samedi 26 décembre 2009

Sermon du 25 décembre 2009 - Noel

FETE DE NOËL


Texte : Tt 2.11-14



11 « En effet, la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été révélée.
12 Elle nous enseigne à renoncer à un mode de vie impie et aux convoitises de ce monde et à vivre dans le temps présent conformément à la sagesse, la justice et la piété.
13 En attendant notre bienheureuse espérance, la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ.
14 Il s’est donné lui-même pour nous afin de nous racheter de toute faute et de se faire un peuple qui lui appartienne, purifié et zélé pour de belles oeuvres. »


Chère assemblée en fête !


Depuis que les anges ont entonné le premier noël dans la nuit de Bethléhem, la chrétienté ne cesse de chanter cet événement miraculeux. Dans notre texte, c’est l’apôtre Paul qui le fait. Il jubile : « La grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été révélée ! » (v. 11) Dans l’enfant Jésus, « La grâce de Dieu » s’est faite visible, tangible, palpable ! Inouï !
Nous avons tous en tête la scène qui s’est déroulée dans l’étable de Bethléhem telle que Luc la décrit. « Le nouveau-né couché dans une mangeoire », et tout près, Marie, sa mère, et Joseph. (Lc 2.12)


On peut se le représenter comme cela a été fait avec la crèche, là, devant vous. Nous avons peut-être aussi un tableau précis en tête, tel la Nativité de Fra Diamante, au Louvre, que Mélissa commente dans le numéro d’« Amitiés Luthériennes » qui paraît ces jours-ci.
Aujourd’hui, nous allons demander au Saint-Esprit de nous dépeindre cette scène avec un texte d’épître. Mais voilà, l’épître traditionnelle de Noël nous déconcerte quelque peu. Elle ne nous présente pas un mais


TROIS TABLEAUX DE L’ENFANT JESUS !


1. Jésus dans la crèche,
2. Jésus dans la gloire,
3. Jésus en croix.


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Jésus dans la crèche.
Luc raconte : « Pendant qu’ils étaient là, le moment où Marie devait accoucher arriva, et elle mit au monde son fils premier-né. Elle l’enveloppa de langes et le coucha dans une mangeoire parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle des hôtes. » (Lc 2.6-7)
Quelle image charmante et émouvante ! Mais laissons le Saint-Esprit nous la décrire. Vous verrez : cela en vaudra la peine. Généralement toute naissance a quelque chose d’émouvant, mais en écoutant le Saint-Esprit dans notre texte, nous découvrons des détails bien plus miraculeux encore.
Dans cet enfant, ce n’est rien moins que « la grâce de Dieu » elle-même, « source de salut pour tous les hommes, » qui « a été révélée, », qui s’est « manifestée » (Segond 1978). Nous ne nous tenons pas devant n’importe quel enfant. C’est un nourrisson sans nul pareil.
Son caractère unique et particulier avait déjà été souligné par les prophètes des temps anciens. Esaïe lui avait donné des noms divins : « Dieu puissant », « Père éternel » ! (Es 9.5)
Et puis, quelle autre naissance a été annoncée et chantée par « une foule d’anges de l’armée céleste » ? (Lc 2.13-14) Quelle autre naissance a été annoncée par la parution d’une nouvelle étoile ? Et que voulaient-ils tous annoncer au monde entier ? – Que « la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été révélée ! »
C’est que dans ce nourrisson, c’est Dieu lui-même qui est apparu de façon visible dans ce monde de pécheurs.
Et c’est ce qu’il est resté : un monde de pécheurs. Et chacun de nous en fait partie. Nous ne correspondons pas aux critères de perfection et de sainteté absolues de la Loi de Dieu. Ne songeons qu’à la façon dont nous nous conduisons avec nos proches. Nous laissons-nous toujours guider par l’altruisme, par la recherche du bonheur de l’autre, ou notre comportement porte-t-il souvent la marque de notre égoïsme, de notre impatience, de notre « foutez-moi-la-paix ! » ?
Ou à l’occasion de ce Noël, nous sommes-nous laissé absorber par l’organisation des fêtes familiales et des cadeaux à faire – ce qui est bien, certes – mais l’avons-nous fait en oubliant les nécessiteux, peut-être en oubliant de donner quelque chose pour l’intervention chirurgicale du Pasteur Poungui à Brazzaville ?
Ce ne sont là que quelques exemples pour nous faire comprendre combien nous sommes loin de faire, de dire et même de penser ce que celui-là espère de nous qui nous a faits et qui a droit à ce que nous observions sa sainte Loi à la perfection.
Et voilà qu’il se présente, qu’il apparaît de façon visible, dans notre monde pourri et rebelle. En fait, nous devrions maintenant tous nous terrer dans la cache la plus secrète pour fuir la colère et le verdict de damnation de notre Dieu. Son apparition sur terre devrait nous terrifier, n’est-ce pas ?
Oui, tout à fait ! Mais l’enfant dans la crèche nous envoie un message tout à fait différent. Ce que nous n’avions aucun droit d’espérer arrive : non pas la colère de Dieu, mais « la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été révélée » !
« La grâce salutaire » ! « La grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes » ! Avec le miracle de Noël, Dieu vient nous témoigner sa bonté, une faveur que nous n’avons pas du tout méritée, un bienfait auquel nous n’avons aucun droit ! Il veut guérir, sauver, changer en bien ce que nous avons détérioré par notre péché.
La scène de Noël ne devrait pas nous attendrir parce que nous sommes en présence de la naissance d’un nourrisson ; elle devrait nous émouvoir au plus haut point parce qu’elle nous indique que Dieu joue son va-tout pour nous arracher à notre perte et pour changer notre état sans issue en celui de bénis de l’Eternel.
« La grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes a été révélée » en l’enfant Jésus ! Là nous est apparu un Dieu qui vient à notre secours, un Dieu qui est prêt à pardonner – contre toute attente, contrairement à tout ce que nous avons mérité.


