lundi 5 avril 2010

Sermon de Pâques 04 avril 2010

FETE DE PÂQUES

Texte : Ac 10.34-43

34 « Alors Pierre prit la parole et dit : "En vérité, je reconnais que Dieu ne fait pas de favoritisme

35 et que dans toute nation, celui qui le craint et qui pratique la justice lui est agréable.

36 Il a envoyé sa parole aux Israélites en leur annonçant la paix par Jésus-Christ, qui est le Seigneur de tous.

37 Vous savez ce qui est arrivé dans toute la Judée, après avoir commencé en Galilée suite au baptême que Jean a prêché.

38 Vous savez comme Dieu a déversé une onction de Saint-Esprit et de puissance sur Jésus de Nazareth, qui allait de lieu en lieu en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient sous la domination du diable, parce que Dieu était avec lui.

39 Nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Lui qu’ils ont tué en le clouant sur la croix,

40 Dieu l’a ressuscité le troisième jour et a permis qu’il apparaisse,

41 non à tout le peuple, mais aux témoins choisis d’avance par Dieu, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection.

42 Jésus nous a ordonné de prêcher au peuple et d’attester que c’est lui que Dieu a désigné juge des vivants et des morts.

43 Tous les prophètes rendent de lui le témoignage que toute personne qui croit en lui reçoit par son nom le pardon des péchés."

44 Pierre parlait encore, quand le Saint-Esprit descendit sur tous ceux qui écoutaient la parole.

45 Tous les croyants circoncis qui étaient venus avec Pierre furent stupéfaits de ce que le don du Saint-Esprit était déversé même sur les non-Juifs. »


Chers frères et sœurs en Celui

qui nous entraîne dans sa glorieuse résurrection !

S’il y a une occasion, au cours de l’année, où nous nous réjouissons particulièrement, c’est à l’occasion de la réjouissante fête de Pâques ! Rien ne doit être trop beau pour faire de cette fête une fête grandiose.

Nous apparaissons devant notre Seigneur ressuscité et victorieux dans nos habits les plus festifs. Notre cœur s’élève vers le divin Ressuscité dans des cantiques exaltants. C’est la grande, la principale fête de la chrétienté.

Pourquoi ? Parce qu’il y a deux mille ans, « notre Sauveur Jésus-Christ a réduit la mort à l'impuissance et a mis en lumière la vie et l'immortalité » (2 Tm 1.10). Ce jour-là, il nous a donné la preuve éclatante qu’il nous a délivrés du péché et de ses conséquences destructrices, que nous sommes aussi cohéritiers avec lui des bénédictions divines et éternelles.

Oui, qu’il soit loué

Le Sauveur ressuscité, le Dieu de notre salut !

Etonnante et surprenante, que cette nouvelle que l’Eglise chrétienne a à annoncer à tous les pécheurs depuis 2000 ans ! C’est la nouvelle que Dieu aime le monde à cause de Christ, que par Christ, Dieu a sauvé le monde du péché, de la mort et de la damnation !

Notre histoire nous apprend comment cet évangile libérateur a commencé à se répandre parmi les païens. Notre texte est le résumé de la prédication que Pierre a donnée devant la famille et les employés de l’officier romain Corneille, dans sa maison à Césarée.

Et ce que Pierre a prêché à l’époque, cela affermit aujourd’hui encore notre foi en notre Seigneur Jésus-Christ. Cela nous fait chanter d’allégresse à cause de toutes ces vérités fondamentales de la foi chrétienne que nous pouvons résumer ainsi :

Le Sauveur ressuscité

est

le Dieu de notre salut !

1. Sa vie et sa mort nous apportent le salut.

2. Sa résurrection nous l’atteste avec éclat.


1

Sa vie et sa mort

nous apportent le salut

Avant de ressusciter de la mort, Jésus a vécu et est mort pour pouvoir nous sauver. C’est avec cette vérité que Pierre commence son message de Pâques. Sans la vie et la mort de Jésus, sa résurrection n’a pas de sens.

