mardi 20 octobre 2009

Sermon du dimanche 18 octobre 2008 - Jour de l’Evangéliste Luc

Jour de l’Evangéliste Luc

Texte : Lc 1.1-4

1 « Plusieurs ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous,

2 d'après ce que nous ont transmis ceux qui ont été des témoins oculaires dès le commencement et qui sont devenus des serviteurs de la parole.

3 Il m'a donc paru bon à moi aussi, qui me suis soigneusement informé sur toutes ces choses dès l'origine, de te les exposer par écrit d'une manière suivie, excellent Théophile,

4 afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus. »

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ,

Quand nous célébrons les jours d’apôtres ou d’évangélistes, comme celui de l’évangéliste Luc, aujourd’hui, cela se fait pour la même raison et dans la même intention que lorsque nous célébrons des jours de Marie, celui de l’archange Michel et de tous les anges, ou la Fête de la Réformation.

Il ne s’agit pas de placer Marie, un apôtre ou un évangéliste, un archange ou un réformateur au centre du culte divin. De divin il n’y a que Dieu, et le culte divin ne peut s’adresser qu’à lui seul, on ne peut y célébrer que lui. Nos prières et nos chants s’adressent à lui, et nous ne venons écouter que sa Parole. C’est dans ses sacrements – et non dans ceux d’une église particulière – que nous venons puiser la joie, la paix et de nouvelles forces.

Mais Dieu a toujours à nouveau agi sur le cours des choses en se servant d’anges ou de personnes. Nous profitons de ces fêtes – en particulier des jours d’apôtres ou d’évangélistes – pour remercier Dieu pour ce qu’il nous a montré par ces hommes, pour ce qu’il nous a dit et apporté par eux, bref, pour les bénédictions qu’il a déversés sur nous par leur intermédiaire.

X X X 1 X X X

L’EVANGELISTE LUC,

Aujourd’hui, nous allons nous pencher sur l’instrument divin qu’a été L’EVANGELISTE LUC. Il est le seul auteur d’« Ecrits sacrés » (2 Tm 3.15) à ne pas avoir été juif, le seul non-Juif à avoir été « poussé par le Saint-Esprit » pour « parler de la part de Dieu » (2 P 1.21), le seul non-Juif à qui Dieu ait verbalement inspiré une portion de l’Ecriture Sainte.

Dieu l’a même utilisé pour écrire deux des livres du Nouveau Testament : le troisième « Evangile » et les « Actes des Apôtres ».

Luc est une figure tout à fait particulière dans la Bible. Il est à la fois un des premiers fruits de la mission parmi les païens et un des derniers auteurs sacrés du Nouveau Testament.

Avant de nous pencher plus précisément sur notre texte – les quatre premiers versets de « l’Evangile selon Luc » – voyons d’abord qui est Luc.

Luc est grec, comme le montre son nom. C’est aussi ce que montre l’élégance de son style en grec, langue originale du Nouveau Testament. Il était médecin. Paul parle aux Colossiens de « Luc, le médecin bien-aimé » (Col 4.14)

Lors du deuxième voyage missionnaire de Paul, l’Evangile prêché par l’apôtre amena Luc à la foi en Jésus-Christ. A partir de là, une forte amitié s’établit entre les deux hommes, et ceci pour toujours.

Luc quitte son cabinet médical à Troas et accompagne Paul pour l’assister dans son ministère. Etait-il d’avis que l’apôtre avait besoin des soins constants d’un médecin, à cause de « l’écharde dans son corps » dont parle l’apôtre ? (2 Co 12.7)

Ou avait-il reconnu que son expérience médicale pourrait être d’une grande aide à l’équipe itinérante autour de Paul, à une époque où la mortalité était beaucoup plus élevée qu’aujourd’hui ?

En tout cas, à partir de là (Ac 16.10), nous trouvons Luc constamment aux côtés de Paul, même quand l’apôtre fut prisonnier à Césarée, puis pendant son voyage à Rome et durant sa captivité dans la capitale de l’Empire.