« Faisons éclater notre joie
Et louons notre Bienfaiteur ;
Le Père éternel nous envoie
Son Bien-aimé pour Rédempteur.
D’une vierge chaste et féconde
Un enfant divin nous est né ;
Aujourd’hui, le Sauveur du monde,
Le Fils de Dieu nous est donné ! » (LlS 46:1)


Comment allons-nous contempler cette scène ? Car un tableau est fait pour être regardé, médité, pour en retirer une leçon !
En nous dépeignant l’enfant Jésus sous les traits de « la grâce salutaire », le Saint-Esprit nous indique l’intention de ce tableau : « La grâce salutaire » de l’enfant Jésus « nous enseigne » (v. 12). Mais n’est-ce pas les enfants qu’on instruit ? Tout à fait ! mais c’est avec les yeux de la foi d’un enfant que nous devons contempler le tableau de Jésus dans la crèche. Cet enfant n’est-il pas venu pour faire de nous des enfants de Dieu ?
Et pas seulement de nous : il est venu « pour tous les hommes ». Tous sont appelés à tirer profit de cette « grâce salutaire de Dieu » ! Toute l’humanité est invitée à être comblée par l’enfant Jésus.
Quand des enfants pauvres reçoivent des habits neufs, ils rayonnent de joie. Voilà ce qui s’est passé avec nous sur le plan spirituel. Par nature nous sommes vêtus de toutes sortes de péchés. Avec la venue de « la grâce de Dieu » en Jésus-Christ, celle-ci « nous enseigne à renoncer à un mode de vie impie et aux convoitises de ce monde et à vivre dans le temps présent conformément à la sagesse, la justice et la piété » (v. 12).
Le cadeau que Dieu nous fait avec Jésus nous amène à enlever nos vêtements de péché et à les remplacer par la justice de l’enfant Jésus, sa justice qu’il troque contre notre péché pour nous en débarrasser.
Méditons donc l’émouvante scène de l’enfant Jésus dans la crèche. Que « la grâce salutaire de Dieu » qui s’en dégage « nous instruise » et nous pousse à mener une vie de repentance et de foi, pour le remercier pour l’impressionnant cadeau qu’il nous fait.
Après avoir vu le premier tableau de notre texte d’épître – Jésus dans la crèche – voyons maintenant le deuxième tableau :


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Jésus dans la gloire.
Le Saint-Esprit le décrit ainsi : « Nous attendons notre bienheureuse espérance, la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ. » (v. 13)
Seul un croyant peut voir au-delà de la mangeoire, de la paille et de l’étable, au-delà de ce nourrisson vagissant et impuissant, « la gloire [invisible] de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ. »
Oui, nous le savons – et c’est ce qui provoque notre joie de Noël ! – derrière l’apparence de « simple » être humain, derrière l’apparence insignifiante du nourrisson de la crèche, se cache en fait une « gloire » insoupçonnée et indescriptible (Ph 2.5-8). C’est ce que le Saint-Esprit veut nous révéler dans notre texte.
Le jour viendra où nous contemplerons Jésus non plus dans sons état d’abaissement, mais dans celui de son élévation dans la gloire. Oui, il nous apparaîtra alors dans « la gloire de notre grand Dieu ».
Au Dernier Jour, il achèvera avec « la gloire » ce qu’il a commencé dans l’humilité de la crèche. Avec « la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ » au Dernier Jour, le but sera atteint pour lequel « la grâce salutaire s’est manifestée » à Bethléhem.
Alors il viendra nous chercher – nous, c.à.d. ceux qui auront cru en sa mission de Sauveur – et il nous fera entra dans sa gloire. Il viendra alors, non plus recouvert de paille, mais couvert de la couronne de roi sur toute chose.
C’est ce tableau – Jésus couronné de gloire – que nous devrions déjà avoir à l’esprit quand nous contemplons l’enfant dans la crèche.
Comment allons-nous observer, méditer, le tableau de Jésus couronné de gloire ?
Dans cette vie, nous sommes invités à le contempler avec les yeux de la foi et de l’espérance. « Nous attendons notre bienheureuse espérance, la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ. »
Déjà ici-bas nous avons été richement comblés par « la grâce salutaire de Dieu ». Dieu nous a fait don d’un Sauveur qui nous a arrachés à la damnation et mis en sécurité à l’abri de son amour protecteur.
Mais ce cadeau n’est qu’une première. Nous attendons la grande distribution de cadeaux au ciel. Et nous l’attendons volontiers, et avec joie, même si notre attende est encore parsemée d’épreuves et de souffrances.
Nous attendons cette grande distribution des cadeaux comme les enfants attendent les cadeaux sous le sapin. Nous l’attendons dans la certitude qu’elle aura lieu parce que le Saint-Esprit nous en fait la promesse dans l’Ecriture Sainte.
Alors nous verrons ce que, pour l’instant, nous ne pouvons que croire. Alors nous verrons l’enfant de Marie couronné de gloire. Nous le verrons comme il a hérité toute la gloire céleste – et nous, il nous a fait ses « cohéritiers » (Rm 8.17) !
« A son premier avènement
Il parut dans l’abaissement ;
Un jour en gloire il reviendra
Et l’incrédule tremblera.
Mais les justes posséderont
Le Royaume, et célébreront
Sans fin, tous, d’un commun accord,
Dans leurs chants, l’Agneau mis à mort. »

(LlS 44.9-10)


Mais entre le tableau lumineux de l’enfant dans la crèche et celui, infiniment plus éclatant encore, du fils de Marie couronné de gloire s’intercale un tableau bien sombre, horrible même, celui de