Pierre, en véritable expert en mission, commence avec ce que le centurion et ses gens savaient déjà de Jésus : « Vous savez ce qui est arrivé dans toute la Judée, après avoir commencé en Galilée suite au baptême que Jean a prêché. Vous savez comme Dieu a déversé une onction de Saint-Esprit et de puissance sur Jésus de Nazareth, qui allait de lieu en lieu en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient sous la domination du diable, parce que Dieu était avec lui. Nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. » (v. 37-39)

Oui, ça, ils le savaient ; ces nouvelles étaient arrivées jusqu’à Césarée. Dieu avait fait en sorte qu’on parle de la vie, de la mort et de la résurrection de ce Jésus de Nazareth jusque sur les rivages de la Méditerranée.

S’appuyant sur ce qu’ils en savaient déjà, Pierre se met maintenant à leur en expliquer la profonde signification et les merveilleuses conséquences. Nous aussi, nous avons besoin qu’on nous les rappelle constamment : Jésus de Nazareth est vrai Dieu. Depuis sa conception par le Saint-Esprit dans la vierge Marie il est aussi vrai homme. Et ce Jésus à la fois Dieu et homme n’a jamais refusé son aide à ceux qui venaient à lui.

Il est devenu homme pour accomplir la volonté de son Père. Dans cette mission exceptionnelle il s’est laissé guider par le Saint-Esprit, la troisième Personne de la Trinité. Et il a remplie sa mission à la perfection : Sa vie visible sur terre a correspondu en tous points à la sainte volonté du Père. Il a été obéissant en tout aux saintes exigences de la Loi de Dieu.

Et cela, il l’a fait à notre place et pour notre compte, parce que nous n’y serions jamais parvenu. Cela, il l’a fait pour satisfaire les exigences de Dieu à notre égard et apaiser la colère de Dieu contre nous.

« Il s’est dépouillé lui-même en faisant preuve d’obéissance jusqu’à la mort. » Son obéissance allait atteindre son paroxysme, physiquement, à « la mort sur la croix » (Ph 2.8). Mais le plus terrible n’était pas visible : son obéissance jusque dans les souffrances des peines de l’enfer.

C’est qu’il a demandé à son Père de le damner à notre place, à la place de tous les pécheurs de tous les temps. Il voulait payer pour nos péchés pour nous éviter notre châtiment, pour nous sauver ; il voulait être notre Sauveur.

Pour cela il devait devenir vrai homme : sa soumission à la Loi de Dieu devait se faire dans les mêmes conditions que la nôtre. Il ne devait en rien connaître des privilèges, des aménagements.

En même temps, si son obéissance et son expiation devaient avoir la valeur suffisante « pour les péchés du monde entier » (1 Jn 2.2), il fallait qu’il soit aussi vrai Dieu.

C’est ainsi que Jésus de Nazareth, à la fois vrai Dieu et vrai homme, est devenu notre Sauveur.

2

Sa résurrection

nous atteste avec éclat notre salut

La Bible présente toujours à nouveau la mort et la résurrection de Jésus comme un tout.

Ainsi, quand Paul écrit aux Philippiens : « Jésus-Christ s’est humilié lui-même en faisant preuve d’obéissance jusqu’à la mort, même la mort sur la croix. C’est aussi pourquoi Dieu l’a élevé à la plus haute place. » (Ph 1.8-9)

Ou quand il écrit aux chrétiens de Rome : « Jésus, notre Seigneur, a été donné à cause de nos fautes et est ressuscité à cause de notre justification. » (Rm 4.25)

Dans notre histoire, après que Pierre ait dit à Corneille et aux siens : « Jésus de Nazareth qu’ils ont tué en le clouant sur la croix, » il continue : « Dieu l’a ressuscité le troisième jour. » (v. 39-40)

En entendant ces paroles, on ne peut se défaire de l’impression que les pouvoirs démoniaques voulaient anéantir le Sauveur, le salut et donc nous, les sauvés, mais Dieu a déjoué leurs plans. Ils n’ont pu tuer Jésus que parce qu’il l’a bien voulu, mais « Dieu l’a ressuscité », une fois sa mission « accomplie » à la perfection (Jn 19.30)

C’est là l’événement sensationnel de Pâques : la mort a trouvé son maître ! De nombreuses personnes peuvent en témoigner pour avoir vu le Ressuscité. Un jour, il est même « apparu à plus de 500 frères et sœurs à la fois, dont la plupart sont encore vivants, » écrit Paul quelques 25 ans plus tard (1 Co 15.6) ; on pouvait donc vérifier auprès d’eux.