Il a été l’un des amis les plus intimes et les plus fidèles de l’apôtre Paul. Et c’est dans cette position intime avec l’apôtre que Dieu l’a chargé d’écrire deux livres de la Bible : son « Evangile » et « les Actes des Apôtres », uniques en leur genre dans le Nouveau Testament.

Comment il a pu écrire ces livres, cela Luc nous le raconte dans les premiers versets de son Evangile, le texte lu en introduction, texte que nous allons maintenant regarder de plus près.

X X X 2 X X X

COMMENT LUC EN EST-IL VENU

A ECRIRE SON EVANGILE ?

Luc n’a jamais rencontré Jésus quand ce dernier était visible sur terre. Ce qu’il écrit dans son Evangile, il ne l’a pas vécu lui-même, il n’en est pas un « témoin oculaire ». Aussi s’est-il soigneusement informé parmi « ceux qui ont été des témoins oculaires dès le commencement et qui sont devenus des serviteurs de la parole ». (v.2)

Il ne faut pas s’imaginer que Dieu ait dit à Luc : « Voilà, tu te mets à ton bureau ; je vais maintenant te dicter la biographie de mon Fils ! » Si l’inspiration verbale était une dictée mécanique, tous les auteurs sacrés de langue hébraïque auraient le même style, et de même pour ceux de langue grecque. Ce qui n’est pas du tout les cas, mais alors pas du tout.

Dieu nous a créés différents. Il a pris à son service des personnes aux tempéraments différents, aux dons différents, aux expériences différentes, aux métiers différents, des personnes aussi différentes par leur culture et leur érudition. Toutes ces diversités, sanctifiées par lui, devaient enrichir sa Parole.

Aussi avons-nous, dans la Bible, des livres, des chapitres ou des versets qui interpellent l’un plus que d’autres, selon nos tempéraments, selon les bons ou mauvais moments que nous traversons en famille, au travail, dans l’église, ou ailleurs.

Bien sûr, Dieu n’a pas abandonné ces prophètes, apôtres et évangélistes à leur tempérament, à leur volonté. Au contraire, « le Saint-Esprit » les a « poussés » et conduits de manière à ce qu’ils utilisent leurs différents talents pour mettre par écrit exactement ce qu’il voulait qu’ils écrivent.

Paul indique : « Nous en parlons, non avec les paroles qu’enseigne la sagesse humaine, mais avec celles qu’enseigne l’Esprit saint. » (1 Co 2.13)

Luc a été « poussé » et dirigé par Dieu pour qu’il se trouve dans l’entourage de l’apôtre Paul et de ses collaborateurs, pour qu’il puisse ainsi recueillir plein d’informations sur la vie et l’œuvre de Jésus.

A cause de sa culture et de son érudition grecques Dieu a choisi Luc pour composer un « Evangile » et les « Actes des Apôtres » pour le monde et la culture grecs.

Les Grecs – et « Théophile » en était un, ne l’oublions pas ! – les Grecs demandaient des recherches historiques, pour avoir la « certitude » que « l’enseignement reçu » se fondait sur du solide. (v. 4) C’est ainsi que Dieu a pris à son service ce Grec hautement instruit qu’était Luc pour qu’il s’adresse aux non-Juifs après « s’être soigneusement informé sur toutes ces choses dès l'origine ». (v. 3)

Déjà dans l’Ancien Testament, Dieu avait utilisé des érudits – par ex. Esdras – pour faire des recherches historiques à insérer dans son livre. C’est ainsi que, exactement comme le Saint-Esprit le voulait – nous trouvons dans le livre d’Esdras des édits du roi des Perses en langue araméenne, alors que l’Ancien Testament est écrit en hébreu.

A d’autres Dieu a donné d’avoir des visions. Ce fut le cas, du moins partiellement, d’Esaïe, d’Ezéchiel, de Daniel, de Paul et de Jean. Le langage des visions interpellait particulièrement les Juifs. Mais même nous, quand nous avons compris comment les lire, nous aussi nous puisons alors un grand réconfort de ces écrits visionnaires.

