mardi 1 juin 2010

Sermon du dimanche 30 mai 2010

Fête de la Trinité

Texte : 2 Co. 13:13

Chants proposés :

Alléluia ! Soit gloire à Dieu ! LlS 130:1-4

Célébrons l’Eternel, notre Dieu, LlS 132:1-4

Béni soit le Seigneur, mon Créateur, LlS 131:1-4

« Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ,

l'amour de Dieu

et la communion du Saint-Esprit

soient avec vous tous ! »

Chers frères et soeurs,

chère assemblée en fête !

Aujourd’hui, nous pourrions parler du mystère de la Trinité, nous étendre sur le caractère surnaturel et divin des rapports entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et finalement nous perdre dans un dédale de questions auxquelles nous n'avons pas de réponses précises ici-bas.

En effet, le caractère trinitaire de Dieu nous demeure opaque, quelles que soient les bribes d'explications que nous en trouvons dans la Parole de Dieu.

Avec l'Église universelle, nous pouvons répéter que

« nous vénérons UN Dieu dans la Trinité et la TRINITÉ dans l'UNITÉ, sans confondre les Personnes ni diviser la substance : AUTRE est en effet la Personne du Père, AUTRE celle du Fils, AUTRE celle du Saint-Esprit ; mais UNE est la divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, ÉGALE la gloire, COéternelle la majesté. » (Symbole d’Athanase)

Si je continue sur cette lancée, vous direz avec raison : « Qu'est-ce qu'il est rasoir ! » – et vous rentrerez à la maison desséchés par des formules théologiques.

Cet aspect de notre Dieu est, certes, très intéressant, mais plutôt destiné à des études bibliques où l'on peut fouiller dans les textes, discuter, poser des questions. Alors on en retire aussi de la joie et du réconfort.

Aujourd'hui, nous voulons plutôt nous tourner vers ce que notre Dieu unique en trois Personnes a fait et continue de faire pour nous.

Car s'il a laissé dans l'ombre certains pans de sa divinité – parce que cela dépasse tout ce que nous pouvons comprendre ici-bas – il est par contre très clair quant à ses intentions à notre égard comme à l'égard du monde entier. Il est très clair aussi quant à son oeuvre en notre faveur et en faveur du monde entier.

Ceci est d'ailleurs très bien résumé dans la salutation apostolique qui termine la 2ème Lettre de l'apôtre Paul aux Corinthiens :

« Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous ! »

Sa « grâce », son « amour » et sa « communion », voilà ce qui résume tout ce que le Dieu trois fois saint nous a offert. Sa « grâce », son « amour » et sa « communion », voilà de quoi il veut combler le monde entier.

X X X 1 X X X

Si nous sommes réunis en ce lieu de culte aujourd'hui, c'est parce que nous savons que Dieu nous aime. C'est

son « amour »

qui nous attire vers lui.

Oh ! il a d'autres qualités dignes d'adoration. Ainsi, Dieu est tout-puissant, omniscient, partout présent, saint et éternel.

Mais s'il n'était que cela, nous essayerions de le fuir et de lui échapper. Car cela voudrait dire qu'il connaît tous nos péchés et qu'il peut nous atteindre partout pour nous les faire expier, et que cela arrivera à coup sûr, puisque, dans sa sainteté et sa justice, il ne peut pas laisser notre péché impuni.

Mais voilà, « Dieu est [aussi] amour » (1 Jn 4.8). Il nous aime et il aime le monde, comme des parents aiment leurs enfants même lorsqu'ils désobéissent. Ceux-ci les aiment alors avec tristesse, mais ils les aiment quand même et voudraient rétablir des relations où ils peuvent de nouveau les aimer avec joie.

Dans son amour pour les hommes, ses créatures tombées dans le péché, Dieu continue aussi à les aimer. Ainsi il ne cesse de nous procurer des conditions de vie sur terre qui nous permettent de vivre décemment.

Et si ce n'est pas le cas, ce n'est pas sa faute mais celle des hommes dont la convoitise sème l'injustice, dont la haine provoque l'anarchie et les guerres, et dont la soif irréfléchie de consommation et de confort pollue la création.

Mais il est toujours à nouveau frappant de voir combien l'action aimante de Dieu agit pour réparer les dégâts causés par l'homme pécheur. Il intervient ainsi pour bénir lorsque l’homme réfléchit et retourne aux règles divines de fraternité au sein de l'humanité, de justice sociale et de respect de la nature.

Voyez l'Europe de l'Ouest unie après le cataclysme des deux Guerres Mondiales ! Voyez aussi les forces que Dieu a déposées dans la nature pour réparer des catastrophes écologiques comme la pollution des rivières et des plages !

Mais « l'amour de Dieu » s'est avant tout manifesté envers nous dans un autre domaine. Il ne veut pas se cantonner dans le rôle de pourvoyeur de bonnes conditions de vie sur terre. Sa vision va plus loin, plus en profondeur aussi. C'est ce que nous indique la troisième bénédiction que Paul souhaite à tout le monde : « la communion » avec Dieu.