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Jésus en croix.
Voilà comment le Saint-Esprit l’a peint dans notre texte : « Jésus-Christ s’est donné lui-même pour nous afin de nous racheter de toute faute et de se faire un peuple qui lui appartienne, purifié et zélé pour de belles oeuvres. » (v. 14)
« Jésus-Christ s’est donné lui-même pour nous. » Nous savons tous ce que recouvre cette affirmation. C’est dans la mort qu’« il s’est donné ». Il a subi la mort ignominieuse de la croix. Et c’était déjà chose décidée dès avant sa naissance à Bethléhem.
Dans « Amitiés Luthériennes » de ce Noël-ci, il y a un tableau de la Nativité avec, au loin, déjà Jésus en croix. C’est aussi très frappant sur l’une des cartes de vœux que j’ai reçues et affichées dans l’entrée de l’église.
C’est tout à fait le message de notre épître pour Noël. Pour aller de la lumière de Noël à l’éclat de la gloire céleste, l’enfant de la crèche a dû passer par la croix.
Comment allons-nous, en ce jour de Noël, observer, méditer, le tableau de Jésus en croix ?
Voyez-vous : si le tableau de l’enfant dans la crèche doit prendre sens, il faut le lire à la lumière – il vaudrait mieux dire sur fond des ténèbres – du tableau de Christ en croix.
C’est là qu’« il s’est donné pour nous ». Il a été cloué en croix, une couronne d’épines sur la tête, pour faire de nous « un peuple qui lui appartienne », le peuple de Dieu, le peuple des enfants de Dieu.
Vois la croix qui se profile au-dessus de la crèche ! A Bethléhem, l’opération de notre sauvetage s’est enclenchée. En croix, elle a été « achevée » (Jn 19.30)
Avec Luther, nous confessons : « Je dois, pour tous ces bienfaits, le bénir et lui rendre grâces, le servir et lui obéir. » (Petit Catéchisme, Credo, 2ème Article). C’est exactement ce que Paul nous dit ici : Jésus est né à Bethléhem, puis a passé par la croix avant d’entrer dans sa gloire, pour faire de nous « un peuple qui lui appartienne, purifié et zélé pour de belles oeuvres. »
« Purifié et zélé pour de belles oeuvres. »
En payant pour nous, l’enfant de la crèche nous a obtenu le pardon de nos péchés. Et en nous obtenant le pardon, il a rendu possible que Dieu agrée notre vie chrétienne malgré nos imperfections.
Dieu regarde les croyants à travers le prisme net de tout péché qu’est son Fils. Pour ceux qui se réfugient dans la foi auprès de l’enfant Jésus mort sur la croix « pour nous », ceux-là, Dieu les considère « purs » comme son Fils ; il n’a plus rien à leur reprocher.
C’est ce qui fait du don de l’enfant Jésus un cadeau si précieux ! C’est qu’il n’est pas venu les bras vides : personne, jamais, ne nous a ainsi comblés, et personne ne pourra jamais le faire.
C’est pour lui montrer notre énorme soulagement, notre profonde gratitude et notre immense joie que nous voulons être « zélés pour de belles œuvres ». Pour lui faire plaisir en retour.


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Dans notre texte, le Saint-Esprit nous a peint trois tableaux. Lequel nous plaît le plus ?
Le premier, avec l’enfant dans la crèche ? qui nous fait chanter :
« Devant ta crèche prosterné,
D’un amour sans partage,
Enfant divin qui nous es né,
Je viens te rendre hommage.
Je n’ai rien qui ne soit à toi ;
A ton gré dispose de moi,
Car je suis ton ouvrage. » (LlS 43.1)
Le deuxième tableau, avec Jésus en croix ? qui nous fait chanter :
« Pour nous il a tout accompli.
Son amour est infini
Qu’un hymne saint et triomphant
Sans fin s’élève au Tout-Puissant.
Alléluia ! » (LlS 48.3)
Ou le troisième tableau, Jésus dans la gloire ? ce qui nous fait chanter :
« Maintenant que, dans les cieux,
Tu règnes victorieux,
Prépare tous tes élus
A ton retour, ô Jésus. » (LlS 55.5)
Lequel des trois tableaux préfères-tu ? Le choix est difficile, même impossible. En fait, nous n’en devons préférer aucun.
Dans les trois tableaux il s’agit du même Christ dont l’œuvre de salut
Ø a commencé dans la crèche,
Ø a connu le moment décisif à la croix
Ø et trouve son épanouissement dans la gloire céleste.
C’est une seule et même œuvre salutaire que « la foule d’anges de l’armée céleste » a chantée dans la nuit de Bethléhem :
« Gloire à Dieu dans les lieux très hauts,
paix sur la terre
et bienveillance parmi les hommes ! » (Lc 2.13-14)


Amen.

Jean Thiébaut Haessig


Chants proposés :
en ouverture :
Dieu le tout-puissant Créateur LlS 44 : 1+3
+6-7
après l’Ancien Testament :
Roi des êtres et des choses LlS 54 : 1
après l’Epître :
Roi des êtres et des choses LlS 54 : 2
après l’Evangile :
Roi des êtres et des choses LlS 54 : 3
après le Symbole de Nicée :
Devant ta crèche prosterné, LlS 43 : 1-5
après la Prière Générale :
Voici l’enfant nous est né LlS 55 : 1-5
durant la distr. de la Cène :
Dieu le tout-puissant Créateur LlS 44 : 1-11

mercredi 23 décembre 2009

Sermon du dimanche 13 décembre 2009 - 4ème dimanche de l'Avent

4ème Dimanche de l’Avent

Texte :Ph 4.4-9

"

4 « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ! Je le répète : réjouissez-vous !

5 Que votre douceur soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche.

6 Ne vous inquiétez de rien, mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, dans une attitude de reconnaissance.

7 Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce que l'on peut comprendre, gardera votre coeur et vos pensées en Jésus-Christ.

8 Enfin, frères et soeurs, portez vos pensées sur tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est digne d'être aimé, tout ce qui mérite l'approbation, ce qui est synonyme de qualité morale et ce qui est digne de louange.

9 Ce que vous avez appris, reçu et entendu de moi et ce que vous avez vu en moi, mettez-le en pratique. Et le Dieu de la paix sera avec vous. »

Chers frères et sœurs

qui cherchez la proximité du Seigneur !

Autour de nous, tout l’annonce, les enfants l’attendent avec impatience : la grande fête de la naissance de notre Sauveur « est proche ». Cet événement que nous commémorons avec faste chaque année est de la plus grande importance pour les pécheurs que nous sommes : la naissance de notre Sauveur nous remplit de joie et de soulagement.

Mais Noël ne veut pas être qu’une fête tournée vers le passé. L’Eglise de Jésus-Christ n’est pas une société d’histoire qui ne fait qu’organiser la commémoration d’événements du passé. Le premier Avent – la première venue – du Christ, à l’époque, à Bethléhem, annonce déjà son dernier Avent au Jour du Jugement Dernier. La naissance de l’enfant Jésus dans une étable n’est qu’une première étape pour parvenir à la fin : nous permettre de nous réjouir lors de sa dernière venue pour nous emmener au ciel.