Mais nous ne croyons pas seulement à la résurrection de Jésus parce qu’elle a eu d’innombrables témoins, mais surtout parce que tout le témoignage du Saint-Esprit dans la Bible se focalise sur cette résurrection.

Sa mission de sauver l’humanité des conséquences du péché tendait vers cet aboutissement : la résurrection. Et là il devient évident : la résurrection de Jésus était inéluctable pour différentes raisons, et chacune de ces raisons nous apporte soulagement et réconfort.

Sa résurrection atteste que son Père est satisfait de l’œuvre de rachat « accomplie » (Jn 19.30) par son Fils ; que le Père accepte comme suffisant pour notre rachat le sacrifice apporté par son Fils.

Aussi le Père « l’a ressuscité », nous signifiant ainsi : vous pouvez faire entièrement confiance à l’expiation de vos péchés par mon Fils ; il vous a vraiment « réconciliés » avec moi (2 Co 5.18-19), sa résurrection vous le prouve.

Paul écrit aux chrétiens de Corinthe : « Si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est inutile, » il est inutile d’attendre de lui votre salut, « vous êtes [alors] perdus », car toujours sous la colère de Dieu (1 Co 15.17-18).

« Mais en réalité, Christ est ressuscité des morts » (1 Co 15.20) ; aussi avez-vous tout à fait raison de vous en remettre à lui pour obtenir le pardon, la vie et le salut.

Ayez foi en lui ! D’autant que sa résurrection prouve aussi « qu’il est le Seigneur de tous », comme le dit Pierre ici (v. 36). Rien ne peut s’opposer à son autorité ; tout lui est soumis, même la mort, cette chose qui nous fait tellement peur. Rien ne peut l’empêcher de tenir parole, pas non plus la mort. Il avait dit qu’il serait là, vivant, parmi eux, trois jours après sa mise à mort. Eh bien, la mort n’a su le retenir ; elle a dû se coucher devant lui.

Cela ne pouvait réussir qu’à Dieu : tenir parole malgré la mort. Sa résurrection prouve donc aussi que Jésus est Dieu et que nous pouvons nous fier à ce qu’il nous dit.

C’est à ce « Seigneur de tous » que nous avons la chance d’appartenir, à ce Seigneur qui étend sa seigneurie sur tout, même sur la mort ! Que pourrions-nous espérer de plus merveilleux ? de plus rassurant ?

Et « Jésus », ce « Seigneur de tous » et sur tout, dit Pierre, « nous a ordonné de prêcher au peuple » (v. 42). Voilà comment notre Seigneur ressuscité exerce maintenant sa fonction prophétique dans le monde : à travers nous, son Eglise de graciés, de sauvés, de témoins.

Et qu’est-ce qui doit être attesté et prêché ? La Loi et l’Evangile !

La Loi qui dit que « c’est lui [Jésus] que Dieu a désigné juge des vivants et des morts. » (v. 42). « Il nous faudra tous comparaître devant le tribunal de Christ » (2 Co 5.10) mort et ressuscité pour nous, et nous serons jugés selon que nous aurons accepté avec foi ou rejeté sa mort expiatoire et sa résurrection.

C’est surtout cet Evangile que l’Eglise doit annoncer, Evangile que Pierre résume ainsi à Corneille : « que toute personne qui croit en lui reçoit par son nom le pardon des péchés. » (v. 43)

Oui, viens te réfugier avec foi auprès du Ressuscité ! Il a payé pour nos péchés ! Toi qui viens te réfugier auprès de Jésus avec foi, Dieu ne te compte plus tes péchés, il ne t’en tient plus rigueur, en Jésus tu as reçu le pardon !

Toi qui crois en ton Sauveur, le verdict de damnation ne te concerne plus, Jésus te fait partager sa vie, déjà ici-bas, puis, plus tard, dans la félicité éternelle. « Celui qui croit au Fils a la vie éternelle. » (Jn 3.36) Celui qui se confie au Ressuscité est reçu dans sa communion de vie, une communion éternelle que même la mort ne peut détruire.