Avec la chute de l'humanité dans le péché, les hommes se sont retrouvé coupés de Dieu, sans communion avec lui, même foncièrement opposés à lui et voués à la damnation éternelle. Ce n'est pas pour cela que Dieu nous a créés.

Dans son grand amour, Dieu a donc cherché un moyen de rétablir cette communion entre lui, le Créateur saint et éternel, et nous, ses créatures coupables et mortelles.

X X X 2 X X X

Et c'est là le coup de maître – si je puis m'exprimer ainsi –, le coup de maître de Dieu : Dans son immense amour pour ce monde, il a trouvé une voie où notre péché se trouve puni sans exception et où, aussi inattendu que cela puisse paraître, nous échappons quand même à la punition. C'est la voie de

« la grâce de notre

Seigneur Jésus-Christ »

Non pas que Jésus seul nous ferait grâce, mais c'est Jésus qui a rendu possible que Dieu nous gracie au lieu de nous punir.

Jésus a marché dans la combine de Dieu. Comment pouvait-il en être autrement, puisqu'il est l'une des trois Personnes de la Trinité au sein de laquelle règne une parfaite concorde et unanimité ? Il faut néanmoins souligner l'attitude de Jésus, car ce à quoi il s'est prêté a été lourd de conséquences pour lui.

Il y a peu, on a beaucoup parlé de l’otage Clotilde Reiss, et on parle toujours des deux journalistes pris en otage en Afghanistan. Nous ne savons pas tout ce qui se discute vraiment en coulisses. Par contre, nous savons très bien quelle a été la rançon versée pour que nous soyons libérés de la colère de Dieu et de la damnation éternelle : Jésus s'est offert en victime expiatoire pour nous et le monde entier.

Il a tout pris sur lui, tout arrangé entre le Dieu saint et les pécheurs que nous sommes, pour que nous puissions être graciés par Dieu et reçus dans sa communion d'amour et de vie. Il a pris sur lui le poids de nos péchés – de tout ce que nous faisons chaque jour de travers et d'inamical, de tout ce qui ne correspond pas exactement à la sainte volonté de Dieu – tout cela il l'a pris sur lui et s'est fait punir à notre place.

Si quelqu'un paye vos dettes, vous êtes en règle. Jésus a payé la montagne de dettes que nous avions auprès de Dieu, il a pris sur lui et déplacé cette montagne de péchés qui nous séparait de Dieu et nous attirait sa colère et la damnation éternelle. Ce faisant, il nous a ouvert tout grand le chemin vers le coeur du Père, dans le Royaume de Dieu, dans sa « communion ».

Voilà pourquoi nous célébrons la Très Sainte Trinité : parce qu'elle est aussi la Très aimante Trinité, la Trinité pleine de « grâce » pour tous ceux qui acceptent le troc du Christ, pour tous ceux qui reconnaissent qu'ils ne sont rien par eux-mêmes devant Dieu, mais qu'ils sont devenus tout par l'intervention et le sacrifice parfaits du Christ.

N'est-ce pas là la bénédiction absolue, que de se savoir réintégré dans la « communion » de Dieu ? « Si Dieu est pour nous, » demande Paul, « qui sera contre nous ? » « Toutes choses" ne devront-elles pas alors « contribuer au bien de ceux qui aiment Dieu ? » (Rm 8.31+28) « Si Dieu est pour nous » et « avec nous », il ne l'est pas en tant que spectateur plus ou moins désintéressé, voire impuissant, mais comme Père affectueusement impliqué dans nos vies.

En tant que Père tout-puissant, il peut puissamment veiller sur nous, et comme Père qui nous connaît avec nos faiblesses et nos besoins profonds, qui connaît aussi l'avenir, il veille à ce que nous ne connaissions que ce qui consolide notre « communion » avec lui. Ainsi, nous pouvons avoir cette assurance : nous n’avons plus à endurer que des épreuves que nous pouvons supporter si nous nous appuyons sur lui.

Dans la « communion » de notre Dieu de « grâce » et d’« amour », nous pouvons regarder l'avenir avec sérénité et l'éternité avec joie. Car Dieu veille sur les siens pour ce temps et pour l'éternité. Jésus et son sacrifice nous en sont les garants.

X X X 3 X X X

L'ennui, le malheur, le drame même, c'est que l'homme naturel se fiche bien de l'amour et de la grâce de Dieu.

Certes, tout homme sincère et sensé sait très bien qu'il est pécheur et qu'il est continuellement confronté aux problèmes dus au péché sur terre. Mais il n'est pas prêt à admettre la portée infernale et éternelle du péché. Et il trouve ridicule, voire vexant, de devoir son salut exclusivement à un crucifié sémite. Il ne voit, d’ailleurs, pas non plus les avantages d'une vie dans

« la communion

du Saint-Esprit »

C'est là que Dieu utilise les envoyés en mission que nous avons l'honneur d'être sans le mériter. Voyez-vous : Si Dieu, notre Père bien-aimé, est foncièrement missionnaire, nous, qu'il a adoptés comme enfants et faits héritiers de son Royaume éternel, nous ne pouvons qu'être missionnaires comme lui.