Matthieu, lui, a écrit son Evangile pour les Juif dont la foi se fondait sur les écrits des prophètes. Matthieu devait leur montrer comment « l’Ecriture s’accomplit » en Jésus-Christ. D’où ses nombreuses indications du genre : Cela est arrivé « afin que s’accomplisse ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète » (Mt 2.15).

Jean, quant à lui, a été plus spécialement chargé de nous rapporter les discours de Jésus.

Luc écrit son Evangile pour le monde païen et souligne particulièrement dans la vie de Jésus ce qui montre qu’il est venu pour le salut du monde entier, pas seulement du monde juif. Ce qui nous amène au dernier point.

X X X 3 X X X

POURQUOI LUC A-T-IL ECRIT

SON EVANGILE ?

Qui est l’« excellent Théophile » pour lequel, « poussé par le Saint-Esprit », Luc a rédigé son Evangile ? – En fait, nous ne savons pas grand chose de plus sur son compte que ce que les deux derniers versets de notre texte nous en disent.

« Théophile » est un nom grec. Il est frappant que Luc lui rende un honneur que les chrétiens ne se rendaient pas entre eux ; il l’appelle « excellent », en fait, « très excellent », car le grec κράτιστε (kratiste) est un superlatif. On s’adressait ainsi aux puissants de ce monde, aux hauts dignitaires de l’Empire. « Théophile » semble donc être un non-Juif occupant une position importante dans l’appareil d’Etat. Pourtant, bien que non-Juif – et cela mérite d’être souligné – il a déjà « reçu les enseignements » concernant Jésus et son œuvre rédemptrice.

Lorsqu’on se penche sur le deuxième livre de Luc dans le Nouveau Testament, le livre des « Actes des Apôtres », on apprend encore un peu plus sur le compte de ce « Théophile ». La Palestine, et même toute la partie orientale de l’Empire romain, lui semblent inconnues, car Luc se voit obligé de donner des informations précises, des explications, à propos des lieux en Palestine et même de lieux importants du monde grec.

Par contre, quand Luc nomme des coins perdus d’Italie, il ne donne aucune précision. Apparemment, « Théophile » était chez lui en Italie et connaissait bien cette péninsule.

Si nous nous rappelons que Luc a passé les deux années de la première captivité de Paul à Rome auprès de l’apôtre, c’est sans doute là qu’il a fait la connaissance de « Théophile », c’est sans doute à cette occasion que « Théophile » a commencé à être instruit dans l’Evangile.

Car « Théophile » n’est pas encore parvenu à la « certitude » du salut. L’enseignement de Jésus l’intéresse, puisqu’il a commencé à se faire instruire. Mais pour clarifier les idées, pour mieux saisir l’histoire biblique dans son déroulement, il serait bon qu’il puisse lire un livre sur la vie et l’œuvre du Christ.

Voilà comment le Saint-Esprit a créé les circonstances favorables pour « pousser » Luc à rédiger son « Evangile » pour le monde païen.

Luc était lui-même un non-Juif ; il pouvait facilement se mettre à la place de « Théophile » et savoir comment il faudrait formuler son écrit pour que celui-ci se sente interpellé. C’est pour cela que le Saint-Esprit a utilisé Luc et son bagage culturel : pour qu’existe finalement cet « Evangile selon Luc » divinement « inspiré » et écrit d’une façon appropriée à des auditeurs non-Juifs.

Luc indique à « Théophile » la raison pour laquelle il a rédigé son « Evangile » : « afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus. » (v. 4). En fait, c’est là la raison pour laquelle tous les Evangiles ont été écrits sous l’inspiration du Saint-Esprit : pour que nous voyions combien les faits sont historiques, ces faits sur lesquels nous fondons notre salut.

Dieu est vraiment intervenu dans l’Histoire du monde, dans notre histoire, pour lui donner la bonne orientation, la bonne direction. L’humanité courait à sa perte. Nous tous, par nature, nous courions à notre perte parce que la colère de Dieu nous vouait à la damnation éternelle à cause notre état pécheur. Mais le Fils de Dieu est devenu homme, a pris place à nos côtés, pour changer le cours des choses, pour le changer en notre faveur, pour notre salut : il a apaisé la colère que Dieu nous portait et a incliné son cœurs vers nous.