A l’occasion d’un décès, Jésus a déclaré : « C’est moi qui suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, même s’il meurt ; et toute personne qui vit et croit en moi ne mourra jamais ! » (Jn 11.25-26)

En cela aussi, sa résurrection nous est une garantie. Sa glorieuse victoire sur le péché, la mort et Satan nous touche de si près qu’elle affecte et transforme notre existence pour l’éternité.

Maintenant nous pouvons jubiler avec les prophètes Esaïe et Osée et avec l’apôtre Paul : « La mort a été engloutie dans la victoire. Mort, où est ta victoire ? Enfer, où est ta victoire ? […] Que Dieu soit remercié, lui qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ ! » (1 Co 15.54-57 ; cf. Es 25.8 et Os 13.14)

« Tous les prophètes rendent témoignage de lui, » le Ressuscité (v. 43), de même que le font tous les apôtres. C’est avec ce témoignage unanime des prophètes et des apôtres que le Saint-Esprit nous a convaincus, comme il l’a fait avec Corneille et les siens, de la Seigneurie de Jésus de Nazareth. C’est ce témoignage qui nous fait chanter en ce jour, louer et adorer notre Seigneur comme le Dieu de notre salut.

C’est en lui que nous voulons nous confiez, c’est à lui que nous voulons rendre hommage et mener une vie en son honneur, entraînés par la force de sa résurrection.

Qu’il nous accorde aussi la grâce de mourir un jour à la lumière de sa résurrection en attendant de la vivre réellement et dans la joie lors de son retour en gloire !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

Chants proposés :

Ouverture :

Entonnons en ce jour un cantique nouveau LlS 103:1-6

Après l’Ancien Testament :

A toi la gloire, ô Ressuscité ! LlS 100:1

Après l’Epître :

A toi la gloire, ô Ressuscité ! LlS 100:2

Après l’Evangile :

A toi la gloire, ô Ressuscité ! LlS 100:3

Avant le sermon :

Louons Dieu de tout notre cœur ; LlS 109:1-4

Avant la Cène :

Christ est ressuscité ! c’est le cri de victoire LlS 102 :1-5

Durant la distribution :

Jésus, Sauveur adorable, Tu m’invites à ta table LlS 165:1-5

*

Sermon du vendredi saint (04 avril 2010)

VENDREDI SAINT

Texte :Mt 27.19

« Pendant que Ponce Pilate siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire : "N’aie rien à faire avec ce juste, car, aujourd’hui, j’ai beaucoup souffert dans un rêve à cause de lui." »

Chers frères et sœurs en Jésus, notre Sauveur,

S’il y a une femme, dans l’histoire de la Passion de notre Seigneur, à laquelle nous ne pensons pas souvent, c’est bien la femme du gouverneur romain Ponce Pilate !

Peut-être que vous ne vous rappeliez même plus qu’elle intervenait aussi dans ce récit. C’est que, toute femme de gouverneur romain qu’elle était, elle ne fait que passer furtivement : notre verset, chez Matthieu, est le seul à parler d’elle dans les quatre Evangiles.

Et encore reste-t-elle dans l’anonymat ; nous n’apprenons pas son nom – la tradition l’appellera Claudia Procla – et elle n’apparaît pas elle-même : elle fait intervenir un messager.

Pourtant, cette femme cantonnée dans l’ombre a un message important à nous délivrer. Ce n’est pas pour rien que le Saint-Esprit a cru bon de faire consigner ce bref épisode dans l’un des quatre Evangiles. Là aussi, « ce qui a été écrit d’avance l’a été pour notre instruction. » (Rm 15.4)

Voyons comment

L’épisode de

la femme de Ponce Pilate,

nous apprend qu’il faut

1. mettre les autres en garde avec humilité ;

2. considérer avec humilité les mises en garde des autres.

1

L’épisode de

la femme de Pilate nous apprend

qu’il faut mettre les autres en garde

avec humilité.

Ce n’était pas facile, pour l’épouse de Pilate, d’intervenir auprès de son mari au cours du procès de Jésus. Ce n’était pas une affaire de famille. Vous voyez la femme d’un juge intervenir auprès de son juge de mari en pleine séance d’un procès ? Aujourd’hui aussi ce serait impossible.

