lundi 16 février 2009

Sermon du dimanche 15 février 2009 - SEXAGESIME

Texte : Lc 8.4-15



4 « Une grande foule se rassembla et des gens vinrent vers lui de diverses villes. Alors il dit cette parabole :

5 "Un semeur sortit pour semer sa semence. Comme il semait,

une partie de la semence tomba le long du chemin ; elle fut piétinée et les oiseaux du ciel la mangèrent.

6 Une autre partie tomba sur un sol pierreux ; quand elle eut poussé, elle sécha, parce qu'elle manquait d'humidité.

7 Une autre partie tomba au milieu des ronces ; les ronces poussèrent avec elle et l'étouffèrent.

8 Une autre partie tomba dans la bonne terre ; quand elle eut poussé, elle produisit du fruit au centuple."

Après cela, Jésus dit à haute voix: "Que celui qui a des oreilles pour entendre entende."

9 Ses disciples lui demandèrent ce que signifiait cette parabole.

10 Il répondit :

"Il vous a été donné, à vous, de connaître les mystères du royaume de Dieu; mais pour les autres, cela est dit en paraboles, afin qu'en voyant ils ne voient pas et qu'en entendant ils ne comprennent pas.

11 Voici ce que signifie cette parabole :

la semence, c'est la parole de Dieu.

12 Ceux qui sont le long du chemin, ce sont ceux qui entendent ; puis le diable vient et enlève la parole de leur coeur, de peur qu'ils ne croient et soient sauvés.

13 Ceux qui sont sur le sol pierreux, ce sont ceux qui, lorsqu'ils entendent la parole, l'acceptent avec joie ; mais ils n'ont pas de racine, ils croient pour un temps et abandonnent au moment de l'épreuve.

14 Ce qui est tombé parmi les ronces, ce sont ceux qui ont entendu la parole, mais en cours de route ils la laissent étouffer par les préoccupations, les richesses et les plaisirs de la vie, et ils ne parviennent pas à maturité.

15 Ce qui est tombé dans la bonne terre, ce sont ceux qui ont entendu la parole avec un coeur honnête et bon, la retiennent et portent du fruit avec persévérance." »

Chers frères et sœurs, ensemencés par la semence divine !


« Ceux qui sont le long du chemin, ce sont ceux qui entendent [… »] « Ceux qui sont sur le sol pierreux, ce sont ceux qui […] entendent […] » « Ce qui est tombé parmi les ronces, ce sont ceux qui ont entendu la Parole […] » Tous ceux-là écoutent la Parole et … aucun n’est sauvé.

Chers amis, « écouter la Parole » de Dieu n’y change donc rien. Prêcher et écouter la prédication, c’est donc de la peine perdue. Aussi allons-nous nous éviter cet effort et rentrer tranquillement chez nous ! (faire semblant d’emballer ses affaires et de quitter la chaire … puis, bien entendu, y retourner !)

Si ce que je viens de vous dire à l’instant, je le pensais sérieusement, vous devriez douter soit de ma raison soit de ma foi. C’est pourtant ce que je dois toujours à nouveau entendre – et vous sans doute aussi : « On n’est pas sauvé par le fait d’aller à l’église ! »

Et ceux qui parlent ainsi s’attendent en plus que nous les prenions au sérieux, que nous les prenions pour des chrétiens.

Un agriculteur qui ne sème plus parce que tous les grains ne portent pas de fruit, on le prendrait pour un fou. Mais un « chrétien » qui ne va pas à l’église parce que la Parole semée ne porte pas de fruit chez tous les auditeurs, celui-là on devrait le prendre au sérieux !

Qu’est-ce que Jésus veut nous faire comprendre avec sa parabole du « semeur » ? Quel était le but qu’il visait ? Répartir les gens en différentes catégories ? Voulait-il nous apprendre à juger les gens, à les regarder de haut en les classant dans différentes cases ?

Ce serait le meilleur chemin vers la fatuité, l’orgueil, le complexe de supériorité, travers dans lesquels était tombé ce pharisien qui priait : « O Dieu, je te remercie de ce que je ne suis pas comme les autres ! » (Lc 18.11)

Eh bien non ! Avec cette parabole, Jésus ne veut pas diriger notre regard vers les autres. Au contraire, avec chacune des ces images – « chemin », « roc », « épines », « bon terrain » – il veut nous amener, chacun personnellement, à poser chaque fois la question : « Est-ce moi, Seigneur ? » (Mt 26.25 ; Mc 14.19)


« EST-CE MOI, SEIGNEUR ? »

MON CŒUR RESSEMBLE-T-IL

1. au chemin ?