Ce n’est pas là le fruit d’un rêve. C’est la réalité. C’est une partie de l’Histoire du monde, la partie essentielle, d’ailleurs. C’est une « certitude », écrit Luc.

« L’enseignement » concernant Jésus qui nous a sauvés de la damnation éternelle et réconciliés avec Dieu pour l’éternité, cet « enseignement » repose sur des faits certains : la vie et l’œuvre de Jésus à un moment précis de l’Histoire du monde.

Luc – comme Paul l’a aussi fait dans ses épîtres –, Luc pouvait envoyer les sceptiques de son temps vers des centaines de « témoins oculaires » (v. 2).

Et même aujourd’hui, d’un point de vue objectif, historique, il faut reconnaître et admettre que de tous les événements de l’Antiquité, aucun n’est aussi richement documenté que la vie et l’œuvre de Jésus. Pourtant, ces autres faits de l’Antiquité égyptienne, mésopotamienne, perse ou grecque sont enseignés dans les classes sans qu’on les mette en doute.

L’exceptionnelle richesse de documents, dans le cas de la vie et de l’œuvre de Jésus, est une raison de jubiler avec l’apôtre Pierre : « Nous considérons comme d'autant plus certaine la parole des prophètes. Vous faites bien de lui prêter attention comme à une lampe qui brille ! » (2 P 1.19)

Et avec l’apôtre Paul : « Toute l'Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit formé et équipé pour toute oeuvre bonne. » (2 Tm 3.16-17)

Cela vaut pour toute la Bible en général, comme pour « l’Evangile selon Luc » en particulier : Dieu a verbalement inspiré les livres de la Bible « afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus. »

Que la Parole de Dieu nous affermisse tous dans la « certitude » de notre salut, et que les écrits divinement inspirés de Luc jettent la « merveilleuse lumière » de notre Sauveur (1 P 2.9) sur nos existences, car « Luc » signifie : « lumière » !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

Chants proposés :

Chant d’Ouverture :

Le Seigneur soit avec nous, Alléluia ! AeC 224 : 1-7

Par les enfants (avant la lecture de l’Evangile) :

Pour retenir tous les livres du N.T. AeC 766 : 1

Chant après le Credo :

Jésus est au milieu de nous AeC 526 : 1-3

Chant après le sermon et la Prière générale :

Loué sois-tu pour ta lumière AeC 275 : 1-5

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mardi 13 octobre 2009

Sermon du dimanche 11 octobre 2009 - 18ème dimanche après Trinité


Texte : Mc 12.28-34

28 « Un des scribes, qui les avait entendus discuter, sachant que Jésus avait bien répondu aux sadducéens, s'approcha, et lui demanda : "Quel est le premier de tous les commandements ?"

29 Jésus répondit : "Voici le premier : Ecoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l'unique Seigneur,

30 et : ‘Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force.’

31 Voici le second : ‘Tu aimeras ton prochain comme toi-même.’ Il n'y a pas d'autre commandement plus grand que ceux-là."

32 Le scribe lui dit : "Bien, maître ; tu as dit avec vérité que Dieu est unique, et qu'il n'y en a point d'autre que lui,

33 et que l'aimer de tout son coeur, de toute sa pensée, de toute son âme et de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, c'est plus que tous les holocaustes et tous les sacrifices."

34 Jésus, voyant qu'il avait répondu avec intelligence, lui dit : "Tu n'es pas loin du royaume de Dieu." Et personne n'osa plus lui proposer des questions. »

Chers frères et sœurs,

membres du « Royaume de Dieu » !

« Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu ! » (v. 34) Cette phrase a dû faire l’effet d’un coup de tonnerre sur ce « scribe », ce spécialiste des écrits des prophètes. « Tu n’es pas loin … » mais dedans ? Non, tu n’es, malgré tout, pas dans « le Royaume de Dieu » !

C’est un peu comme celui qui voulait réussir un examen et qui est resté un point en dessous de la note minimale requise. Ou le chômeur qui a passé toute une série de tests et d’entretiens mais est recalé au dernier entretien.