Pourtant l’épouse de Pilate devait absolument le mettre en garde ! Que faire ? D’autres auraient baissé les bras. Devant des difficultés, on se résigne trop facilement avec l’excuse : « C’est impossible ! » Cela ne vous est-il pas déjà arrivé ?

Nous avons vu qu’un tel s’engageait dans une voie où il allait transgresser la loi du pays ou la Loi de Dieu, où il allait commettre une injustice et nuire à autrui … ou à lui-même. Nous aurions dû le lui dire, le mettre en garde. Mais voilà, ce n’était pas si facile.

Sans doute n’était-ce pas une loi qui nous en a empêchés, ou un règlement publique. Peut-être avions-nous seulement peur du désagrément : ce n’est pas agréable de devoir dire la vérité à quelqu’un. Peut-être avions-nous peur de perdre son amitié en le mettant en garde. Ou cela nous aurait demandé trop d’efforts. Peut-être étions-nous même contents d’avoir l’excuse facile : « Il s’est mis lui-même dans ce pétrin ; il n’a qu’à voir lui-même comment s’en sortir ! » Ou : « Ce n’est pas ma fonction, mais la sienne ! »

La femme de Pilate aurait pu raisonner ainsi. Mais son honnêteté, son amour du prochain, de son mari comme de Jésus, l’accusé, la poussèrent à trouver une solution, à contourner les obstacles et les difficultés pour faire ce que sa conscience lui dictait. « Elle fit dire » à Pilate – sans doute par un garde ou un huissier du tribunal – « Ne te mêle pas de l’affaire de ce juste, car aujourd’hui j’ai beaucoup souffert en rêve à cause de lui ! » (v. 19 ; NSB)

Peut-être vous dites-vous : « Voilà bien une de ces femmes riches et désoeuvrées qui a le temps de rêver et d’avoir des songes pendant que son mari est au travail ! » Seulement, il ne faut pas oublier que Ponce Pilate, on l’a réveillé avant 6h du matin. Il a dû se lever en catastrophe. Ou bien sa femme n’a pas eu le temps de lui faire part de son rêve fait auparavant, ou alors elle n’a fait ce rêve qu’une fois Pilate parti.

Ce rêve tournait autour de Jésus de Nazareth. En avait-elle déjà entendu parler auparavant ? Ce ne serait pas impossible. Pilate avait un efficace service de renseignements : il était certainement au courant de ce Jésus de Nazareth qui drainait de grandes foules derrière lui depuis trois ans.

Généralement, le gouverneur romain résidait à Césarée, ville nouvelle construite par Hérode le Grand en l’honneur de César Auguste, son protecteur. Césarée se trouve sur la côte de la Méditerranée en Samarie, dans une direction à environ 50 km de Nazareth et 90 de Capernaüm, dans l’autre direction à une centaine de km de Jérusalem.

Mais pour la fête de la Pâque juive, pour surveiller la concentration de centaines de milliers de pèlerins parmi lesquels naissaient périodiquement des soulèvements contre Rome, pour la Pâque juive, le gouverneur venait s’installer à Jérusalem avec une forte armée.

Pilate et sa femme s’étaient-ils déjà entretenus de ce Jésus auparavant ? Peut-être, vu sa renommée. Ou sa femme n’a-t-elle été mise au courant de l’existence de Jésus que lors de ce songe ? La Bible ne le dit pas. Qu’importe : « rien n’est impossible à Dieu » (Lc 1.37).

Quoi qu’il en soit, dans ce songe, Dieu a présenté son Fils comme étant innocent et « juste ». Dieu connaissait Pilate, et sa femme le connaissait aussi. Ce que nous savons de lui des Evangiles et par d’autres documents historiques nous le présente comme un politicien qui gouvernait avec justice tant qu’il n’avait rien à y perdre. Quand son intérêt était en jeu, il pouvait être injuste et cruel.

Sa femme craignait-elle qu’il soit de nouveau injuste, rien que pour être bien vu par les chefs juifs qui l’avaient déjà accusé devant l’empereur Tibère par le passé ?

Dieu utilise cette femme honnête pour mettre Pilate en garde.