2. au sol pierreux ?

3. au terrain envahi par les ronces ?

4. à la bonne terre ?

QUI SUIS-JE ?

X X X X X X X X X X X X

« EST-CE MOI, SEIGNEUR ? »

MON CŒUR RESSEMBLE-T-IL

X X X 1 X X X

au chemin ?

« Un semeur sortit pour semer sa semence. Comme il semait, Une partie de la semence tomba le long du chemin ; elle fut piétinée et les oiseaux du ciel la mangèrent. » (v. 5)

« Ceux qui sont le long du chemin, ce sont ceux qui entendent [la Parole de Dieu] ; puis le diable vient et enlève la parole de leur coeur, de peur qu'ils ne croient et soient sauvés. » (v. 12)

L’image est parlante. Sur un « chemin », la semence ne peut pas prendre racine. Sur un « chemin », la semence disparaît rapidement, soit qu’un coup de vent la balaye, soit que des passants la piétinent ou que des voitures l’écrasent, soit encore que les oiseaux la picorent. Il est clair que le chemin n’est pas un terrain fertile.

Le « chemin », c’est l’illustration d’un cœur dur, tellement dur que la Parole de Dieu ne peut y pénétrer, tellement dur qu’il ne peut retenir « la Parole » quand « le diable » – qui a plus d’un tour dans son sac – vient l’enlever.

Le but poursuivi par Satan est négatif, néfaste même, comme l’est tout son être. Tous ses efforts visent à empêcher que nous « entendions la Parole » de Dieu de façon à pouvoir la « retenir » (v. 15). En fait, il veut empêcher que l’Evangile de Jésus-Christ ne produise la foi dans nos cœurs. Il veut ainsi empêcher que nous ayons accès au pardon, à la grâce de Dieu et au salut.

Et s’il réussi avec l’un d’entre nous, cela le remplit de joie, d’une mauvaise joie. Et il est rusé. Il va rarement nous affronter de front, à découvert : ses tentations sont subtiles, la formulation ses mises en doute également. A Eve il n’a pas dit : « Dieu ment », mais : « A-t-il vraiment dit ? » Et ses insinuations sont alléchantes : il n’a pas dit que leur désobéissance les rendrait mortels ; non, il a fait croire que s’ils désobéissent à Dieu ils seront « comme Dieu » ! (Gn 3.1-5)

Voilà comment il essaye encore aujourd’hui de nous faire douter de Dieu et de sa Parole : en travestissant habilement ses mensonges.

« Le diable est le père du mensonge », il est même passé maître dans l’art de mentir. Ici il exagère, là il amoindrit : « Le péché n’est pas aussi grave que ça. Même, à y regarder de prêt, il n’y a pas de péché ; tout est plaisir ! »

C’est ainsi qu’il veut nous détourner de Dieu et de Sa Parole et nous entraîner avec lui dans la perdition éternelle, car « le diable est meurtrier dès le commencement » (Jn 8.44)

« "Est-ce moi, Seigneur ?" Mon cœur ressemble-t-il parfois au chemin qui ne permet pas à la Parole de "prendre racine" ? »

« "Est-ce moi, Seigneur ?" Quand je ne porte pas de fruits, quand ma vie ne fait pas honneur à mon Sauveur, quand je transgresse ta volonté, est-ce parce que je n’ai pas permis à ta Parole de prendre racine et de se déployer en moi ? »

« EST-CE MOI, SEIGNEUR ? »

MON CŒUR RESSEMBLE-T-IL

X X X 2 X X X

au SOL PIERREUX ?

« Une autre partie tomba sur un sol pierreux ; quand elle eut poussé, elle sécha, parce qu'elle manquait d'humidité. » (v. 6)

« Ceux qui sont sur le sol pierreux, ce sont ceux qui, lorsqu'ils entendent la parole, l'acceptent avec joie ; mais ils n'ont pas de racine, ils croient pour un temps et abandonnent au moment de l'épreuve. » (v. 13)

« Le sol pierreux », dans la nature, est rarement entièrement à nu. Il y a toujours un peu de poussière, des interstices avec un peu de terre, de la mousse. En plus, le sol rocailleux est plus chaud que la bonne terre. La semence lève rapidement. Mais quand il fait ensuite trop chaud, les racines n’ayant pas pu plonger dans la terre, la plante se dessèche et meurt.