L’attente de l’Avent de notre Seigneur, notre progression vers la commémoration de sa naissance, devrait en même temps être vécue comme une progression à la rencontre de notre Seigneur à la fin du monde. N’oublions pas :

Le Seigneur peut se pointer d’un jour à l’autre ;

« LE SEIGNEUR EST PROCHE ! »

Cela devrait nous pousser

1. à nous réjouir dans le Seigneur,

2. à tenir ferme à la parole apostolique,

3. à surmonter nos inquiétudes,

4. à être bons envers tous,

5. à prier de tout cœur,

6. à être en paix.

X X X 1 X X X

« Le Seigneur est proche ! »,

Réjouissons-nous dans le Seigneur !

Comment l’apôtre Paul peut-il nous appeler à nous réjouir ? Il se trouve en prison quand il écrit cela ! N’est-ce pas plutôt le moment de gémir : « Jusqu’à quand, Eternel ? » (Ps 89.47) Combien de temps dois-je encore souffrir ainsi ? Es-tu vraiment celui que tu prétends être ? Comment peux-tu permettre que ton enfant endure cela ?

Mais non, Paul n’appelle pas à gémir, mais à nous réjouir ! « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ! Je le répète : réjouissez-vous ! » (v. 4)

Les Philippiens étaient loin, cette communauté à laquelle Paul était liée plus qu’à toute autre. Ses amis étaient loin, mais il savait : « l’Eternel est près de tous ceux qui font appel à lui » (Ps 145.18) C’est une des raisons de se réjouir que Paul rappelle aux Philippiens attristés de le savoir en prison à Rome.

Le Seigneur fait son entrée parmi les siens partout où sa Parole est annoncée, partout où ses sacrements sont administrés. C’est là l’Avent quotidien qu’il fait auprès des siens pour nous apaiser dans nos craintes, nous encourager dans nos difficultés, pour nous réjouir avec la certitude qu’il nous a procuré le pardon et fait adopter comme enfants par son Père céleste.

Mais Paul veut dire plus encore en rappelant que « le Seigneur est proche ». En lisant ses épîtres, on est frappé combien souvent il dirige notre attention vers le retour du Christ et vers notre félicité éternelle.

C’est un peu comme un promeneur qui, de temps en temps, arrivé à un endroit dégagé, jette un regard vers le point d’arrivée. Le fait de voir ce qui l’attend l’encourage à persévérer, même à endurer fatigues et difficultés du terrain, pour arriver au but.

Paul ne s’y prend pas autrement quand il nous rappelle que « le Seigneur est proche ». Quand les difficultés s’amoncellent, quand on voudrait tout laisser tomber, quand on ne voit pas d’issue, le rappel de Paul nous est d’une grande aide : « le Seigneur est proche ».

Le temps « est proche » où il viendra à notre rencontre pour nous arracher à tous nos tracas et nous faire entrer dans son Royaume céleste.

Savoir que nous allons rencontrer notre Seigneur, celui qui nous a aimés jusqu’à se sacrifier pour nous sauver de la damnation éternelle et nous obtenir une place sur le cœur et dans le ciel de Dieu, savoir qu’il viendra nous emmener dans la félicité éternelle, comment cela ne devrait-il pas nous réjouir d’avance ?

Et nous interpellons à notre tour, comme Paul, tous ceux qui se tournent avec repentance et foi vers le Roi de l’Avent : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ! », réjouissez-vous de vous trouver en communion avec lui qui est en train de s’approcher, « Je le répète : réjouissez-vous ! […] Le Seigneur est proche ! » (v. 4-5)

X X X 2 X X X

« Le Seigneur est proche ! »,

Tenons fermes à sa parole apostolique !

C’est dans ctte Parole que nous avons le fondement de toutes nos espérances. C’est le « fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire » (Ep 2.20).

Sans l’Ecriture Sainte, cela ferait belle lurette que nous n’attendrions plus le dernier Avent de notre Seigneur. C’est elle qui alimente notre foi en lui, c’est elle qui entretient notre espérance et attente de son dernier Avent, c’est elle qui nous procure les forces pour avancer à sa rencontre, pour ne pas nous laisser décourager en cours de route.

Là encore, « l’appétit vient en mangeant » : plus nous nous plongeons dans la Parole que notre Seigneur nous adresse par les prophètes et les apôtres, et plus nous y prenons goût et voulons savoir toujours plus des bénédictions et des richesses qu’il nous apporte, déjà maintenant, ici-bas, puis finalement dans la félicité éternelle.

« Le Seigneur est proche ! » Préparons-nous à le rencontrer en consolidant notre foi en lui. Et consolidons notre foi en lui avec la seule énergie qui peut le produire : sa parole d’« Evangile, puissance de Dieu pour le salut » (Rm 1.16).

« Le Seigneur est proche ! » Aussi, tenons ferme sa parole apostolique. « Ce que vous avez appris, reçu et entendu de moi et ce que vous avez vu en moi, mettez-le en pratique. » (v. 9)

Plaçons-nous entièrement sous sa Parole de la croix, cette Bonne Nouvelle que Paul et les autres n’ont cessé d’annoncer ! Plaçons notre foi en ce Seigneur de l’Avent, ce Dieu de parole, qui a déjà tenu parole lorsque cela lui a coûté la vie, qui va encore tenir parole pour nous faire entrer dans la vie, dans la vie éternelle.

Plus nous nous laisserons rappeler : « Le Seigneur est proche ! », et plus nous nous mettrons à l’écoute de sa parole apostolique, de ses promesses de grâce, de son Evangile du salut.

Mais alors ce message.

X X X 3 X X X

« Le Seigneur est proche ! »

nous aidera aussi à

surmonter nos inquiétudes !

Paul nous rassure : « Le Seigneur est proche ! […] Ne vous inquiétez de rien ! » (v. 5-6)

« Ne vous inquiétez de rien ! » … Plus vite dit que fait, n’est-ce pas ? Notre quotidien est parfois bien anxiogène. Un tas de choses sont de nature à nous inquiéter, même à nous angoisser.