Ou le sportif qui a battu ses adversaires en 32ème, puis en 16ème, en 8ème, en quart et en demi-finale, pour échouer en finale.

Ou plus prosaïquement : vous avez acheté un meuble en kit ; vous avez commencé à le monter, et à la dernière étape vous remarquez qu’à un moment donné vous vous êtes trompé et qu’arrivé presque au bout, vous devez tout redémonter.

Le candidat à l’examen, le chômeur, le sportif, le bricoleur y étaient presque parvenus, mais ils n’y sont quand même pas parvenus.

Dans leurs cas, on sait ce qui leur a manqué, mais dans celui du scribe, qu’est-ce qui lui manquait pour qu’il ne soit dans « le Royaume de Dieu », lui, le théologien de l’Ancien Testament ?

Car cela pourrait faire peur. Et moi alors ? Si ce pasteur de l’Eglise de l’Ancienne Alliance n’était pas dans « le Royaume de Dieu », se pourrait-il que je n’y sois pas non plus ?

Chers amis, c’est pour clarifier cette question et, comme je l’espère, vous rassurer que nous allons nous pencher sur cette question.

1. Qu’est-ce qui rapproche du

« ROYAUME DE DIEU »

sans y faire entrer ?

2. Qu’est-ce qui fait entrer dans

« LE ROYAUME DE DIEU » ?

X X X 1 X X X

QU’EST-CE QUI RAPPROCHE

DU « ROYAUME DE DIEU »

sans y faire entrer ?

Qu’est-ce qui amène Jésus à dire à ce scribe qu’il est proche du « Royaume de Dieu », mais pas dedans, alors qu’il est tombé d’accord avec Jésus, alors qu’il a approuvé ce que Jésus a dit ?

Au fait, de quoi Jésus parle-t-il précisément ? Il a répondu à une question précise du scribe. Ils n’ont abordé qu’une vérité parmi d’autres de la Parole de Dieu.

Notre entretien entre Jésus et le scribe vient après plusieurs tentatives de « quelques pharisiens et hérodiens […] de prendre Jésus au piège de ses propres paroles » (Mc 12.13). Ils lui avaient demandé : « Est-il permis ou non de payer l’impôt à l’empereur ? » A quoi Jésus avait répondu : « Rendez à l’empereur ce qui est à l’empereur, et à Dieu ce qui est à Dieu. » (Mc 12.14-17)

Et là, comme souvent, l’émulation entre rivaux – pharisiens et sadducéens – trouve un bon terrain d’exercice. Comme le piège des pharisiens n’a pas fonctionné, « les sadducéens » prennent la relève avec une question – malhonnête de leur part, parce qu’ils ne croyaient pas à la résurrection ! – : De qui une femme qui a eu successivement sept maris sera-t-elle l’épouse au ciel ? Jésus répond qu’ils étaient « complètement dans l’erreur » et « ne connaissaient ni les Ecritures ni la puissance de Dieu. En effet, à la résurrection les hommes et les femmes ne se marieront pas, mais ils seront comme les anges dans le ciel. » (Mc 12.18-27) Ce piège non plus n’a pas fonctionné.

Et c’est là qu’intervient « un des scribes qui les avait entendus discuter » et qui avait « vu que Jésus avait bien répondu. » « Il s’approcha et demanda [à Jésus] : "Quel est le premier de tous les commandements ?" » (v. 28) Il se rabat sur la Loi que Dieu a donnée par écrit aux hommes par l’intermédiaire de Moïse, les Dix Commandements.

Jésus et le scribe sont d’accord sur le résumé des deux Tables de la Loi. Voici comment Jésus résume la 1ère Table, les 3 premiers Commandements (ceux qui parlent de nos devoirs envers Dieu) : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force ! » (v. 30)

Et voici comment il résume les sept autres Commandements, ceux qui parlent de nos devoirs entre nous : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ! » (v. 31)

Le scribe reconnaît qu’il est entièrement d’accord avec Jésus. Alors pourquoi n’est-il que proche « du Royaume de Dieu », mais pas dedans ?