« Ceux qui sont sur le sol pierreux, ce sont ceux qui, lorsqu'ils entendent la parole, l'acceptent avec joie. »

Quelque chose de ce qu’ils ont entendu les a attirés, leur a plu, les a même enthousiasmés, leur a fait croire que c’était là l’essentiel de la Parole, que c’était là l’essentiel de la foi, que c’était là l’essentiel que l’Eglise avait à procurer. Ils sont tout feu et flamme.

La Parole de Dieu trouve parfois un bon écho chez certains parce qu’ils l’ont mal entendue, ou entendue que superficiellement ; ils l’on mal comprise ; ils ont compris ce qu’ils voulaient bien comprendre et, sur le coup, ils n’ont pas du tout saisi le sens réel et profond de la Parole de grâce et de vie du Christ.

Et puis, quand ça se met à chauffer dans la vie, « au moment de l’épreuve », quand ils connaissent désillusions et échecs, ce qu’ils avaient recherché et cru trouver dans la Parole ne suffit pas à les rassurer, à les réconforter, à les armer pour tenir bon dans l’épreuve, et « ils abandonnent ».

« Ils abandonnent » parce qu’« ils n’ont pas de racines », ils n’ont pas plongé leur foi profondément et fermement dans ce que Jésus-Christ est venu leur apporter : sa paix, son pardon, sa réconciliation avec Dieu, l’alliance avec un Dieu qui pardonne et qui « fait tout coopérer pour le bien des siens » (Rm 8.28).

Chers amis, à un moment ou à un autre de la vie, nous sommes tous secoués par des épreuves, nous sommes tous assaillis par des souffrances, notre foi à tous est exposée à des tentations. N’oublions jamais : on ne peut alors « résister » et tenir bon qu’« avec une foi ferme », qu’« avec une foi inébranlable » en notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ (1 P 5.9)

Mais comment peut-on tenir fermement dans la bourrasque si on n’a pas des racines solides, si on n’a pas fermement placé sa foi dans l’œuvre de salut du Christ ? C’est pour avoir négligé de régulièrement consolider leur foi en Christ avec la Parole et les sacrements que beaucoup « ont fait naufrage avec leur foi ». En fait, ils ne se sont pas « appuyés sur les prophéties », ils ont ignoré ou perdu de vue les promesses de l’Evangile (1 Tm 1.18-19). Ainsi ils se sont mis en danger et ont perdu la foi et le salut.

« "Est-ce moi, Seigneur ?" Mon cœur ressemble-t-il parfois au terrain rocailleux qui ne permet pas que ma foi en toi se consolide ? »

« "Est-ce moi, Seigneur ?" Quand je suis ballotté par le doute, quand j’ai du mal à résister à une tentation, quand j’ai du mal à te garder ma foi au milieu de l’épreuve, est-ce parce que je n’enracine pas assez ma foi dans tes promesses, parce que je ne vis pas assez dans ta Parole ? »

« EST-CE MOI, SEIGNEUR ? »

MON CŒUR RESSEMBLE-T-IL

X X X 3 X X X

au TERRAIN ENVAHI PAR

LES RONCES ?

« Une autre partie tomba au milieu des ronces ; les ronces poussèrent avec elle et l'étouffèrent. » (v. 7)

Ceux qui ont un jardin savent combien de temps il faut consacrer à son entretien pour que la mousse, les mauvaises herbes et les ronces ne prennent pas le dessus.

Dans mon enfance, tous les champs et prés étaient cultivés et entretenus. Aujourd’hui, quand on sillonne la campagne, on est frappé par le nombre de champs envahis par les ronces, car laissés à l’abandon. Il n’y a plus assez d’agriculteurs pour tout cultiver et tout entretenir. On ne s’occupe que des grands espaces, les plus rentables. Là où, autrefois, les prés étaient nickel et où les champs alignaient proprement leurs céréales, leurs pommes de terre et leurs betteraves, souvent on rencontre maintenant des orties, des broussailles, de la mousse et autres chiendent. Ils ont tout envahi

« Ce qui est tombé parmi les ronces, ce sont ceux qui ont entendu la parole, mais en cours de route ils la laissent étouffer par les préoccupations, les richesses et les plaisirs de la vie, et ils ne parviennent pas à maturité. » (v. 14)

« "Est-ce moi, Seigneur ?" Les soucis ont-ils étouffé ta Parole dans mon coeur ? As-tu du mal à toucher mon cœur avec ta Parole parce que je me laisse totalement obnubiler par mes soucis : les soucis pour mes enfants, pour mon emploi, pour ma paroisse, pour la paix et la justice sociales, voire internationales ? »

« "Est-ce moi, Seigneur ?" Mon aisance matérielle a-t-elle étouffé ta Parole ? »

Nous pourrions maintenant secouer les épaules de façon incrédule : « Riche ? Moi ? »

Voyez-vous, le matérialisme et la soif de richesse ne commencent pas seulement quand on fait partie des patrons du CAC40, des 40 entreprises françaises les mieux cotées en bourse. La soif de richesses, la course après la richesse peut étouffer la Parole de Dieu davantage que ne le fait éventuellement la richesse elle-même. Tenez :

Combien de temps consacrons-nous aux efforts pour devenir plus riches et combien reste-t-il pour écouter, lire et méditer la Parole de Dieu ?