C’est que le péché, en entrant dans le monde, a rendu la vie compliquée, parfois pénible, et parfois même pas peu. Il n’y a pas que le sol qui a été maudit et qui porte des ronces et des épines ; Satan a réussi à rendre nos relations avec les autres épineuses aussi. Et cela nous demande parfois bien des efforts sur nous-mêmes pour arracher ces épines de notre cœur par la repentance et la foi en Jésus.

Pourquoi tant de personnes ne connaissent-elles pas « la joie dans le Seigneur » ? Pourquoi nous arrive-t-il de ne pas la connaître non plus ? Serait-ce parce que, par moments, nous perdons notre Seigneur de vue et nous laissons hypnotiser par nos problèmes en oubliant que notre Seigneur nous dit : « Vous aurez à souffrir dans le monde, mais prenez courage : moi, j’ai vaincu le monde. » (Jn 16.33)

Notre problème, quand l’inquiétude nous envahit, n’est-ce pas que nous manquons alors de foi en notre Roi de l’Avent ? Qu’une maladie ou, comme actuellement, une épidémie se pointe à l’horizon, que nos études se compliquent, que le marché de l’emploi se mette à vaciller et les finances à clignoter – sans parler du réchauffement climatique à la une des journaux depuis des mois – et il nous arrive de faire comme si la bonté et la toute-puissance de notre Seigneur ne s’étendaient pas à ces domaines.

Notre Seigneur ne nous sera pas seulement « proche » le Jour du Jugement Dernier – même s’il le sera alors d’une façon tout à fait particulière – non, il nous est aussi « proche » là, maintenant, aujourd’hui, demain et tous les jours de notre vie.

Notre Roi de l’Avent n’est pas un roi lointain, coupé de notre réalité quotidienne, bien au chaud dans son palais céleste. Non, « il sait de quoi nous sommes faits » (Ps 103.14) – depuis sa conception et sa naissance de la vierge Marie « il est fait » de la même matière que nous.

Il sait aussi ce que souffrir signifie. « Il n’est pas incapable de compatir à nos faiblesses ; au contraire, il a été tenté comme nous. » (Hé 4.15) Et dans sa grande bonté il nous « est proche », il est « avec nous tous les jours » (Mt 28.20) pour nous accompagner avec ses promesses de grâce, nous rappeler combien nous lui sommes chers et combien il a payé pour que nous puissions nous savoir liés à lui dans son Royaume.

C’est ainsi qu’il affermit nos pas sur le chemin qui nous mène à sa rencontre à la fin des temps. Gardons le regard fixé sur ce moment merveilleux, car à partir de son Dernier Avent, nous serons définitivement délivrés de tout mal et de toute inquiétude.

X X X 4 X X X

« Le Seigneur est proche ! »,

Soyons bons envers tous !

Cette assurance que « le Seigneur » nous « est proche » à chaque instant déjà maintenant et qu’il nous accompagne vers le moment où il nous sera « proche » de façon visible dans sa gloire, cette merveilleuse certitude ne peut pas ne pas affecter notre vie de tous les jours, y compris dans nos relations avec les autres.

Voir notre divin compagnon être bon envers nous, cela nous pousse à l’être avec les autres. De nous savoir accompagnés sur le chemin du Dernier Avent nous pousse à attirer d’autres auprès de nous sur notre chemin.

Voici ce que l’apôtre Paul préconise comme attitude engageante pour en amener d’autres à nous rejoindre auprès de notre Roi de l’Avent : « Que votre douceur soit connue de tous les hommes ! »

Comme le Seigneur nous « est proche » dans sa bonté fidèle et son assistance de tout instant, soyons, nous aussi, bons envers les autres. C’est à la bonté de notre Roi de l’Avent que nous le devons de pouvoir tendre sans crainte vers le moment de son retour visible et glorieux. Au cours de notre marche à sa rencontre, témoignons, à notre tour, de la bonté envers les autres.

« Frères et soeurs, » nous interpelle Paul ici, « portez vos pensées sur tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est digne d'être aimé, tout ce qui mérite l'approbation, ce qui est synonyme de qualité morale et ce qui est digne de louange. » (v. 8)

Quand nous songeons à ceux auxquels nous avons affaire dans la vie, vers quoi « se portent nos pensées » ? Vers « tout ce qui est honorable » ? Pourrions-nous à tout instant dire à voix haute et sans rougir ce que nous pensons de certains ? Vers « tout ce qui est juste » ? Sommes-nous toujours justes avec les autres, ou sommes-nous parfois égoïstes, jaloux, vindicatifs ? Vers « tout ce qui est pur » ? Nos sentiments sont-ils toujours innocents ? Vers « tout ce qui est digne d’être aimée » et « mérite l’approbation » ?

Il est vrai qu’il nous arrive aussi de ne pas être aimés et d’être désapprouvés par le monde quand nous faisons ce que notre Seigneur aime et approuve. Mais ça ne doit pas nous décourager. C’est la volonté et l’approbation de notre Roi de l’Avent qui sont décisifs. Que sa proximité dans la Parole et les sacrements nous aide à faire ce qui lui est agréable et à nous repentir quand nous avons dévié.

X X X 5 X X X

« Le Seigneur est proche ! »,

Prions de tout coeur !

« En toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, dans une attitude de reconnaissance. » (v. 6)

En attendant le retour en gloire de notre Roi de l’Avent, durant cette attente qui est semée d’embûches, de problèmes et de souffrances, il nous arrive d’être près de suffoquer, d’avoir besoin de libérer ce qui nous nous opprime, de nous confier pour nous soulager.

Qu’il est bon alors d’avoir un ami digne de ce nom. Ce n’est pas pour rien que Martin Luther inclue dans « le pain quotidien » (Mt 6.11 ; Lc 11.3) « les amis fidèles » (Petit Catéchisme).

Eh bien, voyez-vous, nous en avons un, d’ami fidèle, le plus fidèle de tous, fidèle jusqu’à s’être sacrifié pour nous. Il nous connaît mieux que quiconque, nos états d’âme, nos tourments, nos besoins. Il peut aussi mieux que quiconque nous venir en aide. Et, surtout, il est plein de compassion envers celui qui s’adresse à lui avec humilité et foi.

Il a montré qu’il n’était pas indifférent à nos besoins. Il l’a montré avec son Premier Avent, sa venue à Bethléhem pour nous éviter la damnation éternelle au prix de sa vie. Cela, il nous le montre aussi en nous parlant de son Dernier Avent : ne nous assure-t-il pas vouloir nous prendre alors avec lui dans la félicité éternelle ?