Parce que ce pauvre homme n’est d’accord que sur un point ; il ne connaît que la Loi. Lui aussi fait sans doute partie de ceux qui « ne connaissent pas la puissance de Dieu » (Mc 12.24), cette puissance du Messie qui va terrasser le péché, la mort et l’enfer, nous réconcilier avec Dieu et nous obtenir son pardon et son salut.

Ce scribe ne parle que de la Loi. Apparemment, il n’a pas découvert l’Evangile dans l’Ancien Testament, il n’a pas vu ce fil doré, ce fil conducteur, cette guirlande de prophéties messianiques qui traverse tout l’Ancien Testament.

Or ce n’est que par la foi en ce Sauveur qu’on est arraché aux flots de la damnation et hissé en sécurité dans la barque du « Royaume de Dieu ».

Tant que ce scribe se préoccupera exclusivement de la Loi de Dieu et de ses commandements, il n’arrivera pas à être en règle avec Dieu, car les Commandements exigent la perfection, une observation de la Loi « de tout cœur », pas d’un cœur mitigé, « de toute [notre] âme », complètement, entièrement, totalement, « et de toute [notre] force », sans qu’il n’y ait jamais de relâchement. Autrement dit, en raison de notre péché, c’est une cause perdue d’avance. Ce n’est pas ainsi qu’on sera reçu dans « le Royaume de Dieu ».

Quand j’entends à la télévision dire que l’essence du christianisme – il y a même un acteur qui dit qu’il est devenu protestant à cause de cela – c’est l’amour du prochain, ça m’attriste, car eux non plus « ne connaissent pas les Ecritures ni la puissance de Dieu » (Mc 12.24). Ils n’ont pas découvert « la substantifique moelle » (Rabelais) de la révélation divine. Ils en connaissent un pan, mais pas l’essentiel.

Ils ne sont « pas loin du Royaume de Dieu », mais si c’est là vraiment toute leur position, ils en sont encore exclus.

Il faut vraiment « éprouver les esprits pour savoir s’ils sont de Dieu » (1 Jn 4.1). Il ne suffit pas que quelqu’un approuve la morale chrétienne développée dans la Loi de Dieu pour qu’il soit nécessairement un chrétien. Il y a des athées, des musulmans, des juifs qui développent aussi un haut niveau de moralité.

C’est que Dieu a fait en sorte que « la Loi soit écrite dans les cœurs » de tous les hommes (Rm 2.15). Certains en ont une connaissance plus aigue que d’autres ; ils sont plus sensibles à l’éthique chrétienne.

Ceux qui ne veulent pas de sa Loi et qui la transgressent allègrement, Jésus dit d’eux qu’ils sont très éloignés de son Royaume. Ceux, par contre qui connaissent sa Loi et essayent de s’y conformer, ne sont « pas loin du Royaume de Dieu », car la Loi nous prépare pour être réceptifs à l’Evangile.

Quelqu’un qui prend la Loi de Dieu au sérieux, quelqu’un qui s’efforce honnêtement d’« aimer son prochain comme lui-même », se rend bien compte qu’il ne parvient pas à y être parfait.

Et s’il s’efforce honnêtement d’« aimer […] Dieu de tout son coeur, de toute son âme, de toute sa pensée, et de toute sa force, » il reconnaîtra aussi qu’il est loin d’y parvenir, loin de remplir les exigences de Dieu dans sa sainte Loi.

Reconnaître qu’on n’y arrive pas, reconnaître qu’on est pécheur et qu’on mérite donc la colère de Dieu, reconnaître qu’on n’arrive pas à se mériter l’entrée dans « le Royaume de Dieu », c’est la bonne disposition d’esprit pour prêter une oreille attentive à

X X X 2 X X X

CE QUI FAIT ENTRER DANS LE

« ROYAUME DE DIEU ».

Les scribe, ainsi que toutes les personnes présentent, entendent avec stupéfaction cette constatation du Christ : « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu ! » …et puis … plus rien, pas d’explication.