Et à peine avons-nous gravi un échelon et gagnons-nous plus, que nous planifions déjà toute notre vie pour gravir le suivant ?

D’autres sacrifient tout à un hobby, à des plaisirs qui en soi ne seraient pas un mal. Le sport, la musique, la peinture, le bricolage, le repos dominical, et j’en passe, tout cela peut être une bénédiction pour l’épanouissement de la vie personnelle et de la vie familiale. Mais cela peut aussi devenir une drogue, une addiction, une idolâtrie, quelque chose d’envahissant au point que la méditation de la Parole et la participation aux activités de la paroisse deviennent quelque chose de très épisodique.

Il ne s’agit pas ici, bien entendu, de dénigrer la volonté d’avoir de l’avancement, le fait d’avoir un plan de carrière ou de désirer augmenter ses revenus, voire la pratique d’un art ou d’un sport. Ce contre quoi Jésus nous met en garde ici, c’est contre la tentation de sacrifier sa vie spirituelle, celle de la famille aussi, à l’argent et aux loisirs, c’est de nous laisser déborder par nos activités au point de ne plus trouver le temps de méditer la Bible chaque jour.

Et quand nous avons relâché notre contact avec la Parole de Dieu, quand nous ne nous sommes plus placés régulièrement sous l’action sanctifiante du Saint-Esprit, la flamme de notre foi baisse, elle ne peut s’épanouir, « elle ne parvient pas à maturité », elle est en danger.

« EST-CE MOI, SEIGNEUR ? »

MON CŒUR RESSEMBLE-T-IL

X X X 4 X X X

a LA BONNE TERRE?

« Une autre partie tomba dans la bonne terre ; quand elle eut poussé, elle produisit du fruit au centuple. » (v. 8)

« Ce qui est tombé dans la bonne terre, ce sont ceux qui ont entendu la parole avec un coeur honnête et bon, la retiennent et portent du fruit avec persévérance. » (v. 15)

« La bonne terre », c’est l’endroit où la semence atteint son but. « Un cœur honnête et bon » qui « entend » et « retient la Parole », c’est un cœur où la Parole de Dieu a fait son effet, l’effet pour lequel elle a été annoncée. Un tel cœur « porte du fruit avec persévérance ».

« Est-ce moi, Seigneur ? » – Oui, Dieu merci ! en tout cas en général. Et ceci grâce à l’Evangile du Christ, cette « puissance de salut » (Rm 1.16) qui a réussi à féconder mon cœur comme une « bonne terre », ce cœur qui est parfois dur comme « le chemin », superficiel comme le peu de terre sur le « terrain rocailleux », encombré de toutes sortes de préoccupations qui étouffent la Parole comme « des ronces » peuvent étouffer le sol.

Oui, Seigneur, ta Parole puissante l’a fait, a rendu mon cœur fertile, y a produit « du fruit avec persévérance ».

Merci, Seigneur, pour la « persévérance » avec laquelle tu m’ensemences de ta Parole semaine après semaine, dimanche après dimanche, jour après jour. Merci pour le caractère merveilleux de ce fruit que ton Evangile fait lever en moi, un fruit qui « persévère », qui s’étend jusque dans « la vie éternelle » (Rm 6.22)

Ce « fruit digne de la repentance » dont Jean Baptiste parlait déjà (Lc 3.8), ce fruit que la Parole de grâce et de vie fait lever en nous et entretient en nous, ce sont « la foi, l’amour et l’espérance » (Rm 13) : la foi en Jésus-Christ qui nous pousse à vivre à sa suite dans l’espérance de la vie éternelle.