Nous pouvons vraiment tout lui confier, et nous voulons le faire ! Avant tout, nous voulons implorer sa grâce et son pardon, lui demander de nous faire croître dans sa connaissance et dans la foi en lui. Tout cela il nous le promet, si nous nous appuyons sur ses mérites à lui.

Alors nous y puiserons force et courage au cours de notre périple à sa rencontre. Alors une joie et une paix viendront inonder nos cœurs.

Alors les demandes que nous lui adresserons ne seront pas de lamentables … lamentations, mais des demandes empreintes de « reconnaissance », car nous avons l’assurance qu’il nous écoute et répond de la façon qui nous est la plus bénéfique.

Alors, quand nous lui adressons des demandes, même des appels au secours, nous pourrons le faire avec confiance : « le Seigneur est proche », « proche » de façon invisible, et cependant « proche » de façon efficace.

X X X 6 X X X

« Le Seigneur est proche ! »,

Soyons en paix !

car « le Dieu de la paix sera avec vous, » (v. 9) nous assure l’apôtre.

Dans l’Ancien Testament déjà le Messie était annoncé comme « Prince de la paix » (Es 9.5), comme celui qui allait réconcilier le Créateur et ses créatures pécheresses, qui allait nous soustraire à la colère de Dieu et à la damnation, et nous apporter le pardon, ce bienfait qui nous soulage au plus haut point.

Il est vrai qu’ici-bas la paix est souvent brisée, pas seulement entre Etats, aussi au sein d’un pays, même dans les familles. Et notre état pécheur n’y est pas totalement étranger.

Mais dans ce monde de tensions et de luttes nous avons reçu, nous qui demandons pardon à Dieu pour l’amour de son Fils, nous avons reçu un cadeau inestimable : son pardon, sa réconciliation, sa paix, « la paix de Dieu qui dépasse tout ce qu’on peut comprendre » (v. 7)

Cette paix avec Dieu, notre Roi de l’Avent en illumine déjà nos existences ici-bas : quelle aide et quel encouragement, que de savoir que nous pouvons compter sur la bénédiction de Dieu au lieu de devoir craindre sa colère ! Cela nous permet d’être plus sereins et nous fait avancer d’un pas plus assuré sur le chemin de la vie.

Et un jour, plus rien ne troublera cette paix sublime.

Cette « paix », « Dieu » nous l’a déclarée en son Fils. Celui-ci nous en est le garant. Cette « paix » nous pousse à demeurer « en Jésus-Christ » (v. 7), dans une relation de foi et de confiance avec lui jusqu’à son retour en gloire. Qui d’entre nous voudrait gâcher cette « paix de Dieu », la rompre, en perdre les bienfaits ?

« Le Seigneur est proche ! » Aussi

Ø réjouissons-nous dans le Seigneur,

Ø plaçons-nous avec confiance sous sa parole apostolique,

Ø surmontons nos inquiétudes,

Ø soyons bons envers tous,

Ø prions de tout cœur.

« Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce que l'on peut comprendre, gardera votre coeur et vos pensées en Jésus-Christ. »

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

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Chants proposés :

Nos cœurs te chantent AeC 255 : 1-2

Oh ! viens, Jésus, oh ! viens, Emmanuel AeC 307 : 1-4

Oh ! viens, Seigneur, ne tarde pas, AeC 309 : 1-4

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lundi 7 décembre 2009

Sermon du dimanche 6 novembre - Deuxième Dimanche de l’Avent

Texte : Jc 5.7-11

Chants proposés :

Béni soit Dieu LlS 26 : 1-4

Chrétiens, peuple fidèle, LlS 28 : 1-3+5-6

Jésus, Dieu de lumière, LlS 32 : 1-5

Jésus, Sauveur adorable, LlS 165 : 1-5

"

7 « Soyez donc patients, frères et soeurs, jusqu'au retour du Seigneur. Voyez le cultivateur : il attend le précieux fruit de la terre en faisant preuve de patience envers lui jusqu'à ce qu'il ait reçu les premières et les dernières pluies.

8 Vous aussi, soyez patients, affermissez votre coeur, car le retour du Seigneur est proche.

9 Ne vous plaignez pas les uns des autres, frères et soeurs, afin de ne pas être jugés. Voici que le juge se tient à la porte.

10 Mes frères et soeurs, prenez pour modèles de patience dans la souffrance les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur.

11 Nous disons heureux ceux qui persévèrent. Vous avez entendu parler de la persévérance de Job et vous avez vu la fin que le Seigneur lui a accordée, car le Seigneur est plein de tendresse et de compassion. »

Chers frères et sœurs en notre Seigneur qui revient !

Nous vivons dans l’attente. Notre vie va au-devant de l’Avent ou retour de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Nous attendons qu’il accomplisse les promesses qu’il nous a faites.

Bien entendu, notre vie n’est pas faite que de cette attente ; elle est aussi faite de repentance et de foi, de gratitude aussi pour tous les bienfaits que nous devons à Dieu.

Néanmoins, une des caractéristiques de notre vie de chrétiens, c’est l’attente du retour de notre Seigneur.

Quand nous attendons un heureux événement, nous devenons facilement impatients. Des parents chrétiens, dans des circonstances normales, ne peuvent pas faire baptiser leurs enfants assez rapidement. Et à quelques semaines de Noël, les enfants sont tendus vers ce moment où ils recevront des cadeaux.

Mais l’impatience n’est pas toujours bonne conseillère. Déjà, elle peut transformer l’attente en supplice. Mais, surtout, elle peut pousser à brûler les étapes. Ainsi, Eve attendait le Sauveur avec tant d’impatience, qu’elle croyait déjà l’avoir obtenu quand son premier fils est né. Sara aussi, n’a pas su attendre et a jeté sa servante dans les bras de son mari pour essayer de forcer le destin.

Il nous faut apprendre à réfréner notre impatience. Les croyants de l’Ancien Testament ont dû attendre des siècles avant que ne soit « venu » « le moment » fixé par Dieu pour que naisse le Messie de la vierge Marie.