Certes, Jésus devait mourir pour expier nos fautes et nous en racheter, et il voulait se sacrifier pour nous, sinon il aurait très bien pu empêcher d’être arrêté au Jardin de Gehtsémané en foudroyant ses assaillants.

Il fallait bien que « le Juste […] souffre une mort humaine […] pour les injustes » comme nous (1 P 3.18). Notre salut était à ce prix, comme nous le verrons plus loin.

Mais Dieu n’oblige personne à être injuste pour que ses plans se réalisent, dans le cas présent, pour que Jésus expie nos péchés. Au contraire, Dieu met en garde ceux qui contribueront aux souffrances et à la mort du Christ. Il essaye de les détourner de leur crime de lèse-majesté.

Jésus a mis Judas en garde contre sa future trahison ; il a mis Pierre en garde contre son reniement futur. Il a aussi mis clairement Pilate en garde, en lui disant par exemple : « Toute personne qui est de la vérité écoute ma voix. » (Jn 18.37)

Et voilà que sa femme, elle aussi, le met en garde. Dieu multiplie les mises en garde. Ne disons jamais : « D’autres ont déjà mis celui-ci ou celle-là en garde ; je peux donc me dispenser de le faire ; je peux m’épargner ce moment désagréable. »

Une telle fuite devant nos responsabilités est encore plus coupable si nous connaissons bien les travers de celui qui va commettre la faute – comme la femme de Pilate connaissait les travers de son mari. Rien ni personne ne peut nous dispenser de notre devoir d’ouvrir les yeux à notre prochain, même si les modalités, la façon de s’y prendre, peuvent être diverses et doivent être recherchées dans la prière.

2

L’épisode de

la femme de Pilate nous apprend

qu’il faut considérer avec humilité

les mises en garde des autres.

En d’autres termes : nous devrions aussi être prêts à examiner avec humilité les mises en garde des autres.

Bien sûr, les autres peuvent se tromper, ou nous mettre en garde avec de mauvaises intentions. Ils sont pécheurs – mais nous aussi. L’humilité et le bon sens voudraient qu’on examine au moins, et avec soin, les mises en garde des autres.

Il y a une chose qu’on doit concéder à Pilate : il n’a pas bâclé son interrogatoire. Il a consciencieusement interrogé Jésus, étudié ses réponses et ses mises en garde.

Après un premier interrogatoire, « Pilate sortit de nouveau à la rencontre des Juifs et leur dit : "Pour ma part, je ne trouve en lui aucun motif de le condamner." » (Jn 8.38)

A ce moment-là, il aurait déjà pu l’acquitter et le libérer. Mais il recule devant les menaces des Juifs.

Après un deuxième interrogatoire, Pilate ressort et « dit aux chefs des prêtres et à la foule : "Je ne trouve chez cet homme aucun motif de le condamner." » (Lc 23.4) Pourtant, il n’ose toujours pas l’acquitter.

Au contraire, lâche et roué qu’il est, il croit avoir trouvé une échappatoire, une solution qui lui permet de ne pas avoir à condamner Jésus, tout en ne heurtant pas les Juifs de front : il fait transférer Jésus devant un autre tribunal. Celui qu’il a déclaré innocent et « juste » par deux fois, il l’envoie devant un autre tribunal ; il l’envoie à Hérode.

Manque de pot, sa manœuvre échoue : Jésus lui est renvoyé.

Dans un dernier sursaut d’honnêteté, Pilate déclare une troisième fois : « Je l’ai interrogé devant vous et je ne l’ai trouvé coupable d’aucun des actes dont vous l’accusez ; Hérode non plus, puisqu’il nous l’a renvoyé. Ainsi, cet homme n’a rien fait qui soit digne de mort. Je vais donc le relâcher après l’avoir fait fouetter » (Lc 23.14-16)

Malheureusement, dans sa lâcheté, il consent à cette injustice, il consent à torturer l’innocent pour apaiser la foule. Il leur a donné le petit doigt. La lâcheté ne paye pas. Il va bientôt leur céder et capituler sur toute la ligne.

Sa femme le sent. C’est là qu’elle lui fait parvenir son ultime mise en garde. Pilate n’en tient pas plus compte que des feux clignotants de sa propre conscience. Pourtant, la mise en garde de son épouse disait exactement ce que sa conscience et ses interrogatoires avaient révélé : Jésus de Nazareth est un « juste ».