Seigneur, permets-moi de « porter du fruit avec persévérance ». Quand la situation devient pénible, quand quelque chose vient se mettre en travers de ma route, quand je suis confronté à de grandes difficultés, quand je ne peux faire autrement que renoncer à bien des choses que pourtant je désire, quand je me heurte à l’adversité, aide-moi à rester « persévérant » dans la foi, dans l’amour et dans l’espérance ! Que je ne jette pas le manche après la cognée, que je n’abandonne pas, que je ne devienne pas impatient, que je ne me laisse pas aller à des compromis avec ta Parole pour mieux m’en sortir… sans toi.

Aussi, Seigneur, aide-moi à méditer ta Parole en me l’appliquant à moi-même :

« EST-CE MOI, SEIGNEUR ? »

MON CŒUR RESSEMBLE-T-IL

1. au chemin ?

2. au sol pierreux ?

3. au terrain envahi par les ronces ?

4. à la bonne terre ?

Merci, Seigneur, d’avoir travaillé mon cœur pour en faire de « la bonne terre » et d’y avoir fait lever ta Parole. Rends-moi persévérant dans la foi, dans l’amour et l’espérance jusqu’à ce que tu viennes m’engranger dans ton ciel !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig


Chants proposés :

Qu’aujourd’hui toute la terre AeC 228 : 1-5

Le Seigneur soit avec nous AeC 224 : 1-7

Dans ta Parole, ô Dieu AeC 231 : 1-4

lundi 2 février 2009

Sermon du dimanche 1er février 2009 - Transfiguration

Texte : 2 Co 4 . 1-15


1 « Puisque par la bonté de Dieu nous avons ce ministère, nous ne perdons pas courage.

2 Nous rejetons les actions honteuses qui se font en secret, nous ne nous conduisons pas avec ruse et nous ne falsifions pas la parole de Dieu. Au contraire, en faisant connaître clairement la vérité, nous nous recommandons à toute conscience d'homme devant Dieu.

3 Si notre Evangile est encore voilé, il l'est pour ceux qui périssent,

4 pour les incrédules dont le dieu de ce monde a aveuglé l'intelligence afin qu'ils ne voient pas briller l'éclat que projette l'Evangile de la gloire de Christ, qui est l'image de Dieu.

5 Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes : c'est Jésus-Christ le Seigneur que nous prêchons, et nous nous déclarons vos serviteurs à cause de Jésus.

6 En effet, le Dieu qui a ordonné que la lumière brille du sein des ténèbres a aussi fait briller sa lumière dans notre coeur pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu dans la personne de Jésus-Christ.

7 Nous portons ce trésor dans des vases de terre afin que cette puissance extraordinaire soit attribuée à Dieu, et non à nous.

8 Nous sommes pressés de toutes parts, mais non écrasés ; inquiets, mais non désespérés ;

9 persécutés, mais non abandonnés ; abattus, mais non anéantis.

10 Nous portons toujours avec nous dans notre corps l'agonie du Seigneur Jésus afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps.

11 En effet, nous qui vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus afin que la vie de Jésus soit elle aussi révélée dans notre corps mortel.

12 Ainsi la mort est à l'oeuvre en nous, et la vie en vous.

13 Et comme nous avons le même esprit de foi que celui exprimé dans cette parole de l'Ecriture : J'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé, nous aussi nous croyons, et c'est pour cela que nous parlons.

14 Nous savons en effet que celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera aussi par Jésus et nous fera paraître avec vous dans sa présence.

15 Oui, tout cela arrive à cause de vous afin que la grâce, en se multipliant, fasse abonder la reconnaissance d'un plus grand nombre, à la gloire de Dieu.

Chants proposés :

Jésus-Christ né du Père LlS 65 : 1+3-4

Venez au Prince de la vie LlS 118 : 1-3

Messagers de bonnes nouvelles LlS 185 : 1-2+5

Jérusalem, laisse passer le Roi LlS 162 : 1-3

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ, Lumière du monde,

La Fête de la Transfiguration ! « Ah ! si nous aussi nous pouvions voir notre Sauveur transfiguré devant nous ! Cela nous aiderait à croire » pensons-nous parfois. Est-ce si sûr que cela ?

C’est que les miracles ne font qu’attirer l’attention, qu’impressionner, mais la foi en Jésus-Christ est exclusivement opérée par l’Evangile, cette Bonne Nouvelle de ce que le Christ a fait à notre place et pour notre compte.

Rappelez-vous cette parole d’Abraham, dans une parabole : « S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes » – la Parole de Dieu de l’époque – « ils ne se laisseront pas persuader, même si quelqu'un ressuscite. » (Lc 16.31) D’où l’importance – même l’extrême urgence – de la prédication de l’Evangile du Christ dans le monde, l’importance aussi du ministère pastoral.