« Il y a un moment pour tout et un temps pour toute activité sous le ciel » écrit Salomon (Ec 3.1).

« Mais, lorsque le moment » – le moment choisi par Dieu – « est vraiment venu, Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme, né sous la loi, pour racheter ceux qui étaient sous la loi afin que nous recevions le statut d'enfants adoptifs » (Ga 4.4-5).

« Voici maintenant le jour favorable ! » (2 Co 6.2) Alors réfléchissons à ce que Jésus a fait pour nous lors de son passage visible sur terre, aussi à ce qu’il continue de faire pour nous.

« Le moment est arrivé » (Mc 1.15) de réfléchir à sa place dans notre vie, à sa présence dans nos programmations.

« Vous vous êtes tournés vers Dieu […] pour servir le Dieu vivant et vrai et pour attendre du ciel son Fils qu'il a ressuscité, Jésus, celui qui nous délivre de la colère à venir. » (1 Th 1.9-10)

Aujourd’hui, Jacques nous parle d’un aspect important de notre vie de chrétiens, celui de la persévérance jusqu’à la fin. Voici ce à quoi il nous exhorte pour

NOTRE ATTENTE

DE LA VENUE DU SEIGNEUR

1. Soyez patients,

2. car le Seigneur est miséricordieux,

3. Prenez pour modèles les prophètes.

X X X 1 X X X

« Soyez donc patients,

frères et sœurs ! » (v. 7)

Ah ! la patience ! Ou plutôt : l’impatience ! … Notre attente du dernier Avent, du retour en gloire de notre Seigneur, est gangrenée d’épreuves, de difficultés, d’embêtements, de souffrances. Et nous avons parfois du mal à ne pas exploser.

Qu’une épreuve se prolonge, et nous devenons impatients. Que les choses se mettent en travers de nos projets, et nous ne sommes pas satisfaits de la manière dont Dieu conduit notre vie.

Au lieu de rechercher davantage encore son intimité dans sa Parole et par la prière, au lieu de serrer sa main paternelle plus fort encore, au lieu de trouver dans ses promesses la certitude qu’il fait « tout coopérer pour notre bien » (Rm 8.28), avec ce que tu penses, ou dis, peut-être aussi par ta façon de réagir, tu offenses le Dieu de toute bonté, tu lâches peut-être même sa main et te distances de lui.

Lorsque tu montres de l’impatience face à la manière dont Dieu te conduit, c’est comme si tu lui faisais comprendre : « Mon cher Dieu, tu t’y prends mal ; je sais mieux que toi comment s’y prendre ; voilà ce que tu devrais faire ! »

Bref : l’impatience nous pousse à vouloir le contraire de ce que Dieu veut. L’impatience, c’est la révolte contre Dieu. L’impatience, c’est vouloir sinon devancer du moins accélérer le cours des choses, vouloir atteindre un but autrement que de la manière dont Dieu l’a résolu.

Nous n’y pensons pas toujours, mais quand nous devenons impatients, quand nous sommes insatisfaits de ce que Dieu nous fait vivre, alors nous péchons contre Dieu. Bien entendu que Dieu ne me demande pas de me satisfaire de situations pénibles ou injustes. Il m’a donné une raison pour réfléchir à la façon d’améliorer les choses. Mais dans le calme et la confiance en lui.

C’est l’impatience qu’il faut combattre. « L’impatient fait des bêtises » et « celui qui s’énerve facilement proclame sa folie » écrit Salomon dans les Proverbes (Pr 14.17+29). C’est de la « la bêtise » et de la « folie », parce que l’impatience s’acharne contre Dieu, ce qui est vain. A ce jeu futile on est toujours perdant.

D’ailleurs, l’expérience montre que l’impatience ne produit rien de bon, que ce soit, par ex. dans l’éducation des enfants, au lieu de travail ou dans la vie paroissiale.

Chers frères et sœurs, nous nous sommes tous déjà laissé emporter par l’impatience. Présentons-nous alors devant Dieu en lui confessant ce péché. Surtout ne commençons pas à nous justifier ; c’est trop facile : on en trouve toujours, des justifications ! Cette convalescence met vraiment du temps à aboutir. Les enfants étaient vraiment assommants. Le pasteur n’a toujours pas surmonté un travers ; la paroisse d’ailleurs non plus. Le chef d’équipe ou de bureau est vraiment impossible.

Devant Dieu, ces excuses n’en sont pas. Il sait bien qu’on ne devient pas impatient sans raison. Tenez, Israël a dû errer dans le désert pendant 40 ans. « Le peuple murmura », lisons-nous. Il y avait de quoi ! Non ? Et pourtant il est dit : « et cela déplut à l’Eternel » (Nb 11.1).

Eh bien, pareillement, nos impatiences à nous lui déplaisent aussi.

Toutes ? – Non ! L’Ecriture Sainte connaît un cas de sainte impatience : c’est quand nous ne sommes pas satisfaits de la progression de notre piété et de notre sanctification. Là, tu peux être impatient de ne pas progresser plus rapidement. Là, tu peux gémir avec l’apôtre Paul : « Malheureux être humain que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ? » « En effet, je ne fais pas le bien que je veux mais je fais au contraire le mal que je ne veux pas. » (Rm 7.24+19)

Mais en dehors de cette impatience à cause de notre état pécheur, toute réaction d’impatience est contraire à la volonté de Dieu, donc un péché.

Aussi voulons-nous nous présenter bien humblement devant Dieu et reconnaître :

« Oui, Seigneur, il m’arrive de pécher contre toi par impatience. La croix que tu m’imposes durant ce temps d’attente de ton dernier Avent, je ne l’ai pas toujours portée avec patience. Il m’est même arrivé d’éviter une épreuve, ou de m’en sortir, de façon injuste, ou de l’abréger avec impatience contrairement à ta volonté. »

Chers amis, ceci, nous pouvons le confesser à notre Dieu, car

X X X 2 X X X

Le Seigneur est miséricorieux.

« Le Seigneur est plein de tendresse et de compassion. » (v. 11) Il est vrai, et il ne faudrait pas l’oublier : « Le Juge se tient à la porte. » (v. 9) Son dernier Avent pourrait intervenir à chaque instant. Comment nous trouvera-t-il ? Une chose est sûre : pas sans péché. Cela signifiera-t-il alors notre condamnation, notre perte ?

