nous le confessons en nous fondant sur des paroles bibliques comme celle-ci : « Personne ne peut dire : "Jésus est le Seigneur !" si ce n’est par le Saint-Esprit. » (1 Co 12.3)

Mais nous continuons aussi à confesser avec Luther : « […], mais c’est le Saint-Esprit qui, par l’Evangile, m’a appelé, éclairé de ses dons, sanctifié et maintenu dans la vraie foi. »

Les paroles que Jésus a adressées à « l’officier du roi » ont fait leur effet, ont touché ce père éprouvé. Cela me rappelle que Jésus a dit un jour : « "Les paroles que je vous dis sont Esprit et vie" » (Jn 6.63) ; à travers mes paroles le Saint-Esprit produit la vie spirituelle de la foi, en attendant de faire suivre la vie éternelle. »

Chers amis, ne l’oublions jamais ! Il y en a qui disent qu’ils n’ont pas besoin d’aller au culte pour être sauvés. C’est vrai, le culte n’est pas une œuvre méritoire, on n’y va pas pour se mériter le salut, on y va parce que c’est le lieu où Dieu nous soigne, nous guérit, nous réconforte et nous arme pour affronter la vie, pour affronter la vie et la mort. C’est « l’assemblée » que Dieu ne veut pas que nous « abandonnions » (Hé 10.25), évitions ou ne fréquentions que rarement, car ce faisant nous empêchons le Saint-Esprit de nous faire grandir dans la foi, même de nous maintenir dans la foi, à travers la Parole et les sacrements.

« L’officier du roi » entendit les paroles de Jésus. C’est ce qui l’a amené à placer sa foi en lui. La Bonne Nouvelle que Jésus lui a annoncée a affermi sa foi en Jésus.

Notre foi aussi, Jésus l’affermit quand nous venons l’écouter au culte, quand nous venons le rencontrer dans la Cène. Il nous y dit des choses tellement fortes, tellement rassurantes, si chargées d’espérance et d’encouragements que cela nous fait grandir dans notre foi en lui.

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Jésus intervient en Seigneur

pour notre bien

qui lui attribuons toute gloire

Quand nous échappons à un danger, quand nous guérissons d’une maladie, quand nous surmontons une épreuve, quand quelque chose nous réussit, à qui l’attribuons-nous, à qui en attribuons-nous la gloire ?

« Le père reconnut que Jésus » (v. 53) était à l’origine de la guérison de son fils. Il aurait pu être sceptique et dire : « C’est une coïncidence fortuite que mon fils ait été guéri "à l’heure même où Jésus lui avait dit : Ton fils vit." » (v. 53)

Il aurait pu dire : « Ce sont les soins que lui ont donnés ma femme et les autres soignants qui ont guéri mon fils. » Non, il en attribue toute gloire à Dieu.

Chers amis, ces dernières semaines, ces derniers mois, nous avons prié pour André Ménégaux comme « l’officier du roi » avait prié pour son fils mourant. Des semaines de coma … Que c’était long ! Quelle profusion de soins aussi ! Un jour, j’ai compté une vingtaine d’appareils et d’écrans de toutes sortes branchés sur lui.

Il y a un mois il est sorti du coma, la semaine dernière on a pu l’asseoir dans un fauteuil. Cette semaine il avait l’esprit clair et nous avons pu nous entretenir. Le lendemain – jeudi dernier – il a pu quitter le service de réanimation pour un centre de rééducation.

A mon arrivée dans le service, mercredi, une infirmière s’est approchée de moi, toute radieuse : « N’est-ce pas merveilleux ? Nous avons réussi ! »

Loin de moi le désir de vouloir minimiser les efforts, la quantité et l’intensité de soins fournis par ce service … mais quand nous avons été seuls, c’est avant tout le Seigneur que nous avons remercié d’avoir exaucé les prières de la famille, nos prières aussi, y compris dans nos cultes.

Nous pouvons le remercier pour la couverture sociale que nous avons, car aucun de nous ne pourrait se payer des mois de soins aussi intensifs.

Nous pouvons le remercier d’avoir accordé sa bénédiction aux soins et à l’accompagnement du personnel soignant. Nous savons avec Jacques : « Tout bienfait et tout don parfait viennent d’en haut ; ils descendent du Père des lumières » (Jc 1.17).

En disant cela, nous ne voulons pas minimiser le rôle des politiques qui ont mis notre couverture sociale en place, ni celui des médecins et du personnel soignant. Remercier Dieu ne nous dispense pas de remercier – et de les remercier avec chaleur et émotion – ceux que Dieu a utilisés pour nous faire du bien, pour nous sortir d’un mauvais pas.

Mais n’oublions jamais de « reconnaître » – comme « l’officier du roi » l’a fait – qu’en dernier recours nous le devons à notre Seigneur, que c’est à la bonté, à la sollicitude et à l’intervention de Dieu que nous le devons.

« Qu’en tout Dieu reçoive la gloire qui lui est due à travers Jésus-Christ. C’est à lui qu’appartiennent la gloire et la puissance, aux siècles des siècles. Amen ! » (1 P 4.11)

Amen.

Jean Thiébaut Haessig