La Fête de la Transfiguration termine le Temps de l’Epiphanie.

Le mot grec « Epiphanie » signifie : se montrer en brillant, apparaître avec splendeur, se manifester avec éclat. Justement, le texte de notre sermon, prévu pour un des dimanches du temps de l’Epiphanie, nous présente

LE MINISTERE DE LA PREDICATION

comme

UN MINISTERE D’EPIPHANIE.

Il s’agit

1. de faire resplendir la lumière du Christ dans les cœurs !

2. de ne pas craindre les ténèbres qu’il s’agit d’éclairer !

3. de faire confiance à Jésus qui appelle dans le ministère de porte lampe !

Le ministère de la prédication

est un ministère d’Epiphanie.

Aussi s’agit-il

X X X 1 X X X

DE FAIRE resplendir

la lumière du Christ

dans les cœurs !

Paul nous rappelle ici que le travail du prédicateur consiste à répandre « la connaissance de la gloire de Dieu » telle qu’elle se manifeste si brillamment « dans la personne de Jésus-Christ » (v. 6). Dans sa Première Epître à ces mêmes Corinthiens, Paul avait déjà écrit qu’il ne leur avait rien annoncé d’autre « que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié » (1 Co 2.2). Et pour cause !

Il n’y a pas trente-six – même pas deux – façons différentes pour un prédicateur de mettre en lumière la gloire de Dieu dans toute sa splendeur, dans tout ce qu’elle a de plus impressionnant et de plus attachant. Pour cela il faut, dit Paul ici, « faire briller l’éclat que projette l’Evangile de la gloire de Christ » (v. 4), « faire briller l’éclat », le caractère admirable de sa grâce et de sa miséricorde, de sa compassion et de son pardon, de sa réconciliation avec les pécheurs que nous sommes et de la certitude du salut qu’il nous procure.

C’est là le premier aspect du ministère d’Epiphanie : « faire briller » « la lumière » qu’il « a [déjà] fait briller dans [notre] coeur » (v. 6), être le porte lampe de celui qui « nous a appelés à son admirable lumière » (1 P 2.9) et qu’Esaïe appelait déjà « l’Admirable », « le Merveilleux » (Es 9.5) !

Quand on voit le marché de l’emploi (autrement dit, le taux de chômage, surtout sa progression), ou le niveau du moral de nos contemporains révélé par les sondages d’opinion, ou encore les listes d’attente chez les psy, on ne peut que constater : Ça n’a pas changé depuis que Paul a écrit, dans notre lettre : « Nous sommes pressés de toutes parts […] » – aujourd’hui, nous disons stressés – « nous sommes inquiets […], abattus […]. » (v. 8-9)

Beaucoup de nos contemporains broient du noir, avancent en tâtonnant, se sentent perdus dans les ténèbres, sans savoir où cela va les mener. Le malheur, c’est que la plupart d’entre eux ne se rendent même pas compte de la réelle profondeur de ces « ténèbres ». La plupart ne se rendent pas compte que tous ces dysfonctionnements chez nous, autour de nous et partout dans le monde ont une cause commune : le dysfonctionnement dans l’homme, ce que Dieu appelle péché, voire, chez beaucoup, mort spirituelle.

Qui d’entre nous pourrait affirmer qu’il ne se laisse pas lui-même envahir par les « ténèbres » du péché, qu’il n’est pas souvent en porte-à-faux avec la sainte volonté de Dieu, qu’il ne se sent pas aussi coupable de péché, qu’il ne manque pas parfois de foi en la bonté de Dieu à son égard ? C’est bien pour cela que nous avons, tout à l’heure, confessé nos péchés et reçu l’absolution comme des assoiffés qui recherchent l’eau qui désaltère.

C’est dans ce contexte – ici, parmi des gens qui ont soif de pardon, mais aussi entouré de gens qui n’ont pas encore découvert les bienfaits du pardon – que nous tous, et particulièrement nous pasteurs, nous faisons « briller l’éclat que projette l’Evangile de la gloire de Christ ». Certes, ce n’est pas nous qui allons pouvoir ni devoir donner les solutions à l’économie mondiale, voire régionale. Ce n’est pas cette lumière que répand l’Evangile. Mais dans le désarroi de nos contemporains, Jésus-Christ appelle les pasteurs à « faire briller sa lumière » dans les cœurs de façon à ce qu’ils puissent dire avec l’apôtre : « [Certes,] nous sommes pressés de toutes parts, mais non écrasés ; inquiets, mais non désespérés ; persécutés, mais non abandonnés ; abattus, mais non anéantis. » (v. 8-9)

Chère paroisse : En quoi consiste « la gloire de Christ » que votre pasteur doit faire « briller » parmi vous en annonçant « l’Evangile » ?