Heureusement, non ! Paradoxalement, « le Juge » de l’univers va nous traiter, nous les croyants, comme nous ne l’avons pas mérité. Il n’y a pas de doute : « Le Seigneur est plein de tendresse et de compassion. »

Ce ne sont pas là des paroles en l’air ; c’est une promesse qui nous fait revivre. Sa « compassion » envers nous, il l’a déjà montrée en envoyant son Fils devenir homme et nous sauver.

Ce temps entre ce premier Avent, à l’époque et son dernier Avent au Dernier Jour, cette période intermédiaire dans laquelle nous vivons est faite d’une chaîne ininterrompue d’interventions miséricordieuses.

Il ne nous fait pas seulement annoncer le pardon de nos péchés, y compris de notre impatience, il nous assure aussi de sa sollicitude de chaque instant, de la direction de notre vie « pour notre bien ».

Par sa vie sainte et son précieux sacrifice, Jésus a su toucher le cœur du Père et l’amener à se tourner vers nous pour nous faire grâce, pour nous témoigner sa miséricorde. Dieu est maintenant vraiment « plein de tendresse et de compassion » envers nous. Notre sort, notre bonheur, lui tient vraiment à cœur.

Mais il faut que nous lui concédions qu’il sait mieux que nous ce qui est bon pour nous. En donnant à notre temps d’attente du retour de son Fils la tournure que prend notre vie, il nous rend certainement un service d’amour. Sa « tendresse » et son « amour » en sont le garant. Il veut ainsi nous faire croître dans la foi et dans la vie chrétienne.

Attendre avec foi, sous les coups de boutoir de la vie, le retour du dernier Avent de Jésus-Christ, peut à l’occasion mettre notre patience à rude épreuve.

Pour tenir bon, il est bon de se représenter d’une part « le Juge » sévère que nous mériterions de rencontrer au dernier Avent, et de se rappeler qu’à sa place ce sera un Seigneur miséricordieux que nous y rencontrerons.

Plus nous nous rappelons combien « le Seigneur est bon » (1 P 2.3) – alors que nous avons mérité sa colère – et plus cela nous aidera à nous placer avec humilité et joie, avec confiance et foi, sous sa conduite.

Plus nous aurons confiance en sa grâce imméritée, et plus nous nous laisserons patiemment conduire par lui.

Et comment notre confiance en Dieu s’affermit-elle ? – En méditant la miséricorde de Dieu telle qu’elle s’est occupée de nous en Jésus-Christ.

Mais aussi en méditant l’exemple des anciens.

X X X 3 X X X

Prenez pour modèles les prophètes

Jacques nous dit dans notre texte : « Mes frères et soeurs, prenez pour modèles de patience dans la souffrance les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur. » (v. 10)

Pourquoi Jacques attire-t-il notre attention sur « les prophètes » et non pas sur Jésus-Christ ? Jésus n’est-il pas un exemple de patience bien plus parfait que les prophètes, lui qui s’est offert en sacrifice pour nous sans rechigner ? lui qui a enduré la fausseté, le mépris et l’injustice la plus crasse qui soit sans se révolter ?

C’est certain : Comme en tout, Jésus aurait aussi été un exemple parfait de patience. Mais Jacques ne voulait sans doute pas que nous rétorquions : « Oui, d’accord, mais Jésus est Jésus et nous c’est nous ! Lui est saint et nous sommes pécheurs ! Lui est le Fils de Dieu et nous des êtres humains ! La comparaison est bancale ! »

Pour éviter cette objection, Jacques nous rend attentifs à l’exemple de la « patience » que « les prophètes » ont montrée durant leur longue attente du 1er Avent du Messie.

« Les prophètes » étaient aussi imparfaits comme nous ; ils étaient aussi pécheurs comme nous ; et ils ont connu des souffrances pires que nous.

Jacques donne en particulier « Job » en exemple. « Vous avez entendu parler de la persévérance de Job » (v. 11) Pourtant la patience de Job a été mise à rude épreuve : il a perdu ses biens, même ses enfants. Combien il a dû souffrir, surtout que sa femme et ses amis, au lieu de l’aider, l’ont enfoncé !

Mais Job avait confiance en Dieu et en sa miséricorde. « Et vous avez vu la fin que le Seigneur lui a accordée » (v. 11) : la patiente confiance en Dieu a finalement vu Dieu tout « changer en bien » (Gn 50.20)

L’agriculteur, lui aussi, vit d’espoir et de confiance. Vous me direz que nous, citadins tout autant, pour ce qui est du remplissage des rayons de nos marchés et magasins. Notre attente rejoint donc bien celle de l’agriculteur. Mais laissons la parole à Jacques :

« Voyez le cultivateur : il attend le précieux fruit de la terre en faisant preuve de patience envers lui jusqu'à ce qu'il ait reçu les premières et les dernières pluies. » (v. 7)

Ce qu’il veut dire, c’est : l’agriculteur ne peut pas récolter immédiatement après avoir semé. Et avant de pouvoir récolter il doit parfois faire preuve de patience en attendant, ici la pluie, là le soleil. Et s’il peut légèrement intervenir pour arroser ou pour faire écouler l’eau qui recouvre ses champs, pour l’essentiel il attend avec patience que Dieu fasse le nécessaire.

Soyons donc, nous aussi, patients, comme les agriculteurs de tous les temps, et comme les prophètes des temps anciens. « Le Seigneur est plein de tendresse et de compassion. »

Heureusement pour nous que Dieu, pour l’amour de Jésus-Christ, n’agit pas avec nous selon ce que nous méritons, mais selon sa grande miséricorde !

Cela nous aide à porter avec patience ce que Dieu nous envoie. Pour l’amour de son Fils il nous assistera toujours dans nos épreuves et nous en délivrera au moment que lui juge opportun.

Peut-être que pour les uns ou les autres ce ne sera que lors de son dernier Avent, quand il mettra fin à l’épreuve de notre patience.

Qu’il continue de nous assurer de son pardon en Jésus-Christ, et de sa fidélité à l’alliance qu’il a conclue avec nous dans le Baptême !

Nous fêterons alors son dernier Avent dans la joie.

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

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