La différence entre Pilate et sa femme, c’est que celle-ci avait encore une conscience que l’injustice faisait souffrir. Pilate, pour préserver sa place, par égard pour sa carrière politique, étouffait sa conscience.

« Sa femme lui fit dire : "[…] J’ai beaucoup souffert dans un rêve à cause de lui," » ça a été un vrai cauchemar que de voir en songe ce « juste » maltraité, et en plus, maltraité par son propre mari.

Pilate, lui, ne s’en est pas ému. « Il prit de l’eau, se lava les mains en présence de la foule » et crut pouvoir dégager sa responsabilité en déclarant de façon hypocrite : « Je suis innocent du sang de ce juste. C’est vous que cela regarde. » (Mt 27. 24)

N’est-ce pas frappant ? Il reprend exactement les mots de sa femme : « ce juste » ! D’ailleurs, ni elle ni lui ne pensaient si bien dire. Ils croyaient Jésus « juste » selon la loi civile, ce qui était vrai. Mais Jésus est bien plus : il est aussi « juste » aux yeux de Dieu ; il est aussi « juste » devant la Loi divine ! Il n’a jamais commis de péché en actes, ni en paroles, même pas en pensées !

Il est « le Saint d’Israël » annoncé dans l’Ancien Testament. Pour cette raison il y est aussi déjà appelé « ton Sauveur », « notre Rédempteur » (Es 41.14 ; 47.4).

C’est pour toi, pour moi, pour nous tous qu’il a mené sa vie en toute sainteté, en toute perfection. C’est avec sainteté et perfection qu’il a expié nos péchés à nous tous. Et c’est encore à cause de sa sainteté et de son innocence que Dieu a accepté son expiation de nos péchés comme suffisante pour notre pardon et notre salut.

« Ne te mêle pas de l’affaire de ce juste ! » avait dit sa femme à Pilate. S’il l’avait écoutée, il aurait pu éviter d’être coresponsable de cette sale affaire judiciaire.

Mais même dans ce cas, il aurait été « mêlé à l’affaire de ce juste », comme nous tous y sommes « mêlés », car ce sont nos péchés qui l’ont poussé au sacrifice ; c’est eux qu’il est allé expier dans les souffrances de l’enfer.

Nous ne pouvons, pas plus que Pilate, dire que nous sommes « innocents du sang de ce juste », car « il était blessé à cause de nos transgressions, brisé à cause de nos fautes : la punition qui nous donne la paix est tombée sur lui, et c’est par ses blessures que nous sommes guéris. […] L’Eternel a fait tomber sur lui nos fautes à tous. » (Es 53.5-6)

Comment ne pas en être attristé ? Comment cela pourrait-il ne pas nous pousser à la repentance ?

D’un autre côté, nous sommes soulagés et heureux d’être « mêlés à l’affaire de ce juste ». Car il a conduit cette triste « affaire » à une glorieuse fin pour nous : Dieu est satisfait par l’expiation faite par son Fils ; il nous accorde son pardon en échange du sacrifice de Jésus. Dieu nous fait grâce parce que Jésus s’est substitué à nous et s’est fait condamner à notre place.

Quel bonheur, pour nous, que Jésus ait bien voulu nous « mêler » à son destin, terrible dans un premier temps, mais finalement et définitivement glorieux !

Qu’il nous envoie aussi des personnes comme l’épouse de Pilate pour nous mettre en garde quand nous le foulons aux pieds avec nos péchés !

Ainsi, dans une repentance de tous les jours, nous avancerons vers notre glorieuse éternité, unis à notre Seigneur et Sauveur pour toujours !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

Chants proposés :

En Jésus j’ai placé ma confiance, AeC 458:1-3

Jésus en croix, Jésus mourant, AeC 461:1-7

Sur la croix où tu meurs pour moi, AeC 455:1-4

ou

Chef couvert de blessures, Tout meurtri, LlS 88:1-5

Pourquoi, Jésus, tes pleurs, ton agonie, LlS 92:1-4

Sacrifice expiatoire, Trépas qui fait mon bonheur LlS 96:1-6*