Paul le résume dans notre texte avec les mots : « l’agonie » et « la vie du Seigneur Jésus » (v. 10).

Seul le sacrifice expiatoire du Fils de Dieu pour nos péchés donne un éclairage à notre vie qui ne s’éteindra jamais. Pour toi, pour moi, pour « le monde entier » (1 Jn 2.2), le Fils de Dieu devenu homme a passé par les souffrances de « l’agonie », des souffrances particulières, car il a connu les souffrances de l’enfer pour nous les éviter. Puis, ayant pleinement expié nos péchés, Dieu le Père l’a « ressuscité » (v. 14) et installé dans la lumière de « la vie » éternelle.

« La Bonne Nouvelle » (v. 4), c’est que ce n’est pas là une histoire vieille de 2000 ans, c’est ton histoire, la mienne, notre histoire à nous, les croyants, nous y sommes intimement impliqués par la foi. « Nous savons, en effet, » avec Paul, « que celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera aussi par Jésus et nous fera paraître dans sa présence » (v. 14).

Voyez-vous, en faisant voir « l’éclat que projette [cet] Evangile de la gloire de Christ », les prédicateurs font « briller sa lumière dans [les] cœurs », ils donnent à la vie de leurs auditeurs un nouvel éclairage, l’éclairage de l’amour, du pardon et de la fidélité de Dieu, l’éclairage du salut éternel qui fait si chaud au cœur.

C’est là le ministère d’Epiphanie et de porte lampe dans lequel vos pasteurs ont été appelés par celui qui a fait l’Epiphanie dans nos cœurs. Il s’agit maintenant de l’exercer avec consécration et fidélité « afin que » – comme l’écrit l’apôtre ici – « la grâce, en se multipliant, fasse abonder la reconnaissance d’un plus grand nombre, à la gloire de Dieu » (v. 15).

Le ministère de la prédication

est un ministère d’Epîphanie.

Aussi s’agit-il

X X X 2 X X X

DE ne PAS crainDRE LES TENEBRES

qu’IL S’AGIT D’eclairer !

Il est vrai, « les ténèbres » ont quelque chose d’angoissant. La lumière permet l’épanouissement, « les ténèbres » l’empêchent. Dans le noir, non seulement on ne voit pas comment avancer et œuvrer, on ne voit pas non plus le danger, les menaces. C’est pour cela que l’Ecriture associe l’ennemi héréditaire, le diable, au « monde des ténèbres » (Ep 6.12).

Fondamentalement opposé à Dieu, il l’est tout autant à tout ce qui appartient à Dieu, à son royaume, la communauté des croyants. Et comme il ne peut pas s’en prendre directement à Dieu, il se déchaîne d’autant plus contre les enfants de Dieu, contre l’Eglise et son « Evangile ».

Il voit aussi d’un mauvais œil le ministère de porte lampe, comme celui de tous les témoins du Christ. Les prédicateurs sont en quelque sorte des généraux dans l’armée des croyants. Tout le monde sait que si on arrive à abattre, ou ne serait-ce qu’à affaiblir, le général, l’armée sera vaincue plus facilement.

C’est la lutte entre « la lumière » du Christ et « les ténèbres » de Satan. Dans ses épîtres, nous voyons Paul nous dire comment il a été impliqué dans cette lutte contre Satan qui dirige « ce monde » en « dieu » camouflé (v. 4). Tout chrétien peut témoigner du combat de la foi qu’il doit ainsi mener contre les tentations de tous ordres, contre les doutes insidieux. Ça se saurait si c’était différent pour nous, les pasteurs.

Paul énumère ici quelques difficultés que nous rencontrons dans notre ministère de porte lampe du Christ et de son Evangile. Il ne le fait pas pour nous faire peur, mais pour nous prévenir, pour nous conseiller, pour que nous ne soyons pas pris au dépourvu.

Satan « a aveuglé l’intelligence des incrédules » (v. 4) : il a tout fait pour que les incroyants « ne voient pas briller l’éclat que projette l’Evangile de la gloire de Christ » dans leur vie ; pour qu’ils y voient même tout le contraire : les uns un « scandale » les autres une « folie » (1 Co 1.23).