Autrement dit, les bénédictions spirituelles et célestes que nous avons eues sans les mériter, nous tournent vers ceux qui en sont encore privés. Ceux qui, comme nous, ont été reçus dans la « communion » de Dieu se trouvent orientés, comme Dieu, vers ceux qui ne vivent pas encore cette « communion ».

Bref, l'Église ne peut qu'être missionnaire parce que le coeur du Seigneur de l'Église est tourné vers tous les hommes. « La communion du Saint-Esprit » aspire – c'est là sa nature profonde – à recevoir de plus en plus de pécheurs en son sein.

La raison en est simple : « la communion du Saint-Esprit » n'est pas quelque chose de statique mais de dynamique. Remarquez : Si Paul parle ici de « la communion du Saint-Esprit », ce n'est pas que les croyants ne seraient en « communion » qu'avec « le Saint-Esprit », mais parce que c'est « le Saint-Esprit » qui nous a appelés et nous maintient dans « la communion » avec Dieu.

Cela, il le fait « par l'Évangile » (1 Co 4.15 ; 1 P 1.23). C'est par ce message d'amour et de salut en Christ qu'il nous enracine dans la communion épanouissante avec notre Père céleste.

Certes, nous n'avons jamais rencontré le Saint-Esprit face à face. Ce sont des personnes qui se trouvaient déjà dans sa « communion » qui ont été les porte-parole ou les manoeuvres du Saint-Esprit pour nous le faire rencontrer.

C'étaient peut-être nos parents qui nous l'ont fait rencontrer dans notre Baptême alors que nous étions encore nourrissons. Mais cela peut aussi avoir été un ami ou un pasteur – voire une émission radio, la lecture de la Bible ou d'une brochure – qui nous a parlé de « la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ » et de « l'amour de Dieu » .

Or nous avons la promesse, donc la certitude, que cet « Évangile est une puissance de Dieu pour le salut » (Rm 1.16). Chaque fois que l'Évangile est annoncé, le Saint-Esprit agit sur les coeurs pour appeler ou confirmer les auditeurs dans la « communion » d'amour, de pardon et de vie de Dieu.

Nous avons été mis au contact de l'Esprit régénérateur par d'autres. À notre tour, rendons ce service à des incroyants. Au moment même où le Saint-Esprit nous a intégrés dans « communion » de Dieu, nous sommes devenus ipso facto missionnaires auprès des autres. Peut-être de mauvais – c'est possible – mais cependant des missionnaires, des témoins du Christ.

Vivre sa vie de chrétien, se conduire comme quelqu'un qui se sait béni dans « la communion du Saint-Esprit », c'est déjà un témoignage devant le monde.

Et puis, Dieu nous amène à croiser des gens déboussolés parce qu'ils ne connaissent pas le "nord spirituel", Dieu et sa paix. Saisissez l'occasion pour leur dire avec simplicité combien il est réconfortant et apaisant de se savoir gracié, pardonné, aimé, béni et adopté par le Père céleste.

Et n'oubliez pas de soutenir votre paroisse dans son rayonnement évangélisateur, ou de soutenir les outils que Dieu met à votre disposition comme L'Heure Luthérienne ou Mission et Jeunesse.

En disant cela, je ne prêche pas pour nous, mais pour ceux qui n'ont pas encore trouvé le chemin de « la communion » avec la Très Sainte mais aussi Très Aimante Trinité.

Cela ne vaut-il pas la peine de prier et de faire des dons pour soutenir le travail de votre paroisse, pour que, par exemple, de plus en plus de jeunes découvrent l'amour que Dieu leur porte en Jésus, ou pour que, le jour venu, votre pasteur puisse vous accompagner avec le réconfort de « l'Évangile » jusqu'à l'endroit où les anges vous prendront en charge pour vous porter au Paradis ?

Faites de votre paroisse un havre de « la communion du Saint-Esprit » pour que les nouveaux contacts y trouvent un témoignage vivant de ce que signifie se savoir aimé et sauvé par Dieu.

Alors nous pourrons travailler main dans la main pour témoigner dans notre voisinage des bénédictions qui se trouvent auprès de la Trinité, bénédictions gratuitement disponibles pour quiconque place sa foi en Jésus et en son sacrifice expiatoire.

Songez, le Saint-Esprit promet d'agir par notre témoignage ! Allons-nous rester muets, inactifs, clouer ainsi le bec au Saint-Esprit, et rendre ainsi inutile le sacrifice du Christ pour tant de personnes qui nous côtoient ?

La salutation de l'apôtre Paul s'adresse en premier lieu à la communauté chrétienne de Corinthe. Mais comme le Saint-Esprit l'a consignée dans le Nouveau Testament, elle s'adresse à toutes les communautés chrétiennes, aussi à vous :

« Que

la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ,

l'amour de Dieu

et la communion du Saint-Esprit

soient avec vous tous ! »

C'est là aussi notre prière missionnaire pour le monde incroyant.

Que Dieu « le Père, le Fils et le Saint-Esprit » nous remplisse du même amour missionnaire pour les autres dont nous avons bénéficié de sa part !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig, pasteur