Jésus était-il avare de paroles ? – Oh, que non ! Les quatre Evangiles sont remplis de ses enseignements, de ses prédications et de ses entretiens. Le scribe n’avait posé que cette question-là : « Quel est le premier de tous les commandements ? » Si Jésus s’est cantonné à y répondre, c’est qu’il veut les inciter à réfléchir à ses paroles qui les ont tant impressionnés : Comment se fait-il que ce scribe ne soit pas dans « le Royaume de Dieu » ?

Ceux qui pensent – et ils sont malheureusement nombreux ! – que, parce qu’ils mènent une vie honorable, Dieu doit les accepter dans son Royaume, devraient réfléchir à ce que Jésus a dit au scribe. Ça les concerne aussi : Si tu te bases sur l’honorabilité de ta vie pour conclure que tu fais partie du « Royaume de Dieu », tu te trompes. « Tu n’en es pas loin », alors, mais tu n’en fais alors toujours pas partie.

Sans doute Jésus voulait-il aussi éveiller la curiosité de ses auditeurs. Cela devait les inciter à continuer à venir l’écouter pour entendre le fin mot de l’histoire.

Et, effectivement, en venant l’écouter, ils pouvaient entendre la réponse à leur question. Jésus a beaucoup « proclamé la bonne nouvelle du Royaume de Dieu » (Mc 1.14). Il l’a fait, entre autre, à l’aide de paraboles ; toute une série d’entre elles parlent du « Royaume de Dieu » : la parabole du semeur, celle de la semence qui germe pendant que le semeur dort, celle du grain de moutarde, etc.

Et dès le premier chapitre de notre Evangile, celui de Marc, Jésus prêche « le Royaume de Dieu » en des termes qui rappellent notre texte, et là-bas, il s’explique : « Le moment est arrivé et le Royaume de Dieu est proche. Repentez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ! » (Mc 1.15)

« Le Royaume de Dieu est proche », il est proche de chaque personne qui entre en contact avec « la Bonne Nouvelle ». « Le Royaume de Dieu » est à portée de main de quelqu’un quand « la Bonne Nouvelle » – l’Evangile – du salut en Jésus-Christ lui est annoncée.

Si tu « te repens » de ne pas « être parfait comme notre Père céleste est parfait » (Mt 5.48), si tu es attristé d’attrister Dieu par tes péchés, et si tu t’appropries à bras-le-corps avec foi les merveilleuses promesses de l’Evangile, alors tu fais partie du « Royaume de Dieu ».

Toi qui « crois à l’Evangile », toi qui crois dans ce que Jésus a fait pour expier ton péché et te réconcilier avec Dieu, toi qui t’en remets avec foi au seul et unique Sauveur, sois assuré : tu es sauvé, sois sûr et certain : Jésus t’a racheté par son sacrifice, il t’a arraché au royaume des ténèbres et placé dans son Royaume des sauvés.

« Repentez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ! »

Le scribe connaissait la Loi. L’histoire ne nous dit pas s’il reconnaissait que la Loi le condamnait. Sans doute. Mais il ne « croyait » pas encore « à la Bonne Nouvelle », à l’Evangile, il ne plaçait pas encore sa foi dans le Sauveur que Dieu lui avait pourtant annoncé dans l’Ancien Testament déjà. Voilà pourquoi il était, certes, « pas loin du Royaume de Dieu », mais quand même pas dedans.

Mais toi, à qui la grâce a été faite d’avoir été « appelé par l’Evangile » (2 Th 2.14) ; « appelé des ténèbres à sa merveilleuse lumière » dans son Royaume (1 P 2.9), réjouis-toi de la grâce dans laquelle tu vis, demeure au contact de cet Evangile du Christ, et honore-le par une vie de repentance et de foi de tous les jours, ce qui caractérise les membres du « Royaume de Dieu » !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

Chants proposés :

Rendez à Dieu l’honneur suprême LlS 14 : 1-3+7

Sur la terre, Seigneur, est-il un homme juste LlS 225 : 1-6

Je t’aime, ô Dieu, de tout mon cœur, LlS 245 : 1-3

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