Si Satan « voile » ainsi « l’Evangile […] aux incrédules », aussi à ceux auxquels les pasteurs ont affaire dans l’exercice de leur ministère ou auxquels vous avez affaire dans votre vie, c’est pour les maintenir dans « les ténèbres » de « l’incrédulité » et nous empêcher de les conduire dans « la lumière » « que projette l’Evangile ».

En fait, il veut empêcher les incroyants d’échapper à « la perdition » éternelle à laquelle lui-même a été condamné. Quant à vous, chers paroissiens, vous, « les enfants de lumière » (Ep 5.8), sachez que Satan veut vous détourner de Jésus-Christ, seule véritable « Lumière du monde » (Jn 8.12), pour vous entraîner dans sa « perdition ».

C’est ainsi qu’il s’oppose à Dieu et à ses ministres de la Parole et leur rend leur ministère compliqué, voire difficile, dans certaines régions du monde même dangereux.

Mais il est possible de « lui résister avec une foi inébranlable » (1 P 5.9) ; il est possible de ne pas lui succomber : en faisant confiance à Jésus-Christ. Si ces paroles de l’apôtre s’adressent à tous les croyants, elles prennent une signification toute particulière pour un porte-parole du Christ dans ses efforts pour faire reculer les ténèbres : Nous sommes pressés de toutes parts, mais non écrasés ; inquiets, mais non désespérés ; persécutés, mais non abandonnés ; abattus, mais non anéantis. »

Le ministère de la prédication

est un ministère d’Epîphanie.

Aussi s’agit-il

X X X 3 X X X

DE FAIRE confiance à Jésus

qui APPELLE DANS LE MINISTERE

DE porte lampe !

une vérité éminemment réconfortante et encourageante dans l’exercice du ministère pastoral est celle que Paul énonce au début de notre texte : « Nous avons ce ministère par la bonté de Dieu. » (v. 1) Si Dieu n’était pas bon, il n’aurait pas institué le ministère qui consiste à faire « briller l’éclat que projette l’Evangile de la gloire de Christ », il nous laisserait tous macérer dans l’aveuglement des « ténèbres » pour nous laisser dériver vers la « perdition » éternelle.

Mais « puisque » le ministère pastoral est l’expression de « la bonté de Dieu », « nous ne perdons pas courage » (v. 1). Dieu n’est pas versatile : il assistera ses prédicateurs de sa « bonté » pour autant qu’ils considèrent leur ministère pour ce qu’il est, pour autant aussi qu’ils l’exercent dans les bonnes dispositions.

Un prédicateur s’adresse à ses paroissiens avec ces paroles de Paul : « Je me déclare votre serviteur à cause de Jésus. » (v. 5) Notre ministère n’a de sens qu’en relation avec Jésus-Christ. C’est lui notre boss, c’est lui aussi le Chef de l’Eglise (Col 1.18).

Cela a une autre conséquence, comme Paul le rappelle ici : « Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes : c'est Jésus-Christ le Seigneur que nous prêchons » (v. 5), c’est « l’éclat que projette l’Evangile de la gloire de Christ » que nous faisons « briller », pas notre gloire personnelle. Celle-ci ne peut que faire écran, de l’ombre, à la gloire du Seigneur de l’Eglise, du Seigneur des pasteurs.

Que sommes-nous, pasteurs ? Paul sait parler crûment à l’occasion : nous sommes « des vases de terre », dit-il. « Nous portons ce trésor » – la lumière de l’Evangile du Christ – « dans des vases de terre » « nos corps mortels » (v. 10) – « afin que cette puissance extraordinaire » – l’Evangile – « soit attribuée à Dieu et non pas à nous » (v. 7)

L’efficacité de notre ministère, les fruits qu’il porte, ne viennent pas de nos capacités humaines forcément limitées, mais de Dieu qui a doté de « puissance » divine « l’Evangile » que nous faisons briller (Rm 1.16).

Priez pour vos pasteurs, qu’ils demeurent fidèles à leur Seigneur, au seul Sauveur possible vos âmes ; qu’ils exercent leur ministère en toute fidélité, « en faisant connaître clairement la vérité » (v. 2), et en laissant le Seigneur faire le reste. C’est son entreprise. Il a clairement réparti les rôles : nous sommes ses porte lampe, mais c’est sa « lumière » qui éclaire les esprits et réchauffe les cœurs par la puissance du Saint-Esprit.

C’est là une disposition divine claire, une invitation qui ne l’est pas moins, mais aussi un encouragement sans pareil.

Rappelons-nous :

Le ministère de la prédication

est un ministère d’Epîphanie.

faisons confiance à Jésus

qui a appelé les predicateurs

pour être

ses porte lampe !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig